I-MOUVANCE - Regroupement québécois de la danse
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I-MOUVANCE Édition d’avril 2009: Spécial Grands Chantiers de la danse VII - LE CHANTIER TERRITOIRES DE LA DANSE: ANCRAGE ET NOMADISME Note éditoriale Dans le cadre des Grands Chantiers de la danse qui mobilise le Regroupe- ment québécois de la danse (RQD) et la communauté de la danse profes- sionnelle québécoise cette année, il apparaissait nécessaire de disposer d’un outil de communication qui soit une fenêtre ouverte sur le projet et qui Table des matières puisse donner la mesure des travaux en cours. Telle est la nouvelle orienta- > Mot du RQD .........1-2 tion du I-Mouvance! Plus que jamais, le webzine bimensuel s’intéresse aux questions qui animent en profondeur la danse québécoise actuelle, ques- > Dossiers Grands .........2-3 tions d’ordre autant artistique que social ou politique, à l’image des Grands Chantiers de la danse Chantiers de la danse. > Glossaire en .........4-7 MOT DU RQD chantier Moins d’un mois nous sépare des Dans le présent numéro, vous trou- > Zoom in... .........8 Se-conds États Généraux de la dan- verez aussi de quoi sustenter votre se professionnelle du Québec! La cu-riosité quant aux thèmes de ce > Témoignages ........9-10 campagne d’inscription est main- chantier. Le glossaire des Grands tenant lancée et se clôturera le 17 Chantiers de la danse abordera les > Initiatives d’ici et ......11-13 avril. Visitez la toute nouvelle sec- questions suivantes: Comment ne d’ailleurs tion de notre Internet entièrement pas utiliser à tort ou à raison les dédiée à l’événement! Vous y trou- termes métissage et hybridité, ou > La danse sur le fil ......14 verez de quoi vous familiariser avec choisir au hasard entre multidisci- de presse le déroulement des activités et les plinarité, pluridisciplinarité, inter- sujets qui y seront abordés. disciplinarité ou transdisciplinarité au moment de définir sa pratique? Ce numéro clôt le tour d’horizon Comment savoir si un événement © i-mouvance est édité par le dédié aux travaux préparatoires des relève de la médiation artistique ou Regroupement québécois de la danse. Grands Chantiers de la danse. Le du développement de public ? Le dernier chantier à se retrouver sous terme patrimoine est-il approprié Les articles signés expriment la loupe - mais non le moindre - Ter- lorsqu’il est question de danse? l’opinion de leurs auteurs et pas ritoires de la danse : ancrages et no- nécessairement celle du RQD. madisme. Ce chantier a exploré les La section Zoom in… explore le lien territoires insolites de la danse, in- entre les pratiques artistiques et la vestigué son identité mouvante et cohésion sociale. Deux initiatives retracé les fils qui la lie aux sphères fort différentes y sont présentées. politique, sociale ou intime. Afin de Tout d’abord, une étude statistique faire le point sur le mandat et les de Hill Strategies évalue les retom- axes d’intervention du chantier, son bées sociales des arts en chiffrant secrétaire, Benoît Pelletier, nous le rapport entre leur fréquentation et rapporte le déroulement des travaux des indicateurs sociaux tels que le 3680, rue Jeanne-Mance, bur. 440 dans la rubrique Dossier Grands bénévolat, les relations de voisinage Montréal (Québec) H2X 2K5 Chantiers. ou l’attitude face au travail. Dans 514 849 4003 - www.quebecdanse.org une tout autre perspective, le portail 1
Web Danser nos histoires retrace des expériences de se au Québec. Quels sont les éléments qui constituent personnalités canadiennes en danse qui font ou ont fait ce patrimoine et quels avantages pourrions-nous tirer de l’animation en danse. Il présente des témoignages d’une meilleure sauvegarde? Diagnostic d’une mémoire qui confirment la faculté de ces activités à raffermir qui a du plomb dans l’aile… les liens sociaux. Fréquenter la danse serait-il un bon moyen de choix pour assurer le bien-être individuel et À votre gré, suivez La danse sur le fil de presse. Tous les collectif? communiqués reçus au RQD sont à votre portée dans cette fenêtre sur l’actualité. La section Témoignages partage avec vous les mots des créateurs d’ici. Découvrez en primeur quelques té- Cette édition du I-Mouvance aura sûrement trouvé moignages tirés d’une enquête intitulée Pratiques artis- réponses à certains questionnements et en aura peut- tiques et identité, menée à l’été 2008 par les membres être même suscité de nouveaux. Par dessus tout, sou- du chantier Territoires. Vous y trouverez quelques indi- haitons qu’elle vous incite à joindre votre voix aux ces sur les positions artistiques qui alimentent subtile- Grands Chantiers de la danse en participant aux États ment l’identité de la danse professionnelle du Québec. Généraux, du 23 au 26 avril 2009. Notez que vous avez jusqu’au 17 avril pour vous inscrire! Enfin, dans la section Initiatives d’ici et d’ailleurs, Ma- rie-Josée Lecours, directrice de la Bibliothèque de la Bonne lecture ! danse, dresse un état des lieux du patrimoine de la dan- DOSSIER GRANDS CHANTIERS DE LA DANSE Chantier Territoires de la danse : ancrage et nomadisme Le 18 décembre dernier, Clothilde Cardinal, présidente chronologie de la danse au Québec a été réalisée. du comité Territoires de la danse, remettait en mains Les participants des prochains États généraux la dé- propres au Comité directeur des Grands Chantiers de couvriront sous la forme d’une « toile-mémoire », sur la danse le rapport des travaux du chantier Territoires. laquelle ils pourront se situer selon leur filiation ou Benoit Pelletier, secrétaire du comité Territoires, en leurs affinités. rapporte ici les faits saillants. DES TERRITOIRES MULTIPLES ET MOUVANTS, BALISÉE DE L’INTIME À LA CITÉ D’ANCRAGES Que signifie la danse pour ceux qui lui ont consacré Au fil des travaux, il est apparu au comité que