L'EAU A VERSAILLES ET LE PAVILLON DES FILTRES
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L'EAU A VERSAILLES ET LE PAVILLON DES FILTRES Extraits de la "Tentative d'historique" rédigée par Jean SIAUD pour l'AS.RI.EU.PE. Association des Riverains Etats-Unis Pershing à Versailles
2 Avant-propos Seul monument historique classé du quartier de Picardie, le Pavillon des Filtres (Pl.1) a été édifié vers la fin du règne de Louis XVI par la Direction des Bâtiments du Roi pour améliorer la qualité de l'eau "bonne à boire" distribuée à Versailles. Avec le Bassin de Picardie (Pl.2), malheureusement non classé bien que lui étant antérieur (1764), il constitue un ensemble hydraulique intimement lié à l'histoire de l'eau à Versailles, histoire qui a commencé lorsque Louis XIV, ébloui par Vaux le Vicomte, a rêvé de le surpasser. C'est l'histoire des travaux réalisés pour y parvenir qu'il est intéressant d'aborder avant la présentation des équipements hydrauliques de notre quartier. Pl.1 Le Pavillon des Filtres Pl.2 Le Bassin de Picardie – Bâtiment "Epuratoire"
3 1 – Les travaux d'aménagement hydraulique de Versailles Les travaux pour amener à Versailles l'eau nécessaire aux jeux d'eau du Château se sont étalés sur près de 30 ans de 1663 à 1692 et ont concerné une zone géographique très étendue, de la forêt de Rambouillet, et même de la vallée de l'Eure, jusqu'à la Seine et jusqu'au plateau de Saclay. Ils se sont poursuivis ensuite pour des besoins domestiques, en particulier dans le quartier de Picardie. La planche 3 présente les travaux hydrauliques de Versailles et leur chronologie; Alimentation de proximité (1 et 2 Pl.3) Alimentation Sud (4 Pl.3) Alimentation Ouest (3 et 5 Pl.3) Alimentation Nord-Est (6 Pl.3) C'est cette alimentation qui intéresse particulièrement le quartier Picardie puisque c'est elle qui, à partir de la Machine de Marly, fournira à Versailles l'eau de Seine réputée "bonne à boire". Très rapidement cette eau ne sera plus considérée en l'état comme bonne à boire et subira des filtrages de plus en plus évolués jusqu'à être remplacée par l'eau de forages toujours acheminée par les mêmes moyens et elle aussi filtrée. La planche 4, copie d'un document de la fin du 18ème siècle, présente un tableau synoptique de la distribution de l'eau dans la ville de Versailles sur lequel apparaissent, en haut à gauche, les équipements de la Butte de Picardie.
4 Pl.3 Les travaux hydrauliques de Versailles et leur chronologie (Extrait des Cahiers de Science et Vie d'avril 2003)
5 ème Pl.4 Les réservoirs et bassins à Versailles. Fin du 18 siècle (Archives du Service des Fontaines)
6 2 - L'eau "bonne a boire" a Versailles Alimentation locale : A l'origine, Versailles est alimentée par des puits, par l'Etang de Clagny et, sans doute, par les canalisations destinées au Château. Alimentation par l'eau de Seine et premiers filtrages A la suite de l'épidémie de 1736, l'eau de Seine, pompée par la Machine de Marly, est amenée jusqu'au Regard de Picardie. En 1758/1764, le volume d'eau est augmenté par : - la construction du Réservoir de Picardie (Pl.5) - la création d'un aqueduc souterrain de grandes dimensions pour alimenter ce réservoir depuis l'Aqueduc de Louveciennes. En 1785, le Réservoir de Picardie est équipé d'un épuratoire à son entrée et de filtres à sa sortie. Pavillon des filtres : La quantité et la qualité de l'eau devenant insuffisantes, il est décidé de construire le PAVILLON DES FILTRES (Pl.6), mis en service vers 1790, et qui alimente le Réservoir de Picardie en eau "bonne à boire" et le Réservoir de Montbauron. A la fin du 19ème siècle, l'eau de Seine est remplacée par de l'eau de forages de Croissy (1896) et le Pavillon des Filtres est remanié et agrandi. Il sera utilisé ainsi jusqu’en 1964. Alimentation actuelle : A partir de 1964, la ville est alimentée par l'usine de traitement de Louveciennes. En 1980, la SEVESC (Société des Eaux de Versailles et Saint Cloud) prend en charge la distribution de l'eau.
