Eléments de la météorologie aux Antilles - Jean-Noel DEGRACE, Responsable Météo-France Martinique

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Eléments de la météorologie aux Antilles - Jean-Noel DEGRACE, Responsable Météo-France Martinique
Eléments de la météorologie aux Antilles

Jean-Noel DEGRACE, Responsable Météo-France Martinique   Octobre 2016
Eléments de la météorologie aux Antilles - Jean-Noel DEGRACE, Responsable Météo-France Martinique
PLAN

1- Un peu de climatologie
2- Généralité sur les éléments qui pilotent la météo des Antilles
3- la Z.I.C et l’anticyclone des Açores
4- Les ondes tropicales
5- Les cyclones tropicaux
6- Les autres perturbations météorologiques
Eléments de la météorologie aux Antilles - Jean-Noel DEGRACE, Responsable Météo-France Martinique
Climat tropical maritime : Saison sèche / Saison des pluies

Le calendrier des saisons (en première approche …)
Saison sèche (« Carême ») : Mi-Janvier / Avril
Saison des pluies (« Hivernage ») : Juin / Novembre
       incluant la saison cyclonique
Intersaisons : Mai et Décembre-Mi-Janvier

Pour l’approche climatologique
Le paramètre important : la pluie
Les paramètres secondaires : le vent, la température,
l’ensoleillement/le rayonnement
Le paramètre à oublier …ou presque : la pression atmosphérique
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Climat tropical maritime : La pluie

Répartition spatiale

Pluviométrie moyenne annuelle
(en mm=l/m²)
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Climat tropical maritime : La pluie

Répartition temporelle
Eléments de la météorologie aux Antilles - Jean-Noel DEGRACE, Responsable Météo-France Martinique
Climat tropical maritime : Le vent

le régime des alizés … en partie lié à l’anticyclone des Açores
Eléments de la météorologie aux Antilles - Jean-Noel DEGRACE, Responsable Météo-France Martinique
Climat tropical maritime : Le vent

Saisonnalité et variation quotidienne liée à la marée
barométrique *

* Comme l'océan, l'atmosphère est soumise à l'attraction
des astres. La pression atmosphérique en un point oscille,
présentant deux maximums et deux minimums par jour.
C'est la marée barométrique. L'amplitude de cette variation
dépend de la latitude : négligeable aux pôles, elle peut
atteint plusieurs hectopascals sous les tropiques.
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Climat tropical maritime : Les températures

Saisonnalité boréale : les mois les plus chauds ne sont pas les plus beaux
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Climat tropical maritime : La température de surface de la mer

Saisonnalité boréale : les mois les plus chauds ne sont pas les plus beaux
Eléments de la météorologie aux Antilles - Jean-Noel DEGRACE, Responsable Météo-France Martinique
Climat tropical maritime : Les types de nuages prédominants

Nuages élevés

Nuages moyens

Nuages bas
Les grands centres d’actions et éléments prépondérants
En « Carême »

                        Houles de Nord

                                         Ondes équatoriales
Les grands centres d’actions et éléments prépondérants
En « Hivernage »

                              Ondes équatoriales
La saisonnalité des phénomènes météo aux Antilles
La saison cyclonique

                       Saison cyclonique
                       météorologique : début
                       juin / fin novembre
                       Saison cyclonique
                       « administrative » :
                       mi-juillet / mi-octobre
                       Pic d’activité sur les
                       Petites Antilles:
                       début août / début octobre
La Zone de Convergence Inter-Tropicale (ZIC / ZCIT)
ZIC = Equateur météorologique ou équateur solaire (points au zénith)

