II Histoire de la natation sportive

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II) Histoire de la natation sportive

Il s'agit d'étudier l'histoire de la natation en tant que pratique sportive dont la naissance en France se situe à la
fin du 19ème siècle.
Nous verrons que cette naissance ne résulte pas d'une transformation de pratiques existantes mais de
l'implantation d'un modèle étranger: le modèle britannique.

Nous étudierons les différentes formes de pratique de la natation en France au 19ème siècle puis la naissance
de la natation sportive en Angleterre et son implantation en France.

       a) Les formes de pratique de la natation en France au 19ème siècle.
On peut distinguer deux grandes formes de pratique de la natation:
              - une natation de loisir.
              - une natation utilitaire.

               1) La natation de loisir
Elle se pratique dans un but de divertissement, de distraction ou dans un souci d'hygiène. Elle consiste à se
baigner (simple immersion) et/ou à nager (déplacement) sans que la technique ait un rôle prépondérant.
On peut distinguer :
- les bains privés ou populaires : lieux permettant la pratique des ablutions (se laver), espaces de rencontres et
de regroupement affinitaire.
- la natation hygiénique: à la mer et dans les lieux de villégiature. Les finalités sont hygiéniques (aspect tonique
et dynamisant) et thérapeutiques (prescription médicale -hydrothérapie)
- la natation traditionnelle : existence de fêtes et de jeux traditionnels nautiques en bord de mer ou sur les plans
d'eau intérieurs.

               2) La natation utilitaire
Celle-ci se caractérise par son aspect humanitaire, disciplinaire, de formation morale et corporelle.
Ces pratiques sont régies par une institution, l'apprentissage des techniques de déplacement est prioritaire.
La brasse est le modèle technique de référence elle assure la sustentation du nageur tête en dehors de l’eau et
permet un apprentissage à sec.
On peut distinguer:
- le sauvetage : porter secours, assurer la surveillance et la sécurité des nageurs.
- la natation militaire: elle intervient dans la formation du soldat, elle a une fonction stratégique mais aussi
disciplinaire et fortifiante.
- la natation gymnique : elle se pratique dans les sociétés civiles de gymnastique.
- la natation scolaire : il y a intégration de la natation dans les programmes de gymnastique à partir de 1881
avec comme référence le modèle militaire.
Plusieurs formes de pratiques existent sans que n'apparaisse une organisation que l'on pourrait rattacher au
sport. Cette sportivisation résultera de l'implantation du modèle britannique.
b) Naissance de la natation sportive en Angleterre et implantation en France.

               1) En Angleterre
Dès 1837 se constitue la N.S.S (National Swimming Society) c'est une corporation de mariniers professionnels
(officiers de marine et bateliers).Ces professionnels partageront leur activité :
        - en enseignant la natation (maître de nage) ;
        - en participant à des compétitions et des exhibitions qui donnent lieu à des spectacles et à des paris
        (nageurs professionnels).
La N.S.S. est la première organisation structurée et marque l'avènement de la pratique sportive de la natation
(compétitions, spectacles, records, paris, professionnalisme).

Cette pratique compétitive aura deux conséquences:
- normalisation et banalisation des espaces de pratique et des épreuves: piscines et records.
- recherche de techniques pour améliorer les performances: création de nouvelles nages de course
(Trudgeon-Over arm stroke).

Ainsi peut-on observer les grandes étapes de l’évolution des nages sportives :
Pour le crawl : vers 1850 l’over arm stroke(nage indienne) avec un retour du bras en l’air, puis en 1873
TRUGEON propose une position ventrale avec un retour alternatif des bras accompagné d’un coup de pied en
brasse, enfin en 1893 l’australien CAVILL introduit le battement de jambes: le crawl moderne est né.
Le dos crawlé quant à lui apparaît aux J.O. de 1912 et supplante le dos brassé nagé jusqu’alors.
La brasse traditionnelle évoluera en brasse papillon dans les années 1920 puis se distinguera du papillon
dauphin en 1953.

Par rapport à cette institution professionnelle et en réaction à ce courant est créée en 1890 A.S.A.
(Amateur Swimming Association) qui servira de référence en France.

