Le cahier formation - N 290 - Journal Ventilo

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Le cahier formation - N 290 - Journal Ventilo
LES FILIÈRES ARTISTIQUES

LE GUIDE DE VOS            le cahier formation
SORTIES CULTURELLES            supplément gratuit

musique * théâtre * ciné
expos * danse

DU   23   NOVEMBRE
AU   13   DÉCEMBRE

G R AT U I T
www.journalventilo.fr

N° 290

                                                     10
                                                    ans
Le cahier formation - N 290 - Journal Ventilo
V OT R E

       200                                                        TRO
                                                                    F
                                                                        UVEZ
                                                                      ORM AT I O N
       FORMATIONS
       DE BAC

                                               2&3
       À BAC +5

                                                  M
                                             DÉCE2011B R E
                                                      OT - HA L  L  1
       Sous le haut patronage du Ministère
          de l’Enseignement Supérieur        PARC CHAN ILLE
                                                  MARSE
                et de la Recherche

                                                             0 h à 18h  & S am   . de 1
                                                          1 4 h à 1 8 h
                                                   nd. de
                                                                                                  O
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                                                                                              M

                                                                                          M A . C
        TAT I O N G R AT U I T E S U R ST U DY R A
I   NVI
                       R A D I O

                      92.3 FM
Le cahier formation - N 290 - Journal Ventilo
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                                                                                                                                                                                                       TOUT CE QUE VOUS
                                        Festival Nuits d’Hiver                                                                                                                                         AVEZ TOUJOURS
                        proposé par le GRIM à Marseille, Miramas                                                                                                                                       VOULU SAVOIR SUR
                                  et Entraigues sur la Sorgue (84)
                                                                                                                  PAGE 7-8
                                                                                                               PORTRAIT                                                                                LA GRÈCE SANS
                                                                                                               Massimo Schuster pour Western par le Théâtre                                            JAMAIS OSER LE
                                                                                                               de l’Arc-en-Terre au Théâtre de Lenche
                                                                                                               TOURS DE SCÈNES
                                                                                                                                                                                                       DEMANDER (2)
                                                                                                               Gardenia d’Alain Platel par les Ballets C
                                                                                                               de la B au Théâtre du Merlan                                                            Ma mère, qui n’a jamais eu
                                                                           PAGES 5-6                           RETOUR DE SCÈNES                                                                        la langue dans sa poche (ce
                                                                                                               Nei Volti de Virgilio Sieni au Théâtre du Merlan (Dansem)                               qui aurait été véritablement
                                                                           LES INTERVIEWS
                                        Bertrand Wolff alias Simiam Lucie                                      SPÉCIAL JEUNE PUBLIC !                                                                  problématique pour la bavarde
                                                                   1995
                                                                                                               TOURS DE SCÈNES                                                                         invétérée qu’elle est), ni les
                                                                                                               Festival Minots, marmaille & Cie au Théâtre de Lenche                                   yeux en face des trous (mais je
                                                                          TOURS DE SCÈNES
                                                                                                               Festival Laterna Magica proposé par Fotokino à Marseille
                                                 Midi Festival d’hiver à Toulon                                                                                                                        vous parlerai de ses problèmes
                                                                                                               RETOUR DE SCÈNES
                                                                      LIBERTÉ D’EXPRESSION
                                                                                                               Petit Pierre par la Cie Et Compagnie au Théâtre Antoine Vitez (Aix)                     de vue une autre fois), a sommé
            Ne pas en faire tout un fromage (Mozart vs Salieri)                                                                                                                                        dernièrement un colporteur
                                                                               SHORT CUTS                                                                                                              — ne pas confondre avec
                                                                                                                            PAGE 9-18                                                                  le défunt compositeur Cole
                                                                                                                                                                                                       Porter — d’aller se faire voir
                                                                                                                        Toutes les sorties de la quinzaine                                             chez les Grecs ! Parce qu’il ne
                                                                                                                                                                                                       faut pas pousser mémé dans
                                                                       PAGE 19                                                                                                                         les orties, parce qu’on peut
                                           CD, DVD, livres, jeux vidéo                                                 PAGES 20-23                                                                     porter des Tchin-Tchin© sur le
                       le meilleur des « produits culturels » de la quinzaine                                                                                                                          nez et ne plus vouloir trinquer,
                                                                                                                        La Trocade à la rue de la République                                           la femme qui ne tournait jamais
                                                                                                                        Didier Petit - Aaaaahhh… Zut ! à
                                                                                                                        l’Artothèque Antonin Artaud                                                    sept fois sa langue dans sa
                                                                                                                        Pedro Tzontémoc - Mexique, carnets                                             bouche avant de parler (d’où
                                                                           PAGES 24-26                                  de route aux ABD Gaston Defferre                                               l’absence de ladite poche) s’est
                                                                                                                                                                                                       permis d’éconduire l’imprudent
                                Les RISC - Rencontres internationales Sciences                                                      w
                                                                                                                                    www.journalventilo.fr
                                            et Cinéma à la Maison de la Région                                                                                                                         commercial venu lui proposer
                                       Festival Tous Courts à Aix-en-Provence                                  (RE)TOURS DE SCÈNES                                                                     de changer d’abonnement
                    PriMed - Prix international du documentaire et du reportage                                A sec par le Théâtre du Point Aveugle aux Bernardines                                   téléphonique,      voire      plus
                         méditerranéen à l’Alcazar et à la Maison de la Région                                 De mon hublot utérin, je te salue humanité                                              si affinités. Aussi désuète
                                                                                                               et te dis blablabla au Théâtre Gyptis                                                   et cocasse soit-elle, cette
                                                                                                               Entremets-Entremots par le Théâtre Nono                                                 injonction, en forme d’invitation
                                                                                                               au Théâtre du Bois de l’Aune (Aix)
                                                                                                                                                                                                       au voyage hellénique et
                                                                                                                                                                                                       révélatrice du tempérament bien
                                                                                                                                                                                                       méditerranéen de ma génitrice,
                                                                 VENTILATEX                                                                                         LA GRÈCE EN LIBERTÉ                nous rappelle certes aux bons
                               Chers lecteurs. Ne tournons pas autour                                              Pour la deuxième édition de ses « Thémas », le Théâtre Liberté propose              souvenirs de Demis Roussos et
                               du pot, voici le line-up des prochaines                                             de se pencher sur « La Grèce aujourd’hui », autour de conférences-dé-               Georges Papandréou, mais
                               soirées dans lesquelles nous nous gref-                                             bats, projections et expositions, afin de rendre compte « de son identité            nous ramène surtout cinq siècles
                               fons pour fêter nos dix ans (bis repetita                                           au-delà de l’héritage antique et des clichés touristiques. » Notons la
                               placent) : rendez-vous est donné à Aix                                              venue exceptionnelle de Robert Badinter, afin « d’explorer la question
                                                                                                                                                                                                       en arrière. En effet, à la fin du
                               chez nos amis de Seconde Nature, ven-                                               de la relation entre la pulsion de mort et la création artistique », prenant        XVIe siècle, alors qu’il n’existe
                               dredi 25, en compagnie de Tokimonsta et                                             appui, entre autres tragédies, sur le massacre des prétendants de Pé-               pas vraiment d’expression
                               9th Cloud feat. Airsolid (voir Short Cuts                                           nélope par Ulysse. Côté projections, il est indispensable de se pencher             consacrée pour signifier à
                               p. 6). En prenant un brin d’avance sur le                                           sur les œuvres de la nouvelle garde des réalisateurs grecs, notamment
                               prochain numéro, le Spécial Noël (les bi-                                           Giorgos Lanthimoc et son très bon Canine, et Athina Rachel Tsangari                 autrui qu’on ne veut pas de
                               lans, etc.), nous vous convions d’ores et                                           pour le remarquable Attenberg. Loin, très loin du cliché.                           son abonnement téléphonique,
                               déjà au Cabaret Aléatoire pour une soi-                                                                                                                                 hormis la définitive « Va
                               rée consacrée au label Sound Pellegrino,                                                                                                                                au diable », un intellectuel
                               avec ses membres fondateurs Teki Latex                                                _THÉMA #2, LA GRÈCE AUJOURD’HUI, JUSQU’AU 4/12 AU THÉÂTRE LIBERTÉ
                               & Orgasmic, épaulés par Joakim, TWR72                                                 (TOULON). RENS. 04 98 00 56 76 / HTTP://WWW.THEATRE-LIBERTE.FR                    français, en pleine digestion de
                               et Anticlimax. Suite à ses friandises vien-                                                                                                                             la Grèce Antique, traite un ami
                               dra la trêve des confiseurs (nulle, la tran-                                                                                                                             de pédéraste et l’engage par
                               sition) et ses repas interminables (saturé,
                                                                                                                                                                                  LES BONUS            là même à aller se faire voir
                               le foie), ses bilans (croustillant, le finan-
                               cier) et ses résolutions en carton (plus                                                                                                                                chez les Grecs. Pas peu fier de
                               fiable, la crise de foie). Et maintenant, en                                         Par manque de place, nous ne pourrons vous parler plus longuement                   son effet d’annonce, l’insulteur
                               guise de prélude au prochain numéro,                                                de Z2 festival de Zik Jeune Public, un évènement varois, familial mais              explique à l’insulté courroucé
                               une belle idée-cadeau pour éviter les                                               pas gnan-gnan. Découvrez la programmation complète, entre concerts
                               hordes affamées de la rue Saint Fé’: les                                            et spectacles, dans l’agenda, rubrique Jeune Public… par conséquent.                qu’il n’est pas atteint d’une
                               pantoufles chauffantes USB molleton-                                                 Quelques signes pour vous parler de Vitazik, tremplin musical étalé sur             maladie incurable, mais qu’il est
                               nées à 9,90 € seulement, à commander                                                toute l’année, « dans le but de jeter en pâture de nouvelles têtes musica-          bon pour une punition sodomite.
                               tranquillement au coin du feu sur www.                                              les ». Prochain rendez-vous le 2/12 au Jas’Rod (Les Pennes Mirabeau).
                                                                                                                                                                                                       Aïe. Et oui, si la pédérastie
                               pearl.fr. Offrez du plaisir                                                         Agenda Agenda…
                                                                                                                                                                                                       évoquait du côté d’Athènes,
                                                                                                                                                                                                       cinq siècles avant J.-C., une
                                                                                                                                                                                                       relation « pédagogique »
                                _LE 25/11 À SECONDE NATURE (AIX-EN-PCE)                                                                                                                                entre un homme mûr et un
                                ET LE 17/12 AU CABARET ALÉATOIRE (41 RUE                                                                            _Z FESTIVAL DE ZIK JUSQU’AU 07/12 DANS LE VAR.     jeune garçon que la morale
                                JOBIN, 3E).                                                                                                            RENS. 04 98 07 00 71 / WWW.TANDEM83.COM
                                RENS. WWW.SECONDENATURE.ORG                                                                                   _VITAZIK, LE 2/12 AU JAS’ROD (LES PENNES MIRABEAU).      ne réprouvait pas encore, elle
                                WWW.CABARET-ALEATOIRE.COM                                                                                                   REN. 06 16 48 87 92 / WWWW.VITAZIK.FR      charrie désormais, travestie
                                                                                                                                                                                                       par l’évolution sémantique et
                                                                              Direction Laurent Centofanti • Rédaction et agenda Cynthia                                                               l’œuvre du temps, son lot de
Toutes vos sorties, tous les 15 jours                                                                                                                                            Couverture
www.journalventilo.fr                                                         Cucchi, Philippe Lacroix, Victor Léo, nas/im, La Nuit Magazine,
                                                                                                                                                                          EvE photographiée
                                                                                                                                                                                                       références et d’insinuations
www.myspace.com/journal_ventilo
                                                                              Jordan Saïsset, Henri Seard, Sébastien Valencia, Emmanuel
                                                                                                                                                                          par François Guery           homosexuelles… Aujourd’hui,
                                                                              Vigne • Direction artistique, production, webmaster Damien
Editeur : Association Aspiro                                                  Bœuf | www.boeufdesign.fr • Responsable communication                                        http://pictureman.free.fr   même si le jeune du XXIe siècle
28, rue Arago | 13005 Marseille                                               Franklin Assouline • Chargé de diffusion Renaud Tourtet •                                                                préfèrera toujours lâcher un très
Rédaction : 04 91 58 28 39 | ventiloredac@gmail.com                           Ont collaboré à ce numéro Guillaume Arias, Nicolas Debade,                                                               direct « Va te faire enculer », il
Communication : 04 91 58 16 84 | 06 14 94 68 95                               Céline Ghislery, Karim Grandi-Baupain, Christelle Guidicelli, Boris
                                                                              Henry, Frédéric Marty, Virna Setta, Margaux Miracle-Solé, Marika                                                         n’est donc pas rare, grâce à
communication@journalventilo.fr
                                                                              Nanquette-Querette, Aileen Orain, Lionel Vicari • Impression                                                             quelques irréductibles Gaulois,
Diffusion : 04 91 58 28 39 | diffusion@journalventilo.fr                      et flashage Panorama Offset, 169, chemin de Gibbes, 13014
Fax : 04 91 58 07 43                                                          Marseille • Dépôt légal : 21 mars 2003 ISSN-1632-708-X
                                                                                                                                                                                                       de se faire insulter, encore
Ne pas jeter sur la voie publique. La reproduction, même partielle,                                                                                                                                    et toujours, à l’ancienne.
des articles et illustrations sans autorisation est interdite
                                                                                                                                                                                                       Cependant que les pédérastes,
                                                                                                                                                                                                       autres temps, autres mœurs,
                                                                                                                                                                                                       n’habitent plus à la Grèce
                                                                                                                                                                                                       indiquée.
Ecologique et équitable, Ventilo est le seul gratuit imprimé à Marseille sur du papier recyclé fabriqué en France
  LES INFORMATIONS POUR L’AGENDA DOIVENT NOUS PARVENIR LE LUNDI MATIN AU PLUS TARD ! MERCI                                                                                                                                  HENRI SEARD
Le cahier formation - N 290 - Journal Ventilo
Acides                                                                                                  animés
Malgré la fermeture administrative de Montévidéo l’an passé, son versant « musiques improvisées et expérimentales », le GRIM, ne s’avoue pas
pour autant vaincu. Après avoir participé au festival Chhhhhut en octobre dernier, la structure organise à nouveau la neuvième édition de son
festival Nuit d’Hiver sous l’appellation « Psyché Idylliques ».

