Panorama des études récentes en syntaxe/ sémantique chinoises : un quart de siècle extrêmement productif (1990-2015)

 
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Panorama des études récentes en syntaxe/
                     sémantique chinoises : un quart de siècle
                         extrêmement productif (1990-2015)

                                                                Marie-Claude Paris*

   Il ne sera pas offert ici au lecteur non spécialiste du chinois un panorama
complet du changement majeur qui s’est opéré ces dernières années dans le
champ des études de syntaxe/sémantique/pragmatique du chinois contemporain.
Seul un tableau partiel du travail colossal qui s’est accompli durant les vingt,
vingt-cinq dernières années sera brossé. Seront présentés des travaux qui, dans
leur très grande majorité, sont écrits en anglais afin de susciter l’attention et
l’envie du lecteur non-spécialiste. Cet article ne s’adresse donc ni à des
sinologues, ni à des connaisseurs du chinois, mais à des linguistes intéressés par
la linguistique générale et par le chinois.1

1. LA CHRONOLOGIE ET LE CHANGEMENT GÉOGRAPHIQUE DE L’ESPACE
    SCIENTIFIQUE

  Deux grandes étapes jalonnent les études de grammaire du chinois
contemporain entre les années 1970 et aujourd’hui.
   1ère étape : Autour des années 1975 prend naissance un nouveau paradigme de
recherche concernant les études de grammaire synchronique chinoise, car jusque-
là le chinois était étudié en dehors de la linguistique générale. Mais grâce à la
création aux Etats-Unis du Journal of Chinese Linguistics en 1973 et en France
des Cahiers de linguistique - Asie Orientale en 1976, le chinois devient un objet
de description scientifique. À cette époque le mandarin occupe une place
prépondérante parmi les langues chinoises, puisqu’il a le statut de langue
nationale. Comme la linguistique générale est alors dominée par des études sur
l’anglais, cette langue sert souvent de modèle sous-jacent aux analyses
syntaxiques, qui sont alors effectuées majoritairement aux Etats-Unis et en
Europe. Ces travaux ont pour point commun de s’appuyer sur la linguistique
générale structuraliste ou générativiste ainsi que sur l’anglais pour étudier le
chinois, contrairement à la tradition chinoise, fortement autochtone.
*  Université Paris Diderot, Laboratoire de Linguistique Formelle, Paris. Courriel :
mcparis@linguist.univ-paris-diderot.fr
1 Je remercie Christine Lamarre pour ses conseils concernant la première version de cet
article.

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   2ème étape : Les années 1990-2000 connaissent une rupture très féconde dans
la discipline : le carcan dans lequel s’étiolent certaines études de syntaxe se
fissure : l’horizon des études sur la langue contemporaine devient bien plus vaste
que pendant les années 1970-1990. Les phénomènes synchroniques ne sont plus
traités seulement d’un point de vue descriptif ou du point de vue d’un modèle
donné de grammaires formelles : ils sont envisagés dans leur authenticité et leur
complexité. Les analyses conversationnelles sont prises en compte, les données
ne sont plus recueillies auprès de consultants et de leurs intuitions de locuteurs
natifs, mais grâce à la consultation de grands corpus, annotés ou non. Établi sous
la direction de Churen Huang et de Keh-jiann Chen à partir de 1991 à
l’Academia Sinica, Taiwan, le premier corpus de ce genre est issu de la
collaboration entre deux instituts de recherche : l’Institut d’Histoire et de
Philologie (devenu en 2004 l’Institut de Linguistique) et de l’Institut des
Sciences de l’Information (CKIP : Chinese Knowledge Information Processing).
Suivront, entre autres, le LCMC (Lancaster Corpus of Mandarin Chinese), le
UCLA2, c’est-à-dire la seconde édition du Corpus écrit du Chinois de UCLA
(Université de Californie à Los Angeles) qui complète la mise à jour du LCMC
(Lancaster Corpus of Mandarin Chinese) et le Corpus du Center for Chinese
Linguistics de l’Université de Pékin (CCL PKU Corpus).
   Dès lors la grammaire formelle ne se contente plus de formuler des principes et
des paramètres qui rendent compte des différences et des ressemblances entre
langues. Le modèle cartographique, par exemple, permet de prendre en compte,
outre la syntaxe, des phénomènes sémantiques et discursifs. Ainsi, au moment où
les outils de la connaissance s’enrichissent, l’objet d’étude de la linguistique
chinoise s’élargit : le chinois, à savoir le putonghua, la langue nationale dont la
norme est l’usage pékinois, n’est plus traité comme indépendant des autres
langues chinoises, les prétendus «dialectes». Les études (inter-)«dialectales» de
qualité fleurissent.

