De GIOTTO à COROT - Musée des Beaux-Arts À partir du 15 mars 2019 - Alambret Communication
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DOSSIER DE PRESSE
Mars 2019
De GIOTTO à COROT
Musée des Beaux-Arts
À partir du 15 mars 2019
Rue de la Cité, Troyes - 03 25 42 20 09 - www.musees-troyes.com
Sommaire Édito
3
L
Edito de François Baroin e musée des Beaux-Arts Une collection vit, les attributions
et d’Archéologie de Troyes est changent : tel tableau entré comme
une institution culturelle très anonyme devient l’œuvre du Vénitien
5
Les perspectives du musée des Beaux-Arts ancienne. Né des saisies révolutionnaires Bernardo Bellotto, artiste rare qui vaut à
des dernières années du 18e siècle, il est cette peinture d’être de nouveau admirée
officiellement fondé par la municipalité en et désirée, car de nombreuses pièces de la
7
1. La réouverture des galeries de peinture 1831 et offre depuis, à tous ses visiteurs, collection ont, dans les années récentes,
un ensemble incomparable d’œuvres participé à des expositions marquantes
d’art et de précieux souvenirs de l’histoire organisées dans le monde.
auboise. Je salue de nouveau la générosité
11
2. Le musée & ses collections C’est dire combien les collections
de nos concitoyens qui, aux côtés de la
troyennes concourent à la notoriété et à
Société académique de l’Aube, ont enrichi
l’attractivité de la ville et du département
ses collections depuis près de 150 ans.
L'histoire du premier musée troyen 11 de l’Aube. Saluons également le concours
Cette rénovation des galeries des non-négligeable des entreprises et des
L'histoire des collections à travers six siècles de peinture 13 beaux-arts est une invitation à découvrir équipes techniques des musées et de la
l’ensemble des peintures des écoles collectivité pour offrir un écrin digne de
françaises et européennes rassemblées en cette collection.
Le parcours des collections en quelques chefs-d’œuvre 18
son sein, auxquelles s’ajoutent quelques
Près de 300 œuvres sont mises en valeur,
rares sculptures de François Girardon, né à
Le catalogue 31 considérées comme exemplaires de
Troyes, l’un des plus fameux sculpteurs du
la collection, dans ces salles rénovées
siècle de Louis XIV. Depuis longtemps en
et pourvues notamment d’un nouvel
effet, Troyes est une pépinière d’artistes
33
3. Les restaurations, acquisitions et dépôts éclairage. Un nouveau parcours offre une
et les générations de conservateurs,
redécouverte des collections mêlant les
responsables des collections du musée,
chefs-d’œuvre bien connus mais aussi
comme les amateurs généreux qui ont
de très nombreuses œuvres inédites,
4. Les partenaires 36 contribué à son enrichissement, n’ont
restaurées pour l’occasion. Le plaisir à
pas manqué d’y ajouter nombre d’œuvres
parcourir les salles du musée participe
d’artistes natifs de Troyes ou de l’Aube.
de ce défi au temps que constitue toute
39
5. L'accueil des publics A cet égard je remercie naturellement les
collection, et mène sur les chemins de la
efforts constants de l’association des
beauté et du savoir, liant les générations
Amis des musées d’art et d’histoire.
qui nous ont précédés et la nôtre aux
6. Le projet de rénovation des musées de la Ville de Troyes 43 Cette rénovation, et le livre qui générations futures auxquelles nous
l’accompagne, sont surtout le fruit d’un avons le devoir de la transmettre.
travail patient et passionné mené par
50
7. La découverte de la Ville de Troyes Chantal Rouquet, conservateur en chef,
assistée de Claudie Pornin, conservateur, François BAROIN
Maire de Troyes
et de l’équipe de conservation et de
8. Les visuels disponibles pour la presse 52 documentation du musée, voire au-delà
toute la communauté scientifique des
historiens d’art.
9. Les informations pratiques & les Contacts 53
Contact Presse
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2. Galeries de peintures du musée des Beaux-Arts et d'Archéologie www.musees-troyes.com Perrine Ibarra, attachée de presse
Tél. 01 48 87 70 77 | perrine@alambret.com
Les perspectives
du musée des Beaux-Arts
L
e projet de rénovation du musée des L’objectif est, pour le musée des Beaux-
Beaux-Arts prévoit un nouvel accueil Arts lui-même, de valoriser une collection
orienté sur l’emblématique place de parcourue de multiples chefs-d’œuvre
la Cathédrale avec un parcours renouvelé, mal mis en valeur par une muséographie
tant des collections d’archéologie passée et un éclairage insuffisant.
régionale que du Moyen Âge, ainsi que la Les moyens actuels en ce domaine font
création d’une grande salle d’exposition qu’un éclairage performant donne à voir
temporaire. Dans ce contexte, les galeries la collection tout autrement. Le public
de peintures ont été fermées depuis mars d’aujourd’hui est habitué à vivre dans un
2016 pour rénovation. environnement lumineux adapté et c’est
le premier élément de confort d’une visite
Créée à la Révolution Française, la au musée.
collection du musée des Beaux-Arts est
riche de peintures françaises du 17e siècle L’autre intérêt est de permettre dans de
et surtout du 18e siècle. bonnes conditions certaines activités
propres à un tel musée, la copie qui inscrit
Les lieux qui depuis le 19e siècle les le musée dans une démarche du savoir
accueillent, ont changé de manière artistique ancienne.
fondamentale par deux fois, au lendemain
Enfin, la proximité avec la salle
de la Seconde Guerre mondiale où le
d’exposition située au même niveau,
musée devait se relever après une
laisse augurer de multiples projets qui
nécessaire évacuation des œuvres et dans
pourront s’appuyer sur la richesse et
les années 1980, époque de construction
les particularismes des collections de
d'une mezzanine pour en augmenter un
peintures toutes proches, que des galeries
tant soit peu la surface d’exposition.
rénovées auront permis de redécouvrir.