les ter- leur vie et pour ceux qui y contribuent professionnel- ritoires de la danse, physiques, abstraits ou virtuels, lement? Quelle est l’identité de la danse au Québec? se constituent autant d’ancrages que de la possibilité, Quelle place y occupe-t-elle? Que représente-t-elle dans voire du besoin, d’aller de l’un à l’autre. D’être no- la société québécoise? Outre la question importante de made, en somme, au-delà des contraintes qui parfois la présentation et de la circulation de ses spectacles, obligent à l’être, comme le manque de ressources. On de quelles façons se manifeste-t-elle ou pourrait-elle souhaite que ces territoires demeurent malléables sous le faire? Quelles sont les voies qu’elle aurait intérêt à l’évolution de la discipline et de ses pratiques. Le no- emprunter pour affirmer et consolider sa présence sur madisme est perçu et vécu comme une garantie de res- la scène culturelle et sociale? sourcement et renouvellement, salutaire aux artistes et à la discipline. Le comité s’est attelé à l’identification C’est à ces questions philosophiques presque que le puis à la qualification de ces ancrages et de ces ter- comité Territoires à tenter de répondre au cours de des ritoires qui fondent l’identité de la danse au Québec et huit séances de travail et des trois consultations élar- en assurent le dynamisme. gies qu’il a menées, dont une par Internet. Articulant sa réflexion sur les notions de territoire, d’ancrage et de Le comité a distingué des ancrages identitaires d’ordre nomadisme, fidèle en cela au mandat qu’on lui avait esthétique, géographique, historique, phatique (ou relatif confié, il a abouti à des recommandations précises, à ce qui permet d’assurer la qualité du contact et de voire concrètes, notamment celles concernant la place la communication entre interlocuteurs) et sociologique. de la danse à l’école. Notons qu’il ressort des travaux que, parmi ces ancrag- es, certains paraissent particulièrement fragilisés que Par ailleurs, en lien avec les travaux du comité, une l’on pense, sur le plan esthétique, à la recherche et 2
à l’innovation comme résultat de la recherche ; sur le Le patrimoine plan phatique, à la perception de la danse québécoise Les consultations, celle par Internet en particulier, ont ici et à l’étranger ; et sur le plan sociologique, au no- révélé la valeur très variable accordée par les gens du madisme. milieu à l’histoire de la danse comme ancrage. Le comi- té estime pressant que soient lancées des actions pour Quant aux multiples territoires de la danse relevés par que le patrimoine matériel et vivant de la danse soient le comité, qu’ils soient culturels, intellectuels, intimes, mieux colligés, conservés et mis en valeur au sein du médiatiques, patrimoniaux, pédagogiques, physiques, milieu de la danse et dans la sphère publique. politiques, scientifique, sociologiques et technologiques, les professionnels de la danse auraient avantage à con- La valorisation et la reconnaissance de la danse solider leur présence sur ceux qu’ils occupent déjà et Cet axe se décline sur deux plans. D’une part, il s’agit à investir ceux qui s’ouvrent à eux, dans la volonté de de valoriser la danse comme forme d’art à mieux faire faire valoir la contribution spécifique de la danse au apprécier du public et à mieux positionner dans l’offre domaine des arts et à la société. culturelle. D’autre part, il s’agit aussi de mieux faire reconnaître la danse comme choix de profession par les LES ENJEUX danseurs, les chorégraphes et les travailleurs culturels, Les treize recommandations que le comité Territoires ainsi que leurs savoir-faire et leurs expertises. a proposées au Comité directeur se distribuent en sept axes sur lesquels il apparaît urgent d’agir pour favoriser La circulation et l’accessibilité un développement maximal de la danse au Québec. On l’a dit, la danse doit être nomade pour occuper ses multiples territoires. Beaucoup reste à faire pour L’identité de la danse au Québec renforcer et élargir la circulation des œuvres choré- C’est-à-dire la nécessité d’affirmer le caractère mou- graphiques et faciliter l’accès à celles-ci sur l’ensemble vant, perméable et malléable de la danse, comme ga- du territoire québécois. rant de sa vitalité, de sa pertinence et sa pérennité, et de le faire reconnaître comme tel par les instances PRÉPARER L’AVENIR gouvernementales et par le public. Ce chantier a été l’occasion d’une réflexion passion- nante, à laquelle les gens de la danse, débordés par La danse présente dès l’enfance leurs obligations professionnelles et personnelles, ne se La présence de la danse auprès des enfants est une livrent que trop rarement. Le comité Territoires a voulu préoccupation partagée par l’ensemble de la commu- proposer une vision d’avenir stimulante, voire enthousi- nauté de la danse, étant bien établi que cela stimule asmante, pour la danse. Les Seconds États généraux de et favorise leur intérêt pour la discipline jusqu’à l’âge la danse professionnelle seront l’occasion de débattre adulte. L’école constituant à cet égard un territoire en des recommandations qu’il a formulées, de décider de soi, le comité a formulé des recommandations précises leur sort. Un geste pour un développement à la hauteur et pressantes à cet effet. de cet art premier et éternel qu’est la danse. La rencontre artistique Il apparaît clairement que la danse doit poursuivre ses Benoit Pelletier efforts de médiation vers le public. Pour la bonne raison rédacteur et traducteur qu’ils sont souvent récompensés, qu’ils portent fruit. Il faut miser sur la récurrence et la continuité de ce type d’interventions pour obtenir les meilleurs résultats, le temps étant un allié de la danse. Écrire, publier et diffuser Le territoire de la parole, sous toutes formes et à toutes fins, apparaît comme l’un de ceux que la danse au- rait particulièrement avantage à investir avec plus de vigueur et de conviction pour gagner en visibilité, en reconnaissance de sa pratique professionnelle et de sa contribution artistique. 3