P
              as la peine de ressortir vos vieilles     Les artistes n’ont jamais hésité à expérimenter      en est avec des artistes aux racines folk comme        américain Paul Elwood), tous en entrée libre.
              fripes sentant le renfermé et autres      tout ce qui existait pour soigner leur état ou       Moondawn, Seabuckthorn ou encore Oh! Tiger             Ce voyage initiatique s’achèvera avec la réso-
              accessoires hippies. Ce qui nous oc-      le dépasser, que ce soit Baudelaire, Poe ou De       Mountain, rappelant que cette musique fut aussi        lution de tous ces croisements et télescopages,
              cupe ici, c’est la création musicale en   Quincey (haschich, absinthe, opium et ses déri-      affectée par la culture psyché, enfantant ainsi        symbolisée par la rencontre d’instrumentistes
              perpétuel mouvement. Le courant           vés…), Michaux (mescaline), Artaud (peyotl et        l’acid-folk ou psyché-folk. La musique halluci-        improvisateurs (Famoudou Don Moyé, Paul
psyché a en effet connu un renouveau, se présen-        le séjour fatal, pour son cerveau, chez les Tara-    née et sautillante des Japonaises de Nisennen-         Elwood, Raphaël Imbert, Jean-Marc Monte-
tant comme une alternative à l’inéluctable sur-         humaras), jusqu’aux écrivains/poètes agités de la    mondai, les frénésies sonores de France Sauvage        ra…), croisant le fer de leurs instruments pour
consommation des générations postmodernes,              Beat Generation et autres Hunter S. Thompson         ou Allroh, les incantations de Cankun et High          apporter une réponse sous la forme d’une re-
où la nonchalance révèle une forme d’impuis-            (auteur de Las Vegas Parano et The Rum Diary,        Wolf, les univers à évocations cinématogra-            cherche de liberté absolue. Ce n’est pas un ha-
sance consciente propre aux années 90, comme            dont la liste des substances à elle seule rempli-    phiques de Michel Henritzi, jusqu’aux mirages          sard si le festival se termine hors de Marseille et
en témoignait le grunge. Le psychédélisme se-           rait l’article). Bon, ne dérivons pas vers une ode   sonores confectionnés par les différents compo-        le soir du solstice d’hiver. Ne manquent plus que
rait-il une réponse pacifiste de l’imagination à la     aux produits psychotropes, gardons en tête les       siteurs électroacoustiques, sont tout aussi inso-      les aurores boréales !
triste réalité saturant toute forme d’organisation      atterrissages ratés de Jimi Hendrix, Tim Buc-        lemment pertinents. Mais cette programmation
                                                                                                                                                                                                     Nicolas Debade
sociale, y compris virtuelle ?                          kley, Janis Joplin…                                  protéiforme dissimule bien d’autres expériences                          Illustration : Patrick Laffont
L’essence de la recherche de l’inspiration ou de        Même en laissant de côté cet aspect « stupé-         parallèles aux concerts : expositions et projec-
                                                                                                                                                                    Nuits d’Hiver 9 : du 8 au 21/12 à Marseille, Miramas et En-
l’expérience transcendantale ultime est restée la       fiant », le GRIM se réapproprie le fameux « peu      tions (Arnaud Maguet, Karin Weeder, Vincent            traigues sur la Sorgue (voir programmation détaillée dans
même depuis que l’homme met à sa bouche ou              importe le flacon du moment qu’on ait l’ivresse »    Moon, Kumiko Karino…), conférence à l’Alca-            l’agenda). Rens. 04 91 04 69 59 / www.grim-marseille.com
dans son nez tout ce qu’il trouve, jusqu’à synthé-      de Musset tant la programmation est semblable        zar (Matthieu Saladin) et ateliers à destination
                                                                                                                                                                    Découvrez la sélection sonore sur www.soundcloud.com/
tiquement inventer lui-même ses « véhicules ».          aux multiples facettes d’un kaléidoscope. Preuve     des plus jeunes (animés par le joueur de banjo         grim-marseille