Ainsi, il s’agit de la troisième refonte de
ces galeries de peintures, initiée dans le
cadre plus global de la rénovation des Chantal ROUQUET
Conservatrice en chef du patrimoine,
musées et plus particulièrement de celui chargée des collections d’art ancien
du musée des Beaux-Arts. Directrice adjointe des musées
de la Ville de Troyes
Commencer par ce chantier est
symbolique par rapport à l’histoire du
musée puisque les peintures sont ce
qui le caractérise d’abord. Ensuite, c’est
permettre une nouvelle approche de
cette collection au moment où en regard,
le musée d’Art moderne voisin, entame
sa propre mue. Ainsi un dialogue pourra
s‘établir entre les deux collections offrant
un continuum de l’art de la peinture
du 14e siècle au 20e siècle.
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3. Natoire, Calypso écoutant les conseils de l'Amour www.musees-troyes.com Perrine Ibarra, attachée de presse
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La rénovation
1 des galeries de peintures
S ous la responsabilité de Chantal Rouquet, Conservatrice en chef du patrimoine, chargée des
collections d’art ancien, ces travaux sont la première grande étape visible du vaste projet de
rénovation des musées engagé par la Ville de Troyes.
La peinture, sujet principal, Repenser l’éclairage totalement,
PARTIS PRIS
est ainsi associée à d’autres en adoptant l’éclairage high-tech
MUSÉOGRAPHIQUES
médiums, comme le pastel – retenu par les musées récemment
peinture au pastel disait-on au rénovés, afin de répondre à l’un
18e siècle – afin de l’accompagner des griefs prononcés à propos
au plus près dans l’art du portrait des galeries « ancienne formule »
DEUX GRANDS ESPACES de cette époque. permettant la mise en valeur des
COMPOSENT CES Il en est ainsi également, des œuvres exposées.
GALERIES DE PEINTURES. sculptures de François Girardon
qui cohabitent avec les tableaux Renseigner les œuvres
COMMENT LES de Pierre et Nicolas Mignard, exposées
ORGANISER, artistes tous trois natifs de
LES DIFFÉRENCIER, Contempler les œuvres, c’est
Troyes, au service du Roi Soleil, aussi s’interroger sur leur histoire,
LES RENDRE ACCESSIBLES
pour évoquer cette période les artistes, les techniques.
À TOUS LES PUBLICS
d’excellence de l’art français.
ALORS QUE LES ŒUVRES Afin de satisfaire la curiosité des
PRÉSENTÉES VONT DE Enfin, les galeries constituent visiteurs, plusieurs « instruments »
TOUT PETITS FORMATS pour le public autant de lieux de ont été déployés dans les salles :
À LA MONUMENTALITÉ ? repos avec les grandes banquettes
qui y sont disposées où il est • Des cartels développés
loisible de faire une pause. donnent un minimum de
renseignements au visiteur
Concevoir un parcours pressé.
Adopter un code couleur
fluide et confortable • Des fiches de salles suivent
pour bien se repérer le cheminement des salles en
Il a été fait le choix d’un
Chacun des espaces a reçu une resituant les œuvres exposées
parcours chronothématique
couleur de fond qui permet un dans une période donnée et
ponctué de petits cabinets et de
repérage dans le temps. indiquent ce qui caractérise
grandes galeries, afin de varier
les artistes d’alors.
l’approche des collections et de
• Enfin, un catalogue des
faire cohabiter des œuvres aux Améliorer la visibilité
peintures, en vente à l’accueil
formats très divers. des œuvres
du musée, s’appuie sur le
Des vitrines ont été conçues Présenter les œuvres à hauteur parcours muséographique
pour les plus petites d’entre des yeux pour que tous les et présente des notices
elles, comme un écrin. Il en est publics, à commencer par les détaillées sur une sélection
de même pour les objets d’art – enfants, aient accès aisément d’œuvres premium, tandis
peintures sur émail, miniatures aux tableaux, a été un impératif qu’une liste complète des
et parfois sculptures – qui qui a guidé le cloisonnement des peintures du musée des
viennent en contrepoint des salles, afin qu’il n’y ait que peu Beaux-Arts vient
peintures. de superpositions. en conclusion.
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4. Galeries de peintures, la nature morte www.musees-troyes.com Perrine Ibarra, attachée de presse
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La rénovation
1 des galeries de peintures
LES CHIFFRES CLÉS
300 œuvres exposées (peinture, sculpture, objets
d’arts et arts graphiques)
250 peintures exposées
1 500 peintures présentes dans la collection,
comprenant également le fonds consacré au
16e siècle, exposé au musée d’Art champenois
(hôtel de Vauluisant)
70 œuvres restaurées
72 cadres restaurés
Plus de 30 œuvres jamais exposées
9 x 3,4 centimètres pour la plus petite œuvre exposée,
une miniature du 17e siècle de J. Petitot
3,25 x 3,59 mètres pour le tableau de Jacob Jordaens,
le plus grand
100 agents techniques et artisans mobilisés
646 m2 de surface rénovée
680 000 euros de budget global pour la rénovation des
galeries de peinture financé par la Ville de Troyes
Entreprises
LES ACTEURS
DE CETTE RÉNOVATION • Coordinateur sécurité : Dekra
(Troyes)
• Contrôleur technique : Qualiconsult
(Troyes)
CONCEPTION
• Électricité : Santerne (Troyes)
CHANTAL ROUQUET, CONSERVATRICE EN CHEF • Peinture : Charrier (Troyes)
ET L'ÉQUIPE TECHNIQUE DES MUSÉES,
• Plâterie : ESEM (Bréviandes)
EN COLLABORATION AVEC LES DIFFÉRENTS CORPS DE
MÉTIERS AU SEIN DE LA VILLE DE TROYES (TRAVAUX, • Couverture : Glais (Montreuil/Barse)
MENUISERIE, SERRURERIE, MANUTENTION) • Échafaudage : Antoine (Vandières)
ET DES ENTREPRISES. • Menuiserie métallique, miroiterie :
Arts et Forges (La Chapelle-St-Luc)
• Conception lumière : Attention
mouvement, J.-F. Salieri (Vedene)
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Mouvements d'œuvres dans les galeries de peintures avant les travaux de rénovation www.musees-troyes.com Perrine Ibarra, attachée de presse
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Le musée
2 et ses collections
L'histoire du premier musée troyen
1793 Même si des essais de 2011
La Convention attribue au musée regroupement apparaissent par Un travail de réflexion a abouti
de Troyes naissant, les œuvres période et par école, les tableaux à un Projet scientifique et
saisies à La Chapelle-Godefroy sont alors exposés en fonction culturel actant la rénovation des
et de Pont-sur-Seine. Celles-ci de la place disponible, du bas du musées dans leur ensemble.
trouvent un refuge temporaire mur jusqu’au plafond ! De cette Pour le musée des Beaux-Arts, la
dans l’ancienne abbaye Notre- époque, date l’installation des réfection des galeries de peintures
Dame-aux-Nonnains (actuelle collections du muséum d’Histoire en est l’une des premières étapes.
