COVID-19 : vers une (r)évolution des pratiques professionnelles ? - #39 - Medef Lille Metropole
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Quels D’abord, S’adapter, Juillet 2020
enseignements gérer se transformer,
tirer de la crise ? l’urgence rebondir #39
MEDEF Grand Lille
MEDEF Côte d’Opale
COVID-19 :
vers une (r)évolution
des pratiques professionnelles ?
4e
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LE MEILLEUR DE LA RÉGION
27 AU 29 NOVEMBRE 2020
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Sommaire.
#1 QUELS ENSEIGNEMENTS
TIRER DE LA CRISE ?
LE BILLET
5 «C
’est autour de la menace
que se bâtit le collectif » :
entretien avec Julia de Funès
Jean-Michel Catry
8 Stéphane Canonne, directeur Président du MEDEF Douaisis
exécutif éducation à l’EDHEC
S
oudaine et brutale, l’intensité de la
crise du coronavirus nous a tous sur-
#2 D’ABORD, GÉRER pris et choqués. Qui pouvait imaginer
que le 16 mars 2020 la France s’apprêterait
L’URGENCE
à vivre un confinement généralisé et inédit
14 Aluminium Dunkerque : bien
de sa population ? Dix jours plus tôt, le
préparée, l’usine ne s’est jamais MEDEF Douaisis avait organisé son « Ren-
arrêtée dez-vous des entrepreneurs », au musée
16 Chez ADD pub, les idées ont archéologique Arkéos de Douai, avec une
fusé... centaine d’élus et de chefs d’entreprise.
18 Le MEDEF et le SSTRN à Personne à ce moment-là ne pouvait envi-
l’écoute des dirigeants sager le pire, et pourtant le pire s’est pro-
20 L’association 60 000 rebonds duit… en quelques heures, un virus baptisé
COVID-19 a fait plonger notre région, notre
22 Le regard de
pays tout entier et une grande partie de la
André-Paul Leclercq planète dans un scénario digne des plus
grands films catastrophes.
4 milliards de personnes confinées dans le L’onde de choc touche aussi bien les en-
monde ! treprises traditionnelles que les jeunes
#3 S’ADAPTER, pousses, particulièrement fragiles. Dans
SE TRANSFORMER, Si nous devions retenir un élément positif ce contexte, nous devons être particulière-
REBONDIR de cette crise, c’est sans aucun doute la ment clairvoyants pour tirer les enseigne-
24 « Nous avons trouvé des modes capacité de réaction, d’adaptation, de ré- ments de la crise et réagir face à cette nou-
sistance aussi, de résilience certainement, velle donne. Les entreprises doivent mettre
de travail alternatifs que nous
de nos entreprises face à une situation à profit cette période pour renouveler leur
voulons conserver » sans précédent. vision stratégique, accélérer leur transfor-
26 Au ralenti, les centres d’appels mation digitale, revoir leur chaîne de va-
ne décrochent pas Et demain ? Nous sommes tous dans l’ex- leur, leurs offres et adapter leur modèle de
28 Un confinement très productif pectative. Si le virus s’éteint aussi rapide- travail pour sécuriser leur avenir. Il y a des
30 Exemplarité sur toute la ligne ment qu’il est arrivé, ce qui semble être le opportunités, il faut les saisir !
32 Parole de mandataires cas, quelle sera la vitesse de rattrapage
34 Ils nous ont rejoints du plan de charge d’avant-crise, et sous Dès le début du confinement, le réseau
36 Rétrospective quelle forme ? Le modèle d’avant-COVID MEDEF a accompagné les dirigeants
sera-t-il toujours pleinement opérationnel pour les aider à maintenir la continuité
38 Billet juridique
avec quelques adaptations ou faudra-t-il économique. En ces temps d’incertitude et
35 Portrait du mois : le réinventer en tout ou partie ? Télétravail, d’inquiétude, un chef d’entreprise ne doit
Florent Ladeyn usage massif du digital, circuits courts : la pas rester seul : il doit pouvoir s’appuyer
crise sanitaire a frappé de plein fouet les or- sur ses équipes, ses partenaires et nous
ganisations et va accélérer inévitablement sommes là au MEDEF pour jouer ce rôle de
leur transformation. Une chose est sûre, un relais et d’accompagnement.
retour en arrière n’est pas possible.
Grâce à la synergie de tous ses acteurs
Le modèle d’avant COVID économiques locaux, les Hauts-de-France
sera-t-il toujours pleinement ont prouvé qu’ils avaient l’énergie, la volon-
té et les moyens de se mobiliser. La reprise
opérationnel avec quelques économique sera difficile, ne nous le ca-
adaptations ou faudra-t-il le chons pas. Et c’est ensemble que nous la
réinventer en tout ou partie ? réussirons !
INFLUX, le magazine du MEDEF Grand Lille et du MEDEF Côte d’Opale – 40, rue Eugène Jacquet, 59708 Marcq-en-Barœul Cedex - Tél. 03 20 99 47 31 - Fax 03 20 99 24 06 –
Directeur de Publication : Arnaud LEFORT – Rédacteurs en chef : Arnaud COUSIN et Marion SIGIER – Rédaction & conception graphique : Publishing Rossel Advertising France
– Impression : La Presse Flamande, rue du Milieu, 59190 Hazebrouck – Régie publicitaire : La Voix Médias - 03 20 78 42 34 - contact@lavoixmedias.com – ISSN 1251-8549 – 4€
Influx I 3#1
QUELS ENSEIGNEMENTS TIRER
DE LA CRISE ?
