Pakistan STRATÉGIE 2018-2022 - Agence Française de Développement

 
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STRATÉGIE
    2018-2022

Pakistan
SOMMAIRE
1. CONTEXTE . . ............................................................................................................................................................ 3
1.1 Enjeux de développement durable ................................................................................................................................... 4
1.2 Stratégie du pays ............................................................................................................................................................... 6
       1.2.1 Lutte contre le changement climatique . . ...................................................................................................................... 6
       1.2.2 Lutte contre la pauvreté et les inégalités . . .................................................................................................................... 7
1.3 Financement du développement ...................................................................................................................................... 7
1.4 Éléments de cadrage de la stratégie française et mandat de l’AFD . . ............................................................................ 8
       1.4.1 Relations diplomatiques et commerciales ................................................................................................................... 8
       1.4.2 Coopération au développement ................................................................................................................................... 8
       1.4.3 Mandat du groupe AFD ................................................................................................................................................ 9

2. STRATÉGIE D’INTERVENTION DU GROUPE AFD . . .......................................................... 10
2.1 Objectif 1 : Concourir à la résolution de la crise énergétique ...................................................................................... 13
       2.1.1 Déploiement des énergies renouvelables .......................................................................................................................... 13
       2.1.2 Renforcement du réseau de transport ............................................................................................................................... 14
       2.1.3 Réforme de la politique sectorielle ..................................................................................................................................... 14
2.2 Objectif 2 : Améliorer la qualité des services en milieu urbain ......................................................................................... 15
       2.2.1 Renforcement des accès à l’eau et à l’assainissement durables ..................................................................................... 15
       2.2.2 Amélioration des services de transports collectifs en milieu urbain ............................................................................... 16
       2.2.3 Protection et mise en valeur du patrimoine culturel ......................................................................................................... 16
2.3 Objectif 3 : Contribuer à la résilience des populations vulnérables et à la protection des territoires ....................... 17
2.4 Pistes pour la diversification de l’activité ............................................................................................................................... 18
2.5 Partenariats stratégiques prioritaires et production de connaissances ......................................................................... 19

3. PERSPECTIVES FINANCIÈRES ET MODALITÉS D’INTERVENTION ............. 20
3.1 Perspectives financières ................................................................................................................................................. 21
3.2 Modalités d’intervention . . ................................................................................................................................................ 21
3.3 Suivi de la stratégie . . ........................................................................................................................................................ 22

LISTE DES SIGLES ............................................................................................................................................................................23

2       STRATÉGIE PAKISTAN
        2018-2022
1.
CONTEXTE
1.1. ENJEUX DE
DÉVELOPPEMENT DURABLE
La République fédérale islamique du Pakistan est consti-                                Cinquième pays le plus peuplé du monde, le Pakistan connaît
tuée de 4 provinces (le Pendjab, le Sindh, le Balouchistan et                           une forte croissance démographique. La population pakis-
Khyber-Pakhtunkhwa), et 3 territoires (territoire fédéral d’Is-                         tanaise a crû de 132 à 213 millions d’habitants entre 1998
lamabad, Azad-Jammu-Cachemire et Gilgit-Baltistan). Les                                 et 2017 (soit une croissance moyenne de 2,4 % par an) et
partitions avec l’Inde (1947) puis avec le Bangladesh (1971)                            devrait s’établir à 400 millions d’habitants à l’horizon 2050.
ont fortement marqué l’histoire contemporaine du pays, qui                              Si la croissance démographique est en ralentissement, le
bénéficie désormais d’un soutien important de la Chine.                                 taux de fécondité reste supérieur à 3,7 enfants par femme
Les tensions entre le Pakistan et l’Inde rappellent régulière-                          (contre 5 à la fin des années 1990). Un tiers de la population
ment l’antagonisme historique de ces deux pays et le risque                             a moins de 15 ans et 60 % entre 15 et 64 ans. La population
d’escalade. Le Pakistan a contribué à contenir l’expansion                              pakistanaise est inégalement répartie sur le territoire. Les
soviétique en Afghanistan, puis a joué un rôle majeur dans                              provinces du Punjab et du Sindh concentrent plus des trois
la lutte contre le terrorisme, après le 11 septembre 2001. Il                           quarts de la population.
représente un allié important de la Chine dans ses efforts de
désenclavement de sa partie occidentale, en lui offrant un                              Le développement du Pakistan au vingt-et-unième siècle a
accès à la mer d’Arabie (China Pakistan Economic Corridor),                             permis d’abaisser le taux de pauvreté, qui est passé de 64 %
et d’endiguement de l’influence indienne dans la région.                                en 2001 à moins de 30 % en 2014. Le gouvernement recense,
                                                                                        en 2016, 54 millions de personnes considérées comme
Depuis son indépendance, le Pakistan a connu trois coups                                pauvres et à ce titre éligibles aux programmes pro pauvres.
d’État militaires (1958, 1977 et 1999) entraînant plusieurs                             Au niveau provincial, la pauvreté reste concentrée au Balout-
alternances de régimes militaires et civils. Institution consi-                         chistan (57 % de pauvreté) et au Sindh (34 %), la pauvreté
dérée comme la plus importante du pays, l’armée influence                               urbaine étant plus faible que dans les territoires ruraux. La
largement la conduite du gouvernement pakistanais, en par-                              malnutrition, encore sévère dans certaines zones reculées,
ticulier la politique étrangère, et contrôle des pans entiers de                        conduit à des retards de croissance importants pour 44 %
l’économie (foncier urbain, construction, sécurité privée). À                           des enfants de moins de 5 ans. Et de manière générale, les
la suite de la réforme constitutionnelle de 2010, le Premier                            indicateurs de développement humain (santé et éducation)
ministre est redevenu le principal détenteur du pouvoir exécu-                          ont peu progressé. D’après la Banque mondiale, le Pakistan
tif. Il dispose notamment du droit de dissoudre l’Assemblée                             a la seconde population la plus importante d’enfants non
nationale, d’organiser un référendum et de nommer les gou-                              scolarisés au monde (6,7 millions), parmi lesquels les filles
verneurs des provinces, les officiers généraux et les hauts                             sont prépondérantes, puisqu’elles ont, en moyenne, 20 % de
fonctionnaires. Le chef de l’exécutif est élu par l’Assemblée                           chance en moins que les garçons d’être scolarisées1.
nationale et le chef de l’État par un collège composé de
membres des différentes chambres, pour cinq années. Les                                 Le Pakistan est un des pays les plus urbanisés de la région
élections générales de mai 2013 ont permis la mise en place                             avec une croissance annuelle moyenne de la population
du deuxième gouvernement démocratiquement élu de l’his-                                 urbaine de 4 % depuis 1951. À l’horizon 2030, 60 % de la
toire du pays. Elles ont amené au pouvoir le PML-N (Pakistan                            population totale vivra en ville (38 % en 2014) et le pays comp-
Muslim League) qui l’a conservé pendant cinq ans malgré                                 tera 12 agglomérations dépassant le million d’habitants. Le
les scandales de corruption qui ont touché les leaders du                               sous-investissement chronique des dernières décennies
parti, y compris la famille du Premier Ministre Nawaz Sharif.                           engendre un vieillissement accéléré des infrastructures
Les élections de juillet 2018 ont été remportées par le parti                           urbaines, une situation de sous-capacité structurelle et par
d’opposition PTI dirigé par Imran Khan sur une ligne politique                          conséquent une dégradation de la qualité des services, dont
faisant de la lutte contre la corruption et de l’État providence                        l’eau potable et l’assainissement. En outre, malgré une nette
les priorités du nouveau gouvernement.                                                  amélioration ces dernières années, le secteur énergétique
                                                                                        connaît une crise majeure. Le pays ne parvient pas à satis-
                                                                                        faire la demande en électricité. Les coupures de courant
                                                                                        fréquentes, bien qu’en très forte réduction depuis 2012/13,
                                                                                        handicapent les entreprises et entravent la production indus-
                                                                                        trielle, dégradant encore un peu plus la situation économique.

