Bill VIOLA et Kira PEROV - Sa compagne travaille avec lui depuis 1979 Mise en scène et Mise en Espace - Arts plastiques
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Bill VIOLA et Kira PEROV Sa compagne travaille avec lui depuis 1979 Œuvre à mettre en relation avec l’axe Mise en scène et Mise en Espace Muriel GOILE - Agrégée d'arts plastiques - Académie de La Réunion
Les œuvres de Bill VIOLA ont une dimension onirique. Sa matière première est le temps. La lenteur est tellement présente dans son œuvre que le mouvement devient presque absent. VIOLA réalise des installations intimistes ou monumentales, associant le visuel, le sonore et l’espace, bouleversant les perceptions, immergeant le spectateur. Nombre de ses créations ouvrent des dialogues entre la modernité du médium digital et un univers d'images s'inscrivant dans l'histoire de l'art.
Il tire parti des appareils et des technologies - Caméras, optiques scientifiques, systèmes numériques… Des formats, qualités et nature des écrans, ainsi que de leur agencement - Miroirs, moniteurs multiples, rétroprojecteurs… - Taille, forme, matérialité des écrans… - Inclinaison et mode d’accrochage des écrans, voire mise en relation avec l’architecture des lieux… Il joue de divers effets - Ralentissements extrêmes, grossissements soudains, pétrifications du mouvement…
Enfant Bill VIOLA a failli se noyer. Expérience dramatique mais, selon lui, le trauma est positif. Il fait souvent référence à cet évènement dans ses œuvres, et le thème n’a pour lui rien de morbide. L’eau est ainsi un thème récurrent de sa pratique artistique. Il nous donne à voir l’eau sous diverse formes : gouttelettes irisées, cataractes, eau dormante…
Going Forth by Day Panneau 3 Déluge 2002 Importance du son qui nous prévient de l’imminence de la catastrophe. Le son emporte le spectateur dans le déluge; il est partie prenante de l’émotion ressentie.
Going Forth by Day Panneau 5 First Light 2002 Un homme émerge d’une mare et s’élève comme dans une résurrection Vue d’ensemble de l’installation
The Sleep of Reason 1988 Par intermittences, de façon aléatoire, des images sont projetées sur les 3 murs de la pièce.
Le spectateur « plonge » dans la vie psychique de l’homme endormi, via la projection d’images de type archétypal, qui font référence à nos peurs primaires. Entre les images, le temps est suspendu, habité par la rémanence des images perçues, qui y perdurent. Le son précède les images, accentuant la vulnérabilité du spectateur. Le son qui structure l’œuvre, la plasticité des images, les jeux de lumière, le travail sur la temporalité… sont des éléments clés du travail plastique de VIOLA.
He weeps for you 1976 Très aboutie techniquement, l’œuvre traite de la formation des images. Certains éléments cognitifs frappent l’intellect, tandis que d’autres touchent à l’émotion.
L’eau goutte sur un tambour, le spectateur voit son image déformée dans la goutte qui va tomber. Ce reflet minuscule est projeté sur un grand écran que le spectateur concerné ne peut voir. Vanité moderne, décomposition du vivant. On assiste à sa propre disparition.
The Crossing Water Fire 1996 L’œuvre parle de naissance, de vie et de mort.
Deux hommes avancent vers nous sur deux écrans verticaux. Parallèlement deux registres sonores en référence au feu et à l’eau. D’abord indistincts, les hommes émergent de l’ombre et leur identité se précise tandis qu’ils s’approchent. La pluie commence à tomber et devient de plus en plus intense, le son de l’eau se fait plus fort et l’eau submerge l’homme jusqu’à ce que son corps se dissolve et disparaisse. Même phénomène avec le feu sur l’autre écran. Rapport à l’espace, travail sur la désintégration de l’image, temporalité, apparition et disparition… C’est aussi l’histoire de l’humanité qui est contée.
Greeting 1995 Mise en relation d’une visitation de PONTORMO de 1528 avec la rencontre fortuite par l’artiste de trois femmes portant des robes flottantes… Etablissant un parallèle entre les deux scènes, VIOLA créera Greeting quatre ans plus tard. L’œuvre non prévue s’est dit-il « imposée » à lui.
Nantes Triptych 1992
Sur le panneau de gauche une femme est en train d’accoucher, tandis qu’une femme est en train de mourir sur le panneau de droite. Sur le panneau central, un corps tombe dans l’eau… Cycle de vie : naissance et mort, ombre et lumière. Ce sont à la fois des fragments de la vie de l’artiste mais c’est aussi notre vie que nous lisons au travers de ces images. Pour l’artiste la naissance n’est pas vraiment un commencement ni la mort une fin et les deux concepts ne lui semblent pas si éloignés.
Le Ciel et la Terre 1992
Deux écrans sont confrontés l’un à l’autre : naissance d’un enfant et mort d’une vieille femme. Les images se répondent, se confondent dans les reflets, dans l’œil du spectateur. Cycle de vie, première et dernière respiration.
Bill VIOLA parle des passions. Des émotions extrêmes se reflètent sur les visages des personnages. Références à DURER,GIOTTO et BOSCH. Quintet of the Astonished 2000
Surrender 2001 Un homme et une femme se penchent sur l’eau.
Dans la césure entre les deux moniteurs qui portent ces deux images, il y a la surface de l’eau et chacune des images se fond dans l’autre. Quand les personnages se retirent, un peu de la matière de l’un repart avec l’autre. La matière se déconstruit, matière des corps et matière de l’image, jusqu’à ce que l’on prenne conscience que ce que l’on voit est le reflet filmé des deux personnages, l’image de l’image.
Reflecting Pool 1977 Le cadre et l’image sont fixes, l’œuvre est quasiment silencieuse, à peine le bruit de l’écoulement de l’eau. C’est une œuvre qui fait tableau.
La surface liquide de la piscine est comme un écran dans l’écran, qui montre un contretemps de la réalité. Des événements s’y reflètent qui n’ont plus lieu sur le pourtour, tandis que d’autres qui devraient s’y refléter ne s’y reflètent pas… La pièce est comme un pliage, ce que l’on voit dans la piscine en reflet s’est passé avant, ou se passera après, et il en reste une trace comme par pliage. Bill VIOLA évoque un temps et un espace pliés.
La grande originalité du travail de Bill VIOLA est de combiner les possibilités d’une technologie très avancée en matière de production d’images et la tradition la plus extrême. Il utilise une caméra très rapide qui prend environ 300 images/seconde, soit 12 fois plus que la procédure normale de tournage. Lorsqu’il restitue l’image, il la projette en ralenti et «dilate» le temps. L’œuvre de Bill VIOLA s’apparente à une longue séance de méditation.
Martyrs Earth Air Fire Water 2014
Martyrs Earth Air Fire Water 2014 Auckland en Nouvelle Zélande Cathédrale St Paul à Londres
Pour lui la matière de la vidéo est plus proche de l’eau que le serait le film qui, lui, est proche du temps. La vidéo est un espace fluide, continu, qui accompagne aisément les mouvements du corps, de l’inconscient. L’espace du film est rythmé, heurté, de nature différente et il est organisé comme une construction. Les surimpressions d’images, au sein desquelles la lumière change, lui permettent de montrer le passage du temps. « Bill n’a aucun sens du temps réel » dit Kira PEROV!
Vito ACCONCI Centers 1971
Ange LECCIA Fumées 1995
Tony OURSLER Daytimes 1996
Jeffrey SHAW The Legible City 1988-91 Installation interactive
James TURRELL Installation Lumineuse 1993
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