Préfecture), avant de rejoindre naturelle au rez-de-chaussée
définitivement l’abbaye Saint- du logis central. Deux salles de 2019
Loup, dont il ne subsiste que le ce bâtiment inauguré en 1890, La nouvelle muséographie
corps de logis central. Le rez-de- sont affectées à la Société intègre un éclairage performant,
chaussée de l’abbaye accueille cet Académique de l’Aube qui assure propre à valoriser les œuvres,
embryon de collection. Le premier l’administration du musée qu’elle ainsi que des salles aux tons
étage du corps central est dévolu ne peut poursuivre au lendemain neutres, rehaussés çà et là de
de la Seconde Guerre mondiale, cimaises colorées. Alternant
à la bibliothèque municipale. Cette
où la Ville de Troyes en prend petits cabinets et galeries, la
dernière déménagera en 2002 pour
alors l’entière direction. muséographie porte en elle la
devenir la médiathèque Jacques-
Chirac, de l'Agglomération. valorisation des œuvres pour les
1949 offrir aux regards des visiteurs.
Fermé pendant dix ans et ses
1857 collections évacuées, le musée
Véritable « renaissance »,
Suite à la donation du fonds cette ouverture est accompagnée
rouvre. Marguerite Dubuisson,
d’atelier du sculpteur troyen d’un catalogue complet des
conservatrice nouvellement
Pierre-Charles Simart, arrivée, se lance dans la refonte collections de peinture,
le musée connaît un premier d’un parcours des collections de le premier depuis 1911 !
agrandissement. Grâce à une peinture. La présentation mêle
souscription publique, l’aile nord- Demain
peintures, mobilier et objets d’art
ouest en retour d’équerre sur la À l’horizon 2022-2023, l’ensemble
dans une « présentation d’atmos-
cour est érigée pour accueillir la du bâtiment sera repensé, faisant
phère », incluant le 20e siècle.
sculpture au rez-de-chaussée et entrer le musée des Beaux-Arts
la peinture à l’étage. Inaugurée en 1980 et d’Archéologie dans une ère
1860, cette extension, trente ans Jean-Pierre Sainte-Marie, nouvelle : accessibilité complète
plus tard, s’avère déjà insuffisante. conservateur arrivé en 1972, des différents espaces et des
obtient une rénovation des muséographies spécifiques par
1888 galeries de peinture grâce au collection avec notamment,
Grâce à la générosité de financement de la CAECL, une nouvelle galerie de la
Joseph Audiffred, négociant à filiale de la Caisse des dépôts et sculpture médiévale, des salles
l’international, la somme de consignations. De cette époque d’archéologie régionale avec en
80 000 francs-or est allouée date la mezzanine, à la mode leur cœur, le trésor du prince de
pour prolonger le précédent alors dans le monde des musées. Lavau. Cette transformation
agrandissement. L’étage entier Désormais, le visiteur peut suivre de grande ampleur est confiée
est occupé par les collections de un cheminement qui le mène au cabinet Chartier-Corbasson,
peintures. La nouvelle aile est de l’œuvre la plus ancienne, de assisté de Ducks Sceno pour la
alors consacrée au 19e siècle. Giotto, aux peintures du 19e siècle. muséographie.
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Vue intérieure du musée de peinture www.musees-troyes.com Perrine Ibarra, attachée de presse
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Dessin par Charles Fichot dans L'exposition de Troyes illustrée, 1860
Le musée
2 et ses collections
L'histoire des collections du musée
à travers six siècles de peinture
D ès l’origine du musée, la peinture occupe une place
maîtresse au sein des collections. Les confiscations
opérées à la Révolution française en différents lieux du
département de l’Aube privilégient en effet la peinture, donnant
sa physionomie à la collection telle qu’elle apparaît encore
aujourd’hui, malgré les apports de plus de deux siècles.
De ce fait, elle est le reflet de maisons seigneuriales d’ancien
régime, et venir visiter les galeries de peintures du musée, c’est
se plonger dans ce que furent ces grandes demeures.
Sous le règne de Louis XV, avec son Gibier gardé par des appartient à François Xavier
le château de La Chapelle- chiens (unique vue conservée de Saxe, régent de Saxe. Frère
Godefroy, au nord-ouest de de la grande perspective de la mère de Louis XVI, il est
Troyes en direction de Paris, brille avec obélisque du parc), deux davantage connu en France sous
de tous ses feux. Le contrôleur immenses natures mortes le nom de comte de Lusace.
général des Finances et directeur napolitaines dues à Gaetano En 1791, il émigre, laissant à
des Bâtiments de Louis XV, Cusati et un ensemble de toiles Pont-sur-Seine l’œuvre d’un
Philibert Orry (1689-1747) fait de Bon Boullogne, dit Boullogne peintre peu représenté en France,
de la résidence héritée de son l’Aîné et de Louis de Boullogne neveu de Canaletto, le Vénitien
père, un lieu de raffinement à la le Jeune, restées dans le fonds Bernardo Bellotto, peintre
mode du temps. Jeune peintre familial de la famille Boullogne, officiel de la famille de Saxe à
plein de promesses, brillant élève propriétaire du château au Dresde, puis à Varsovie, avec une
de François Lemoyne, Charles moment de la Révolution. Vue de Dresde au faubourg de
Joseph Natoire se voit confier la Enfin, c’est de là que proviennent Pirna.
