Curiosités et beautés entre - Annecy et Chamonix - Mobisenior
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CHEMINS INSOLITES Depuis le plateau d’Assy, coup d’œil émerveillé vers le Mont-Blanc. Curiosités et beautés entre Annecy et Chamonix Par Guy Trendel Savoie et Haute-Savoie, deux départements connus et fréquentés pour leurs remarquables stations de ski, proposent à l’automne la découverte de trésors culturels et naturels. Nous nous sommes mis en route pour sillonner le pays afin d’en découvrir quelques sites. lI
En haut à gauche : Au départ, l’idée est venue de partir de de Megève. Les historiens ne seront pas De là-haut le regard plane sur un vaste Sur la place de Megève. La ville à la réputation de station forcément d’accord avec le légendaire, ils horizon. À nos pieds la ville de Megève et l’Église, la maison forte de Megève mondaine, un peu “snobe”. Pourquoi ne nous rappellent que le lieu se développa le souvenir de la baronne de Rothschild abrite désormais la pas voir si cette affiche colle réellement au après la fondation d’un prieuré par le mo- qui tomba amoureuse du pays et fera de pharmacie… lieu ? La vérité nous a semblé toute autre. nastère de La Cluse dans le Piémont. la cité, après 1916, un second Saint-Moritz En haut à droite : Encadrée de hautes montagnes cachant De cette lointaine époque l’église Saint- qui inaugurera son premier grand hôtel en Le franchissement les cimes enneigées du Mont-Blanc, la ville Jean-Baptiste ne reflète plus rien, son 1921, faisant du site une station mondaine de la combe s’est écartée de la grande route pour gar- chœur est du gothique flamboyant (XIVe), où, désormais, s’installeront, pour un d’Armancette se der le calme de ses rues et ruelles où se la nef fut reconstruite en 1692… temps, les grands champions du ski pour fait dans un décor de rêve… multiplient magasins chics et échoppes Mais c’est le grand carillon de dix cloches enseigner leur savoir aux hôtes… pour curieux moins fortunés… Fleurs, qui ravit le passant quand se déclenche De Megève, remontons la vallée où le tor- En bas à gauche : fontaines et place de l’Église ont vite fait le jeu musical. Alors la ville semble s’ar- rent de l’Arly s’est taillé ses gorges. Sur les Les quinze de nous conquérir. Là, la pharmacie s’est rêter de respirer et c’est un instant de flancs des hauteurs se suivent les télés- chapelles du Calvaire sur les installée dans la maison forte à la façade ravissement. kis, télésièges. À Flumet, les routes se hauteurs hérissée d’une tour circulaire, de l’autre séparent faisant du bourg un carrefour de de Megève. côté de la place surgit la lourde silhouette QUINZE CHAPELLES SUR UN routes. Jadis la cité était dominée par un À droite : de l’église Saint-Jean-Baptiste qui résume MONT… château fort édifié au début du XIIIe siècle Dans les gorges l’histoire du lieu et nous rappelle qu’une Sur les hauteurs à l’est de la ville, sur les par Aimon II de Faucigny. de la Diosaz, un première chapelle fut fondé là en 1085… dernières pentes du Mont d’Arbois qui La forteresse contrôlait tout passage et parcours ponctué Pour en savoir plus, il faut ouvrir le livre des culmine à 1 851 m, le visiteur découvre Flumet devenait la première commune de passerelles… légendes qui nous dit qu’avant l’arrivée des la montagne du Calvaire. Là, pas moins de Savoie à obtenir des franchises muni- moines le pays était peuplé de brigands et de quinze chapelles et oratoires forment cipales. Dans la seconde moitié du XVIIe d’horribles dragons. Et, justement, un de un extraordinaire Chemin de croix réalisé siècle, les campagnes militaires des rois ces monstres qui avait sept têtes et des entre 1844 et 1863. Chaque chapelle a son de France en Savoie ruinent le pays. Ville ailes, dévorait tout être vivant pénétrant histoire et la première qui accueille le pas- et château de Flumet sont incendiés et du dans la vallée. Ceci dura jusqu’à l’arrivée sant se veut être une copie de la maison coup les pierres de la forteresse serviront de deux courageux qui terrassèrent le de la Sainte Famille à Nazareth. à reconstruire les maisons. Du château dragon, libérant le pays de la peur et de À l’arrière chante une fontaine dont les subsistent quelques rares traces. Ici on l’effroi. Dès lors la terre fut cultivée, pro- eaux auraient des vertus miraculeuses. admire, depuis le pont jeté sur l’Arly, pont duisant céréales en quantité pour donner De là, il suffit de suivre le large chemin qui surnommé le “Pont de l’Abîme”, les mai- à manger à tout le monde. Ce “manger”, en se hisse sur une avancée de la montagne sons enveloppées de galeries en bois et langage du pays se décline “mezdiva” et ce pour passer le long des chapelles dont la dominant l’abîme de la gorge d’une soixan- serait ce mot qui serait à l’origine du nom dernière sera celle du Saint-Sépulcre. taine de mètres… II l