               2) Implantation en France
Institutionnalisation et création de structures organisatrices de la natation en France :
        -U.S.F.S.A. (Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques) créée en 1889 intègre une
commission de natation (reconnaissance de son aspect sportif) ;
        -En 1896 des épreuves de natation en mer sont au programme des 1ers jeux olympiques de l'ère
moderne ;
        -En 1899 les premiers championnats de France sont organisés ;
        -Entre 1900 et 1914 la natation devient un spectacle populaire. Des courses sont organisées par les
journaux de l'époque (traversée de ville) et voient la participation de nageurs étrangers qui brillent par
l'efficacité de leur technique. La natation devient un spectacle populaire ;
        -1920: création de la F.F.N.S. (Fédération Française de Natation et de Sauvetage) ;
        -1938: scission entre la F.F.N. (natation, plongeon, water-polo) et la F.N.S. (sauvetage, secours public).

               3) Evolution et pratique actuelle
         -Entre les deux guerres la progression de la pratique sportive sera freinée par des préoccupations
sanitaires et hygiéniques ainsi que ludiques, dans les sociétés de natation on dénombre seulement un
compétiteur sur dix adhérents (conservation du modèle de convivialité : sociabilité plus ludique que sportive).
Il faut attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour voir apparaître une version plus sportive de la pratique
de la natation. Les techniques se transforment, les règlements se précisent, les équipements se modernisent.
A l'école la natation devient une discipline de base et enseignée selon le modèle fédéral. Dans les clubs des
méthodes d'entraînement inspirées de l'athlétisme se mettent en place. Une natation en puissance, une nage en
force est privilégiée.
- A partir de 1960 on peut parler d'hégémonie du modèle sportif le rapport licenciés/membres dans une
association affiliée à la FFN est de plus en plus grand 1/5.Ce nombre de licenciés est multiplié par 3 en 30 ans
(31 000 en 1959-100 000 en 1990).On assiste en particulier à une stratégie de conquête d'un public jeune avec
constitution d'un véritable vivier de nageurs (création d'écoles de natation, de tests fédéraux balisant la
progression technique du jeune nageur: canard, têtard, triton, dauphin également utilisés en milieu scolaire,
d'une démarche d'apprentissage novatrice en référence aux travaux de CATTEAU et GAROFF).
Cette politique fédérale s'accompagne d'efforts de la part de l'état pour la création de nouvelles installations
nautiques (mise en place de programmes quinquennaux ou lois HERZOG (1961-65,1966-71)).
Dans les années 70 l’opération 1OOO piscines donne la possibilité aux petites communes de s'équiper de petites
piscines : tournesol, iris, caneton.
Au niveau technique on assiste grâce aux travaux scientifiques sur l'hydrodynamisme à un changement de
représentation. D'un sport de force, de lutte contre l'élément naturel, la natation devient un sport de glisse. Il y a
recul de la force musculaire et recherche de la diminution des résistances (travaux de COUNSILMAN des
années 1970).
En ce qui concerne l'entraînement les découvertes sur la consommation d'oxygène pendant l'effort puis sur la
lactatémie seront appliquées à la natation.

                 -Après 1980 cette conception sportive de la natation va s'effriter. De nouvelles pratiques de loisir
aquatique voient le jour et sont en rupture avec le modèle sportif traditionnel. La fréquentation des piscines
évolue: 14% de nageurs fédéraux contre 86% de nageurs à la recherche d'autres sensations que l'entraînement
(enquête INSEP 1985).
De nouvelles structures associatives se créent (club loisir, gymnastique aquatique, etc...).
On assiste à une ouverture sur l'ensemble des pratiques aquatiques de loisir. Cette orientation questionne les
contenus d'enseignement de la natation (l'enseignement strictement sportif peut être remis en cause) et
l'utilisation des espaces aquatiques normalisés (succès fulgurant des nouvelles structures : piscines à vague, parc
aquatique). Ainsi, aujourd’hui, on peut distinguer quatre modalités distinctes de la pratique de la natation, qui
redéfinissent l'activité aquatique et le savoir nager :
                 .Une natation de compétition individuelle et collective : natation de course, triathlon, water-polo,
hockey subaquatique, natation synchronisée, plongeon ;
                 .Une natation d'adaptation au milieu aquatique : apprentissage technique, bébés nageurs,
parcours aquatique sur et sous l'eau (apnée libre, plongée, épreuve de sauvetage aquatique) , nage en eaux vives,
sports de glisse en mer ;
                 .Une natation d'entretien corporel et d'hygiène : aqua-jogging, natation de la forme, gymnastique
aquatique, rééducation, relaxation aquatique ;
                 .Une natation ludique et de détente : rencontres entre amis à la piscine, plaisirs de la baignade,
jeux.