décoration des différentes pièces les précieux petits cuivres D’autres demeures de qualité,
du château et se révèle dans un d’Antoine Watteau, L’Enchanteur mais aussi des abbayes et
programme décoratif riche et et L’Aventurière, chefs-d’œuvre des églises, contribuent à la
varié composé de plusieurs du musée. constitution du fonds originel
cycles : Histoire de Télémaque, du musée parmi lesquelles le
Non loin de La Chapelle-Godefroy,
Histoire de Clovis et Amours des château de Saint-Liébault
le château de Pont-sur-Seine
dieux qui montrent la richesse (devenu Estissac en 1758)
date du règne de Louis XIII
d’inventivité du jeune peintre appartenant au chancelier
où il fut construit par son
qui s’inscrit dans le mouvement Séguier. De ce château, sont
surintendant des Finances,
rocaille avec ses lignes sinueuses, parvenus au musée de Troyes,
Claude Bouthillier de Chavigny.
sa délicate palette aux tons clairs les deux bustes de Louis XIV
Celui-ci est représenté dans
de roses, ocres et bleus. et de La reine Marie-Thérèse,
le grand tableau de Philippe
du sculpteur d’origine troyenne
D’autres œuvres proviennent de de Champaigne, La Réception François Girardon.
cet ensemble majeur : François d’Henri II d’Orléans, duc de
Boucher avec un dessus-de- Longueville, dans l’ordre
porte, Les Génies des Beaux-Arts, du Saint-Esprit, œuvre qui
Hubert Robert, avec un magistral immortalise la cérémonie du
et monumental Pont romain, 14 mai 1633 à Fontainebleau.
Claude François Desportes À la fin du 18e siècle, le château
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5. Desportes, Gibier gardé par des chiens www.musees-troyes.com Perrine Ibarra, attachée de presse
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Le musée
2 et ses collections
L'histoire des collections du musée
à travers six siècles de peinture
S ur ce fonds constitué à la Révolution
sont venues se greffer, au fil du temps,
de multiples donations.
La première d’entre elles est le du strasbourgeois Gustave Doré bohème mêlant des poètes
legs du peintre langrois, devenu et de rares peintures anglaises, comme Verlaine et Rimbaud,
directeur de l’école de dessin dont les Portraits d’un Lord et des peintres comme Manet et
de Troyes, Dominique Morlot d’une Lady par Thomas Hudson. Fantin-Latour. Sa collection fit
(1759-1831), qui compte quarante- l’objet de dons, répartis entre
Alfred Chalmel, ancien greffier
six tableaux parmi lesquels un 1903 et 1909, date du legs,
en chef au tribunal civil de Troyes,
grand nombre de Tassel. De comprenant près de soixante-dix
lègue en 1882, quatre tableaux
ce premier apport émane un œuvres s’échelonnant du Moyen
qui montrent son goût pour la
étonnant Johann Heinrich Füssli, Âge au début du 20e siècle. La
peinture nordique, puisque trois
Œdipe et ses filles. Puis suit en diversité d’approches montre
d’entre elles en relèvent, dont
1844, le legs de l’abbé Hubert un amateur curieux de tout : les
une pépite : Vénus et l’Amour du œuvres, généralement de petites
dont Le Sacrifice d’Iphigénie,
Praguois Bartholomeus Spranger. dimensions, forment un ensemble
de Jean Jouvenet dit le Grand,
Une seule œuvre française les varié d’où il en émerge une de
peintre des résidences royales, et
accompagne, elle aussi d’un première importance : le Calvaire
surtout des peintures de maîtres
grand intérêt puisqu’il s’agit de avec saint François d’Assise du
du Nord, dont on retiendra un
la célèbre Glycère ou Marchande Toscan Giotto, grand initiateur
petit paysage autrefois attribué
de fleurs de Joseph Marie Vien, du renouveau de la peinture à la
à Bruegel de Velours.
précurseur du néoclassicisme. fin du Moyen Âge. Peuvent être
D’autres collectionneurs cités : L’Allégorie de la Musique
Le sculpteur ornemaniste
contribuent à diversifier le de l’école de Fontainebleau à la
Frédéric-Eugène Piat (1827-
fonds, même si l’art français Renaissance, la Prédication de
1903), fondateur du musée
reste prédominant. Se détache saint Paul à Éphèse de Géricault
d’Art décoratif de Troyes, fut
un couple de mécènes natifs de d’après Le Sueur et bien d’autres.
un généreux donateur dans ce
Troyes, mais établis à Paris, les
domaine mais pas seulement Des descendants de personnages
Audiffred. François-Joseph
puisqu’il fait entrer au musée renommés localement offrirent
Audiffred (1807-1892), juge au
douze tableaux, parmi lesquels souvent des portraits les repré-
tribunal de la Seine, a fait fortune
on retiendra le petit Saint Charles sentant. Madame Baculard
dans le commerce d’exportation
Borromée de Crespi, peintre d’Arnaud donne en 1858, trois
qui l’a mené jusqu’en Russie et
baroque de l’école de Bologne, portraits, dont celui d’Esprit de
autour de la Méditerranée. Le
et un Portrait de vieillard de Vien… Baculard d’Arnaud par Greuze.
couple est un donateur régulier
et en 1888, par une importante Dans les premières années En 1900, Mademoiselle
somme d’argent, il contribue du 20e siècle, un autre Troyen Adelaïde Menuel-Seurat,
même à l’agrandissement du établi à Paris, Albert Mérat, petite-nièce du conventionnel
musée. La donation Audiffred bibliothécaire au Sénat, Danton, donne le portrait de la
comprend le remarquable Homme rassembla une collection. Mérat première épouse de Danton,
au luth attribué à Rubens, un fut aussi un poète parnassien, Antoinette Gabrielle Charpentier
paysage, Ruines de trois châteaux, appartenant à cette jeunesse par David.
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6. Rubens, L'Homme au luth www.musees-troyes.com Perrine Ibarra, attachée de presse
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Le musée
2 et ses collections
L'histoire des collections du musée
à travers six siècles de peinture
D ’autres dons et legs permettent l’enrichissement
des collections, tant sur l’aspect de la peinture
européenne que sur des fonds d’artistes locaux.
