Contribution aux Etats Généraux du Parti socialiste Les représentants de Besoin de Gauche.
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Contribution aux Etats Généraux du Parti socialiste Les représentants de Besoin de Gauche. Les premiers signataires : Caroline ADOMO (CN), Michèle ANDRE (Sénatrice), Laurent AZOULAY (président de la Commission nationale des conflits), Dominique BAERT (Député), Jean-Marie BEFFARA (Député), Sandrine BERNARD (CN), Jean BESSON (Sénateur honoraire), Michel BISSON (CNC), Grégory BLANC (1er fédéral du Maine et Loire, BN), Florence BLATRIX (1ere fédérale de l’Ain), Eric BOTHOREL (Bureau National des Adhésions), Nicole BRICQ (Sénatrice), Jean Jacques BRIDEY (Député), Emeric BREHIER (Député, Bureau National), Luc BROUSSY (CN), Pierre CAMANI (Sénateur), Colette CAPDEVIELLE (Députée), Loïc CHABRIER (CN), Jean-François DEBAT (BN), Guy DELCOURT (Député), Yves DAUDIDNY (Sénateur), Vincent EBLE (Sénateur), Olivier FREZOT (1er fédéral du Loiret), Nelly FRONTANEAU (Commission nationale Finances), Jean-Louis GAGNAIRE (Député), Marc GOUA (Député), Karine GLOANEC MAURIN (CN), Benjamin GRIVEAUX (BN), Sylvie GUILLAUME (Députée européenne), Elisabeth GUY DUBOIS (BN), Claude HAUT (Sénateur), Cécile HA MINH TU (CN), Bernadette LACLAIS (Députée), Dominique LEFEBVRE (Député), Claudine LEPAGE (Sénatrice), Richard LIOGER (CN), Guillaume MACHER (BNA), Sandrine MAZETIER (Députée), Corinne NARASSIGUIN (Porte-parole), Cédric O (CN), Catherine OSSON (CNF), François PATRIAT (Sénateur, président Région Bourgogne), Céline PINA (CN), Jean-Paul PLANCHOU (CN), Sébastien PODEVYN (BNA), François PUPONI (Député), Daniel RAOUL (Sénateur), Jean-Christian REY (CN), Christine RINGOTTE (CN), Constance RIVIERE (CN), Isabelle ROY (CN), Forough SALAMI (CN), Jacques SALVATOR (CN), Philippe SARRE (1er fédéral des Hauts-de-Seine, BN), Gilles SAVARY (Député), Patricia SCHILINGER (Sénatrice), Christophe SIRUGUE (Député), Stessy SPEISSMAN (CNF), Olivier VERAN (Député), Nicolas VIGNOLLES (CNC), etc. Le socialisme européen et français s’est, notamment, construit autour de deux questions essentielles : la question sociale et la question démocratique. D’abord dans le cadre national. Puis, choix historique majeur, dans le cadre Européen. Faire l’Europe politique L’Europe est notre histoire, et depuis des siècles. Elle est notre matrice de civilisation au travers des valeurs d’humanisme que nous avons léguées au monde, pour le meilleur et le malheur aussi. Aujourd’hui, face à une planète en bouleversement, dans le cadre d’une mondialisation accélérée, l’Europe sera-t-elle notre destin politiquement assumé et solidairement partagé ? Il est de bon ton de la critiquer, vilipender, de l’abaisser, de la réduire à un Léviathan monstrueux, à une construction technocratique froide, éloignée des peuples, et au final d’en faire, lâchement, le bouc-émissaire de nos difficultés Bien sûr, il n’y a pas de fumée sans feu : l’Europe est malade de son fonctionnement, de ses travers et dérives bureaucratiques, mais surtout de l’idéologie libérale qui la préside et 1
l’identifie, en contradiction intrinsèque avec la nature originelle du projet. Elle fait, d’abord, les frais de notre médiocrité d’ambition et d’enthousiasme, incapable de prendre vraiment la mesure et le compte d’une mutation exceptionnelle. Telle qu’elle est sous nos yeux, cette Europe n’incarne plus – ou trop insuffisamment - en particulier pour nos jeunes, cet espoir, cet élan, cette perspective pourtant inédite dans l’histoire des hommes, constituant la seule grande aventure qui vaille d’être menée jusqu’au bout, et ce plus encore au vu du changement de paradigme planétaire en cours. D’autant qu’à y regarder de près, elle ne mérite pas l’opprobre dont elle est accablée : que de chemin parcouru malgré tout en cinquante ans jusqu’à la coordination budgétaire et l’union bancaire dont l’application n’est pas encore à l’œuvre. Tout ce qu’il y a eu de puissant et de pérenne depuis la CECA et le traité de Rome ressortit d’une volonté et d’une démarche fédérales. Le seul examen des dispositifs économique et financier