LA FRANCE DE LA LIBERATION A NOS JOURS - LA FRANCE DE LA CINQUIEME REPUBLIQUE

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LA FRANCE DE LA LIBERATION A NOS
                      JOURS
                              LA FRANCE DE LA CINQUIEME REPUBLIQUE
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Introduction : La V République est née en pleine guerre d’Algérie lors de la crise du 13 mai 1958 où De Gaulle est appelé pour
présider le Conseil par René Coty, alors qu’à Alger les militaires (Salan et Massu) menacent de renverser la République. De
Gaulle apparaît comme le seul capable de sauver le pays du désordre et de calmer les troubles en Algérie. C’est un militaire, il a
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sauvé la France et il a un énorme prestige. Il accepte mais demande de changer de Constitution, il met un terme à la IV
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République qu’il jugeait beaucoup trop instable et donnant trop peu de pouvoirs à l’exécutif, il installe donc la V République.
C’est un régime, qui est un compromis entre le pouvoir du président et celui du Parlement, qui va montrée sa stabilité jusqu’à
nos jours, mais aussi sont adaptabilité aux évolutions du pays, même si ce régime est critiqué.

                                I. L’INSTALLATION DE LA Vème REPUBLIQUE
             A. Un Système Républicain
                         1. La chute de la IVème République : la crise de mai 1958
La guerre d’Algérie a commencé en 1954, et en 1958 ça fait 4 ans que la France est embourbée dans des opérations militaires
qui ne parviennent pas à sortir de ce conflit. A Paris le 13 mai 1958, Pierre Pflimlin est désigné comme président du Conseil. On
dit qu’il est prêt à négocier avec le FLN, aussitôt cela provoque un soulèvement à Alger et la constitution d’un Comité de Salut
Public par des généraux partisans de l’Algérie française et qui menacent d’un coup d’Etat à Paris. Ces généraux font acclamer et
appeler De Gaulle par la foule et celui-ci, qui faisait sa « traversée du désert », fait comprendre qu’il se tient prêt si on a besoin
de lui.
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Le 27 mai Pflimlin démissionne et le 29 René Coty charge De Gaulle de constituer un gouvernement. Le 1 juin 1958 De Gaulle
est investi par l’Assemblée et reçoit les pleins pouvoirs et entreprend une réforme constitutionnelle. Il est donc le dernier
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président du Conseil de la IV République et le 1 président de la V République. Certains députés critiquent cette arrivée,
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notamment François Mitterrand, et dénoncent la V République.

                         2. La constitution de 1958
Cette constitution ne supprime pas le Parlement mais le limite. Elle est née de la pensée de De Gaulle et est rédigée par Michel
Debré et souhaite imposer la prépondérance du président de la République. Elle est présentée aux français le 4 septembre 1958
sur la place de la République à Paris par De Gaulle. Les français votent par référendum et acceptent cette République à 80%.