En 2001 une enquête du ministère de la Jeunesse et des Sports sur les pratiques sportives des Français montre
qu’à travers ces différentes modalités de pratique de la natation ou de la baignade, 14,5 millions de pratiquants
s’adonnent aux activités aquatiques. Ce qui fait de la natation le 2ème sport le plus pratiqué après la marche.
A travers ces différentes formes de pratiques ne retrouve t’on pas en partie la multiplicité des pratiques de la fin
du 19ème siècle : natation hygiénique et ludique, natation utilitaire et gymnique, natation sportive?
III) Approche scientifique de la natation
Il s’agit de mettre en relation la théorie et la pratique par une argumentation scientifique.

       a) les bases biomécaniques
C'est l'étude des forces du milieu qui agissent sur le corps du nageur et celles du nageur qui agissent sur le
milieu. La construction d’une motricité aquatique requiert des adaptations, des transformations indispensables
pour obtenir un déplacement aquatique efficace. Ces transformations sont en partie dépendantes de contraintes
physiques exercées par le milieu, il s’agit donc d’aborder quelques grands principes physiques pour comprendre
le fonctionnement du nageur dans l’eau.
Seront traitées les notions d'équilibre, de résistances, de propulsion.

        Pourquoi flotte t’on?
        La réponse est dans l'étude du principe de flottabilité et dans celui de portance.

- la flottabilité : c'est l'équilibre statique du nageur dans l'eau ou encore hydrostatique. Cet équilibre se réalise
selon une position proche de la verticale, le corps étant soumis alors à une double action, à deux forces:
- le poids (P) : il est proportionnel à la masse du sujet. C'est une force verticale de haut en bas s'appliquant au
centre de gravité (Cg) qui se situe autour de la 5eme vertèbre lombaire. Elle est constante quelque soit le niveau
d'immersion du corps. P = m x g où m est la masse (en Kg) et g l'intensité de la pesanteur (exprimée en N/kg)
- la poussée d'Archimède (P.A.) : elle est égale au poids du volume d'eau déplacé par le corps immergé, elle
s'exerce de bas en haut et s'applique au centre de poussée (Cp) localisé au centre du volume d'eau déplacé
(à proximité des plus grands volumes corporels immergés : le thorax). Cette poussée dépend du volume
immergé, pour mieux flotter il faut s’immerger le plus complètement possible.

(g) fait couler et (PA) fait flotter. Le rapport g/PA exprime la flottabilité du nageur, en général la flottabilité est
positive car PA>g.

Un nageur flottera d'autant mieux que sa densité c'est à dire le rapport poids/volume sera faible : la morphologie
du nageur a des conséquences sur sa flottabilité.
La flottabilité naturelle de chaque nageur est personnelle et différente, elle dépend de la masse grasse, de la
masse osseuse et de la masse musculaire. Ainsi elle dépend du sexe, de l’âge et de l’ethnie du nageur.
Un test de flottabilité peut être facilement réalisé : après une inspiration forcée le nageur se tient immobile dans
l'eau en position verticale mains aux cuisses. L'évaluation de la flottabilité porte sur l'importance de la partie de
la tête dégagée hors de l'eau : mauvaise flottabilité ligne d'eau à hauteur du front, moyenne à hauteur des yeux,
bonne à hauteur du menton.
D'une position horizontale encore appelée équilibre de nage. Sans déplacement le corps étant soumis a une
double action (couple de rotation ou de redressement) le maintien d'une position allongée horizontalement est
difficile. Les points d'application des deux forces n'étant pas alignés sur une verticale, un couple de
redressement va s'exercer, le corps va basculer à la verticale jusqu'à ce que ces deux centres soient situés sur
une même verticale. On mesure ce temps de redressement : la flottabilité horizontale est mauvaise pour un
temps de 3s, moyenne pour 8s, bonne pour 20s.

Conséquences techniques :
Le fait de dégager la tête de l'eau en position allongée diminue l'intensité de PA et accentue le couple de
redressement. Paradoxe pour un débutant qui doit s’immerger le plus possible pour mieux flotter.
Il faut adopter une posture de référence pour retarder le couple de redressement : bras allongés, tête fléchie,
tronc et jambes alignés à l’horizontale, on parle de tonicité axiale horizontale.
Cet équilibre de nage constitue un référentiel technique de base que l’on cherchera à conserver dans les parties
nagées et non nagées.
En déplacement cet équilibre horizontal est maintenu. On parle alors d'équilibre dynamique (planning ou de
déjaugeage). Cet équilibre se réalise avec un nageur tracté par une perche, un partenaire ou ayant effectué une
poussée au mur. On constate que le nageur d'abord debout s'allonge.
Ce phénomène résulte de la combinaison de deux forces : la traînée et la portance.

