L'hôpital public: Édouard Philippe et Agnès Buzyn dévoilent leur plan - Reforme.net
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Par Frederick Casadesus L’hôpital public: Édouard Philippe et Agnès Buzyn dévoilent leur plan Afin de venir en aide à l’hôpital public, le Premier ministre et la ministre de la santé ont annoncé différentes mesures qu’ils veulent amitieuses Mercredi 20 novembre, le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre de la santé, Agnès Buzyn, ont présenté différentes mesures pour améliorer la situation de l’hôpital public. Résoudre une crise très ancienne Pour Antoine Leenhardt, professeur de cardiologie à l’hôpital Bichat, le gouvernement hérite d’une situation qui remonte à plus de quinze ans. “Le président Macron fait ce qu’il peut pour répondre à l’attente des personnels. Mais il faut prendre conscience qu’il est exceptionnel que des médecins fassent grève aux côtés des personnels soignants. S’ils l’ont fait, c’est bien que la situation est grave, explique-t-il. Cela fait 40 ans que je travaille au sein de l’hôpital public. Je peux témoigner du fait que la crise actuelle met en péril la qualité des soins. Les infirmières sont appelées à exercer à n’importe quel poste. La polyvalence peut être un atout dans certains métiers. Mais à l’hôpital, cela peut s’avérer dangereux. Nous voyons de plus en plus d’infirmières perdues dans les services. Il
arrive qu’elles se trompent de patient, donc de traitements. Vous en imaginez les conséquences.” Un effort budgétaire Le gouvernement promet d’abord de fournir à l’Assurance Maladie 1,5 milliard d’euros sur trois ans. “Cet argent vient en plus de la trajectoire budgétaire prévue par le gouvernement” a précisé Édouard Philippe. Une telle augmentation devrait être mise en œuvre dès 2020.Le Premier ministre a promis de reprendre un tiers de 30 milliards d’euros de dettes accumulées par l’hôpital public. Assurant que les tarifs hospitaliers ne baisseraient pas jusqu’en 2022, le chef du gouvernement s’est engagé à “augmenter chaque année les tarifs d’au moins 0,2% et à faire encore mieux quand ce sera possible“. Un soutien pour les personnels Afin d’améliorer la situation des personnels les plus fragiles, Agnès Buzyn a promis d’attribuer une prime annuelle et pérenne de 800 euros net à 40.000 infirmiers et aides-soignants vivant en Ile-de France et gagnant moins de 1900 euros par mois. La prime d’engagement dans la carrière hospitalière devrait être complétée par prime d’environ 300 euros.Enfin, les établissements bénéficieront d’une plus grande autonomie de gestion des personnels. Des avancées jugées positives mais trop modestes Christophe Prudhomme, urgentiste et porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) a salué l’effort, tout en estimant que le gouvernement “ne desserre pas les cordons de la bourse comme il faut“. Nombre de représentants des personnels ont réagi de la même façon. “Chaque année, l’hôpital public voit ses dépenses augmenter de 4 %, rappelle Antoine Leenhardt. Le gouvernement propose d’augmenter l’Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie (Ondam) de 2,45 % cette année, l’année prochaine et l’année qui suivra. C’est un geste positif, mais très insuffisant.” Pour ce médecin expérimenté, la reprise d’un tiers de la dette est un acte important. Mais il ne permettra pas à l’hôpital public de sortir de la crise.
Mieux soutenir les infirmières Verser une prime qui se traduira par le versement d’environ 75 euros mensuels n’est pas de nature à lutter contre la paupérisation des personnels soignants. “Pourquoi faut-il se mettre en grève pour que le gouvernement réagisse? Je l’ignore, ajoute Antoine Leenhardt. Mais la santé de nos concitoyens mérite mieux. Nombre de lits de l’hôpital sont vides parce que nous ne trouvons plus d’infirmières pour nous rejoindre. Il faut agir davantage. ” Frédérick Casadesus Par Noémie Taylor-Rosner Etats-Unis : la procédure de destitution visant Trump a-t-elle
une chance d’aboutir ? Malgré les témoignages accablants de diplomates qui se multiplient contre le président américain, la probabilité de le voir quitter la Maison- Blanche à cause d’une procédure de destitution demeure faible. Explications. Mercredi 20 novembre, l’audition très attendue de l’ambassadeur Gordon Sondland devant le Congrès est venue confirmer les soupçons pesant sur le président américain. Ce témoin clé a notamment expliqué avoir suivi les ordres de Donald Trump. Celui-ci l’avait enjoint à faire pression sur le président ukrainien afin qu’il enquête sur les Biden. Témoignage après témoignage, l’étau semble aujourd’hui se resserrer de plus en plus nettement autour du président américain. Pourtant, la plupart des journalistes et experts outre-Atlantique se montrent assez pessimistes : Donald Trump a peu de risques (ou de chances) d’être démis de ses fonctions. Prévue par l’article 2 de la Constitution américaine, la procédure de destitution permet au pouvoir législatif de démettre le président de ses fonctions en cas de “trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs”. Des républicains qui font bloc autour du président Avant de parvenir à cette phase ultime (qui ne s’est jamais produite dans l’histoire des Etats-Unis), la procédure doit toutefois suivre trois étapes : l’enquête d’abord, menée actuellement par les démocrates de la Chambre des représentants, au moyen d’auditions. Vient ensuite l’étape de “l’impeachment”, qui ne signifie pas destitution, comme on le pense souvent, mais “mise en accusation”. Celle-ci doit être votée par la chambre basse à la majorité simple. Les démocrates étant majoritaires au sein de la Chambre des représentants, ils sont assurés de l’obtenir.