1
    Pakistan Annual Status of Education Report (ASER) 2015 et Pakistan Human Development report 2017, PNUD.

4        STRATÉGIE PAKISTAN
         2018-2022
Depuis son indépendance, le Pakistan a enregistré une crois-                             Le pays est particulièrement touché par les catastrophes
sance économique erratique, corrélée aux aléas climatiques                               naturelles. Au cours des quinze dernières années, il a dû faire
et aux circonstances politiques. Le rythme de croissance a                               face à des épisodes d’inondations sévères qui ont affecté
décéléré depuis 1993 (2,8 % en moyenne entre 2008 et 2014).                              30 millions de personnes, ainsi qu’à plusieurs tremblements
Cette décélération coïncide notamment avec l’émergence du                                de terre majeurs, dont celui de 2005 qui a causé la mort de
déficit de la production d’électricité que les insuffisances des                         78 000 personnes. Le coût économique et financier de ces
investissements et les arriérés de paiements cumulés des                                 catastrophes n’est pas précisément évalué, mais certaines
entreprises d’État aux fournisseurs d’énergie ont contribué                              sources estiment qu’il est proche de 40 milliards de dollars
à creuser. Le modèle de croissance est caractérisé par un                                sur cette période5.
secteur manufacturier étroit (13 % de la valeur ajoutée en
moyenne depuis 2010) et une part importante d’un secteur                                 Avec 405 millions de tonnes de CO2 émises en 2015, le Pakis-
agricole peu productif (25 % de la valeur ajoutée en 2016/17,                            tan figure parmi les 25 plus gros émetteurs, mais se classe
plus de 40 % de l’emploi)2.                                                              150e par ses émissions par habitant. Le défi de la transition
                                                                                         bas carbone du Pakistan est de maintenir celles-ci, estimées
L’environnement des affaires est marqué par une insuffisante                             à 2 tonnes (donc bien en deçà de la moyenne mondiale de
transparence des marchés publics, en particulier au niveau                               6,7 tonnes), à un niveau acceptable, malgré une forte crois-
provincial (contrats de gré à gré fréquents), les lenteurs du                            sance entre 1994 et 2015 (+123 %). Les émissions de gaz à
processus judiciaire et les difficultés pour faire exécuter les                          effet de serre du Pakistan proviennent très majoritairement
décisions de justice, les contraintes bureaucratiques, la cor-                           des secteurs énergétique (46 %) et agricole (43 %), et plus
ruption ou encore le climat sécuritaire. La Banque mondiale                              marginalement du changement d’utilisation des sols et de
notait néanmoins dans son rapport Doing Business 2017                                    la déforestation (2,5 %).
une amélioration du climat des affaires pour les petites et
moyennes entreprises. Le Pakistan apparaissait alors parmi                               Le pays est en proie à une violence structurelle alimentée
les dix pays enregistrant la plus forte progression au sein du                           par des tensions aux frontières (Afghanistan, Inde, Iran),
classement établi dans le cadre de ce rapport. Le Pakistan                               mais aussi interconfessionnelles (sunnites, chiites, mino-
est 136e au classement Doing Business 2019 (147e en 2018                                 rités religieuses). Il a longtemps figuré parmi les dix pays
et 144e en 2017).                                                                        les plus affectés par le terrorisme. À ce fléau, s’ajoute une
                                                                                         criminalité endémique dont l’activité demeure étroitement
Le Pakistan est aujourd’hui identifié comme étant l’un des                               liée au financement des réseaux militants, par l’extorsion
7 pays les plus vulnérables au changement climatique3. Il est                            et le racket, mais aussi de façon croissante par le trafic de
l’un des pays les plus exposés aux risques liés à la montée                              drogue (en provenance d’Afghanistan). Les violences liées
du niveau des eaux et à l’érosion, menaçant l’ensemble de sa                             aux mouvements indépendantistes – tout particulièrement
côte sud, dont la ville de Karachi, aux risques de glissements                           au Balouchistan – constituent la troisième dimension d’une
de terrain, notamment dans les régions du nord, ainsi qu’au                              situation sécuritaire très largement dégradée. Depuis fin
stress hydrique. La quantité d’eau disponible aujourd’hui                                2014, le gouvernement et l’armée pakistanais ont pris une
est d’environ 1080 m3/hab./an (niveau équivalent à celui de                              série de mesures radicales contre les groupes terroristes qui
l’Ethiopie), soit 5 fois moins qu’au début des années 1950,                              les visent. Il est incontestable que ces mesures ont eu un
et elle pourrait passer à 850 m3/hab./an d’ici 2030. De nom-                             réel impact sur la situation sécuritaire du pays.
breuses études ont montré une augmentation de 0,6oC à
1oC de la température moyenne dans les zones arides du                                   Le Pakistan est classé 144e sur 145 pays6 pour ce qui est
Pakistan entre 1960 et 20074. En parallèle, les précipitations                           de l’égalité hommes/femmes. D’importantes inégalités per-
ont crû de 15 à 25 % durant la mousson dans le nord du                                   sistent, d’accès à l’éducation, aux soins de santé et à la vie
pays, ainsi que les événements extrêmes dans les parties                                 économique et politique. La violence envers les femmes est
septentrionales, semi-arides et arides du pays (cf. carte                                un des facteurs contribuant à ces inégalités. L’ONG Human
ci-dessous). Les températures pourraient croître jusqu’à                                 Rights Watch dénombre 1 000 crimes d’honneur à l’encontre
3,8° C d’ici 2100 avec un accroissement des précipitations,                              des femmes chaque année7. Leur mobilité limitée, leur
vagues de chaleur, sécheresses et précipitations violentes,                              manque d’éducation et une connaissance limitée de leurs
ayant des répercussions sur la biodiversité.                                             droits, ainsi qu’un accès difficile aux ressources financières
                                                                                         aggravent cette situation. Elles ne représentent que 22,7 %
                                                                                         de la population active et sont le plus souvent cantonnées
                                                                                         au secteur informel peu rémunérateur et peu protecteur de
                                                                                         leurs droits sociaux.