Enfin, le musée de Troyes (nom contemplant la Croix de Giovanni Enfin, la création du Fonds
qu’il porta jusqu’au lendemain Sirani. Si la quasi-totalité des régional d’acquisition des
de la Seconde Guerre mondiale dépôts sont exposés, ce n’était musées (FRAM) a, depuis 1981,
avant de prendre celui de musée pas le cas de ce dernier tableau permis d’intégrer des œuvres
des Beaux-Arts) fut soutenu qui le sera désormais. Ainsi, ont longtemps inaccessibles comme
par l’État qui a joué un rôle toujours été présentés La Cène Léda et le cygne de Natoire,
d’accompagnement régulier. de Giorgio Vasari et Un naufrage seul tableau de la suite des
de Joseph Vernet. Amours des dieux disponible sur
Les dépôts relevant du musée
le marché de l’art.
du Louvre s’échelonnent de Parmi les dépôts réalisés
1872 à 1957, pour un total de après-guerre entre 1953 et 1957, Ce soutien conjoint de l’État et
vingt-neuf tableaux. On y certains ont un statut particulier de la Région s’est matérialisé
trouve des peintres troyens tels puisqu’ils proviennent de la dans l’achat de peintures, en lien
M écènes depuis 1949, les AMIS DES que Jacques-Nicolas Paillot récupération artistique (MNR) : avec les Amis des Musées d’Art
MUSÉES D’ART ET D’HISTOIRE de Montabert avec Diane et un petit Portrait d’homme et d’Histoire, pour la grande
se sont investis dans la recherche Endymion, son plus grand d’un anonyme vénitien du 15e majorité d’entre elles, comme
d’œuvres clefs, tout en se concentrant sur la tableau connu. Surtout, un siècle, L’Annonce aux bergers de le tableau de Natoire. Suivirent
peinture issue du foyer troyen ou originaire de la certain nombre de peintures Frederick van Valckenborch, entre-autres Vénus, l’Amour et
Champagne du sud aux 16e et 17e siècles. attribuées à Pierre Mignard deux Vierge à l’Enfant d’après une vieille femme de Jan van
Sont ainsi venues rejoindre les cimaises du en font partie, dont seul est Quentin Metsys et Joos van Bijlert, Saint Paul de Philippe
musée des œuvres acquises dans les années désormais reconnu autographe Cleve, la Fête folklorique de de Champaigne, l’Allégorie de la
1970 comme le panneau du 16e siècle de Saint Luc peignant la Vierge, l’Épiphanie d’après Maarten Paix et de l’Abondance de Peter
Grégoire Guérard, Le Lavement des pieds, ou ultime création de l’artiste, van Cleve, une Nature morte van Lint, Adam et Ève de Jean
la Vanité du Maître de l’Almanach Damien provenant de la collection de au homard attribuée à Jasper Tassel, Supplément 21 Spécial
Lhomme et plus récemment, un Portrait Louis XIV. À côté de ce tableau Geerards, deux Paysages filature de Jacques Monory, Les
d’homme de Pierre Mignard. Il y a eu aussi est venue prendre place de Díaz de la Peña. Vertus du Président Lamoignon,
des peintures d’époque plus récentes comme L’Élévation de la Croix de Le Brun, projet pour un frontispice
Le Fonds national d’art
le Portrait d’homme à la tabatière d’Aved, ou composition née de la rivalité de thèse de Pierre Mignard,
contemporain (FNAC), dont
issues d’autres foyers artistiques tel le délicat entre les deux peintres. l’Allégorie de la Conversation de
dépend la masse d’œuvres
Christ bénissant des enfants du Hollandais Giovanni Boulanger, Vase de
D’une manière générale, on achetées aux artistes à l’issue
Nicolaas Verkolje, offert pour la célébration fleurs sur un entablement de Jean
retrouve ici des attributions des Salons depuis le 19e siècle,
des soixante ans de l’association. Forte du Michel Picart, Sainte Catherine
prestigieuses telle l’esquisse fait bénéficier le musée de Troyes
soutien des Amis des Musées, la Ville de Troyes d’Alexandrie de Jacques de Létin…
d’Anton van Dyck, Portrait de de cent vingt dépôts, toutes
réalisa d’autres achats tel le Tobie et l’Ange de Béatrice de Cusance (ancienne collections confondues. Pour la
Jean Tassel. Elle compléta aussi les collections collection La Caze). En 1863, peinture, on compte notamment
par le dépôt d’œuvres des églises : des toiles le musée bénéficie d’un envoi Louis Boulanger, Antoine
de Jacques de Létin, à la suite de l’exposition Campana dont Le Christ en Croix Chintreuil, Luc-Olivier Merson et
dédiée au peintre, et surtout le Repos pendant de L’Albane, un Paysage de la un ensemble d’artistes originaires
la fuite en Égypte de Jean Honoré Fragonard. campagne romaine de Luigi de l’Aube tels Louis-Nicolas Cabat,
Campovecchio et L’Enfant Jésus Jules Aviat, Gustave Pinel…
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7. Metsys, Vierge à l'Enfant www.musees-troyes.com Perrine Ibarra, attachée de presse
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Le musée Le musée
et ses collections 2 2 et ses collections
Le parcours des collections
ZOOM SUR
en quelques chefs-d’œuvre
LES ŒUVRES
L
EMBLÉMATIQUES
a succession des salles et galeries suit un parcours précis de Prague, apparaît complexe et a La peinture des Pays-Bas, entre tradition gothique et 17e siècle :
DES GALERIES, donné lieu à deux lectures.
qui met l’accent sur l’importance des échanges artistiques Metsys, Van Cleve, Mostaert, Janssens…
AU FIL DU PARCOURS L’une s’appuie sur Ovide, faisant
entre les différents pays d’Europe.
allusion à la vengeance de Vénus. Cette seconde salle nous plonge dans l’art des Pays-Bas avec la diversité
L’autre interprète le geste de Vénus de sa peinture donnant à voir les premiers paysages indépendants, genre
Moyen Âge et Renaissance comme une manière d’inciter majeur dans la peinture nordique.