engagés dans la dernière période pour contrer les effets de la crise, s’avère à ce titre significatif. Or, parallèlement, la crise dans sa profondeur, depuis trente ans, a progressivement érodé les solidarités, favorisé les réactions de repli faute de vision courageuse, suscité une gestion étroite de l’Union selon les intérêts nationaux ; alors que la disparition du contexte de guerre « froide » à la suite de la chute du Mur de Berlin, comme un positionnement offensif d’une Union tremplin vis-à-vis de la mondialisation eussent demandé un ressourcement politique du projet européen afin d’exister fortement, ensemble, par rapport au reste du monde. Ainsi, sommes-nous à une croisée des chemins, celle du rebond ou de l’affaissement c’est à dire de la désintégration déguisée par rapport à la nécessaire recherche d’un sens politique nouveau abandonné après le catastrophique scrutin de 2005 et que la dernière campagne, lors de ce printemps n’a pas véritablement satisfait. Pour tout dire, l’Europe de J. Monnet a épuisé sa force propulsive. Elle est à bout de souffle. Certes, des objectifs économiques demeurent indispensables à traduire dans les faits: - l’accroissement du budget communautaire qui devrait tripler dans la décennie pour faire face aux enjeux, et être réorienté en faveur des savoirs et des savoir-faire susceptibles de conférer aux jeunes, en particulier, la conviction d’une appartenance européenne ; - la création de ressources comme la taxation sur les transactions financières, le transfert de prélèvements nationaux relatifs, à l’environnement ou à la consommation ou encore l’harmonisation de l’assiette d’impôts assortie de taux minimal et maximal concernant l’entreprise ; - la réalisation d’ici à 2025 de projets structurels et infrastructurels primordiaux tels que le numérique, l’intégration des réseaux énergétiques……... De même, n’y aura-t-il pas d’Europe active dans le monde, reconnue comme telle, sans l’expression affirmée des politiques régaliennes des Affaires Etrangères et de la Défense et corrélativement, d’une stratégie commune à l’égard des limes à l’Est et au Sud. Les incapacités avérées face aux évènements contemporains (Ukraine, Moyen-Orient, Afrique) malgré des volontés nationales, celle de la France en particulier, ne peuvent que nous conduire à mettre à nouveau ces chantiers sur le métier, si on veut que l’Union ne sorte pas de l’Histoire. Mais, ces évolutions capitales – qui ne le voit désormais ? – ne seront engagées qu’à la condition de procéder concomitamment à un saut qualificatif de l’intégration politique et des solidarités actives. Après le traité de Lisbonne, c’est donc par la voie de la valorisation des compétences du Parlement européen, notamment budgétaire, qu’il faudra poursuivre, en avançant de concert vers une commission qui préfigure la formation d’un gouvernement fédéral 2
responsable , pourvue de prérogatives propres tandis que le Conseil dans l’esprit d’une seconde chambre, aura avant tout à veiller à la préservation des intérêts équilibrés de chacun des membres ; c’est aussi en articulant, au moins en France, vies politiques nationale et européenne dans le but de développer une pédagogie de l’Union et d’impliquer les citoyens : l’éducation de l’Europe, notamment au travers de l’école, des actions des collectivités publiques devient, en effet, centrale ; c’est encore en instaurant au-delà de l’initiative de pétition populaire déjà existante, un droit à référendum sur les questions déterminantes. Pour résumer, la démocratisation et la clarification des institutions se doit d’être liée au rapprochement des citoyens de l’Europe et de celle-ci des territoires. Ainsi, par exemple, c’est la jeunesse, en priorité, que l’Europe doit former à ses risques et ses chances pour en faire des citoyens de l’Union : sensible élargissement d’Erasmus, développement d’un service civique, instauration d’un semestre du jeune européen…. Cela étant, une intégration politique ne peut être effective sans solidarité vécue aux plans économique et financier mais aussi social : la politique des normes (salaire minimum