Plan de mise en oeuvre - Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable - OceanExpert

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Plan de mise en oeuvre - Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable - OceanExpert
Décennie des Nations Unies
    pour les sciences océaniques
au service du développement durable
            2021-2030
                -----
     Plan de mise en œuvre

              Version 2.0

              Juillet 2020
Plan de mise en oeuvre - Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable - OceanExpert
Plan de mise en œuvre–v.2
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                                           Avant-propos

Il ressort de la première évaluation mondiale intégrée du milieu marin (2016) que l’humanité n’a
plus beaucoup de temps devant elle pour mettre en route la gestion durable des océans. Cette
conclusion alarmante pose à notre civilisation la question suivante : est-il possible d’inverser le
déclin de la santé des océans tout en continuant à compter sur leurs ressources pour satisfaire à
nos besoins toujours croissants, en particulier face aux changements climatiques ? En
décembre 2017, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé la Décennie des Nations
Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030, ci-
après « la Décennie »), en se fondant sur la conviction éclairée des États membres que la
réponse à cette question est oui et que les sciences océaniques doivent jouer un rôle central dans
ce processus.

Les sciences océaniques sont un vaste domaine, qui englobe des disciplines des sciences
exactes et naturelles et des sciences sociales, des savoirs autochtones et locaux, les interfaces
science-politique et science-innovation ainsi que les technologies et l’infrastructure. À l’aube du
troisième millénaire, les sciences océaniques sont largement compétentes pour diagnostiquer les
problèmes. Cependant, elles doivent considérablement progresser afin de pouvoir proposer des
solutions en rapport direct avec le développement durable. Cette nécessaire évolution revêt un
caractère d’urgence particulier dans le contexte actuel de pandémie de COVID-19 et
d’accélération des changements climatiques. Les préparatifs de la Décennie se déroulent au beau
milieu de cette pandémie qui a déjà transformé, et pour toujours, le monde dans lequel nous
vivons ainsi que les sciences océaniques. Elle a également fait ressortir l’importance de la science
et du savoir pour la prise de décision et l’élaboration des politiques. Alors que le monde s’adapte
à une nouvelle normalité, les océans doivent occuper une place centrale dans les efforts de
relèvement de l’après-pandémie. Il faudra pour cela accomplir une véritable révolution dans la
production et l’utilisation des sciences océaniques, révolution pour laquelle la Décennie crée des
conditions favorables. En effet, la Décennie suscitera un changement de paradigme dans la
production de connaissances qualitatives et quantitatives sur les océans – y compris concernant
des zones sur lesquelles peu de données sont disponibles à l’heure actuelle, telles que les eaux
abyssales, les espaces côtiers où se concentre une grande partie de l’interaction entre l’humain
et l’océan, et les régions polaires – afin de guider l’élaboration de solutions qui contribuent au
Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La Décennie a pour objectif de favoriser l’évolution des comportements indispensable à la bonne
mise en œuvre de ces solutions. Guidée par la Convention des Nations Unies sur le droit de la
mer, elle produira les données, informations et connaissances nécessaires au renforcement des
politiques fondées sur la science et des interfaces science-politique aux niveaux mondial, régional,
national et même local, ce qui aura pour effet d’améliorer la gestion intégrée des océans et de
favoriser le développement d’une économie océanique durable. La Décennie permettra à de
nombreuses entités des Nations Unies de s’acquitter de leurs mandats relatifs aux océans. Dans
notre société de l’information et de l’Internet, les systèmes de données, d’information et de
connaissances sur les océans pourront, grâce à la Décennie, énormément gagner en disponibilité,
en accessibilité et en interopérabilité. Ces efforts devront revêtir une ampleur sans aucune
commune mesure avec tous ceux déployés jusqu’à présent.

Un élément tout aussi transformateur de la Décennie nous concerne et concerne notre relation
aux océans. La prise de conscience de leur valeur peut être favorisée par des initiatives d’initiation
à l’océan destinées aux différents groupes de parties prenantes. Les personnes qui détiennent
des savoirs autochtones et locaux deviendront des partenaires privilégiés de la Décennie, qui
aideront à mettre en lumière la diversité des valeurs culturelles autour des océans.
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Équité, inclusion, respect et intégrité scientifique : tels sont les principes fondamentaux de la
Décennie. Elle fournira l’occasion de repérer et de démanteler systématiquement les obstacles à
la parité, à la répartition géographique équitable et à l’équilibre entre les générations afin que
personne ne soit laissé de côté. Les sciences océaniques devraient pouvoir profiter à chacun, y
compris aux petits États insulaires en développement, aux pays les moins avancés et aux pays
en développement sans littoral.

La conception et la mise en œuvre de sciences océaniques axées sur les besoins des utilisateurs
et assorties de mécanismes pertinents d’assimilation constitueront une métamorphose cruciale
qui devrait advenir entre 2021 et 2030. Celle-ci prendra une ampleur inédite. De nombreuses
parties prenantes devraient établir un dialogue et commencer à collaborer en dehors de leurs
cercles habituels. Les producteurs et les utilisateurs de connaissances participeront à un
processus itératif de conception et de diffusion conjointes des sciences océaniques. Ainsi,
émergeront plusieurs groupes d’acteurs composés de chercheurs en sciences exactes et
naturelles, en sciences sociales et en lettres, d’entreprises commerciales et industrielles, de
gouvernements, d’entités des Nations Unies, d’organisations intergouvernementales,
d’organisations non gouvernementales et de la société civile, d’enseignants, de jeunes
spécialistes de l’océan, d’associations de sports et de loisirs nautiques, du monde des arts et de
la culture ainsi que de détenteurs de savoirs autochtones et locaux. Les partenariats et la
communication active seront au cœur de la Décennie.