   Ce double renversement de tendances prend corps grâce à la création de
nouvelles revues et à la publication d’un nombre considérable d’ouvrages
structurés à l’intérieur de collections, qu’elles soient de linguistique générale,
asiatique ou spécifiquement chinoise.

   L’essor considérable de points de vue différents, d’un côté, et l’élargissement
des champs d’investigation, de l’autre, s’accompagnent d’une diffusion
géographique plus vaste. En effet, les Etats-Unis et l’Europe ne constituent plus
les point focaux où s’effectuent les recherches, car le champ d’études trouve
maintenant sa place en Asie.
   Ainsi, depuis 25 ans environ, les recherches sur le chinois s’organisent, pour
l’essentiel, dans les pays où cette langue est parlée, ce qui entraîne
nécessairement une diversification du champ d’études : le mandarin n’est plus le
seul «dialecte» chinois qui mérite l’attention. En Chine du Sud et à Hong Kong
les études sur le cantonais fleurissent, tandis qu’à Taiwan le hokkien (langue Min

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du Sud) ou le hakka, langues jusque-là considérées comme marginales, parce que
n’ayant pas le statut de langue nationale, deviennent enfin dignes d’intérêt.
   Dans la section suivante, je présenterai tout d’abord les revues de linguistique
chinoise qui ont été créées après 1990, ainsi que les revues généralistes qui
traitent aussi du chinois  en 2015, en particulier  puis les ouvrages, que ce
soient des monographies, des thèses ou des encyclopédies. Enfin, je signalerai un
ouvrage qui place la langue chinoise contemporaine par rapport à ses voisines en
Extrême Orient et l’envisage non plus du seul point de vue linguistique mais dans
son rapport avec d’autres disciplines.

2. LES PUBLICATIONS RÉCENTES
   On peut tout d’abord distinguer les revues spécialisées en chinois et/ou en
langues orientales, puis les revues de linguistique générale qui ont consacré une
place au chinois. Nous ne détaillerons ces dernières publications que pour
l’année 2015.

2.1. Les revues spécialisées

  Entre 1992 et 2015 sept revues entièrement dédiées à la linguistique chinoise
ont vu le jour.

   1. Une revue de linguistique formelle est créée en 1992 et dirigée par James
C.-T. Huang et S. Kuroda, alors tous les deux en Californie : le Journal of East
Asian Linguistics, JEAL. Sa thématique n’est pas seulement chinoise : elle est
asiatique, c’est-à-dire qu’elle inclut, outre le chinois, le japonais et le coréen.
Publiée d’abord aux Pays-Bas par Kluwer, puis par Springer, JEAL est accessible
à l’adresse suivante : http://www.springer.com/education+%26+language/
linguistics/journal/10831
   2. La revue Taiwan Journal of Linguistics disponible sur internet (TJL) à
l’adresse http://ling.nccu.edu.ting a été fondée au printemps 2003 par deux
Professeurs de l’Université Nationale Chengchi à Taiwan, One-soon Her et
Kawai Chui. Celle-ci traite, en anglais, de tous les aspects de la langue. Elle est
publiée par Crane Publishing à Taipei, sous forme de trois numéros par volume.
La plupart des articles ont pour thématique la syntaxe du chinois et du minnan, la
langue chinoise parlée à Taiwan.

  3. La première livraison du Bulletin of Chinese Linguistics (BCL) paraît en
Mai 2006 avec l’aide de la Li Fang-Kuei Society for Chinese Linguistics et du
Center for Chinese Linguistics de la Hong Kong University of Science and
Technology. Cette revue met l’accent sur les recherches historiques,
comparatives et dialectales. Les éditeurs en chef actuels sont : Wolfgang Behr
(Université de Zürich), Zhongwei Shen (University of Massachusetts, Amherst),
Hsiu-fang Yang (National Taiwan University) et Anne O. Yue (University of