La phase de “procès” dans la procédure de destitution En revanche, la dernière étape, elle, a peu de chance d’aboutir. Une fois la mise en accusation adoptée, s’ouvre la phase du “procès” qui se tient devant les sénateurs. Pour être démis de ses fonctions, le président doit être jugé coupable par les deux tiers du Sénat. Or, les républicains détiennent la majorité à la chambre haute. Ils continuent aujourd’hui de faire bloc autour du président américain. La présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a longtemps hésité avant de lancer une procédure de destitution contre Trump. Elle savait que le pari était risqué sans le soutien du Sénat. Les démocrates espéraient toutefois que les révélations fracassantes de l’enquête seraient capables de provoquer un changement majeur au sein de l’opinion publique qui contraindrait le Sénat à se ranger aux côtés des démocrates. Les sondages réalisés ces derniers jours montrent plutôt une stagnation de l’opinion. Selon l’institut Ipsos et le site Five ThirtyEight, 88,7% des démocrates estiment que Trump a commis un délit passible de destitution. Mais seuls 18,8% de républicains sont d’accord avec cette idée. Pour aller plus loin : Comment fonctionne la séparation des pouvoirs aux États-Unis ?
Le président Donald Trump devant la Maison-Blanche, le 20 novembre 2019. Crédits : Maison-Blanche/Joyce N. Boghosian. Par Laure Salamon
Thérapies de conversion: l’avis de la psychologue protestante Cosette Febrissy Cosette Febrissy, psychologue et formatrice, réagit sur les “thérapies de conversion” et la prise en charge de la souffrance que peuvent ressentir les personnes homosexuelles. Que pensez-vous de ces “thérapies de conversion” ? Les deux mots ne vont pas ensemble et ne participent pas des mêmes champs. La thérapie touche celui de la souffrance psychique. Le patient souffre, dans son quotidien, et a une demande : en sortir. Il ne faut pas confondre la plainte et la demande. Une personne qui vient voir une association se plaint d’une situation. Est-ce pour autant qu’elle formule une demande ? Est-elle interrogée sur sa demande et sur les ressources dont elle dispose par les personnes qui s’occupent d’elle ? Seuls des professionnels peuvent vraiment faire cette démarche. La conversion touche le champ de la morale et de l’existence : pourquoi j’existe ? Qu’est-ce que l’homme ? Quelle est ma place dans ce monde ? Ces thérapies de conversion jouent sur une forme de culpabilité fondée sur la morale, plutôt que sur une vraie réflexion sur l’objet de la souffrance. L’homosexualité est-elle une maladie qu’on peut guérir ? L’homosexualité n’est pas une maladie. Elle a longtemps été présentée comme un trouble psychique, classé dans les « DSM » (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, en français : le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux). Elle a été pensée par Freud comme une déviance, c’est-à-dire qui dévie de son but. La question n’est pas de savoir si on veut en guérir mais si c’est une souffrance pour la personne. Il faut partir de la demande de l’individu. Lui seul sait ce dont il a besoin. Quels conseils donneriez-vous à une personne homosexuelle et chrétienne ? Cette personne souffre-t-elle ? Si elle souffre, il faut qu’elle consulte des
professionnels compétents. Si elle s’interroge sur le fait d’être chrétienne, le mieux est d’aller voir un théologien ayant connaissance des textes pour qu’ils puissent en discuter. Si c’est l’homosexualité qui pose question, la personne doit s’interroger en étant accompagnée par un professionnel. Un questionnement lui permet de prendre conscience de ce qui peut lui faire peur et la renvoie à sa propre existence. S’interroger permet de clarifier ce qu’on est, ce qu’on ressent, et parfois, on peut le faire dans l’articulation avec la foi. Il faut éviter les polémiques et les débats d’opinion. Face à la souffrance éventuelle des personnes, nous ne pouvons engager des débats d’opinion. Il faut comprendre ce qui pourrait faire souffrir. • Propos recueillis par L. S. À lire Les Étapes du développement psychologique et spirituel, Cosette Febrissy et Jacques Poujol, Empreinte (2014), 88 p., 8 €. Par Louis Fraysse
