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L’hypnose et la douleur
Chantal Wood, Nathalie Duparc,
Véronique Leblanc, Cécile Cunin-Roy
L’
Chantal Wood, Nathalie Duparc, hypnose est de plus en plus utilisée due, passive dans laquelle apparaît une absence
Véronique Leblanc, Cécile Cunin-Roy :
pour traiter la douleur, que ce soit chez de jugement ou de censure, une suspension
Unité de Traitement de la Douleur
Hôpital Robert Debré l’adulte ou chez l’enfant. En effet, d’orientation de lieu ou du temps, une expé-
48 Bd Serurier comme le souligne D. Bouhassira [1], rience de réponses quasi automatiques. Cet état
75019 Paris « le traitement de la douleur représente une des facilite l’incorporation de suggestions hypno-
principales applications cliniques de l’hypnose. tiques dont celles de l’analgésie [3].
Correspondance :
Chantal Wood
L’analgésie, c’est-à-dire la réduction de la sen- Nous comprenons donc que l’hypnose est
E-mail : chantal.wood@rdb.ap-hop-paris.fr sibilité à la douleur, est un des phénomènes hyp- un état naturel que nous rencontrons ou expé-
notiques les mieux connus ». Afin de mieux faire rimentons tous à différents moments de la jour-
Mots-clés : comprendre comment l’hypnose peut agir sur née. Pour les enfants, cet état est encore plus
hypnose, douleur, enfants
la douleur, nous aborderons successivement ce habituel car il n’y a que peu de barrières entre le
qu’est l’hypnose, comment l’hypnose peut agir réel et leur imaginaire.
sur la modulation de la douleur et les applica-
tions de l’hypnose sur la prise en charge de la
douleur de l’enfant.
Comment l’hypnose agit
sur le cerveau
Qu’est-ce que l’hypnose ? Les discussions sur les mécanismes de
l’analgésie hypnotique reposent sur deux
L’hypnose est selon Roustang [2] « la veille grandes catégories selon qu’elles mettent en
paradoxale ». En effet, il suffit, selon lui d’ob- avant les processus psychologiques ou les pro-
server ce qui se passe lors d’une séance pour cessus physiologiques [1].
répondre à cette question. « On constate en Pour certains, les phénomènes hypnotiques
effet, d’une part une immobilité du corps qui résulteraient de modifications spécifiques du
reste indifférent à tous les stimuli extérieurs hor- fonctionnement cérébral caractérisé par une
mis la voix du thérapeute, d’autre part une viva- augmentation de la suggestibilité des sujets.
cité de l’attention du sujet à tout ce qui se passe Ernest Hilgard, psychologue américain, avait
en lui et pour lui, liée à la possibilité d’une proli- montré que l’augmentation de la tolérance à la
fération imaginaire. Il est donc visible qu’une douleur expérimentale était directement corré-
atonie musculaire et posturale s’allie à cet état lée à la suggestibilité des sujets. Ceux-ci avaient
avec une activité cérébrale intense. L’hypnose une réduction de la sensation douloureuse sans
ne serait plus à désigner de ce mot qui signifie modification des réactions physiologiques
sommeil bien paradoxal, puisque le sujet n’est induites par la douleur. Il y aurait donc, pour cer-
pas endormi, même s’il en a l’apparence, et que tains, une sorte de « barrière » entre les niveaux
certains modes propres à la veille y acquièrent inférieurs et les niveaux supérieurs impliqués
une intensité particulière ». dans la perception consciente [1].