Le président de la République a des pouvoirs très importants : il est le chef de la diplomatie, des armées et c’est le seul à
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pouvoir utiliser la force nucléaire. C’est lui qui nomme tous les emplois des hautes fonctions civiles et militaires, ainsi que le 1
ministre qui choisit son gouvernement avec l’aval du président. Il a le droit de dissoudre l’Assemblée Nationale. Il peut consulter
le pays par référendum et peut gouverner par des ordonnances et des décrets. Il a le droit de grâce. Il a une immunité. De Gaulle
a fait ajouter 2 articles :
     -    L’article 49.3 : le gouvernement peut édicter une loi sans passer par l’Assemblée Nationale
     -    L’article 16 : le président peut prendre les pleins pouvoirs
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Le président est élu pour 7 ans jusqu’en 1962 par des grands électeurs, et après 1962 au suffrage universel direct. Le 1
ministre est le chef du gouvernement, le président est le chef de l’Etat.
Le pouvoir législatif est partagé entre 2 chambres :
     -    L’Assemblée Nationale : elle est élue pour 5 ans au suffrage universel direct. Il y a 577 députés, il y a 1 député par
          circonscription, et 1 département est divisé en plusieurs circonscriptions. Ces députés sont élus au scrutin uninominal
          majoritaire à 2 tours. Elle est renouvelée à chaque élection. Elle discute et vote les lois. Il y a un président et 6 vices
          présidents. L’Assemblée Nationale se réunit selon 2 sessions ordinaires en avril et en octobre. Mais elle peut être
          convoquée de manière extraordinaire. Elle a techniquement le pouvoir de renverser le gouvernement en votant une
          « motion de censure » qui doit recueillir la majorité absolue (ce qui est extrêmement difficile).
     - Le Sénat : il siège au Palais du Luxembourg, il vote les lois et le budget mais en 2 ème lecture, il a des pouvoirs réduits. Il
          ne peut pas être dissout par le président. Il est élu au suffrage universel indirect d’une durée de 6 ans renouvelée par
          tiers tous les 3 ans.
Le Conseil Constitutionnel est composée de 10 sages : 3 nommés par le président de la République, 3 par le président du Sénat,
3 par le président de l’Assemblée Nationale, et le président sortant peut y siéger de droit.
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Le Conseil Economique et Social et environnemental (depuis) 2008 est une instance qui donne des orientations au
gouvernement. Elle est composée de 233 membres (désignés par les artisans, associations, syndicats, associations, plus des
personnalités du monde de l’entreprise etc..)
Le Conseil d’Etat : Il conseille le gouvernement en contrôlant tous les actes législatifs. C’est la plus haute juridiction
administrative de l’Etat. Il rend des avis.

              B. La Stabilisation Institutionnelle
                       1. Les défis urgents de la Vème République
    er
Le 1 défi que De Gaulle doit régler est la guerre d’Algérie, il s’y rend 2 jours après avoir reçu les pleins pouvoirs où il va
prononcer le 4 juin 1958 en faveur de l’Algérie française : « je vous ai compris ». Ces paroles sont volontairement ambiguës.
Chaque mot qu’il prononce peut faire basculer la situation. Il va proposer « la paix des braves » au FLN.
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En 1959 il parle pour la 1 fois d’auto-détermination, ce qui provoque une colère importante et du coup les pieds noirs n’ont
plus confiance en lui.
Le 8 janvier 1961 il propose un référendum qui porte sur le principe de l’auto-détermination => 75% des algériens répondent
oui. Il y a une réaction immédiate des militaires avec le « putsch des généraux » => De Gaulle les condamne. Ces 4 généraux
fondent l’OAS et trouvent refuge en Espagne. L’OAS va commettre des attentats un peu partout après cela. De même pour le
FLN qui multiplie les attaques. La situation pour les algériens à Paris est très dure, la police multiplie les contrôles et les
arrestations.
Le 17 octobre 1961 le FLN organise une manifestation, dans Paris, de soutien aux algériens en lutte. Cette manifestation est
interdite par Maurice Papon (le préfet de Paris), mais le FLN l’a maintient quand même =. La répression contre les algériens est
féroce : 40 à 200 morts.
En mars 1962, De Gaulle signe les « accords d’Evian » après un référendum sur l’auto-détermination où 90% des français
répondent oui.
Le 3 juillet 1962 l’indépendance est proclamée et les pieds noirs rentrent en France dans l’urgence.
Du point de vu économique, De Gaulle est favorable à ce qui contribue à la grandeur de la France et une indépendance de celle-
ci à l’égard des Etats-Unis. Il est pour une « Europe des patries », il est hostile à l’entrée des anglais dans l’Europe car pour lui ils
jouent le rôle de « Cheval de Troie » des américains. Il va moderniser le pays industriellement, l’équiper (autoroutes, logements,
stations de ski … ). La politique économique de De Gaulle est fondée sur la demande. Il a crée le nouveau franc dans la période
de croissance des « 30 Glorieuses ».
                       2. De Gaulle et les institutions
De Gaulle veut renforcer la légitimité du chef d’Etat et annonce donc le 20 septembre 1962 à la télé son intention de réviser la
constitution pour faire élire le président de la République au suffrage universel direct par référendum. Immédiatement une
motion de censure est émise par l’opposition => De Gaulle dissout l’Assemblée Nationale. Donc on reconvoque des élections et

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les Gaullistes regagnent, du coup il repropose son référendum => 62% de oui. Il renomme aussi le 1 ministre qui avait été
renversé : Georges Pompidou.

