L'hôpital public: Édouard Philippe et Agnès Buzyn dévoilent leur plan - Reforme.net

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L'hôpital public: Édouard Philippe et Agnès Buzyn dévoilent leur plan - Reforme.net
Par Frederick Casadesus

L’hôpital public: Édouard Philippe
et Agnès Buzyn dévoilent leur plan
Afin de venir en aide à l’hôpital public, le Premier ministre et la ministre de la
santé ont annoncé différentes mesures qu’ils veulent amitieuses

Mercredi 20 novembre, le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre de la
santé, Agnès Buzyn, ont présenté différentes mesures pour améliorer la situation
de l’hôpital public.

Résoudre une crise très ancienne
Pour Antoine Leenhardt, professeur de cardiologie à l’hôpital Bichat, le
gouvernement hérite d’une situation qui remonte à plus de quinze ans. “Le
président Macron fait ce qu’il peut pour répondre à l’attente des personnels. Mais
il faut prendre conscience qu’il est exceptionnel que des médecins fassent grève
aux côtés des personnels soignants. S’ils l’ont fait, c’est bien que la situation est
grave, explique-t-il. Cela fait 40 ans que je travaille au sein de l’hôpital public. Je
peux témoigner du fait que la crise actuelle met en péril la qualité des soins. Les
infirmières sont appelées à exercer à n’importe quel poste. La polyvalence peut
être un atout dans certains métiers. Mais à l’hôpital, cela peut s’avérer
dangereux. Nous voyons de plus en plus d’infirmières perdues dans les services. Il
arrive qu’elles se trompent de patient, donc de traitements. Vous en imaginez les
conséquences.”

Un effort budgétaire
Le gouvernement promet d’abord de fournir à l’Assurance Maladie 1,5 milliard
d’euros sur trois ans. “Cet argent vient en plus de la trajectoire budgétaire prévue
par le gouvernement” a précisé Édouard Philippe. Une telle augmentation devrait
être mise en œuvre dès 2020.Le Premier ministre a promis de reprendre un tiers
de 30 milliards d’euros de dettes accumulées par l’hôpital public. Assurant que
les tarifs hospitaliers ne baisseraient pas jusqu’en 2022, le chef du gouvernement
s’est engagé à “augmenter chaque année les tarifs d’au moins 0,2% et à faire
encore mieux quand ce sera possible“.

Un soutien pour les personnels
Afin d’améliorer la situation des personnels les plus fragiles, Agnès Buzyn a
promis d’attribuer une prime annuelle et pérenne de 800 euros net à 40.000
infirmiers et aides-soignants vivant en Ile-de France et gagnant moins de 1900
euros par mois. La prime d’engagement dans la carrière hospitalière devrait être
complétée par prime d’environ 300 euros.Enfin, les établissements bénéficieront
d’une plus grande autonomie de gestion des personnels.

Des avancées jugées positives mais trop
modestes
Christophe Prudhomme, urgentiste et porte-parole de l’Association des médecins
urgentistes de France (AMUF) a salué l’effort, tout en estimant que le
gouvernement “ne desserre pas les cordons de la bourse comme il faut“. Nombre
de représentants des personnels ont réagi de la même façon. “Chaque année,
l’hôpital public voit ses dépenses augmenter de 4 %, rappelle Antoine Leenhardt.
Le gouvernement propose d’augmenter l’Objectif National des Dépenses
d’Assurance Maladie (Ondam) de 2,45 % cette année, l’année prochaine et
l’année qui suivra. C’est un geste positif, mais très insuffisant.” Pour ce médecin
expérimenté, la reprise d’un tiers de la dette est un acte important. Mais il ne
permettra pas à l’hôpital public de sortir de la crise.
Mieux soutenir les infirmières
Verser une prime qui se traduira par le versement d’environ 75 euros mensuels
n’est pas de nature à lutter contre la paupérisation des personnels soignants.
“Pourquoi faut-il se mettre en grève pour que le gouvernement réagisse? Je
l’ignore, ajoute Antoine Leenhardt. Mais la santé de nos concitoyens mérite
mieux. Nombre de lits de l’hôpital sont vides parce que nous ne trouvons plus
d’infirmières pour nous rejoindre. Il faut agir davantage. ”

Frédérick Casadesus

Par Noémie Taylor-Rosner

Etats-Unis : la procédure de
destitution visant Trump a-t-elle
une chance d’aboutir ?
Malgré les témoignages accablants de diplomates qui se multiplient
contre le président américain, la probabilité de le voir quitter la Maison-
Blanche à cause d’une procédure de destitution demeure faible.
Explications.

Mercredi 20 novembre, l’audition très attendue de l’ambassadeur Gordon
Sondland devant le Congrès est venue confirmer les soupçons pesant sur le
président américain. Ce témoin clé a notamment expliqué avoir suivi les ordres de
Donald Trump. Celui-ci l’avait enjoint à faire pression sur le président ukrainien
afin qu’il enquête sur les Biden.

Témoignage après témoignage, l’étau semble aujourd’hui se resserrer de plus en
plus nettement autour du président américain. Pourtant, la plupart des
journalistes et experts outre-Atlantique se montrent assez pessimistes : Donald
Trump a peu de risques (ou de chances) d’être démis de ses fonctions.

Prévue par l’article 2 de la Constitution américaine, la procédure de destitution
permet au pouvoir législatif de démettre le président de ses fonctions en cas de
“trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs”.