Rencontre des alizés de Nord-Est de l’hémisphère Nord et de Sud-Est de l’hémisphère Sud (l’air
chaud et humide des tropiques se dirige vers l’équateur où la force de Coriolis est faible et les
pressions plus basses)
 Circulation de Hadley
     ZIC : Zone de forts mouvements ascendants+ humidité = Nuages convectifs actifs (pluvio-
     orageux)
     Ré-équilibre de l’énergie vers la ceinture anticyclonique (Anticyclone des Açores/des Bermudes)
La Zone de Convergence Inter-Tropicale (ZIC / ZCIT)
ZIC = Equateur météorologique ou équateur solaire (points au zénith)

                                 Z.I.C.
La Zone de Convergence Inter-Tropicale (ZIC / ZCIT)
ZIC = Equateur météorologique

Oscillation annuelle de part et d’autre de l’équateur ( entre 10°N et 10°S ) , suivant de 2 à 3 mois le
mouvement apparent du soleil (points des zénith)
La perturbation « type » de notre région : l’onde tropicale
AEW : Africain Easterly Wave …dans la littérature anglo-saxonne

À ne pas confondre avec ondée tropicale (un grain), ni avec onde de tempête (montée du niveau de la mer)

     - Perturbation tropicale « classique » de l’Atlantique Nord, circulant de l’Afrique vers l’Amérique
     - Circulation régulière entre juin et novembre (plus d’une cinquantaine par an, séparée de 3 ou 4 jours)
     - Activité très variable et fluctuante : Toutes les ondes tropicales n’apportent pas beaucoup de pluies !!!
     - Tous les cyclones (presque) menaçant les Petites Antilles naissent à partir d’une onde tropicale
     mais toutes les ondes tropicales ne deviennent pas cyclones !!!
La perturbation « type » de notre région : l’onde tropicale
La perturbation « type » de notre région : l’onde tropicale

Structure
Le cyclone tropical : Vocabulaire et définitions

Dans le bassin « Atlantique Nord tropical / Caraïbe / Golfe du Mexique » ,
Cyclone = perturbation atmosphérique tropicale tourbillonnaire , présentant en surface une circulation
fermée des vents autour d ’un minimum de basse pression atmosphérique.
Le terme « cyclone » regroupe les dépressions tropicales , les tempêtes tropicales et les ouragans
qui se différencient uniquement par la force du vent maximal soutenu sur 1 minute près du centre
Le cyclone tropical : Vocabulaire et définitions

                Vents < 60 km/h                          Vents > 120 km/h

      Numéro                              Nom                                    Nom

Appellations « Atlantique Nord, Caraïbe, Golfe du Mexique

                                             Cat. 1       Cat. 2      Cat. 3     Cat. 4     Cat. 5
                                               120-150      150-180    180-210    210-250      + de 250
                                                km/h         km/h       km/h       km/h          km/h

                                                                            Ouragans majeurs
Le cyclone tropical : Conditions de formations

1- Une perturbation initiale (onde tropicale pour les cyclones menaçant les
Petites Antilles)

2- Une température d ’océan « assez » chaude ( >26/27° sur 50/60m)
3- Une atmosphère humide et instable, favorisant la convection
(développement des nuages à forte extension verticale = Cumulonimbus)

4- Une latitude supérieure à 6-8°N (force de Coriolis trop faible près de
l’équateur )

5- Faible cisaillement de vent entre les basses couches et les
niveaux plus élevés
6- Circulation d’altitude divergente (proximité de hautes pressions d’altitude )
Le cyclone tropical VS brume de sable
Elément contraire au point 3, apportant
des conditions défavorables aux
cyclogénèses :
 l’air sec saharien accompagné de
« brume de sable »
(S.A.L …Saharian Air Layer dans la
littérature anglo-saxone)

                                                Ex : Cyclone Chantal en
                                                2001, noyé dans la brume de
                                                sable accompagnant de l’air
                                                sec et subsident , contraire
                                                aux conditions favorables de
                                                développement ( plus c’est
                                                rouge, plus la brume de
                                                sable est dense)
Structure d’un ouragan
L’aléa « cyclone » : Structure d’un ouragan
L’aléa « cyclone » et les aléas imbriqués
                           Déplacement du cyclone