La traînée est la résistance qu'exerce l'eau sur le déplacement du nageur : elle est de même direction mais de
sens opposé par rapport à ce déplacement.
La portance se crée par la différence de vitesse de l'écoulement de l'eau en avant et en arrière du nageur : il y a
accumulation à l'avant du nageur et dépression à l'arrière. Cette différence de vitesse d'écoulement de l'eau crée
une différence de pression (loi de Bernoulli). Cette inégalité de pression créer une force dirigée vers le haut et
perpendiculairement à la traînée appelée force de sustentation hydrodynamique ou force de portance.
La résultante de ces deux forces s'exerce perpendiculairement à la surface du corps et à tendance à mettre le
nageur à plat à condition que sa vitesse de déplacement soit suffisante.

       Quel est l'obstacle au déplacement rapide dans l'eau?

Le rendement en natation est inférieur à toutes les autres formes de déplacements terrestres. Plus je veux me
déplacer vite, plus l'écart entre le déplacement terrestre et le déplacement aquatique se creuse.
L'eau représente une résistance à l'avancement du nageur bien plus grande que l'air car sa densité est environ
800 fois supérieure à celle de l'air. D'autre part cette résistance s'amplifie avec la vitesse du déplacement.
Les données sur la mécanique des fluides (hydrodynamique) nous renseignent sur la nature des résistances
s'exerçant sur un corps en déplacement.

Trois types de résistances vont agir simultanément:

* La résistance de vague (c'est la houle provoquée à l'avant du nageur qui va en sens inverse du nageur et qui le
freine). Sous l’eau cette formation de vagues disparaît et les résistances à l’avancement sont moindres ;

* La résistance de frottement de l'eau sur la peau du nageur. Ce qui explique le rasage ou le port d’une
combinaison. Cette résistance est due à la viscosité de l’eau qui créer autour du nageur une « couche limite » ;

* La résistance de forme qui résulte de l'écoulement de l'eau autour du nageur créant à l’avant et à l'arrière de
celui-ci des zones perturbées .On parle de résistances frontales et de résistances tourbillonnaires. Celles-ci
dépendent de la forme du nageur, elles peuvent être atténuées par un meilleur profil hydrodynamique.

L'ensemble des résistances existantes s'exprime par la formule : R=K.S.V².

Où R : Ensemble des résistances. K : Coefficient de forme du corps qui se déplace (une forme effilée produira
une résistance plus faible avec moins de turbulences). On peut parler de profil hydrodynamique.
S : surface du maître-couple c'est à dire la surface du corps projetée sur un plan perpendiculaire à l'axe de
déplacement (ombre portée sur un plan vertical). Pour un même maître-couple le coefficient de forme peut être
différent Ceci met en évidence la nécessité de l'acquisition d'un profil hydrodynamique.
V : vitesse de déplacement (la résistance augmente au carré de la vitesse).

Conséquences techniques de cette étude :
La position allongée du corps semble être la plus profilée pour faciliter l'écoulement de l'eau. Pour le débutant
dont la position est proche de la verticale, il faut réduire prioritairement le maître-couple en recherchant
l’horizontalité, pour le débrouillé il faut améliorer le coefficient de forme en se profilant mieux.
Il faut chercher à se déplacer dans une colonne d'eau la plus étroite possible avec l’axe du corps qui se confond
avec l’axe de déplacement, acquérir une position dite de référence : corps allongé, bras tendu devant et tête
esquivée entre les bras. C'est le concept de corps projectile.
Toutefois il sera nécessaire de trouver un compromis entre rester horizontal et appliquer des forces de
propulsion (nages simultanées brasse et papillon)
Comment se déplacer efficacement en natation?

En trouvant des appuis et en y appliquant des forces. Définition des appuis : ce sont les surfaces sur lesquelles
les membres supérieurs et inférieurs s'appuient pour faire basculer le corps par dessus et vers l'avant. Ces appuis
aquatiques représentent des résistances, des pressions qu'il s'agit de rechercher en déplaçant les différents
segments. Se propulser avec les mains ou les pieds revient à créer des points d'appui. Ce sont les épaules du
nageur qui se déplacent et avancent par rapport à l'appui de la main et non les mains qui se déplacent par rapport
aux épaules. La main du nageur est considérée comme un point fixe sur lequel il se tracte puis se pousse pour se
déplacer.
Les forces propulsives trouvent leur origine en réaction aux mouvements réalisés : application de la loi de
Newton ou loi d'action réaction (pour toute action, il y a réaction de même intensité, de même direction et de
sens opposé). Tirer puis pousser vers l'arrière pour avancer. Le nageur exerce une certaine force dirigée vers
l'arrière sur un appui afin d'obtenir une réaction vers l'avant.