                           II. LA REPUBLIQUE PRESIDENTIELLE (1962-1981)

             A. Les Années De Gaulle et Pompidou (1962-1974)
                      1. L’effritement et l’usure de la République Gaullienne
                                                                                                                                   er
En décembre 1965 on procède à des élections présidentielles au suffrage universel direct. Et là De Gaulle est en ballotage au 1
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tour, il n’a pas la majorité absolue. Il y aura donc un 2 tour entre De Gaulle et Mitterrand => De Gaulle est élu avec 55% des
voix. La Gauche relève donc la tête et se met au travail pour préparer les législatives de 1967. De Gaulle sait aussi qu’une
nouvelle génération de français est en train d’émerger. Il y a une nouvelle sociologie en France.
En 1967 les résultats des législatifs sont serrés avec une forte poussée de la Gauche et les Gaullistes ne conservent la majorité
absolue à l’Assemblée Nationale que d’un seul siège. Mitterrand reproche à De Gaulle un pouvoir trop personnel, militaire, ses
positions internationales.
                      2. La crise de mai 1968
Un article du monde titre le 15 mars 1968 : « la France s’ennuie ». Et quelques jours après, le 22 mars 1968 à la Faculté de
Nanterre les étudiants protestent contre les conditions d’hébergements et d’enseignement. Ils publient des tracts et s’intitulent
« le mouvement du 22 mars ». Puis, au début du mois de mai, c’est la Sorbonne emboite le pas, les étudiants occupent les
locaux et ne veulent plus en sortir. Le 4 mai, ils appellent à une grève illimitée. Le 9 mai, le mouvement s’étend à toute la
province
Le 10 et 11 mai il y a de violents affrontements entre étudiants et CRS, (c’est la première « nuit des barricades »), parmi eux D.
Cohn Bendit. C’est un malaise de la part des étudiants issus de familles protégées, ils sont en opposition avec leurs parents, la
classe politique et le pouvoir. Ils n’ont connu que la croissance. Ils réclament que l’autoritarisme s’arrête et veulent plus de
libertés. Le gauchisme est très présent chez les étudiants, toutes ces contre-cultures convergent. Les « blousons noirs »
profitent de ces mouvements pour s’engouffrer dans les manifestations et incarnent davantage la jeunesse des quartiers
populaires.
Le 13 mai, la crise va devenir une crise sociale car les ouvriers vont venir se mêler aux étudiants. Une grève générale se
déclenche. La Gauche emboite le pas, tout le monde s’exprime contre le pouvoir autoritaire, policier, la hiérarchie des patrons ;
pour plus d’égalité et des salaires meilleurs. Les syndicats rentrent dans le jeu et entament des négociations avec le patronat,
sous la tutelle de Pompidou, qui aboutissent aux « accords de Grenelle » signés le 28 mai 1968. La base rejette ces accords et la
crise devient politique.
Le 28 mai Mitterrand et Pierre Mendès France se déclarent disponibles et prêts à assumer le pouvoir. Le lendemain De Gaulle
disparaît pendant 2 jours. Il part rencontrer le général Massu à Baden-Baden. Il revient le 30 mai et dissout l’Assemblée
Nationale et le soir il prend la parole à la télé. Le soir même, 1 million de personnes descendent sur les Champs-Elysées pour
soutenir De Gaulle.
Face à la dissolution, les partis préparent les élections. En Juin 1968 la Droite l’emporte car la France a eu peur. De Gaulle décide
d’écarter Pompidou et nomme Maurice Couve de Murville. Par la suite, De Gaulle joue ses dernières cartes par des réformes
compliquées qui ne marchent pas.
En avril 1969 il annonce un référendum sur la Réforme des Institutions en précisant que si la population vote non, il
démissionnera. C’est ce qui arrive. Il se retire donc et écrit ses mémoires. Il mourra le 9 novembre 1970 dans son village de
Colombey les deux Eglises.