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Washington). Jusqu’au 31 Décembre 2016 le BCL est en accès libre chez Brill,
avec le code BCL4U. http://www.brill.com/products/journal/bulletin-chinese-
linguistics
  4. Chinese Language and Discourse, An International and Interdisciplinary
Journal est éditée depuis 2010 par J. Benjamins. Ses responsables éditoriaux
sont Hongyin Tao (University of California, Los Angeles), K.K. Luke (Université
Technologique Nanyang, Singapour), et Li Wei (Institute of Education,
University College, Londres). Ce périodique traite d’analyse conversationnelle,
de sociolinguistique, d’analyse de corpus selon différents points de vue :
fonctionnel, cognitiviste, typologique. La version électronique de ce périodique a
pour adresse : http://www.jbe-platform.com/content /journals/ 18778798.
   5. En 2011-12, Sze-wing Tang prend la responsabilité du nouveau format de la
revue Studies in Chinese Linguistics (SCL) dans le cadre du T.T. Ng Chinese
Language Research Centre à l’Université Chinoise de Hong Kong. Actuellement
publiée et distribuée sous forme d’un volume annuel comprenant deux numéros
par De Gruyter, SCL est disponible à la fois en version imprimée et sur internet à
l’adresse : http://www.cuhk.edu.hk/ics/clrc. Son programme scientifique est, pour
l’essentiel, celui de la grammaire formelle. Il est aussi comparatif. Ainsi, par
exemple, outre le mandarin, le cantonais de Hong Kong y est finement étudié,
soit pour lui-même, soit par rapport à d’autres «dialectes» chinois.
   6. Chinese as a Second Language Research (CASLAR) est la première revue
bilingue (anglais-chinois) publiée par une maison d’édition occidentale, De
Gruyter Mouton. Créée en 2012, elle propose deux numéros par an, chacun
comprenant trois articles en anglais avec leurs résumés en chinois et trois articles
en chinois avec leurs résumés en anglais. Elle étudie divers aspects du chinois en
tant que langue seconde (acquisition, enseignement, diffusion…). Ses deux
responsables éditoriaux sont Istvan Kecskes, (Université d’Etat de New York,
Albany) et Lizhen Peng, (Université du Zhejiang, Hangzhou) avec pour assistant
Ned      Danison     (Université     d’Etat     de    New      York,      Albany).
http://www.degruyter.com/view/j/caslar
   7. International Journal of Chinese Linguistics, revue créée en 2014 et publiée
par J. Benjamins. Son groupe éditorial est constitué de linguistes dont les profils
scientifiques sont très différents : ce sont Wei-Tien Dylan Tsai (National Tsing
Hua University, Taiwan), Ning Yu (Pennsylvania State University), Hongming
Zhang       (University     of     Wisconsin-Madison),      cf.    http://www.jbe-
platform.com/content/journals/22138714. Les langues de publication de cette
revue biannuelle sont l’anglais et le chinois. Les champs couverts sont très
vastes : synchronie ou diachronie, études théoriques ou appliquées, qualitatives
ou quantitatives. Sont encouragés les interfaces entre la syntaxe et la sémantique,
la syntaxe et la phonologie ou bien la sémantique et la pragmatique.
  8. En 2015 Churen Huang (Université Polytechnique de Hong Kong), Dingxu
Shi (HKPU) et Yen-Hwei Lin (Michigan State University) créent la revue Lingua

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Sinica chez l’éditeur Springer. Cette revue électronique est en accès libre. Son
premier numéro contient six articles, accessibles à l’adresse suivante :
http://link.springer.com/journal/40655.
  9. Outre les huit revues mentionnées ci-dessus, il existe une très grande variété
de revues de linguistique chinoise publiées en chinois en Chine populaire. Elles
ne seront pas détaillées ici parce qu’elles ne sont pas accessibles aux non-
spécialistes.

2.2. Les revues de linguistique générale

  Les revues de linguistique générale faisant une place au chinois contemporain
sont nombreuses. Prenant l’année 2015 comme date de référence, je distingue
tout d’abord certains travaux présentés avant cette date, puis d’autres publiés
cette année.
  2.2.1 Avant 2015 : Languages in Contrast (LIC) est une revue biannuelle
fondée en 1998 et dont les responsables éditoriaux actuels sont Silvia Bernardini
(Université de Bologne) et Hilde Hasselgård (Université d’Oslo). Ce périodique,
publié par J. Benjamins, reçoit des contributions de linguistique théorique ou
appliquée couvrant d’un point de vue contrastif toutes les sous-disciplines
comme la phonologie, la morphologie, l’analyse du discours, etc.
   En 2008 The Linguistic Review N° 25/3-4 a consacré un numéro double entier
à la syntaxe du chinois contemporain, en publiant sous la direction de Huba
Bartos (Académie des Sciences, Hongrie) un numéro spécial intitulé Special
issue on syntactic categories and their interpretation in Chinese. Les sujets
couverts sont, par exemple, les constructions clivées, les démonstratifs, la
comitativité, le réfléchi ziji, l’objet indéfini spécifique…
   2.2.2. En 2015 : Si l’on s’en tient à la seule année 2015 et sans chercher une
quelconque exhaustivité, les revues généralistes suivantes ont publié au moins un
article traitant du chinois contemporain (la phonologie/phonétique, l’écriture, la
diachronie étant, par définition, exclues de ce panorama).

  Arcodia, Giorgio, Bianca Basciano & Chiara Melloni, 2015, Verbal
reduplication in Sinitic, Carnets de Grammaire, CLLE, ERSS, p. 15-45.
  Kou, Danyang & Orsolya Farkas, 2014, Source domains in conceptualizations
of the state in Chinese and Hungarian political discourse, Cognitive Linguistic
Studies 1:1, p. 101-130.
  Zhu, Feng & Christiane Fellbaum, 2015, Quantifying fixedness and
compositionality in Chinese idioms, International Journal of Lexicography 28
(3), p. 338-350.
  He, Chuansheng 2015, Complex numerals in Mandarin Chinese are
constituents, Lingua 164 A, p. 189-214.
  Zhang, Niina Ning, 2015, The morphological expression of plurality and
pluractionality in Mandarin, Lingua 165, p. 1-27.