Pour stopper le virus, fallait-il tuer l’économie ? « Dans les moments de turbulence, le plus grand
En ce début d’année 2020, le monde entier s’est danger ce n’est pas la turbulence ; c’est d’agir avec
arrêté : les entreprises ont fermé, les bourses ont la logique d’hier », avait prévenu à la fin du 20ème
dégringolé, les gens se sont confinés, les rues se siècle Peter Drucker, le « Pape du management »,
sont vidées. Le monde est entré brutalement dans consultant américain en management d’entreprise.
la crise. Cette notion de turbulence fait écho au contexte
de crise sans précédent que nous traversons. De
Le coronavirus a fait basculer notre pays entier nombreuses personnes prônent un nouveau monde,
dans le télétravail, a mis notre économie en péril meilleur que le précédent. Quel sera ce « monde
et bousculé nos certitudes. Dans l’urgence, les d’après » ? Sera-t-il réellement différent et meilleur
entreprises n’ont eu qu’une idée en tête : préserver que le « monde d’avant » ? Et si tout devait changer
l’activité et les salariés. Elles l’ont fait avec courage, pour que rien ne change…
bon sens, agilité et souplesse.
Quels enseignements tirer de la crise ? Le moment
Après le déni et la sidération, est venu le temps de la de se recentrer sur l’essentiel, de repenser le
réflexion et des questions. La montée en puissance modèle dans son ensemble, de construire une
de la technologie, l’accélération de la transformation nouvelle économie basée sur d’autres principes et
digitale, l’émergence de nouveaux business models d’autres valeurs ? Comme préserver la ressource
disruptifs, le changement profond de nos valeurs, humaine au sens propre du terme…
de nos comportements et de nos habitudes de
consommation nous renvoient ce que nous savions /
pressentions déjà : le monde d’aujourd’hui est en
mutation profonde et structurelle.#1 Dossier.
« C’EST AUTOUR DE LA MENACE
QUE SE BÂTIT LE COLLECTIF »
AUTEUR DU BEST-SELLER « LA COMÉDIE (IN)HUMAINE » ET PLUS RÉCEMMENT
DU LIVRE « LE DÉVELOPPEMENT (IM)PERSONNEL. LE SUCCÈS D’UNE IMPOSTURE »,
LA PHILOSOPHE JULIA DE FUNÈS PARTAGE SES RÉFLEXIONS SUR LA PÉRIODE
QUE NOUS VIVONS. AVEC CLARTÉ, LUCIDITÉ ET PERSPICACITÉ.
ÉGALE À ELLE-MÊME. SANS FILTRE.
Vous avez dit récemment : « Dans le
monde du travail, la solidarité naît de
la menace. Avec la crise économique
qui s’annonce, le collectif va prendre
une place capitale. Peut-être avons-
nous retrouvé un certain sens de
l’essentiel ». Le collectif n’est-il
possible que dans la menace ?
Cette crise est riche d’enseignements. En
premier lieu, elle a permis de démonter
des idées reçues ou de faux discours, et
démontré que l’on pouvait travailler autre-
ment. Prenez le télétravail : en quelques
jours, toutes les entreprises, y compris
les plus grandes, l’ont mis en place et gé-
néralisé. Les arguments contre ce mode
de fonctionnement - la difficulté de mise
en place et l’arrêt des liens sociaux - ont
été pulvérisés en un éclair.
Le deuxième enseignement touche en
effet à cette idée du collectif déjà abor-
dée par les philosophes mais qui s’est
concrétisée au regard de la crise. La per-
formance n’a jamais servi à mobiliser un
collectif. On l’a vu, le collectif dans l’en-
treprise s’est bâti autour d’une menace.
C’est le risque et l’action qui fabriquent la
cohésion. Faire face ensemble au danger
voilà ce qui rassemble : face au risque,
les Français ont fait corps. C’est parce
qu’on s’est senti menacé dans notre li-
berté physique qu’une action commune
L’ENTRETIEN
est parue nécessaire. Et tout cela est bien
plus efficace que n’importe quel stage
de team building ! En entreprise, l’erreur
est de penser qu’une finalité commune
est nécessaire pour bâtir un collectif,
c’est archi faux d’un point de vue philo-
sophique et existentiel. La performance
devrait souder les collaborateurs : or, on
s’aperçoit que cela ne les touche abso-
lument pas dans leur chair. Ce n’est pas
à coup d’injonctions ou de finalité com-
mune qu’on va créer un collectif mais
bien quand l’entreprise est confrontée à
une tension ou une menace.
Julia de Funès
Influx I 5#1 Dossier.
Quand par exemple une usine est me- Cette crise a-t-elle replacé l’humain
nacée de fermeture et que ses ouvriers au cœur de tout ?
s’unissent pour tenter de la sauver. Je n’en suis pas certaine. Cette crise a
surtout replacé la santé au cœur de tout.