Conséquences techniques:
Orienter les surfaces propulsives vers l'arrière et perpendiculairement au sens de déplacement
(c'est la prise d'appui), avoir des trajets moteurs parallèles au sens de déplacement (on parle de traction et de
poussée). C'est le concept de corps propulseur.
L'observation des nageurs de haut niveau complète cette analyse en nous montrant que ceux-ci se propulsent
avec des mouvements en diagonale (on parle alors de balayages). Les nageurs utilisent leurs mains comme des
pales d'hélice à l'intérieur de chaque cycle de propulsion des bras. On constate une forme hélicoïdale du trajet de
la main.
Ceci présente deux avantages:
                 - le changement de direction de la main la maintient en eau morte : il y a recherche de nouvelles
couches d'eau au repos pour que l'appui soit plus efficace pour une réaction plus importante. Le principe étant
de déplacer une grande masse d’eau sur une petite distance plutôt qu’une petite masse d’eau sur une grande
distance.
                 - une augmentation du trajet aquatique de la phase propulsive de chaque mouvement.

On assiste donc à une évolution technique en passant d'une natation en force à une natation privilégiant la
glisse.

A ce stade il est possible de parler de la problématique nager
L'interdépendance de la résistance et de la propulsion permet d'appréhender cette problématique.
La résistance est la somme des forces qui s'exercent sur le nageur s'opposant à son déplacement, la propulsion
est la force de sens opposé égale ou supérieure à la résistance, elle résulte de l'action coordonnée des surfaces
propulsives s'exerçant sur l'eau.
Ceci met en évidence deux ensembles de facteurs sur lesquels il est possible d'intervenir pour améliorer la
performance: - les caractéristiques hydrodynamiques du nageur ;
                - l'efficacité de la propulsion.

Apprendre à nager c'est diminuer les résistances et augmenter la propulsion par l'acquisition
                          de techniques conformes au règlement

 Dans la formation du nageur débutant c'est la diminution des résistances (corps projectile)
  qui sera privilégiée avant la recherche de l'efficacité de la propulsion (corps projecteur).
Comment apprécier l'efficacité de la propulsion?

Elle s'apprécie bien entendu par la performance chronométrique sur une distance donnée mais pour apprécier
plus finement l'efficacité technique du nageur le comptage des mouvements de bras réalisés sur le parcours met
en évidence des données supplémentaires.
La vitesse se calcule en divisant la distance parcourue par le temps effectué:100 m en1'40=1m/s.
Dans les activités cycliques comme la natation, la course à pied, le vélo elle peut se calculer en utilisant deux
autres paramètres:
- L'amplitude : c'est la distance parcourue par cycle de bras (2 coups de bras en nage alternative, 1 coup de bras
en nage simultanée). Elle s’exprime en m/cycle.
- La fréquence : c'est le nombre de cycle de bras par unité de temps. Elle s’exprime en cycle/s, par commodité
on peut aussi l’exprime par minute.
Le calcul de la vitesse résulte du produit de ces 2 termes.
V = A x F m/s m/cycle cycle/s. Exemple un compétiteur fait un 100m en 49'' avec 42 cycles de bras.
A=100/42=2,38 m/cycle F=42/49=0,86 cycle/s ou 51 cycles/min V=2,38x51/60=2m/s

L'évolution historique des performances en natation montre que les progrès se traduisent par une augmentation
de l'amplitude et une diminution de la fréquence (idem pour le débutant lors de son apprentissage technique).
La différence de vitesse entre homme et femme s'explique par une amplitude plus faible chez elle la fréquence
étant la même.

Conséquences techniques :
Pour améliorer sa performance, il faut apprendre à nager vite en faisant peu de mouvements.

       b) Les données physiologiques

                       La natation et les filières énergétiques.

La performance en natation dépend pour une large part de la capacité des muscles à générer l'énergie
nécessaire à la propulsion du corps dans l'eau. Au niveau de la fibre musculaire, c'est la dégradation de
l'A.T.P. (Adénosine Tri Phosphate) qui fournit l'énergie à la contraction musculaire.
La dégradation de l’ATP donne de l’énergie, une contraction musculaire et finalement une action motrice.
En fonction de l'intensité et de la durée de l'effort cette dégradation se fera sans ou avec présence d'oxygène.
La dégradation de l'ATP produit un déchet : l'acide lactique qui empêche la poursuite de l'effort.
En présence d'O2 il n'y a pas de formation d'acide lactique et l'effort est théoriquement illimité.
L'entraînement permet d'augmenter la consommation maximale d'O2 du muscle (VO2 max) et d'augmenter la
durée pendant laquelle le nageur sera en VO2 max (endurance ou capacité aérobie). La VO2 max étant une
donnée théorique, on utilise plutôt sur le terrain, la VMA qui est l’expression de la vitesse atteinte à VO2 max.