                      3. Les années Pompidou
Le Général De Gaulle a décidé de se séparer de G. Pompidou en prenant le prétexte d’un projet de réforme du Sénat et de
régionalisation pour organiser un référendum et tester sa légitimité. Le « oui » est peu soutenu. Valéry Giscard d’Estaing y était
opposé. Le « non » l’emporte et le Général De Gaulle démissionne à la fin du mois d’avril 1969 en se retirant à Colombey les
deux églises. C’est le Président du Sénat, Alain Poher qui a assuré l’intérim jusqu’aux nouvelles élections prévues en juin 1969.
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Georges Pompidou l’emporte facilement, la gauche (divisée) n’est même pas présente au 2 tour ! Il nomme un premier
ministre qui se veut moderne : Jacques Chaban Delmas ; gaulliste mais qui souhaite promouvoir un nouveau style et un
nouveau programme « la nouvelle Société ». Il s’agit de montrer que l’on a entendu des revendications exprimées en mai 1968.
Il propose des réformes sociales :
      La création du SMIC
      La mensualisation des salaires
      La participation des salariés aux bénéfices des entreprises

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Pendant la période, fort de ses échecs, la gauche se réorganise et François Mitterrand travaille à son unité. Au Congrès d’Epinay
en 1971, il est élu Secrétaire Général du tout nouveau Parti Socialiste. Il élabore un « programme commun » avec les
communistes et les radicaux, destiné à leur permettre la victoire sur la droite aux futures élections.
Aux élections législatives de 1973, la situation est délicate pour G. Pompidou qui se sépare de son premier ministre et appelle
un autre homme plus marqué à droite : Pierre Messmer. La droite reste majoritaire à ce scrutin mais la gauche progresse. La
stratégie d’Union paye. Sur le plan économique, la France est sérieusement touchée par le choc pétrolier, le prix du baril a
quadruplé ! G. Pompidou, gravement malade décède d’un cancer en avril 1974 et de nouvelles élections présidentielles
s’annoncent.

             B. Les Inquiétudes des années 1970 : Le Septennat de VGE (1974-1981)
Les élections présidentielles de 1974 donnent la victoire à Valéry Giscard d’Estaing, homme de droite non gaulliste, plus libéral
                                nd
élu à une faible majorité au 2 tour devant F. Mitterrand (50,8%). Ce dernier avait fait une très mauvaise prestation lors du
débat télévisé contre Giscard, négligeant les règles de la « nouvelle communication » politique !
Le nouveau président choisi un homme issu du parti le plus puissant de la majorité : le gaulliste Jacques Chirac (ce dernier avait
pris position pour VGE contre le gaulliste Chaban Delmas).
Ils entreprennent de nombreuses réformes libérales, dans ce contexte de conjecture éco difficile : l’inflation est à 2 chiffres et le
chômage fait passer le nombre de sans emplois de 450 000 en 1974 à 1,7 million en 1981. Leurs réalisations :
      Augmentation du minimum vieillesse
      Majorité à 18 ans
      Libéralisation de la contraception (loi Neuwirth)
      Libéralisation de l’avortement (loi Veil)
      Autonomie des chaînes de télévision et fin de l’ORTF
Pourtant la crise économique rend le régime impopulaire et les élections législatives de 1978 semblent promises à la gauche
mais le PCF dénonce le programme commun et grâce à ces nouvelles divisions la droite l’emporte !
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La fin du septennat de VGE est très difficile. La détérioration de l’éco mondiale pèse sur la France (2 choc pétrolier en 1979).
VGE appelle comme premier ministre, « le meilleur économiste de France », Raymond Barre car il est en désaccord très
profond avec Jacques Chirac qui claque la porte du gouvernement en 1976.
Raymond Barre mène une politique d’austérité classique : blocage des salaires, réduction des taxes sur les entreprises,
limitation du crédit, hausse des prélèvements obligatoires… Le résultat : l’inflation bat tous les records : 13% et le nombre de
chômeurs explose ! (1,6 millions).
Par ailleurs, le Président de la République est mis en cause dans un scandale de diamants reçus du dictateur centre-africain
Bokassa, révélé par le Canard Enchaîné et la fin de son mandat est très critiquée.
En mai 1981, il perd les élections face à son challenger de 1974 : F. Mitterrand qui réalise l’alternance et le retour de la gauche
au pouvoir après 23 ans d’éclipse.