Quels autres enseignements tirez- La vie biologique est devenue le centre
vous de cette crise ? Pensez-vous que de notre pays, de nos vies, de nos com-
dans « le monde d’après », la notion portements sociaux. Selon moi, le travail
de sens au travail va - enfin - prendre a repris sa juste place grâce au télétra-
tout son sens ? vail qui l’a mêlé au foyer, à nos autres
Je trouve que les procédures se sont activités. On avait tous tendance à vivre
énormément assouplies, notamment pour travailler et non l’inverse. Là, la vie
dans les grandes organisations qui reprend le dessus. Dire que le travail est
semblaient les moins agiles comme les une finalité absolue, c’est insensé. Les
banques, les assurances, etc. La pé- plus jeunes générations nous en font la
riode était à risque, contingente, aléa- démonstration : elles veulent travailler
toire, très instable. Il a fallu mettre du jeu, pour profiter de la vie, pour faire autre
des souplesses et de l’agilité dans ces chose. Le travail n’est plus une finalité en
procédures souvent trop paralysantes. soi, il est redevenu un moyen. Cela va-t-il
Dès lors, on a eu cette impression qu’il durer ? Je ne me hasarderai pas à faire un
fallait que le pays soit bloqué sur le plan tel pronostic mais on peut quand même
macroéconomique pour qu’il se débloque imaginer, notamment avec la mise en
au niveau microéconomique. Aujourd’hui, place du télétravail, que cela s’installe…
les process bien installés n’ont plus rai-
son d’être. Mais le danger est d’instaurer Parmi les dirigeants interviewés pour
de la souplesse au détriment du sens. Le ce numéro, beaucoup m’ont dit :
sens du travail justement est pour moi un « Nous avons été bien plus
des autres enseignements de cette crise. performants en télétravail qu’au
Tout le monde, à l’exception des métiers bureau ». Comment l’expliquez-vous ?
qui étaient en première ligne, s’est posé Le télétravail est une libération psycho-
la question du sens, de l’utilité de son logique. Il apporte de la liberté, un gain
travail. Qui ne s’est pas dit : après tout, temporel évident, un choix spatial, on
le pays a pu se passer de moi, de nous peut travailler de n’importe où, une libé-
pendant deux mois ! Cette crise de sens ration psychologique parce qu’on n’est
qui était plus ou moins latente éclate au plus enfermé dans le bureau. Dans beau-
grand jour. coup d’entreprises, les bureaux sont des
open spaces, des blocs de verre où tout
Dans une étude réalisée en 2019, près est visible. Or, il suffit de se savoir visible
d’un français sur cinq disait déjà avoir le pour agir comme si nous étions vus. Il y a
sentiment d’occuper un « bullshit job » une sorte de représentation permanente
autrement dit un emploi dont ils ne per- c’est donc très fatigant psychologique-
çoivent pas le sens. De nombreux métiers ment d’être toujours en représentation, ça
se sont technicisés or quand ils se tech- accapare l’esprit. D’une certaine façon, le
nicisent, ils se définalisent. La technique télétravail libère de ce poids psycholo-
est l’inverse du sens, c’est un moyen. Le gique et agit comme un tamis : au final,
sens est une fin. Ce sentiment massif que seule la performance compte. Impossible
les gens ont d’exercer un métier qui n’a de faire semblant de travailler : on ne voit
pas de sens n’est pas du tout une faute plus que le résultat. Les gens n’ont jamais
d’individu, c’est une dérive de la technici- autant communiqué qu’à distance et ça
sation des métiers. c’est aussi très positif.
Julia de Funès en bref
Conférencière et essayiste, Julia de Funès est docteur en philosophie et titulaire
d’un DESS en Ressources Humaines. Ancienne chasseuse de tête dans un
cabinet de recrutement, elle a créé en 2010 un cabinet-conseil en philosophie,
Profil Conseil. Elle est également auteur de nombreux ouvrages, dont les plus
récents sont : « Ce qui changerait tout sans rien changer » et « Développement
(im)personnel. Le succès d’une imposture » (Éditions de l’Observatoire).
6 I InfluxJULIA
DE FUNÈS
DÉVELOPPEMENT
(IM)PERSONNEL
Le succès d’une imposture
APRÈS
LE BEST-SELLER
La Comédie (in)humaine
Les télétravailleurs sont-ils moins par semaine ou simplement de manière donnés ici et là pour être au plus près de
stressés et au final plus heureux ? ponctuelle au choix du salarié en concer- leurs collaborateurs et agir en fonction
Le bonheur est incalculable, difficile- tation avec son manager, c’est idéal. Tra- des souhaits de chacun, des exigences
ment palpable et mesurable. Surtout, il vailler au bureau a aussi ses avantages de l’entreprise et de sa performance bien
dépend de critères très variables qui ne (ambiance de travail, réunions physiques, sûr.
suffisent jamais à circonscrire le bonheur. etc.) donc la meilleure des solutions reste
Dire que le télétravail est un moyen qui un mix des deux. Les salariés vont devoir
parvient à rendre heureux, je n’y crois être entendus, écoutés pour que leur vie
pas du tout. Sans parler de bonheur, le soit compatible avec leur travail. Le juste
télétravail libère du temps, donne une équilibre ne sera pas à trouver dans un
certaine souplesse, de l’autonomie, c’est ratio temporel mais dans une écoute très
aussi un gage de reconnaissance. Plus attentive des salariés.
de confiance, plus d’autonomie, plus de
reconnaissance, moins de contrôle, c’est Pour finir, quels conseils donneriez- Les salariés vont devoir
ça qui fait du bien aux salariés. Même vous aux chefs d’entreprise pour les
s’ils préfèrent télétravailler, les gens ne aider à appréhender ce retour au être entendus, écoutés
sont pas nécessairement plus heureux en travail, à une certaine « normalité » ? pour que leur vie soit
télétravail. C’est très angoissant de mêler Qu’entendez-vous par « normalité » ? compatible avec leur
la vie personnelle, la vie professionnelle, Si c’est un retour comme avant la crise,
les différentes identités : on ne peut plus il n’y a pas de crainte à avoir car on l’a
travail. Le juste équilibre
faire de sa vie des étapes successives qui déjà vécu, on sait ce que c’est. L’humain ne sera pas à trouver
s’adjoignent les unes aux autres. Ce té- a peur de ce qu’il ignore. C’est plutôt la dans un ratio temporel
lescopage des sphères, ces identités qui mise en place d’une nouvelle norme qui mais dans une écoute très
se confondent, cela crée du stress. C’est va nous inquiéter. Nous sommes actuelle-
pourquoi je pense qu’en télétravail, on est ment en phase de rééquilibrage, d’adap- attentive des salariés .
