PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES - RÉSUMÉ À L'INTENTION DES DÉCIDEURS - Reporterre
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RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES DES RESSOURCES NATURELLES POUR L’AVENIR QUE NOUS VOULONS
PERSPECTIVES DES RESSOURCES Remerciements MONDIALES Auteurs principaux : Bruno Oberle, Stefan Bringezu, Steve Hatfield-Dodds, Bringezu, S., Hatfeld-Dodds, S., Hellweg, S., Schandl, H., Clement, J., and DES RESSOURCES NATURELLES POUR L’AVENIR Stefanie Hellweg, Heinz Schandl et Jessica Clement. Cabernard, L., Che, N., Chen, D., Droz-Georget, H., Ekins, P., FischerKowalski, M., Flörke, M., Frank, S., Froemelt , A., Geschke, A., Haupt , M., Havlik, P., Hüfner, R., QUE NOUS VOULONS Auteurs collaborateurs : Livia Cabernard, Nhu Che, Dingjiang Chen, Helen Lenzen, M., Lieber, M., Liu, B., Lu, Y., Lutter, S., Mehr , J., Miatto, A., Newth, D., Droz-Georget, Paul Ekins, Marina Fischer-Kowalski, Martina Flörke, Stefan Oberschelp , C., Obersteiner, M., Pfster, S., Piccoli, E., Schaldach, R., Schüngel, Frank, Andreas Froemelt, Arne Geschke, Melanie Haupt, Petr Havlik, Rebecca J., Sonderegger, T., Sudheshwar, A., Tanikawa, H., van der Voet, E., Walker, C., Hüfner, Manfred Lenzen, Mirko Lieber, Bomin Liu, Yingying Lu, Stephan Lutter, West, J., Wang, Z., Zhu, B. Un rapport du Panel international des ressources. Jonas Mehr, Alessio Miatto, David Newth, Christopher Oberschelp, Michael Obersteiner, Stephan Pfster, Emile Piccoli, Rüdiger Schaldach, Jan Schüngel, Thomas Sonderegger, Akshat Sudheshwar, Hiroki Tanikawa, Ester van der Programme des Nations Unies pour l’environnement. Nairobi, Kenya. Texte et rédaction finale : Geoff Hughes, Zoï Environment Network RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS Voet, Christie Walker, James West, Zhanyun Wang, Bing Zhu. Conception et mise en page : Carolyne Daniel, Zoï Environment Network Imprimé par : Programme des Nations Unies pour l’environnement * Les auteurs autres que BO, SB, SH-D, SH, HS et JC sont listés par ordre Photos : UN Photo & Creative Commons alphabétique. Copyright ©Programme des Nations Unies pour l’environnement, 2019 Le présent rapport a été écrit sous l’égide du Panel international des res- sources (PIR) du Programme des Nations Unies pour l’environnement. Nous Cette publication peut être produite en tout ou en partie et sous quelque remercions Janez Potocnik et Izabella Teixeira, Co-Présidents du PIR, les forme que ce soit à des fins éducatives ou non lucratives sans autorisation membres du PIR et son Comité directeur. spéciale du détenteur des droits d’auteur, à condition que la source soit men- tionnée. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement souhaite- Les auteurs remercient le Coordinateur de l’évaluation collégiale : Hans rait recevoir un exemplaire de toute publication qui utilise cette publication Bruyninckx, Directeur exécutif de l’Agence européenne pour l’environne- comme source. Cette publication ne peut être utilisée à des fins de revente ment, avec le soutien de Pawel Kazmiercyzk, Agence européenne pour ou à toute autre fin commerciale sans l’autorisation écrite préalable du l’environnement. Programme des Nations Unies pour l’environnement. Ils remercient également les personnes ci-dessous pour l’évaluation collé- Limitation de responsabilité : les appellations employées dans cette publica- giale : PC Abhilash, Angela Andrade, Paolo Bifani, Ian Convery, Sarah Cornell, tion et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part du Rob Dellink, Fabio Eboli, Sana Essaber Jouini, Chazhong Ge, Rudolph S de Programme des Nations Unies pour l’environnement aucune prise de posi- Groot, Josephine Kaviti Musango, Cássia Maria Lie Ugaya, Nedal Nassar, tion quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs Experience Nduagu, Jason C Neff, Liette Vasseur et Xianlai Zeng. autorités, ni quant au tracé de leurs frontières et limites. En outre, les opi- nions exprimées ne reflètent pas nécessairement la décision ou la politique Nos remerciements vont aussi au Secrétariat du Panel international des déclarée du Programme des Nations Unies pour l’environnement, et le fait de Produit par le Panel international des ressources ressources du Programme des Nations Unies pour l’environnement : Peder citer des noms commerciaux ou des procédés commerciaux ne constitue ni Jensen, Maria Jose Baptista, et notamment Hala