                                           Œil
                        Onde de tempête
                                               Mur de l œil

     Houle
     Cyclonique                                Vents violents

                                               Fortes pluies

                            Bandes spiralées
Convergence en périphérie des cyclones

Bandes de pluies intenses en périphérie lointaine d’un cyclone :

                                                         France-Antilles
Proximité de la ZIC et conséquences

  Lignes de grains (souvent accompagnés de fortes rafales)

Remontées de ZIC : le plus souvent, quand la ZIC est proche de l’arc antillais, en
2ème partie de saison des pluies (septembre – octobre)
Le phasage basses-couches / anomalies de tropopause

Les développements pluvio-orageux localisés très intenses et de courtes durées ( 1 à 3 heures en
général) ou plus durable en fonction de la durée du phasage (6 à 12 heures)

  190mm en 4 heures sur le station Grand-Rivière !
Le phasage basses-couches / anomalies de tropopause

Schéma conceptuel

                    Tp+                    Tp+
                          Tp+
                                Tp+

                                                   600hPa

                                Tr+Tr+
                                     Tr+
                                   Tr+
Les amas instables plus ou moins isolés

Role important de l’effet mer/terre et orographique

                             Flux général
Intrusions d’éléments des régions tempérées et/ou
        subtropicales
Pseudo-fronts froids entre décembre et mai, avec dynamique de haute altitude

Houle de Nord : générée par les vaste dépressions tempérées bien au Nord des Antilles (plusieurs milliers de km), elle
vient de très loin avec des périodes très longues ( 16s et plus donc avec beaucoup d’énergie);
Pour les Petites Antilles, elle est surtout dangereuse
- sur les îles les plus au Nord et directement exposées (Anguilla, St-Martin, St-Barth, BVI )
- quand elle passe coté « Caraïbe », des autres îles, là où le littoral est très vulnérable vu la configuration bathymétrique
et l’absence de protection naturelle
Le temps des questions
Supplément « cyclones »
La houle cyclonique

Vagues pas forcément très hautes mais beaucoup plus énergétiques que les vagues d’alizé
(mer du vent), car périodes plus longues
Peut être générée loin de nos îles… se propage ensuite indépendamment d’une
trajectoire du cyclone qui peut rester assez loin de la Martinique
Dépend de l’intensité du cyclone (ouragan surtout) et aussi de sa vitesse de déplacement
Très dangereuse à l’arrivée sur le littoral Caraïbe (mais pas forcément en pleine mer) car
          bathymétrie différente de l’Atlantique
          littoral non protégé : bien différencier la hauteur des vagues de la houle et la
         hauteur des déferlantes
La houle cyclonique...suite

                                                 5,6m/??m
          Houle                                               7m/??m
          d’Ouest                                10,5m/??m
                                     2,6m/3,5m
 Houle
 d’Est
                                                 9,1m/13,3m

                              DEAN 2007
La houle cyclonique...suite
OMAR (oct. 2008) est toujours resté à plus de 300km de la Guadeloupe et 450km de la Martinique. Des vagues
moyennes de l’ordre de 2 à 3 m (avant déferlement) ont causé beaucoup de dégâts sur la façade Caraïbe des Petites
Antilles …9 ans après la houle destructrice de Lenny en Nov. 1999

         Omar, oct 2008

                                                           Lenny, nov. 1999 (Hs : 2,5-3m , T : 18-20 sec)
Les vents cycloniques
Variation très rapide du vent ...
...en direction

…en vitesse

… par effets locaux :
venturi, effets de sommets, …

…en spatialisation verticale : Augmentation rapide avec les
premiers niveaux d’altitude

… en spatialisation horizontale : Maximum souvent au niveau du
mur de l’oeil . En théorie , vent supérieur dans les cadrans « Nord » , là ou la
vitesse de déplacement s’ajoute aux vents propres du cyclone (sauf cyclone
caribéen se déplaçant d’Ouest en Est !)
Les vents cycloniques...suite