L’état hypnotique commence par une condi- Les physiologistes ont cherché à mettre en
tion de relaxation physique et mentale, associée évidence les modifications de l’activité cérébrale
à une absorption et une focalisation sur un ou induite par les suggestions hypnotiques. Une
plusieurs objets. Les suggestions initiales de série de travaux récents s’appuyant sur les tech-
l’induction hypnotique sont dirigées vers ces niques modernes de l’électrophysiologie ou de
deux buts. Cet état peut aussi très simplement l’imagerie fonctionnelle cérébrale, ont permis
se rencontrer lorsque quelqu’un est fasciné par d’analyser directement les effets des sugges-
quelque chose, lorsque l’on regarde un film pas- tions hypnotiques sur les systèmes neurophy-
sionnant ou simplement lorsque l’on est absorbé siologiques impliqués dans la perception et la
par les rides d’un ruisseau ou par les détails d’un modulation de la douleur.
paysage... Nous passons alors d’une forme Cependant, les travaux reposant sur l’élec-
active de concentration à une forme plus déten- trophysiologie ont été décevants, car l’existence
40 ✶o❍IGM❘I ✬PM❘MI pour les pédiatres • ❘✕✕✏◗❊M✑NM❘✖✔✔✘Tableau 1. Techniques d’induction adaptée à l’âge de l’enfant (d’après Olness et Kohen [9]). de modifications spécifiques de l’activité
électrique cérébrale au cours de l’hypnose
Âge préverbal - une stimulation tactile, des caresses, des câlins n’a pas été démontrée
de 0 à 2 ans - une stimulation kinesthésique : bercer, faire bouger un bras Par contre, la tomographie par émis-
en faisant des aller/retour sions de positons (PET scan) et l’imagerie
- une stimulation auditive : la musique ou un bruit continu, tel qu’un
fonctionnelle par résonance magnétique
sèche cheveux, un rasoir électrique ou un aspirateur, qui sont placés
loin de l’enfant (IRMF) ont été utilisées pour « visualiser »
- une stimulation visuelle : des mobiles ou d’autres objets qui les modifications de l’activité cérébrale.
peuvent changer de taille, de position, de couleur L’équipe de Pierre Rainville et de Cathe-
- tenir une poupée ou un petit animal en peluche rine Bushnell [4], à Montréal, ont pu ana-
lyser les modifications de l’activité céré-
Âge verbal - souffler des bulles brale au cours de l’induction hypnotique
de 2 à 4 ans - raconter une histoire
- livres avec des personnages animés
et lors de suggestions d’analgésie. Ils ont
- visionneuse stéréoscopique démontré que les effets produits par les
- l’activité favorite, suggestions d’analgésie ont entraîné des
- parler à l’enfant à travers une poupée ou un petit animal en peluche modifications très sélectives de l’activité
- se regarder sur une vidéo, de régions cérébrales normalement mise
- utiliser une poupée toute molle (Floppy Raggedy Ann) en jeu par les stimulations douloureuses
expérimentales. On distingue classique-
Âge pré-scolaire - souffler l’air
ou âge scolaire - un endroit favori ment une composante « sensori-discri-
débutant (4 à 6 ans) - des animaux multiples minative » (qui permet de localiser la dou-
- un jardin avec des fleurs leur, d’en apprécier son intensité et ses
- raconter une histoire (seul ou dans un groupe) qualités sensorielles) qui impliquerait les
- le grand chêne cortex somesthésiques primaire et secon-
- fixer une pièce de monnaie
daire localisés dans la région pariétale du
- regarder une lettre de l’alphabet
- des livres avec des personnages animés cerveau. Les régions insulaire et cingu-
- une histoire télévisée fantasmagorique laire, appartenant au système limbique,
- la vision stéréoscopique seraient impliquées dans la composante
- la vidéo « affectivo-émotionnelle » de la douleur
- des boules qui se balancent lui conférant sa note désagréable. Les sug-
- biofeedback thermique ou autre gestions visant à réduire le caractère désa-
- les doigts qui s’abaissent
- une activité dans une salle de jeu
gréable de la douleur, s’accompagneraient
d’une réduction de l’activité des régions
De 7 à 11 ans - l’activité favorite insulaire et cingulaire, alors que l’activité
- l’endroit favori du cortex somesthésique, ne serait pas
- regarder les nuages modifiée de manière significative.