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   Zhang, Niina Ning, 2015, Nominal-internal phrasal movement in Mandarin
Chinese, The Linguistic Review 32 (2), p. 375-425.
   Pan, Victor Junnan, 2015, Mandarin peripheral construals at the syntax-
discourse interface, The Linguistic Review 32.4 (à paraître).
   Yang, Xiaolong & Yicheng Wu, 2015, Whether or not multiple occurrences of
ziji can take distinct antecedents: A deictic perspective, Journal of Pragmatics
87, p. 142-155.
   Wu, Haiping, 2015, Encoding subjectivity with totality: A corpus-based study
of [zhengge yi (CL) + X] in Mandarin, Journal of Pragmatics, 83, p. 27-40.
   Yang, Ying & Foong Ha Yap, 2015, I’m sure but I hedge. Fear expression
kongpa as an interactive rhetorical strategy in Mandarin rhetorical broadcast,
Journal of Pragmatics 83, p. 41-56.
   Shu, Dingfang, 2015, Chinese xiehouyu and the interpretation of metaphor and
metonymy, Journal of Pragmatics 86, p. 74-79.
   Li, Xiao, 2015, Degreeless comparatives: the semantics of differential verbal
comparatives in Mandarin Chinese, Journal of Semantics 32, p. 1-38.
   Jin, Dawei, 2015, Coherence relation and clause linkage: Towards a discourse
approach to adjunct islands in Chinese, Studies in language 39.2, p. 424-458.
   Zhan, Fangqiong & Elizabeth Closs Traugott, The constructionalization of the
Chinese cleft construction, Studies in language 39.2, p. 459-491.
   Janet Zhiqun Xing, 2015, A comparative study of semantic change in
grammaticalization and lexicalization in Chinese and Germanic languages,
Studies in language 39.3, p. 593-633.
   Qi, Chong, 2015, Le nominalisateur ZHE en chinois moderne, Verbum
XXXVII-1, p. 171-193.
  Signalons pour finir que la revue JCLTA Journal of the Chinese Language
Teachers’ Association, créée en 1966 et actuellement éditée par Zheng-sheng
Zhang (San Diego State University) sera publiée et diffusée par J. Benjamins à
partir de 2016, sous le titre de Chinese as a Second Language. The Journal of
the Chinese Language Teachers’ Association (http://www.jbe-platform.com/
content/journals/24518298).

2.3. Les nouveaux ouvrages de linguistique chinoise

   Outre la création de revues, la diffusion récente, efficace et rapide du savoir
sur le chinois se matérialise par une explosion d’autres publications d’ampleur,
qui reflètent très bien l’état actuel de la discipline (en syntaxe
/sémantique/pragmatique). Si les éditeurs qui publient les imposants ouvrages
traitant de l’état des lieux en linguistique chinoise autour de l’année 2015 sont
presque tous situés en Europe (De Gruyter/Mouton et Benjamins), les auteurs de
ces ouvrages sont pour la plupart des locuteurs natifs du mandarin (et de certains
«dialectes»).
  Parmi les publications actuelles les plus pertinentes, on peut distinguer cinq
catégories de travaux : les ouvrages généraux à contributeurs multiples et à
contributeurs uniques, les livres thématiques, les collections et les thèses.