                       Coût énergétique de la natation

-La quantité d'énergie dispensée varie en fonction de l'intensité et du style de nage: le crawl est la nage la plus
économique.
-La capacité à réaliser un exercice avec habileté (aisance technique) entraîne une diminution de la demande
d'énergie: pour une vitesse donnée le débutant consomme 50% de plus d'énergie que le nageur confirmé sur un
même parcours.
-La performance en natation est davantage limitée par l'habileté technique que par les capacités
physiologiques: c'est l'efficacité de la propulsion qu'il faut améliorer avant de solliciter les ressources
énergétiques du nageur.
-L' efficacité de la production d'énergie aérobie n'atteint sa pleine efficacité que lorsque les adaptations
circulatoires et ventilatoires permettent de véhiculer l'O² aux muscles: lors d'une épreuve de durée (400m) on
ressent une gêne en début d'exercice pendant 2 à 3' avant que le processus aérobie se mette en route.
c) Les problèmes fondamentaux

 L’adaptation du pratiquant au milieu aquatique nécessite la résolution de 4 problèmes fondamentaux.

1er problème : S’adapter à des positions inhabituelles du corps.
En natation il y a remise en cause fondamentale de l’équilibre du terrien, il s’agit de se réorganiser pour placer
son corps dans des conditions d’équilibrations inhabituelles, de construire les positions du corps favorables aux
déplacements recherchés dans l’eau.
Le nageur doit passer d’un équilibre en position verticale à un équilibre dans un plan horizontal.

2ème problème : Adapter son mode de propulsion.
Alors que le déplacement du terrien se fait uniquement avec les membres inférieurs l’équilibre étant assuré par
les membres supérieurs, le nageur se propulse essentiellement avec les bras les jambes ayant surtout un rôle
équilibrateur (sauf en brasse).
D’autre part les appuis solides et fermes du terrien deviennent instables et fuyants pour le nageur.

3ème problème : Construire de nouvelles modalités de respiration.
Alors que la respiration du terrien est aérienne, spontanée et nasale, celle du nageur se fera de façon contrôlée
par la bouche avec une expiration forcée (vaincre la pression de l’eau sur les orifices respiratoires).
D’autre part cette respiration aquatique doit intégrer sans les gêner les actions propulsives.

4ème problème : Construire de nouvelles modalités d’information sur soi et sur l’extérieur.
La vision est perturbée par l’eau, la position horizontale modifie les perceptions proprioceptives, la pression de
l’eau modifie les sensations kinesthésiques.

    Apprendre à nager, c’est, confronté à ces problèmes d’adaptation au milieu aquatique,
          acquérir des compétences en respectant des principes et des règles d’efficacité.

       d) Les principes d’efficacité

Ce sont les grandes lois à respecter, elles guident l’action et permettent d’apprendre à nager.
C’est un savoir fondamental à acquérir nécessairement pour que l’action motrice soit efficace.
Ces principes renvoient à des explications scientifiques : biomécaniques, bioénergétiques, bio-informationnels.
Ils découlent des 4 problèmes fondamentaux.