- la couverture volante D’autres études ont cherché à préci-
- des jeux vidéo vrais ou imaginaires
ser le rôle des systèmes de modulation de
- monter sur une bicyclette
- souffler l’air à l’extérieur la transmission des informations nocicep-
- écouter de la musique tives. Ainsi, dans l’analgésie hypnotique,
- s’écouter sur une cassette il ne semble pas qu’il existe une libération
- regarder les nuages d’opioïdes endogènes, car l’effet de celle-
- fixer une pièce de monnaie ci n’est pas contrecarré par l’administra-
- rapprochement des mains
tion de naloxone, antagoniste spécifique
- la rigidité du bras
de la morphine. Par contre, il y a une mise
Adolescence : - l’endroit favori ou activité favorite en jeu des systèmes de contrôle descen-
12 à 18 ans - activité sportive dant de la douleur, comme en témoigne
- catalepsie du bras l’abolition du réflexe R III [5, 6], lors de sug-
- la respiration gestions hypnotiques d’analgésie.
- les jeux vidéo vrais ou imaginaires Toutes ces données permettent de
- des jeux informatiques vécus ou imaginés
- la fixation des yeux sur une main
comprendre le regain d’intérêt qu’il y a
- conduire une voiture pour l’hypnose dans la prise en charge de
- écouter ou entendre de la musique la douleur.
- lévitation de la main En effet, comme le souligne Bernard
- le rapprochement des mains Laurent [7] : « La douleur est comme toute
- des jeux fantasmagoriques stimulation sensorielle soumise aux
✶o❍IGM❘I ✬PM❘MI pour les pédiatres • ❘✕✕✏◗❊M✑NM❘✖✔✔✘ 41Articles Fonctions endocrines du placenta humain
influences de l’attention, de l’anticipation, pées ou de peluches ou d’une histoire L’hypnose conversationnelle
de l’imagerie mentale, de conditionne- favorite peuvent aider l’enfant. Celui-ci
ments antérieurs…. De plus, on découvre refuse souvent de fermer les yeux, voir Une des choses fondamentales
que les zones frontocingulaires activées même de rester tranquille et de se relaxer. qu’apprend l’hypnose au thérapeute débu-
par les médicaments antalgiques comme Il faudra donc être plus inventif, avec des tant, concerne sa manière d’améliorer ses
la morphine par exemple ou par des sti- histoires mettant en jeu des personnages techniques de communication. En effet,
mulations antalgiques du cortex comme fantastiques, forts, des héros n’ayant pas c’est à partir de la deuxième moitié du
la stimulation corticale sont les mêmes peur des situations potentiellement anxio- XXème siècle, avec les travaux de Milton
que celles sollicitées par des interventions gènes que l’enfant va vivre. Erickson, que se met en place une véri-
non médicamenteuses comme l’hypnose. table réflexion sur la forme de communi-
Ainsi se trouve encore réduite la dichoto- L’hypnose avec l’enfant en âge cation hypnotique. La programmation neu-
mie entre les approches anatomo-biolo- scolaire et l’adolescent rolinguistique (PNL) doit beaucoup à
gique et psychologique de la douleur «. l’hypnose ericksonienne, tant au niveau
Les enfants de cet âge ont des capa- des techniques hypnotiques et non hyp-
cités très fortes à utiliser l’hypnose. Le pic notiques qu’au niveau de l’utilisation fine
L’hypnose avec les enfants de l’âge où les capacités hypnotiques sont du langage à des fins thérapeutiques.
maximales est de 8 à 12 ans [11]. Les Nous ne développerons pas plus ample-
Pour faire de l’hypnose avec un enfant, enfants peuvent se concentrer, être absor- ment ce chapitre, le lecteur pouvant se
il est nécessaire qu’une relation théra- bés et entrer en transe hypnotique beau- référer à l’ouvrage de Didier Michaux [10]
peutique de qualité s’installe, permettant coup plus facilement que l’adulte. Ils peu- pour en savoir davantage. Nous ne ferons
à l’enfant de faire confiance au thérapeute vent alors accepter de fermer les yeux, de que citer quelques exemples pratiques.