2
  Le secteur des services a généré en moyenne plus de la moitié de la valeur ajoutée totale sur la période 2010-2017 et représente moins de 35 % des emplois.
3
  https://www.climatewatchdata.org/countries/PAK.
4
  Climate Change Profile of Pakistan, Asian Development Bank, 2017.
5
  NDMA, 2013. National Disaster Management Plan. Gouvernement du Pakistan.
6
  Global Gender Gap Report, World Economic Forum, 2015.
7
  https://www.hrw.org/world-report/2018/country-chapters/pakistan.

                                                                                                                                                STRATÉGIE PAKISTAN
                                                                                                                                                          2018-2022
                                                                                                                                                                      5
1.2. STRATÉGIE DU PAYS
Le ministère du Plan a publié en 2016 un document pro-                                     20 % par rapport au scénario de référence fixé pour 2030
gramme intitulé « Pakistan : vision 2025 », qui a pour ambi-                               est par ailleurs entièrement subordonné à la réception de
tion de transformer le Pakistan en une économie développée                                 40 milliards de dollars d’aide sous forme de dons, ce qui
tournée vers l’export et garantissant une croissance inclu-                                paraît peu envisageable.
sive, la paix et la sécurité, ainsi qu’une coexistence harmo-
nieuse entre les provinces. Le Gouvernement y énumère                                      Cette forte croissance des émissions se justifie, selon le
sept priorités : (i) développement humain et capital social,                               gouvernement, d’abord par (i) le rattrapage du secteur de
(ii) croissance endogène et solidaire, (iii) gouvernance,                                  l’énergie afin de combler l’écart offre-demande, (ii) le stade
réformes institutionnelles et modernisation du secteur                                     de développement du pays, qui nécessite d’émettre davan-
public, (iv) énergie, eau et sécurité alimentaire, (v) croissance                          tage pour répondre aux besoins de la population, (iii) les
portée par le secteur privé, (vi) développement d’une écono-                               infrastructures en mauvais état qui requièrent une action
mie de la connaissance compétitive et (vii) modernisation                                  immédiate. Le secteur énergétique contribue le plus à la
des infrastructures de transport et une meilleure connectivité                             croissance des émissions (60 % de l’augmentation) du fait
régionale. Le nouveau gouvernement élu en juillet 2018 ne                                  notamment d’investissements dans des centrales à char-
remet pas en cause ces priorités, tout en mettant l’accent sur                             bon.
l’accès aux services de base et le développement humain,
ainsi que la lutte contre la corruption.                                                   Les politiques publiques de réduction des émissions, telles
                                                                                           qu’annoncées par le Gouvernement9, mettront l’accent sur
Les ambitions du Pakistan sont étroitement liées aux inves-                                (i) l’amélioration de l’efficacité du transport de l’électricité,
tissements de la Chine dans le cadre du CPEC (China-Pakis-                                 (ii) l’amélioration de l’efficacité des centrales thermiques
tan Economic Corridor), lequel s’inscrit dans le projet chinois                            au charbon et (iii) le développement des énergies renouve-
de création de nouvelles routes de la soie (Belt and Road                                  lables. Côté demande, les efforts porteront sur l’adoption
Initiative). Dans le cadre de sa première phase, cet accord                                des standards d’efficacité énergétique (EE) pour différents
prévoyait des investissements de 20 milliards de dollars                                   équipements. Le secteur agricole, deuxième émetteur de gaz
entre 2015 et 2019 (soit plus de 7 % du PIB), dont une grande                              à effet de serre, contribuera également à l’effort de réduc-
partie a déjà été exécutée, essentiellement des projets de                                 tion à travers une modification progressive des méthodes
génération d’électricité (centrale à charbon, hydraulique,                                 culturales et d’élevage. Quant au secteur des transports, le
solaire), avec un impact estimé entre 1 et 2 points de PIB. À                              gouvernement n’a pas à ce stade adopté de stratégie définie
l’horizon 2030, ce sont plus de 30 milliards de dollars d’in-                              visant à promouvoir des modes de mobilité propres.
vestissement additionnels dans les infrastructures qui sont
prévus (lignes de chemins de fer8, routes, ports, oléoducs…).                              Afin de faire face à la forte vulnérabilité du pays, le Gouver-
                                                                                           nement pakistanais et son agence de gestion des catas-
Ce flux anticipé d’investissements étrangers ne pourra pro-                                trophes (NDMA, National Disaster Management Authority),
duire ses effets positifs sur la croissance à long terme que si                            dont la mission est de protéger la population et de limiter
le Pakistan s’efforce de réduire ses déséquilibres macroéco-                               l’impact des catastrophes naturelles sur son développement,
nomiques structurels, notamment budgétaire en élargissant                                  ont adopté un plan national de gestion des catastrophes
son assiette fiscale (les recettes fiscales ne représentent                                naturelles (NDMP, National Disaster Management Plan). Ce
que 11 % du PIB) et des échanges en réduisant le déficit de                                NDMP inclut un plan de gestion des ressources humaines,
la balance des paiements.                                                                  des systèmes d’alertes rapides multi-risques et des plans
                                                                                           communautaires de gestion des risques. Parmi les diffé-
                                                                                           rentes priorités énoncées dans le NDMP, le gouvernement
1.2.1 Lutte contre le changement climatique                                                met l’accent sur : (i) la mesure et la cartographie des risques
                                                                                           et des vulnérabilités, (ii) la formation et la sensibilisation
Le Pakistan a ratifié l’Accord de Paris le 2 novembre 2016, à                              aux risques, (iii) les plans de gestion au niveau villageois
la suite d’un processus de consultations inter-provinciales                                ou communautaire, (iv) les systèmes de réponses rapides,
et interministérielles engagé dès janvier 2016. Le pays a                                  (v) les plans de reprise d’activités post-crises. En parallèle,
présenté une contribution déterminée prévue au niveau                                      les provinces ont mis en place des Autorités provinciales de
national (CDPN) en ouverture de la COP22. Basée sur sa                                     gestion des catastrophes (PDMA).
stratégie « Vision 2025 », elle repose sur une hypothèse de
taux de croissance de 7 % par an engendrant un quadru-
plement des émissions de GES, de 400 millions de tonnes
équivalent CO2 en 2015 à 1 600 millions de tonnes en 2030.
Cette augmentation attendue des émissions repousse le pic
à plusieurs décennies après 2030. L’objectif de réduction de