NISENNENMONDAI + SCOT GRESHAM LANCASTER                                                                      MOONDAWN + SEABUCKTHORN

Qui ? Un groupe japonais de « krautrock à jupe » et un pionnier de                                           Qui ? Deux guitaristes, l’Argentin Pedro Lopez (Moondawn) et
la musique électronique qui fabrique ses instruments lui-même !                                              l’Anglais Andy Cartwright (Seabuckthorn).
Quoi ? Musique minimale axée sur des principes de répétitions                                                Quoi ? Folk dans les deux cas, plutôt mélancolique dans le pre-
transversaux pour le trio japonais de haute volée. Musique aven-                                             mier, instrumental et un brin expérimental dans le second.
tureuse croisant les genres pour le sexagénaire.                                                             Pourquoi y aller ? Pour découvrir les nouveaux hérauts de la ten-
Pourquoi y aller ? Parce qu’actuellement le Japon a des choses à                                             dance psyché-folk.
dire en musique progressive, parce que l’expérimentateur en chef                                                                                                           ND
ne vient pas tous les jours à Marseille, parce que c’est l’ouverture                                         _LE 20 À MONTÉVIDÉO (3 IMPASSE MONTÉVIDÉO, 6E)
du festival.
                                                                  LV
_LE 8 À L’EMBOBINEUSE (11 BOULEVARD BOUÈS, 3E)
                                                                        © DR                                                                                                            © Jota

HIGH WOLF + CANKUN                                                                                           PATRICK PORTELLA + TRIO ELIO MARTUSCIELLO, FABRIZIO CASTI &
                                                                                                             ENRICO DI FELICE + JÉRÔME NOETINGER ET JEAN-PHILIPPE GROSS

Qui ? Les deux signatures françaises du très bon label califor-
nien Not Not Fun, véritable symbole « underground » (étiquette                                               Qui ? Un Marseillais, trois Italiens et un duo français.
surannée) et « branché » (le sens originel, le bon) du renouveau                                             Quoi ? Trois concerts pour représenter tous les courants de l’élec-
psychédélique. En première partie « officieuse » : Cyd Jolly Roger,                                           troacoustique : une interaction entre informatique et vidéo pour le
la culture psyché locale.                                                                                    premier, entre flûte et électronique pour le deuxième, et une impro-
Quoi ? De longues boucles hypnotiques et incantatoires. Guitares,                                            visation à quatre mains avec diverses machines pour les derniers.
synthés, bricolages et beaucoup de reverb’ : lo-fi.                                                           Pourquoi y aller ? Histoire d’explorer l’univers des possibles en
Pourquoi y aller ? Parce qu’ils font la musique d’aujourd’hui, celle                                         matière de création musicale.
qui fait sens, et que l’on ne sait pas de quoi demain sera fait.                                                                                                             ND
                                                                 JSa                                         _LE 15 AU GMEM (17 RUE CASSIS, 8E)
_LE 16 À L’EMBOBINEUSE (11 BOULEVARD BOUÈS, 3E)
                                                                        © DR
                                                                                                                                                                                        © Mat Ranson

FALL OF SAIGON + ALLROH + FRANCE SAUVAGE + SINE REQUIE                                                       LES WITCHES + THE INVISIBLE ENSEMBLE FEATURING FAMOUDOU DON MOYÉ

Qui ? Un groupe marseillais, une guitariste allemande (petite pro-                                           Qui ? Un quintette à tendance baroque, puis un melting-pot in-
tégée de Steve Albini), un trio électronique français de jeunes din-                                         ternational regroupant à la fois Famoudou Don Moyé, percus-
gues et un duo dj du Cabaret Sauvage.                                                                        sionniste de l’Art Ensemble of Chicago, Paul Elwood, les Français
Quoi ? Fall of Saigon, plutôt new/no/cold wave ; Allroh, phénomè-                                            Jean-Marc Montera, Raphaël Imbert et trois des musiciens de sa
ne post-blues noisy ; France Sauvage, une belle débauche joviale,                                            compagnie Nine Spirit.
entre B.O., indus et expé.                                                                                   Quoi ? Un concert recréant l’ambiance des pubs irlandais d’antan,
Pourquoi y aller ? Pour passer une soirée ultra psych (-édélique/                                            puis la rencontre des sonorités traditionnelles du banjo, des liber-
otique/otrope, terminaison au choix), et que l’Embob’ est le lieu                                            tés du free-jazz et des dissonances de la noise.
idéal pour ça.                                                                                               Pourquoi y aller ? Même si ce n’est pas à Marseille, la Courroie
                                                                 ND                                          est un lieu insolite et l’Invisible Ensemble clôturera le festival par
_ LE 17 À L’EMBOBINEUSE (11 BOULEVARD BOUÈS, 3E)                                                             une sacrée déferlante sonore !
                                                                        © DR                                                                                                    ND      © Carbone
                                                                                                             _LE 21 À LA COURROIE (ENTRAIGUES SUR LA SORGUE, 84)
Le cahier formation - N 290 - Journal Ventilo
1995                                                                                                  Bertrand Wolff alias Simiam Lucis

                                                                                                      Daath, c’est le label de
Ils viennent de Paris, ils ont                                                                        Bertrand. Et Bertrand, c’est
la vingtaine et un talent                                                                             aussi Simiam Lucis, musicien
certain. Les cinq MC’s                                                                                à tête chercheuse. Avec des
(Alpha Wann, Areno                                                                                    amis artistes, il a monté Daath,
Jaz, Nekfeu, Sneazzy                                                                                  donc, afin de partager leur
West et Fonky Flav) et                                                                                amour pour les expériences.
le beatmaker (DJ Lo’) de                                                                              Et parce que ce qu’ils font sort
1995 n’en sont qu’à leur                                                                              du lot et que nous voulions
premier EP, mais font déjà                                                                            des explications, nous sommes
le buzz. Explications.                                                                                allés à la rencontre du jeune
                                                                                                      homme, loin d’être bored to
                                                                                                      daath.