1er principe : Se rééquilibrer en permanence afin de faire correspondre le grand axe du corps avec l’axe de
déplacement.
Il faut se mettre à plat pour réduire les résistances de l’eau à l’avancement. Le nageur doit régler ce problème
postural par le basculement du corps pour superposer l’axe du corps avec celui du déplacement.
Ce principe trouve son explication dans des connaissances théoriques relatives aux notions d’équilibre et de
résistances : équilibre statique, équilibre dynamique, résistances hydrodynamiques.
Equilibre statique du nageur ou flottabilité Le corps immergé est soumis à 2 forces le poids du nageur et la
poussée d’Archimède. Il s’exerce alors un couple de redressement, l’immersion de la tête et l’allongement des
bras vers l’avant retardant ce redressement. C’est à partir de cette posture de référence que vont s’organiser
les actions propulsives du nageur.
Equilibre dynamique du nageur ou effet de portance Le principe de Bernoulli s’applique au déplacement du
corps dans l’eau. Se créer un effet de planning ou de déjaugeage résultant de la vitesse de déplacement. Il y a
création d’une force de sustentation hydrodynamique appelée force de portance.
Les résistances hydrodynamiques Ces résistances négatives encore appelées traînées s’opposent à l’avancement
du nageur.
Elles sont de 3 types : traînée de forme ou résistance tourbillonnaire (passage d’un flux laminaire à un flux
turbulent), résistance frontale (houle provoquée par le nageur), résistance de frottement (écoulement de l’eau
sur la peau). L’ensemble de ces résistances s’exprime par la formule R=KSV².
2ème principe : Se propulser en créant des poussées solides sur les murs (départ et virages) et des points
d’appui dans l’eau avec les membres.
Les membres supérieurs et inférieurs (les surfaces propulsives) trouvent des appuis pour faire basculer le corps
par dessus et vers l’avant.
Ces appuis représentent des pressions, des résistances positives qu’il s’agit de trouver et de conserver en
déplaçant les différents segments corporels. Se propulser avec les mains et les avant-bras, les pieds et les jambes
revient à créer des points d’appui fixes et solides pour déplacer le corps du nageur (c’est l’épaule du nageur qui
avance par rapport à l’appui de la main et non la main qui se déplace par rapport à cette épaule).
Le nageur doit régler un problème moteur où les bras deviennent les segments essentiels de la locomotion: le
corps étant tracté avec des actions motrices en avant du centre de gravité et non propulsé par des actions
motrices sous ou en arrière du centre de gravité.

3ème principe : Intégrer un mode de respiration qui permette d’enchaîner les actions motrices de différentes
façons et sur des distances variables.
Il y a transformation du mode respiratoire avec une alternance d’expirations longues et d’inspirations brèves. La
maîtrise de ces échanges respiratoires permet la poursuite de l’effort, de nager plus vite sur des distances plus
longues. L’expiration longue et complète déclenche une inspiration réflexe (réflexe de HERING et BREUER).
En ce qui concerne les immersions profondes, la pression augmentant d’1 bar tous les 10 m, il convient de
maîtriser la manœuvre de VASALVA (rétablir les pressions au niveau des tympans par une décompression).

4ème principe : Prendre des informations par rapport à l’environnement et par rapport à soi pour se repérer,
se diriger et contrôler ses actions.
Le milieu aquatique nécessite la réorganisation de différents registres d’informations extéroceptives
(vue et toucher) et proprioceptives (sensations kinesthésique et vestibulaire).
Les informations tactiles permettent de construire l’alignement du corps et les trajets propulsifs des membres.
La sensibilité de la peau permet d’apprécier la vitesse de déplacement et la glisse.
Les informations kinesthésiques renseignent sur la localisation des différentes parties du corps et sur leur
déplacement.
Le système vestibulaire renseigne sur la position de la tête et sur ses déplacements. Chez le débutant une
sensation de vertige, de déséquilibre entraîne un phénomène d’hypertonie avec un redressement brutal de la
nuque et rupture de l’allongement.
IV) Champ technologique: le règlement et les techniques.

       a) Le règlement

               1) La nage libre
Selon la FINA le règlement du crawl n'existe pas on parle de nage libre.
- Epreuve de nage libre : le nageur peut nager n'importe quel style de nage sauf dans les épreuves de 4 nages ou
nage libre signifie tout autre style que dos, brasse ou papillon ;
- Au virage et à l'arrivée : une partie quelconque du corps doit toucher le mur (pas d'obligation de toucher avec
la main, ce qui autorise le virage culbute depuis 1963) ;
- Pendant toute la course une partie du nageur doit être émergée à l' exception du départ et des virages ou le
nageur peut être immergé sur une distance de 15 m au plus.
Par rapport à ce manque de contraintes réglementaires, le crawl correspond à la solution la plus efficace en
réponse aux principes biomécaniques.
On peut donner au crawl la définition suivante : « le crawl est une nage ventrale, alternée, au cours de laquelle
les actions motrices des bras et des jambes tendent à assurer une propulsion continue. Le retour des bras est
aérien et les voies respiratoires sont le plus souvent immergées. »