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  2.3.1. Les contributions encyclopédiques à auteurs multiples : Celles-ci sont
au nombre de cinq pour les années 2014-2015.
  1. The Handbook of Chinese Linguistics, 2014, dirigé par C.-T. James Huang,
Audrey Li et Andrew Simpson, Chichester, J. Wiley-Blackwell, xv-661 p., ISBN
978-0-470-65534-4 pour la version brochée, regroupe vingt-quatre chapitres
répartis en cinq classes, et un index. Les grands thèmes traités sont : syntaxe,
sémantique et morphologie ; phonétique, phonologie et prosodie ; acquisition de
la langue et psycholinguistique ; linguistique historique ; morpho-syntaxe et
variétés du chinois autres que le mandarin.
   2. The Oxford Handbook of Chinese Linguistics, dirigé par William S-Y Wang
(HKPU) and Chaofen Sun (Université de Stanford), 2015, xx-765 p., ISBN: 978-
0-19-985633-6, aussi disponible en tant que livre électronique. Rédigé par
soixante-six contributeurs, ce «manuel» présente, sous forme de cinquante-cinq
chapitres de tailles diverses, huit grandes rubriques organisées comme suit :
l’histoire, les langues et les dialectes, le contact de langues, la morphologie, la
syntaxe, la phonétique et la phonologie, la société et la culture, la
neurolinguistique.
   3. Chinese Syntax in a Cross-Linguistic Perspective, 2015, dirigé par Audrey
Li (University of Southern California), Andrew Simpson (University of Southern
California), and Wei-Tien Dylan Tsai (National Tsing Hua University, Taiwan).
ISBN: 978-0-19-994565-8. Cet ouvrage contient 16 articles dont les thèmes
s’attaquent à des problèmes fondamentaux de la syntaxe du chinois, classés en
trois parties : les domaines du nom, du prédicat et du complémenteur. Il rend
hommage au pionnier de la linguistique formelle chinoise aux Etats-Unis C.-T.
James Huang, Professeur à l’Université de Harvard, pour son soixante-cinquième
anniversaire. Ce dernier ouvre ce livre avec un article intitulé «On syntactic
analyticity and parametric theory».
   4. The Encylopedia of Chinese Language and Linguistics, 2015, Leiden, Brill,
(ISBN : 978 90 04 18643 9) regroupe quatre volumes et un index. Etabli sous la
direction de Rint Sybesma, et des éditeurs associés : Wolfgang Behr (Université
de Zürich), Yueguo Gu (Académie des Sciences Sociales, Chine), Zev Handel
(Université de Washington), C.-T. James Huang (Université de Harvard), and
James Myers (Université Nationale Chung Cheng, Taiwan), cette imposante
encyclopédie doit paraître en Novembre 2015, accompagnée d’une version
électronique (e-ISSN 2210-7363).
   5. The Cartography of Chinese Syntax, 2015, 256 p., ouvrage dirigé par Dylan
Tsai (National Tsing Hua University, Taiwan) constitue le numéro 11 d’une
collection d’Oxford University Press. Celle-ci est dirigée par Richard S. Kayne
(New York University) et dédiée à la cartographie des structures syntaxiques. Ce
livre regroupe sept articles ayant trait pour l’essentiel à l’étude des constituants
qui figurent dans la périphérie gauche (les topiques, le focus, les adjoints
interrogatifs, la construction lian … ye/dou «même», les groupes prépositionnels
de lieu…).

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   2.3.2. Les ouvrages généraux à contributeurs multiples (2012-2016) :
   1. Plurality and Classifiers across Languages in China est un ouvrage publié à
Berlin par De Gruyter-Mouton sous la direction de Dan Xu (INALCO) en 2012.
Il comprend dix articles traitant, par exemple, des classificateurs nominaux et
verbaux ou de marqueurs de pluralité en mandarin et dans d’autres langues non-
chinoises parlées en Chine.

   2. A Reference Grammar of Chinese, à paraître en Mars 2016, sous la
direction de Churen Huang et Dingxu Shi (HKPU), Cambridge University Press,
contient 17 chapitres et un appendice rédigés par vingt-deux contributeurs
internationaux (Chine, France, Hong Kong, Taïwan). L’originalité de cette
grammaire descriptive est double : elle se fonde sur des exemples attestés dans
des corpora et utilise une terminologie «neutre».
   2.3.3. Les ouvrages à contributeurs uniques (2011-2015) :
   3. Interrogatives et Quantification en Chinois Mandarin : une approche
générative par Victor Junnan Pan (Université Paris Diderot) est paru en 2011 à
Rennes, Presses Universitaires de Rennes. Cet ouvrage de 260 p, qui traite des
questions partielles, distingue clairement arguments et adverbiaux interrogatifs et
prend en compte différents contours prosodiques pour lever les ambiguïtés entre
interprétations quantificationnelles et interrogatives.
   4. Grammatica Cinese ; le parole vuote del cinese moderno par Chiara
Romagnoli (Université Roma Tre) est un ouvrage broché de 296 pages, paru en
2012 à Milan, publié par U. Hoepli. Il fait partie de la collection des Etudes
orientales dirigée par Federico Masini (Université La Sapienza, Rome). Quatre
parties du discours — les adverbes, les prépositions, les conjonctions et les
particules — sont traitées en détail.

  5. Lexical Derivation in Mandarin Chinese par Georgio F. Arcodia (Université
de Milan-Bicocca) est un ouvrage de 226 pages paru en 2012. Il a été publié à
Taipei par Crane Publishing dans le cadre de la collection «Book series in
Chinese linguistics» de la revue Taiwan Journal of Linguistics.