                                                                                                      Comment définirais-tu Daath ?
                                                                                                      C’est un label que nous avons fondé avec
                                                                                                      Benoist Bouvot, Benjamin Chaval, Lucien
Comment vous situez-vous vis-à-vis de l’ancienne génération ?                                         Gaudion et David Merlo. Nous souhaitons
Dans l’ensemble, on a énormément de respect pour ce qu’ont fait les anciens (Lunatic, Les             défendre des artistes émergents et des pro-
Sages Po, etc.) et les classiques intemporels qu’ils ont produits. On a également beaucoup            jets surprenants. Nous éditons également
observé leur parcours, tant au niveau musical que commercial, afin d’éviter de commettre les          une revue sonore trimestrielle, 裏 (Ura), qui permet de rendre compte de l’activité du groupe autour
mêmes erreurs que certains d’entre eux.                                                               d’un thème précis. Par exemple, nous sortons en ce moment, avec un certain nombre d’artistes invités,
                                                                                                      le quatrième numéro, Variances/Invariances, dont le thème est le pulsar. Chaque thème choisi s’inscrit
Vous sonnez très 90’s, et vous avez d’ailleurs déclaré avoir nommé votre groupe 1995 en               dans une fiction qui ouvre certaines perspectives, non seulement dans le domaine purement musical,
hommage au Paris sous les bombes de NTM, sorti cette année-là. Ces références affichées               mais aussi dans d’autres disciplines de la connaissance telles les sciences et la philosophie. De ce fait,
sont-elles lourdes à porter ?                                                                         nous comptons multiplier les collaborations avec des scientifiques, des philosophes et des artistes vi-
Oui et non. On tourne effectivement un regard vers cette période parce qu’elle a posé cer-            suels.
taines bases dont on s’inspire, mais nos influences sont souvent beaucoup plus modernes.
La plupart des gens qui ne s’intéressent pas forcément au rap imaginent que « sample = old            Ton dernier opus relate l’expérience tragique de Laïka, chienne russe et, surtout, premier être vivant
school », mais c’est faux. Notre côté « old school » se retrouve plus, selon nous, dans notre         mis en orbite autour de la terre. Trouves-tu un certain épanouissement dans l’album-concept ?
spontanéité et la volonté de se surpasser plutôt que d’entrer dans un format commercial usé.          Non, pas forcément, disons qu’il faut maintenir un équilibre entre l’idée et la forme. Je me méfie des
                                                                                                      concepts au sens où ils peuvent parfois réduire le champ des expériences. Pour Laïka/Orthodoxie par
Quelles sont les particularités de votre génération, dite « Internet », qui est née avec un           exemple, l’idée de travailler sur cette histoire, cet animal broyé par l’Histoire et la notion de progrès
clavier entre les mains ?                                                                             technologique, cette dialectique nature/culture, m’intéressait… Par la suite s’est posée la question :
C’est difficile pour nous de répondre à cette question, mais il y a effectivement une différence      comment donner à entendre ces concepts lourds de sens sans être trop illustratif ? Il ne faut pas rompre
qui se creuse ces dernières années avec les génération précédentes : il est aujourd’hui possible      cet équilibre et également garder à l’esprit que les possibilités de la musique et du son, par rapport aux
de faire un disque de A à Z, de le vendre et de le promouvoir sans l’aide de personne. C’est          formes dites visuelles, sont ses grandes capacités de suggestions. Le problème (et la limite ?) de l’album-
vrai que nous avons beaucoup utilisé Internet, mais plutôt de façon naturelle que par calcul          concept est donc de réduire le sonore à une simple démonstration, un discours.
marketing : on utilise Facebook dans la vie de tous les jours, le rap fait partie de notre vie de
tous les jours, donc on utilise Internet pour partager notre musique !                                Comment composes-tu ?
                                                                                                      Tout dépend des projets. La méthode utilisée sur Laïka/Orthodoxie s’apparente, toute comparaison
Vous samplez Shurik’n, ça vous fait quoi de venir à Marseille ? Est-ce que cette ville vous           gardée, à celle de la musique dite « spectrale », mouvement musical né dans les années 70 avec des
évoque encore quelque chose en termes de hip-hop ?                                                    compositeurs comme Tristan Murail et Gérard Grisey. Cette méthode consiste en l’analyse du son (en
IAM, la Fonky Family, s’il ne fallait citer qu’eux, sont des légendes dans le rap français, avec un   l’occurrence ici des gémissements et autres sons émis par des chiens) au moyen d’un spectrographe. A
nombre de classiques de fou ! On a tous blasté leurs morceaux, et c’était naturel de glisser des      partir de ces analyses, j’ai juste gardé la structure globale des sons (l’attaque, la hauteur, l’intensité) et
petites références dans notre disque. Avec le recul, on a samplé plutôt du rap marseillais, c’est     remplacé les sons originaux par des sons synthétiques. Cette méthode n’est pas appliquée à l’ensemble
vrai, mais là encore, ce n’était pas un calcul. En ce qui concerne le concert, comme d’habitude,      de l’album, pour le reste, la composition est abordée de manière plus « empirique ».
on a hâte de monter sur scène, d’autant que le public marseillais a sa petite réputation. On
croise les doigts pour que ça soit le feu ! (rires)                                                   Quel rapport entretiens-tu avec la technologie ?
                                                                                                      Je me demande si la technologie, avec sa capacité à transformer nos perceptions et nos modes de pen-
Comment vivez-vous l’effervescence actuelle autour d’un renouveau du rap dont vous se-                ser, est réellement un outil d’émancipation. Des recherches ont été faites à ce propos, je pense notam-
riez l’un des porte-drapeau ?                                                                         ment au livre d’Hartmut Rosa, Accélérations, une critique sociale du temps.
C’est évidemment très flatteur que les médias s’intéressent à nous. Espérons que ça dure,
même si ce qui nous motive avant tout, c’est de monter sur scène.                                     Penses-tu que l’on assiste actuellement à un regain d’intérêt vis-à-vis des musiques expérimenta-
                                                                                                      les ?
Vous avez organisé votre tournée seuls, des labels importants vous ont approchés et pour-             Je ne sais pas, mais il est vrai que la multiplicité des évènements, vu le peu de moyens attribués à ce
tant, vous n’avez pas encore annoncé de signature officielle... Avez-vous peur de perdre              genre de musique, prouve qu’il y a surtout énormément de volonté (de la part des artistes, générale-
cette manifeste indépendance et votre fraîcheur en signant sur une major ?                            ment) à partager ces musiques.
En effet, nous avons une forte volonté de rester indépendant, c’est pourquoi nous avons monté
notre label Undoubleneufcinq, qui nous permet de produire notre musique sans contrainte.              Ton « expérience parisienne » est-elle foncièrement différente de ce que tu vis ici ?
Nous sommes en pourparlers avec des majors, mais cela demande manifestement des sacrifi-              Paris, hormis quelques lieux isolés, n’a pas réellement de culture musicale, en tout cas pour les musiques
ces que nous ne sommes pas encore prêts à faire...                                                    dites « déviantes ». Les choses semblent plus institutionnalisées et beaucoup plus sclérosées, à l’image
                                                                                                      de cette ville-musée.
Dans son nouvel album, Joey Starr s’interroge sur l’état du Hip-hop, déplorant l’absence
de relève. Qu’en pensez-vous ? Comment vous voyez-vous dans cinq ans ?                                Quelles sont tes principales influences, musicales, artistiques ou autres ?
Il a sûrement dû l’écrire avant qu’on sorte notre disque. (rires) Plus sérieusement, Internet         J’ai été très impressionné par la musique de Giacinto Scelsi et de Pierre Henry. Après, les influences
permet justement de se rendre compte que la relève est bien là, avec des dents plus longues           peuvent être très diverses, de la musique baroque aux formes électroniques en passant par des chants
que jamais. Si les producteurs avaient un peu de courage et beaucoup plus de curiosité, ils           diaphoniques. Quant aux autres domaines qui peuvent nourrir mon travail, ils sont là aussi très hété-
n’attendraient pas qu’un groupe soit médiatisé pour lui proposer une signature. Il y a énor-          roclites, en tout cas, je m’y emploie.
mément d’artistes qui partagent la même passion pour la musique que nous, il suffit d’ouvrir
les yeux et surtout les oreilles...                                                                   Que penses-tu de Marseille Provence Capitale Européenne de la Culture ?
                                                                                                      Rien. Je ne suis pas très au fait, comme beaucoup de monde apparemment, des mesures et des projets mis
                             Propos recueillis par Virna Setta et Margaux Miracle-Solé                en place pour cet évènement. Ils ont prévu des choses au niveau des musiques actuelles de recherche ?