garanti, droits sociaux fondamentaux …) est à revisiter, à la fois plus étendue et contraignante, mais aussi mieux adaptée et plus simple ; le marché du travail à harmoniser par des politiques plus actives, notamment de sécurités dans les périodes de transition ; l’assurance-chômage à généraliser, en la modulant selon la situation de chaque membre; la formation tout au long de la vie à développer comme le socle fondateur d’une régulation équitable et dynamique ; les fonds structurels à mieux orienter et cibler en vue de renforcer la cohésion territoriale et sociale….. Ce sont des objectifs propres à susciter de l’identité, à construire pas à pas une citoyenneté consciente, bref à faire œuvre de production d’une future nation européenne. C’est une grande ambition que de porter en tant que socialistes cette ligne d’action, dans une période de doute sur nos capacités à innover et à bâtir ensemble. C’est, au surplus, la seule voie pour insuffler l’élan collectif au motif – à bien faire partager - que l’Europe n’est pas notre problème mais notre solution. C’est impérativement avec l’Union qu’on résoudra les problèmes posés par la crise et non sans elle. Cette ambition peut-on raisonnablement l’assumer à vingt – huit ? Si tel n’est pas le cas, agissons alors à une échelle plus réduite mais plus cohérente à partir du périmètre de la zone euro et d’une impulsion franco-allemande déterminante. Car, la réinvention, le réenchantement de l’Europe exigent cette ardeur d’une connivence pour asseoir un nouveau leadership indispensable. C’est, en outre la constitution de ce môle actif qui dévitalisera la question lancinante des frontières de l’Union dès lors que les pays non membres de ce cercle d’intégration, avant d’être éventuellement sensibles à sa force d’attraction, s’inscriront d’emblée dans un marché unique, feront leurs des règles communes dans un cadre d’association. A ce propos, interrogeons- nous pour relativiser cette problématique du périmètre : que savait – on des contours de la France d’aujourd’hui voilà trois siècles et même cent cinquante ans ? On sait donc ce qu’il faut entreprendre pour donner corps à un projet d’intégration politique, sans lequel il ne saurait y avoir d’adhésion nouvelle à l’Europe. Ce n’est pas le besoin d’Europe qui a sensiblement faibli – toutes les enquêtes l’attestent, mais une défiance populaire qui a cru à l’encontre d’une Union insuffisamment organisée pour affirmer un destin commun. Il s’agit donc à présent de relancer la construction vers des objectifs décisifs, de mobiliser les volontés, sensibiliser les opinions, de bien établir surtout les compromis possibles dans le temps, arrêter le mode et la vitesse d’exécution des réformes. La social – démocratie est constitutive de la construction européenne et l’avenir du socialisme est consubstantiellement lié à l’aboutissement d’une démarche fédérale. Gardons-nous de l’oublier. Aussi, dans cette perspective, très vite, le P.S.E. se devrait d’être notre parti d’adhésion avec tous ses apanages, dont les partis nationaux seraient les sections. 3
A la crise européenne s’ajoute à l’évidence une crise sociale. Car, si à n’en pas douter, la lutte contre les injustices constitue un des fondements même de l’identité socialiste, nous vivons aujourd’hui un paradoxe : jamais nous n’avons constaté une telle explosion des inégalités et jamais, pourtant, nous n’avons aussi peu agi pour les réduire. Face à cette crise de légitimité de notre modèle social, plutôt que de nous retourner vers le passé, il nous faut penser de nouvelles formes de solidarités. Au cœur du modèle de société français et européen, la lutte contre les inégalités est aussi au cœur du combat des socialistes français qui ont voulu dès l’origine s’attaquer aux sources mêmes des inégalités sociales qu’il s’agisse des inégalités de conditions (générées par les excès du capitalisme) ou des inégalités de chance (créées par la reproduction sociale). Curseur du clivage gauche-droite, la lutte contre les inégalités est aussi un des marqueurs de notre identité socialiste. Si la « Sécu » n’avait pas à l’origine pour