8
    Compte tenu de son coût, le projet de rénovation de la ligne ML-1 dans le cadre du CPEC, est actuellement suspendu.
9
    Climate Change Act, adopté par le parlement en avril 2017.

6        STRATÉGIE PAKISTAN
         2018-2022
1.2.2 Lutte contre la pauvreté                                                             provinciaux de sécurité sociale), les dispositifs de transfert
et les inégalités                                                                          monétaire aux plus vulnérables (Benazir Income Support Pro-
                                                                                           gram, Zakat et Pakistan Bait-ul-Mal) et les facilités d’accès
La dernière stratégie du Pakistan en matière de réduction                                  au financement (Pakistan Poverty Alleviation Fund, Pakistan
de la pauvreté date de 2010 et est construite autour de neuf                               National Rural Support Program) et autres institutions de
piliers dont la stabilité macroéconomique et la croissance du                              microfinance permettant de développer les activités géné-
secteur formel, la protection des populations vulnérables, la                              ratrices de revenus.
croissance de la productivité et de la valeur ajoutée agricoles,
le développement humain, l’accès aux financements et la                                    Le Pakistan s’efforce également de promouvoir des filets de
réduction des inégalités de genre. Cette stratégie ne fait pas                             sécurité sociale indirecte à travers le cadre législatif et régle-
mention de la dimension environnementale et de la lutte                                    mentaire : adoption d’un salaire minimum, des tarifs de l’eau
contre le changement climatique comme axe de réduction                                     et de l’énergie artificiellement bas et le subventionnement
de la pauvreté et des inégalités, à travers la réduction des                               du prix de certaines denrées de base (comme la farine) via
vulnérabilités.                                                                            le réseau de distribution public Utility Stores Corporation of
                                                                                           Pakistan.
Le Pakistan a mis en place un réseau relativement développé
de mécanismes de protection sociale directe et indirecte.
Les mécanismes de protection directe incluent la protection
sociale des salariés (cotisations patronales et salariales au
système de retraite Employees Old-Age Benefits Institution
(EOBI), le Fonds d’aide aux travailleurs et les systèmes