Au-delà de l’homosexualité, la question de l’autorité des Écritures La question de l’homosexualité dans la Bible renvoie à celle, plus générale, de l’interprétation des Écritures. Une thématique qui continue de diviser les protestants. Quiconque parcourt les réseaux sociaux y a déjà été confronté. Sur certains sujets de société, le dialogue entre chrétiens laisse parfois place à une bataille rangée à grand renfort de versets bibliques. La question de l’homosexualité, en particulier, déchaîne les passions. L’homosexualité, dans la Bible, est rarement abordée. Seule une demi-douzaine de passages y font plus ou moins directement allusion. Les plus connus sont sans doute Lévitique 18,22 (“Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination”) et 20,13 (“Si un homme couche avec un autre homme comme on couche avec une femme, ils ont commis tous deux une abomination ; ils seront mis à mort : leur sang sera sur eux”). On ne trouve de mention de l’homosexualité dans aucun des Évangiles, mais Paul, dans ses épîtres aux Romains (Rm 1,18-32) et aux Corinthiens (1 Cor 6,9), condamne certains comportements associés aux homosexuels. Entrer en relation avec Dieu Doit-on cependant lire la Bible à la lettre ? “Brandir un verset pour justifier une position donnée, ce n’est pas un rapport à l’Écriture que je trouve fructueux, car on peut justifier ainsi n’importe quelle position, soutient Valérie Nicolet, professeure à la faculté de Paris de l’Institut protestant de théologie. C’est faire preuve d’une certaine paresse de penser que la Bible fournit immédiatement des solutions à tous nos problèmes, que l’on peut s’en servir comme d’un livre de recettes.” “La Bible, poursuit la chercheuse, a été conçue sur une très longue période pour rendre compte des différentes expériences de l’être humain avec Dieu. Les livres
qui la composent sont des textes de médiation ; ils ne fournissent pas un accès direct à Dieu mais rendent compte des multiples façons dont les humains peuvent entrer en relation avec Lui.” Une longue progression Pour le pasteur baptiste Louis Schweitzer, professeur d’éthique à la faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine, l’interprète du texte biblique se retrouve parfois pris entre deux feux. “En caricaturant à gros traits, on pourrait distinguer d’un côté une approche très libérale du texte, qui ne garde de l’Écriture que ce qui paraît crédible aujourd’hui, et, de l’autre, une perspective fondamentaliste, selon laquelle “tout ce qui est écrit dans la Bible est la Parole de Dieu pour nous, point final”.” “In fine, il s’agit de savoir ce que l’on désigne par “autorité de l’Écriture”. Pour moi, toute la Bible est inspirée de Dieu, mais elle est inspirée de Dieu dans l’histoire humaine. La révélation chrétienne, de ce fait, est une longue progression dont le sommet est Jésus. C’est donc à la lumière du Christ qu’un chrétien doit lire la Bible. Et je note que Jésus, dans les Évangiles, porte une grande attention à tous, quels que soient leurs péchés, mais enjoint aussi chacun à ne plus pécher à l’avenir.” Le contexte d’écriture Pour Valérie Nicolet, la question de l’autorité de l’Écriture s’envisage à travers le dialogue, la confrontation permanente avec le texte, ses subtilités et les particularités de son contexte d’écriture. “La Bible ne me dicte pas ma façon d’agir ou d’être, mais c’est un livre vers lequel je retourne sans cesse, un livre qui m’interroge constamment sur mon rapport au monde. Pour ce qui est des passages qui condamnent l’homosexualité, j’accepte que pour leurs auteurs, celle- ci constituait un problème à l’époque. Pour autant, je ne pense pas que l’enjeu fondamental du récit biblique se joue dans la condamnation de l’homosexualité… La Bible peut supporter nos doutes, nos interrogations. Elle m’accorde la liberté de dire que je ne suis pas d’accord.” “Se focaliser, pour trancher une controverse actuelle, sur un verset unique écrit il y a deux mille ans relève davantage de l’idéologie que de l’exégèse, estime Denis
Fricker, professeur à la Faculté de théologie catholique de l’université de Strasbourg. La Bible n’est pas un livre sacré tombé du Ciel ; dès lors, nous n’avons pas à redouter les contradictions que l’on peut y déceler. Les quatre Évangiles ne disent pas tous exactement la même chose. Ces dissemblances montrent que certaines paroles de Jésus ont été reçues différemment par chaque évangéliste, donc qu’elles peuvent être comprises selon des contextes communautaires différents.” Le risque de la liberté La spécificité catholique au sujet de l’interprétation des Écritures, note le théologien, tient dans le dialogue entre l’autorité du texte biblique et celle de la Tradition de l’Église. “La Tradition est d’ailleurs antérieure à l’Écriture, car l’Évangile a d’abord été diffusé par transmission personnelle, puis orale, avant d’être couché par écrit. Tout l’intérêt de la Tradition est de nous garder des interprétations erronées du texte… mais elle a aussi pu conduire par le passé à la tentation d’en imposer une lecture partiale.” En prônant Sola Scriptura (l’Écriture seule) et le refus de tout magistère qui en donne la lecture autorisée, les Réformateurs ont voulu soumettre la Tradition à l’autorité suprême de l’Écriture. “Avec Sola Scriptura, les protestants ont pris le risque de la liberté, résume Louis Schweitzer. Dès lors, les conflits liés à l’interprétation du texte étaient inévitables. C’est ce qui fait que l’on trouve, parfois au sein d’une même Église, des objecteurs de conscience et des aumôniers militaires, tout cela au nom de leur lecture de la Bible. Mais ceci n’a rien de nouveau : Luther, Zwingli et les anabaptistes s’entendaient tous sur l’autorité suprême de l’Écriture, mais pas sur son interprétation !” Dans le judaïsme, les lectures évoluent aussi Le premier rabbin orthodoxe homosexuel a été ordonné à Jérusalem le 26 mai dernier. Cette ouverture est d’autant plus remarquable que l’orthodoxie interdit le mariage entre deux personnes du même sexe et que Daniel Atwood était