1995 : le 26/11 au Cabaret Aléatoire (Friche la Belle de Mai, 41 rue Jobin, 3e).                                                                                        Propos recueillis par Jordan Saïsset.
Rens. 04 91 47 57 99 / www.leposteagalene.com / www.myspace.com/undoubleneufcinq
                                                                                                      Rens. www.daath.org / www.bertrandwolff.com
Le cahier formation - N 290 - Journal Ventilo
TOURS DE SCÈNES                                 LIBERTÉ D’EXPRESSION

Soleil d’hiver                                                                                                                                En faire tout
                                                                                                                                              un fromage
                                                                                                                                              (Mozart vs Salieri)

E
               n programmant Primal Scream lors de sa derniè-                  Toujours baigné de modernité pop, le MIDI
               re édition en juillet, le festival MIDI a clairement            Festival prend ses quartiers d’hiver à Toulon.

                                                                                                                                             L
               montré qu’il était en train de franchir une étape.                                                                                            a scène se passe à Vienne en 1783. Attendu de-
               D’abord, parce que jamais il n’avait fait jouer une                                                                                           puis un an par Joseph II, qui lui avait demandé
               tête d’affiche aussi importante, eu égard à sa dimen-                                                                                         de composer un opéra, L’Enlèvement au sérail,
sion « indie ». Ensuite, parce que Primal Scream synthétise juste-                                                                                           Wolfgang Amadeus Mozart débarque enfin à la
ment la culture pop des organisateurs, façonnée par la musique                                                                                               cour de l’empereur mélomane afin de lui faire
des 80’s et surtout des 90’s, nourrie au son des premiers labels                                                                              écouter quelques gammes de douceur dans un monde de
de rock indé mais perméable à la révolution techno qui arrivait                                                                               brutes. A l’annonce de l’arrivée du prodigieux compositeur
alors… Une boucle de bouclée, donc. Fort d’une aura qui ne                                                                                    autrichien, Joseph II, ne tenant plus en place et criant tout
cesse logiquement de grandir (davantage à l’extérieur qu’à do-                                                                                son soûl « Mozart est là, Mozart est là… », invite Antonio
micile, comme c’est trop souvent le cas dans les contrées arides                                                                              Salieri, dit « le Rital fourbe » — charmant surnom que récu-
du grand sud), le MIDI Festival joue donc désormais et réguliè-                                                                               pérera bien plus tard un certain Marco Materazzi après une
rement les prolongations en novembre. Trois soirées, là encore,                                                                               sombre histoire de coup de boule — à venir saluer et écouter
et autant de lieux différents pour accueillir les prochaines sen-                                                                             son « meilleur ennemi ». Jaloux comme un pou, Salieri lâche
sations pop de 2012. Parmi elles, S.C.U.M (dans la lignée de The                                                                              alors cette fameuse réplique en forme de calembour énorme
Horrors), Trailer Trash Tracys (autre découverte londonienne)                                                                                 pour l’époque où l’on se marrait pas si souvent et qui fit cou-
ou Wise Blood (et son travail proche de Panda Bear). Du côté                                                                                  ler beaucoup d’encre (à ne pas confondre avec l’ancre, même
des têtes d’affiche ayant rayonné ces dernières semaines (c’est                                                                               si c’était le genre de gars à vous mener en bateau) : « Mozart
dire s’il est à la pointe), MIDI s’est calé sur les coups de cœur de                                                                          est là, peut-être, mais n’en faites pas tout un fromage ». Son
son partenaire média Magic : Baxter Dury (fils de Ian — mais                                                                                  effet râpé — le jeu de mot de l’aigri Transalpin, tout comme
bien plus encore), Blood Orange (ex-Lightspeed Champion) et                                                                                   son œuvre, fut reconnu a posteriori —, Salieri se résout à
Girls (deux mecs, en fait, pour une autre tentative de synthèse                                                                               aller écouter l’enchanteur en chef. Que faut-il donc retenir
de la culture pop). Enfin, conformément à son désir de donner                                                                                 de cette saillie vieille de trois siècles mais riche en calcium ?
une dimension « club » plus appuyée à sa programmation, MIDI                                                                                  Tout d’abord, que Salieri avait un humour de merde. Ensui-
a la bonne idée de proposer des afters au Bar à Thym, avec quel-                                                                              te, qu’il ne pouvait vraiment pas blairer Mozart. Enfin, qu’il
ques-uns des plus pertinents dj’s marseillais. Bref, en attendant                                                                             préférait boire du petit-lait plutôt que d’apprécier un grand
une prochaine édition « d’été » qui s’annonce forcément un cran                                                                               fromage, aliment auquel il était vraisemblablement allergi-
au-dessus, n’hésitez plus à franchir les barrières géographiques,                                                                             que. Excepté le gruyère, seul produit laitier dont il tomba
elles ne cessent de s’estomper.                                                                                                               amoureux lors d’un séjour dans le canton de Berne. C’est ce
                                                                                                                                              qui s’appelle avoir de la Suisse dans les idées (noires).
                                                                      PLX
                                                                                 Baxter Dury
Du 24 au 26/11 à Toulon (Opéra, Crep des Lices et Bar à Thym).                                                                                                                                     Henri Seard
Rens. www.midi-festival.com

                                                                                                                                    L’actu en accéléré

                          TRANS UPPER EGYPT + DELACAVE + JIMMY TRASH                                                       NASSER + FK CLUB > LE 2 AU CARGO DE NUIT (ARLES)
                          > LE 23 À LA MACHINE À COUDRE                                                                    On ne présente plus mon premier, « power trio » sans complexe qui a replacé
                          A l’heure où s’écrivent ces lignes, force est de constater que nous savons bien                  la cité phocéenne sur l’échiquier rock hexagonal et dont l’énergie brute élec-
                          peu de choses à propos du trio italien Trans Upper Egypt. Un Myspace, deux ou                    trise les foules à chacun de ses lives. Mon second est un duo farceur qui a
                          trois infos par-ci par-là, c’est tout. Et bien sûr, leur musique : krautrock (la transe,         fait de la scène son terrain de jeu favori, mêlant machines, batterie et guitare
                          les synthés analogiques) et noise (la voix criarde, l’aspect artisanal), justifiant à             pour un résultat sexy en diable, entre envolées atmosphériques et bombes
                          elle seule (heureusement d’ailleurs) l’existence d’un pareil focus, et un saut à la              dancefloor. Mon tout est la preuve que la scène électro-rock marseillaise a
                          Machine. Pour plus d’infos, demander aux Infréquentables.                                        de beaux jours et, surtout, de belles nuits, devant elle.
                          WWW.LAMACHINEACOUDRE.COM / WWW.MYSPACE.COM/PARIAHLABEL                                           WWW.MYSPACE.COM/WEARENASSER / WWW.MYSPACE.COM/IAMTHEFKCLUB
                                                                                                               JSa                                                                                          CC

                          TOKIMONSTA + 9 CLOUD & AIRSOLID + 10 ANS VENTILO
                                                     TH                                                                    FRANÇOIS & THE ATLAS MOUNTAINS >
                          > LE 25 À SECONDE NATURE (AIX-EN-PCE)                                                            LE 3 AU CARGO DE NUIT (ARLES)
                          La première se nomme Jennifer Lee, beatmaker californienne aux ambiances trip-                   Révélation française de la rentrée au rayon « indie », François Marry et ses
                          hop/electronica des plus reposantes, sensuelles, cotonneuses ou feutrées, c’est                  trois compagnons de jeux viennent de franchir un certain palier : donner une
                          selon. Son dernier maxi, Creature Dreams, offre un très bon aperçu de son talent. Le             progéniture à Dominique A, en le faisant copuler avec la crème de la scène pop
                          second est l’un des principaux représentants du beatmaking local, accompagné de                  moderne. Forcément métis, l’enfant se love dans un duvet de guitares ligne
                          son VJ préféré. On attend son nouvel opus, 43 Sunsets, prévu pour janvier 2012. Et               claire, de percussions exotiques et de groove alangui. Pour peu qu’il ne braille
                          puis nous, en route pour le record du monde du nombre de fêtes d’anniversaire...                 pas une fois arrivé sur scène, n’hésitez pas à lui donner beaucoup d’écoute.
                          TOKIMONSTA - CREATURE DREAMS (BRAINFEEDER)                                                       E VOLO LOVE (DOMINO)
                                                                                                          JSa                                                                                              PLX