Cette Décennie n’est pas la première à relever le défi des sciences océaniques. En 1971, les
générations précédentes s’étaient engagées dans la Décennie internationale de l’exploration
océanique (1971-1980), qui a donné lieu à des projets de recherche collaboratifs novateurs et de
grande ampleur ainsi qu’à de nombreuses initiatives qui ont changé à jamais le domaine de
l’exploration océanique, telles que l’Expérience mondiale concernant la circulation océanique. Il
existe cependant une différence essentielle entre ces deux décennies : dans les années 1970, il
s’agissait de créer « la science que nous voulions », mais nous ne pouvons plus nous autoriser
ce luxe aujourd’hui. La Décennie actuelle est donc résolument axée sur « la science dont nous
avons besoin ».

Le plan de mise en œuvre d’une entreprise aussi importante que la Décennie ne saurait être
contraignant. Il fournit plutôt un cadre pour une action transformatrice, qui s’appuiera sur les
résultats obtenus à ce jour et se déploiera à travers les pays, les secteurs, les disciplines et les
générations.

Chers lecteurs et chères lectrices – parties prenantes de la Décennie –, j’espère que vous
adhérerez à la vision et à l’approche stratégiques globales de la Décennie qui sont exposées dans
le plan de mise en œuvre. Grâce à votre engagement et à votre soutien, la Décennie aura un
impact bien plus retentissant que la somme d’initiatives isolées ; ensemble, nous pourrons créer
les sciences dont nous avons besoin pour les océans que nous voulons.

Vladimir Ryabinin
Secrétaire exécutif de la COI
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                                               TABLE DES MATIÈRES
                                                                                                                             page

                                                         PARTIE 1

            DÉCENNIE DES NATIONS UNIES POUR LES SCIENCES OCÉANIQUES
                     AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

1.1.      RAISON D’ÊTRE DE LA DÉCENNIE ............................................................................ 1

1.2.      VISION, MISSION ET RÉSULTATS ............................................................................. 6

                                                         PARTIE 2

  CADRE D’ACTION POUR LA DÉCENNIE DES NATIONS UNIES POUR LES SCIENCES
           OCÉANIQUES AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

2.1     MISE AU POINT DES SCIENCES DONT NOUS AVONS BESOIN ............................... 11

2.2     DÉFIS DE LA DÉCENNIE POUR LES SCIENCES OCÉANIQUES ............................... 11

2.3     OBJECTIFS DE LA DÉCENNIE .................................................................................... 13

2.4     PROCESSUS DE HIÉRARCHISATION ET D’APPROBATION DES ACTIONS ............ 16

2.5     GESTION DES DONNÉES, DE L’INFORMATION ET DES CONNAISSANCES
        NUMÉRIQUES .............................................................................................................. 19

2.6     RENFORCEMENT DES CAPACITÉS ........................................................................... 21
        2.6.1 Cadre de renforcement des capacités de la Décennie..................................... 21
        2.6.2 Initiation à l’océan .............................................................................................. 24

2.7     COMMENT PARTICIPER À LA DÉCENNIE .................................................................. 25
        2.7.1 Participation des parties prenantes à la Décennie ........................................... 25
        2.7.2 Communication relative à la Décennie.............................................................. 29

                                                         PARTIE 3

       MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCENNIE DES NATIONS UNIES POUR LES SCIENCES
               OCÉANIQUES AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

3.1     CADRE DE GOUVERNANCE ET DE COORDINATION ............................................... 31
        3.1.1 Cadre de gouvernance ....................................................................................... 32
        3.1.2. Cadre de coordination........................................................................................ 33

3.2     MOBILISATION DES RESSOURCES ........................................................................... 37
        3.2.1 Comment les actions de la Décennie seront-elles financées ? ....................... 37
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        3.2.2 Mécanismes de mobilisation de ressources .................................................... 39
        3.2.3 Responsabilités en matière de mobilisation de ressources............................ 41

3.3     MESURE DES PROGRÈS ............................................................................................ 41

                                                      ANNEXE

GLOSSAIRE

                                                 Liste des figures

Figure 1.1 : Interactions avec le Programme 2030 et les cadres politiques pertinents ....... 4

Figure 2.1 : Cadre d’action de la Décennie ........................................................................... 11

Figure 2.2 : Des « océans que nous avons » aux « océans que nous voulons » ................ 17

Figure 2.3 : Processus d’approbation des actions de la Décennie ..................................... 17

Figure 2.4 : Réseaux de mobilisation volontaire des parties prenantes de la Décennie ... 28

Figure 3.1 : Cadre de gouvernance et de coordination de la Décennie .............................. 31

Figure 3.2 : Mécanismes de financement de la Décennie .................................................... 39

Figure 3.3 : Processus d’examen de la Décennie................................................................. 43

                                                Liste des tableaux

Tableau 2.1 : Cadre stratégique pour les initiatives de renforcement
              des capacités au cours de la Décennie ..........................................................23

Tableau 3.1 : Rôles dans la mobilisation des ressources tout au long de la Décennie..... 41

                                               Liste des encadrés

Encadré 1.1 : Les sciences océaniques dans le contexte de la Décennie............................ 1