plus libre et plus libéré mais pas forcé- tabilité, de recherche de cette nouvelle
ment plus heureux. norme. C’est cette attente, cette peur liée
à l’inconnu, qui est angoissante. Je n’ai
Pour autant, un retour au présentiel aucun conseil à donner hormis celui de
dans l’entreprise est souhaitable. tolérer le risque, d’accepter les aléas et
Comment trouver le bon équilibre ? les contingences, d’accepter la vie tout
La meilleure solution est de surtout ne simplement. J’inciterais plutôt les diri-
pas normer ni de cadrer le télétravail mais geants à sortir des techniques comporte-
de bien le doser. Une à deux journées mentales, des conseils généraux qui sont
Influx I 7#1 Dossier.
STÉPHANE CANONNE
DIRECTEUR EXÉCUTIVE ÉDUCATION À L’EDHEC
A L’IMAGE DU MONDE ÉCONOMIQUE, L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR A
RÉAGI DANS L’URGENCE AUX MESURES DE CONFINEMENT. UNE VÉRITABLE
AVENTURE HUMAINE POUR L’EDHEC QUI, AVEC 5 CAMPUS DANS LE MONDE,
A SU COORDONNER ET MOBILISER SES ÉQUIPES AVEC SUCCÈS POUR GARANTIR
UNE CONTINUITÉ PÉDAGOGIQUE À SES 8 600 ÉTUDIANTS EN FORMATION INITIALE.
Les prémices de la crise dès janvier sur
les campus étrangers.
L’école de commerce a été confrontée
à la crise sanitaire dès le début de l’an-
née quand il a fallu gérer la situation des
étudiants partis en Chine, en Corée et à
Singapour. « Dès janvier, nous avons créé
une task force sur le sujet. Cela nous a
permis de changer totalement de mode de
fonctionnement. Puis le virus est arrivé en
Europe par l’Italie, impactant directement
notre campus de Nice. Ainsi, à la mi-mars,
au moment du confinement en France,
nous étions déjà dans un fonctionnement
différent ».
Une semaine pour basculer en online.
Suffisamment préparée, l’EDHEC avait en- Stéphane Canonne
visagé différents scénarios. « Passer 100%
des élèves et du corps professoral en ligne en ligne. « Mais quand il s’agit de basculer
n’est pas anodin. Nous nous sommes don- une organisation toute entière à distance,
nés une semaine pour que la bascule de on change d’échelle. C’est grâce à la mo-
nos cours en ligne se déroule sans accros bilisation de tous, staff technique, profes-
et sans bugs. Les élèves étaient pour la seurs, équipes informatiques, que nous
plupart en fin d’année, il fallait réussir cette avons passé le cap avec succès. Ce fût
delcairos
bascule pour les rassurer et maintenir leur une véritable aventure humaine ».
niveau de confiance ». L’école est déjà
bien rodée aux enseignements distanciels: Le télétravail à 100% : oui mais…
LE REGARD DE...
il y a quelques années, elle a développé On le sait, les crises révèlent le niveau de
une infrastructure Cloud solide et depuis résilience et d’agilité d’une organisation.
pub
10 ans, elle propose des diplômes 100% « La bonne nouvelle c’est que nous étions
Les trois enseignements à en tirer
1. La crise est un révélateur de la bonne santé d’une organisation : une école
comme une entreprise qui rentre affaiblie dans une crise a de fortes chances d’y
rester. Il faut veiller en permanence à la pérennité de son modèle économique.
2. La crise accélère les mutations : ceux qui ne les ont pas anticipées ou qui
les ont retardées (par exemple, l’adoption des nouvelles technologies dans
l’éducation) ont d’emblée cinq ans de retard sur les autres.
3. La crise est avant tout une aventure humaine : l’engagement de l’équipe, les
valeurs de l’école ont été nos meilleurs atouts. Nous avons la chance d’être une
école ancienne, installée et indépendante. Cette indépendance nous a permis
de prendre les décisions rapidement au plus près des réalités.
8 I Influxpréparés au télétravail. Avec une organisa-
tion multi-campus, nos professeurs sont
nomades. Mais la crise a vraiment accélé-
ré les choses. Chacun s’est concentré sur
son environnement proche. Avec le télé-
travail, la performance est au rendez-vous,
mais le risque est de perdre en esprit
d’innovation et en culture d’entreprise. Le
télétravail à 100% n’est pas forcément la
panacée, il a aussi révélé des inégalités. Il
y a une vraie réflexion à avoir là-dessus ».
350 classes virtuelles, 15 000 heures
d’activité pédagogique par jour.
Comment assurer le défi de la continuité
pédagogique en période de confinement ?