GLOSSAIRE EN CHANTIER tique qui intègre les connaissances et les modes de pensée de deux ou plusieurs disciplines artistiques et non-artistiques dont les langages sont en interrelations. Un langage commun : une condition gagnante pour » (3) Cette définition s’accorde avec celle du Conseil bâtir le projet collectif des Grands Chantiers. Pour ce des Arts du Canada (CAC), dans son Programme Inter- faire, le RQD propose un petit glossaire qui est con- arts où elle est décrite comme « un processus qui stitué, à chaque numéro, de ces mots pour le dire, le intègre et transforme différentes formes d’art ». (4) On penser et le réfléchir. y parle aussi d’« arts intégrés ». Ce mois-ci, le RQD met en lumière des termes qui, La transdisciplinarité est une position théorique qui lorsqu’ils sont employés à bon escient, peuvent nous prône « l’unification sémantique et opérative des ac- aider à discourir sur les territoires mouvants et pluri- ceptions à travers et au-delà des disciplines » (5) con- els de la danse. Quelle différence entre la pluridisci- tre la polarisation des savoirs. Elle est une approche plinarité, l’interdisciplinarité, la transdisciplinarité et la distincte, radicalement opposée à toute réduction de multidisciplinarité ? Comment ne pas perdre son latin l’humain à des catégories figées. Le Dictionnaire de devant autant de termes qui semblent si proches sé- l’évaluation et de la recherche en éducation la définit mantiquement ? On dit de certaines œuvres de danses ainsi : « Les recherches transdisciplinaires inventent qu’elles sont « métissées ». Mais dans quel contexte une façon originale d’aborder leur sujet commun. Les devrait véritablement être utilisée l’expression métis- chercheurs, provenant d’horizons théoriques différents, sage artistique pour éviter de la galvauder ? Qu’en est- mettent au point ensemble une méthodologie com- il du terme hybridation ? Quelle distinction doit-on faire mune. Leur entreprise annonce la naissance d’une nou- entre la médiation artistique et le développement de velle discipline, englobant et dépassant les premières. public ? Finalement, à l’heure où l’on s’interroge sur les C’est une nouvelle approche, qui caractérise alors la traces de la danse, est-il possible de parler de la préser- recherche d’ensemble ». (6) vation d’un patrimoine pour cette discipline ? La multidisciplinarité se caractérise par l’assemblage L’ÉCLATEMENT DES DISCIPLINES de plusieurs arts au sein d’une création. Décrite par le CAC, elle évoque le rassemblement des pratiques Quelle différence entre la pluridisciplinarité, sans leur assimilation. La définition du CALQ est plus l’interdisciplinarité, la transdisciplinarité et la multidis- positive, renvoyant à une forme d’expression propre. ciplinarité ? Comment ne pas perdre son latin devant Mais depuis 2007, le CAC est en révision de son pro- autant de termes qui semblent si proches sémantique- gramme inter-arts afin d’intégrer des pratiques dites ment ? Voici quelques pistes de réflexions pour y voir multidisciplinaires, qui échappent aux critères du Pro- un peu plus clair, sans toutefois sceller le sens de ces gramme Inter-art. Au CAC, la multidisciplinarité c’est termes une bonne fois pour toutes… À lire ! : « L’association de plusieurs disciplines, combinées sans toutefois être intégrées ». (7) Au CALQ l’œuvre Au Québec, le terme pluridisciplinarité est normale- multidisciplinaire est une « forme d’expression qui ex- ment utilisé pour qualifier certains diffuseurs mais rare- ploite plusieurs codes disciplinaires et dont la pratique, ment pour désigner une pratique ou une approche. Le le discours et les oeuvres échappent à une forme artis- Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) définit tique reconnue». (8) ainsi les diffuseurs pluridisciplinaires : « Les diffuseurs pluridisciplinaires comprennent les diffuseurs oeuvrant Concluons que lorsqu’il est question des arts, les appel- dans les arts de la scène tels que le théâtre, la danse, lations les plus utilisées tant pas les créateurs que par les la musique et la chanson. » (1) La définition du Maître organismes subventionnaires sont l’interdisciplinarité et diffuseur est encore plus précise: « Diffuseur présent- la multidisciplinarité. Le premier terme est plutôt em- ant une programmation artistique variée comportant ployé par le CAC alors que le second se retrouve davan- plusieurs disciplines ou genres des arts de la scène tage dans les textes du CALQ, bien que ces orientations professionnels. » (2) soient sujettes à évoluer au gré de la complexification des pratiques. Le terme pluridisciplinaire est utilisé da- Le terme interdisciplinarité est très utilisé pour dé- vantage pour désigner les diffuseurs qui ont une pro- signer les nouvelles pratiques en arts au Québec et grammation diversifiée en arts de la scène. Finalement au Canada. Il évoque une pratique unique qui intègre le terme transdisciplinaire renvoie davantage à position plusieurs disciplines de façon transversale. Le Réseau théorique en sciences humaines qu’à une orientation d’Artistes Interdisciplinaires du Québec (RAIQ) con- pratique dans les arts. sidère l’interdisciplinarité ainsi : « une pratique artis- 4