Megève, ville à la réputation de La départementale 909 entame ensuite la longue descente et par les stations de de Maurienne, Humbert aux Blanches Mains, comte de Savoie. Si Genève est station mondaine, un peu “snobe” : La Clusaz, Thônes, touche le lac d’Annecy d’abord la capitale de cet état, en 1534 pourquoi ne pas voir si cette affiche à Menthon-Saint-Bernard où l’on visite le c’est sur Annecy que se retirent l’évêque château des comtes de Menthon édifié du et l’administration ducale puisque la colle réellement au lieu ? La vérité XIIIe au XVe siècle. C’est l’imposante tour Savoie est devenue, entre-temps, duché nous a semblé toute autre. dite “Tour des Armes” qui fascine avec ses héréditaire dont la France s’empare en mâchicoulis et sa poivrière. Une curieuse 1536 pour le restituer 23 années plus L’église, quant à elle, abrite une chaire en légende enveloppe le site et nous rapporte tard ! En 1562, les ducs délaissent leur À gauche : ambon Louis XV et un retable remarquable. que saint Bernard de Menthon serait né ici capitale Chambéry pour s’installer à Turin. Au bout du parcours, les Avant de nous engager sur la route vers au Xe siècle. La veille de son mariage avec Annecy sera dès lors la capitale politique gorges de la Diosaz ne Marguerite de Miolans, il se serait enfui et religieuse d’une vaste région allant du laissent plus qu’un étroit le col des Aravis, poussons jusqu’à Saint- goulot… Nicolas-la-Chapelle (975 m) qui abrite en sciant un barreau de fenêtre. Plus tard, Beaufortin au Faucigny. Elle accueille tous dans son église baroque un retable-bal- c’est lui qui va fonder l’hospice du Grand les ordres religieux chassés de Genève À droite : daquin aux colonnes torses richement dé- Saint-Bernard ! par la Réforme et donne naissance à L’église Notre-Dame de Ce n’est plus qu’un saut pour gagner d’ici saint François de Sales, son plus célèbre Passy, une halte au cœur corées de guirlandes, feuilles de vignes, de l’art contemporain… angelots… la ville d’Annecy où l’on peut se garer près évêque (1567-1622). de la Mairie sur un vaste parking. Il faut Aux XVIIe et XVIIIe siècles, Annecy change- LA DÉCOUVERTE D’ANNECY ensuite se laisser le temps de flâner dans ra de mains : prise par Henri IV en 1600, La route départementale 909 nous attend la ville médiévale qui aura vite fait de vous Louis XIII en 1630, Louis XIV en 1703, les ensuite pour une longue montée par les conquérir. Espagnols en 1742, les Autrichiens puis gorges de l’Amandine où rugissent torrent C’est dès l’époque préhistorique que le encore les Français en 1792 ! C’est alors et cascades. site est occupé par l’homme, mais c’est que la Savoie est intégrée pour un court Après la station de La Giettaz, la route surtout au XIe siècle que se développe temps à la France avant de faire partie du développe une multitude de lacets pour la cité dominée par la lourde silhouette royaume de Sardes après 1814 et être enfin arriver au col des Aravis à 1 486 du château qui occupe une crête nom- définitivement réunie à la France en 1860. m d’altitude, là nous passons de Haute- mée “Crêt des Maures”. Au XIIIe siècle, Savoie en Savoie ! Le col est enveloppé de la ville s’est développée et s’entoure UNE BALADE ROMANTIQUE À hauteurs qui frôlent les 2 500 m d’altitude, de murailles devenant cité importante TRAVERS LES RUES offrant des courses et randonnées. C’est du comté de Savoie. Rappelons que Ces incroyables événements se re- en la petite chapelle Sainte-Anne que les le pays faisait partie du Saint-Empire trouvent dans la découverte de la ville par randonneurs prennent le départ pour se romain-germanique au XIe siècle et que un savant itinéraire qui permet de rêver. lancer vers les arêtes rocheuses. c’est l’empereur qui nommera le comte Du pont sur le Thiou s’offre un regard sur l III
