Le cinéma italien d'après Scorsese - THEMA
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
THEMA Le cinéma italien d’après Scorsese À l’occasion du Festival de Cannes, ARTE propose deux soirées exceptionnelles sur le cinéma italien d’après-guerre menées par un guide d’exception : Martin Scorsese. Ce soir, le maître explore la période néoréaliste, avec la première partie de son fascinant Voyage en Italie diffusé en exclusivité sur ARTE, et revient sur ses origines siciliennes avec Italianamerican, un film drôle et émouvant sur ses parents. Un regard sur le cinéma italien complété par l’un des ses films références : Rome, ville ouverte de Rossellini. 20.45-00.25 jeudi 16 et jeudi 23 mai 2002 Contact presse : Grégoire Mauban / Dorothée van Beusekom / Rima Matta - 01 55 00 70 42 / 73 25 / 70 43 g-mauban@paris.arte.fr / d-vanbeusekom@paris.arte.fr / r-matta@paris.arte.fr www.arte-tv.com
jeudi 16 mai 2002 20.45 Mon voyage en Italie (1) (Il mio viaggio in Italia) Film documentaire de Martin Scorsese (États-Unis, 2000-1h56mn) Scénario : Martin Scorsese, Suso D’Amico Cecchi, Raffaele Donato, Kent Jones Montage : Thelma Schoomaker Coproduction : ARTE France, TCC Films Productions Présenté hors compétition au Festival de Cannes et de Venise 2001 Prenez place pour une leçon du maître et partagez son amour inconditionnel pour le cinéma italien d’après-guerre ! Le temps d’un fascinant voyage, Martin Scorsese réalise un décryptage minutieux et lumineux d’œuvres marquantes auxquelles il mêle des souvenirs d’adolescent… Un panorama incontournable, indispensable à la compréhension de son univers, en exclusivité sur ARTE ! C’est devant une télévision de 40 cm et en compagnie de ses parents, grands-parents et voisins de l’immeuble sicilien d’Elizabeth Street (New York, Little Italy) que le petit Martin Scorsese, âgé de six ans, découvre le cinéma italien. Le plus souvent des films en mauvais état, doublés en anglais, remontés et entrecoupés de publicité. Pourtant, l’émotion véhiculée par ces images le fascine. D’autant que ces films sont son premier lien avec sa terre d’origine, la Sicile, que ses grands-parents ont quittée en 1909. En voyant Rome, ville ouverte (1945) et Paisa (1946), qui se situent à la fin de la guerre en Italie, la famille Scorsese, à la fois soulagée et coupable d’être partie de cette terre désormais dévastée, s’émeut. Martin prend conscience de ses origines et apprend de nouvelles valeurs. Il découvre surtout un “monde réel” bien différent des péplums italiens (Alessandro Blasetti) et même des films muets expressionnistes de Giovanni Pastrone grâce auxquels il s’évade : deux extrêmes du cinéma italien qui resteront étroitement liés dans l’esprit du réalisateur. Tout comme il a bouleversé les règles du cinéma, le néoréalisme de De Sica, Visconti, Fellini et bien sûr Rossellini marque à jamais le futur réalisateur pour qui le monde change soudain de proportions. Le temps de longs extraits, mêlant à ses analyses ses souvenirs et ses réactions d’enfant d’alors, Martin Scorsese revient sur les films les plus significatifs de cette époque : ceux de Rossellini, qui évoluent vers un cinéma de moins en moins réel, mais aussi les œuvres de De Sica – Sciuscia (1946), le Voleur de bicyclette (1947), Umberto D (1951) – et La terre tremble (1948) de Luchino Visconti. Leçon de maître Martin Scorsese a décidé de transmettre son amour du cinéma italien perché sur le toit d’un immeuble sicilien d’Elizabeth Street : c’est là que le petit “Marty” a découvert ses premiers Rossellini et les notions de sacrifice, de pardon et de compassion. C’est là également que Johnny Boy a fait des siennes (Mean Streets) et qu’Henri Hill a intégré le milieu (les Affranchis). Partagé entre deux cultures sans lesquelles “[s]on cinéma ne serait pas le même”, l’univers de son enfance revit le temps d’un film amateur tourné .2
par son oncle. Mêlant son histoire familiale à celle du cinéma, Martin Scorsese réalise un panorama des films italiens les plus marquants d’après-guerre sur un mode éminemment subjectif – voire émotif – mais étayé d’analyses approfondies. Grâce à de longs extraits, qu’il replace dans l’intrigue et dont il étudie les plans, le réalisateur nous plonge directement au cœur des films, revient parfois sur une séquence pour noter un détail (une jupe qui se soulève, un regard en arrière) ou montre la mauvaise copie qu’il avait vue à l’époque. Dans cette première partie, consacrée principalement à Rossellini, les extraits sont si bien choisis que l’on se surprend parfois à pleurer ! Revenant sur les films qui l’ont touché et dont il s’est inspiré, c’est son propre cinéma que Scorsese donne à comprendre. De Rome, ville ouverte de Rossellini à Huit et demi de Fellini en passant par les films de De