Des républicains qui font bloc autour du
président
Avant de parvenir à cette phase ultime (qui ne s’est jamais produite dans
l’histoire des Etats-Unis), la procédure doit toutefois suivre trois étapes :
l’enquête d’abord, menée actuellement par les démocrates de la Chambre des
représentants, au moyen d’auditions. Vient ensuite l’étape de “l’impeachment”,
qui ne signifie pas destitution, comme on le pense souvent, mais “mise en
accusation”. Celle-ci doit être votée par la chambre basse à la majorité simple.
Les démocrates étant majoritaires au sein de la Chambre des représentants, ils
sont assurés de l’obtenir.
La phase de “procès” dans la procédure de
destitution
En revanche, la dernière étape, elle, a peu de chance d’aboutir. Une fois la mise
en accusation adoptée, s’ouvre la phase du “procès” qui se tient devant les
sénateurs. Pour être démis de ses fonctions, le président doit être jugé coupable
par les deux tiers du Sénat. Or, les républicains détiennent la majorité à la
chambre haute. Ils continuent aujourd’hui de faire bloc autour du président
américain.

La présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a
longtemps hésité avant de lancer une procédure de destitution contre Trump. Elle
savait que le pari était risqué sans le soutien du Sénat. Les démocrates espéraient
toutefois que les révélations fracassantes de l’enquête seraient capables de
provoquer un changement majeur au sein de l’opinion publique qui contraindrait
le Sénat à se ranger aux côtés des démocrates.

Les sondages réalisés ces derniers jours montrent plutôt une stagnation de
l’opinion. Selon l’institut Ipsos et le site Five ThirtyEight, 88,7% des démocrates
estiment que Trump a commis un délit passible de destitution. Mais seuls 18,8%
de républicains sont d’accord avec cette idée.

Pour aller plus loin :

Comment fonctionne la séparation des pouvoirs aux États-Unis ?
Le président Donald Trump devant la Maison-Blanche, le 20 novembre 2019.
Crédits : Maison-Blanche/Joyce N. Boghosian.

Par Laure Salamon
Thérapies de conversion: l’avis de
la psychologue protestante Cosette
Febrissy
Cosette Febrissy, psychologue et formatrice, réagit sur les “thérapies de
conversion” et la prise en charge de la souffrance que peuvent ressentir les
personnes homosexuelles.

Que pensez-vous de ces “thérapies de conversion” ?

Les deux mots ne vont pas ensemble et ne participent pas des mêmes champs. La
thérapie touche celui de la souffrance psychique. Le patient souffre, dans son
quotidien, et a une demande : en sortir. Il ne faut pas confondre la plainte et la
demande. Une personne qui vient voir une association se plaint d’une situation.
Est-ce pour autant qu’elle formule une demande ? Est-elle interrogée sur sa
demande et sur les ressources dont elle dispose par les personnes qui s’occupent
d’elle ? Seuls des professionnels peuvent vraiment faire cette démarche. La
conversion touche le champ de la morale et de l’existence : pourquoi j’existe ?
Qu’est-ce que l’homme ? Quelle est ma place dans ce monde ? Ces thérapies de
conversion jouent sur une forme de culpabilité fondée sur la morale, plutôt que
sur une vraie réflexion sur l’objet de la souffrance.

L’homosexualité est-elle une maladie qu’on peut guérir ?

L’homosexualité n’est pas une maladie. Elle a longtemps été présentée comme un
trouble psychique, classé dans les « DSM » (Diagnostic and Statistical Manual of
Mental Disorders, en français : le Manuel diagnostique et statistique des troubles
mentaux). Elle a été pensée par Freud comme une déviance, c’est-à-dire qui dévie
de son but. La question n’est pas de savoir si on veut en guérir mais si c’est une
souffrance pour la personne. Il faut partir de la demande de l’individu. Lui seul
sait ce dont il a besoin.

Quels conseils donneriez-vous à une personne homosexuelle et
chrétienne ?

Cette personne souffre-t-elle ? Si elle souffre, il faut qu’elle consulte des
professionnels compétents. Si elle s’interroge sur le fait d’être chrétienne, le
mieux est d’aller voir un théologien ayant connaissance des textes pour qu’ils
puissent en discuter.

Si c’est l’homosexualité qui pose question, la personne doit s’interroger en étant
accompagnée par un professionnel. Un questionnement lui permet de prendre
conscience de ce qui peut lui faire peur et la renvoie à sa propre existence.
S’interroger permet de clarifier ce qu’on est, ce qu’on ressent, et parfois, on peut
le faire dans l’articulation avec la foi.

Il faut éviter les polémiques et les débats d’opinion. Face à la souffrance
éventuelle des personnes, nous ne pouvons engager des débats d’opinion. Il faut
comprendre ce qui pourrait faire souffrir. •

Propos recueillis par L. S.

À lire
Les Étapes du développement psychologique et spirituel, Cosette Febrissy
et Jacques Poujol,
Empreinte (2014), 88 p., 8 €.

Par Louis Fraysse
Au-delà de l’homosexualité, la
question de l’autorité des
Écritures
La question de l’homosexualité dans la Bible renvoie à celle, plus générale, de
l’interprétation des Écritures. Une thématique qui continue de diviser les
protestants.

Quiconque parcourt les réseaux sociaux y a déjà été confronté. Sur certains sujets
de société, le dialogue entre chrétiens laisse parfois place à une bataille rangée à
grand renfort de versets bibliques. La question de l’homosexualité, en particulier,
déchaîne les passions.