« Quand on passe en distanciel, le point Tous mobilisés, les 350 professeurs et sé de nombreuses sessions d’échanges
indispensable à préserver est le lien. Mais les coordinateurs pédagogiques assurent entre professionnels durant cette crise et
comment faire du distanciel sans mettre chaque jour 15 000 heures d’activité pé- avec nos étudiants Executive MBA. Nous
de la distance ? Nous avons mis l’accent dagogique. Un véritable exploit ! avons ouvert des webinaires thématiques
sur la communication avec nos élèves, pour répondre à un réel besoin de déco-
avec ce point de vigilance : ne perdre per- Un réel besoin d’interaction et de dage et d’échange sur la période qui est et
sonne. Ce fil conducteur a révélé un besoin décodage. qui restera imprégnée d’incertitudes et de
énorme d’interactions et d’échanges. Pour L’école a également maintenu et renforcé le questionnements. Ce bouillon d’échanges
certains étudiants, c’était une véritable fe- lien qu’elle avait avec les parents d’élèves, et d’idées a été au final passionnant et très
nêtre sur l’extérieur ». L’école ouvre 350 ses entreprises partenaires et aussi les stimulant ».
classes virtuelles par jour grâce à l’outil étudiants de la formation continue pour
collaboratif Blackboard Learn, une appli- qui l’enjeu n’était pas d’avoir le diplôme Tous les professeurs formés aux outils
cation d’enseignement, d’apprentissage mais plutôt de partager l’expérience de digitaux.
et de partage de connaissances en ligne. la gestion de crise. « Nous avons organi- Consciente qu’elle ne pouvait plus fonc-
Transformer les entreprises
et organisations par l’innovation humaine.
Interview avec Mr. Ayité Creppy, fondateur de
Dekairos
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prises ?
Dekairos Innovation est une entreprise à
mission de conseil, accompagnement et On propose aux entreprises, collectivités, associations et tout type
coaching en innovation humaine, sociale et de structure une approche en trois temps :
territoriale, qui a pour métier de vous accompa-
gner du diagnostic innovation jusqu’à la mise en • D’abord le temps de l’ouverture et exploration où l’on va prendre
place d’un plan d’action concret de développe- conscience des vulnérabilités, des diversités de l’entreprise.
ment en entreprise. • Deuxièmement, le temps de la confluence lors duquel on définit
et on construit les axes prioritaires des innovations humaines de
C’est quoi pour vous l’innovation humaine ? l’entreprise.
• Et finalement le temps du leadership et de la synergie qui se
J’entends par l’innovation humaine l’ensemble des innovations qui traduit par aider l’entreprise à se développer, en lui proposant un
portent sur des causes humaines, des besoins humains de votre entre- accompagnement personnalisé.
prise qui simplifient la vie des gens, le bien être individuel et collectif, les
valeurs communes, l’intérêt général. Cette dynamique d’innovation est un levier pour la raison d’être
de l’entreprise, sa performance économique et humaine.
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tionner comme avant, l’EDHEC a mis en le monde se rend compte que l’enseigne- Et demain ?
place une organisation de type crise avec ment à distance fonctionne, on a levé les L’EDHEC a été une des premières écoles
des « task force » par sujets. L’un d’eux freins ». Pour autant, un équilibre entre à reprendre fin mai les cours en formation
fût dédié à l’animation et la mobilisation distanciel et présentiel est à trouver. « Les continue, alors que de nombreuses écoles
des professeurs. « Plus de 250 profes- étudiants en formation initiale veulent du avaient choisi de différer la reprise à sep-
seurs ont été formés en 8 jours (animation présentiel : nous mixerons les deux. Pour tembre. « Aujourd’hui, il est trop tôt pour
d’une classe virtuelle, etc.) au cours d’un la formation continue, il y a une aspiration engager une réflexion globale sur l’après.
stage obligatoire. Tous les professeurs ont à échanger, à débattre, à confronter des Nous essayons déjà de nous projeter sur
été mis à bord sur les outils digitaux. Cette idées, à travailler ensemble. Nos forma- la rentrée de septembre et la manière dont
formation accélérée a permis une prise tions de type MBA sont des formations nous allons gérer le premier semestre.
en main et une acculturation. Plus de 550 expérientielles qui attirent des personnes Chacun avance prudemment avec des
sessions de formation à destination de nos de plus de 30 nationalités pour lesquelles solutions différentes qui dépendront bien
professeurs ont par ailleurs été organisées le besoin de présentiel est très fort. Il y a sûr de l’évolution du virus ». Et ça, c’est la
pendant cette période. Nous avons mis donc une balance à trouver entre le online grande inconnue…
à contribution notre laboratoire d’innova- pour le contenu et le présentiel pour le
tion pédagogique (PILAB) qui compte des partage d’expérience ».