Sources: des simples techniques de style pots-pourris. Comme (1) THESAURUS DE L’ACTIVITÉ GOUVERNEMENTALE ces expressions véhiculent une idée de l’éclectisme, ils (page consultée le 19 mars 2009). Fiche du terme : se font souvent usurper par qui veut briller… diffuseur pluridisciplinaire, [en ligne ], www.thesaurus.gouv.qc.ca/tag/terme.do?id=8918 Hybridation : n.f. Croisement fécond, naturel ou artifi- ciel. (Petit Robert) (2) LE MAITRE DIFFUSEUR : la boîte à outil virtuelle des diffuseurs en arts de la scène (page consultée le 19 L’œuvre hybride, selon l’esthéticien Dominique Berthet mars 2009). Lexique, [en ligne ], www.maitrediffuseur. naît d’une mixtion : dans l’œuvre, « les codes propres ca aux arts convoqués se questionnent les uns les autres, se traversent, réagissent…donnant à l’art une nouvelle (3) RESEAU D’ARTISTES INTERDISCIPLINAIRES DU géographie » Mais ce dialogue se doit de faire naître QUEBEC (page consultée le 19 mars 2009). Mandat, une « liaison consommée » et non d’un exercice factice [en ligne ], raiq.ca/fr/raiq/mandat [du patch-work ou du pots-pourris] ». (2) (4) CONSEIL DES ARTS DU CANADA (page consultée Métissage : n.m. Croisement, mélange de races. (Petit le 19 mars 2009). Bureau Inter-arts, [en ligne ], www. Robert) canadacouncil.ca/bureauinterarts Évidemment, l’expression « métissage culturel » ne re- (5) CENTRE INTERNATIONAL DE RECHERCHES ET voit pas forcément au croisement génétique. Lorsqu’il ÉTUDES TRANSDISCIPLINAIRES (1994). Charte de est appliqué à une pratique artistique, il peut être la transdisciplinarité, publié lors du Premier Congrès utilisé comme synonyme d’hybridation mais éty- Mondial de la Transdisciplinarité (6 novembre 1994), mologiquement, il traîne un poids plus lourd car il lais- Convento de Arràbia. se supposer la dilution d’une pratique pure. À cet effet, l’anthropologue Jean-Louis Amselle met en garde con- (6) CARDINET, Jean (1992). Dans « Dictionnaire de tre une acception du terme métissage qui renverrait « à l’évaluation et de la recherche en éducation », PUF, l’idée préalable que l’humanité est composée de lignes Paris, 134 p. séparées qui, enfin, peut-être vont se trouver réunies ». (3) En termes artistiques, cela pourrait laisser supposer (7) Van Fossen, Rachel. CONSEIL DES ARTS DU CAN- une pureté des disciplines… ADA. S’ouvrir : Vers une vision élargie des arts multidis- ciplinaires au Canada, Rapport de recherche Sources: (1) LACHAUD, Jean-marc (2004). « Du collage au mé- (8) THESAURUS DE L’ACTIVITÉ GOUVERNEMENTALE tissage, réflexions sur quelques enjeux esthétiques et… (page consultée le 19 mars 2009). Fiche du terme : politiques », Repères, cahier de danse, no 13 (mars), multidisciplinarité, [en ligne ], www.thesaurus.gouv. pp. 28-31. qc.ca/tag/terme.do?id=8918 (2) BERTHET, Dominique (1999). « Réflexions sur une esthétique de l’interaction », Recherches en esthétique, MÉTISSAGE, HYDRIDATION… no 5. p.31 (cité dans Lachaud, 2004) Pourquoi avoir recours à ces termes pour qualifier cer- (3) AMSELLE, Jean-Louis (2000). « Le métissage : une taines œuvres? Comme l’explique si bien Jean-Marc notion piège », Sciences Humaines, no 100 (novembre) Lachaud dans la revue Repères : « Les œuvres qui (cité dans Lachaud, 2004) échappent aux critères définitionnels habituels parce que les éléments mis en jeu pour les former convergent (…) obligent les théoriciens et les critiques à utiliser des MÉDIATION ARTISTIQUE OU DÉVELOPPEMENT DE PUBLIC? termes ( mélange, hybridation, métissage… ) qui ren- voient à des registres fort éloignés du champ artistique Afin d’éviter des usages équivoques des termes mé- (la biologie la chimie, la physique, l’anthropologie…). diation artistique et développement de public, voici Ces mots (…) enrichissent le vocabulaire esthétique quelques définitions qui remettent les pendules à confronté à des productions impures qui privilégient « l’heure. À vous de choisir le bon terme pour présenter le et plutôt que le où » (…) » (1) Mais comment utiliser vos activités! ces termes à bon escient? La mode du World Culture gal- vaude parfois ces termes riches en les confondant avec La médiation culturelle des arts, ou médiation artis- 5
tique, est un concept qui dérive de celui de « média- 2008), Lyon, 6 p. tion culturelle ». Leur parenté n’implique toutefois pas qu’ils puissent être confondus. La médiation culturelle, (2) CAILLET Elisabeth, Françoise FRADIN et Elisabeth selon Médiation culturelle association (France), dé- ROCH (2000). Médiateurs pour l’art contemporain : signe : « une situation de communication, des moyens répertoire des compétences, Paris, La documentation d’interprétation, la rencontre, des échanges et des cir- française culations qui génèrent des relations. » (1) (3) JOLI-CŒUR, Sophie (2007). Définition des termes Quelle est alors la particularité de la médiation artis- et des concepts. Lexique et bibliographie. Groupe de tique? Le milieu de la danse se réfère communément recherche sur la médiation culturelle (mars 2007), cette définition du Répertoire des compétences des Montréal, 7 p. médiateurs pour l’art contemporain : « La médiation culturelle [appliquée aux arts] comprend l’ensemble (4) CONSEIL DES ARTS DU CANADA (page consul- des fonctions qui, à partir des œuvres et de leurs des- tée le 19 mars 2009). Sur la route, guide du diffu- tinataires, produisent le lieu, le temps et les moyens seur, [en ligne], www.conseildesarts.ca/developpe- de la rencontre entre ces œuvres et ces destinataires. » ment/surlaroute/guidedudiffuseur/trouver_un_public/ (2) Le Groupe de recherche sur la médiation culturelle ah127742889945365861.htm (UQAM) propose aussi une définition: « La médiation culturelle des arts c’est réaliser des échanges entre les QUEL PATRIMOINE POUR LA DANSE? arts et les individus, c’est parvenir à prendre en compte le secteur culturel, ses professionnels, ses artistes, ses Lorsque l’on parle du « patrimoine » de la danse, à œuvres et ses biens et savoir les ouvrir sur les popula- quelle notion du terme « patrimoine » cette expression tions, sur des publics diversifiés et nombreux. » (3) renvoie-t-elle? Certes, la danse tient de l’expérience et sa création échappe à la collection matérielle, à la Le développement de public est une toute autre