Les musées français suppriment-ils progressivement leurs chiffres romains ?
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Les musées français suppriment-ils progressivement leurs chiffres romains ? 17 mars 2021, 07:07 © AFP / THOMAS SAMSON En 2018, le musée Carnavalet situé à Paris est toujours en travaux. D'après Le Figaro, les musées seraient de plus en plus nombreux à remplacer, totalement ou en partie, les chiffres romains par les chiffres arabes. C'est le cas du musée du Louvre et du musée Carnavalet situés à Paris, pour des raisons diverses. D'après Le Figaro, des musées commenceraient à renoncer à afficher des informations en utilisant les chiffres romains. La raison ? «Nous ne sommes pas contre les chiffres romains, mais ils peuvent être un obstacle à la compréhension», souligne Noémie Giard, responsable du service des publics au musée Carnavalet situé à Paris. Le musée consacré à l’histoire parisienne a été l'objet de lourds travaux et la direction en a profité pour refondre son parcours de visite en diminuant l'usage de ces chiffres. Le musée Carnavalet précise néanmoins à RT France que, si l'usage des chiffres arabes est «privilégié» dans le cas des siècles, l'usage majoritaire des chiffres romains a été conservé pour les noms de rois. Dans le cadre d'un dispositif visant à rendre son contenu plus accessible à tout public, et notamment aux personnes en situation de handicap, de petits pupitres «d’accessibilité universelle» ont néanmoins été placés à hauteur d’enfant où l'on voit Henri 4 ou Louis 14 défiler. Ce n'est pas le premier musée français à accomplir ce type de changement. Il y a quelques années, le musée du Louvre avait renoncé à la numérotation antique pour désigner les siècles, au motif que les étrangers et une majorité de Français ne savaient plus les déchiffrer. Les rois avaient tout de même gardé leur privilège et les Henri IV, Louis XIV ou Louis XVI sont encore visibles. Un mouvement simplificateur pour rendre la culture accessibile. À Rouen, d’autres musées ont suggéré l’abandon des chiffres romains pour une raison similaire au musée Carnavalet : l'adoption de la méthode Falc (facile à lire et à comprendre), un acronyme issu d’une charte éditée par l’Unapei (la fédération qui regroupe les associations de défense des personnes handicapées). Conçue au départ pour les personnes dyslexiques ou handicapées, cette charte préconise l’usage d’un vocabulaire simple ainsi que l’absence de références implicites. Le directeur du musée des Beaux-Arts de Rouen, Sylvain Amic, n’avait pas accédé à la demande car «le musée est sans doute un des lieux où on peut continuer à les faire vivre et à les expliquer». D'après Noémie Giard, «nous faisons tous le constat que les visiteurs lisent peu les textes dans les salles, surtout s’ils sont trop longs. Ils ont aussi tendance à zapper et à picorer», explique-t-elle. L'objectif est donc de
simplifier au mieux les informations affichées pour que tout le monde puisse s'en saisir. Quels qu'en soient les motifs, ce retrait progressif des chiffres romains est néanmoins dénoncé par quelques historiens et latinistes. «C’est l’histoire de la poule et de l’œuf: moins on les verra, moins on les maîtrisera», a déclaré François Martin, enseignant et président de la Coordination d’enseignants en langues anciennes (Cnarela). Le plus triste, selon lui, est que «les enfants adorent apprendre les chiffres romains en primaire, car ils prennent cela comme un jeu».