et que celui-ci apprenne à entrer dans le rester tranquilles et d’utiliser leurs propres Le cerveau n’entend pas la négation.
monde de l’enfant, de manière émotion- histoires et leur créativité;…..par exemple, Si vous demandez à quelqu’un : « ne pen-
nelle et imaginaire. utiliser le fait d’aimer les pizzas lors de l’in- sez pas à un éléphant rose !!! »…. Votre
On a d’ailleurs dit que les limites de troduction d’une sonde naso-gastrique….. sujet va immédiatement « voir » cet élé-
cette technique étaient principalement phant rose. On comprend, alors, lors de
liées aux propres limites du thérapeute Le rôle des parents nos soins, l’importance d’éviter des
quand celui-ci n’était pas assez créatif [8]. phrases comme :
Le thérapeute doit aussi s’adapter au Ils peuvent être d’une grande aide, car – « N’aie pas peur….. » soulignant juste-
fonctionnement cognitif de l’enfant en uti- ils connaissent mieux que nous leur enfant, ment le mot « peur » ;
lisant ses mots pour parler de sa douleur ses goûts, ses intérêts, voire même sa – « Tu n’auras pas mal » ;
et de ses sensations et en utilisant des manière de faire face à la douleur. Il est – « Ne t’inquiètes pas » ;
techniques adaptées à l’âge de l’enfant. important de leur expliquer ce qu’est l’hyp- – ou simplement « ne tombes pas…. »
Différentes techniques ont été nose, comment elle peut être utile lors de
décrites pour une induction chez l’enfant phénomènes douloureux. Il faut aussi leur • Une autre application de l’hypnose
[9] (tableau). demander d’assister à la séance. De cette conversationnelle, est de projeter le patient
manière, les parents peuvent devenir des dans le futur…..
L’hypnose avec l’enfant alliés et aider leur enfant à utiliser l’hyp- – « comme tu seras content, quand j’au-
d’âge préscolaire nose. Ceci est d’autant plus vrai lors de rai fini de t’examiner et que tu pourras
douleurs récurrentes (douleurs abdomi- regarder la télé… »
L’hypnose à cet âge, est différente de nales) ou de gestes invasifs répétés. – ou pour une femme enceinte : « je com-
l’hypnose utilisée avec les enfants plus prends que vous ayez peur d’aller au bloc
âgés. En effet, les enfants de moins de 6 opératoire …… mais dans quelques
ans ne font pas une claire distinction entre
Les applications de l’hypnose minutes, vous allez avoir votre petit bébé
la réalité et leur monde fantastique. C’est dans la prise en charge de contre vous… vous allez pouvoir le tou-
l’âge des copains imaginaires, des jeux la douleur de l’enfant cher… l’embrasser… » La mère est déjà
permettant d’extirper leurs peurs [7]… dans le futur de l’acte et non dans l’anxiété
C’est l’âge où le thérapeute doit s’adap- L’hypnose peut être utilisée de 4 de l’attente de ce qui va se produire.
ter encore plus au monde de l’enfant. Il manières différentes chez l’enfant :
faut qu’il soit créatif, en utilisant des - l’hypnose conversationnelle, • La régression en âge est également
thèmes qui peuvent intéresser l’enfant et - l’hypnose avec le Mélange Equimolaire utile, surtout lors d’un handicap transitoire.