fiancé. Selon le quotidien israélien Haaretz, les critiques envers les homosexuels seraient moins vives, mais la semikha (l’ordination) de celui qui espère devenir “une présence rabbinique pour les LGBT et tous les juifs, quelle que soit leur orientation” n’a pas eu lieu sans remous. En France, la place des homosexuels dans le judaïsme a fait l’objet d’un débat après que Joseph Sitruk, l’ex-grand rabbin de France, a appelé à une réaction “radicale” contre l’homosexualité. En juin 2016, sur l’antenne de Radio J, il avait associé la Gay Pride de Tel-Aviv à une “abomination”. Ce terme se retrouve dans le verset Lv, 18,22. Pour le rabbin Delphine Horvilleur, qui milite en faveur de l’accueil des homosexuels, le texte est sujet à interprétation. Selon elle, il dénoncerait des relations sexuelles entre hommes ayant un caractère humiliant, mais pas l’homosexualité. “Le judaïsme a toujours refusé une lecture littérale du texte. Mais tout dépend des sensibilités juives”, explique-t-elle. Et d’ajouter que si, en français, “abomination” “suggère quelque chose de contre-nature, en hébreu, le mot “toeva” serait plus proche de “tabou”.” Pour aller plus loin :
Par Frederick Casadesus Homosexualité: un projet de loi français contre les “thérapies de conversion” Un projet de loi français est en préparation pour interdire les “pratiques prétendant modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne”. Après que le Parlement européen s’est exprimé contre les thérapies de conversion, les parlementaires français envisagent de légiférer contre ces pratiques, sous l’impulsion de Laurence Vanceunebrock-Mialon. Fonctionnaire de police devenue députée de La République en marche de la deuxième circonscription de l’Allier, cette élue ne connaissait rien à la cause défendue par les associations LGBT. Mais après s’être informée, elle a entrepris la création d’une mission d’information sur les pratiques prétendant modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne. “Dans un premier temps, les responsables du groupe La République en marche n’ont pas vu l’intérêt de légiférer, considérant que les thérapies de conversion ne concernaient qu’une petite dizaine de personnes, dit-elle. Mais quand ils ont pris conscience qu’il ne s’agissait pas d’une pratique marginale, ils ont soutenu ma démarche.” Laurence Vanceunebrock-Mialon souligne que la mission parlementaire ne vise pas à dénigrer les religions : “Notre ambition consiste à dresser un état des lieux de ces pratiques menées, c’est vrai, par des communautés religieuses, mais aussi par des autorités médicales. Je dirais même que nous défendons une conception généreuse et fraternelle du message spirituel. D’ailleurs, si nous employons le terme de thérapie de conversion, c’est parce qu’il s’agit d’un terme générique, admis par la plupart des gens. Mais nous ne stigmatisons absolument par les religions.” Dans les mois qui viennent, une proposition de loi sera déposée, qui consistera à interdire ces pratiques. “Nous souhaitons renforcer le Code pénal, en particulier les dispositifs concernant l’abus de faiblesse, les violences volontaires, le
harcèlement sexuel, explique la parlementaire. Nous préconiserons aussi l’amélioration du code déontologique de l’Ordre des médecins, afin de protéger nos concitoyens de ces pratiques.” Par Laure Salamon Dans les coulisses de l’enquête “Homothérapie” Un documentaire et un livre dénoncent les pratiques de deux groupes originaires des États-Unis, l’un catholique et l’autre protestant, prétendant guérir les personnes homosexuelles. Benoît est homosexuel. Il vit à Londres, travaille dans le cinéma. Il a l’air épanoui et heureux. Pourtant, il revient de loin. Lorsqu’il est adolescent, il révèle son attirance pour les garçons à ses parents. Ces derniers décident de le faire participer à des sessions de guérison. À sa majorité, Benoît s’éloigne de sa famille pour aller étudier à Paris, puis ailleurs. Il va vivre son homosexualité et commencer à comprendre ce qu’il a enduré. Benoît témoigne dans le documentaire Homothérapie – conversion forcée, diffusé sur Arte le 26 novembre, et dans le livre Dieu est amour.