[DOSSIER] Fréquentation physique et numérique des musées et monuments français en 2020 (18/01/2021) Écrit par admin le 18/01/2021 Comme chaque année, le CLIC France rassemble les données visiteurs réels et virtuels des musées et monuments français durant l’année qui vient de s’achever. Dans le contexte de confinement, les chiffres 2020 donnent évidemment le tournis. Les institutions ayant déjà communiqué leur visitorat en 2020 ont accueilli un peu plus de 17.12 millions de personnes, contre 48.56 millions en 2019, soit une chute de 31.4 millions de visiteurs, ou -64.74%. Données 2020 communiquées par les institutions et entreprises suivantes: Centre Pompidou, Domaine de Versaillles, Grand Palais, Louvre Lens, Musée National d’Histoire naturelle, Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, Musée du Louvre, Musée Orsay et Orangerie. Récapitulatif annuel 2020 (visiteurs) et évolution 2019/2020 des principaux musées français : CMN 3.51 M, -64.79% Musée du Louvre Paris 2.7 M, – 72% Château de Versailles 2 M, – 75.6% MNHN 1.3 M, – 58% Centre Pompidou 912 803, – 72% Musée d’Orsay et de l’Orangerie 867 300, – 77% Mucem 527 000, -56% Grand Palais 437 786, – 59.3% Louvre-Lens: 212 353, – 60% TOTAL 17.12 M (2020), 48.56 M (2019) -31.44 M / – 64.74% (Données rendues publiques par les institutions, actualisé au 15/01/2021) Les chiffres publiés par les institutions publiques et privées ont fait apparaître une légère progression de la fréquentation globale nationale en 2019, +1.1% pour atteindre 48.99 millions de visiteurs sur 64 lieux (+ 550 000 visiteurs en un an). L’évolution était de 0.3% pour les seuls lieux de Paris Ile de France, soit 106 000 visiteurs en plus par rapport à 2018. Musée du Louvre Paris: 2,7 millions de visiteurs en 2020, en baisse de 72% Le musée du Louvre a accueilli 2,7 millions de visiteurs en 2020, année marquée par « le formidable succès de l’exposition « Léonard de Vinci » (1,1 million de visiteurs) et par les conséquences de la pandémie de la Covid 19 ». Le musée aura été fermé 6 mois : du 14 mars au 6 juillet et depuis le 29 octobre. En 2020, sa fréquentation a été en baisse de 72% par rapport à celle de 2019. Portée par l’exposition « Léonard de Vinci », la fréquentation des deux premiers mois de l’année était en hausse de 17% par rapport à la même période de 2019. 492 610 personnes ont visité l’exposition événement en janvier et en février 2020 dont 60 000 lors de 3 nuits gratuites exceptionnelles. Durant la période estivale et les vacances de la Toussaint, privé d’une grande partie de ses visiteurs étrangers qui représentent habituellement 75% des entrées, le musée a pu compter sur la fidélité du public français. Enfin, 50% des visiteurs sont entrés gratuitement au musée en 2020, notamment lors des 3 Nocturnes du samedi et des 3 nuits qui ont clos l’exposition « Léonard de Vinci ». Rappelons également que les visiteurs de moins de 26 ans résidant dans l’Espace Economique Européen sont exonérés du droit d’entrée.
Les adolescents et les musées Noëlle Timbart dans Cahiers de l’action 2013/1 (N° 38), pages 21 à 31 P armi les visiteurs qui se rendent au musée, les adolescents sont perçus comme peu présents et peu demandeurs, voire réticents à l’idée même de pénétrer dans cette institution culturelle. Or plusieurs études ont montré qu’ils font partie des visiteurs les plus présents. La majorité des écrits abordant la question de la fréquentation muséale des jeunes stipulent que la sortie au musée relève d’une pratique largement encadrée et réalisée avec deux instances : la famille et l’école, souvent indépendamment de la volonté des jeunes. De plus, ces derniers fréquentent davantage les musées que les adultes, essentiellement dans le cadre scolaire. Dans un contexte de concurrence accrue et dans une volonté d’élargir le public fréquentant ces institutions, les musées ont tous une carte à jouer auprès de ces visiteurs qui devraient être envisagés comme un défi stimulant de renouvellement des activités auprès des publics et d’approches nouvelles des collections. Les professionnels de musées se représentent les adolescents comme un public exigeant, extrêmement versatile dans ses goûts, peu intéressé par les musées qu’il juge trop désuets et peu en lien avec ses centres d’intérêt. Or ce portrait n’est pas toujours exact et ne reflète pas ce que les jeunes pensent de l’institution muséale. À l’image d’autres catégories de visiteurs, les adolescents ont des caractéristiques qui leur sont propres et que le musée devrait prendre en considération afin de leur proposer des activités qui soient au plus proche de leurs besoins. Les représentations des