experts de la pédagogie en ligne. Avec le
recul, nous mesurons à quel point cette
mobilisation a été incroyable ». L’école a
fait preuve d’une agilité incroyable, par ail-
leurs très consommatrice d’énergie. Pour
elle, comme pour toutes les entreprises, le
L’EDHEC en bref
prochain défi sera de réussir le retour - ou • Date de création : 1906, à Lille
pas - à une certaine « normalité »… • Fondée par et pour des entrepreneurs, l’école a un statut d’association loi 1901,
dit d’ESPIG (Établissement Supérieur Privé d’Intérêt Général)
Distanciel versus présentiel : le bon • 8 600 étudiants en formation initiale inscrits dans des programmes traditionnels
équilibre. de premier cycle et de 2ème cycle
Depuis le mois de mai, l’EDHEC prépare • 2 000 participants en formation continue
la rentrée de septembre avec de nom- • 184 professeurs et chercheurs permanents
breux questionnements liés notamment • 500 collaborateurs
à la valeur ajoutée du présentiel par rap- • Avec 5 campus dans le monde (Lille, Nice, Paris, Londres et Singapour),
port au distanciel. « La crise accélère ce l’EDHEC est l’une des 15 meilleures écoles de commerce d’Europe
mouvement-là. On va gagner 10 ans en • 1 campus virtuel
deux mois. Ce n’est pas un changement • 11 centres de recherche dans le monde
de paradigme mais une accélération : tout • 250 accords d’échange et de double diplôme avec les plus grandes institutions
universitaires du monde
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12 I Influx
Communiqué#2 Aluminium Dunkerque
©Michel GUILBERT
D’ABORD, GÉRER L’URGENCE
Bonne nouvelle : selon le baromètre trimestriel sociales et fiscales, fonds de solidarité pour toutes
« Trésorerie, Investissement et Croissance des les petites entreprises, les indépendants, et les
TPE et PME » présenté en mai par Bpifrance Le microentreprises, prêt garanti par l’État (PGE) :
Lab et Rexecode, les TPE-PME disent pouvoir se le gouvernement a frappé un grand coup en
relever de la crise, notamment grâce aux nombreux multipliant les mesures d’urgence pour amortir le
dispositifs de soutien mobilisés pour soutenir choc. Certains évoquent des « mesures perfusion »,
l’économie française. une mise sous respiration artificielle de l’économie
Si 91% des dirigeants anticipent un recul de leur française promettant un réveil douloureux.
activité, ils sont 40% à prévoir un retour rapide à
la normale. Et si 59% affirment s’attendre à une Il est encore trop tôt pour se hasarder à des
reprise difficile, moins de 1% des entreprises pronostics.
interrogées envisagent une liquidation de leur
entreprise. Un tiers des dirigeants qui avaient des Le rapport de conjoncture de la Banque de France,
projets d’investissement envisagent même de les publié en mai, rapporte toutefois que l’activité
maintenir. Quant aux recrutements prévus avant le économique des Hauts-de-France a amorcé un
confinement, 36% des entreprises songent à les redémarrage. Unis et entreprenants pendant la
maintenir malgré la crise tandis que 41% comptent crise pour apporter des réponses concrètes et
les reporter. collectives aux entreprises fragilisées, les acteurs
économiques et institutionnels de la région sont
Le plan d’aide économique aux entreprises a coûté à présent mobilisés plus que jamais sur la sortie
45 Mds d’euros à l’État français pour les deux de crise, et le rebond espéré - rapidement - de
mois du confinement. Chômage partiel, arrêts de l’économie …
travail pour gardes d’enfants, report d’échéances#2 Dossier.
ALUMINIUM DUNKERQUE : BIEN PRÉPARÉE,
L’USINE NE S’EST JAMAIS ARRÊTÉE
CLASSÉ SEVESO, ALUMINIUM DUNKERQUE EST UN SITE INDUSTRIEL
QUI POSSÈDE UNE FORTE CULTURE DU RISQUE. ÉTAIT-IL NÉANMOINS
SUFFISAMMENT PRÉPARÉ POUR FAIRE FACE À CETTE CRISE SANS PRÉCÉDENT ?
ENTRETIEN AVEC GUILLAUME DE GOŸS, SON DIRECTEUR GÉNÉRAL.
Quelle a été votre réponse immédiate ressources humaines et finances. Ce
au risque COVID-19 ? dispositif a concerné 65 personnes soit
Mi-février, nous avions déjà eu vent de quasiment 100% de l’effectif « fonctions
quelques cas de transmission en France. supports ». La grande majorité de ces
Sans même attendre l’annonce des me- personnes étaient déjà équipées d’ordina-
sures de confinement, nous avons décidé teurs portables, celles qui ne l’étaient pas
de mettre à jour les plans de gestion de ont reçu le matériel nécessaire sous une
crise que nous avions élaborés dans le semaine.
cadre des crises H1N1 et grippe aviaire Dans une entreprise comme la nôtre qui
de 2009 et 2011. Ainsi, nous étions pré- privilégie le présentiel, le télétravail n’était
parés à faire face à une crise et cela sur pas d’usage. Les difficultés de commu-
tous les plans : santé, communication, RH, nication et d’organisation rencontrées les
opérationnel. Début mars, les premières premiers jours ont été rapidement réglées.
mesures sur le site ont donc été principa- Chaque manager d’équipe s’est assuré
lement sanitaires : distanciation, désinfec- d’organiser le mieux possible le travail des
tion systématique des vestiaires, etc. équipes en tenant compte des contraintes
Le 18 mars, au lendemain de l’annonce des uns et des autres. Il n’y a pas eu une
du confinement généralisé, nous avons seule et unique règle mise en place pour
constaté un pic d’absentéisme auquel toute le monde : certains ont choisi de tra-
nous nous attendions : 90 salariés sur les vailler uniquement à la maison, d’autres
600 que compte le site ne sont pas venus ont alterné entre télétravail et présence à Guillaume De Goÿs
travailler, principalement pour des raisons l’usine. Le travail s’est organisé en toute
de protection. Parmi eux, huit présentaient souplesse, dans un esprit positif et dans
des symptômes du coronavirus. Au final, la confiance.
deux personnes ont été testées positives
sur l’ensemble de notre effectif. Immé- Êtes-vous en mesure aujourd’hui
diatement, nous avons mis en application d’évaluer les conséquences de cette
les mesures d’urgence que nous avions crise sanitaire sur l’équilibre économique
prévues : en trois jours, nous avons dimi- et financier de l’entreprise ?