his- matière brute définie. En ce sens, peut-on contenir ses toire. Selon le Conseil des Arts du Canada, « Le dével- manifestations sous le terme de patrimoine culturel im- oppement du public est le processus à long terme matériel, ou de patrimoine vivant ? Peut-on sinon s’en visant à encourager et à aider les membres de votre remettre à une notion nouvelle, celle du patrimoine communauté à s’intéresser aux arts et à s’impliquer da- chorégraphique? vantage dans ceux-ci. » (4) Ses objectifs principaux se dessinent ainsi : Selon l’UNESCO : « On entend par patrimoine culturel immatériel les pratiques, représentations, expressions, • Plus grande participation : augmenter le nombre de connaissances et savoir-faire - ainsi que les instru- participants de la communauté aux événements ar- ments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur tistiques sont associés - que les communautés, les groupes et, • Participation plus intense : encourager ceux qui par- le cas échéant, les individus reconnaissent comme fai- ticipent déjà à augmenter leur fréquence de partici- sant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine pation et à explorer d’autres genres d’expériences culturel immatériel, transmis de génération en généra- artistiques tion, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction Concluons que la médiation artistique peut agir à ti- avec la nature et de leur histoire, et leur procure un tre de moyen pour le développement de public mais ne sentiment d’identité et de continuité, contribuant ainsi peut être confondu avec celui-ci, car son but princi- à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la pal n’est ni d’augmenter le nombre ni l’intensité d’un créativité humaine. […] » (1) public mais bien d’assurer un pont entre l’œuvre et le public et, par extension, entre l’individu et la collec- Qu’en est-il du patrimoine vivant ? Selon le Centre de tivité. Les mots à retenir pour la méditation artistique valorisation du patrimoine vivant: « Le patrimoine vi- : « relation, transmission, valorisation ». Ceux à retenir vant est la manifestation actuelle et contemporaine des pour le développement de public : « quantité/qualité de différentes traditions qui ont jalonné l’évolution d’une la participation, intensité, rétention ». société. Il est en fait le chaînon d’aujourd’hui dans la chaîne de transmission qui l’a mené jusqu’à nous. Les Sources: secteurs du patrimoine vivant sont la musique, la chan- (1) MÉDIATION CULTURELLE ASSOCIATION (2008). son, la danse, le conte et la légende, les arts et métiers Charte déontologique de la médiation culturelle. Intro- traditionnels, les fêtes calendaires et les pratiques cu- duction et principes de la médiation culturelle, (2004- linaires. » (2) 6
Ces deux définitions s’entrecoupent et sont souvent (2008). Déclaration québécoise du patrimoine vivant, utilisées pour désigner la même chose. Pour le Conseil Trois-Rivières. 14e Rassemblement national, 5-6 avril québécois du patrimoine vivant (3), ces deux expres- 2008. sions s’équivalent. En les lisant, on s’aperçoit qu’elles sont utiles pour aborder les danses traditionnelles, qui (4) SERVERIN, Elise (2000). Le processus de patri- sont enracinées dans la culture québécoise et qui sont monialisation des œuvres chorégraphiques contempo- constitutives de son héritage. Par contre, dans le cas raines, Université Lumière Lyon II, ARSEC où notre intérêt serait plutôt dirigé vers la conserva- tion d’œuvres chorégraphiques comme productions ar- tistiques, et non pas comme pratiques ancestrales, la notion strictement anthropologique de ces définitions nous impose certaines limites. Comment alors traiter le besoin de conservation et de mise en valeur des œuvres de danse contemporaine? L’expression patrimoine chorégraphique est une piste de solution intéressante. Elle n’est pas fixée et n’arbore aucune définition stricte à ce jour. Pourtant, elle relève d’une compréhension commune qui s’est forgée au fil du temps et des recherches. Elle comporte trois modes de conservation de l’œuvre, fondamentales à sa recréa- tion. Il sont mis en lumière dans la thèse : Le processus de patrimonialisation des œuvres de danse contempo- raine (4) : • L’impalpable : les danseurs (le corps de l’interprète comme dépositaire de la danse) et le studio comme lieu de transmission des savoirs. • L’écrit : toute trace écrite : notation, indications mnémotechniques, notes chorégraphiques. • Le visuel : vidéo-témoin, archives, captation totale ou partielle des spectacles. À partir de cette définition du patrimoine de la danse, il est plus aisé de penser la collecte, le dépôt, l’archivage et la mise en valeur des œuvres chorégraphiques. Cependant, l’expression patrimoine de la danse, simple et efficace, n’est pas à omettre. Moins précise, elle per- met néanmoins d’englober la sauvegarde d’éléments relatifs à la danse qui dépassent l’œuvre chorégraphie, c’est-à-dire ceux relatifs à l’enseignement, à la diffu- sion, à l’aspect communautaire etc. Sources: (1) UNESCO (page consultée le 19 mars 2009). Qu’est- ce que le patrimoine culturel immatériel? [en ligne], www.unesco.org/culture/ich/index.php?pg=00002 (2) ÈS TRAD : CENTRE DE VALORISATION DU PAT- RIMOINE VIVANT (page consultée le 19 mars 2009). Historique [en ligne] www.estrad.qc.ca/historique. asp?menu=7 (3) CONSEIL QUÉBÉCOIS DU PATRIMOINE VIVANT 7