Petits groupes si discrets… Au départ de cette grande investigation, deux étudiants à l’École supérieure de journalisme de Lille. “Pour mon cours d’enquête, raconte Bernard Nicolas, réalisateur du documentaire et intervenant dans cette école, Timothée de Rauglaudre et Jean-Loup Adénor m’ont proposé d’établir si les initiatives américaines de “guérison” des homosexuels existaient en France.” Les deux étudiants connaissaient le phénomène aux États-Unis. Ils ont cherché à savoir si en France, dans un contexte religieux différent, ces pratiques avaient été importées. “Les premières semaines, nous étions assez dubitatifs, explique Timothée de Rauglaudre. Au fur et à mesure, nous avons eu des doutes sur des petits groupes occultes qui cachaient leurs activités. Nous avons mené l’enquête et découvert que le phénomène était bien présent. Même s’il est minoritaire, il est en progression.” Les deux apprentis journalistes démarrent en remontant la piste des groupes américains. Ce qui les amène à se concentrer sur les deux associations qui se sont implantées en France, l’une catholique, Courage, et l’autre protestante, Torrents de vie. Mais elles sont loin d’être les seules sur ce terrain. Le réalisateur-formateur découvre avec stupéfaction le travail de ses deux étudiants. Il décide d’aller jusqu’au bout avec eux et contacte un producteur qui partage son étonnement et son enthousiasme pour une telle enquête. Ils vont monter un projet et le proposer à Arte. Deux ans de travail Il a fallu presque deux ans entre le moment où l’idée du sujet a germé et la sortie officielle du documentaire… et du livre. En effet, au regard de la matière collectée par les deux journalistes, la publication d’un ouvrage devient une belle opportunité pour prolonger le sujet. Flammarion sera l’éditeur. Le réalisateur se concentre sur les États-Unis, puis il tourne en France, en Allemagne et en Suisse, sans oublier de s’attarder en Pologne. “Nous nous sommes interrogés sur la situation dans un pays où le pouvoir politique est très en lien avec la religion catholique, d’où le fait de tourner en Pologne, précise Bernard Nicolas. Le plus dur a été de trouver des personnes et de les convaincre
de témoigner devant la caméra.” En France, les deux étudiants se heurtent assez vite à l’impossibilité de recueillir des témoignages. Ils décident alors d’utiliser la technique d’infiltration journalistique pour pénétrer les deux associations. Jean-Loup Adénor se fait passer pour Guilem, un jeune en plein questionnement sur son homosexualité. Il se glisse dans les réunions de Courage et de Torrents de vie à Paris. À l’été 2018, il participe à un stage pendant plusieurs jours consécutifs. Cette semaine-là est difficile pour lui. Chaque soir, il raconte dans le détail sa journée à son ami Timothée, au réalisateur ou à une personne de la production. “Un jour où j’avais vécu des choses vraiment difficiles, Timothée m’a dit que je n’étais pas obligé de rester toute la semaine. Mais j’y tenais vraiment, je devais rester jusqu’au bout. Sinon, je l’aurais vécu comme un échec. Pourtant, il y a eu des moments où j’ai eu vraiment envie de partir. Le groupe portait tellement d’émotion, de compassion et d’empathie. Même pour moi qui avais du recul, j’ai été submergé par la douleur des gens. D’ailleurs, trahir cette souffrance a été très difficile pour moi. Jamais je n’ai voulu blesser qui que ce soit. Je n’ai pris aucun plaisir à les trahir.” Il aurait aimé contacter certains participants avec qui “le lien s’était renforcé”. Mais comment le faire sans risquer de faire échouer l’enquête et détruire le travail de toute une équipe ? La question l’a beaucoup tourmenté. Il sait pourquoi et il a enduré ces épreuves. Le but de ce travail était de dénoncer le “charlatanisme” des organisateurs. Ils vont mal « Lors du stage, les participants racontent des choses douloureuses. Mais après, l’encadrement ne sait pas gérer la très grande souffrance qu’ils libèrent. Les intervenants proposent aux accueillis d’écrire leurs émotions sur des post-it et de prier, raconte Jean-Loup Adénor. C’est dangereux de laisser les gens repartir chez eux dans cet état, car ils vont mal. » Un projet de loi est d’ailleurs en préparation pour interdire ces pratiques. Le réalisateur a choisi de ne pas utiliser à l’excès les scènes violentes tournées pendant ces infiltrations. Il donne la parole à d’autres victimes, à d’autres témoins
qui ont choisi de refouler leur homosexualité ; ou encore à des responsables qui ont changé d’avis sur leurs pratiques de “guérison” après avoir constaté qu’elles ne débouchaient sur aucun résultat. Alan Chambers, président d’Exodus, l’une des grandes associations engagées dans la “guérison” des homosexuels, a démissionné au bout de dix ans. Désormais, il parcourt les États-Unis pour s’en excuser. Bernard Nicolas fait appel à des experts : l’universitaire Tanya Erzen, le sociologue Yannick Fer, le théologien protestant Georg Otto Schmid, le théologien catholique Laurent Lemoine, mais aussi Serge Blisko, ancien président de la Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Les deux jeunes journalistes, qui entre-temps ont obtenu leur diplôme, reconnaissent qu’ils ne sont pas sortis indemnes de cette expérience. L’enquête les a conduits à s’interroger sur leurs propres valeurs et sur leurs convictions les plus profondes. L’un a renforcé son athéisme, l’autre sa foi. Le documentaire propose