Encadré 1.2 : Les sciences océaniques transformatrices ..................................................... 7
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                              LISTE DES SIGLES

BBNJ     Instrument international juridiquement contraignant se rapportant à l’UNCLOS
         et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine
         des zones ne relevant pas de la juridiction nationale

CDB      Convention sur la diversité biologique

CCNUCC   Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques

COI      Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO

DOALOS   Division des affaires maritimes et du droit de la mer du Bureau des affaires
         juridiques de l’Organisation des Nations Unies

FAIR     Données faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables

GESAMP   Groupe mixte d’experts chargé d’étudier les aspects scientifiques de la
         protection de l’environnement marin

GIEC     Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

IPBES    Plate-forme intergouvernementale science-politique sur la biodiversité et les
         services écosystémiques

OCDE     Organisation de coopération et de développement économiques

ODD      Objectif de développement durable

ONG      Organisation non gouvernementale

PDSL     Pays en développement sans littoral

PEID     Petits États insulaires en développement

PMA      Pays les moins avancés

PNUE     Programme des Nations Unies pour l’environnement

UNCLOS   Convention des Nations Unies sur le droit de la mer

UNESCO   Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
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                                            Remerciements

La Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO, sous la direction de
son Président, M. Ariel Troisi, et de son Secrétaire exécutif, M. Vladimir Ryabinin, remercie
chaleureusement les nombreuses personnes qui ont contribué ces trois dernières années, à titre
individuel ou institutionnel, au plan de mise en œuvre.

L’idée de la Décennie a germé début janvier 2016 à Gilleleje (Danemark), lors d’une réunion qui
rassemblait des membres du Bureau et de l’équipe de gestion du Secrétariat de la COI. Cette
rencontre était présidée par Peter Haugan, alors Président de la COI, avec l’appui de Gunnar
Kullenberg, ancien Secrétaire exécutif de la COI. La première version de la feuille de route de la
Décennie a été rédigée par le Secrétariat de la COI avec le concours de Neville Smith.

Le plan de mise en œuvre trouve son origine dans les discussions d’un groupe intérimaire de
planification qui s’est réuni début 2018 et qui était composé de Sue Barrell (Bureau
météorologique australien), Julius Francis (Association des sciences de la mer de l’océan Indien
occidental, WIOMSA), Kristina Gjerde (Union internationale pour la conservation de la nature et
de ses ressources, UICN), Gabriele Goettsche-Wanli (DOALOS et représentant du point focal
d’ONU-Océans), Sieglinde Gruber (Commission européenne), Craig McLean (Agence américaine
d’observation océanique et atmosphérique, NOAA) et Martin Visbeck (GEOMAR), ainsi que de
membres du Secrétariat de la COI.

Un Groupe exécutif de planification rassemblant 19 figures mondiales des sciences océaniques
a été créé en 2018 et a largement contribué au plan de mise en œuvre. Il réunissait Francisco
Armando Arias-Isaza, Elva Escobar Briones, Karen Evans, Kristina Gjerde, Christa von
Hillebrandt-Andrade, Anna Jöborn, Youn-Ho Lee, Suzan Kholeif, Jens Krüger, Atmanand
Malayath, Margaret Leinen, Craig McLean, Linwood Pendleton, Fangli Qiao, Ricardo Serrão
Santos, Sergey Shapovalov, Dismore Gilbert Siko, Martin Visbeck et Mitsuo Uematsu1. Ce
Groupe exécutif de planification était chapeauté par le Secrétaire exécutif de la COI et a bénéficié
des lumières de deux Présidents de la COI, Peter Haugan et Ariel Troisi, ainsi que de la
contribution et du soutien du Secrétariat de la COI. De jeunes spécialistes de l’océan, dont Harriet
Harden-Davies, Alfredo Giron, Evgeniia Kostianaia, Guillermo Ortuño Crespo et Erin
Satterthwaite, ont participé activement aux discussions du Groupe exécutif de planification et à la
préparation du plan de mise en œuvre.

Entre juin 2019 et mai 2020, des réunions de planification mondiales, thématiques et régionales
ont attiré plus de 1 900 participants issus de la communauté scientifique, des gouvernements,
d’entités des Nations Unies ou du secteur privé ainsi que des donateurs de 10 régions
océaniques. Ces rencontres ont grandement contribué au plan de mise en œuvre en ce qui
concerne les priorités scientifiques et les besoins de renforcement des capacités. Elles ont
également permis de recueillir des informations sur les partenariats noués ou à nouer pour
déployer les actions de la Décennie. Les Gouvernements du Brésil, du Canada, du Danemark, de
l’Inde, de l’Italie, du Japon, du Kenya, de la Norvège, de la Suède, de la République de Corée et
du Mexique ainsi que les secrétariats des accords multilatéraux sur l’environnement administrés
par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE : Convention de Nairobi, Plan
d’action pour la Méditerranée et Programme pour l’environnement des Caraïbes), la Commission
européenne, l’Ocean Frontier Institute (Canada), l’Organisation des sciences de la mer pour le
Pacifique Nord (PICES), l’Institut national des technologies océaniques (NIOT, Inde), le Conseil

1     L’affiliation et le parcours des membres du Groupe exécutif de planification sont précisés sur le site
      Internet de la Décennie : https://www.oceandecade.org.
Plan de mise en oeuvre - Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable - OceanExpert
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international pour l’exploration de la mer (CIEM), la Commission permanente du Pacifique Sud
(CPPS), la Commission internationale pour l’exploration scientifique de la mer Méditerranée
(CIESM), le Centre danois de recherche marine, l’Université nationale autonome du Mexique
(UNAM), le Conseil norvégien de la recherche, Arctic Frontiers, la Communauté du Pacifique
(CPS), l’Union américaine de géophysique (AGU), le Pacte mondial des Nations Unies, la
WIOMSA, les Fondations Velux, la Fondation Grupo Boticario et la Fondation Carlsberg ont
apporté leur précieux concours à l’organisation de ces ateliers.