         III. ALTERNANCES POLITIQUES ET DIFFICULTÉS SOCIALES (1981-2002)

             A. Les Années Mitterrand (A981-1995)
                      1. Les élections présidentielles de mai 1981
Aux présidentielles de 1981, les 4 grands partis sont représentés :
     -   L’UDF avec VGE
     -   Le RPR avec Jacques Chirac
     -   Le PS avec F. Mitterrand
     -   Le PCF avec G. Marchais
F. Mitterrand propose un programme, en rupture avec la droite, résumé dans les 100 propositions. Il porte de gros espoirs et est
        nd
élu au 2 tour, le 10 mai 1981, avec un peu moins de 52% des voix. L’alternance est réalisée, un socialiste revient au pouvoir
après 23 ans de droite.
                      2. Les espoirs
                              er
Pierre Mauroy est nommé 1 ministre. C’est le maire de Lille qui incarne une tradition ouvrière et syndicaliste. L’Assemblée
Nationale est dissoute et les élections législatives portent au pouvoir une « vague rose », une majorité absolue pour le nouveau
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gouvernement. On parle « d’état de grâce ». Pierre Mauroy choisit 4 ministres communistes, c’est la 1 fois depuis 1947 qu’ils
appartiennent à un gouvernement. Cela entraîne beaucoup de réactions irrationnelles de la part des catégories possédantes de
la population. Les capitaux fuient à l’étranger.

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Les mesures marquantes du gouvernement Mauroy sont conformes au programme de rupture socialiste : des nationalisations
(Saint-Gobain, CGE, Thomson, Paribas, Suez), la décentralisation, l’abolition de la peine de mort portée par le garde des sceaux
                                                                      ème
R. Badinter, l’impôt sur les grandes fortunes, les radios libres, la 5 semaine de congés payés, les 39h, la retraite à 60 ans. C’est
une véritable politique de relance d’inspiration keynésienne, qui prend le contrepied de ce qu’appliquent au même moment les
républicains américains (avec Reagan) et les conservateurs anglais (avec M. Thatcher).

                       3. Les désillusions
Le déficit commercial français augmente, le déficit budgétaire se creuse alors que l’inflation reste élevée, ce qui pousse le
gouvernement à décider plusieurs dévaluations de la monnaie. En 1982, dans un contexte mondialement libéral, la France
change de cap et fait le choix politique de la rigueur. Pierre Mauroy est remplacé par le jeune Laurent Fabius, énarque issu
d’une grande famille qui incarne un abandon des réformes socialistes. L’électorat de gauche est déçu et la droite se remobilise
notamment autour de la question de l’école privée. Elle organise à Versailles une manifestation monstre, qui réunit 1 million de
manifestants. Pour éviter une déroute électorale aux élections législatives de mars 1986, le Président change la loi électorale et
adopte un scrutin proportionnel. Malgré cela, la gauche subit un grave revers aux élections. Le FN fait son entrée dans
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l’hémicycle avec 35 députés, l’UDF et le RPR obtiennent 291 sièges. Pour la 1 fois dans l’histoire de la V           République, la
majorité parlementaire est différente de celle du Président et cela inaugure une situation inédite : la cohabitation.