1.3. FINANCEMENT DU
DÉVELOPPEMENT
Le déficit de la balance des paiements courants ne permet                                  (Eurobond et Sukuk pour un montant total de 2 milliards
pas d’assurer le service de la dette et engendre donc un                                   de dollars) et du remboursement des prêts chinois liés au
besoin structurel de financement externe. Il a atteint 6,1 % du                            CPEC. La question du mode de financement du dévelop-
PIB au cours de l’exercice 2017/18 et ne devrait pas être infé-                            pement reste, au moins à moyen terme, étroitement liée à
rieur à 5 % cette année et pèse sur les réserves de change,                                celle des déséquilibres macroéconomiques structurels du
qui s’élevaient à un mois et demi d’importations de biens et                               Pakistan, notamment du déséquilibre extérieur. La coordi-
services malgré l’apport de 6 milliards de dollars depuis le                               nation globale des bailleurs est assurée officiellement par
début de l’année fiscale par les pays « amis » (Chine, Arabie                              EAD (Economic Affairs Division) du ministère de l’Economie
saoudite, Emirats arabes unis).                                                            et des Finances, qui préside la réunion D10+ réunissant les
                                                                                           principaux partenaires du Pakistan dont la France. Ce forum,
Le Pakistan a reçu 10,1 milliards de dollars d’aide étrangère                              convoqué de manière très irrégulière (la dernière réunion a eu
au cours de l’année fiscale 2016/17, un record historique,                                 lieu en mars 2015), s’en tient le plus souvent à des considéra-
en progression de 35 % par rapport à la même période un                                    tions très générales. Les ministères techniques se chargent
an auparavant10. Parmi cette aide étrangère, 4,4 milliards de                              quant à eux de la coordination sectorielle. Dans les faits,
dollars11 correspondent à de l’endettement à maturité courte                               la coordination stratégique et opérationnelle se concrétise
en vue de rembourser les prêts en cours dont 2,3 milliards                                 dans le cadre (i) de groupes de travail sectoriels présidés par
de dollars proviennent de banques commerciales chinoises                                   un ou plusieurs bailleurs (exemple : BAsD pour le secteur de
(1,7 milliard de dollars de la China Development Bank,                                     l’énergie, l’Australie pour le secteur de l’eau, le PNUD pour les
300 millions de dollars de l’ICBC et de la Bank of China).                                 questions environnementales) et (ii) d’opérations conjointes.
Depuis 2010, le service de la dette externe représente en
moyenne 4,2 milliards de dollars et ponctionne 40 % des
réserves en devises. Le service de la dette externe sera
amené à croître et devrait représenter jusqu’à 7,5 % du PIB
en 2019/20 en raison du début du paiement de la dette du
gouvernement à l’égard du FMI en 2018 (6,4 milliards de dol-
lars), des remboursements d’APD (11,7 milliards de dollars
entre 2017 et 2024), de l’échéance d’emprunts obligataires

   Selon les données publiées par le Ministère des Finances pakistanais, les flux d’aide au développement ont atteint 11,5 milliards de dollars sur l’exercice budgétaire
10 

   2017/2018. Ces données n’ont pas encore été validées par l’OCDE/CAD.
   Soit 2 milliards de dollars de plus que budgété.
11 

                                                                                                                                                    STRATÉGIE PAKISTAN
                                                                                                                                                              2018-2022
                                                                                                                                                                            7
1.4. ELÉMENTS DE CADRAGE DE
LA STRATÉGIE FRANÇAISE ET
MANDAT DE L’AFD
1.4.1 Relations diplomatiques                                                          1.4.2 Coopération au développement
et commerciales
                                                                                       La politique d’aide au développement de la France vise à
Avec 17 millions de ménages appartenant à la classe                                    (i) mettre en œuvre les financements d’investissement por-
moyenne12, une économie en croissance rapide et un rôle                                tés par l’AFD dans les secteurs stratégiques pour le Pakis-
incontestable dans la sécurité régionale, le Pakistan est un                           tan et pour lesquels les savoir-faire français sont reconnus,
acteur important avec lequel la France souhaite dévelop-                               (ii) répondre à la demande culturelle croissante grâce à des
per sa coopération économique, technique et culturelle.                                actions destinées à la jeunesse pakistanaise, (iii) accom-
Le dialogue bilatéral s’articule autour de trois piliers : des                         pagner la professionnalisation des institutions culturelles
consultations annuelles entre les Secrétaires généraux des                             nationales par des partenariats et échanges avec des insti-
ministères des Affaires étrangères, une commission mixte                               tutions et festivals français, (iv) canaliser les demandes dans
annuelle sur les questions sécuritaires, une commission                                les secteurs de l’archéologie et du patrimoine, (v) donner plus
mixte annuelle économique et commerciale.                                              de visibilité à l’enseignement du français.

En 2017, le commerce bilatéral entre la France et le Pakistan                          Depuis 2006, date de démarrage de ses opérations au Pakis-
s’est élevé à 1,4 milliard d’euros, en progression de +4,6 % (en                       tan, les engagements du groupe AFD atteignent 973 millions
glissement annuel). Les ventes totales françaises placent                              d’euros, principalement sous forme de prêts souverains
désormais le Pakistan au 67e rang de nos clients (64e en                               bonifiés (867 millions d’euros), de subventions (10 millions
2016). La France y exporte principalement des turbines                                 d’euros), de prêts non souverains (14 millions d’euros) et
électriques, des produits pharmaceutiques et des produits                              d’opérations Proparco (82 millions d’euros). Le niveau d’en-
laitiers et fromagers. Le solde commercial est déficitaire                             gagement a été particulièrement soutenu en 2016 et 2017
pour la France en raison de la progression des exportations                            (respectivement 265 et 201 millions d’euros). Sur la période
pakistanaises de textiles permise par l’octroi par l’UE de la                          2016-2018, 391 millions d’euros, soit 70 % des engagements
facilité commerciale SPG+ au Pakistan en 2014.                                         de l’AFD au Pakistan, présentaient des co-bénéfices climat.