Fin 2019, plus de 50 institutions océanographiques majeures ont fait parvenir leur contribution
écrite en vue d’éclairer l’élaboration des priorités scientifiques de la Décennie, puis, en mars et
avril 2020, plus de 230 contributions écrites ont été reçues à l’issue de l’examen par les pairs de
l’avant-projet de plan de mise en œuvre. La présente version du plan de mise en œuvre a été
examinée de façon approfondie par les États membres de la COI et par les membres d’ONU-
Océans en juin et juillet 2020.
Plan de mise en œuvre–v.2

                                                  PARTIE 1

             DÉCENNIE DES NATIONS UNIES POUR LES SCIENCES OCÉANIQUES
                      AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
La partie 1 du plan de mise en œuvre détaille la raison d’être de la Décennie, explique le processus nécessaire
pour passer des « océans que nous avons » aux « océans que nous voulons » et décrit l’état souhaité des
océans à l’issue de la Décennie.

1.1.    RAISON D’ÊTRE DE LA DÉCENNIE

1.      Nous reconnaissons et comprenons de plus en plus la dépendance de l’humanité à l’égard
des services vitaux fournis par les océans. Le Groupe de haut niveau pour une économie océanique
durable2 considère les océans comme sources de solutions qui concernent l’atténuation des
changements climatiques et les nombreuses dimensions d’une économie océanique durable, y
compris l’avenir de l’alimentation et des énergies. Les océans nous offrent, outre leur
incommensurable beauté, d’innombrables services de culture et de loisirs qui s’avèrent essentiels
au bien-être humain. Selon les estimations
prudentes de l’Organisation de coopération et Encadré 1.1 : Les sciences océaniques
de développement économiques (OCDE),               dans le contexte de la Décennie
l’économie océanique a généré 1 500 milliards      Dans le contexte de la Décennie, il est entendu que les
de dollars des États-Unis en 2010 et pourrait océans sont une partie du système terrestre qui s’étend de
enregistrer une croissance supérieure à celle      la côte à la pleine mer, et de la surface océanique aux
de l’économie mondiale, tant au niveau de la       fonds marins profonds. Le terme « sciences océaniques »
valeur ajoutée que des emplois3. Sa valeur         englobe des disciplines des sciences exactes et naturelles
ajoutée     pourrait    en     effet   atteindre   et des sciences sociales, y compris des matières
3 000 milliards de dollars en 2030 – une interdisciplinaires ; les technologies et les infrastructures à
évolution à laquelle contribueraient des           l’appui des sciences océaniques ; l’application de ces
services récents ou peu développés tels que les sciences dans l’intérêt de la société, notamment le
minéraux et les ressources génétiques              transfert et l’application des connaissances dans les
marines.                                           régions où les capacités scientifiques sont insuffisantes ;
                                                ainsi que les interfaces science-politique et
2.      Les océans sont des systèmes science-innovation. Les sciences océaniques tiennent
socioécologiques complexes et dynamiques        compte des interactions terre-mer, océan-atmosphère et
qui sont influencés par les activités           océan-cryosphère. Elles reconnaissent, respectent et
terrestres ainsi que par les interactions       incorporent les savoirs autochtones et locaux.
océan-atmosphère      et   océan-cryosphère.
Actuellement, le système océanique se
transforme à un rythme accéléré. Plus de 40 % de l’espace marin est fortement altéré par plusieurs
facteurs et, d’après les estimations, 66 % des océans subissent des incidences cumulatives
croissantes4. Le réchauffement mondial des océans se poursuit sans discontinuer depuis les
années 1970 : la vitesse à laquelle le réchauffement progresse a doublé depuis le début des
années 1990 et la fréquence des vagues de chaleur marines a augmenté5. Exacerbé par

2   https://www.oceanpanel.org/.
3   OCDE. 2016. L’économie de la mer en 2030. Éditions de l’OCDE, Paris.
4   IPBES. 2019. Le rapport d’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques : résumé
    à l’intention des décideurs. S. Díaz, J. Settele, E. S. Brondízio E.S., H. T. Ngo, M. Guèze, J. Agard, A.
    Arneth, P. Balvanera, K. A. Brauman, S. H. M. Butchart, K. M. A. Chan, L. A. Garibaldi, K. Ichii, J. Liu, S.
    M. Subramanian, G. F. Midgley, P. Miloslavich, Z. Molnár, D. Obura, A. Pfaff, S. Polasky, A. Purvis, J.
    Razzaque, B. Reyers, R. Roy Chowdhury, Y. J. Shin, I. J. Visseren-Hamakers, K. J. Willis et C. N. Zayas
    (sous la direction de). Secrétariat de l’IPBES, Bonn (Allemagne). 56 pages.
5   GIEC. 2019. Résumé à l’intention des décideurs. In IPCC Special Report on the Ocean and Cryosphere in
    a Changing Climate (Rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement
    climatique). H.-O. Pörtner, D. C. Roberts, V. Masson-Delmotte, P. Zhai, M. Tignor, E. Poloczanska, K.
Plan de mise en œuvre–v.2
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l’acidification des océans et d’autres facteurs, un réchauffement continu de cette ampleur devrait
entraîner la disparition massive des coraux et d’autres écosystèmes hautement productifs qui
constituent la clé de voûte de la biodiversité planétaire et représentent une source d’alimentation et
de subsistance pour des centaines de millions de personnes. La désoxygénation qui résulte des
effets conjugués de l’accroissement des charges en nutriments et du réchauffement des océans y
crée des « zones mortes » anoxiques ou hypoxiques. Les efflorescences algales nuisibles causées
par l’eutrophisation ravagent la biodiversité marine et entraînent des risques non négligeables pour
la santé humaine. Il existe de vastes espaces océaniques dont nous ne savons pour ainsi dire rien ;
par exemple, en raison de la surface et du volume colossaux des océans, la compréhension de la
biodiversité marine et des fonds marins situés dans les eaux internationales reste limitée et la
connaissance des régions polaires et de l’océan Austral est bien moindre que celle de nombreuses
autres zones des océans de la planète.