Au bout du plateau d’Assy, le lac Vert, Autour de la chartreuse de Taninges, des oeuvres modernes, le miroir du Mont-Blanc. tels ces patineurs d’un autre monde… le palais de l’île construit au XIIe siècle et qui fut la 1967 éclata un terrible incendie qui coûta la vie un fort accroissement de sa population. Puis, en résidence du comte de Genève et sera tristement à 18 enfants. Aujourd’hui l’église et le reste des 1688, les deux églises furent réunies. connu au cours de la Seconde Guerre mondiale bâtiments conventuels abritent un Centre d’art Au cœur de la place du village, l’ombre d’un véné- comme horrible prison où furent entassés les contemporain dont plusieurs œuvres imposantes rable tilleul semble prendre plaisir à la fraîcheur résistants. Une partie du palais forme également sont semées dans le parc. des eaux de la fontaine qui chante. De vieilles le musée d’histoire de la ville. On flâne ensuite De Taninges nous prenons la direction de l’est demeures bordent ce havre de paix. Sur l’une entre les portes des enceintes, le long des bras pour pousser jusqu’à Samoëns où la grande des façades est accrochée une plaque commé- d’eau pour visiter les églises remarquables, dont place est de toute beauté avec sa fontaine aux morative qui porte l’inscription : “À la mémoire la cathédrale édifiée entre 1535 et 1538, pour ter- masques de bronze, le vieux tilleul qui fut planté de Jacques Balmat, vainqueur du Mont-Blanc, miner la journée au musée-château, la résidence en 1438 en souvenir de franchises accordées par décédé accidentellement au glacier du Ruan en des comtes de Genève et des ducs de Genève- le seigneur du pays ! Sur la place s’ouvre aussi septembre 1834”. Nemours. On reste impressionné par la tour l’église reconstruite fin du XVIe siècle après un Il reste une dernière étape pour atteindre le Perrière et les vastes demeures seigneuriales incendie de 1496. Le portail est encadré par cirque, l’une des “merveilles” naturelles de Haute- réunies autour d’une place centrale où se situe deux colonnettes qui reposent sur deux lions. Savoie. On reste émerveillé devant ces roches de le puits d’une profondeur de 40 m… Quelques sculptures décorent la façade, dont un calcaires formant comme une ligne de partage Et puis il reste à flâner le long du lac, à embarquer singe croquant une pomme. À Samoëns, se visite avec la Suisse, s’étirant sur près de 5 kilomètres pour une balade en bateau, à se mirer dans l’eau également un remarquable jardin botanique alpin et atteignant jusqu’à 700 m d’à-pic. Des cascades au pont des Amoureux, à admirer les jardins et créé dès 1906 ! tracent de fins couloirs d’argent sur le flanc de parcs… Une journée de bonheur. La contrée, qui avait été occupée par les Gallo- ces immenses murailles et falaises au pied des- Romains, puis Celtes et Burgondes, a également quelles une prairie et un lac ajoutent à la beauté LES ANCÊTRES “ALSACIENS” PERDUS connu l’arrivée des Alamans, le même peuple qui du site. Le plus haut pic, celui de Tenneverge, DANS LES ALPES ! avait colonisé l’Alsace. Et du coup, voici qu’appa- culmine à 2 985 m et occupe presque le centre D’Annecy nous avons décidé de gagner la vallée raît sur la carte au nord de Sixt un village nommé de l’alignement. de l’Arve où passe la grande autoroute menant au Les Allamands ! On pourrait rester là des heures durant pour se tunnel du Mont-Blanc. Au passage il faut encore se Nous avons donc gagné ce village situé à 1 050 laisser conquérir par la beauté de ce paysage. laisser le temps pour découvrir les venelles de La m d’altitude. Ce n’est plus qu’un hameau qui Roche-sur-Foron, véritable place forte placée sur conserve avec fierté sa chapelle Notre-Dame LES GORGES DE LA DIOSAZ le même pied qu’Annecy ou Genève. Les ruelles construite autour de 1829. Les Allamands étaient Il nous faut maintenant regagner la vallée de l’Arve s’enroulent autour d’une solide tour, unique ves- restés très peuplés jusqu’à la Première Guerre pour poursuivre la remontée vers Chamonix. tige du château médiéval des comtes de Genève mondiale qui coûta la vie sur le front à de nom- Au passage de Saint-Gervais-les-Bains, on ne peut (XIe siècle). De là-haut on découvre la vallée de breux hommes puis, il périclita. Il n’empêche, s’empêcher de remonter vers Les Contamines l’Arve que nous allons remonter jusqu’à Cluses. le voyageur est quelque peu étonné de trouver pour s’engager dans deux randonnées alpines. De La Roche nous partons par la départemen- sur cette petite route, vieille voie entre Savoie, La première sera pour la passerelle du glacier tale 902, direction Cluses par