des témoignages d’une rare intensité. Ils sont si forts que le rendu en images était impossible. C’est pourquoi le réalisateur a préféré opter pour le dessin en faisant appel à l’illustrateur Antoine Moreau-Dusault. “Les dessins apportent une vraie plus-value moderne et donnent une intensité dramatique qu’une image seule n’aurait pu apporter”, reconnaît Bernard Nicolas. Quant au livre, il traite du sujet surtout en France, révélant les réseaux confessionnels impliqués. Sans pour autant oublier de mentionner l’histoire des mouvements américains. David et Jonathan La démonstration serait incomplète si l’enquête montrait seulement la manière dont les homosexuels sont perçus par les communautés protestantes et catholiques. Les journalistes ont donc rencontré des associations de personnes homosexuelles et chrétiennes comme David et Jonathan et la Communion Béthanie. Les récits de Jean-Michel Dunant (prieur de la Communion Béthanie) et d’Anthony Favier (coprésident de David et Jonathan) prouvent que le christianisme sait accueillir les homosexuels. Ils montrent cette espérance de
faire Église ensemble.• À voir Homothérapie, conversion forcée, Documentaire de Bernard Nicolas, diffusé sur Arte, le 26 novembre à 20 h 50, en ligne sur arte.tv Dieu est amour, Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre, Flammarion (2019), 304 p., 19,90 €. Les thérapies de conversion à la loupe “ Thérapie de conversion”, l’expression est rarement citée ou utilisée, que ce soit dans le documentaire ou dans le livre. Qu’entend-on vraiment derrière ce concept ? Il désigne des pratiques visant à faire changer l’orientation sexuelle d’une personne homosexuelle. Les journalistes qui ont mené l’enquête préfèrent parler de “thérapie de guérison”, d’homothérapie ou de groupes ex-gay. Auparavant, les thérapies de conversion désignaient des pratiques médicales ou chirurgicales pour “guérir” les homosexuels, comme des traitements hormonaux, la lobotomie, ou les décharges électriques. Ces “thérapies” n’en sont pas vraiment car elles ne répondent pas à des critères médicaux ou scientifiques avérés, et elles ne sont pas réalisées par des professionnels. Ces groupes prennent de nouvelles formes, ressemblent à des réunions d’alcooliques anonymes ou des stages pour retrouver son identité. Une piètre ruse pour cacher ce qu’ils sont vraiment. L. S.
Par Noémie Taylor-Rosner États-Unis: des lois antithérapies de conversion Face à la vague de suicides causée par les thérapies de conversion, des États américains interdisent cette pratique chez les mineurs. Dans d’autres, le débat continue. David Matheson a été l’un des plus farouches défenseurs des thérapies de conversion aux États-Unis. Dans son cabinet du New Jersey, ce thérapeute mormon, originaire de l’Utah, a suivi des centaines de patients homosexuels, dans le but de les aider à “guérir” de leur attirance pour des personnes du même sexe. David Matheson s’est longtemps appuyé sur son expérience personnelle pour tenter de prouver l’efficacité de ses thérapies. Marié pendant trente-quatre ans avec une femme, il était, disait-il, la preuve vivante qu’il était possible de changer d’orientation sexuelle. Jusqu’à ce que le célèbre thérapeute annonce en janvier 2019 avoir décidé de quitter son épouse pour vivre son homosexualité. Aux États-Unis, David Matheson n’est pas le seul ancien partisan des thérapies de conversion à discréditer cette pratique. Au cours de la dernière décennie, plusieurs autres personnalités, à l’image d’Alan Chambers, le leader de l’organisation chrétienne Exodus International, sont même allées jusqu’à présenter des excuses publiques aux victimes de thérapies, reconnaissant
l’inefficacité et la dangerosité de ces pratiques. Graves séquelles psychiques Alcoolisme, addiction aux drogues, dépression, suicides. Le mouvement religieux “ex-gay” est aujourd’hui jugé responsable d’avoir laissé de graves séquelles psychiques sur les homosexuels qui ont fréquenté ces groupes de parole, de prière ou qui ont subi des exorcismes. Ce mouvement est né aux États-Unis à la fin des années 1970 au sein de cercles évangéliques et catholiques. Au total, 680 000 Américains, dont 350 000 adolescents, auraient déjà suivi une thérapie de conversion, selon des chiffres du Williams Institute on Sexual Orientation Law and Public Policy, un institut de recherche au sein de l’université de Californie à Los Angeles. Face à la gravité de la situation, de nombreux États américains se sont mis à légiférer. En 2012, la Californie a été la première à interdire ces thérapies pour les mineurs. Depuis, 17 autres États ont adopté des lois similaires. Siège mondial de l’Église mormone, l’Utah est aujourd’hui l’un des derniers États américains en date à débattre de la question après qu’une association de défense des droits LGBT+ a constaté une explosion du taux de suicide chez les jeunes. Celui-ci “a grimpé de 141 % depuis 2012”, explique Troy Williams, directeur de l’association Equality Utah. “Profondément alarmée” par ces chiffres, l’organisation a mené alors des recherches pour déterminer la cause de l’envol des suicides et a découvert que les thérapies de conversion sont l’une des principales causes de la hausse. “Nous avons décidé de mener un sondage auquel ont répondu plus de 100 personnes ayant survécu à une thérapie de conversion. Presque toutes ont signalé une augmentation des idées suicidaires et des tentatives de suicide”, confirme Troy Williams. Les fidèles divisés Le professeur de droit à l’université d’Utah, Clifford Rosky, a aidé l’association Equality Utah à rédiger une proposition de loi visant à interdire les thérapies de conversion au sein de l’État. Examinée cette année par le parlement local, la loi s’est heurtée à l’opposition de