3.       Aujourd’hui, la première urgence est de trouver collectivement des solutions transformatrices
aux défis actuels et futurs qui concernent les océans et donc l’humanité. Celles-ci, nombreuses et
variées, seront déployées sous différentes formes et à différentes échelles afin de s’adapter au plus
près aux contextes régionaux, nationaux et locaux. Elles devront évoluer et s’ajuster pour faire face
aux changements climatiques, et incluront notamment les connaissances destinées à étayer les
politiques et les prises de décision, les cadres de gestion et de gouvernance et l’innovation
technologique. Afin de ne pas avoir qu’un effet limité, toutes ces solutions imaginées grâce aux
sciences océaniques de pointe devront s’accompagner d’une bonne compréhension des obstacles
qui bloquent le changement des comportements humains à grande échelle et qui doivent donc être
franchis. Pour concevoir les solutions transformatrices nécessaires, il faut également que les
scientifiques soient mieux équipés et que leurs projets bénéficient de financements plus pérennes.
La cible 14.a de l’objectif de développement durable (ODD) 14 sur la vie aquatique consiste à
approfondir les connaissances scientifiques, à renforcer les moyens de recherche et à transférer les
techniques marines ; pourtant, partout dans le monde, les investissements nationaux dans les
sciences océaniques restent bas puisqu’en moyenne, entre 2013 et 2017, seul 1 % du budget public
de la recherche leur était alloué6.

4.      Il n’existe qu’une seule possibilité pour passer des « océans que nous avons » aux « océans
que nous voulons » : convaincre les gouvernements, les décideurs, les bailleurs de fonds, les
chercheurs en sciences exactes et naturelles et en sciences sociales (y compris en lettres) et la
société dans son ensemble que le monde a besoin d’une campagne transformatrice, innovante, à
grande échelle et dotée de moyens suffisants afin d’accorder une place de choix aux sciences
océaniques. Cette campagne doit transcender la géographie – y compris l’interface terre-mer – et
mettre l’accent sur les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement
(PEID) et les pays en développement sans littoral (PDSL). Elle doit s’adresser à toutes les
générations, reconnaître et corriger les disparités de genre dans les sciences océaniques et durer
suffisamment longtemps pour insuffler des changements durables.

5.       En 2016, la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO (COI) a
présenté le concept de cette campagne, puis a consulté ses États membres et de nombreuses
autres parties intéressées lors de son élaboration. Le 5 décembre 2017, ces préparatifs ont abouti
à la proclamation par l’Assemblée générale des Nations Unies, à sa 72e session, de la Décennie
des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable
(2021-2030, ci-après « la Décennie »). L’Assemblée générale des Nations Unies a demandé à la
COI d’élaborer un plan de concrétisation de la Décennie en concertation avec les États membres,
les institutions spécialisées, les fonds, les programmes et les organismes des Nations Unies, ainsi
que d’autres organisations intergouvernementales, des organisations non gouvernementales (ONG)

    Mintenbeck, A. Alegría, M. Nicolai, A. Okem, J. Petzold, B. Rama et N. M. Weyer (sous la direction de). À
    paraître.
6   COI-UNESCO. 2017. Global Ocean Science Report : The Current Status of Ocean Science Around the
    World (Rapport mondial sur les sciences océaniques : état actuel des sciences océaniques dans le monde).
    L. Valdés et al. (sous la direction de). Éditions UNESCO, Paris.
Plan de mise en œuvre–v.2
                                                                                     page 3

et les parties prenantes concernées. Fruit d’un processus de préparation très ouvert qui, trois années
durant, a associé des milliers de parties prenantes, ce plan de mise en œuvre guidera l’entreprise
ambitieuse que représente la Décennie et évoluera au fil du temps pour se faire le reflet des
nouvelles possibilités, des nouvelles occasions et des nouvelles difficultés.