             B. La Cohabitation et le Deuxième Septennat
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Pour être conforme à l’expression démocratique du pays, le Président de la République confie le poste de 1 ministre au chef du
plus grand parti d’opposition : Jacques Chirac. Ce dernier a mené une politique libérale classique : autorisation de licenciement
rétablie, suppression de l’impôt sur les grandes fortunes… En 1986 cependant, des manifestations étudiantes se multiplient
contre un projet de réforme qui établirait une sélection à l’entrée des universités. L’une de ces manifestations dérape et un
jeune homme Malik Oussékine meurt sous les coups de policiers voltigeurs. Le contexte en France est de surcroît très tendu :
attentats islamistes (à la FNAC rue de Rennes), prises d’otages au Liban (des journalistes et des diplomates français), carnage en
Nouvelle Calédonie pour briser la volonté d’indépendance des Kanaks et krach boursier de 1987. Les élections présidentielles de
1988 s’avancent. F. Mitterrand mène une campagne très prudente (le « ni-ni », ni privatisation, ni nationalisation, ni gauche, ni
droite). Il est réélu avec plus de 54% des voix, c’est mieux qu’en 1981 ! Le nouveau gouvernement va devoir se situer au centre
                                           er                          ème
et c’est Michel Rocard qui devient le 1 ministre de ce début de 2 septennat. Il dissout l’Assemblée Nationale et la gauche
réalise un score modeste. 3 ministres « centristes » font donc leur entrée au gouvernement. C’est « l’ouverture ». Les
réalisations significatives du gouvernement Rocard sont : l’instauration du RMI, le CSG et l’accord sur la Nouvelle Calédonie. La
période est cependant marquée par la hausse du chômage et en mai 1991, F. Mitterrand décide de remplacer Michel Rocard par
une femme, Edith Cresson. Très vite impopulaire et maladroite elle est remerciée en 1992 après la défaite du PS aux élections
cantonales et régionales. C’est Pierre Bérégovoy qui prend la suite. Il parvînt à maîtriser l’inflation et à relancer les exportations
mais le chômage continue d’augmenter, il passe la barre des 3 millions et des scandales politico-financiers éclaboussent le
gouvernement (affaire URBA + sang contaminé). L’extrême droite utilise ce contexte pour déstabiliser la classe politique
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traditionnelle et décrédibiliser les partis. Pierre Bérégovoy terriblement affecté se suicide le 1 mai 1993.
Les élections législatives de mars 1993 avaient provoqué une déroute socialiste et une nouvelle cohabitation. Cette fois-ci c’est
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Edouard Balladur, membre du RPR qui devient 1 ministre et mène une politique clairement de droite : relance des
privatisations, lois restrictives sur l’immigration, aides croissantes aux écoles privées… Cependant il échoua dans sa volonté
d’instituer un projet d’insertion professionnelle qui aurait permis de payer les jeunes sous le SMIC : le CIP. Les manifestations
jeunes et étudiantes poussent le gouvernement à retirer son projet. Le chômage touche désormais 12% des actifs, des
« affaires » continuent de secouer la classe politique et Balladur, contre toute attente, se présente aux élections présidentielles
de 1995 contre son ami de 30 ans, J. Chirac.

             C. Les Présidences de Chirac
                       1. Les élections du 7 mai 1995

Elles sont gagnées par J. Chirac qui attendait cette victoire depuis longtemps. Il a mené campagne sur le thème de la « fracture
sociale » et les critiques pleuvent de la part des partis de gauche à qui il a emprunté une partie de ses thèmes et celle de son
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ancien ami Balladur. J. Chirac l’a devancé au 1 tour puis a battu Lionel Jospin au 2 tour avec 52,6% des voix. Le PS retrouve
cependant une base électorale solide avec 23,5% lors de ces élections. Le déclin du PCF se confirme également : Robert Hue ne
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réalise plus que 8,5% des voix tandis que le FN consolide son implantation autour de 15%. Les institutions de la V République
fonctionnent à nouveau selon le schéma gaullien, tous les pouvoirs sont aux mains du même parti et J. Chirac nomme un de ses
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fidèles au poste de 1 ministre : Alain Juppé.

                       2. Le gouvernement d’Alain Juppé
Il adopte très vite une politique de rigueur : réduction de la dette publique et du déficit de la Sécurité Sociale, pour satisfaire en
partie aux critères de Maastricht pour la mise en place de la Monnaie Unique. Il s’attaque également au projet de réforme des
retraites et de la Sécurité Sociale : le « plan Juppé ». Cela déclenche des grèves qui paralysent le pays en décembre 1995 et le
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contraignent à reculer. L’impopularité de l’exécutif est d’autant plus grande que le chômage continue d’augmenter, que la
croissance est faible et les inégalités de plus en plus fortes. Face à la détérioration de la situation, J. Chirac décide de bousculer
le calendrier électoral et dissout l’Assemblée Nationale…