L’homosexualité, dans la Bible, est rarement abordée. Seule une demi-douzaine
de passages y font plus ou moins directement allusion. Les plus connus sont sans
doute Lévitique 18,22 (“Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche
avec une femme. C’est une abomination”) et 20,13 (“Si un homme couche avec un
autre homme comme on couche avec une femme, ils ont commis tous deux une
abomination ; ils seront mis à mort : leur sang sera sur eux”). On ne trouve de
mention de l’homosexualité dans aucun des Évangiles, mais Paul, dans ses épîtres
aux Romains (Rm 1,18-32) et aux Corinthiens (1 Cor 6,9), condamne certains
comportements associés aux homosexuels.

Entrer en relation avec Dieu
Doit-on cependant lire la Bible à la lettre ? “Brandir un verset pour justifier une
position donnée, ce n’est pas un rapport à l’Écriture que je trouve fructueux, car
on peut justifier ainsi n’importe quelle position, soutient Valérie Nicolet,
professeure à la faculté de Paris de l’Institut protestant de théologie. C’est faire
preuve d’une certaine paresse de penser que la Bible fournit immédiatement des
solutions à tous nos problèmes, que l’on peut s’en servir comme d’un livre de
recettes.”

“La Bible, poursuit la chercheuse, a été conçue sur une très longue période pour
rendre compte des différentes expériences de l’être humain avec Dieu. Les livres
qui la composent sont des textes de médiation ; ils ne fournissent pas un accès
direct à Dieu mais rendent compte des multiples façons dont les humains peuvent
entrer en relation avec Lui.”

Une longue progression
Pour le pasteur baptiste Louis Schweitzer, professeur d’éthique à la faculté libre
de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine, l’interprète du texte biblique se
retrouve parfois pris entre deux feux. “En caricaturant à gros traits, on pourrait
distinguer d’un côté une approche très libérale du texte, qui ne garde de
l’Écriture que ce qui paraît crédible aujourd’hui, et, de l’autre, une perspective
fondamentaliste, selon laquelle “tout ce qui est écrit dans la Bible est la Parole de
Dieu pour nous, point final”.”

“In fine, il s’agit de savoir ce que l’on désigne par “autorité de l’Écriture”. Pour
moi, toute la Bible est inspirée de Dieu, mais elle est inspirée de Dieu dans
l’histoire humaine. La révélation chrétienne, de ce fait, est une longue
progression dont le sommet est Jésus. C’est donc à la lumière du Christ qu’un
chrétien doit lire la Bible. Et je note que Jésus, dans les Évangiles, porte une
grande attention à tous, quels que soient leurs péchés, mais enjoint aussi chacun
à ne plus pécher à l’avenir.”

Le contexte d’écriture
Pour Valérie Nicolet, la question de l’autorité de l’Écriture s’envisage à travers le
dialogue, la confrontation permanente avec le texte, ses subtilités et les
particularités de son contexte d’écriture. “La Bible ne me dicte pas ma façon
d’agir ou d’être, mais c’est un livre vers lequel je retourne sans cesse, un livre qui
m’interroge constamment sur mon rapport au monde. Pour ce qui est des
passages qui condamnent l’homosexualité, j’accepte que pour leurs auteurs, celle-
ci constituait un problème à l’époque. Pour autant, je ne pense pas que l’enjeu
fondamental du récit biblique se joue dans la condamnation de l’homosexualité…
La Bible peut supporter nos doutes, nos interrogations. Elle m’accorde la liberté
de dire que je ne suis pas d’accord.”

“Se focaliser, pour trancher une controverse actuelle, sur un verset unique écrit il
y a deux mille ans relève davantage de l’idéologie que de l’exégèse, estime Denis
Fricker, professeur à la Faculté de théologie catholique de l’université de
Strasbourg. La Bible n’est pas un livre sacré tombé du Ciel ; dès lors, nous
n’avons pas à redouter les contradictions que l’on peut y déceler. Les quatre
Évangiles ne disent pas tous exactement la même chose. Ces dissemblances
montrent que certaines paroles de Jésus ont été reçues différemment par chaque
évangéliste, donc qu’elles peuvent être comprises selon des contextes
communautaires différents.”

Le risque de la liberté
La spécificité catholique au sujet de l’interprétation des Écritures, note le
théologien, tient dans le dialogue entre l’autorité du texte biblique et celle de la
Tradition de l’Église. “La Tradition est d’ailleurs antérieure à l’Écriture, car
l’Évangile a d’abord été diffusé par transmission personnelle, puis orale, avant
d’être couché par écrit. Tout l’intérêt de la Tradition est de nous garder des
interprétations erronées du texte… mais elle a aussi pu conduire par le passé à la
tentation d’en imposer une lecture partiale.”

En prônant Sola Scriptura (l’Écriture seule) et le refus de tout magistère qui en
donne la lecture autorisée, les Réformateurs ont voulu soumettre la Tradition à
l’autorité suprême de l’Écriture. “Avec Sola Scriptura, les protestants ont pris le
risque de la liberté, résume Louis Schweitzer. Dès lors, les conflits liés à
l’interprétation du texte étaient inévitables. C’est ce qui fait que l’on trouve,
parfois au sein d’une même Église, des objecteurs de conscience et des aumôniers
militaires, tout cela au nom de leur lecture de la Bible. Mais ceci n’a rien de
nouveau : Luther, Zwingli et les anabaptistes s’entendaient tous sur l’autorité
suprême de l’Écriture, mais pas sur son interprétation !”