mission de lutter contre les inégalités de revenus et de patrimoines, elle s’est pourtant révélée être tout au long du XXème siècle une machine de réduction des inégalités.. Elle assumait un mode de redistribution « horizontale » entre malades et bien-portants, travailleurs et chômeurs, actifs et retraités en évoluant progressivement vers une « redistribution verticale » à travers le déplafonnement des cotisations d’assurance maladie, la mise sous conditions de ressources de certaines prestations familiales ou le développement de prestations non contributives (minimum vieillesse, RSA, CMU...). Ainsi, jusqu’à la fin des années 2000, les transferts sociaux ont permis aux ménages les plus modestes de résister à la crise, ces transferts constituant une part croissante de leurs revenus. Mais depuis 30 ans, cet Etat-Providence connaît une crise financière autant que de légitimité. Le consensus autour de la « Sécu » présupposait que tous les individus couraient des risques de même nature. Or, l’idée domine désormais que ces risques affectent une population déterminée de façon stable et durable. Les français croyaient en leur modèle social solidaire tant qu’ils pensaient que leur destin dépendait de celui des autres. Or, la délégitimation de la protection sociale tient beaucoup au fait que nombre de nos concitoyens pensent désormais « que les pauvres méritent leur sort » et qu’il devient insupportable de payer pour ceux dont on ne se sent pas proches et solidaires. Cette crise des solidarités prend aussi sa source dans la certitude qu’ont de plus en plus nos concitoyens que seul compte son propre destin et qu’il est de plus en plus vain de se mettre « à la place des autres » et notamment des plus défavorisés. Au-delà donc de la crise d’un modèle de protection sociale, c’est bien à une crise de l’égalité auquel on assiste depuis quelques années. Et cette crise de l’égalité émerge au moment même où les inégalités explosent de nouveau. La fin des années 90 a en effet marqué un retournement de tendance en France. Depuis 15 ans, on assiste à une forte croissance des inégalités de revenus et de patrimoines : les plus riches le sont toujours plus tandis que désormais, phénomène relativement récent, les plus pauvres s’appauvrissent. Nous, socialistes, sommes donc face à l’obligation de nous interroger sur un cruel paradoxe : depuis les années 80, soit durant une période où gauche et droite se sont partagés le pouvoir, nous ne sommes pas parvenus à enrayer ce regain des inégalités et ce phénomène de délégitimation et de reflux de l’Etat-providence. La France, fille de l’égalité, découvre aujourd’hui que son évolution récente l’a amené à ce que François Dubet vient de décrire comme une « préférence pour l’inégalité ». 4
Si la lutte contre les inégalités doit RE-devenir un élément identitaire des socialistes français, il convient au préalable de comprendre le caractère hétérogène des nouvelles inégalités et comprendre qu’il est impossible de relever ces nouveaux défis avec de vieilles recettes. Des inégalités aujourd’hui plus qu’hier sont multiformes. Au-delà des seuls inégalités de revenus et de patrimoine, la France souffre aujourd’hui de déterminismes sociaux qui passent tant par l’école que par le logement ou la ségrégation territoriale. Certes, les inégalités liées aux revenus et aux patrimoines demeurent les plus visibles et les plus symboliques. Elles ne sont pas forcément les plus cruelles et les plus handicapantes. Car les inégalités de destin ont pris une part croissante dans le sentiment qu’ont les français de ne pouvoir s’en sortir. La promotion sociale ne remplit plus son rôle, la démocratisation scolaire ne s’est pas accompagnée d’un niveau élevé de mobilité sociale. Le fameux « ascenseur social » est plus bloqué de jamais. Et seuls des exemples symboliques, donc par essence exceptionnels, viennent contredire une réalité qui aboutit à une frustration sociale de plus en plus criante. Si les socialistes veulent lutter contre le déterminisme social, la France de 2014 lui en donne plus que jamais le prétexte ! Au-delà des seuls revenus, le facteur