plusieurs élus conservateurs, craignant que la liberté religieuse soit remise en cause. “Plus de 80 % des élus sont affiliés à l’Église mormone, rappelle Clifford Rosky. Et même si celle-ci a affirmé officiellement son opposition aux thérapies de conversion [en 2016] et a même travaillé avec nous sur la proposition de loi, cela n’empêche pas les mormons de continuer d’être divisés sur la question des thérapies de conversion, comme les catholiques le sont par exemple sur l’avortement.” Encadrer les thérapeutes Plutôt que d’interdire les thérapies de conversion par la loi, l’État réfléchit actuellement à une modification des règles encadrant la profession de thérapeute. “Mais là encore certains mormons sont inquiets : ils redoutent, par exemple, de ne plus pouvoir prôner l’abstinence car ils craignent que celle-ci soit considérée par le nouveau règlement comme une forme de thérapie de conversion”, note Clifford Rosky. Selon Troy Williams, “de plus en plus de fidèles de l’Église mormone se rangent aujourd’hui aux côtés de la communauté LGBT+”. Il y a “une vague de soutien qui n’existait pas il y a dix ans. La vérité, c’est que davantage d’enfants LGBT+ vivent dans des familles mormones. Et les mormons aiment la famille. Beaucoup se rendent compte qu’ils ne sont pas obligés de faire un choix entre leur foi et leurs enfants”, explique-t-il. Toutes les Églises américaines n’ont pas pris officiellement position sur la question des thérapies de conversion. Mais au sein du courant évangélique par exemple, certaines figures de renom se sont opposées à leur pratique. C’est le cas du conservateur Russell Moore, président de la Commission sur l’éthique et la liberté religieuse de la Convention baptiste du Sud, qui, en 2014, avait jugé les thérapies de conversion dépassées et “contre-productives”.• Noémie Taylor-Rosner, correspondance de Los Angeles
Par Claire Bernole Homosexualité: David et Jonathan dénonce les thérapies de conversion Cyrille de Compiègne, de l’association LGBT+ chrétienne David et Jonathan, dénonce la violence des démarches vouées à modifier l’orientation sexuelle. Voilà environ un an et demi que nous avons commencé à être interpellés politiquement sur ces démarches qui ont vocation à détourner les personnes de leur identité LGBT+. Mais nous alertons sur certains mouvements depuis 2014. Autant nous nous réjouissons que la lumière soit mise sur certaines pratiques problématiques, autant la thérapie de conversion avec tout l’imaginaire américain qu’elle véhicule (sessions intensives dans un espace-temps donné) est une réalité difficile à saisir, car ceux qui les proposent ne l’affichent pas explicitement. Ils ont conscience qu’il ne faut pas que cela se sache trop largement.
Une zone grise de pratiques Nous entrons dans une zone grise de pratiques, où l’homosexualité est « pathologisée », avec des formes d’abus psychologique et spirituel. Mais il n’existe pas forcément de thérapie de conversion labélisée et facilement identifiable. En tant qu’association, nous recevons des personnes en tension dans leur identité, leur sexualité et leur foi ou leur spiritualité, mais celles qui s’adressent à nous sont dans une volonté de conciliation. Quelques-unes ont subi ce qui ressemble, de près ou de loin, à des thérapies de conversion. Ce sont souvent des personnes très attachées à leur foi ou à leur Église et son autorité. La plupart des personnes qui traversent des souffrances profondes liées à leur difficulté à assumer leur sexualité souhaitent rarement l’exprimer publiquement, par inconfort psychologique ou volonté de ne pas mettre leur Église en porte-à-faux. Caractériser ce qui se passe est donc une véritable gageure. Aussi, la mobilisation médiatique et parlementaire pour enquêter sur le sujet nous paraît aller dans le bon sens. Elle doit aussi interpeller en interne les Églises chrétiennes. Psychologie et théologie Les personnes qui proposent des démarches pour changer d’orientation sexuelle construisent des discours mêlant souvent arguments spirituels et psychologiques : la personne a été abusée enfant, son père ou sa mère était trop ou pas assez présent… Il y aurait forcément un déséquilibre quelque part qui expliquerait l’orientation homosexuelle comme une conséquence néfaste à traiter. Même si on considère sur un plan théologique que l’homosexualité est un péché, une rupture dans la relation avec Dieu – ce qui n’est pas notre avis –, les intervenants de ce genre de démarches recourent à des arguments psychologiques pour justifier des énoncés d’ordre théologique. C’est très discutable. Leurs discours entretiennent chez les personnes concernées l’idée que l’homosexualité ou la transidentité n’est pas saine, n’est pas épanouissante et ne correspond pas au plan de Dieu. Les personnes sont donc plus ou moins explicitement invitées à combattre, à essayer d’entrer dans une norme