  Dans le judaïsme, les lectures évoluent
  aussi
  Le premier rabbin orthodoxe homosexuel a été ordonné à Jérusalem le 26 mai
  dernier. Cette ouverture est d’autant plus remarquable que l’orthodoxie interdit
  le mariage entre deux personnes du même sexe et que Daniel Atwood était
fiancé. Selon le quotidien israélien Haaretz, les critiques envers les
homosexuels seraient moins vives, mais la semikha (l’ordination) de celui qui
espère devenir “une présence rabbinique pour les LGBT et tous les juifs, quelle
que soit leur orientation” n’a pas eu lieu sans remous.

En France, la place des homosexuels dans le judaïsme a fait l’objet d’un débat
après que Joseph Sitruk, l’ex-grand rabbin de France, a appelé à une réaction
“radicale” contre l’homosexualité. En juin 2016, sur l’antenne de Radio J, il
avait associé la Gay Pride de Tel-Aviv à une “abomination”. Ce terme se
retrouve dans le verset Lv, 18,22. Pour le rabbin Delphine Horvilleur, qui milite
en faveur de l’accueil des homosexuels, le texte est sujet à interprétation. Selon
elle, il dénoncerait des relations sexuelles entre hommes ayant un caractère
humiliant, mais pas l’homosexualité.

“Le judaïsme a toujours refusé une lecture littérale du texte. Mais tout dépend
des sensibilités juives”, explique-t-elle. Et d’ajouter que si, en français,
“abomination” “suggère quelque chose de contre-nature, en hébreu, le mot
“toeva” serait plus proche de “tabou”.”

Pour aller plus loin :
Par Frederick Casadesus

Homosexualité: un projet de loi
français contre les “thérapies de
conversion”
Un projet de loi français est en préparation pour interdire les “pratiques
prétendant modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne”.

Après que le Parlement européen s’est exprimé contre les thérapies de
conversion, les parlementaires français envisagent de légiférer contre ces
pratiques, sous l’impulsion de Laurence Vanceunebrock-Mialon.

Fonctionnaire de police devenue députée de La République en marche de la
deuxième circonscription de l’Allier, cette élue ne connaissait rien à la cause
défendue par les associations LGBT. Mais après s’être informée, elle a entrepris
la création d’une mission d’information sur les pratiques prétendant modifier
l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne. “Dans un premier
temps, les responsables du groupe La République en marche n’ont pas vu l’intérêt
de légiférer, considérant que les thérapies de conversion ne concernaient qu’une
petite dizaine de personnes, dit-elle. Mais quand ils ont pris conscience qu’il ne
s’agissait pas d’une pratique marginale, ils ont soutenu ma démarche.”

Laurence Vanceunebrock-Mialon souligne que la mission parlementaire ne vise
pas à dénigrer les religions : “Notre ambition consiste à dresser un état des lieux
de ces pratiques menées, c’est vrai, par des communautés religieuses, mais aussi
par des autorités médicales. Je dirais même que nous défendons une conception
généreuse et fraternelle du message spirituel. D’ailleurs, si nous employons le
terme de thérapie de conversion, c’est parce qu’il s’agit d’un terme générique,
admis par la plupart des gens. Mais nous ne stigmatisons absolument par les
religions.”

Dans les mois qui viennent, une proposition de loi sera déposée, qui consistera à
interdire ces pratiques. “Nous souhaitons renforcer le Code pénal, en particulier
les dispositifs concernant l’abus de faiblesse, les violences volontaires, le
harcèlement sexuel, explique la parlementaire. Nous préconiserons aussi
l’amélioration du code déontologique de l’Ordre des médecins, afin de protéger
nos concitoyens de ces pratiques.”

Par Laure Salamon

Dans les coulisses de l’enquête
“Homothérapie”
Un documentaire et un livre dénoncent les pratiques de deux groupes originaires
des États-Unis, l’un catholique et l’autre protestant, prétendant guérir les
personnes homosexuelles.

Benoît est homosexuel. Il vit à Londres, travaille dans le cinéma. Il a l’air épanoui
et heureux. Pourtant, il revient de loin. Lorsqu’il est adolescent, il révèle son
attirance pour les garçons à ses parents. Ces derniers décident de le faire
participer à des sessions de guérison. À sa majorité, Benoît s’éloigne de sa famille
pour aller étudier à Paris, puis ailleurs. Il va vivre son homosexualité et
commencer à comprendre ce qu’il a enduré. Benoît témoigne dans le
documentaire Homothérapie – conversion forcée, diffusé sur Arte le
26 novembre, et dans le livre Dieu est amour.
Petits groupes si discrets…
Au départ de cette grande investigation, deux étudiants à l’École supérieure de
journalisme de Lille. “Pour mon cours d’enquête, raconte Bernard Nicolas,
réalisateur du documentaire et intervenant dans cette école, Timothée de
Rauglaudre et Jean-Loup Adénor m’ont proposé d’établir si les initiatives
américaines de “guérison” des homosexuels existaient en France.”

Les deux étudiants connaissaient le phénomène aux États-Unis. Ils ont cherché à
savoir si en France, dans un contexte religieux différent, ces pratiques avaient été
importées. “Les premières semaines, nous étions assez dubitatifs, explique
Timothée de Rauglaudre. Au fur et à mesure, nous avons eu des doutes sur des
petits groupes occultes qui cachaient leurs activités. Nous avons mené l’enquête
et découvert que le phénomène était bien présent. Même s’il est minoritaire, il est
en progression.”