Trente-deux entreprises françaises, pour l’essentiel des                               Le Groupe a également financé de l’assistance technique et
grands groupes, sont représentées au Pakistan, dans les sec-                           des actions de renforcement des capacités des maîtrises
teurs-clés pour l’économie pakistanaise (énergie, transport,                           d’ouvrage. Jusqu’en 2016, le Groupe a ciblé ses interven-
BTP, environnement, pharmacie, biens de grande consom-                                 tions sur la résolution durable de la crise énergétique, de
mation, services non-bancaires). Plus de 147 sociétés sont                             manière compatible avec la problématique du changement
membres du « Pakistan - France Business Alliance ».                                    climatique au Pakistan (cf. encadré). Il a engagé une diversi-
                                                                                       fication de ses activités à partir de 2017, notamment dans
La stratégie de la France identifie trois priorités13 :                                le domaine des transports (BRT de Peshawar), de l’eau et
                                                                                       de l’assainissement et de la microfinance.
- Priorité 1 : dynamiser des échanges économiques actuel-
lement en-deçà de leur potentiel.                                                      Les interventions de l’AFD sont cohérentes avec les secteurs
- Priorité 2 : accompagner le développement du Pakistan et                             de concentration14 définis par la France dans le cadre de
promouvoir l’expertise française.                                                      l’exercice de programmation conjointe européenne engagé
- Priorité 3 : renforcer le dialogue politico-sécuritaire.                             en 2016 et qui a pour objectif de coordonner les actions
                                                                                       des Etats membres et de la Commission en répartissant les
                                                                                       secteurs et les géographies.

   Est considéré comme appartenant à la classe moyenne tout ménage ayant un niveau estimé de consommation supérieur à 4 dollars par personne et par jour
12 

   (en parité de pouvoir d’achat - dollar constant de 2005).
13
   Source : plan d’action de l’Ambassadeur de France, www.tresor.economie.gouv.fr, www.diplomatie.gouv.fr.
   Secteurs des énergies renouvelables, aménagement urbain (eau/assainissement, mobilité urbaine, mise en valeur du patrimoine historique) et prévention/gestion des
14 

   catastrophes naturelles.

8      STRATÉGIE PAKISTAN
       2018-2022
Plus de 10 ans d’engagement en faveur
   de la transition énergétique
   Depuis 2006, le Groupe a consacré 665 millions d’euros
   à la transition énergétique au Pakistan, dont 63 millions
   d’euros en non souverain portés par Proparco. Plus
   de 55 % des engagements concernent la petite et
   moyenne hydroélectricité. Dans le cadre d’une approche
   globale du secteur énergétique prenant en compte non
   seulement l’augmentation des capacités de production
   d’énergie, mais également les infrastructures publiques
   et l’environnement politique et réglementaire du secteur,
   100 millions d’euros ont été consacrés à un prêt de politique
   publique dans le secteur de l’énergie et 75 millions d’euros
   aux investissements dans la transmission électrique.
   Grâce à cet engagement historique en faveur de la
   transition énergétique, le groupe AFD est reconnu par les
   autorités pakistanaises comme un acteur de référence
   dans ce domaine. Cette légitimité a été renforcée à
   la suite de la COP21 présidée par la France en 2015 et
   par les engagements internationaux portés par la France
   depuis lors.

1.4.3 Mandat du groupe AFD

Conformément à la loi d’orientation et de programmation
relative à la politique de développement et de solidarité
internationale (loi du 7 juillet 2014) et des conclusions du
Comité interministériel de la coopération internationale et du
développement (CICID) du 8 février 2018, l’AFD intervient au
Pakistan pour promouvoir une croissance verte et solidaire,
en favorisant notamment des partenariats économiques. En
ligne avec les grands enjeux de développement du Pakis-
tan, elle met l’accent sur le soutien aux grandes transitions,
parmi lesquelles les transitions énergétiques, territoriales et
écologiques, économiques et financières.

Conformément à son plan d’orientation stratégique 2018-
2022, l’AFD s’attachera à avoir une action « 100 % Accord
de Paris » et « 100 % lien social », de manière à concilier la
lutte contre le changement climatique avec la lutte contre
la pauvreté et les inégalités. L’AFD s’assurera systématique-
ment de la cohérence de ses financements avec un déve-
loppement bas carbone et résilient et s’attachera également
à renforcer le lien social, par la réduction des inégalités et
par le renforcement de modes de gouvernance participatifs
lors de l’instruction des financements.

                                                                   STRATÉGIE PAKISTAN
                                                                             2018-2022
                                                                                         9
2.
STRATÉGIE
D’INTERVENTION
DU GROUPE AFD
En cohérence avec sa stratégie d’intervention en Asie15,                                       un objectif de 70 % de projets à co-bénéfices climat est
le Groupe se fixe trois objectifs au Pakistan dans le cadre                                    retenu. Dans ce cadre, l’AFD poursuivra le dialogue avec
de ses engagements 100 % Accord de Paris en faveur                                             le gouvernement pakistanais sur les trajectoires de déve-
d’un développement bas carbone et résilient et 100 % lien                                      loppement bas carbone et résilient. Ce dialogue portera
social :                                                                                       notamment sur la politique énergétique et la définition
                                                                                               du mix énergétique optimal (l’énergie représente 60 % de
Objectif 1 : concourir à la résolution de la crise énergétique                                 l’augmentation des émissions entre 2015 et 2030) dans
Objectif 2 : améliorer la qualité des services en milieu                                       le cadre de l’objectif 1. Il visera également à identifier
urbain (eau, assainissement, transport)                                                        des sources d’atténuation supplémentaires, notamment
Objectif 3 : contribuer à la résilience des populations                                        dans le secteur des services urbains (objectif 2). Une
vulnérables et à la protection des territoires vis-à-vis des                                   approche combinant les prêts de politique publique et
catastrophes naturelles                                                                        les programmes d’assistance technique permettra à la
                                                                                               fois de soutenir les premières mesures de réduction des
Amorcée en 2017, la diversification des secteurs d’inter-                                      émissions prévues dans la NDC (Nationally Determined
vention se poursuivra. Le Groupe continuera à intervenir                                       Contribution) actuelle et d’accompagner le Pakistan vers
dans le secteur de l’énergie et développera ses activités                                      des politiques bas carbone plus ambitieuses.
dans les transports urbains, l’eau et l’assainissement ou                                      Afin de contribuer au lien social, le Groupe AFD sera
encore la prévention et la gestion des catastrophes natu-                                      attentif à la réduction des inégalités, que ce soit entre
relles pour l’Agence, ainsi que la microfinance et l’appui                                     les territoires ou les personnes, notamment les inégali-
au secteur manufacturier pour Proparco. En réponse à la                                        tés hommes-femmes. L’AFD systématisera l’intégration
demande croissante des Pakistanais pour des partena-                                           de l’objectif de réduction des inégalités hommes/femmes
riats avec des acteurs français, l’AFD s’appuiera sur des                                      dans ses projets, notamment en matière d’accès aux ser-
outils comme le Fexte et favorisera l’émergence d’une                                          vices de base et aux formations, de mobilité urbaine et de
offre française, malgré les réticences affichées par les                                       renforcement de la résilience des populations vulnérables,
bureaux d’études et entreprises français à intervenir au                                       tout en prenant en compte le contexte culturel du Pakis-
Pakistan.                                                                                      tan. L’instruction des projets sera l’occasion de mener un
Afin d’avoir une action cohérente avec l’Accord de Paris,                                      dialogue avec les partenaires pakistanais afin de garantir
                                                                                               l’accès effectif des femmes aux opportunités créées dans
                                                                                               le cadre des projets. Ce dialogue sera alimenté par les
                                                                                               études de faisabilité, les études d’impact environnemental
                                                                                               et social, dont les TDR incluront spécifiquement la ques-
                                                                                               tion du genre, ou par l’établissement de diagnostics sur le
                                                                                               genre dans les secteurs d’intervention retenus.