nué notre production de 15% en arrêtant Nous n’avons pas encore le recul suffi-
18 cuves sur les 264 que compte la série sant. Toutefois, certains indicateurs nous
d’électrolyses et en diminuant l’ampérage font craindre une perte sensible de notre
de la série. Ces mesures nous ont per- chiffre d’affaires. Notre principal indica-
mis de continuer à faire tourner l’usine en teur est le prix de l’aluminium, coté au
L’ENTRETIEN
toute sécurité et avec le niveau d’absen- London Metal Exchange (LME) à Londres.
téisme significatif que nous avions à ce En deux mois, ce dernier est passé de 1
moment-là. À aucun moment, il n’y a eu 700 à 1 450 dollars par tonne. Ce recul oc-
un arrêt de l’activité ni un recours au chô- casionne une baisse immédiate de notre
mage partiel. chiffre d’affaires. L’aluminium que nous
vendons directement à nos clients s’ac-
Comment avez-vous organisé le travail compagne par ailleurs d’une prime produit
à distance pour les fonctions qui le qui est au-dessus du prix du LME. Pre-
permettaient ? mière conséquence de la baisse du niveau
Dès l’annonce du confinement, nous de commandes de nos clients : au mois de
avons instauré le télétravail pour toutes juin, 40% de nos produits ont été vendus
les fonctions dites « supports » : achats, au strict prix du marché.
commerce, communication/marketing, Enfin, un surcoût d’1 million d’euros est
14 I Influxdirectement imputé aux mesures de pro-
tection mises en place dans l’entreprise
pour protéger nos salariés : désinfection
des locaux, réaménagement du poste de
garde et de la cantine, etc. Par consé-
quent, afin de prévenir une tension en
trésorerie, nous avons reporté un certain
nombre d’échéances sur les taxes fiscales
et sociales et sollicité fin mai un prêt ga-
ranti par l’État.
De quelle manière avez-vous soutenu
et accompagné vos collaborateurs
pendant cette période ?
Le niveau de réaction et de stress a été très
©Michel GUILBERT
variable d’une personne à l’autre et cela
quelle que soit sa position et sa fonction
dans l’entreprise. Nous n’avons heureuse-
ment pas eu de cas grave à déplorer mais le sentiment de vivre la même épreuve. tels que des masques, des produits d’en-
nous avons ressenti une forte angoisse Nous avons par ailleurs reçu un soutien tretien mais aussi des pièces mécaniques.
de la part de nos salariés au cours des important de l’État et de nos syndicats Cela nous a incité à prendre des mesures
premiers jours. L’instauration de mesures professionnels : les équipes du MEDEF en interne pour mieux maitriser à l’avenir
sanitaires visibles ainsi qu’une communi- local et national ont été très disponibles et nos chaines d’approvisionnement.
cation permanente ont permis de rassurer efficaces dans leur accompagnement. Tertio, même si l’entreprise est solide,
rapidement le personnel. Parmi ces me- Enfin, et surtout, j’ai la chance d’avoir pu nous restons sous la menace de cette
sures, nous avons mis en place une aide compter sur des équipes formidables qui pandémie. La reprise va dépendre des
psychologique avec l’aide du comité san- ont fait tout leur possible et avec un grand mesures de relance et de notre capacité
té / sécurité ainsi qu’une cellule de crise professionnalisme pour maintenir nos ac- à nous y inscrire. Dans le cadre du New
24h/24. Nous avons rencontré chaque tivités en toute sécurité. Je les remercie green Deal (ou pacte vert pour l’Europe),
jour les équipes et les représentants du pour leurs efforts et leur implication tout le groupe Alvance auquel le site Aluminium
personnel : l’équipe de direction est ain- au long de cette crise. Dunkerque appartient a un certain nombre
si venue chaque matin à 4 heures pour d’atouts à faire valoir. Durabilité, chaine
rencontrer les personnes sur site. Cette Quels enseignements tirez-vous de d’approvisionnement local, recyclage font
présence a été très appréciée. Enfin, nous cette crise et comment envisagez-vous partie de nos valeurs cœur. Nous sou-
avons versé une prime aux salariés qui « l’après » ? haitons soutenir ces mesures de relance
sont venus travailler sur site sous la forme Premier enseignement : nous sommes en qui seront proposées par la France et par
de jours de repos supplémentaires. fin de compte relativement peu préparés l’Union européenne.
à vivre une crise de cette ampleur. Nous Enfin, s’agissant du télétravail, il y a au-
En tant que dirigeant, comment pensions qu’avec ce qui avait été mis en jourd’hui une vraie demande de nos colla-
avez-vous personnellement traversé place précédemment dans l’entreprise, borateurs de tirer parti de cette période
cette période ? nous étions suffisamment outillés. C’est pour tendre vers une organisation du tra-
A posteriori, je l’ai bien vécue. L’usine avait bien de l’avoir fait et cela nous a aidé, mais vail plus agile : c’est pourquoi nous négo-
connu un incident technique majeur en en réalité il nous a fallu quasiment tout ré- cierons prochainement un accord de télé-
2018 que j’avais vécu seul. Cette fois, le inventer ! travail en ce sens avec les représentants
fait de pouvoir échanger quotidiennement Deuxièmement, le contexte de l’économie du personnel.
avec les autres dirigeants des entreprises mondiale et globalisée nous a montré ses
industrielles du Dunkerquois était récon- limites : au début de la crise, nous avons
fortant. Nous étions certes impactés à des éprouvé des difficultés à maintenir cer-
niveaux différents, néanmoins nous avions tains approvisionnements dits « cruciaux »
Aluminium Dunkerque en bref
• Construction de l’usine : 1989 - 1991
• Le site appartient au groupe Alvance
• Premier producteur de plaques d’aluminium en Europe : 230 000 t / an
• 627 collaborateurs sur le site, à fin avril 2020
• Une cinquantaine de personnels intérimaires et 150 sous-traitants
• Produits : Aluminium Dunkerque conçoit et fabrique des plaques (80% de l’activité),
lingots de laminage, alliages de fonderie et lingot de refonte
• Marchés : l’automobile (50%), l’emballage (boîtes boissons, etc.) et la construction
• Part de marché : France (84%), Allemagne (10%), Pays-Bas et Hongrie
• CA 2019 : 556 M€
Influx I 15#2 Dossier.