avoir un ton de la voix différent de celui d’Oxygène et de Protoxyde d’Azote Par exemple, lors de la prise en charge
employé avec l’enfant plus âgé. L’hypnose, (MEOPA), d’un enfant présentant une algodystro-
à cet âge fait plus appel à l’imagerie - l’hypnose en prémédication, phie, le thérapeute, constatant la sous uti-
visuelle ou à la réalité virtuelle. - l’hypnose sans sédation médicamen- lisation du membre supérieur atteint, peut
L’utilisation de bulles de savon, de pou- teuse. parler à l’enfant du temps qu’il a pris pour
42 ✶o❍IGM❘I ✬PM❘MI pour les pédiatres • ❘✕✕✏◗❊M✑NM❘✖✔✔✘l’acquisition de la marche : « tu te rappelles de recommencer cette technique sans ratoire, on retrouvait une différence signi-
quand tu as commencé à marcher ?....... appréhension pour le geste futur. ficative des désordres comportementaux
tu mettais un pied…. Et puis tu tom- dans le groupe M comparé au Groupe H
bais…puis un jour tu as pu mettre un L’hypnose en prémédication et ceci à J1 et J7 (62 % versus 30 % à
pied… puis un second…Puis un jour tu as J1 ; 59 % versus 36 % à J7). L’agressi-
pu lâcher ta main…tu tombais…Et puis tu L’équipe de Claude Ecoffey, à Rennes, vité des enfants envers leurs parents est
as pu lâcher les deux mains… et actuel- a comparé l’hypnose à l’administration de resté élevée dans le groupe M à J1 et
lement, quand tu marches, tu ne penses midazolam (Hypnovel®) pour la prémédi- J14.
même pas à comment mettre tes pieds cation de 50 enfants âgés de 2 à 11 ans
par terre…Alors… tu vois, ce poignet et [13]. L’évaluation du comportement des L’hypnose sans association
cette main ont oublié de faire leur travail … enfants a été faite par : médicamenteuse
et petit à petit, ils vont réapprendre…Et - Le Modifed Yale Preoperative Anxiety
plus tu vas les faire travailler, plus ils vont Scale (mYPAS), un test d’anxiété pré-opé- L’hypnose a été largement utilisée
apprendre à redevenir comme avant…. ratoire, comportant 22 items divisés en 5 pour aider les enfants lors de douleurs
En prenant du temps … ». catégories (l’activité, le comportement aiguës [14, 15], dans le service d’urgence,
verbal, l’expression, le réveil, l’attitude lors de soins douloureux comme les ponc-
L’hypnose avec le Mélange envers les parents). tions lombaires ou les ponctions médul-
Equimolaire d’Oxygène et de - Le Post Hospitalisation Behaviour laires, lors de douleurs prolongées ou
Protoxyde d’Azote (MEOPA) Questionnaire (PHBQ), évaluant le com- récurrentes [16-19], les crises vaso-occlu-
portement post-opératoire, comportant sives, les céphalées et migraines [20], les
L’utilisation de techniques hypnotiques 26 items, divisés en 6 catégories (l’anxiété douleurs abdominales……
associées au MEOPA s’élargit. Un film fait générale, la peur de la séparation, la peur Ces techniques sont plus efficaces en
par Sophie Leruth et Bénédicte Minguet de dormir, les désordres alimentaires, situation d’urgence. En effet, le patient
[11], disponible à l’Association Sparadrap l’agressivité envers l’autorité et l’apathie). effrayé, traumatisé est dans une certaine
montre comment associer les techniques Les enfants ont été hospitalisés le jour forme de transe hypnotique (ou de focali-
hypnotiques à ce produit. L’équipe de de la chirurgie. En arrivant, le score sation sur sa douleur) et peut alors, en fonc-
l’Unité de Traitement de la Douleur de l’Hô- d’anxiété (mYPAS) a été rempli par l’infir- tion de la persuasion et de la créativité du
pital Robert Debré a largement utilisé ces mière. Les parents ont rempli un ques- thérapeute, être absorbé par autre chose.