Variation importante du vent ...     ...par effet locaux (relief, venturi, …)
Les vents cycloniques...suite

Variation importante du vent ...      ...par effet locaux (relief, venturi, …)
Exemple récent de l’ouragan GONZALO (Vents mesurés à St-Barth/Météo) les 13
et 14 octobre 2014
Les vents cycloniques...suite
Maximum souvent au niveau du mur de l’oeil
En théorie , vent supérieurs dans les cadrans « Nord » , là ou la vitesse
de déplacement s’ajoute aux vents propres du cyclone ( sauf cyclone caribéen
se déplaçant d’Ouest en Est !)
                                    En pratique, répartition beaucoup plus
                                   complexe
                                   Vents de force tempête parfois à
                            plus de 250km du centre

                                      1kt = 1 noeud = 1,8 km/h
Les vents cycloniques...suite
Profil vertical du vent : brusque augmentation fréquente dans les premières
centaines de mètres d’altitude, surtout près du mur de l’oeil

                                              Crédit : NOAA/NHC
Crédit : NOAA/NHC
Les fortes précipitations cycloniques

Différents paramètres et différents seuils ...
1- fortes intensités :       80-100mm par heure ,
                             « pics » en 6 minutes dépassant 15mm
2- cumuls importants :       plus de 200 mm en 12h,
                             de 300mm en 24-48h
( 1mm = 1 litre d’eau par m² )

pour différentes conséquences ...
1- Crues « éclair » : réponse des rivières en général de type « torrent »  très rapide , entre 30 et 60 min.
             exception : Bassin de la Lézarde/plaine du Lamentin , réponse de plusieurs heures
2- Inondations non fluviales (points bas des routes ou secteurs, intensités trop fortes pour les écoulements
et évacuations mis en place , ...)
3- Glissements de terrains
4- Coulées de boues
...

en fonction des différentes topographies, urbanisations, types de terrains… et du passé
récent .
Les fortes précipitations cycloniques...suite
          Les plus intenses sont souvent dans le mur de l’oeil mais heureusement passent assez vite
         Les cumuls les plus importants sont aussi dus aux bandes périphériques parfois à plus de
         100km du centre qui balayent pendant plus longtemps la même région
         Les quantités sont difficiles à mesurer du fait du vent violent …les mesures peuvent sous-
         estimer d’au moins 30 à 50% la réalité

Images du
radar de
précipitations
de Martinique
(plus c’est orange-
rouge , plus c’est
intense )
Les fortes précipitations cycloniques...suite

Hur. TOMAS, 3hours rain accumulation from the radar of Martinique
   10-15mm     15-20mm    20-30mm     30-50mm    50-70mm   70-100mm
Les fortes précipitations cycloniques...suite
Quelques valeurs record en Martinique ...
( 1mm = 1 litre d’eau au m² )
L’onde de tempête (surcote)
- N’existe que par rapport à la côte et est très dépendant
de la configuration du littoral (vulnérabilité très variable)
- Dû à la variation rapide et forte de la pression atmosphérique mais surtout à
l’accumulation d’eau poussée par les vents violents sur une durée importante

                                                                         Onde de tempête + Marée astronomique
                                                                                 = Marée de tempête

Vulnérabilité   Tempête    Our. Cl 1   Our. Cl 2   Our. Cl 3   Our. Cl 4      Our. Cl 5   (Etudes datant de plus de 15 ans, en
\Cyclone                                                                                  cours de révision avec meilleures
Faible          5 à 20     15 à 40     25 à 60     35 à 80     45 à 90        50 à 100    connaissances et méthodologies )
Modéré          15 à 40    30 à 60     50 à 100    70 à 150    90 à 170       100 à 200
Fort            25 à 60    50 à 110    80 à 170    120 à 250   170 à 270      200 à 300
Très Fort       50 à 100   90 à 130    150 à 250   200 à 350   270 à 400      Sup à 300
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