15
     Cadre d’intervention régional Asie validé en décembre 2017 et qui fera l’objet d’une refonte dans le cadre de la stratégie « Orients » de l’AFD.

                                                                                                                                                        STRATÉGIE PAKISTAN
                                                                                                                                                                  2018-2022
                                                                                                                                                                              11
12
                     Schéma logique d’intervention de l’AFD au Pakistan 2018-2022

2018-2022
                                                                                         Objectifs
                           Finalité                 Transitions                                                                                                                                       Activités
                                                                                       Opérationnels

STRATÉGIE PAKISTAN
                                                                                                                                                                                         Déploiement des énergies renouvelables
                                                                                                                                                                                        et renforcement du réseau de transmission

                                                                                                                                                                                             Accompagnement de réformes
                                                                                                                                                                                                de politiques sectorielles
                                                                                    Concourir à la résolution
                                                                                     de la crise énergétique,                                                                           Amélioration des services de transports
                                                                                    avec des trajectoires plus                                                                                collectifs en milieu urbain
                       Promouvoir                  ENERGÉTIQUE                         sobres en carbone

                       une                                                                                                                                                                  Renforcement d’un accès à l’eau
                                                                                                                                                                                             et à l’assainissement durables
                       croissance                                                      Améliorer la qualité
                                                 TERRITORIALE ET                         des services                                                                                         Protection et mise en valeur
                       verte et                    ÉCOLOGIQUE                           en milieu urbain                                                                                         du patrimoine culturel

                       solidaire
                                                                                                                                                                                                 Prévention et gestion
                                                                                                                                   Renforcer l’influence française

                                                  ÉCONOMIQUE ET                                                                                                                               des catastrophes naturelles
                                                                                         Contribuer à la
                                                    FINANCIÈRE                           protection des
                                                                                          populations                                                                                           Inclusion financière des
                                                                                         vulnérables et                                                                                         populations vulnérables
                                                                                         des territoires
                                                                                                                     100% lien social, notamment par la réduction des inégalités

                                                                                                                                                                                             Protection et mise en valeur
                                                                                                                 100% Accord de Paris, pour un développement bas carbone et résilient