               2) La brasse.
C'est la nage ou les contraintes réglementaires sont les plus importantes. Ce qu'il faut retenir d'essentiel.
- Nage ventrale avec des actions motrices symétriques et simultanées ;
- Les mains ne doivent pas être ramenées en avant à partir de la poitrine les coudes restant sous la surface de
l’eau (pas de retour aérien type papillon) ;
- Les mains ne doivent être amenées en arrière au delà de la ligne des hanches (pas de mouvement complet
avec traction et poussée). Ce mouvement de bras est le moins efficace des 4 nages. Ce qui met en évidence
l'importance de la propulsion jambe dans cette nage ;
- Les mouvements des jambes sont simultanés et doivent se situer dans un plan horizontal, les pieds tournés vers
l'extérieur pendant la poussée (pas de battements ou de dauphin) ;
-la tête du nageur doit couper la surface de l'eau à chaque cycle. Chaque mouvement de bras s'accompagne
d'une inspiration. Un cycle complet est constitué d'une traction des bras et d'une poussée des jambes ;
- Au départ et après chaque virage le nageur peut (ce n'est pas une obligation) effectuer un mouvement de bras
complet en arrière jusqu'aux cuisses et un mouvement de jambes en étant totalement immergé. La tête doit
couper la surface de l'eau avant la fin du 2ème coup de bras.
- Le toucher du mur au virage et à l’arrivée doit se faire avec les deux mains simultanément, soit au niveau de
l’eau, soit au dessus, soit en dessous.

               3) Le dos
Ce qu'il faut retenir d'essentiel.
- Nager sur le dos pendant toute la course (tout style de nage sur le dos est admis) ;
- Une partie quelconque du corps du nageur doit couper la surface de l’eau pendant toute la course (pas de
déplacement subaquatique) sauf au départ et après le virage sur une distance de 15 m au plus.
- Pendant le virage, les épaules peuvent être tournées au-delà de la verticale de la poitrine, après quoi une
seule traction continue des bras ou une traction simultanée des 2 bras peut être faite pour amorcer le virage.
Dès qu’il a quitté la position sur le dos, le nageur ne doit réaliser aucune traction de bras (ou des battements de
jambes) qui soit indépendante de l’action continue du virage. Le nageur doit retourner à une position sur le dos
lorsqu’il quitte le mur.
- Durant la coulée, la tête doit sortir de l’eau avant la ligne des 15m, distance pendant laquelle le nageur est
autorisé à être complètement immergé (reprise de nage en battement de pieds ou en ondulation).
- A l’arrivée, le nageur doit toucher le mur en étant sur le dos.
4) Le papillon
Ce qu'il faut retenir d'essentiel.
-Les deux bras doivent être amenés en avant ensemble au-dessus de la surface de l’eau (pas de retour
aquatique) ;
-Le mouvement des jambes doit se faire simultanément de haut en bas dans un plan vertical (pas de battements
crawl, pas de ciseaux de brasse) ;
-Au départ et après le virage le nageur peut faire plusieurs mouvements de jambes et une traction de bras sous
l’eau qui lui permet d’atteindre la surface sur une distance de 15 m au plus.
- A chaque virage et à l’arrivée, le toucher doit se faire à deux mains simultanément, soit au niveau de l’eau,
soit en dessous, soit en dessus.

       b) La technique
Lorsqu'on analyse les réponses motrices à un haut niveau de performance, même lorsque les conditions
d'acquisitions ont été différentes (méthode d'apprentissage, type d'entraînement) un certain nombre de
constantes existent. La technique correspond à l'ensemble des constantes observées pour répondre à une tâche
motrice déterminée.
Ce qu'il y a de commun aux 4 nages:
-au plan de l'équilibre : équilibre horizontal avec la recherche de l'alignement de 2 axes. L'axe longitudinal du
corps et l'axe de déplacement doivent se superposer.
-au plan de la respiration : l'inspiration est brève et placée en dehors des phases motrices principales.
L'expiration débute après un temps d'apnée (prise d'appui) elle est forcée, complète, buccale, elle s’amplifie
avec l’intensité de l’action des bras (crescendo) et plus longue que l'inspiration.
-au plan de la propulsion : le trajet des surfaces propulsives est hélicoïdal (pâle d'hélice), godillé. On parle de
balayages car les trajets sont diagonaux, on distingue 4 balayages de base : vers l'extérieur, vers l'intérieur, vers
le bas, vers le haut.

Les surfaces propulsives sont grandes (quantité d'appui), accélérées (temps fort sur les phases les plus
propulsives), continues (coordination entre les segments de chaque train et entre les 2 trains permettant d'avoir
une phase propulsive continue), déplacées sur un trajet le plus long possible (recherche d'amplitude).

Références bibliographiques :

-Didier CHOLLET : « Natation sportive approche scientifique » (1997)

-Nathalie GAL : « Savoir nager » (1993)

-PELAYO, MAILLARD, ROZIER, CHOLLET : « Natation au collège et au lycée » (1999)

-Thierry TERRET : « Naissance et diffusion de la natation sportive ».

- Didier CHOLLET : « Natation sportive : approche scientifique

                                                                                              © C.CASADEBAIG 2016/2017
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