6.       La Décennie sera mise en œuvre à titre volontaire, dans le cadre juridique de l’UNCLOS.
Elle donnera l’occasion de renforcer les capacités et les connaissances scientifiques afin de
contribuer à la réalisation des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030
(Programme 2030). Il existe de nombreuses interactions potentielles entre les connaissances et
solutions qui seront produites au cours de la Décennie et l’ODD 14 lié à la conservation et à
l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines, ainsi qu’avec bien d’autres
ODD7 (voir figure 1.1). Ces interactions aideront les gouvernements à concrétiser les ambitions
énoncées dans le Programme 2030 au niveau national, ainsi qu’à contribuer à l’action mondiale en
faveur du développement durable. Par exemple, les prévisions selon lesquelles les océans pourraient
produire jusqu’à six fois plus de nourriture qu’aujourd’hui8 (ODD 2 – élimination de la faim) pourraient
devenir réalité grâce au progrès des connaissances. La mise au point et le déploiement des techniques
d’exploitation des énergies renouvelables, les actions visant à maintenir ou à accroître la séquestration
océanique du carbone, ainsi que le transport maritime et la production alimentaire marine à faibles
émissions pourraient permettre de réduire le forçage des gaz à effet de serre et d’atténuer les effets
des changements climatiques (ODD 7 – énergies propres et à un coût abordable ; ODD 13 – action
pour le climat). L’amélioration de la formation des éducateurs et de l’accès aux ressources qui
favorisent l’intégration des sciences océaniques dans les programmes scolaires pourrait accroître la
qualité de l’éducation (ODD 4 – Éducation). Le renforcement des investissements dans les sciences
océaniques pourrait remédier aux disparités de genre dans les sciences, y compris dans les pays en
développement (ODD 5 – égalité entre les sexes). De nouvelles connaissances et de nouveaux outils
au service de solutions inspirées de la nature et visant à accroître la résilience climatique pourraient
développer les capacités d’adaptation de centaines de millions de personnes parmi les plus
vulnérables (ODD 3 – bonne santé et bien-être ; ODD 10 – réduction des inégalités ; ODD 11 – villes
et communautés durables). Le soutien apporté à l’économie marine durable améliorerait les
débouchés professionnels partout dans le monde (ODD 1 – élimination de la pauvreté ;
ODD 8 – travail décent et croissance économique soutenue). Enfin, de manière générale, la Décennie
contribuera à la mise en œuvre de l’ODD 17 (Partenariats), qui vise à renforcer les partenariats
mondiaux en vue de la réalisation des ambitieux objectifs du Programme 2030.

7.        La Décennie contribuera, sous forme de données, d’informations, de connaissances et de
renforcement de capacités, à réaliser les aspirations contenues dans d’autres cadres juridiques et
politiques mondiaux, dont la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
(CCNUCC), y compris l’Accord de Paris sur le climat, la Convention sur la diversité biologique (CDB),
y compris le cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020, le Cadre de Sendai pour la réduction
des risques de catastrophe, les Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en
développement (Orientations de Samoa), la Convention de l’UNESCO sur la protection du
patrimoine culturel subaquatique (2001), la Convention du patrimoine mondial (1972), la Convention
sur la conservation des espèces migratrices ainsi que de nouveaux accords tels que l’instrument
international juridiquement contraignant se rapportant à l’UNCLOS et portant sur la conservation et
l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale
(BBNJ). Elle jouera un rôle prépondérant dans des initiatives complémentaires des Nations Unies,
telles que la Décennie pour la restauration des écosystèmes et la Décennie d’action pour atteindre
les objectifs mondiaux, qui se dérouleront toutes deux en parallèle, ainsi que la Décennie
internationale d’action sur le thème « L’eau et le développement durable », qui s’achèvera en 2028,

7   CIUS. 2017. A Guide to SDG Interactions : from Science to Implementation (Guide des interactions entre
    les ODD : mettre les sciences au service de leur réalisation). D. J. Griggs, M. Nilsson, A. Stevance,
    D. McCollum (sous la direction de). Conseil international pour la science, Paris.
8   C. Costello, L. Cao, S. Gelcich et al. 2019. The Future of Food from the Sea (L’avenir de l’alimentation issue
    des océans). Institut des ressources mondiales, Washington.
Plan de mise en œuvre–v.2
page 4

et la Décennie d’action pour la nutrition, qui comprend un réseau d’action mondial sur l’alimentation
durable issue des océans et des eaux intérieures pour la sécurité alimentaire et la nutrition et qui
prendra fin en 2025. Jeter des passerelles entre ces Décennies et ces activités donnera l’occasion
unique de mettre en place une approche globale des sciences, des actions et des solutions
océaniques en vue du développement durable.

            Figure 1.1 Interactions avec le Programme 2030 et les cadres politiques pertinents
Plan de mise en œuvre–v.2
                                                                              page 5

8.      Des entités des Nations Unies et des organisations intergouvernementales, dont
l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation
hydrographique internationale (OHI), l’Organisation maritime internationale (OMI), la COI, l’Autorité
internationale des fonds marins (AIFM), le PNUE, l’UNESCO, le Programme des Nations Unies
pour le développement (PNUD), le Bureau des Nations Unies pour la prévention des
catastrophes (UNDRR), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation météorologique
mondiale (OMM) et des programmes régionaux des Nations Unies, y compris les conventions sur
les mers régionales, contribueront à la réussite de la Décennie en s’appuyant sur les initiatives déjà
en place et en renforçant la collaboration afin d’explorer les pistes scientifiques qui relèvent de leurs
missions respectives.

9.      L’élaboration du Plan de mise en œuvre a été menée dans le contexte précaire et incertain
créé par la pandémie de COVID-19. Celle-ci a déjà eu des conséquences directes, en temps réel,
sur les sciences océaniques. Les observations et la collecte de données ont été fortement
perturbées, entraînant des lacunes de données qui nuiront à la qualité des prédictions et prévisions
indispensables à la gestion des risques climatiques et océaniques. Partout dans le monde, et en
particulier dans les PEID et les PMA, les organismes et les personnes qui travaillent dans le domaine
des sciences océaniques n’ont plus accès à des ressources ou infrastructures essentielles en raison
de la réorientation, durant la crise, des priorités vers les besoins essentiels quotidiens.