territorial est dans la France d’aujourd’hui au cœur de la production d’inégalités. Le territoire détermine la qualité d’un environnement et d’abord de l’environnement scolaire. Plus que jamais, les français ont compris que l’Ecole était la clé de la réussite individuelle de leurs enfants. Et se sont donc mis en place des stratégies résidentielles centrées autour de la qualité scolaire. Et pour décrire ces inégalités spatiales, on ne peut plus aujourd’hui se contenter de comparer Versailles à Goussainville. Car si les banlieues demeurent des lieux concentrant les ménages les plus pauvres, elles font preuve tout de même d’une mobilité qui continuent à en faire des territoires dynamiques. C’est moins le cas de cette « France périphérique » qui n’a même plus l’espoir de collecter les miettes de la mondialisation. C’est là aussi que se développer aujourd’hui la désespérance sociale et le sentiment profond d’inégalité et d’abandon. Que dire enfin des inégalités de santé ? Elles demeurent criantes et cruellement injustes. Raison de plus pour promouvoir des réformes comme la généralisation du tiers-payant, la lutte contre les addictions et notamment contre le tabagisme, la prévention contre l’obésité ou la lutte contre la désertification médicale qui sont autant d’outils contemporains de lutte contre les inégalités. Il nous faut donc repenser le combat pour l’égalité. Depuis quelques années, nous n’en sommes plus à chercher l’égalité, qu’elle soit formelle ou réelle. Nous en sommes à revendiquer de colmater plus ou moins bien les inégalités les plus criantes. Tel ne peut être pour demain la perspective des socialistes pour le XXIème siècle. Il nous faut repenser notre combat contre les inégalités et innovant. Il appartient aux socialistes de refonder un contrat social qui réconcilie l’autonomie des individus avec la solidarité nationale. Pour cela, il faut recréer au sein de notre propre communauté nationale une communauté de destins qui donnent de nouveau envie d’aider l’autre. Tout le contraire de la logique de stigmatisation systématique évoquant le soi-disant « cancer de l’assistanat », une logique qui divise, qui fragmente la société, qui oppose les uns aux autres et en rajoute donc encore dans la crise de délégitimation de notre modèle social. On aide ceux qu’on aime. Un des enjeux majeurs consiste dont dans les prochaines années à réinventer des politiques qui produisent de l’intégration et de la fraternité en empêchant que 5
la solidarité ne s’exerce plus, demain, que dans le cercle restreint de communautés ou que les égoïsmes sociaux et territoriaux deviennent le viatique d’un repli sur soi. Car le danger est là : le délitement des solidarités fait le lit des populismes et la croissance des inégalités abime la démocratie. Dès lors, Il nous faut donc repenser notre combat pour l’égalité en intégrant les facteurs actuels qui génèrent de l’inégalité pour inventer les outils qui, demain, seront de nature à les réduire. Il ne s’agit plus de savoir si l’on doit faire plus, moins ou mieux. Il faut faire autrement. Un autrement à inventer d’urgence. Afin de mener à bien ces combats politiques essentiels, parmi d’autres, il nous revient de poursuivre la rénovation de l’outil le permettant de les mener à bien. Un parti à l’image de nos ambitions ! L’émancipation est au cœur de notre projet : nous sommes socialistes pour créer le mouvement, démocrates pour que chacun ait les moyens d’en être acteur. Sociaux- démocrates, nous avons porté toutes les innovations pour moderniser notre Parti. Aujourd’hui, notre conviction est claire : les adhésions massives que nous connaissons en période électorale ne seront durables que si notre parti s’ancre dans les quotidiens et, soit à l’image de nos ambitions : représenter toute la société pour mieux agir à sa transformation. N’ayons pas peur du peuple de gauche : le décalage grandissant entre un mode de sélection toujours plus démocratique de nos candidats (primaires ouvertes) et de l’autre côté un processus d’élaboration de nos projets toujours aussi fermé (entre commissions des résolutions et autres