                                                                                                                           JAY-JAY JOHANSON > LE 26 AU POSTE À GALÈNE
                          CINDYTALK & PHILIPPE PETIT > LE 26 À L’EMBOBINEUSE                                               Celui-là, on s’en tamponnerait presque comme de sa première lessive. Ce
                          Avis aux connaisseurs : évènement ! Gordon Sharp, membre originel du                             serait dommage : si les couleurs du Suédois sont un peu délavées, elles ont
                          cultissime Cindytalk (post-punk écossais) en duo avec Philippe Petit (expé-                      plutôt passé l’épreuve du temps. Quatorze ans après ses débuts (ce goû-
                          rimentateur/improvisateur aux multiples collaborations : Murcof, Eugène Ro-                      teux Whiskey), Jay-Jay Johanson fait du Jay-Jay Johanson. Sa voix de Chet
                          binson, Lydia Lunch...). Ils vont sortir un vinyle ensemble, serti d’ambiances                   Baker épouse un canevas sonore toujours aussi souple, fait de jazz et de
                          envoûtantes où se croisent piano, guitare et field recordings. Une rencontre                      mélancolie, et si on doit encore parler de « trip-hop », le blondinet en figurera
                          live inédite, immanquable pour les uns, vivement conseillée pour les autres.                     une touchante excroissance.
                          CINDYTALK / PHILIPPE PETIT (LUMBERTON TRADING CO.)                                               SPELLBOUND (UNIVERSAL)
                                                                                                     JSa                                                                                                   PLX

                          NO USE FOR A NAME + WAKE THE DEAD                                                                MUSIQUE REBELLE – ROUND 11 > LE 3 AU CABARET ALÉATOIRE
                          > LE 29 AU POSTE À GALÈNE                                                                        « Trente musiciens et artistes sous la direction du batteur Ahmad Compaoré
                          Si l’évènement reste la venue des Californiens de No Use For A Name, les-                        pour un évènement pluridisciplinaire placé sous le signe de la création col-
                          quels restent d’ailleurs fidèles (depuis 1987) au hardcore mélodique et au label                  lective, au-delà des styles et des genres. » Inutile de paraphraser. Par contre,
                          emblématique Fat Wreck Chords (NOFX), Wake The Dead risque de créer la                           il est urgent de se pencher sur le cas Compaoré, véritable hyperactif (des
                          surprise. Les Marseillais viennent de sortir The Things We Can’t Forget, brûlot                  ateliers et, surtout, beaucoup de concerts), désormais incontournable dans
                          « modern old school », rapide, catchy, qui tranche par un chant sur la brèche.                   le paysage local, enchaînant les collaborations à tout va jusqu’à ce onzième
                          Ce grand moment de hardcore devrait prendre toute son envergure sur scène.                       volet de Musique Rebelle, véritable ode au syncrétisme.
                          WAKETHEDEADHARDCORE.BANDCAMP.COM                                                                 WWW.MUSIQUEREBELLE.COM
                                                                                                      dB                                                                                                   JSa

                          ARTHUR H > LE 1            ER
                                                          AU CABARET ALÉATOIRE                                             JOEY STARR > LE 9 AU CABARET ALÉATOIRE
                                                                                                                           « L’expert de la maison mère » nous doit une revanche. En effet, son dernier pas-
                          A l’heure des bilans, qui, de la « génération 90 », restera dans les mémoires de
                                                                                                                           sage à Marseille, sur la scène du Dôme en octobre 2008, dans le cadre de la refor-
                          la chanson française envisagée dans sa grandeur, sa singularité ? Au-delà du
                                                                                                                           mation du Suprême NTM, nous avait laissé un goût amer, d’inachevé, d’enfumage
                          périmètre « indie » (la sainte trinité Dominique A/Katerine/Murat), il n’y a guère
                                                                                                                           tant le duo avait joué en mode minimum syndical après avoir fait exploser Bercy
                          que Thomas Fersen et Arthur H, donc, que l’on gardera précieusement dans
                                                                                                                           via des concerts-marathons. A en croire les premiers retours de l’Egomaniac Tour,
                          notre discothèque. Si « Higelin Jr » n’a pas la prétention artistique de son
                                                                                                                           l’ami Joey, plus affûté et grognard que jamais, tiendrait la forme du siècle et met-
                          père, il en a hérité la fibre, et elle s’écrit avec un grand A. Comme Arthur.
                                                                                                                           trait le feu tous les soirs. On ne lui demande rien de moins sur les terres d’IAM.
                          BABA LOVE (POLYDOR)
                                                                                                                           EGOMANIAC (JIVE/EPIC)
                                                                                                             PLX                                                                                            HS
Le cahier formation - N 290 - Journal Ventilo
TOURS DE SCÈNES

Maximo
                                                                                                                                             A
                                                                                                                                                                n’en pas douter, il aime les mots. Tout en évitant soigneusement les grands. Il en

                                                                                                                            © Daniela Neri
                                                                                                                                                                concède cependant de bons, en distille de beaux et parle comme quelqu’un qui a
                                                                                                                                                                l’habitude de les peser. Un petit tour sur le site Internet du Théâtre de l’Arc-en-
                                                                                                                                                                Terre — hautement recommandable — suffit déjà à en rencontrer de merveilleux.

Massimo                                                                                                                                                         Massimo Schuster y reconnaît par exemple avoir, adolescent, consacré du temps à
                                                                                                                                             déplacer des cailloux pour finalement conclure que « sa contribution au changement de la structure
                                                                                                                                             du monde a été immense. » Belle façon de dire le dérisoire et le vital qui sont en toute chose, en tout
                                                                                                                                             geste. Il dit d’ailleurs que son activité actuelle participe du même principe. Autre mot cueilli sur le
                                                                                                                                             site, cette fois à propos de sa dernière création, Western, mais aussi des autres spectacles : « Notre
                                                                                                                                             travail s’adresse à un public adulte indépendamment de l’âge du spectateur… » Ce refus de dissocier
                                                                                                                                             les publics lui paraît tenir du « respect élémentaire ». Il se garde de théoriser politiquement, mais
                                                                                                                                             prend le contre-pied des travers de la société et fait passer les messages dans des formes légères et
                                                                                                                                             ludiques : « Ce n’est pas parce qu’on fait les zouaves sur scène qu’on va se dispenser de dire des choses
                                                                                                                                             qui ont du sens. » Pour ses spectacles, il collabore non tant avec des techniciens qu’avec des artistes,
                                                                                                                                             peintres, plasticiens, musiciens. Ses marionnettes se révèlent donc des œuvres d’art, dont certaines
                                                                                                                                             sont visibles dans des musées à Munich ou Palerme. Ce touche-à-tout est aussi photographe, écri-
                                                                                                                                             vain (il est l’auteur de cinq ouvrages), doubleur depuis peu et « de plus en plus » musicien (« En-
   Avec Western, Massimo Schuster continue sa visite des grands                                                                              fin… je gratte une guitare comme tout le monde »), comme en témoignent ses deux duos avec Paolo
   mythes, des épopées, des chansons de gestes et des sagas, toutes                                                                          Fresu. Avec Western, il nous emmène au Far West, en 1874, pour un voyage au cœur de l’humanité
   porteuses d’enjeux fondamentaux depuis la nuit des temps. Rencontre                                                                       et de l’enfance (certaines représentations ont d’ailleurs lieu dans le cadre de Minots, marmaille et
   avec l’homme qui fait dire des vérités aux marionnettes.                                                                                  Cie - voir page suivante). Rendez-vous au saloon !
Western par le Théâtre de l’Arc-en-Terre : du 23/11 au 3/12 & du 5 au 10 dans le cadre de Minots, marmaille et Cie au Théâtre de                                                                                                                       Frédéric Marty
Lenche (Place de Lenche, 2e). Rens. 04 91 91 52 22 / www.arc-en-terre.org / www.theatredelenche.info

                                                                                                                                                                                                                     (RE)TOURS DE SCÈNES

C.R.A.S.H
En association avec le théâtre du Gymnase, le Merlan programme Gardenia
d’Alain Platel et Franck Van Laecke. Sur une idée de la comédienne
                                                                                                                                                              Portraits dansants
transsexuelle Vanessa Van Durme, sept travestis sexagénaires dévoilent
                                                                                                                                                                          Avec Nei Volti (Dans les

                                                                                                                                                                                                                                                                           © Pasquale Juzzolino
l’intimité de leur passé et repoussent dans un même élan les frontières de la
                                                                                                                                                                         visages), le chorégraphe
scène et de la représentation.
                                                                                                                                                                      et danseur florentin Virgilio
                                                                                                                                                                        Sieni entre en résistance.
                                                                                                                                             © Luk Monsaert