CHEZ ADD PUB, LES IDÉES ONT FUSÉ…
PENDANT LE CONFINEMENT, L’AGENCE DE PUBLICITÉ HAZEBROUCKOISE,
SPÉCIALISÉE DANS LA CONCEPTION ET LA FABRICATION D’ENSEIGNE,
A BRILLÉ PAR SON AGILITÉ ET SA CAPACITÉ À INNOVER DANS L’URGENCE.
DANS L’IMPOSSIBILITÉ DE RESTER INACTIVE, BÉNÉDICTE FONTAINE, CO-FONDATRICE
DE L’ENTREPRISE AVEC SON MARI EMMANUEL, A EMBARQUÉ EN DEUX TEMPS
TROIS MOUVEMENTS SON ÉQUIPE DANS CETTE AVENTURE EXTRA-ORDINAIRE.
C
’est dans les épreuves que naissent
les plus belles victoires. Quelques
jours avant l’annonce du confine-
ment, Bénédicte Fontaine a l’idée de créer
avec ses équipes web un site internet
baptisé « Prévention virus ». Ce site d’in-
formations sur la pandémie s’est depuis
transformé en site e-commerce. Tout s’est
ensuite enchainé très vite, car en réalité,
chez ADD Pub, le confinement n’a duré
que deux jours ! « Le 19 mars, alors que
je traînais un peu dépitée dans nos ate-
liers, je suis tombée sur des toiles de lin et
j’ai eu l’idée d’en faire des masques. J’ai
aussitôt appelé une de mes couturières, Bénédicte et Emmanuel Fontaine
j’ai dessiné un prototype et nous avons de la publicité est très touché. Je crains
démarré dès le lendemain matin, à quatre, que nous rentrions dans une période très
la production de masques en tissu. Puis, délicate. Le premier mois du confinement,
nous avons créé les premières visières notre chiffre d’affaire a accusé une baisse
en plexiglas et de fil en aiguilles, d’autres de près de 60%. La raison est simple : tout
idées ont foisonné et nous nous sommes ce qui avait été produit avant le 15 mars
mis à fabriquer chaque jour des proto- (enseignes, signalétique, etc.) n’avait pas
types de nouveaux produits destinés à la été posé donc pas encaissé. Ensuite, pour
protection des personnes », raconte-t-elle répondre à la production massive d’équi-
avec un enthousiasme désarmant. La di- pements de sécurité, nous avons dû in-
rigeante échange régulièrement avec des vestir sur de gros volumes sans aucune
personnalités scientifiques qui l’aident à visibilité sur les éventuelles commandes.
élaborer des produits de haute protection. S’agissant du plexiglas par exemple, nous
Ainsi, pour les hôpitaux, ADD pub fabrique avons acheté en deux mois pour 25 ans
des cloisons de séparation de zones et de plexiglas. Nous le commandions à la
ADD Pub en bref
lits de malades, pour les commerçants tonne, du jamais vu ! », explique-t-elle. • Date de création : 1995
des cloisons Hygiaphone, etc. Au bout de Depuis, tout nouveau produit qui sort de • Fondateurs : Bénédicte Fontaine,
quelques jours, le standard explose : plus l’atelier est comme un pari sur l’avenir de architecte d’intérieur et designer,
TÉMOIGNAGE
d’une centaine d’appels téléphoniques l’entreprise. « Depuis le 2 juin, nous pen- et Emmanuel Fontaine,
par jour. Dans l’atelier, c’est l’euphorie, les sions pouvoir vendre des équipements maquettiste et souffleur de verre
volontaires ont repris le chemin de l’atelier, spécifiques aux restaurateurs pour leur • Ateliers basés à Hazebrouck
certains y passent entre 14 et 16 heures permettre d’accueillir leurs clients en • 14 salariés
par jour. Même les enfants du couple sont respectant les règles de distanciation : • CA 2019 : 900 000€
mis à contribution. comme je suis designer, j’avais imaginé • ADD Pub, c’est aussi : ADD
des supports de table décorés, des cloi- Solutions (conseil et solution
« C’est devenu un jeu entre nous : sons sur pied, des cloisons attachées sur en communication), ADD Média
on a une idée, on dessine, on fait un table, etc. Nous avons beaucoup investi, (agence événementielle), ADD
prototype, on met en production » mais pour le moment les ventes ne sont Com (agence de communication)
Malgré la poursuite d’activité et les aides pas au rendez-vous », s’inquiète-t-elle. et ADD Confection (atelier de
de l’État, la dirigeante vit au jour le jour, Pour autant, Bénédicte Fontaine connait confection et prototypage)
sans aucune visibilité sur les prochains bien les atouts de son entreprise. « Nous • https://addpub.fr
mois. « Le secteur de la signalétique et sommes hyper créatifs et super réactifs.
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