10.     En ce qui concerne l’avenir, le monde continuera d’être préoccupé par la crise sociale et
économique qui se profile. À moins que les gouvernements et les fournisseurs de ressources
puissent être convaincus du contraire, le financement des sciences océaniques pourrait être perçu
comme une activité non essentielle et donc subir un ralentissement important au détriment d’autres
exigences. Les pays qui avaient déjà des difficultés à renforcer leurs capacités en sciences
océaniques, y compris les PEID et les PMA, devraient être parmi les plus durement touchés par la
récession économique mondiale. Si des mesures énergiques ne sont pas prises, cela pourrait se
traduire par des écarts croissants en matière de capacités en sciences océaniques, notamment
concernant l’accès aux données et à la technologie. La pandémie et le relèvement post-pandémie
interviennent dans un contexte d’accélération des impacts climatiques, et donc à un moment où la
gestion intégrée des océans est sans doute plus que jamais nécessaire pour garantir qu’ils puissent
continuer de fournir les services écosystémiques essentiels au bien-être humain, y compris la
régulation du climat.

11.     La Décennie sera lancée dans une période de vulnérabilité pour l’humanité, et devra par
conséquent s’accompagner de stratégies visant à s’assurer que personne n’est laissé pour compte.
Elle coïncide également avec un moment crucial de l’histoire des sciences océaniques, et offre des
occasions qui doivent être saisies par tous les partenaires. Le Groupe de haut niveau pour une
économie océanique durable a récemment conclu que dans le monde de l’après-COVID-19, les
investissements durables dans les océans pourraient rapporter des bénéfices au moins cinq fois
supérieurs aux coûts. Cela confirme l’importance que ces investissements doivent revêtir dans
l’approche globale à adopter pour assurer un relèvement et un développement équitables et inclusifs
dans l’après-COVID-199. Ces solutions seront d’autant plus bénéfiques qu’elles s’appuieront sur des
sciences océaniques solides, conçues et menées conjointement par un large éventail de parties
prenantes. La Décennie – et sa vision, « La science dont nous avons besoin pour les océans que
nous voulons » – peut donc contribuer de manière significative et diverse aux efforts de relèvement
de l’après-COVID-19.

12.    La Décennie peut mettre en lumière le rôle jusqu’à présent en grande partie invisible des
données, observations et connaissances océaniques continues dans les solutions de
développement durable et l’action climatique futures. Elle peut offrir un cadre mondial pour recenser
les besoins les plus urgents en matière de connaissance des océans en vue de contribuer au

9   Konar M. & Ding H. 2020. A Sustainable Ocean Economy for 2050: Approximating its Costs and Benefits.
    Washington, DC: World Resources Institute.
Plan de mise en œuvre–v.2
page 6

relèvement de l’après-COVD-19, dans le contexte des changements climatiques. Elle peut mettre
en évidence les inégalités en matière de capacités en sciences océaniques qui existent entre les
pays et les parties prenantes, et ainsi mobiliser et démultiplier les ressources pour combler ces
écarts croissants. Elle peut favoriser les liens et les collaborations entre divers groupes, tels que
l’industrie et la science, afin de concevoir des solutions qui répondent aux impératifs
environnementaux, sociaux et économiques. Elle peut accélérer le développement de la
technologie, par exemple du matériel de recherche autonome pour la collecte de données
océanographiques, ou encore des plates-formes améliorées de collaboration et de partage de
données en ligne. Elle peut enfin sensibiliser un large public international au rôle crucial que les
océans, ainsi que l’amélioration des connaissances à leur sujet, doivent jouer dans un monde qui
s’adapte à une nouvelle normalité.

13.     L’ampleur du travail prévu lors de la Décennie excède les capacités de toute nation, de tout
groupe de partie prenante, de toute génération, ou de toute discipline scientifique. Les océans nous
offrent la possibilité d’œuvrer de concert pour l’intérêt commun dans un véritable esprit de
multilatéralisme et d’interdisciplinarité. La conception conjointe, les échanges et les partenariats
seront la clé du succès de la Décennie. Cette dernière constitue un cadre pour rassembler un large
éventail de parties prenantes afin que celles-ci harmonisent leurs recherches, leurs investissements
et leurs initiatives en fonction d’un ensemble de défis communs et s’assurent ainsi que le résultat de
cet effort concerté soit sans aucune commune mesure avec la somme d’initiatives isolées. La
structure fournie par la Décennie permettra d’élargir et d’étoffer les projets à l’échelon local, national
ou régional de manière à s’adapter étroitement à des contextes et à des priorités spécifiques.

14.     La participation à la Décennie se traduira par de nombreux avantages. Les partenaires
pourront s’associer à un effort collectif mondial d’une grande visibilité qui repose sur des décennies
de réalisations en sciences océaniques. L’occasion se présentera d’instaurer de nouvelles
collaborations qui transcendent les disciplines, les régions géographiques et les générations. Il sera
également possible d’accéder à de nouvelles sources de financement, d’investir dans des travaux
innovants et audacieux en sciences océaniques, ou encore d’accroître la visibilité et la portée
d’actions et d’initiatives.