                                                                                                                                                              A
                                                                                                                                                                                  la table à laquelle le spectateur
                                                                                                                                                                                  est convié, l’atmosphère semble
                                                                                                                                                                                  bien austère. Tout est noir, quel-
                                                                                                                                                                                  ques sièges et petites consoles
                                                                                                                                                                                  s’éparpillent sur les planches du
                                                                                                                                                              Merlan. Seuls Virgilio Sieni et le flûtiste Giam-
                                                                                                                                                              paolo Pretto occupent l’espace. Un peu mal à
                                                                                                                                                              l’aise comme invité dans sa nouvelle belle-fa-
                                                                                                                                                              mille italienne, le spectateur attend les premiers
                                                                                                                                                              pas de l’un des membres. S’instaure alors un
                                                                                                                                                              dialogue entre le danseur et le musicien, dont le répertoire oscille entre Bach et le contempo-
                                                                                                                                                              rain Salvatore Sciarrino. Les déplacements, les mouvements du danseur, à la fois mécaniques
                                                                                                                                                              et fluides, s’inscrivent dans la recherche du chorégraphe sur L’art du geste en Méditerranée (un
                                                                                                                                                              projet de quatre ans en collaboration avec le Théâtre du Merlan), un travail identitaire sur les
                                                                                                                                                              origines, celles du territoire et de l’homme. « Par ce nouveau travail, je désire m’inspirer de visa-
                                                                                                                                                              ges de personnes qui ont résisté », précise cette figure de la danse contemporaine italienne.
                                                                                                                                                              Peu à peu, le spectateur se familiarise avec chacune des personnes présentes à table : la mère,
                                                                                                                                                              la fille, l’oncle, le photographe... L’ambiance se fait plus intime quand le danseur accompagne
                                                                                                                                                              d’objets la poésie de la gestuelle pour fantasmer les personnages et nous offrir des portraits

O
                  n comprend mieux chaque jour l’importance de l’œuvre de Pina Bausch sur les artistes                                                        d’hommes, de femmes, des morceaux de vie. Intenses, forts et pleins d’une vie de lutte, les
                  d’aujourd’hui. En abordant la danse par le scénario et le dialogue, elle a donné au corps la                                                gestes semblent glisser sur la scène. Le spectateur voit les bonheurs et la gravité de ces figures
                  possibilité de se défaire des pointes et du demi-pas pour épouser le contour des lèvres, le                                                 généreuses, à travers les gesticulations de l’oncle qui raconte son dur labeur à la vigne, de la
                  bonheur d’inhaler une cigarette sur scène, de s’autoriser la présence d’un micro, dévoilant                                                 nonna toujours belle malgré ses rides ou encore d’une petite fille qu’on voit rêver et dont on en-
                  les artifices du show. Alain Platel a su mieux que quiconque s’approprier ce patrimoine                                                     tend le rire... « Ils me prêtent leurs visages, leurs poses, leurs figures, leur lumière et leur obscuri-
pour l’emmener dans l’actualité d’une Belgique divisée par la langue et la pluralité de deux cultures. Dans                                                   té : une pensée qui anime le corps », ajoute le chorégraphe. Il devient alors chacun d’entre eux et
cette contradiction permanente d’un pays qui s’entredéchire, mais reste une nation une et indivisible, la                                                     ces différentes « façons de résister à quelque chose : non seulement aux guerres, mais aussi dans
danse trouve un formidable terrain de jeu. Les corps expriment leurs opinions, ils s’entrechoquent dans le                                                    leurs lieux, dans le soin des exploits, de peu de choses, de la terre, des autres » le façonnent.
désaccord, ils prennent le devant de la scène pour mieux capter la lumière et dire « je » haut et fort. Gardenia                                              De cette rencontre, on retient une invitation au partage, celui du geste et de l’expérience
s’inspire clairement du Kontakthoff de Pina Bausch et ose prétendre qu’il est possible de survivre à un chef-                                                 de Jean Berthet (90 ans, résistant et déporté à Buchenwald) qui, par ses poings serrés et la
d’œuvre et d’en prolonger la force brute pour aller chercher dans les recoins ce qu’il reste à dire. L’enjeu n’est                                            seule présence de son corps en mouvement aux côtés du danseur, éclaire la scène.
pas de trouver de nouvelles formes de représentation, mais plutôt de coller au plus près des besoins de l’in-                                                 Le spectateur repart avec cette main posée sur l’épaule, ce geste de transmission, pour dire
terprète. Le corps n’est plus au service du mouvement, il devient le sujet central du synopsis et bouscule le                                                 « Maintenant tu sais, tu es de notre famille. »
ronflement de l’histoire pour créer un étirement et une intimité qui nous interpellent. Gardenia, c’est le nom                                                Virgilio Sienni et sa création pourraient très bien être comparés à un peintre et sa toile,
d’une fleur qui ne vit qu’un jour, la métaphore du désir d’une jeunesse qui brûle la vie par les deux bouts                                                   mais l’authenticité d’une tablée familiale semble mieux convenir à l’humilité et à la sincé-
dans la peur de mourir demain et qui, à l’orée de la vieillesse, compte ses cicatrices et se demande si elle a                                                rité de ce grand monsieur.
suivi le bon chemin. Avec le temps, Alain Platel devient lui aussi un référent pour les jeunes chorégraphes :                                                                                                                               Christelle Giudicelli
Peeping Tom, Christophe Haleb… A la manière de la peinture, la danse a depuis longtemps abandonné
                                                                                                                                                              Nei Volti (Dans les visages) de Virgilio Sieni était présenté les 17 et 19/11 au Théâtre du Merlan dans le cadre
l’idée du territoire vierge et compris qu’abuser du collage et de la réinterprétation est le meilleur moyen de                                                du festival Dansem
prolonger une histoire sans fin en zoomant sur le particulier pour y découvrir des merveilles cachées.                                                        Prochaines représentations de Virgilio Sieni dans le cadre de L’Art du geste en Méditerranée #2
                                                                                                                                                              (Rens. 04 91 55 68 06 / www.dansem.org) :
                                                                                                         Karim Grand-Baupain                                  Visitation : les 26 & 27/11 à la Bastide de la Magalone (245 bis boulevard Michelet, 8e).
                                                                                                                                                              Rens. 04 91 11 19 20 / www.merlan.org /
Gardenia d’Alain Platel par les Ballets C de la B : du 13 au 17/12 au Théâtre du Merlan (Avenue Raimu, 14e).                                                  Mères et filles : les 3 & 4/12 au Théâtre d’Arles (43 boulevard Georges Clémenceau, Arles).
Co-programmation : Théâtre du Gymnase. Rens. 04 91 11 19 30 / www.merlan.org                                                                                  Rens. 04 90 52 51 55 / www.theatre-arles.com
Le cahier formation - N 290 - Journal Ventilo
Déchiffrez des lettres
Pour sa huitième édition, Laterna Magica fait la part belle à la lettre, au graphisme et à la photographie — et s’exporte à Paris, via une
programmation au Quai Branly.