   6. Classifier Structures in Mandarin Chinese par Niina Ning Zhang (National
Chung Cheng University, Taiwan) a été publié à Berlin par Mouton De Gruyter
en 2013 (xxii-319 p.). Outre la distinction  +/- comptable, l’auteur propose une
distinction supplémentaire : la numérabilité et la délimitabilité. Quatre types de
constructions sont étudiées : les expressions numérales, les expressions
quantificationnelles, les réduplications et les composés.
   7. The Typology of Motion Events: An Empirical Study of Chinese Dialects est
paru en 2013 à Berlin chez De Gruyter Mouton. L’auteure, Carine Yuk-Man Yiu
(Hong Kong University of Science and Technology), éclaire le débat sur
l’expression du déplacement en chinois grâce à des données originales sur des
dialectes du sud-est de la Chine (Wu, Min et Yue — le cantonais).

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Etudes récentes en syntaxe/sémantique chinoises (1990-2015)                                 17

   8. New Perspectives in Chinese Syntax par Waltraud Paul (CNRS, CRLAO)
est paru à Berlin, chez De Gruyter Mouton. Composé de huit chapitres (xvi-358
p.), cet ouvrage de 2014 place le chinois contemporain dans une double
perspective typologique et diachronique. Le statut controversé des postpositions
et des particules finales trouve une solution syntaxique élégante.
  9. A Grammar of Mandarin, publié en 2015 par Jeoren Wiedenhof chez J.
Benjamins, couvre, à travers douze chapitres (xxiii-461p.), la syntaxe, la
morphologie, le lexique et le développement de l’écriture chinoise. Les exemples
sont tirés de conversations naturelles.

2.4. Les collections
   Chez Benjamins, la collection «Studies in Chinese language and discourse»
dont les responsables sont ceux de la revue Chinese Language and Discourse
citée plus haut (§ 2.1), a déjà publié quatre ouvrages.
  Le premier de Shuanfan Huang, 2013, Chinese Grammar at Work étudie la
grammaire chinoise à travers des corpus d’un point de vue cognitif-fonctionnel,
(458p.).
   Le second édité par Zhuo Jing-Schmidt, 2013, Increased Empiricism. Recent
Advances in Chinese Linguistics souligne l’interaction entre problèmes
théoriques et empiriques (317p.).
  Le troisième par Xiaoting Li, 2014, Multimodality, Interaction and Turn-
taking in Mandarin Conversation étudie d’un point de vue multi-modal des
conversations naturelles en mandarin (256p.).
  Le quatrième édité par Linda Tsung et Wei Wang, 2015, Contemporary
Chinese Discourse and Social Practice in China examine la langue chinoise
parlée à travers les importants changements socio-politiques que la Chine connaît
(223p.).

2.5. Les thèses

  Comme il est impossible de recenser les thèses qui n’appartiennent pas à une
collection, nous ne mentionnerons donc ici que la collection publiée par l’école
doctorale nationale de linguistique des Pays-Bas (LOT)2 et ce pour les deux
dernières années (2014-15), accessible à l’adresse http://wwwlotpublications.nl/.
  Hongyuan, Sun, 2014, Temporal construals of bare predicates in Mandarin
Chinese, ISBN: 9789460931550.
2 Dans un ouvrage sous la direction de W. Idema intitulé Chinese studies in the
Netherlands : past, present and future, Brill, 2013, Rint Sybesma offre un panorama
intéressant de l’histoire de la linguistique chinoise aux Pays-Bas intitulé A History of
Chinese Linguistics in the Netherlands (op.cit., p. 127-157).

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  Chin-hui, Lin, 2014, Utterance-final particles in Taiwan Mandarin: Contact,
context and core functions, ISBN: 9789460931.
  Li, Fang, 2015, Subjectivity in Mandarin Chinese. The meaning and use of
causal connectives in written discourse, ISBN: 9789460931475.

2.6. La langue chinoise et ses voisines géographiques et disciplinaires
   Ces dernières années les études psycholinguistiques sur le chinois, comme par
exemple, l’acquisition du chinois comme langue première ou seconde, la lecture
des caractères, la relation entre la langue et la cognition ... ont été regroupées en
2015 dans un ouvrage broché en trois volumes sous la direction de Ping Li,
Professeur de psychologie, linguistique et de sciences de l’information à
l’Université Penn State. Cette somme est publiée par Cambridge University
Press, ISBN: 9781107503748. Le premier volume de The Handbook of East
Asian Psycholinguistics traite du chinois, le second du japonais et le troisième du
coréen. Le volume sur le chinois est divisé en trois parties : la première traite de
l’acquisition (du chinois, du cantonais…), la seconde du traitement de la langue
(la lecture des caractères) et la troisième des désordres cérébraux.