Les deux apprentis journalistes démarrent en remontant la piste des groupes
américains. Ce qui les amène à se concentrer sur les deux associations qui se sont
implantées en France, l’une catholique, Courage, et l’autre protestante, Torrents
de vie. Mais elles sont loin d’être les seules sur ce terrain.

Le réalisateur-formateur découvre avec stupéfaction le travail de ses deux
étudiants. Il décide d’aller jusqu’au bout avec eux et contacte un producteur qui
partage son étonnement et son enthousiasme pour une telle enquête. Ils vont
monter un projet et le proposer à Arte.

Deux ans de travail
Il a fallu presque deux ans entre le moment où l’idée du sujet a germé et la sortie
officielle du documentaire… et du livre. En effet, au regard de la matière collectée
par les deux journalistes, la publication d’un ouvrage devient une belle
opportunité pour prolonger le sujet. Flammarion sera l’éditeur.

Le réalisateur se concentre sur les États-Unis, puis il tourne en France, en
Allemagne et en Suisse, sans oublier de s’attarder en Pologne. “Nous nous
sommes interrogés sur la situation dans un pays où le pouvoir politique est très
en lien avec la religion catholique, d’où le fait de tourner en Pologne, précise
Bernard Nicolas. Le plus dur a été de trouver des personnes et de les convaincre
de témoigner devant la caméra.”

En France, les deux étudiants se heurtent assez vite à l’impossibilité de recueillir
des témoignages. Ils décident alors d’utiliser la technique d’infiltration
journalistique pour pénétrer les deux associations. Jean-Loup Adénor se fait
passer pour Guilem, un jeune en plein questionnement sur son homosexualité. Il
se glisse dans les réunions de Courage et de Torrents de vie à Paris. À l’été 2018,
il participe à un stage pendant plusieurs jours consécutifs.

Cette semaine-là est difficile pour lui. Chaque soir, il raconte dans le détail sa
journée à son ami Timothée, au réalisateur ou à une personne de la production.
“Un jour où j’avais vécu des choses vraiment difficiles, Timothée m’a dit que je
n’étais pas obligé de rester toute la semaine. Mais j’y tenais vraiment, je devais
rester jusqu’au bout. Sinon, je l’aurais vécu comme un échec. Pourtant, il y a eu
des moments où j’ai eu vraiment envie de partir. Le groupe portait tellement
d’émotion, de compassion et d’empathie. Même pour moi qui avais du recul, j’ai
été submergé par la douleur des gens. D’ailleurs, trahir cette souffrance a été très
difficile pour moi. Jamais je n’ai voulu blesser qui que ce soit. Je n’ai pris aucun
plaisir à les trahir.”

Il aurait aimé contacter certains participants avec qui “le lien s’était renforcé”.
Mais comment le faire sans risquer de faire échouer l’enquête et détruire le
travail de toute une équipe ? La question l’a beaucoup tourmenté. Il sait pourquoi
et il a enduré ces épreuves. Le but de ce travail était de dénoncer le
“charlatanisme” des organisateurs.

Ils vont mal
« Lors du stage, les participants racontent des choses douloureuses. Mais après,
l’encadrement ne sait pas gérer la très grande souffrance qu’ils libèrent. Les
intervenants proposent aux accueillis d’écrire leurs émotions sur des post-it et de
prier, raconte Jean-Loup Adénor. C’est dangereux de laisser les gens repartir chez
eux dans cet état, car ils vont mal. »

Un projet de loi est d’ailleurs en préparation pour interdire ces pratiques.

Le réalisateur a choisi de ne pas utiliser à l’excès les scènes violentes tournées
pendant ces infiltrations. Il donne la parole à d’autres victimes, à d’autres témoins
qui ont choisi de refouler leur homosexualité ; ou encore à des responsables qui
ont changé d’avis sur leurs pratiques de “guérison” après avoir constaté qu’elles
ne débouchaient sur aucun résultat. Alan Chambers, président d’Exodus, l’une
des grandes associations engagées dans la “guérison” des homosexuels, a
démissionné au bout de dix ans. Désormais, il parcourt les États-Unis pour s’en
excuser.

Bernard Nicolas fait appel à des experts : l’universitaire Tanya Erzen, le
sociologue Yannick Fer, le théologien protestant Georg Otto Schmid, le théologien
catholique Laurent Lemoine, mais aussi Serge Blisko, ancien président de la
Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives
sectaires.

Les deux jeunes journalistes, qui entre-temps ont obtenu leur diplôme,
reconnaissent qu’ils ne sont pas sortis indemnes de cette expérience. L’enquête
les a conduits à s’interroger sur leurs propres valeurs et sur leurs convictions les
plus profondes. L’un a renforcé son athéisme, l’autre sa foi. Le documentaire
propose des témoignages d’une rare intensité. Ils sont si forts que le rendu en
images était impossible. C’est pourquoi le réalisateur a préféré opter pour le
dessin en faisant appel à l’illustrateur Antoine Moreau-Dusault.

“Les dessins apportent une vraie plus-value moderne et donnent une intensité
dramatique qu’une image seule n’aurait pu apporter”, reconnaît Bernard Nicolas.
Quant au livre, il traite du sujet surtout en France, révélant les réseaux
confessionnels impliqués. Sans pour autant oublier de mentionner l’histoire des
mouvements américains.