ZOOM IN... Quel rapport entre ces quatre activités culturelles : lec- La danse et le territoire social ture de livre, assistance aux spectacles, visites de gal- eries d’art, fréquentation du cinéma; et ces indicateurs Participer à des activités culturelles pourrait-il devenir sociaux : Bénévolat et dons, relations de voisinage, un moyen incontournable d’assurer la santé d’un indi- sentiment d’appartenance, activités sociales, travail, vidu ou d’une communauté? Quel lien existe-t-il entre qualité de vie? la fréquentation proactive des arts et la cohésion so- ciale? Dans ce Zoom in… nous vous présentons deux Par une approche quantitative à partir des données initiatives qui, à leur manière, se penchent sur ces de l’Enquête sociale générale de 2005 de Statistique questions. Découvrez une étude quantitative de Hill Canada, Hill Strategies inc. nous proposent une étude Strategies qui cerne le rapport entre la fréquentation d’une quarantaine de pages intitulée Les effets sociaux d’activités culturelles et certains indicateurs sociaux de la culture qui permettent un débroussaillage prudent (ex : la relation de voisinage, le bénévolat, etc.). Puis, sur ces questions. faites une visite éclair du portail Web Danser nos his- toires, un site destiné à recueillir les expériences de On retrouve, parmi d’autres, les constats préliminaires personnalités canadiennes de la danse en animation et suivants : à démontrer comment ces expériences ont permis de nourrir leur affiliation à une communauté et d’alimenter • Les amateurs de spectacle se sentent en meilleure leur processus de création. santé que ceux qui ne vont pas au spectacle. • 71 % des lecteurs de livres ont déclaré avoir rendu service à leurs voisins au cours du dernier mois. Le portail Web Danser nos histoires relate les expéri- • La proportion de visiteurs de galeries d’art qui font ences de personnalités de la danse qui se sont adon- du bénévolat pour des organismes sans but lucratif nées à des activités d’animation en danse. L’auteur de (50 %) est plus élevée que celle qu’on observe chez ce projet, Douglas D. Dandurand, considère la danse ceux qui n’en visitent pas (31 %). comme « une forme naturelle qui nous permet de nous exprimer et d’interagir avec les autres. » À partir de Dans la plupart des cas, les constats ne permettent pas cette prémisse, il expose les retombées mutuelles que de discerner si la participation à une activité culturelle peuvent avoir l’animation en danse pour la commu- a un effet sur l’indicateur social ou s’il s’agit bien d’une nauté qui s’y adonne et pour l’animateur lui-même. influence inverse. Donc, sans fournir des preuves impla- cables du lien direct qui relie les arts à la cohésion so- Selon l’auteur du site : « On constate que ces travaux ciale, cette étude laisse tout de même entrevoir une in- en danse sont un outil de changement social (…). Les fluence mutuelle positive entre les deux pôles, même si activités d’animation participative en danse favorisent elle agit peut-être de façon indirecte. Autant de bonnes les idéaux de diversité et d’inclusion, en suscitant la raisons de maintenir ou d’augmenter sa fréquentation contribution et la collaboration de gens issus de dif- des arts! Une piste à suivre… férents milieux et ayant des expériences diverses, créant ainsi des occasions d’apprendre et de mieux saisir les HILL STRATEGIES RECHERCHE INC. Les effets so- différences de culture ou de génération. Par l’animation ciaux de la culture : Statistiques exploratoires, Regards en danse, l’artiste peut présenter cet art à de nouveaux statistiques sur les arts, vol. 6, no 4, Mars 2008. publics et en offrir une meilleure compréhension qui leur permette d’apprivoiser et de mieux apprécier la di- versité formelle de la danse. » Découvrez les expériences de figures québécoises dont Paul-André Fortier, Zab Maboungou ou Dena Davida... Des témoignages qui, on l’espère, encourageront de nouvelles initiatives du même type. Visitez ce portail au : people.uleth.ca/~scds.secd/dos/french/dnhaccueil.html 8
TÉMOIGNAGES II. Est-ce que l’histoire de la danse contribue à forger votre identité artistique ? En perpétuelle mutation, les pratiques en danse se « Yes, because I am a part of the history, just by being a dérobent souvent à la définition. Devant la diversité des dancer in Quebec. I, and the work I am part of, situates pratiques et des modes de création, pouvons-nous nous itself int he continuum of Quebec dance, as broad as croire à une identité propre de la danse au Québec? Si that continuum may be. » oui, dans quoi se reflète-t-elle? Afin d’en savoir plus, nous Interprète en danse contemporaine avons posé quelques questions ouvertes aux acteurs de la danse au Québec, tous genres et toutes générations « Oui, en partie. Je me sens au point de rencontre de la confondues, afin de recueillir leurs témoignages et en danse contemporaine et de la danse traditionnelle. Je savoir plus sur leurs pratiques. En étant assurés de la suis issue du bac. en danse de l‘UQAM. Je me sens is- confidentialité de leur réponses, les participants ont pu sue des courants de danse contemporaine qui ont évolué laisser libre cours à des réflexions intimes. Ce ques- des techniques modernes (Limon, Graham et Cunning- tionnaire, intitulé « Pratiques artistiques et identité », ham) et qui ont repoussé les règles de la composition réalisé dans le cadre du chantier Territoires, a permis de chorégraphique pour lui donner un champ plus large et dégager quelques tendances, mais l’investigation doit créatif, moins prévisible (…). Je suis aussi issue des se poursuivre. En attendant la suite, voici quelques troupes de danse traditionnelles amateures, un cou- réponses qui méritent d’être partagées... rant des années 50-60 qui voulait présenter sur scène une vision idéaliste et stéréotypée du folklore, pour en I. Quelle(s) est (sont) votre (vos) principale(s) source(s) éprouver la fierté. Je me sens aussi les pieds dans les d’inspiration ? courants des années 70, qui voulaient redémocratiser la tradition et la remettre aux mains des gens (....). Mais « Ma principale source d’inspiration sont les questions plus précisément, je me sens appartenir maintenant existentielles de la philosophie auxquelles l’art tente de aux derniers courants, où