2.7. Les associations internationales

   Pour terminer cet état des lieux de la recherche en linguistique chinoise
contemporaine, il convient de citer (sans être exhaustif) les associations
nationales et internationales dans lesquelles la linguistique du chinois
contemporain trouve une place. Ce sont : la Société de Linguistique de Hong
Kong (HKLS), la Société de Linguistique de Taiwan, l’Association Internationale
de Linguistique Chinoise (IACL), l’Association Singapourienne de Linguistique
Appliquée, l’Association Internationale pour le Traitement des Langues
Asiatiques basée Singapour, la Société de Linguistique Américaine (LSA), la
Société Japonaise de Linguistique Chinoise, la Société Coréenne de Linguistique
Chinoise, l’Association Australienne d’Etudes Asiatiques, l’Association
Européenne de Linguistique chinoise (EACL), ainsi que les Associations
allemande, britannique, italienne, française, nordique… d’Etudes Chinoises.
   J’ai essayé de présenter ci-dessus la dynamique récente des études sur la
langue chinoise. Outre le rôle bien évidemment grandissant de la Chine dans le
contexte politique et scientifique international, il faut aussi souligner que les
linguistes travaillant sur le chinois bénéficient actuellement non seulement de la
multiplicité des théories linguistiques et des méthodes d’analyse de la langue,
mais aussi de l’accès instantané aux données grâce aux corpus automatisés, qu’ils
soient écrits ou oraux.
  Les trois articles qui constituent la première partie du présent numéro de Faits
de Langue ont été choisis parce que chacun illustre l’un des aspects de la
diversité de la recherche que j’ai essayé d’illustrer ci-dessus.

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3. TENDANCES ACTUELLES EN SYNTAXE / SÉMANTIQUE/ PRAGMATIQUE DU CHINOIS
    CONTEMPORAIN

  Les trois articles de Linda Badan, Left and right peripheries in Mandarin, de
Mei Fang, Innovation dans les relatives en chinois parlé et en chinois écrit et de
Laurent Prévot, Pierre Magistry et Churen Huang, Un état des lieux du traitement
automatique du mandarin représentent les trois courants majeurs des travaux
actuels sur le chinois contemporain.

3.1. La cartographie
   Le premier courant choisi ici pour illustrer les recherches en syntaxe formelle
est celui de la cartographie. Dans le cadre général de la grammaire générative,
puis du programme minimaliste, l’approche cartographique a permis en moins de
vingt ans de sortir la syntaxe de son isolement. Grâce à l’établissement d’une
hiérarchie de projections fonctionnelles, la sémantique, l’ordonnancement des
rôles informationnels et la pragmatique peuvent être prises en compte. Le statut
informationnel des constituants s’organise selon un ordre qui n’est pas récursif,
mais hiérarchique. Ce courant est illustré ici par le premier article, celui de Linda
Badan.
   L. Badan nous propose bien plus qu’une description et un classement de
nombreux faits relatifs à l’ordre des mots et à sa signification en chinois
contemporain. Travaillant dans le cadre de la cartographie établie par Rizzi
(1997)3 et Cinque (1999)4, elle reprend une opposition déjà bien établie pour
diverses langues entre deux grandes positions dans la phrase chinoise, la position
gauche et la position droite. Contrairement à de nombreux travaux situés dans
cette optique, qui étudient ces deux périphéries de façon indépendante, l’auteure
les traite ici de façon conjointe.
   A gauche du sujet, donc dans la périphérie gauche, L. Badan montre comment
s’articulent la structure syntaxique et celle du discours. Ainsi, met-elle à plat de
fines distinctions entre diverses catégories de topiques, selon des critères
syntaxiques (sont-ils dérivés par mouvement ou non ?) ou discursifs – les
topiques liés (sont-ils directement ou indirectement liés à un discours
antécédent ?).
   A droite, dans le champ de ce que l’on appelle la périphérie droite, se trouvent
les particules finales d’énoncé, éléments dont le rôle est double : soit ils assignent
un typage de classes d’énoncés (question, exclamation, ordre…), soit ils
indiquent les divers degrés possibles de prise en charge de la vérité de l’énoncé
par l‘énonciateur et/ou le co-énonciateur. Relevant du premier type de particules
3 Rizzi, L., 1997, The fine structure of the left periphery, in Haegman, L. (ed.), Elements
of grammar, Kluwer, Dordrecht, p. 281-337.
4 Cinque, G., 1999, Adverbs and functional heads. A cross-linguistic approach, New
York, Oxford University Press.

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en mandarin, on trouve, par exemple, ma qui permet de transformer un énoncé
assertif en une interrogation.
  Tout comme les topiques, les particules finales peuvent être en relation de
cooccurrence : dans ce cas, leur ordre de surface correspond à leur portée. Alors
que pour les topiques la position la plus à gauche correspond à celle qui a la
portée la plus grande, pour les particules finales, celle qui est située la plus à
droite a la portée la plus large.
   Le travail actuel de description et d’explication du fonctionnement de ces
particules localisées en fin d’énoncé a été grandement stimulé par des recherches
effectués sur le cantonais, langue qui connaît un nombre et une distribution de
particules (finales) bien plus riches qu’en mandarin. Grâce à une bibliographie
détaillée et à une grande clarté d’exposition, cet article offre au lecteur une brève
et efficace introduction à des problèmes de grande actualité : comment concilier
dans une seule analyse et à l’aide des mêmes outils fondamentaux des
phénomènes langagiers universels qui relèvent de niveaux d’analyse différents.