David et Jonathan
La démonstration serait incomplète si l’enquête montrait seulement la manière
dont les homosexuels sont perçus par les communautés protestantes et
catholiques. Les journalistes ont donc rencontré des associations de personnes
homosexuelles et chrétiennes comme David et Jonathan et la Communion
Béthanie.

Les récits de Jean-Michel Dunant (prieur de la Communion Béthanie) et
d’Anthony Favier (coprésident de David et Jonathan) prouvent que le
christianisme sait accueillir les homosexuels. Ils montrent cette espérance de
faire Église ensemble.•

À voir
Homothérapie, conversion forcée, Documentaire de Bernard Nicolas, diffusé
sur Arte, le 26 novembre à 20 h 50, en ligne sur arte.tv

Dieu est amour, Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre, Flammarion
(2019), 304 p., 19,90 €.

Les thérapies de conversion à la loupe
“ Thérapie de conversion”, l’expression est rarement citée ou utilisée, que ce soit
dans le documentaire ou dans le livre. Qu’entend-on vraiment derrière ce
concept ? Il désigne des pratiques visant à faire changer l’orientation sexuelle
d’une personne homosexuelle. Les journalistes qui ont mené l’enquête préfèrent
parler de “thérapie de guérison”, d’homothérapie ou de groupes ex-gay.
Auparavant, les thérapies de conversion désignaient des pratiques médicales ou
chirurgicales pour “guérir” les homosexuels, comme des traitements hormonaux,
la lobotomie, ou les décharges électriques. Ces “thérapies” n’en sont pas vraiment
car elles ne répondent pas à des critères médicaux ou scientifiques avérés, et
elles ne sont pas réalisées par des professionnels. Ces groupes prennent de
nouvelles formes, ressemblent à des réunions d’alcooliques anonymes ou des
stages pour retrouver son identité. Une piètre ruse pour cacher ce qu’ils sont
vraiment.      L. S.
Par Noémie Taylor-Rosner

États-Unis: des lois antithérapies
de conversion
Face à la vague de suicides causée par les thérapies de conversion, des États
américains interdisent cette pratique chez les mineurs. Dans d’autres, le débat
continue.

David Matheson a été l’un des plus farouches défenseurs des thérapies de
conversion aux États-Unis. Dans son cabinet du New Jersey, ce thérapeute
mormon, originaire de l’Utah, a suivi des centaines de patients homosexuels, dans
le but de les aider à “guérir” de leur attirance pour des personnes du même sexe.
David Matheson s’est longtemps appuyé sur son expérience personnelle pour
tenter de prouver l’efficacité de ses thérapies. Marié pendant trente-quatre ans
avec une femme, il était, disait-il, la preuve vivante qu’il était possible de changer
d’orientation sexuelle. Jusqu’à ce que le célèbre thérapeute annonce en
janvier 2019 avoir décidé de quitter son épouse pour vivre son homosexualité.

Aux États-Unis, David Matheson n’est pas le seul ancien partisan des thérapies de
conversion à discréditer cette pratique. Au cours de la dernière décennie,
plusieurs autres personnalités, à l’image d’Alan Chambers, le leader de
l’organisation chrétienne Exodus International, sont même allées jusqu’à
présenter des excuses publiques aux victimes de thérapies, reconnaissant
l’inefficacité et la dangerosité de ces pratiques.

Graves séquelles psychiques
Alcoolisme, addiction aux drogues, dépression, suicides. Le mouvement religieux
“ex-gay” est aujourd’hui jugé responsable d’avoir laissé de graves séquelles
psychiques sur les homosexuels qui ont fréquenté ces groupes de parole, de
prière ou qui ont subi des exorcismes.

Ce mouvement est né aux États-Unis à la fin des années 1970 au sein de cercles
évangéliques et catholiques. Au total, 680 000 Américains, dont
350 000 adolescents, auraient déjà suivi une thérapie de conversion, selon des
chiffres du Williams Institute on Sexual Orientation Law and Public Policy, un
institut de recherche au sein de l’université de Californie à Los Angeles.

Face à la gravité de la situation, de nombreux États américains se sont mis à
légiférer. En 2012, la Californie a été la première à interdire ces thérapies pour
les mineurs. Depuis, 17 autres États ont adopté des lois similaires.

Siège mondial de l’Église mormone, l’Utah est aujourd’hui l’un des derniers États
américains en date à débattre de la question après qu’une association de défense
des droits LGBT+ a constaté une explosion du taux de suicide chez les jeunes.
Celui-ci “a grimpé de 141 % depuis 2012”, explique Troy Williams, directeur de
l’association Equality Utah. “Profondément alarmée” par ces chiffres,
l’organisation a mené alors des recherches pour déterminer la cause de l’envol
des suicides et a découvert que les thérapies de conversion sont l’une des
principales causes de la hausse. “Nous avons décidé de mener un sondage auquel
ont répondu plus de 100 personnes ayant survécu à une thérapie de conversion.
Presque toutes ont signalé une augmentation des idées suicidaires et des
tentatives de suicide”, confirme Troy Williams.

Les fidèles divisés
Le professeur de droit à l’université d’Utah, Clifford Rosky, a aidé l’association
Equality Utah à rédiger une proposition de loi visant à interdire les thérapies de
conversion au sein de l’État.