Cupidon à abandonner son rôle
d’archer pour contempler le Soleil,
Du Moyen Âge à la Renaissance maniériste : représentation symbolique de
Giotto et Malouel, Spranger et Vasari l’Amour divin. Le sujet prend place sur un fond de
tapisserie, dans un décor italianisant
Cette salle introduit le parcours par plusieurs chefs-d’œuvre significatifs Spranger développe un art raffiné de colonnettes surmonté d’une
qui mettent l’accent sur la nouveauté du langage pictural des peintres, où les thèmes mythologiques et coquille. Au premier plan, un rebord
dès le 14e siècle, avec la conquête de l’espace de Giotto, et à la fin érotiques ont sa faveur. Une ample supporte deux pommes et une grappe
du 16e siècle, avec le maniérisme exacerbé de Spranger. draperie vert acide sert de fond de raisin rouge. Tous ces éléments
à la déesse, mettant en valeur sont signifiants et indiquent une
sa chevelure rousse parée d’un oeuvre de dévotion privée. La niche
Cette petite peinture présente sur précieux diadème. Ses traits sont
la face un fond d’or où fut mis en symbolise la voûte céleste. La
effilés, les yeux soulignés par des poitrine dénudée montre la Vierge
place par incision le dessin d’une sourcils bien dessinés, le nez long
composition peinte de lapis-lazuli, comme intermédiaire entre Dieu
et la bouche charnue. Sa sensualité et les hommes. Enfin, les pommes
de laque rouge, d’ocre et de vert de transpire dans ses chairs nacrées,
cuivre. La préciosité de ces matériaux, évoquent le péché originel et le raisin,
relevées par l’éclat des perles d’un la Passion du Christ. De ses deux
la délicatesse de certains détails collier, dont le pendentif noir retient mains portant un linge blanc, elle
encore sensibles malgré les usures, un drapé blanc qui souligne des soutient l’Enfant recroquevillé contre
révèlent les innovations picturales en seins, à la fermeté aguicheuse, et son sein dénudé, son regard baissé
matière de représentation de l’espace. 9 son ventre, au nombril apparent. sur ce bébé aux joues rebondies et aux
Cette représentation du Christ en Croix Un drapé rose, seule touche de 7
BARTHOLOMEUS SPRANGER fines boucles blondes. L’expression
entouré de six anges, deux saintes couleur vive, entoure les hanches QUENTIN METSYS, atelier mélancolique et son type physique
Anvers, 1546 – Prague, 1611 de la déesse qui pointe son doigt
femmes, saint Jean l’Évangéliste, Louvain, 1465/1466 – Anvers, 1530 ont fait rapprocher le tableau d’une
sainte Marie Madeleine et saint Vénus et l’Amour vers la petite fenêtre en haut à Marie en prières du musée d’Anvers
François d’Assise, reprend un thème gauche, en direction d’Apollon sur Vierge à l’Enfant endormi et d’une Vierge à l’Enfant du musée
Huile sur bois, 80 × 60 cm son char. Vénus, un sourire léger au ou Vierge au raisin
maintes fois traité par le Maître et son Vers 1590 et 1599 de Berlin.
atelier. Œuvre de dévotion, la portée coin des lèvres, semble amusée en
Don Alfred Chalmel, 1882 Huile sur bois parqueté, 54 × 39 cm L’oeuvre, par son cadre contraint et les
pathétique de la scène s’appuie sur la le désignant à Cupidon dans l’angle
Inv. 882.6.3 Vers 1510-1520 plis cassants des vêtements, se situe
inférieur droit du tableau. Ce putto
figure du Christ représenté décharné Collection Otto Voigtländer (Leipzig) dans la tradition de Dirk Bouts ou de
8 à la chevelure blonde frisée et au
et sur les attitudes et expressions Fonds de la récupération artistique Gérard David, alors que son décor et
L’essentiel de la production de nez mutin figure également dans
GIOTTO ET SON ATELIER des personnages qui l’entourent. en Allemagne (MNR 436) le visage aux contours léonardesques
Spranger se trouvant à Vienne et le tableau du Kunsthistorisches
Colle di Vespignano, vers 1267 – L’expressivité des figures rompt avec Dépôt du Louvre, 1954 montrent une influence méridionale.
Prague, ce tableau est l’un des Museum de Vienne, Vénus et
Florence, 1337 la rigidité gothique et donne à voir Inv. D.54.2 L’empreinte du maître est forte
deux seuls de l’artiste conservés en Adonis.
pour la première fois l’Homme dans sa dans cette oeuvre d’atelier dont
Calvaire avec saint François fragilité. France, avec l’Allégorie de la Justice Le thème de la Vierge à l’Enfant deux autres versions sont connues
d’Assise et de la Prudence au Louvre, dont il endormi sur le sein dénudé de sa (Oslo, National Gallery et Bâle,
Comme les Crucifixions de Berlin
et de Strasbourg, desquelles elle peut d’ailleurs être rapproché par sa mère est alors inédit en Flandres. Kunstmuseum).
Peinture à tempera et fond d’or
sur bois de peuplier, 31 × 23 cm est rapprochée, l’œuvre témoigne composition et le type physique de Il est ici décrit de manière sensible,
Vers 1315-1320 des expériences de l’atelier dans les la figure féminine. dans une palette aux couleurs
Don Albert Mérat, 1908 années 1310 qui l’amènent à produire La signification du tableau, resituée translucides héritées de Jan van Eyck,
Inv. 08.7.2 des petits tableaux. dans le contexte de la cour érudite et d’un pinceau délicat et précieux.
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Le parcours des collections
en quelques chefs-d’œuvre
17e siècle La Grande peinture religieuse : Tous ces tableaux présentent des
17e siècle
la composition entre les jaunes et
Létin, Tassel, Sirani constantes : même fond sombre sur orangés et leur complémentaire, le
époque Louis XIII, l’art de la Contre-Réforme lequel se détachent les personnages époque Louis XIII, bleu, couleurs qui constituent ici la
La peinture religieuse monumen- aux visages violemment éclairés, la peinture profane palette du peintre.