C
                réatif, inventif, magique, inédit… Les adjectifs                   tres prennent vie, se dessinent, créant de nouveaux univers
                pour qualifier le programme du festival créé par                   entre image et écrit.
                l’association Fotokino ne manquent pas.                            Nouveau venu parmi les lieux accueillant Laterna Magica, le
                « On reste dans une démarche de découverte. On                     Théâtre de la Criée a donné carte blanche à Fotokino. « On a
                cherche à montrer des choses différentes, qui sor-                 transformé le hall du théâtre en salle de projection pour Les pe-
tent de l’ordinaire, qui poussent à la curiosité. » Pari tenu, no-                 tites formes. Dans cette “boîte à images” seront diffusés des films
tamment avec l’exposition Le Livre, l’enfant et le photographe,                    d’animations venus du monde entier ». Et le temps d’un week-
en partenariat avec l’île aux livres de l’Alcazar, qui met à l’hon-                end, la Criée se transformera en Grand Bazar avec spectacles,
neur les ouvrages photographiques dédiés aux plus jeunes.                          projections surprises, installations et interventions d’artistes.
« Cette exposition est l’occasion de montrer aux enfants qu’un                     De l’image, de l’art, du cinéma, bref, un moment Magica.
univers différent de la télé ou des jeux vidéos existe. » Ouvrages                 Pour les amateurs de cinéma, le Variétés et l’Alhambra se par-
rares et tirages originaux seront accompagnés d’ateliers et de                     tagent l’affiche entre contes de Noël et création de films d’ani-
rencontres avec les artistes Sarah Moon et Katy Couprie.                           mations grâce à La Fabuleuse Fabrique du Cinéma. La Baleine
                                                                                                                                                                                          My... My... de Lei Lei dans le cadre des Petites formes
Tout aussi exceptionnel, le travail du graphiste Ed Fella fait l’ob-               qui Dit Vagues accueille quant à elle des « cinés-contes » pour
jet de pas moins de trois expositions. « Il est encore peu connu                   une rencontre insolite entre l’image et la parole vivante.            coutumée les différentes propositions artistiques : « C’est une excellente
ici. Il a participé au Festival international du graphisme et de                   Nouveau participant également, le WAAW devient lieu de jeu            occasion de découvrir davantage l’univers des artistes et de comprendre
l’affiche de Chaumont en mai dernier ; on a profité de l’opportu-                  et de création. Le bistrot culturel se transforme en salle de Tom-    leurs œuvres. » Le Studio — nouvel antre de Fotokino depuis octobre
nité pour présenter son travail. » Tournée vers la lettre, autant                  bola Fantastica le temps d’égayer un samedi hivernal et prête         (voir Ventilo # 286) — en accueillera une grande partie.
dans sa forme que dans son utilisation, l’œuvre d’Ed Fella est                     ses murs à Pixel Apparition, une fresque collective haute en
                                                                                                                                                                                                                                Aileen Orain
présentée dans une rétrospective inédite. Une soirée cinéma                        couleurs imaginée par Yassine du collectif l’Articho. On peut
dédiée à la rue new-yorkaise fera suite au vernissage du cipM.                     d’ailleurs retrouver la fine équipe d’illustrateurs au Lièvre de      Festival Laterna Magica : du 24/11 au 24/12 à Marseille.
                                                                                                                                                         Rens. 09 81 65 26 44 / www.fotokino.org
Autres amateurs de lettres, Bettina et Tom Henni dépoussiè-                        Mars pour une exposition inédite.
rent l’alphabet via leur projet Particules Elémentaires. Les let-                  At last but not least, des ateliers parsèmeront comme à l’ac-         Retrouvez une interview de l’équipe de Fotokino sur www.journalventilo.fr

                                                    TOURS DE SCÈNES                                                                                                                       (RE)TOURS DE SCÈNES

ALLONS ENFANTS ! Le manège enchanté
Pour la troisième édition de Minots, marmaille & Cie, le
Théâtre de Lenche croise les disciplines pour é(mer)veiller                                               Spectacle surprenant, basé sur une histoire vraie, Petit Pierre passe d’un univers
les enfants. Sans accord parental.                                                                        abstrait à une matérialisation de la création artistique inspirée de la nature. La
                                                                                                          vérité sortant souvent de la bouche des enfants, le petit Raphaël a accompagné

L
              a manifestation se décline autour de quatre spectacles. Ouverture                           notre chroniqueur pour commenter la pièce du haut de ses sept ans.
              du bal en Arizona avec le Western de Massimo Schuster (voir page
              précédente). En écho au spectacle, une exposition à la Bibliothèque

                                                                                                         U
              du Panier présentera des ouvrages sur le théâtre de papier, mais aussi                                         ne comédienne

                                                                                                                                                                                                                                               © Yann Marquis
              une partie des impressionnantes collections d’Eric Poirier et Massimo                                          seule sur scène,
Schuster ; tandis qu’un atelier photographique sur le thème du Far West sera pro-                                            avec     quelques
posé par les Ateliers de l’Image. Avec A pas contés dans la forêt, Christine Fricker                                         tiges en fer et
et sa compagnie Itinérrances feront se rencontrer mondes rêvés et réels via l’inte-                                          de mystérieuses
raction entre une danseuse et la projection d’un court métrage. Le spectacle joue                         plaques d’aluminium : le point de
sur ces dualités pour décaler logique et réalité. La manifestation se poursuivra                          départ rend notre petit compa-
ensuite avec la proposi-                                                                                  gnon bien perplexe, d’autant que
tion de l’Anima Théâtre,                                                                                  l’actrice Sara Louis commence à
Le rêve de la Joconde. Du                                                                                 cisailler lesdites plaques.
théâtre de marionnettes                                                                                   Pendant près d’une heure, nous
basé sur un fait-divers :                                                                                 découvrons l’histoire de Pierre
la disparition du chef-                                                                                   Avezard, inventeur et artiste en
d’œuvre de Léonard de                                                                                     herbe, à l’aide d’objets manipu-
Vinci le 22 août 1911.                                                                                    lés et de nombreuses grimaces.
Une aventure rocam-                                                                                       Il est vrai que Petit Pierre a un
bolesque à travers l’his-                                                                                 physique disgracieux, dû à une
toire de l’Art, prétexte                                                                                  naissance précoce, lui faisant endurer les moqueries de           assemblage se réalise en même temps que Petit Pierre
à de surprenantes ren- A pas contés dans la forêt de Christine Fricker                                    garçons de ferme qui le traitent de « tête de vipère ». Un        grandit avec les spectateurs. Nous quittons alors peu à
contres avec des sujets                                                                                   ancrage dans le réel qui retient l’attention de notre chro-       peu un univers abstrait pour entrer de plain-pied dans
de tableaux célèbres et à un atelier arts plastiques aux Préau des Accoules. La                           niqueur haut comme trois pommes : « Tout m’a plu et,              une réalité heureuse, quand le manège se construit, ou
compagnie Piccola Velocità clôturera la manifestation avec un spectacle tout aussi                        en plus, c’est une histoire vraie ! »                             dramatique, lorsque sont projetées des images des deux
insolite. S’il est prétexte à une sensibilisation sur les questions environnementales                     La marginalité de Petit Pierre va pourtant l’éloigner des         guerres mondiales. Des archives qui ne sont pas sim-
— les abeilles symbolisent les conséquences des mutations climatiques actuel-                             horreurs de la guerre et lui permettre d’aiguiser son sens        plement là pour resituer l’intimité de Petit Pierre dans
les —, BZZ… se veut avant tout un conte poétique. Une journée découverte, or-                             de l’observation et son goût pour la mécanique du mou-            l’Histoire, mais qui permettent aussi de mettre face à
ganisée avec le collège du Vieux Port et l’Association de l’Abeille provençale, ainsi                     vement. A partir de matériaux récupérés au gré de ce              face techniques rudimentaires (le découpage et le plia-
qu’une exposition de photographies à la Bibliothèque du Panier, prolongeront ce                           que Mère Nature lui donne (pneus, bouts de bois, mor-             ge) et modernes (le projecteur audiovisuel). Au final,
« buzz ». At last but not least, une journée cinéma en partenariat avec l’association                     ceaux de ferraille…), il va construire un manège don-             Petit Pierre se révèle bien plus qu’un spectacle « jeune
Fotokino dans le cadre de Laterna Magica (voir ci-dessus) complètera ce dispositif                        nant corps à son imagination débordante. Le résultat,             public » inspiré de faits réels ; c’est une ode à la tolé-
où les enfants devraient trouver matière à apprendre, s’émerveiller et s’émouvoir,                        sur scène, fait penser à « un parc d’attractions et à des         rance portant une universalité qui touche aussi les plus
toutes choses qu’ils savent à merveille transmettre à leurs parents.                                      constructions en lego. »                                          grands.
                                                                                                          Outre son émouvante histoire, la force du spectacle rési-
                                                                                Frédéric Marty                                                                                                                             Guillaume Arias
                                                                                                          de dans la manière dont est représentée l’évolution de la
Festival Minots, marmaille et Cie : du 5/12 au 18/01 au Théâtre de Lenche (Place de Lenche, 2e).          vie de l’artiste. La matière même des objets représentés          Petit Pierre par la Cie Et Compagnie était présenté le 15/11 au Théâtre
Rens. 04 91 91 52 22 / www.theatredelenche.info                                                                                                                             Antoine Vitez (Aix) dans le cadre de Mômaix
                                                                                                          rappelle la nature simple de ceux qu’il a utilisés et leur
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