3.2. Typologie et innovation linguistique
   Le second courant, le courant fonctionnel/cognitiviste est particulièrement
représenté en Chine. Grâce à la constitution de nombreux corpora de langues
écrite ou parlée, la description linguistique est devenue plus fiable, puisqu’elle
prend en compte un nombre significatif de données. Cette tendance est
représentée ici par un article originellement écrit en chinois par Mei Fang et
qu’Alain Peyraube a traduit afin de le rendre accessible à un public non
sinophone.
   Mei Fang nous offre une description des constructions relatives qui met en jeu
des phénomènes «surprenants». On est, en effet, habitué à caractériser le chinois
comme une langue mixte du point de vue typologique : c’est à la fois une langue
VO et une langue OV. Plus précisément, elle serait VO en ce qui concerne le
groupe verbal et OV pour ce qui est du groupe nominal, cf. Huang J. C.-T.
(1982)5. Ainsi prévoit-on la position de la relative ou de l’adjectif à la gauche de
la base nominale. Mais, contrairement à cette prédiction syntaxique, la réalité
factuelle, celle du mandarin parlé en particulier, est bien plus complexe et variée.
En effet, dans des conversations (réelles) certaines relatives «lourdes», c’est-à-
dire comprenant plus d’un groupe verbal figurent à droite de leur nom base. Elles
sont, de plus, introduites par un pronom de 3ème personne tā dont la référence
n’est pas spécifique. Cette référence n’est pas celle du pronom de 3ème personne
«il/elle», mais celle d’un indéfini classifiant «ce genre de», qui fonctionne aussi
comme un pronom résomptif dans les cas de topicalisation. Ainsi, selon Mei
Fang, trois schémas syntaxiques coexistent en mandarin parlé :

5 Huang, C.-T. James, 1982, Ph.D., MIT et 1988, Logical relations in Chinese and the
theory of grammar, New York, Garland Publishers.

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Etudes récentes en syntaxe/sémantique chinoises (1990-2015)                                21

  (i)     celui de la relative préposée, Rel. de N tête,
  (ii)    celui de la relative postposée, N tête Rel. de, et
  (iii)   celui sans marqueur de subordination de de, mais avec tā à l’initiale de
          la relative, N tête  他 tā Rel. .
   Pour l’auteure, qui s’intéresse aux réalisations correspondant à la construction
décrite en (iii), tā pronominal, qui figure en tête de la relative postposée, à la
manière d’un pronom relatif en français ou en anglais, est en voie de
grammaticalisation. On a donc là une construction émergente et innovante. Selon
l’auteure, outre le mandarin parlé, on ne connaît pas de langue où le pronom
relatif ait pour source un pronom de 3ème personne.

3.3. Le traitement automatique du mandarin
   Le troisième courant est souvent ignoré des «purs» linguistes. Il s’agit du
traitement automatique du chinois, qui ne peut être accompli sans une solide
formation en (linguistique) informatique. Ecrit par trois éminents spécialistes de
ce domaine, nouveau en France, le copieux article de Laurent Prévot, Pierre
Magistry et Churen Huang déroule un panorama des grandes tendances actuelles
de cette discipline et présente sous une forme très concrète les différentes
ressources dont une grande partie est accessible librement sur internet.
   Après avoir présenté le défi que pose l’écriture chinoise pour segmenter les
énoncés en mots, les auteurs montrent comment la communauté du TAL s’est
attaquée à ce problème. Trois méthodes de segmentation ont été explorées : (i) en
se fondant sur des dictionnaires, (ii) ou sur des statistiques, (iii) ou en combinant
les deux. Pour l’analyse syntaxique, le corpus le plus utilisé est le Chinese
Treebank 8, conçu en 1998 à l’Université de Pennsylvanie et maintenant à
l’Université Brandeis (Waltham, Mass.). Il contient un million et demi de mots
annotés et étiquetés. Pour l’étiquetage des rôles sémantiques, le corpus le plus
utilisé est celui du Propbank (Proposition Bank). Pour le lexique, il existe, entre
autres, un Chinese Wordnet développé à Taiwan. Nombreux sont les corpus
annotés. Les plus couramment utilisés sont ceux de l’Academia Sinica (Corpus
équilibré du mandarin moderne), du Chinese treebank et le Multi-view Chinese
treebanking de l’Université de Pékin. Pour terminer, les auteurs proposent une
liste de concordanciers ou d’analyseurs syntaxiques disponibles en open source.

  Une riche bibliographie accompagne ce travail très clair, précis et bien
documenté.

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