commissions du « projet » réunissant les leaders de courants) n’aboutit qu’à des procès en légitimité, ici du Parti, là de nos élus. Ces fonctionnements ne sont plus tenables. Construire un Parti « société ». Il nous appartient de dépasser nos réflexes issus des traditions révolutionnaires, où prédomine le mythe du militant d’avant-garde éclairée. Le Parti socialiste doit être un parti dans la société, où les militants sont acteurs de la transformation sociale : - En faisant vivre le débat démocratique : nous organiserons chaque année des conférences citoyennes, thématiques (protection sociale, éducation,…). Il s’agit de donner corps au débat d’idées sur les grandes questions nationales et/ou internationales. Chaque année, ces conférences thématiques seront l’occasion d’enrichir nos orientations en les discutant, nationalement comme dans chaque territoire, avec les forces de la société civile. Elles seront arbitrées par un débat et un vote ouvert, à l’image des primaires sur les personnes. - En faisant de l’Education Populaire : organe collectif, le Parti Socialiste porte en lui l’idée du savoir comme facteur du progrès humain. Le Parti Socialiste doit poursuivre la restructuration de ses outils de formation : celles-ci, à la fois politiques et techniques, doivent être plus ouvertes, adaptées à toutes personnes désireuses de s’impliquer dans la vie de la cité, c’est-à-dire les cadres et les élus bien évidemment, mais aussi les bénévoles associatifs. Organe collectif, le PS est aussi un espace de sociabilité : faire de l’éducation populaire implique que le PS dépasse ses seules réunions de section plus ou moins intellectualisées. Nous devons « produire » du collectif pour tous. Par exemple, l’organisation de voyages pédagogiques à dimension institutionnelle, historique,… sont des actions à privilégier. La convivialité n’est pas contraire au socialisme ! - En construisant les solidarités nouvelles : l’échec de mars 2014 marque, d’une certaine façon, la fin du « socialisme municipal », qui donnait corps à la social-démocratie 6
française. Depuis ses origines, les socialistes -à la différence de nos partis frères d’Europe du Nord liés organiquement aux syndicats et mutuelles- ont pensé les services publics municipaux comme un outil essentiel de réduction des inégalités. Depuis plus d’un siècle, à gauche, l’idée de réforme prenait sens en France avec la conquête du pouvoir local. Il nous faut désormais rénover notre logiciel : nous devons créer de nouveaux outils pour construire les régulations sociales et, dans un pays où la société civile s’est institutionnalisée, donner envie à nos concitoyens de s’engager à nos côtés. La réforme territoriale, la nouvelle organisation des compétences, les nouvelles intercommunalités doivent nous conduire à repenser notre action dans une République décentralisée. Si la conquête des pouvoirs demeure consubstantielle de tout parti politique, le PS doit penser la transformation sociale en agissant dans la société, à l’image de l’action de nos aînés en faveur du tourisme social dans les années 1920-1930 ou de l’habitat social pour tous, pour les jeunes (FJT),… dans les « 30 glorieuses ». Le PS doit être créateur de services utiles à nos concitoyens, au cœur de la population. Nous voulons un parti ouvert, en prise réelle avec nos concitoyens. Cela implique des réformes importantes de notre organisation : nous développerons des mouvements associés pour les acteurs du social, ceux de l’Education, de l’économie sociale,… à l’image de la FNESER et du MJS. L’adhésion au PS doit offrir de multiples opportunités, au-delà du seul lien avec la section territoriale. Nous en sommes convaincus : si le débat d’orientation est central, l’action politique doit dépasser les vieux réflexes de positionnement d’appareil. Le Parti Socialiste deviendra réellement populaire dès lors qu’il favorisera l’engagement de tous, que chacun s’y sentira utile, acteur de la transformation sociale et par là-même, que toute personne y trouvera des moyens pour construire sa propre destinée. 7
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