15.      Cette Décennie est l’affaire de tous, et a pour objectif de ne laisser personne de côté. Elle
offre une chance unique de révolutionner la recherche et les applications en sciences océaniques.
Tous les partenaires seront invités à tirer parti des initiatives existantes et à regrouper les actions
futures à tous les niveaux de mobilisation afin de trouver des solutions scientifiques pour améliorer
l’état de l’océan et faire progresser le bien-être de l’humanité.

1.2.     VISION, MISSION ET RÉSULTATS

16.    La vision de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du
développement durable est :

            les sciences dont nous avons besoin pour les océans que nous voulons.

17.      Sa mission est :

       imaginer des solutions transformatrices issues des sciences océaniques au service
       du développement durable, tissant ainsi un lien entre les populations et nos océans.

18.     La Décennie permettra, à tous les niveaux, de mobiliser et de stimuler la recherche
interdisciplinaire en sciences océaniques ainsi que de lui donner les moyens nécessaires, afin de
créer un terrain favorable à la fourniture, en temps utile, des données, informations et connaissances
requises pour parvenir au bon fonctionnement des océans à l’appui de tous les ODD du
Programme 2030. La Décennie ne définira pas de politiques océaniques, mais offrira un cadre pour
promouvoir des sciences et une recherche océaniques qui viennent enrichir les connaissances et
éclairer les politiques et les prises de décision. Pour ce faire, elle mobilisera des ressources et des
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                                                                                      page 7

innovations technologiques afin de renforcer les capacités, de développer les connaissances
scientifiques, de bâtir et de partager des infrastructures ainsi que promouvoir les partenariats pour
garantir la pérennité et la santé des océans. Par ce biais, la Décennie facilitera la transition des
« océans que nous avons » aux « océans que nous voulons », c’est-à-dire des océans qui se prêtent
à un avenir durable, équitable et prospère pour tous.

19.    La réussite de la transition vers les océans que nous voulons nécessite un processus itératif
en plusieurs étapes qui recourt à l’innovation, à la créativité, aux sauts capacitaires et à l’initiation à
l’océan. Tout au long de la Décennie, des chercheurs en sciences exactes et naturelles et en
sciences sociales ainsi que des parties prenantes des océans collaboreront afin de concevoir et
de mettre à disposition des travaux de recherche visant à apporter des solutions qui
recouvrent tous les aspects des océans, y compris les interactions avec l’humain et avec
l’atmosphère et l’interface terre-mer.

20.      Les          connaissances
                                           Encadré 1.2. Les sciences océaniques transformatrices
existantes     et    de      nouvelles
connaissances         étaieront       le   La notion de transformation joue un rôle central pour la Décennie.
développement conjoint et le               Celle-ci doit se détacher du statu quo pour impulser une véritable
déploiement de systèmes, de                révolution des sciences océaniques, tant au niveau des actions
services et d’outils d’aide à la           que des résultats. La nature transformatrice de la Décennie se
décision qui serviront à l’échelle         manifestera de différentes manières, y compris par la promotion et la
locale, nationale, régionale et            facilitation de sciences océaniques qui :
mondiale aux décideurs, aux
responsables de l’élaboration des             utilisent le Programme 2030 comme cadre central pour cerner
politiques, aux innovateurs et aux             les questions sociétales les plus pressantes relatives à
gestionnaires. Le renforcement                 l’ODD 14 et aux ODD connexes et y répondre ;
des capacités, le développement               sont conçues et diffusées conjointement dans un
de l’initiation à l’océan ainsi que            environnement multipartite afin d’être pertinentes et adaptées
le     repérage    et     l’élimination        pour l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production de
systématiques des obstacles à la               connaissances aux applications et aux services en passant par
pleine diversité des genres, des               les solutions issues de la science ;
générations et des origines
                                              visent à rechercher des solutions et contribuent à de
géographiques, l’accent étant                  nombreuses solutions potentielles, y compris aux politiques, à la
mis sur les parties prenantes et
                                               prise de décision, aux cadres de gestion ou de gouvernance et
les partenaires des PMA, des
                                               à l’évolution technologique ou à l’innovation ;
PEID et des PDSL, représenteront
des éléments essentiels à chaque              soient audacieuses, avant-gardistes et affranchies des limites
étape de cette procédure.                      géographiques, en tant que de besoin ;
                                      balaient les disciplines et intègrent activement les sciences
21.      La Décennie stimulera         exactes et naturelles et les sciences sociales ;
l’innovation et élargira l’accès
aux technologies nouvelles et         incorporent les savoirs autochtones et locaux en tant que
existantes afin d’accroître la         sources de connaissances essentielles ;
diversité    et   la   portée    de   revêtent un caractère transformateur en raison des personnes
l’exploration des océans, d’intégrer   qui mènent les recherches et des lieux qui accueillent ces
des systèmes de gestion des            travaux, y compris les PMA et les pays en développement ;
données et de diffuser des  œuvrent en faveur de la diversité des générations, des genres
connaissances scientifiques pour       et des origines géographiques sous toutes ses formes ;
poser les jalons de la durabilité.
Afin de renforcer les moyens de       sont diffusées par des moyens qui sont largement maîtrisés par
prédiction, elle améliorera la         l’ensemble de la société suscitent de l’enthousiasme au sujet
durabilité des infrastructures de      des océans et entraînent un changement des comportements ;
recherche actuelles, misera au        sont partagées en libre accès et peuvent être réutilisées.
maximum sur les découvertes et
l’utilisation       d’observations
relatives aux océans, y compris des connaissances autochtones et locales, et transmettra à
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