hétérosexuelle. Ceux qui pratiquent ces thérapies de conversion se défendent de guérir les homosexuels. Mais considérer comme douloureuse, malsaine ou désordonnée l’orientation sexuelle d’une personne ne revient-il pas à inciter à la changer ? Quels que soient les termes employés, c’est un encouragement au refoulement et à la culpabilité. Propos recueillis par Claire Bernole davidetjonathan.com Par Claire Bernole Homosexualité: Torrents de vie s’exprime Claude Riess, coordinateur de Torrents de vie France, prend la parole sur l’accompagnement pastoral proposé aux personnes homosexuelles. L’accompagnement pastoral que nous proposons aux personnes homosexuelles ou attirées par le même sexe s’inscrit dans le cadre global de questions liées à la sexualité, à l’identité ou à la relation à l’autre. Seulement 10 à 15 % de ceux qui
se tournent vers nous le font pour une attirance à l’égard des personnes du même sexe. Dans l’année, notre association rencontre environ 200 personnes, dont 20 à 30 sont concernées, de près ou de loin, par la question de l’homosexualité. Notre objectif est d’offrir un accompagnement spirituel et basé sur une éthique chrétienne. La Bible oriente notre approche. Genèse 1 indique que l’homme et la femme sont à l’image de Dieu. La Parole affirme donc les valeurs de différenciation et de complémentarité. Puis est venu le péché… Besoin d’amour Les textes bibliques mentionnant l’homosexualité ne sont pas cités lors de nos sessions. Les personnes qui se tournent vers nous portent souvent le poids de la culpabilité, notamment du fait d’une incompréhension de leur milieu ecclésial. Nous souhaitons les amener à retrouver un lien avec le Père à travers Jésus et ainsi, à retrouver leur identité de fils ou de fille de Dieu. Pour cela, notre première approche ne consiste qu’à témoigner de l’amour divin. L’orientation sexuelle d’une personne, en l’occurrence homosexuelle, est rarement choisie. Elle correspond à une recherche d’amour. On ne guérit pas un besoin d’amour. On ne guérit pas non plus une personne hétérosexuelle qui s’adresserait à nous parce qu’elle a un problème avec la pornographie ou la dépendance affective. Il s’agit seulement de guider et d’aider les personnes en demande dans le choix qui est le leur : mettre en cohérence leur sexualité avec leur identité d’enfant de Dieu, dans une perspective biblique partagée. Pas de militantisme Les hommes et les femmes qui font appel à nous sont tous majeurs, chrétiens et en demande pour un accompagnement tel que celui que nous sommes en mesure de leur proposer. Nous ne sommes pas, par ailleurs, dans le jugement envers ceux qui font le choix de vivre et d’assumer leur homosexualité. Nous ne sommes pas dans le militantisme. Nous accompagnons des personnes qui ont fait un choix volontaire, en respectant leur rythme et leur souhait. Nous affichons clairement que nous ne sommes pas psychologues. Il arrive que nous encouragions des participants à se tourner vers des professionnels (bien
souvent, ceux qui viennent à nous ont déjà consulté). Dans une vision holistique de l’être humain, corps, âme et esprit, les deux démarches – spirituelle et psychologique – sont complémentaires mais distinctes. Nous accompagnons les personnes sur un chemin d’apaisement par l’écoute bienveillante et la prière. Dans ce but, nous donnons à la parole de Dieu toute sa place et bien sûr, nous acceptons que tout le monde n’en ait pas la même compréhension. Mais dans une société qui se veut libre, des visions différentes devraient pouvoir être acceptées. Il s’agit de respecter la liberté de pensée religieuse de chacun. torrentsdevie.fr Pour aller plus loin : Pratiques prétendant modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne : Audition du Pasteur Gilles Boucomont
Par Louis Fraysse Le mot de la semaine : “Thérapie” Chaque semaine, dans Réforme, un mot passe à la loupe. C’est au tour de “thérapie”. Le documentaire Homothérapies, conversion forcée, qui sera diffusé le 26 novembre sur Arte, crée déjà des remous. Cette enquête sur les “thérapies de conversion” fait froid dans le dos. Emprunt au grec therapeia “soin”, lui-même dérivé de therapeuein “prendre soin de”, mais aussi “servir Dieu”, thérapie apparaît assez tard en français. Jusqu’au XIXe siècle, on lui préfère “thérapeutique”, terme aujourd’hui surtout utilisé comme adjectif. Peu à peu, le mot a pris le sens de “traitement médical”, pour traiter des souffrances tant somatiques que psychologiques. Le stress, seigneur des maux de ce siècle nouveau, est à l’origine de quantité d’offres de thérapie. Peut-être avez-vous déjà croisé, dans un parc ou une forêt, une personne enlaçant langoureusement un chêne. La sylvothérapie, ou thérapie par les arbres, est une médecine douce dont les vertus seraient de réduire l’anxiété causée par la vie citadine (à éviter en cas d’orage). L’aéroport de San Francisco, lui, met à disposition de ses usagers Lilou, un adorable cochon nain. Sa simple présence apaise l’angoisse des voyageurs. La zoothérapie, ou thérapie assistée par l’animal, est en essor constant. Ses bienfaits pour les enfants autistes et les personnes très âgées ont été démontrés. La science commence d’ailleurs à se pencher sur les vertus thérapeutiques du ronronnement – on parle alors de “ronron thérapie”. Vous penserez à remercier votre chat pour sa contribution désintéressée à votre bien-être. Sylvothérapie, zoothérapie, mais aussi thérapie par la marche, l’art, la danse ou le
jardinage… des thérapies, il y en a pour tous les goûts. Comme pour rappeler que si tout va mal aujourd’hui, tout ira mieux demain.
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