Examinée cette année par le parlement local, la loi s’est heurtée à l’opposition de
plusieurs élus conservateurs, craignant que la liberté religieuse soit remise en
cause. “Plus de 80 % des élus sont affiliés à l’Église mormone, rappelle Clifford
Rosky. Et même si celle-ci a affirmé officiellement son opposition aux thérapies de
conversion [en 2016] et a même travaillé avec nous sur la proposition de loi, cela
n’empêche pas les mormons de continuer d’être divisés sur la question des
thérapies de conversion, comme les catholiques le sont par exemple sur
l’avortement.”

Encadrer les thérapeutes
Plutôt que d’interdire les thérapies de conversion par la loi, l’État réfléchit
actuellement à une modification des règles encadrant la profession de thérapeute.
“Mais là encore certains mormons sont inquiets : ils redoutent, par exemple, de ne
plus pouvoir prôner l’abstinence car ils craignent que celle-ci soit considérée par
le nouveau règlement comme une forme de thérapie de conversion”, note Clifford
Rosky.

Selon Troy Williams, “de plus en plus de fidèles de l’Église mormone se rangent
aujourd’hui aux côtés de la communauté LGBT+”. Il y a “une vague de soutien qui
n’existait pas il y a dix ans. La vérité, c’est que davantage d’enfants LGBT+ vivent
dans des familles mormones. Et les mormons aiment la famille. Beaucoup se
rendent compte qu’ils ne sont pas obligés de faire un choix entre leur foi et leurs
enfants”, explique-t-il.

Toutes les Églises américaines n’ont pas pris officiellement position sur la
question des thérapies de conversion. Mais au sein du courant évangélique par
exemple, certaines figures de renom se sont opposées à leur pratique.

C’est le cas du conservateur Russell Moore, président de la Commission sur
l’éthique et la liberté religieuse de la Convention baptiste du Sud, qui, en 2014,
avait jugé les thérapies de conversion dépassées et “contre-productives”.•

Noémie Taylor-Rosner, correspondance de Los Angeles
Par Claire Bernole

Homosexualité: David et Jonathan
dénonce    les   thérapies    de
conversion
Cyrille de Compiègne, de l’association LGBT+ chrétienne David et Jonathan,
dénonce la violence des démarches vouées à modifier l’orientation sexuelle.

Voilà environ un an et demi que nous avons commencé à être interpellés
politiquement sur ces démarches qui ont vocation à détourner les personnes de
leur identité LGBT+. Mais nous alertons sur certains mouvements depuis 2014.
Autant nous nous réjouissons que la lumière soit mise sur certaines pratiques
problématiques, autant la thérapie de conversion avec tout l’imaginaire américain
qu’elle véhicule (sessions intensives dans un espace-temps donné) est une réalité
difficile à saisir, car ceux qui les proposent ne l’affichent pas explicitement. Ils ont
conscience qu’il ne faut pas que cela se sache trop largement.
Une zone grise de pratiques
Nous entrons dans une zone grise de pratiques, où l’homosexualité est
« pathologisée », avec des formes d’abus psychologique et spirituel. Mais il
n’existe pas forcément de thérapie de conversion labélisée et facilement
identifiable.

En tant qu’association, nous recevons des personnes en tension dans leur
identité, leur sexualité et leur foi ou leur spiritualité, mais celles qui s’adressent à
nous sont dans une volonté de conciliation. Quelques-unes ont subi ce qui
ressemble, de près ou de loin, à des thérapies de conversion. Ce sont souvent des
personnes très attachées à leur foi ou à leur Église et son autorité. La plupart des
personnes qui traversent des souffrances profondes liées à leur difficulté à
assumer leur sexualité souhaitent rarement l’exprimer publiquement, par
inconfort psychologique ou volonté de ne pas mettre leur Église en porte-à-faux.
Caractériser ce qui se passe est donc une véritable gageure. Aussi, la mobilisation
médiatique et parlementaire pour enquêter sur le sujet nous paraît aller dans le
bon sens. Elle doit aussi interpeller en interne les Églises chrétiennes.

Psychologie et théologie
Les personnes qui proposent des démarches pour changer d’orientation sexuelle
construisent des discours mêlant souvent arguments spirituels et psychologiques :
la personne a été abusée enfant, son père ou sa mère était trop ou pas assez
présent… Il y aurait forcément un déséquilibre quelque part qui expliquerait
l’orientation homosexuelle comme une conséquence néfaste à traiter.

Même si on considère sur un plan théologique que l’homosexualité est un péché,
une rupture dans la relation avec Dieu – ce qui n’est pas notre avis –, les
intervenants de ce genre de démarches recourent à des arguments
psychologiques pour justifier des énoncés d’ordre théologique. C’est très
discutable.

Leurs discours entretiennent chez les personnes concernées l’idée que
l’homosexualité ou la transidentité n’est pas saine, n’est pas épanouissante et ne
correspond pas au plan de Dieu. Les personnes sont donc plus ou moins
explicitement invitées à combattre, à essayer d’entrer dans une norme
hétérosexuelle.

Ceux qui pratiquent ces thérapies de conversion se défendent de guérir les
homosexuels. Mais considérer comme douloureuse, malsaine ou désordonnée
l’orientation sexuelle d’une personne ne revient-il pas à inciter à la changer ?
Quels que soient les termes employés, c’est un encouragement au refoulement et
à la culpabilité.

Propos recueillis par Claire Bernole

davidetjonathan.com

Par Claire Bernole

Homosexualité: Torrents de vie
s’exprime
Claude Riess, coordinateur de Torrents de vie France, prend la parole sur
l’accompagnement pastoral proposé aux personnes homosexuelles.