7 Pl.5 Plan du Bassin de Picardie 1786 (Archives du Services des Fontaines) Pl.6 Plan établi en 1845 montrant l'implantation sur le terrain du Bassin de Picardie, du Pavillon des Filtres et des canalisations hydrauliques (Archives départementales)
8 3 - Le Pavillon des Filtres Ce que l'on sait de son histoire La mise en service du Pavillon des Filtres se situe au plus tôt en 1790. La planche 7 donne les plans du bâtiment et la planche 8 le plan des auges. ème Pl.7 Plan du Pavillon des Filtres Milieu du 19 siècle (Archives du Château) Pl.8 Butte de Picardie. Année 1789. Plan des auges à construire dans le nouveau (Archives du Service des Fontaines)
9 C'est donc vers la fin du 19ème siècle que, pour répondre à un besoin croissant en eau et améliorer l'efficacité du filtrage, le Pavillon des Filtres, maintenant alimenté par l'eau de forages, a été remanié et agrandi. C'est aussi de cette époque que date le lanternon d'aération placé sur la toiture. L'agrandissement s'est traduit par la construction d'un bâtiment annexe, accolé à la gauche du Pavillon, qui a été supprimé lors de la restauration en 1985. Le Pavillon des Filtres a été utilisé jusqu'en 1964. A partir de cette date, le Pavillon des Filtres a été abandonné et il commençait à tomber en ruines lorsqu'il a été classé Monument Historique en 1979. La Direction du Patrimoine du Ministère de la Culture a alors, heureusement, pris l'initiative de sa restauration réalisée d'excellente façon de janvier 1995 à octobre 1996, mais cela est une autre histoire qui sera présentée plus loin. Comment fonctionnait le filtrage et la distribution de l'eau L'agencement intérieur du Pavillon des Filtres existant à ce jour (Pl.9 et Pl.10), qui est celui mis en place lors du remaniement de la dernière partie du 19ème siècle, est très voisin de celui présenté dans le projet de 1789 (Pl.7). Le principe du filtrage est donné par le dessin ci-dessous, datant sans doute du 18ème siècle, sur lequel a été ajouté en rouge le trajet de l'eau dans les bacs à travers les matériaux de filtrage. Ce mode de filtrage a très tôt été jugé insuffisant et, à la fin du 19ème siècle, c'est probablement la solution de filtrage par des couches de sable de rivière et de charbon de bois qui a été retenue.
10 Pl.9 Vue d'ensemble actuelle des bassins, arrivée d'eau, conduites et caniveau de vidange Pl.10 Vue actuelle du haut des bassins
11 L'architecture et la restauration La Direction des Bâtiments du Domaine de Versailles est sans conteste la mieux placée pour parler de l'architecture et de la rénovation du Pavillon des Filtres, c'est pourquoi la suite de cet exposé emprunte largement à ses écrits. L'architecture On peut admirer l'élégance des proportions du Pavillon des Filtres et le charme de son lanternon mais surtout son architecture et ses bassins de filtrage. Les murs, construits en meulière et revêtus à l'extérieur d'un enduit de refends, sont parementés de briques à l'intérieur. L'unique salle est couverte d'une voûte en hourdis de terre cuite qui isolait la charpente de l'humidité. A l'extérieur, la sévérité de son ordonnance palladienne à refends, avec ses murs quasi aveugles ponctués d'oculi, de niches et de tables lisses, préfigure déjà l'Empire. Les bassins intérieurs, en ciment, ne remontent pas au-delà du 19ème siècle. La restauration Les travaux de restauration du clos et du couvert ont conduit à restituer l'enveloppe architecturale dans son état primitif, tout en procédant au réaménagement des abords. Ainsi, après la démolition des bâtiments parasites greffés au 19ème siècle, la dépose de la couverture et le remontage de l'angle sud-ouest effondré, il a été procédé au confortement de la charpente par une consolidation de ses assemblages et à la remise en œuvre de la couverture en ardoises d'Angers posées au clou dans le respect fidèle des dispositions d'origine. L'opération la plus délicate a concerné la voûte plate construite en hourdis de terre cuite creux étrésillonnés par des fermes en fer forgé. Afin de neutraliser les poussées de la voûte tout en intéressant les murs, un chaînage périphérique en béton a été réalisé dans lesquels sont placés des tirants solidaires d'un voile béton recouvrant la voûte. Celle-ci, d'un profil en arc surbaissé, a progressivement été mise en œuvre à l'aide d'un cintre en bois, les pots en terre cuite ayant été réalisés artisanalement par deux fabricants afin d'en permettre le panachage. Le lanternon a été entièrement démonté et repris à l'identique en apportant quelques modifications pour les pièces de contreventement. Les enduits plâtre et chaux, légèrement teintés dans la masse, ont été scrupuleusement restitués selon les témoins en place, l'usage de guides ayant permis de compléter les parties manquantes de la corniche. Les soubassements ont été repris en pierre de liais de Saint Maximin. Parallèlement, il a été procédé au remaniement complet du terrain comme à la reconstitution du talus, à l'arrière du bâtiment, du coté de l'aqueduc d'arrivée. Ces grilles sur muret, qui répondent au souci d'une harmonie générale dans la lecture de l'édifice, le rendent plus repérable dans son environnement urbain.
12 En conclusion "Le Pavillon des Filtres, restauré de façon exemplaire par la Direction du Patrimoine du Ministère de la Culture, constitue, dans son environnement paysager, un des rares témoins de l'architecture hydraulique de la fin de la monarchie. Pour le visiteur qui arrive à Versailles depuis l'autoroute de l'Ouest, le Pavillon des Filtres est le premier élément patrimonial du Domaine de Versailles qui s'offre à la vue dans l'harmonie de ses proportions du 18ème siècle retrouvées." Espérant que cet exposé vous a passionné, nous vous proposons d'en savoir plus sur le sujet : - en lisant le texte intégral de la "Tentative d'historique L'EAU A VERSAILLES ET LE PAVILLON DES FILTRES" disponible auprès de l'AS.RI.EU.PE. - en participant à une visite commentée du Pavillon des Filtres et du Bassin de Picardie.
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