                                                                                                                                                                                           des ressources des écosystèmes
2.1. OBJECTIF 1 : CONCOURIR
À LA RÉSOLUTION DE LA CRISE
ÉNERGÉTIQUE
L’organisation actuelle du secteur de l’électricité est héritée   globale de la résolution de la crise énergétique. Ces
du programme de restructuration engagé dans les années            actions pourront être menées avec des maîtrises d’ou-
1990, visant à dissocier la gestion de l’eau de celle de          vrage fédérales (WAPDA, NTDC, MoWP) ou provinciales
l’électricité, initialement regroupées au sein de WAPDA.          (gouvernements locaux, agences chargées des équipe-
Ont ensuite été créées des sociétés indépendantes de              ments hydroélectriques).
WAPDA en charge de (i) la production de l’électricité d’ori-
gine thermique (4 GENCOs), (ii) la production d’hydroélec-
tricité (WAPDA Hydel), (iii) le transport (NTDC) et (iv) la       2.1.1 Déploiement des énergies
distribution avec 10 compagnies de distribution (DISCOs).         renouvelables
Une société verticalement intégrée (KEL) a été créée pour
desservir Karachi. Un régulateur (NEPRA) a également été          Face à la forte croissance de la demande en électricité,
institué. Enfin, une centrale d’achat de l’électricité, CPPAG,    le Pakistan doit gérer un important déficit de production.
chargée du rachat de l’électricité aux producteurs a été          Sur une capacité installée de 25 GW, seuls les trois quarts
créée en 2015, afin de séparer les flux financiers de la          sont disponibles, du fait des dysfonctionnements dans
gestion de l’infrastructure de transport.                         les unités de production et du manque de combustible
                                                                  majoritairement importé. La crise énergétique profonde a
Le secteur de l’électricité souffre d’une offre déficitaire       incité le Gouvernement à s’orienter vers des solutions de
induite par la combinaison (i) d’une production encore            court terme, parmi lesquelles les centrales thermiques à
insuffisante, malgré l’accroissement des capacités ces            charbon ou au gaz naturel. Pourtant, le potentiel en éner-
dernières années, et (ii) d’un réseau de transport et de          gies renouvelables est considérable et peu exploité. Ainsi,
distribution sous-dimensionné. Les délestages quotidiens          la capacité hydroélectrique récupérable est estimée à
obéreraient la croissance de 2 à 3 points de PIB par an. Sa       54 GW, dont seuls 12 % sont actuellement exploités, cou-
soutenabilité financière est fragile en raison du système de      vrant 30 % des besoins en électricité. Le Gouvernement
subventions du prix de l’électricité et d’un tarif moyen ne       a planifié sur 10 ans (2013-2023) un accroissement de
reflétant pas les coûts de production, malgré un double-          la capacité installée de 30 GW, principalement à partir
ment des tarifs permettant d’atteindre aujourd’hui 13,14          d’hydroélectricité.
Rs/kWh (8,2 c€/kWh). Cette différence est à l’origine du
phénomène de dette circulaire entre entités du secteur,           Pour financer les investissements, le Gouvernement
évaluée en décembre 2018 à 9,7 milliards de USD, soit 4 %         s’appuie volontiers sur les fonds chinois transitant via
du PIB. Le poids de la dette limite la viabilité du secteur et    le CPEC. Les capacités de production actuellement en
impose des interventions régulières de l’État.                    cours de développement dans le cadre de ce programme
                                                                  représentent 11 GW, principalement dans le charbon, mais
Les avancées du Pakistan vers une résolution de la crise          incluant également 2,8 GW d’énergies renouvelables.
énergétique ont été substantielles sur les dernières
années, mais des défis majeurs demeurent, parmi les-              Le groupe AFD se concentrera sur l’hydroélectricité, et
quels (i) la résorption du déficit d’approvisionnement en         notamment la construction de centrales de petite et
électricité et (ii) la poursuite des réformes du secteur ini-     moyenne capacités au fil de l’eau et la rénovation de cen-
tiées au cours des années 1990 et la modernisation du             trales vieillissantes de plus grande capacité, ainsi que
réseau de transport et de distribution.                           sur le solaire et l’éolien, reliés au réseau national ou hors
                                                                  réseau. Proparco, déjà impliquée dans le financement de
L’AFD soutiendra la résolution de la crise énergétique en         centrales éoliennes et hydroélectriques détenues par des
intervenant simultanément sur la production d’énergie             développeurs privés, continuera de soutenir ce secteur en
décarbonée, la remise à niveau et le renforcement du              élargissant son offre à l’énergie solaire. Compte tenu de
réseau de distribution et le dialogue de politique secto-         la taille des projets, Proparco interviendra de préférence
rielle. L’AFD qui est désormais identifiée par les Autori-        en cofinancement avec d’autres institutions financières
tés pakistanaises et ses partenaires financiers comme             de développement.
un acteur-clé dans ce secteur privilégiera une approche

                                                                                                         STRATÉGIE PAKISTAN
                                                                                                                   2018-2022
                                                                                                                               13
2.1.2 Renforcement du réseau de transport                                                  2.1.3 Réforme de la politique sectorielle

Malgré une capacité de transformation du réseau de                                         Enfin, l’AFD poursuivra le dialogue de politique sectorielle
transport de l’électricité16 multipliée par 2 depuis 2000                                  avec les Autorités et les partenaires financiers afin de
et des pertes en ligne du réseau haute tension passant                                     promouvoir les réformes en faveur de (i) la transition du
de 3 % en 2010 à 0,5 % en 2016, le nombre annuel cumulé                                    secteur énergétique vers une trajectoire bas-carbone,
des coupures électriques non planifiées sur le réseau                                      (ii) l’amélioration de l’accès à l’énergie et de la soute-
reste important, du fait (i) de la saturation de près des                                  nabilité financière du secteur de l’énergie par une meil-
deux tiers des postes de transformation, (ii) de l’insuffi-                                leure gestion des tarifs et des subventions permettant
sante redondance du réseau (faible disponibilité de lignes                                 de résorber la dette circulaire et (iii) l’amélioration de la
de secours en cas de panne) et (iii) de la maintenance                                     gestion des compagnies publiques du secteur de l’énergie
parfois insuffisante du réseau dans les régions sujettes                                   par l’ouverture des marchés au secteur privé et la crois-
aux aléas climatiques notamment.                                                           sance des performances du secteur, tout en sécurisant
                                                                                           l’approvisionnement en énergie. L’AFD pourra utiliser des
Pour faire face à la saturation du réseau, NTDC envisage                                   ressources de la Facilité 2050 permettant de nourrir le
un programme ambitieux de développement du réseau                                          dialogue sur la transition énergétique en s’appuyant
de transport prévoyant la construction de 5 200 km de                                      sur des études et de l’assistance technique. Un premier
lignes électriques sur les 5 prochaines années afin de                                     financement a été alloué à un programme d’assistance
servir la croissance de la capacité installée et d’assurer                                 technique française en appui au Ministère du changement
la connexion avec les compagnies de distribution. Ce plan                                  climatique pour modéliser les émissions de gaz à effet de
comprend la mise en œuvre de lignes de transport haute                                     serre du Pakistan.
tension à courant continu pour transporter l’électricité des
zones de production thermique au sud et des centrales
hydroélectriques au nord, vers les centres de consomma-
tion au centre du pays.

Dans le respect de son mandat « 100 % Accord de Paris »
et en accord avec ses objectifs de co-bénéfices climat,
l’AFD pourra participer à ce programme d’investissement
sur les volets de réduction des pertes et d’intégration au
réseau des énergies renouvelables. L’AFD contribuera à
une amélioration de la stabilité du réseau en appuyant le
développement des connections des centrales (hors cen-
trales thermiques) au réseau SCADA, augmentant ainsi
le degré d’intégration des technologies de supervision et
de télé-contrôle.

L’AFD portera une attention particulière à la prise en
compte des risques liés au changement climatique,
notamment les risques d’inondation et les risques de
canicule, lors de l’instruction des projets et des choix de
solutions techniques.

16
     Le réseau haute tension de 500 kV et 220 kV est exploité par la National Transmission and Despatch Company (NTDC).

14        STRATÉGIE PAKISTAN
          2018-2022
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