Sica, d’Antonioni et de Visconti, ses influences se précisent : son goût affirmé pour le néoréalisme, sa fascination pour les mises en scène théâtrales, les panoramiques, la tragi-comédie issue de la commedia dell’arte… Un festival de références qui laisse des milliards d’images en tête et incite à retourner dans les salles obscures. Magistral ! Rediffusion le 23 mai à 15.15 “Ces films sont une prière au monde pour qu’il se penche sur le peuple italien et découvre leur humanité profonde.” (Martin Scorsese) “J’aime penser que le néoréalisme est la graine qui a donné naissance à un arbre magnifique dont les branches symbolisent Après son Voyage à travers le cinéma américain (diffusé en mai 1997 les plus grands et édité par ARTE Vidéo), Martin Scorsese explore l’autre face de sa cu cinématographique : le cinéma italien. Ce deuxième “voyage” sort en V réalisateurs italiens DVD chez ARTE Vidéo le 6 mai, sous le titre Un voyage avec Martin de l’après-guerre.” Scorsese à travers le cinéma italien. (Martin Scorsese) .3
jeudi 16 mai 2002 22.45 Rome, ville ouverte (Roma citta aperta) Film de Roberto Rossellini (Italie, 1944/1945-1h40mn) - VOSTF Scénario : Sergio Amidei, Federico Fellini et Roberto Rossellini Avec : Anna Magnani (Pina), Marcello Pagliero (Giorgio Manfredi, alias Luigi Ferraris), Aldo Fabrizi (don Pietro Pellegrini), Harry Feist (le major Fritz Bergmann), Francesco Grandjaquet (Francesco) Photographie : Ubaldo Arata Musique : Renzo Rossellini Production : Excelsa Film (Rediffusion du 13 janvier 1995) Palme d’or, Cannes 1948 Rome, ville ouverte est entré dans l’histoire du cinéma comme le symbole du renouveau du cinéma italien après la Seconde Guerre mondiale. Une des œuvres les plus marquantes du néoréalisme. À Rome, les Allemands perquisitionnent dans un immeuble où vit Giorgio Manfredi, un chef du Comité de libération nationale. Il s’échappe par les toits et se rend chez son ami Francesco, typographe et lui aussi résistant. Francesco doit se marier le lendemain avec Pina, veuve et mère de Marcello. Manfredi a une maîtresse, Marina, qui se drogue et reçoit ses doses d’Ingrid, une aventurière allemande travaillant pour la Gestapo. Quant au prêtre don Pietro Pellegrini, il est proche de la résistance et protège un déserteur allemand… Un film fondateur Rossellini conçut le scénario en 1944, alors que Rome était encore occupée. Le tournage débuta dès la fin de la guerre dans les rues de la ville. Réalisé dans des conditions très difficiles – studio de fortune, scènes de rue, acteurs non professionnels à l’exception d’Anna Magnani et d’Aldo Fabrizi, pellicule de récupération, financements précaires, pressions politiques –, le film y gagne une authenticité et une valeur documentaire incontestables. Respectueux de la véracité historique et sociale de ses personnages, Rossellini les présente aussi comme autant de reflets d’une prise de conscience collective. Les moments tragiques, la torture et la mort n’empêchent pas le réalisateur d’intercaler dans son film des scènes farfelues et grotesques. Le scénariste Sergio Amidei s’est inspiré d’une expérience personnelle et de différents récits qu’il avait entendus sur la résistance romaine, puis y a mêlé plusieurs scènes authentiques qui se sont déroulées hors plateau au cours du tournage. Rome ville ouverte est d’une facture esthétique totalement novatrice, parfaitement adaptée à la progression tragique de la narration. Il n’eut pourtant guère de succès à sa sortie en Italie, et il fallut le public étranger pour attirer l’attention sur ce film fondateur du néoréalisme, qui obtint la Palme d’or à Cannes en 1948. Rediffusion le 21 mai à 01.10 .4
jeudi 23 mai 2002 20.45 Senso Film de Luchino Visconti (Italie, 1954-1h57mn) - VOSTF Scénario : Luchino Visconti, S. Gecchi d’Amico, d’après Camillo Boito Avec : Alida Valli (la comtesse Livia Serpieri), Farley Granger (le lieutenant Franz Malher), Massimo Girotti (le marquis Ussoni), Heinz Moog (le comte Serpieri), Marcella Marieni (Clara) Image : G.R. Aldo, R. Krasker, Rottuno Décors : O. Scotti Musique : 7 e Symphonie de Bruckner “Si Stendhal avait eu une Production : Lux-Film caméra, il aurait fait ce genre de film qui, en mêlant les Dans l’Italie du “Risorgimento”, une comtesse intrigues personnelles et les italienne tombe sous le charme d’un officier intrigues poétique, dresse le autrichien qui se révélera cynique et veule... Une portrait de toute une société.” réalisation somptueuse, des interprètes (Scorsese à propos de Senso) inoubliables, l’un des plus beaux films de l’histoire du cinéma. En 1866, l’unité italienne, le “Risorgimento”, est sur le point de s’achever. Les Autrichiens n’occupent plus que Venise et sa région. Au cours d’une représentation du Trouvère de Verdi, en présence des autorités