les artistes traditionnels com- répondre. Qui suis-je ? Où vais-je ? Et pourquoi ? Si je re- mencent à avoir une formation académique en danse, garde autour de moi, la vie en communauté, les courants et s’en servent pour remodeler leur art et le présenter sociaux qui nous traversent, les gens qui m’entourent. autrement sur scène. » Mais aussi, les catastrophes, les marasmes, les beau- Chorégraphe, enseignante en danse traditionnelle et tés, les médiocrités, les trêves, les amours, les décep- contemporaine. tions, et les grands émotions m’inspirent. Les gens avec qui je choisis de travailler deviennent alors la matière « Je pense que la connaissance de l’histoire de la dan- même de l’objet que je suis en train de créer et détien- se au Québec est importante pour savoir comment et nent les réponses que j’essaie de mettre en scène. » où situer sa propre pratique, mais je préfère m’inscrire Directrice artistique, chorégraphe en danse contempo- dans un mode plus global et me référer aux grands cou- raine. rants de l’histoire et de l’art occidental et faire des par- allèles avec mes collègues africains, européens par ex- « I am inspired mostly by personal/universal experi- emple… possédant leur propre histoire, leurs parcours ences, observations, curiosities and explorations. Story- et le mien semblent pourtant mener au même chemin » telling literature (novels), and film often inspire notions Directrice artistique et chorégraphe en danse contem- and questions that become the points of departure for poraine. choreographic studies. The role of the audience in a performance is also a fixation of mine that always has a strong impact on the work I present. » III. Qu’est-ce qui a déclenché votre désir d’œuvrer Chorégraphe en danse contemporaine professionnellement dans le milieu de la danse ? « Les Ballets Nationaux d’Afrique de l’Ouest en général, « Le répertoire varié des compagnies canadiennes. en particulier les grands danseurs issus de ces ballets Mes études à l’Académie puis à l’École supérieure des qui m’enseignent (…). Les musiques populaires et tra- Grands Ballets Canadiens. » ditionnelles d’Afrique de l’Ouest sont aussi de constan- Enseignante de ballet classique tes inspirations.(…) » Interprète, chorégraphe en danse africaine. « Le mouvement a toujours occupé une grande place dans ma vie. J’étais dyslexique quand j’étais jeune et l’apprentissage du mouvement fait partie des out- ils pour traiter la dyslexie. (…) En 85, par là, la pre- 9
mière version de Joe avec les étudiants de l’UQAM fut étant donné qu’il se trouve souvent dans des zones peu la passerelle qui m’amena de la claquette à la danse connues des artistes en danse contemporaine (…) » contemporaine. (…) » Chorégraphe et interprète en danse traditionnelle et en Compositeur danse contemporaine « This happened to be stronger than myself, I felt a deep « J’aimerais avoir la possibilité d’utiliser mon art pour need to use dance as a vehicle of expression, where I rencontrer le public. Non seulement pour présenter was able to communicateall aspects of my life. » mes oeuvres, mais utiliser la danse comme plate-forme Interprète, danse contemporaine. de réflexion, de questionnement, de bouillonnement. J’aimerais pouvoir allier à la recherche esthétique un IV. Qu’est-ce qui vous fait choisir la danse encore enjeu politique et social. aujourd’hui ? Directrice artistique et chorégraphe en danse contem- poraine « D’abord, en terme d’implication, un amour-passion pour cette forme d’art et de musique. Ensuite la prise VI. De quelle manière contribuez-vous au processus de de conscience de ce que la formation d’un groupe sta- création ? ble pouvait apporter de plus : la possibilité de constru- ire, de créer concrètement et de partager ce travail avec « En tant que directrice artistique d’une jeune compag- le public. » nie, le processus de création est sous ma responsabilité. Interprète et chorégraphe en danse africaine contem- Non seulement faut-il réfléchir à la conception d’une poraine œuvre mais à l’ensemble de la direction artistique de la compagnie. Je décrirais ma contribution au processus « The reason I continue is its interesting possibilities. de création comme une action mentale et sentimentale Danse is like math, there are so many combinations for qui cherche à être traduite par le langage théâtral. Trou- it that we can spend a whole life pursuing and under- ver les meilleurs interprètes et instruments pour rendre standing it. » ce que l’inspiration et l’intuition commandent. » Directeur artistique, danse contemporaine Directrice artistique et chorégraphe en danse contem- poraine « J’aime mon travail, j’aime danser, créer, animer des publics et enseigner à des élèves motivés. Je me sens « As an interpret I bring my imagination, my history and stimulée par les possibilités artistiques dans mon do- all my past experiences in life, my personal voice and maine, malgré les moyens financiers limités (j’aimerais way of looking at the world, and am able to translate my faire plus de travail chorégraphique et enseigner moins). inner world into a physical form for it to be shared. » J’aime aussi transmettre ma passion pour la danse (à Interprète en danse contemporaine des publics, des interprètes ou des élèves motivés.). J’ai aussi l’impression d’avoir acquis une spécialisa- « Lorsque la structure de la chorégraphie commence tion dans mon domaine, et la reconnaissance que cela à s’élaborer, j’essaie de repérer les incohérences ou m’apporte est gratifiante. » les boursouflures indues. Très souvent, une mauvaise Chorégraphe, enseignante en danse traditionnelle et structure amènera une mauvaise musique. J’ai donc in- danse contemporaine. térêt à veiller au grain. En fait, ma contribution, c’est les questions. Et les remises en question : pourquoi 15 minutes, pourquoi du silence là, pourquoi de la mu- V. De quelle façon souhaiteriez-vous que votre démarche sique ici? Pourquoi inventer une fausse langue, que dit artistique se démarque au sein de la discipline ? ce costume? Quel éclairage y aura-t-il? Autrement, en 20 ans, j’ai appris une chose ou deux côté gestuelle, « La reconnaissance de mes pairs est importante. alors je fais un œil extérieur convenable. » J’aimerais qu’on se rappelle de moi comme étant une Compositeur personne dynamique et impliquée dans mon milieu et par mes qualités d’interprète. » Interprète en danse contemporaine. « (…) J’ai l’impression que mon travail chorégraphique est apprécié généralement du public, mais que le milieu de la danse ne perçoit pas bien la diversité de mes influ- ences et la complexité de mon travail chorégraphique, 10
