TITAN PAVILLON D'ACCUEIL SAINT-VINCENT-SUR-JARD - architectes
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TITAN
PAVILLON D’ACCUEIL
SAINT-VINCENT-SUR-JARD
Alice Bialestowski
Volume discret et monolithique en béton, le nouveau
pavillon d’accueil de la maison de Georges Clemenceau
de Saint-Vincent-sur-Jard joue pleinement son rôle de bâti-
ment de transition. S’il s’intègre harmonieusement à son
contexte, il ouvre aussi la porte sur un monde plus intime.
« Je vis parmi les fleurs, mais avec la mer comme fond de rent, s’offre immédiatement à la déambulation. On s’y sent
tableau », disait Clemenceau, qui termina ses jours dans chaleureusement enveloppé, comme si on avait déjà un pied
une maison de pêcheur qu’il agrémenta d’un splendide jardin chez Clemenceau. Le parquet en chêne massif, la présence
« libre et sans contraintes », conçu par ses soins avec les conseils d’un poêle, le mobilier dessiné sur mesure ou des détails
de son ami Claude Monet. Au bord de la dune, face à l’océan comme des poignées de porcelaine concourent à cette impres-
Atlantique, immergé dans le grand paysage, c’est un véritable sion, de même que tous les angles saillants, arrondis ou
petit paradis terrestre que s’est façonné le Tigre, un monde adoucis. « Malgré son passé illustre, cet homme était resté très
à part devenu espace muséal. A priori simple, la commande simple dans son mode de vie ; nous avons cherché à matériali-
– une procédure adaptée – consistait à remplacer en lieu et ser cette humilité », indique l’architecte.
place le pavillon d’accueil qui ne s’était pas relevé du passage
de la tempête Xynthia, en 2010. S’il fallait marquer l’entrée, en Collage de bétons
quelque sorte l’ennoblir pour asseoir le statut du site, l’enjeu, Une rusticité néanmoins contrôlée et contrebalancée par le
pour les architectes de Titan, était également de créer un bâti- parti pris architectural de la double coque en béton qui allie
ment qui, au-delà de sa fonction première de billetterie, agisse contemporanéité et sobriété formelle. Dans la même optique,
comme un liant entre le dehors et le dedans, se lise autant les menuiseries en acier ont été dessinées le plus finement pos-
à une échelle paysagère qu’à l’aune d’une mesure plus intime, sible, tout en tenant compte du caractère abrasif du contexte
celle de la personnalité de Clemenceau. salin. Compact, le monolithe n’en est pas moins vibrant, jouant
C’est d’emblée que l’édifice sensibilise les visiteurs à la décou- sur des jeux de texture entre béton lisse et structuré : le collage
verte du domaine. « Depuis l’extérieur, nous avons travaillé de deux matières. Il est découpé – comme en plan – avec des
sur l’amorce du pavillon, qui est un passage du public au privé, formes et contre-formes qui se greffent sur la nef. Cette der-
la porte d’entrée sur le jardin ; vers lequel, par un effet de nière est définie par son caractère uniformément lisse couleur
chicane, les visiteurs sont directement dirigés », explique l’archi- dune tandis que les autres volumes sont sablés et réalisés avec
tecte Mathieu Barré. Depuis la tempête, l’application de la loi des strates différenciées coulées par passe. Sur site, les archi-
s’est faite plus stricte, impliquant notamment de reconstruire tectes ont collaboré avec les ouvriers pour faire des tests de
sur l’exacte emprise de l’ancien pavillon constitué de deux bâti- sablage et ont travaillé la gradation de la coloration du béton
ments juxtaposés. L’agence a mis à profit cette contrainte pour qui, du plus foncé au plus clair, s’atténue progressivement vers
réinterroger le volume et le plan. De même, qu’elle a dû le le ciel en assumant ses accidents et affleurements. « Dans l’idée
surélever, et donc le raccorder délicatement à l’espace public. du monolithe, on voulait insuffler sur la vêture extérieure un
Au choix d’un discret monolithe en béton qui renvoie à l’arché- côté manuel, sensible », précise Mathieu Barré. Et c’est précisé-
type de la maison que la présence d’une cheminée vient ment ce qui fait la réussite de ce petit édifice qui, davantage
signifier en en soulignant le caractère domestique, s’ajoute que l’élégance de son langage minimaliste, s’impose par
celui d’un espace intérieur optimisé. Ce dernier s’articule l’atmosphère qu’il dégage et sa capacité à se fondre de façon
autour d’une grande nef centrale – abritant la billetterie quasi-impressionniste dans un lumineux paysage.
boutique et un espace de médiation séparé par une simple
cloison de verre –, à laquelle se connectent deux entités réser-
vées aux locaux techniques et aux bureaux du personnel. Pour
PAGE DE DROITE.Sur l’emprise de l’ancien pavillon d’accueil,
ceux qui y pénètrent, cet espace tout en profondeur, semblable le nouvel édifice se distingue par une longue nef en béton
à une nappe filante en béton gris laissé volontairement appa- lisse sur laquelle se greffent deux volumes en béton texturé.
30 n° 275 - février 2019 - AMC
TITAN
PAVILLON D’ACCUEIL
Dehors comme dedans, la double coque de béton est apparente.
Salle de médiation
Jardin
A l’intérieur, les angles ont été adoucis pour une ambiance chaleureuse.
Accueil -
boutique Esplanade publique
PLAN DU RDC 0 1 5m L’espace de médiation, dans le prolongement de la billetterie.
32 n° 275 - février 2019 - AMC
COUPE DE DÉTAIL SUR LE PAVILLON
1. Souche cheminée en béton
2. Parement béton extérieur coloré
3. Couche drainante
4. Isolation et étanchéité
bitumineuse bicouche
1 5. Congés béton
2 6. Menuiserie acier
7. Parement béton finition soignée
8. Poêle à bois
9. Plancher technique
10. Parquet bois massif
11. Fondation béton
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Photos Julien Lanoo
0 1 2m Teinté dans la masse, le béton a été coulé par passe et sa
gradation travaillée de manière à s’éclaircir vers le ciel.
LIEU : Saint-Vincent-sur-Jard (Vendée)
MAÎTRISE D’OUVRAGE : Centre des monuments nationaux, direction
des monuments et des collections
MAÎTRISE D’ŒUVRE : Titan (Mathieu Barré, François Guinaudeau
et Romain Pradeau), architectes paysagistes mandataire ; ECB,
économiste ; Luc Moreau, BET CFO-CFA ; inddigo, BET fluides ;
Arest, BET structure
PROGRAMME : reconstruction de pavillon d’accueil
SURFACE : 125 m2
CALENDRIER : 2015-2017
Couleur sable, les différents volumes en béton se distinguent par leur matérialité. COÛT : 500 000 €, dont 80 000 d’aménagement paysager
AMC - n° 275 - février 2019 33
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