autrichiennes, les Italiens manifestent leur patriotisme. Le marquis Ussoni, responsable de cette manifestation, provoque en duel un lieutenant autrichien, Franz Malher, plus célèbre pour son charme et sa collection de maîtresses que pour sa bravoure. Ussoni est arrêté. La comtesse Livia Serpieri, sa cousine, intervient en sa faveur auprès du lieutenant et succombe à sa beauté. Tandis que la Prusse entre en guerre contre l’Autriche et que se confirme la victoire des Italiens, la comtesse, dominée par sa passion, sombre dans le plus grand désarroi. Le lieutenant Malher, qui a peur de la guerre, voudrait se faire réformer. Trahissant la cause de son peuple, détournant l’argent des patriotes, la comtesse Serpieri prépare sa désertion… Perfection esthétique D’un côté, une beauté fragile que la passion défigure (la comtesse Serpieri) ; de l’autre, une beauté virile qui, l’uniforme enlevé, révèle sa veulerie (le lieutenant Malher) : l’intrigue de Senso montre l’enlisement de deux personnages dans un amour honteux qui aboutira à leur destruction réciproque. Toute leur aventure se déroule à côté de l’Histoire, à laquelle leur passivité et une sorte de malédiction sociale les empêchent de participer. Visconti pose sur ses héros un regard froid et détaché grâce à des plans généraux qui instaurent entre eux et le spectateur le maximum de recul qu’autorise la mise en scène. Sur le plan esthétique, le film approche la perfection. Le même raffinement caractérise les scènes intimes et les tableaux de guerre. Ces derniers .5
jeudi 23 mai 2002 figurent parmi les plus beaux d’un genre que le cinéma hésitait, à cette époque, à traiter en couleur. Une page de l’histoire italienne est ainsi reconstituée avec un soin méticuleux, donnant tout son relief à la passion tragique et dévorante de la comtesse. Après avoir pris conscience des véritables sentiments de son amant et de sa véritable nature, celle-ci se venge en livrant Franz à la cour militaire autrichienne, ce qui nous vaut une fin extraordinaire : l’amant pleutre et brutal est fusillé à la hâte, comme un chien, à la lueur des flambeaux, une dernière salve fait tout basculer dans la nuit. 22.45 Mon voyage en Italie (2) (Il mio viaggio in Italia) Film documentaire de Martin Scorsese (États-Unis, 2000-1h56mn) Scénario : Martin Scorsese, Suso D’Amico Cecchi, Raffaele Donato, Kent Jones Montage : Thelma Schoomaker Coproduction : ARTE France, TCC Films Productions Présenté hors compétition au Festival de Cannes et de Venise, 2001 Prenez place pour une leçon du maître et partagez son amour inconditionnel pour le cinéma italien d’après-guerre ! Le temps d’un fascinant voyage, Martin Scorsese réalise un décryptage minutieux et lumineux d’œuvres marquantes auxquelles il mêle des souvenirs d’adolescent… Un panorama incontournable, indispensable à la compréhension de son univers, en exclusivité sur ARTE ! “Voyage en Italie a Poursuivant son exploration du cinéma italien, Martin Scorsese analyse inspiré un nouveau genr e quelques scènes de l’Or de Naples (1954), soulignant l’aptitude de De de cinéma improvisé, Sica à passer de la tragédie à la comédie, puis plonge dans l’univers de presque expérimental et Visconti. Aristocrate et sympathisant communiste devenu assistant- libéré des studios.” réalisateur de Jean Renoir sur les Bas-fonds et Une partie de campagne (Martin Scorsese) (1936), Visconti combine le réalisme documentaire et la mise en scène théâtrale. Il impose notamment son style avec Senso (1954), dont “Si je veux que le cinéma Scorsese commente de longues séquences. Pour Scorsese, ces continue à vivre, je dois dérivations du néoréalisme sont loin d’être une trahison : passionné par transmettre mon propre les nouvelles approches cinématographiques, le maître américain enthousiasme, ma propre s’intéresse de plus en plus à “l’utilisation des artifices pour atteindre la expérience.” vérité”. À cet égard, les œuvres de Fellini et d’Antonioni, qui se sont (Martin Scorsese) engouffrés dans la voie ouverte par Voyage en Italie (1953) de Rossellini, le fascinent. Fellini, devenu célèbre grâce à la Dolce vita (1960) et sa vision à la fois extravagante et sensuelle, avait déjà marqué le jeune étudiant Scorsese avec son film néoréaliste I vitelloni (1953), dont le cinéaste s’inspirera pour réaliser Mean Streets (1973). Plus mystérieuse et distanciée, l’œuvre d’Antonioni ensorcelle tout autant Scorsese, qui ne se lasse pas de voir l’Avventura (1960). Mais aucun film ne sera aussi déterminant pour le futur réalisateur que Huit et demi (1963) de Fellini : représentant les atermoiements artistiques d’un metteur en scène dans le doute, il symbolise le processus de la création cinématographique et renvoie par là-même à toute la vie du cinéaste… .6
Vous pouvez aussi lire