INITIATIVE D’ICI ET qui est toujours orphelin) pour ne nommer que ceux-là, témoigne de l’urgence de la situation. D’AILLEURS Documenter la danse : un défi de taille Le patrimoine de la danse au Québec : état de Force est de constater qu’à ce jour, au Québec, bien la situation peu d’efforts ont été déployés afin d’assurer la sauveg- arde du patrimoine de la danse et que des pans entiers Par Marie-Josée Lecours de notre histoire se retrouvent aujourd’hui en péril, s’ils Bibliothécaire (M.S.I) et ex danseuse ne sont pas déjà disparus. Bibliothèque de la danse de l’École supérieure de ballet contemporain de Montréal Il faut dire que la danse, plus que tout autre art, pos- sède des caractéristiques bien particulières qui posent des défis de taille en matière de sauvegarde de son pat- Une multitude d’œuvres chorégraphiques sont créées rimoine. Par sa nature même, la danse, qui prend forme chaque année au Québec. Elles sont le fruit du travail à travers le corps, ses mouvements et ses déplacements assidu d’artistes, créateurs dévoués à leur discipline ar- dans l’espace, peut difficilement être captée dans son tistique. Elles sont présentées sur les scènes nationales entièreté sur un support unique. La reconstitution ou et internationales ; portées par l’excellence de nos in- la conservation d’une œuvre chorégraphique, du par- terprètes et appréciées par un vaste public. cours d’un artiste ou de la mémoire d’une compagnie est donc complexe car elle nécessite la compilation Mais que deviennent ces œuvres qui ont demandé tant d’une multitude de documents de nature diverse : en- d’efforts, de dévouement, d’investissements humains registrements vidéos, photographies, maquettes de dé- et financiers, publics et privés, une fois le rideau tombé cors et costumes, notes personnelles du chorégraphe, ? Qu’advient-il de ces chorégraphies qui ont tant mar- notations du répétiteur, croquis, etc. Qui plus est, le qué les amateurs de danse, les danseurs, inspiré les mode de transmission traditionnellement utilisé dans le chorégraphes, propulsé la discipline vers de nouvelles domaine de la danse favorise également la perte préma- avenues, permis au Québec de se positionner parmi turée d’un certain nombre d’informations. Alors que la les chefs de fil en matière de danse contemporaine ? musique et le théâtre se sont perpétués au fil des siè- Quelles traces sont conservées hormis celles qui sub- cles grâce à la partition musicale ou au texte, la danse, sistent, imparfaites et parcellaires, dans la mémoire du pour sa part, s’est transmise à travers une chaîne de chorégraphe, du répétiteur, du danseur ou encore du relations humaines (professeur à élève ; chorégraphe à public ? interprète ; maître de ballet ou répétiteur à danseur). Il s’agit là d’un processus de transmission intangible au- À l’aube du XXIe siècle, la danse au Québec a atteint quel la documentation et l’archivage permet de remédi- une telle maturité que les besoins en matière de sauveg- er. Finalement, les problèmes de financement récurrents arde du patrimoine se font de plus en plus criants. Les dont souffrent les organismes, compagnies et artistes dernières décennies se caractérisent par l’émergence font aussi obstacle à la mise en place de pratiques de de nombreuses compagnies et par l’explosion de la cré- documentation et d’archivage saines et garantes de la ation et de l’activité chorégraphique. Plusieurs com- pérennité de notre patrimoine artistique. pagnies bien établies ont aujourd’hui accumulé des quantités impressionnantes de documents d’archives Qu’est-ce qui constitue alors le patrimoine de la danse qu’elles tentent, tant bien que mal, de conserver avec ? Principalement, il s’agit des éléments qui documen- des moyens souvent limités. tent les œuvres, les artistes et les organisations. La documentation de l’œuvre se fait à toutes les étapes Les dangers de détérioration du patrimoine sont pal- depuis sa création (croquis, esquisses, notes du choré- pables. Souvenons-nous du parcours périlleux qu’ont graphe, maquettes de costumes et décors, notations emprunté les trésors de la Fondation Jean-Pierre-Per- chorégraphiques, captations vidéo) jusqu’à son cycle de reault avant de trouver refuge aux Archives nationales représentations sur scène (programmes de spectacles, du Québec et à la Place des Arts. Une aberration qui affiches, photographies, coupures de presse, captations avait suscité l’inquiétude de la communauté. Autre ex- vidéo). Les documents permettant de retracer le par- emple du même genre : la difficulté de trouver un toit cours de l’artiste ou l’histoire d’un organisme (compag- pour des fonds aussi précieux que celui d’Iro Valaskak- nies de danse, les festivals, les théâtres, les diffuseurs is-Tembeck (finalement déposé à la Bibliothèque de la ou les écoles) ont également une valeur patrimoniale. danse de l’ESBCM) ou de Ludmilla Chiriaeff (un fonds Il peut s’agir de photographies, d’entrevues filmées, de 11
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