La dévotion privée et le culte des saints : tale occupe une place importante traitement ample des draperies et
Le sujet représenté est rare, Jupiter
Létin, L’Albane, Champaigne, Tassel au 17e siècle, notamment avec du linceul, palette de bruns aux tons La peinture d’histoire : étant habituellement montré
l’art des retables. La nouvelle riches rehaussée de couleurs plus
À la suite du Concile de Trente se met en place la Contre-Réforme franches de rouge, jaune et vert, et
Jordaens, Baugin au berceau, nourri par la chèvre
scénographie permet de mettre Amalthée. Ici, il s’agit de l’épisode
dans une reconquête des esprits. La peinture y participe pleinement. en valeur cette peinture sur les parfois aussi de rose, violet et gris. Le parcours se poursuit avec la
où Jupiter est élevé sur les pentes du
murs des galeries. Ici, la composition basée sur une peinture d’histoire du 17e siècle, Mont Ida par les Méliades, nymphes
large diagonale prend place dans un par des tableaux représentant des frênes, et les Corybantes, qui le
environnement sommairement décrit notamment de grands sauvent de la voracité de son père
L’apôtre Paul est représenté tel un où le ciel, parcouru de nuées, est événements festifs et des Saturne en détournant son attention
prophète pointant vers le ciel son séparé en son centre par la croix. Au personnages mythologiques. par leur bruyante musique.
index qui se détache sur le fond premier plan, la Vierge tend un bras
vers la droite, désignant la couronne Le jeune dieu, reconnaissable
uni. Ce geste d’enseignement est
d’épines et les clous posés sur une au foudre et à l’aigle, est figuré
accompagné de paroles, suggérées
pierre. Elle soutient le Christ dont en adolescent plein de fougue
par la bouche entrouverte du
le corps livide est exposé en pleine conduisant sa troupe, les lions
prédicateur. Le visage et les mains
lumière. A l’arrière, Marie-Madeleine protecteurs de sa mère Rhéa le
captent le regard sur ce buste
fortement éclairé, soulignés par les semble prostrée. Les expressions sont devançant. Le joyeux cortège mené
couleurs éclatantes du vêtement retenues, les gestes éloquents. par une nymphe au doux visage,
11 est inscrit dans une diagonale
adoucies par les bruns dorés. Paul Redevable du ténébrisme de Vouet,
pose sa main sur le Livre au premier JACQUES DE LÉTIN Jacques de Létin imprègne la scène de dynamique, qui contraste avec
plan, insistant sur l’importance de ce Troyes, 1597 – id., 1661 pathos bien dans l’esprit de la Contre- l’immobilité du groupe du dieu fleuve
premier attribut. De l’épée, symbole Réforme, usant du clair-obscur et et de la figure féminine allongée de
La Déploration sur le Christ mort d’une palette assourdie appliquée à dos, dans l’angle inférieur gauche.
de son passé de persécuteur et
instrument de son martyre, seul Huile sur toile, 137 x 182 cm grands coups de brosse, typiques de Cette figure, personnification de la
est visible le pommeau doré. Sur le Legs du peintre troyen Pierre Grevot sa manière. chèvre Amalthée dont elle porte la
fond sombre, son auréole apparait Brisot à l’Hôtel-Dieu-le-Comte de 12 corne d’abondance, par ses formes
10 discrètement. Du pinceau minutieux Troyes en avril 1684 pleines à la jolie ligne sinueuse,
LUBIN BAUGIN
du peintre, chaque cheveu, chaque Dépôt Administration des Hôpitaux montre un aspect méconnu de l’art
Pithiviers, vers 1610 – Paris, 1663
poil de barbe capte la lumière, et par de Troyes, 1974 - Inv. D.74.1 du peintre, le nu féminin. Fidèle
la science des glacis, sur les veines L’enfance de Jupiter aux conventions, le peintre oppose
de la main, la transparence laisse Ce sujet, l’un des plus souvent Huile sur toile, 150 x 144 cm la blancheur de l’adolescent et des
PHILIPPE DE CHAMPAIGNE deviner le sang qui y palpite. abordés par les artistes du 17e siècle Don Frédéric-Eugène Piat, 1918 femmes, à la couleur dorée des
Bruxelles, 1602 – Paris, 1674 Champaigne offre une image huma- car répondant parfaitement aux Inv. 18.2.4 carnations des hommes. Le paysage
nisée de la Foi dans ce portrait « de exigences de la piété issue de la qui les entoure est idéalisé offrant un
Saint Paul dévotion » mêlant les réminiscences Contre-Réforme, a été traité à C’est la seule grande composition cadre paisible à cette scène animée.
Huile sur toile, 51 x 41 cm flamandes et son goût « classique » différentes reprises par Jacques de mythologique de cet artiste retrouvée Utilisant une touche lisse, Lubin
Vers 1650 typiquement français qui se manifeste Létin et plusieurs versions en sont à ce jour. Or, son format d’origine Baugin joue sur la subtilité des
Don Amis des musées d’Art dans la sobriété du cadrage serré sur connues : dans un format en hauteur a été réduit, légèrement à gauche, arabesques, les formes rondes et
et d’Histoire avec participation fond sombre et la recherche du coloris. plus ramassé, pour les deux tableaux mais largement à droite où les deux légères, et s’attache à la simplicité
du Fonds Régional d’Acquisition Ce Saint Paul, réapparu sur le marché des églises Saint-Martin-ès-Vignes et lions sont coupés. De ce fait, la part des volumes qu’il souligne d’un
des Musées de France de l’art en 1986, était connu par une Saint-Rémy de Troyes et, comme ici de paysage avec ses montagnes coloris clair dans une composition
(Région-Champagne), 1986 gravure de son élève Jean Morin, et en largeur, pour le tableau acquis en bleues et son ciel rempli de nuées qui renoue largement avec l’art
Inv. 86.8 avait pour pendant un Saint Pierre. 1991 par le musée de Reims. devait équilibrer encore davantage élégant de Fontainebleau.