techniques [12]. En octobre 2003, elle avait tionnaire sur le comportement habituel de En situation de douleur chronique ou
fait plus de mille accompagnements, avec leur enfant pendant l’hospitalisation. répétée, il faut passer par une induction
le MEOPA. La technique utilisée est celle Ils ont été séparés en deux groupes : hypnotique, permettant à l’enfant de foca-
de l’imagerie visuelle. le groupe H ou Hypnose, et le groupe M liser son attention et de s’absorber davan-
Les indications sont larges : ponctions ou Midazolam. tage. Les techniques dépendent de l’âge
lombaires, ponctions de moelle, ponctions - Le Groupe H a ingéré un placebo, 30 de l’enfant et passent de la caresse d’une
biopsie rénale, pansements divers, minutes avant l’acte opératoire, puis peluche, à la fixation visuelle ou à des tech-
retraites de drains et de redons, soins chez l’anesthésiste a fait une induction hypno- niques idéomotrices [9].
des enfants anxieux ou phobiques. tique maintenue jusqu’à l’induction de Une fois l’induction en place, le théra-
La méthode doit être expliquée à l’en- l’anesthésie. peute peut utiliser différentes techniques
fant, et il est essentiel qu’il adhère et - Pour le Groupe M, O, 5 mg/kg de pour modifier le vécu douloureux [21] :
accepte celle-ci. On demande à l’enfant midazolam a été donné par voie buccale - la suggestion directe,
ce qu’il veut « vivre » pendant le geste dou- 30 minutes avant l’acte. - l’amnésie partielle ou totale de la douleur,
loureux (match de foot, voyage, aller dans Un deuxième score d’anxiété a été - l’analgésie, en modifiant la sensation dou-
un endroit favori, décorer l’arbre de Noël, pratiqué à l’entrée de la salle d’opération, loureuse pour la rendre moins désagréable
visiter une ferme…..). Le thérapeute garde puis un troisième, lors de la mise en place (ex : un engourdissement),
un contact verbal avec l’enfant, l’accom- du masque d’anesthésie. - l’anesthésie, plus difficile à obtenir,
pagnant selon son imaginaire et ses idées. En post-opératoire, la douleur a été - la substitution de la douleur par une sen-
Il nous semble que cette technique est évaluée par l’Objective Pain Score (OPS). sation moins désagréable : par exemple
supérieure à l’administration de MEOPA Les enfants sont rentrés chez eux, s’ils la sensation de brûlure par une sensation
seul. En effet, l’hypnose, en association répondaient aux critères de sortie. Les de chaleur douce ou de tiédeur,
avec le MEOPA, permet à l’enfant de foca- parents ont été contactés par téléphone, - le déplacement de la douleur en un point
liser plus facilement son attention ailleurs, à J1, J7, J14. du corps,
d’obtenir plus vite une dissociation. Les Les résultats montrent qu’il y avait - la dissociation, qui permet au corps de
enfants ne se rappellent plus précisément une différence significative entre les deux se détacher de la zone douloureuse : « lais-
ni du geste, ni de la douleur, mais se sou- groupes en ce qui concerne l’anxiété pré- sez votre jambe cassée là…. Et partons
viennent d’avoir fait un rêve agréable ou opératoire, lors de l’induction anesthé- vers ce chemin de montagne que vous
d’avoir vécu une belle histoire. Ils ont envie sique (39 % conte 68 %). En post-opé- aimez bien »,
✶o❍IGM❘I ✬PM❘MI pour les pédiatres • ❘✕✕✏◗❊M✑NM❘✖✔✔✘ 43Articles Fonctions endocrines du placenta humain
nose en traitement de fond chez l’enfant maigraineux.
- la ré-interprétation, en la rattachant à une positive d’aborder l’existence, comme le Congrès ; «La douleur de l’enfant : Quelles réponses»
expérience plus agréable, montre le deuxième film du Dr Kuttner [23]. 11ème journée, Paris, UNESCO Février 2004
- le fractionnement, permettant de dimi- 21. Erickson MH. L’hypnose thérapeutique : les quatre
conférences. Editions ESF, Paris, 1986 ; 1999
nuer l’intensité de la douleur…
- la distorsion dans le temps.