la D 1205. Dans Chablais et Suisse, des ancêtres Allamands, en de Bionnassay. Une petite route montagnarde, ce dernier bourg, coquet, victime d’un effroy- somme, peut-être de lointains cousins d’Alsace étroite et sinueuse à souhait, vous déposera sur able incendie en 1844 qui réduisit le centre-ville établis là probablement dès le VIe siècle ! un vaste parking au hameau du Crezal. en cendres, il faut s’engager dans la route vers Il faut poursuivre vers l’est pour atteindre Sixt-Fer- De là, part le sentier qui attaque les flancs du Nid Morzine (D 902), franchir le col et plonger dans à-Cheval, un centre de randonnées et d’escalades d’Aigle pour ensuite se rabattre vers la vallée. Le la vallée du Giffre pour atteindre Taninges. En bor- au cœur d’un paysage fascinant. Là se dresse une moment le plus exaltant est ce passage sur la dure du village se situe la Chartreuse de Mélan église abbatiale édifiée entre 1140 et 1144 à la- passerelle qui enjambe le bout du glacier… fermée à la Révolution et transformée en orphe- quelle on ajoutera en 1265 une église paroissiale. La seconde balade à ne pas manquer est celle qui linat en 1923. Un petit monument rappelle qu’en À l’époque la haute vallée du Giffre connaissait conduit au petit lac d’Armancette d’où un parcours IV l
La jolie chapelle du hameau des Allamands. À Sixt fut édifiée cette Passage d’une harde de daims sur les vaste église abbatiale… Le cirque du Fer-à-Cheval. pentes du parc du Merlet. plutôt “hard” enjambe les torrents pour franchir De suite après débute la marche époustouflante Mont-Blanc”. Il est vrai que la surface de l’eau reflète la combe d’Armancette, un paysage magique ! sur les passerelles, les galeries de bois accro- la blanche crinière du sommet de l’Europe ! Quant De là il faudra poursuivre pour gagner le refuge chées aux rocs… au lac, il se serait formé en 1471, année où la de Tré la Tête (1 970 m), d’où le regard survole C’est une marche d’un peu plus de trois kilo- montagne du Décrochoir s’est effondrée. Il faudra toute la chaîne et offre des paysages magiques. mètres, dans un décor fantastique, est ouverte retourner dans la vallée de l’Arve pour remonter Mais le parcours le plus pittoresque sera, à hau- au public depuis le milieu du XIXe siècle. encore vers Chamonix et prendre aux Houches la teur de Servoz, l’entrée dans les Gorges de la route campagnarde qui grimpe au parc animalier Diosaz. Là, le torrent s’est taillé une étroite et DU PLATEAU D’ASSY À LA FAUNE SAUVAGE du “Parc de Merlet”. Là vous pourrez enfin appro- profonde gorge et pas moins de sept cascades De Servoz on peut gagner facilement le plateau cher cette faune que l’on devine souvent, mais se suivent sur le parcours (entrée payante). d’Assy et admirer à Passy l’église de Notre-Dame- qu’on voit rarement ! Ouvert jusqu’en septembre, Dès les premiers pas le visiteur découvre une de-toute Grâce… On accède au plateau par la route le parc rassemble des animaux en liberté : mou- petite grotte, sans doute réserve de poudre amé- de la sculpture contemporaine semée d’œuvres flons, bouquetins, chamois, marmottes, daims, nagée au XVIIe siècle à l’époque où l’on exploitait impressionnantes, par leurs formes, leur volume… lamas… Habitués à la présence de l’homme, ces les filons de cuivre. C’est dans cette grotte qu’une Quant à l’église, elle aussi est une œuvre collec- hôtes des Alpes se laissent approcher en toute fille enceinte accoucha secrètement en 1900 d’un tive des arts contemporains. Elle fut édifiée entre quiétude et le visiteur passe un moment des garçon qui reçut le nom de Carlin, nom qui est 1935 et 1945 et ne laisse pas indifférent tant sa plus agréables, le forçant toutefois à quelques resté attaché à la grotte. Puis, avant de toucher décoration est impressionnante et rassemble marches. les premières passerelles accrochées aux rocs, les noms d’artistes prestigieux : Lurçat, Bazaine, Tant d’autres curiosités sont encore à découvrir voici la tombe d’un étudiant allemand célèbre, Rouault… dans ce secteur qui va bientôt revêtir ses habits Frédéric Auguste Eschen qui disparut en 1800 De Passy, une route vous conduira au lac Vert qui est d’hiver et réserver d’autres plaisirs aux vacan- sur le glacier du Buet, aux sources de la Diosaz. à 1 266 m d’altitude et qu’on nomme “le miroir du ciers et sportifs… Le pont des Amours au bord du lac d’Annecy. l V
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