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Le parcours des collections
en quelques chefs-d’œuvre
Le Portrait : Rubens, Van Dyck, Champaigne que l’année précédant sa réalisation, FRANÇOIS GIRARDON L’art religieux, peinture
Damien Lhomme est reconnu comme Troyes, 1628 – Paris, 1715 et sculpture :
Le portrait reste l’une des expressions les plus vives de la période mathématicien. Les différents
du 17e siècle, construit d’après les règles classiques du décor, Buste de Louis XIV (1638-1715) Mignard, Le Brun, Girardon
éléments du tableau soulignent la
de l’harmonie et de la sobriété, que l’on retrouve au sein des galeries. brièveté de la vie et la fatalité de Marbre, 96 × 80 × 37 cm La peinture d’histoire qui
la mort. L’auteur, un peintre actif à Vers 1685-1690 culmine à Versailles devient un
Troyes, est sans doute spécialiste de Commande d'Édouard Colbert instrument à la gloire du roi et
L’Homme au luth, puisque tel est ce thème de la vanité et montre une pour son château de Villacerf (Aube) des grands du royaume.
désormais son titre, impose sa forte belle érudition dans la conception Confiscation révolutionnaire Elle fait naître de fortes rivalités
13 de cette toile austère, chargée d’une
présence sur un arrière-plan sombre. Au musée en 1834 - Inv. 834.7 artistiques comme celle entre
Le portrait de ce gentilhomme DAMIEN LHOMME, grande force émotionnelle, et suit
Charles Le Brun et Pierre Mignard,
tenant son luth émerge d’un riche LE « MAÎTRE DE L’ALMANACH » ici, parfaitement, la démarche des Ce buste, considéré comme son
peintres du Nord qui, sous l’influence deux peintres attachés au roi.
costume de velours, relevé du blanc Actif à Troyes durant la première chef-d’œuvre dans le domaine du
lumineux des poignets et d’une moitié du 17e siècle de la Réforme, abordent la méditation
portrait, n’est pas le fruit d’une
fraise bordés d’une fine dentelle. de l’homme sur son propre destin.
Vanité commande officielle, mais le souhait
Aux tons rosés des carnations d’un propriétaire privé, Édouard
s’associe la blondeur de l’instrument Huile sur bois, 51 × 73 cm
Achat, 1972 - Inv. 72.5 17e siècle Colbert, marquis de Villacerf, cousin
qui barre la toile d’une magistrale
époque Louis XIV, du ministre Jean-Baptiste Colbert.
diagonale. Le modèle accuse sa
noblesse par le port d’une épée dont Le peintre fait montre de sobriété, un art de cour Entièrement dévoué à son roi, Colbert
le scintillement de la garde d’argent tant dans sa composition symétrique fait réaliser ce buste dans les années
équilibre cette sobre composition que dans sa palette réduite à des où il est inspecteur général des
triangulaire. Le traitement du
Le portrait : Bâtiments du roi, à partir de 1686,
gris et bruns, illuminés par le blanc
visage paré d’une barbe et d’une et quelques taches de rouge. Sur
Mignard, Girardon, Houasse avant d’accéder à la Surintendance
6 fine moustache, celui des mains un fond sombre, il met en relief un Les bustes de Louis XIV et Marie- en 1691, car le monarque y porte la
ornées de bagues, l’exécution des ensemble d’objets déposés sur une Thérèse, reine de France, par moustache qu’il rasera vers 1690.
PIERRE PAUL RUBENS, attr. à dentelles, révèlent une technique table parmi lesquels, au premier plan, François Girardon introduisent la Le visage est saisi sur le vif, lèvres
Siegen, 1577 – Anvers, 1640 raffinée et délicate. Ce costume à trois ouvrages. Le premier, à gauche, salle consacrée à l’art de cour dans serrées, le regard pénétrant et
la fraise rigide et l’éclairage intense avec sa reliure de cuir usagée, sert de
L'Homme au luth qui donnent sa force plastique au
la deuxième moitié du 17e siècle. attentif sous les sourcils proéminents
support à un crâne tandis qu’à droite, légèrement froncés. Le costume 15
Huile sur toile, 113 × 85 cm sujet sont typiques du retour d’Italie le deuxième dont la reliure est relevée
et permettent de situer l’œuvre au souligne la magnificence du PIERRE MIGNARD,
Don Mme Joseph Audiffred, 1892 d’un décor au fer, voisine avec un
début du 17e siècle. personnage. Sur les épaulières DIT LE ROMAIN
Inv. 892.5.1 sablier et porte un bougeoir en cuivre,
d’armure, le foulard noué et l’écharpe Troyes, 1612 – Paris, 1695
dont la bougie est quasi consumée. Au
à l’antique, se déploient les boucles
Depuis son entrée au musée comme centre est ouvert le troisième ouvrage. Autoportrait avec saint Luc
Un genre aux 17 et 18e Ses pages blanches tranchent avec la de la majestueuse perruque,
œuvre de Velásquez avec le titre peignant la Vierge
siècles : la nature morte tonalité sombre du tableau. travaillées avec une admirable
d’Hidalgo jouant de la guitare, ce
virtuosité. Cette image non officielle Huile sur toile, 123 × 102,5 cm, 1695
portrait suscite l’admiration. Après Derrière, au second plan, est fixé au
exprime la maîtrise de soi, la majesté Collection de Louis XIV
avoir été rétabli dans le contexte de la La Nature-morte : Lhomme, mur au moyen de deux pointes, un
royale et l’autorité incontestée de Dépôt du Louvre, 1951 - Inv. D.51.1
peinture nordique, des attributions à Recco, Baudesson, Picart vieil almanach en partie déchiré, sur
Cornelis de Vos et Franz Hals ont été lequel est imprimé : ALMANACH ce monarque « absolu » alors au
proposées. Suite à l’exposition Le 17e siècle voit l’émergence d’un POVR / L’AN DE GRACE, MIL SIX sommet de sa gloire. Girardon réalise Ce tableau qui s’accorde bien
« Le Siècle de Rubens » en 1978, le genre considéré comme mineur, CENS XXXXI [1641] / diligemment également, en collaboration avec avec l’esprit de dévotion de la fin
nom de Rubens est avancé en raison la nature morte. La grande galerie calculé par Me DAMIEN LHOMME Martin Desjardins, le buste de la reine du règne de Louis XIV est une
de parentés stylistiques avec plusieurs accueille grandes compositions et Troyen. Cette inscription, qui donne de France, Marie-Thérèse d’Autriche oeuvre complexe : il est tout à la
portraits autour de 1615 ou celui de petits tableaux dans un panorama un repère chronologique au tableau, (1638-1683), quelques années après fois une peinture religieuse et un
l’un des membres de son cercle. large de ce genre sur deux siècles. interroge sur la coïncidence qui fait 14 son décès en 1683. autoportrait, la représentation
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