adolescents sur le musée Une étude menée auprès de 107 adolescents de la région parisienne s’est intéressée aux représentations que les adolescents pouvaient avoir du musée. Force est de constater que, pour ces adolescents, le musée est avant tout associé à un lieu de connaissances et d’apprentissage. C’est un lieu privilégié pour évoquer le passé, relié à l’histoire. L’âge et la nature de certains objets exposés sont relevés d’emblée comme indicateurs du passé, quelles que soient leurs connaissances des musées. Cet aspect « ancien » des objets explique, d’après ces jeunes, la valeur qui leur est accordée et le fait qu’ils soient protégés. Le musée est considéré comme important car lieu de « mémoire », de « témoignage ». Tout d’abord, l’adolescence correspond à l’âge de la construction de l’identité. Or il est important pour ces jeunes de s’appuyer sur leur passé pour pouvoir se construire. On a mis en évidence que la dimension identitaire est au cœur du rapport au savoir. Les musées, de par leurs diversités, aident à cette construction identitaire, et ont un rôle à jouer dans ce processus. Pour ces adolescents, le musée est ainsi fortement tourné vers le passé qu’il expose et même s’ils ne négligent pas l’importance de connaître le passé, le musée leur apparaît comme peu en phase avec l’actualité, la modernité, leur quotidienneté. Plusieurs d’entre eux semblent regretter cet aspect et souhaiteraient que le musée ait davantage un impact dans leur vie de tous les jours, en présentant des sujets plus en lien avec leurs préoccupations Plusieurs raisons peuvent expliquer cette impression de décalage de la part de ces adolescents. Ces jeunes remarquent en effet que pour pouvoir appréhender les musées, il est nécessaire d’avoir un bagage culturel qu’ils ne possèdent pas encore. Or ce bagage s’acquiert au fur et à mesure des expériences et avec l’âge. Ces jeunes se sentent donc démunis face à ce qui leur est présenté. Ils n’associent pas le musée à un loisir, celui-ci leur apparaît être un loisir réservé aux adultes.
Établir un lien par l’intermédiaire de l’objet Pour beaucoup d’adolescents interrogés, le musée se caractérise par le fait d’être un lieu qui renferme des objets (N = 27/50) qu’il donne à voir « en vrai ». Il offre ainsi quelque chose de concret car il permet de se confronter à la matérialité de l’objet. Le musée confronte également leurs connaissances (issues le plus souvent de l’école mais aussi des livres et des documentaires notamment) avec l’objet. Cette identification d’un objet qu’ils connaissent ou qu’ils ont déjà vu est importante pour eux. L’adolescence se caractérise en effet par de nombreux changements qui entraînent des pertes de repères. Or, lorsque ces jeunes se retrouvent dans le milieu muséal, ils sont dans un endroit qu’ils ne maîtrisent pas forcément. Par conséquent, s’ils découvrent un objet qu’ils ont déjà vu ailleurs, celui-ci leur sera familier et ils pourront établir un lien plus facile avec lui. Ils disposent alors de repères, d’une gamme de réponses qui les aident à s’approprier le savoir. En fait, il semblerait que ce soient les émotions éprouvées face aux objets qui les marquent. Ils se trouvent confrontés à l’objet réel ce qui peut susciter dans leur for intérieur un sentiment de joie, d’admiration ou de stupéfaction, par exemple face à la taille réelle des objets qu’ils ont pu imaginer avant. Quand les jeunes deviennent professionnels de musées Dans les programmes « Jeunes conservateurs » ou « Young Curators », les adolescents sont invités à tenir le rôle de conservateurs de musée. Ils participent à toutes les étapes nécessaires à la réalisation d’une exposition : recherches, choix des objets, conception, élaboration et réalisation de l’exposition, montage et installation, vulgarisation scientifique et muséographie, élaboration de textes, d’images, de maquettes, de décors, de petits films, de présentations informatiques… En 1969, l’Exploratorium de San Francisco a initié un projet intitulé « Explainers » qui permet aux adolescents « d’assister les visiteurs dans leurs interactions avec les exhibits en les encourageant à une participation active, à une exploration plus poussée et en répondant à leurs questions. L’explainer est aussi amené à faire des démonstrations ». Les jeunes sont engagés et formés en tant que guides pour les visiteurs. Ils les aident à interagir avec les exhibits et l’exposition, ils les accueillent et les informent. Sans être identiques à celle de l’Exploratorium, les initiatives prises par la suite par d’autres musées prennent modèle sur ce programme.
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