Conclusion 22. Kuttner L. No fears, No Tears. Fanlight Productions,
1986. Traduction française Wood C. Montage, Batista F.
Chez l’enfant, on peut utiliser toutes Studio Robert Debré 2001. Disponible à l’Hôpital Robert
Debré, Paris.
ces techniques en les adaptant à la per- L’hypnose grâce aux recherches 23. Kuttner L. No Fears, No Tears- 13 years later. Fan-
sonnalité, à l’âge, etc. de chacun. Un film, actuelles réapparaît dans le champ médi- light Productions, 1998. Traduction française Wood C,
Montage Batista F. Studio Robert Debré 2001. Dispo-
produit par le Dr Leora Kuttner, « No Fear cal comme un outil digne d’intérêt pour le nible à l’Hôpital Robert Debré, Paris.
No Tears » [22], disponible en français, mon- traitement de la douleur et la prise en
trent bien l’utilisation de différentes tech- charge des gestes douloureux. L’enfant
niques comme la distraction, les sugges- est un sujet particulièrement habile à l’ap- Il existe plusieurs centres de formation
à l’hypnose ericksonienne
tions directes d’analgésie, comme le « gant prentissage de ces techniques, lui per-
sur Paris et la Province
magique » ou l’interrupteur de la douleur. mettant d’acquérir des compétences pour
Au cours de la prise en charge du faire face à son vécu douloureux. L’hyp- 1. L’Institut Français d’hypnose
patient, il est indispensable que celui-ci nose est un outil utile qu’il faut savoir pro- L’IFH fait une formation d’hypno-analgésie et
d’hypno-thérapie
apprenne l’auto-hypnose afin de se fami- poser à tout patient présentant une dou- 82 Rue Marcadet 75018 PARIS.
liariser à l’outil et de pouvoir à tout moment leur aiguë ou une douleur chronique, à Tél. : 01.42.51.63.91 (rep) / 01 42 51 68 84
l’utiliser lors d’une crise douloureuse ou condition qu’il veuille adhérer à cette tech- On peut également avoir la documentation par le biais
dès qu’il en aura besoin. Le patient doit se nique et se l’approprier. Il faut, par ailleurs, du Docteur Didier Michaux.
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pas dépendant de la voix de celui-ci ou de formé à cette approche et ayant une site : www.hypnose.fr
l’écoute d’une cassette audio. Il est donc solide expérience de ce qui se passe 2. L’Association Française d’Hypno-Thérapie
nécessaire de l’informer que l’hypnose dans la relation médecin - malade au Siège Social, 34 Rue des Guipons, 94800 Villejuif
nécessite un apprentissage et que plus il niveau psychologique. ■ Cette formation est dirigée par Jean Becchio et
Charles Joussellin et débouche également sur une
utilisera cette technique, plus elle deviendra diplôme d’hypno-praticien. Site internet : www.afhyp.com
rapidement efficace. Références
Pour les formations contacter Jean Becchio :
1. Bouhassira D, In : Douleur et Hypnose. Ed Imago,
Dans certains cas, l’enregistrement Paris, 2004 ; p.15. (ISBN 2-911416-93-7)
06 80 73 67 05
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Paris 2003 ; p.14. (ISBN 2-84678-032-3) 27 Rue Fourcroy, 75017 Paris - Tel : 01 39 16 17 72/
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propre imaginaire lors de ses crises dou- gement. Vol 24, Ed IASP Press, Seattle, 2003, p.839.