                       3. La dissolution de l’Assemblée Nationale, les élections de 1997 et la cohabitation
                          avec la gauche plurielle
Le calcul qui a conduit J. Chirac a dissoudre l’Assemblée Nationale en juin 1997 faisait le pari d’un succès aux législatives
anticipées de près d’un an qui lui aurait offert une majorité jusqu’à la fin de son mandat en 2002, sauf que ces élections sont un
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échec pour la droite en partie à cause du bon score de l’extrême droite qui peut maintenir ses candidats au 2 tour et facilite du
coup, la victoire des députés de gauche. Le mécontentement populaire profite à la coalition de la « gauche plurielle » (PS, PC,
Verts) rassemblée derrière Lionel Jospin. C’est un lourd échec personnel pour Chirac très critiqué dans sont propre camp. Il
décide pourtant de rester à l’Elysée. Il n’aura eu les pleins pouvoirs que 2 ans alors que la cohabitation a duré 5 ans pendant
lesquels L. Jospin conduit les affaires du pays avec une marge d’autonomie très large. De plus, la période est marquée par le
retour d’une croissance plus forte qui facilite la réduction du chômage et un programme de réforme : le passage aux 35h, et le
partage de l’emploi, les emplois jeunes, le PCAS, la parité homme/femme, la réduction du cumul des mandats. La popularité de
L. Jospin est élevée mais au printemps 2001 la conjoncture économique met un frein à la baisse du chômage. Le gouvernement
est accusé d’immobilisme face aux licenciements qui accompagnent la mondialisation. Le climat d’inquiétude, le sentiment
grandissant d’insécurité réelle est amplifié par les médias, la prise de puissance des communautarismes (après le 11 septembre),
le retour du religieux dans les cités marquées par l’immigration et les difficultés sociales deviennent des thèmes de campagne
essentiels pour les présidentielles de 2002. Le succès de l’extrême gauche et de l’extrême droite révèle un fort désavoeu pour la
classe politique traditionnelle, les candidatures de gauches se multiplient, l’abstention progresse et au soir du 21 avril 2002, la
France est en état de choc.
                       4. Les présidentielles de 2002 et le second mandat de J. Chirac
                                                     er
Nombreux français avaient eu le sentiment que le 1 tour était une formalité et que le duel Chirac/Jospin était joué d’avance, et
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ne s’étaient par conséquent pas déplacés. Le taux d’abstention est très élevé pour ce type de scrutin : 28,46%. A l’issue du 1
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tour, L. Jospin est en 3      position derrière J. Chirac (36,7%) et JM. Le Pen (19,6%). Olivier Besancenot de la LCR rassemble
10,6% des voix à l’extrême gauche.
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Dès le lendemain un front républicain se mobilise contre l’extrême droite. La manifestation du 1 mai 2002 est un gigantesque
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soulèvement pour la démocratie et les jeunes se politisent dans l’urgence. Au 2 tour, J. Chirac obtient 82% des suffrages face à
Le Pen. La droite resserre les rangs derrière J. Chirac et créé l’UMP qui remporte les élections législatives de juin 2002. La
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gauche est désorientée, abattue et Lionel Jospin se retire de la vie politique. La reconfiguration classique de la V République
est reconstituée : le président a la plénitude de son pouvoir pour 5 ans (depuis la réforme du quinquennat en 2000), la droite
dispose de tous les pouvoirs : Président de la République, Assemblée Nationale/Sénat mais perd les régions aux élections de
2004. 21 régions sur 22 passent à gauche.
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Le 2     mandat de J. Chirac est marqué par son brio en matière de politique extérieure, notamment par ses positions sur la
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guerre en Irak, où il renoue avec le gaulliste traditionnel. Son 1 ministre Jean-Pierre Raffarin assume la réforme des retraites,
de la Sécurité Sociale et l’orientation libérale du gouvernement. Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur est en orbite pour les
élections présidentielles de 2007. Le gouvernement est remanié en 2004 et Dominique de Villepin remplace JP. Raffarin dans
un contexte où la croissance fait défaut, les inégalités s’accroissent, les banlieues se soulèvent en 2005 et posent avec urgence la
question de l’égalité, de la discrimination. En mai 2005, les français rejettent le Projet de Traité de Constitution Européenne,
exprimant en cela un refus du libéralisme sauvage. Le clivage entre les partisans du « oui » et du « non » a traversé toutes les
catégories sociales et surtout la plupart des partis traditionnels. Chacun sent que l’offre politique doit se renouveler pour ce
siècle nouveau. La campagne électorale présidentielle est d’ores et déjà ouverte…
En mai 2007 : élection de Nicolas Sarkozy.

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