L’accompagnement pastoral que nous proposons aux personnes homosexuelles ou
attirées par le même sexe s’inscrit dans le cadre global de questions liées à la
sexualité, à l’identité ou à la relation à l’autre. Seulement 10 à 15 % de ceux qui
se tournent vers nous le font pour une attirance à l’égard des personnes du même
sexe. Dans l’année, notre association rencontre environ 200 personnes, dont 20 à
30 sont concernées, de près ou de loin, par la question de l’homosexualité.

Notre objectif est d’offrir un accompagnement spirituel et basé sur une éthique
chrétienne. La Bible oriente notre approche. Genèse 1 indique que l’homme et la
femme sont à l’image de Dieu. La Parole affirme donc les valeurs de
différenciation et de complémentarité. Puis est venu le péché…

Besoin d’amour
Les textes bibliques mentionnant l’homosexualité ne sont pas cités lors de nos
sessions. Les personnes qui se tournent vers nous portent souvent le poids de la
culpabilité, notamment du fait d’une incompréhension de leur milieu ecclésial.
Nous souhaitons les amener à retrouver un lien avec le Père à travers Jésus et
ainsi, à retrouver leur identité de fils ou de fille de Dieu. Pour cela, notre
première approche ne consiste qu’à témoigner de l’amour divin.

L’orientation sexuelle d’une personne, en l’occurrence homosexuelle, est
rarement choisie. Elle correspond à une recherche d’amour. On ne guérit pas un
besoin d’amour. On ne guérit pas non plus une personne hétérosexuelle qui
s’adresserait à nous parce qu’elle a un problème avec la pornographie ou la
dépendance affective. Il s’agit seulement de guider et d’aider les personnes en
demande dans le choix qui est le leur : mettre en cohérence leur sexualité avec
leur identité d’enfant de Dieu, dans une perspective biblique partagée.

Pas de militantisme
Les hommes et les femmes qui font appel à nous sont tous majeurs, chrétiens et
en demande pour un accompagnement tel que celui que nous sommes en mesure
de leur proposer. Nous ne sommes pas, par ailleurs, dans le jugement envers ceux
qui font le choix de vivre et d’assumer leur homosexualité. Nous ne sommes pas
dans le militantisme. Nous accompagnons des personnes qui ont fait un choix
volontaire, en respectant leur rythme et leur souhait.

Nous affichons clairement que nous ne sommes pas psychologues. Il arrive que
nous encouragions des participants à se tourner vers des professionnels (bien
souvent, ceux qui viennent à nous ont déjà consulté). Dans une vision holistique
de l’être humain, corps, âme et esprit, les deux démarches – spirituelle et
psychologique – sont complémentaires mais distinctes. Nous accompagnons les
personnes sur un chemin d’apaisement par l’écoute bienveillante et la prière.

Dans ce but, nous donnons à la parole de Dieu toute sa place et bien sûr, nous
acceptons que tout le monde n’en ait pas la même compréhension. Mais dans une
société qui se veut libre, des visions différentes devraient pouvoir être acceptées.
Il s’agit de respecter la liberté de pensée religieuse de chacun.

torrentsdevie.fr

Pour aller plus loin :

Pratiques prétendant modifier l’orientation sexuelle ou
l’identité de genre d’une personne : Audition du Pasteur
Gilles Boucomont
Par Louis Fraysse

Le mot de la semaine : “Thérapie”
Chaque semaine, dans Réforme, un mot passe à la loupe. C’est au tour de
“thérapie”.

Le documentaire Homothérapies, conversion forcée, qui sera diffusé le
26 novembre sur Arte, crée déjà des remous. Cette enquête sur les “thérapies de
conversion” fait froid dans le dos.

Emprunt au grec therapeia “soin”, lui-même dérivé de therapeuein “prendre soin
de”, mais aussi “servir Dieu”, thérapie apparaît assez tard en français. Jusqu’au
XIXe siècle, on lui préfère “thérapeutique”, terme aujourd’hui surtout utilisé
comme adjectif. Peu à peu, le mot a pris le sens de “traitement médical”, pour
traiter des souffrances tant somatiques que psychologiques.

Le stress, seigneur des maux de ce siècle nouveau, est à l’origine de quantité
d’offres de thérapie. Peut-être avez-vous déjà croisé, dans un parc ou une forêt,
une personne enlaçant langoureusement un chêne. La sylvothérapie, ou thérapie
par les arbres, est une médecine douce dont les vertus seraient de réduire
l’anxiété causée par la vie citadine (à éviter en cas d’orage).

L’aéroport de San Francisco, lui, met à disposition de ses usagers Lilou, un
adorable cochon nain. Sa simple présence apaise l’angoisse des voyageurs. La
zoothérapie, ou thérapie assistée par l’animal, est en essor constant. Ses bienfaits
pour les enfants autistes et les personnes très âgées ont été démontrés. La
science commence d’ailleurs à se pencher sur les vertus thérapeutiques du
ronronnement – on parle alors de “ronron thérapie”. Vous penserez à remercier
votre chat pour sa contribution désintéressée à votre bien-être.

Sylvothérapie, zoothérapie, mais aussi thérapie par la marche, l’art, la danse ou le
jardinage… des thérapies, il y en a pour tous les goûts. Comme pour rappeler que
si tout va mal aujourd’hui, tout ira mieux demain.
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