4. Rainville P et al, Science 1997 ; 277:968.
email : erickson@club-internet.fr site : www.merick-
loureuses et devenir indépendant du 5. Danziger N et al, Pain 1998 ; 75:85. son-paris.asso.fr
thérapeute. Cependant, nous l’utilisons 6. Kiernan BD et al, Pain 1995 ; 60:39. 4. Un DU d’Hypnose Médicale à la Pitié Salpé-
parfois chez l’enfant présentant une mala- 7. Laurent B & Peyron B, Intégration corticale de la dou- trière : dirigée par le Docteur Jean-Marc Benhaimet
leur : apports de l’imagerie. Lettre de l’Institut UPSA le Professeur Coriat, ouverte aux médecins unique-
die sévère (enfant en réanimation ou en de la Douleur N° 17, Juin 2002
ment : 01 42 16 22 51
fin de vie). En effet, celui-ci n’a souvent 8. Kuttner L & Solomon R, In : Pain in Infants, Children
pas la force ou le courage de faire appel à and Adolescents. Ed Schechter N, Berde C, Yaster M. 5. Une Formation et Perfectionnement
Williams & Wilkins, Baltimore, 2003, p.317. (ISBN : 0- à l’Hypnose à l’Hôpital Ambroise Paré ouverte
ses ressources. Écouter une cassette 7817-2644-1) aux médecins, dentistes, psychologues.
audio peut alors l’aider à retrouver une cer- 9. Olness K & KohenDP, Hypnosis and hypnotherapy Tel : 01 42 56 65 65 email : jmbenhaiem@wanadoo.fr
with children.Guilford Press, New York, 1996. (ISBN
taine énergie, à éloigner la douleur ou tout 1-57230-054-X) 6. Séminaires par le Dr Victor Simon à l’Institut de
simplement à se détendre en allant dans 10. Michaux D, Hypnose, Langage et Communication. Médecine Psychosomatique d’Hypnose • Clinique et
un endroit favori. Ed Imago, Paris, 1998. (ISBN 2-911416-12-0) de Thérapie Brève, 26 Parvis St Michel, 59000 Lille
11. Film « Le MEOPA et la douleur en pédiatrie…. Et Tel : + 33 03 20 57 40 07
En fait, l’hypnose peut être utilisée si on en parlait autrement ? » Disponible à l’Associa- Fax : +33 03 20 57 99 00
dans de nombreuses situations. C’est une tion Sparadrap : www.sparadrap.fr Site : www.hypnose.org
12. Wood C & Tyzio S, In : Douleur et Hypnose. Ed
forme de communication qui peut s’em- Imago, Paris, 2004, p:208. (ISBN 2-911416-93-7)
Mail : victor.simon@hypnose.org
ployer à tout moment avec le patient. C’est 13. Calipel S et al, Premedication in children : hypno-
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sis versus midazolam. (Soumis à Anesthesiology) Tel : +33 01 47 20 60 99
une technique qui peut être proposée lors
14. Kohen DP, Int J Clin Exp Hyp 1986 ; 34:283. 7. Une formation à l’hypnose ERICKSONIENNE et
de gestes douloureux, afin de permettre 15. Kuttner L, Pediatr Ann 1991 ; 20:120. aux thérapies brèves à l’Institut Milton Erickson de
au patient de se focaliser sur autre chose 16. Zeltzer L & LeBaron S, Behav Pediatr 1982 ; Vaison-La-Romaine - B.P. 82 - 84110 Vaison-La-
et ainsi de s’éloigner de sa douleur. Cette 101:1032.
17. Liossi C & Hatira P, Int J Clin Exp Hypn 1999 ;
Romaine
technique ne semble pas simplement 47:104. Tél. 04.90.36.19.31
aider les enfants lors de maladies et de 18. Ellis JA & Spanos NP, J Pain Symptom Manage Fax. : 04.90.28.70.17.
1994 ; 9:96. E. mail. : belletpat@aol.com
gestes douloureux. L’impact sur leur vie 19. Zeltzer L et al, Pediatrics 1979 ; 64:533. Site internet : www.multimania.com/hypnoseclinique
future est évidente, avec une manière très 20. Annequin D et al, Efficacité de la relaxation et l’hyp-
44 ✶o❍IGM❘I ✬PM❘MI pour les pédiatres • ❘✕✕✏◗❊M✑NM❘✖✔✔✘Vous pouvez aussi lire