Razian pour l’assistance une recommandation ni une approbation. Le présent document porte sur les principales constatations tirées du rapport, et doit être lu conjointement avec le rapport qu’elle a apportée dans la coordination et dans la révision du rapport. intégral. Les références des recherches et des revues sur lesquelles se fonde le présent rapport sont énumérées dans le ISBN : 978-92-807-3741-7 rapport intégral. Vous pouvez télécharger le rapport intégral sur Citation recommandée : PIR (2019). Perspectives des ressources mondiales DTI/2226/NA 2019 : des ressources naturelles pour l’avenir que nous voulons. Oberle, B., UNEP 252 http://www.resourcepanel.org/report/global-resources-outlook
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS Avant-Propos Le produit intérieur brut mondial a doublé depuis 1970, en- monde pour satisfaire la consommation d’un pays donné, bien-être tout en restant dans les limites de ce que notre traînant d’immenses progrès et aidant des milliards de per- sont criantes. Le niveau de l’empreinte matières par habitant planète peut supporter. Il nous faut cependant agir dès à sonnes à sortir de la pauvreté. Dans le même temps, cette des pays à revenu élevé est supérieur de 60 pour cent à celui présent. Même si le rapport met en évidence des progrès, il croissance économique repose sur une demande incessan- des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et y a manifestement encore beaucoup à accomplir. te de ressources naturelles. Quelle que soit l’époque, et quel équivaut à plus de treize fois celui des pays à faible revenu. que soit le niveau de revenu, nos besoins en ressources na- Les conclusions scientifiques émanant du Panel internatio- turelles n’ont jamais fléchi. Une croissance économique au détriment de notre planète nal des ressources ou d’autres études mondiales, présen- n’est tout simplement pas viable. Le défi consiste donc à tées en 2019 à la session de l’Assemblée des Nations Unies Nos modèles fondés sur une propension à consommer et à répondre aux besoins de tous selon les moyens de notre pla- pour l’environnement, nous donnent l’occasion d’examiner jeter ont des effets dévastateurs sur notre planète. Le pré- nète. C’est un objectif ambitieux, mais crucial, qui nécessite de plus près l’utilisation des ressources naturelles au ni- sent rapport établit que 90 pour cent de la perte de biodiver- que les pouvoirs publics, les entreprises, la société civile et veau mondial, mais aussi et surtout de déterminer quelles sité et du stress hydrique sont dus à l’extraction et au trai- les citoyens redéfinissent ce que l’on entend par « progrès mesures auraient le plus grand impact sur notre planète et tement des ressources. Ces mêmes activités contribuent à » et fassent preuve d’innovation pour modifier les choix, les garantiraient une gestion durable des ressources naturelles près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre à modes de vie et les comportements des individus. pour les générations à venir. l’échelle mondiale. Selon le présent rapport, grâce à un ensemble de politiques En outre, les bienfaits de ce type d’exploitation des res- d’optimisation des ressources, d’atténuation des effets du sources demeurent réservés à un faible nombre. Les iné- changement climatique, d’élimination du carbone et de pro- Joyce Msuya galités entre pays en matière d’empreinte matières, c’est-à- tection de la biodiversité, il est tout à fait envisageable et Directrice exécutive par intérim ONU-Environnement dire la quantité de matières premières extraites à travers le possible de développer nos économies et d’accroître notre 4 5
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS Préface Depuis plus de 10 ans, le Panel international des ressources du nouveau millénaire, cette augmentation considérable de d’optimisation des ressources et de modes de consomma- loppement durable. Il faut cependant agir dès maintenant. évalue scientifiquement les tendances, les caractéristiques la consommation de matières premières n’a pratiquement tion et de production durables permettrait de ralentir de 25 Le Panel international des ressources saisit cette occasion et l’impact de la manière dont les sociétés et les économies pas lieu dans les pays les plus riches, mais les pays les pour cent l’augmentation de l’exploitation des ressources pour adresser à la communauté internationale des recom- extraient, utilisent et éliminent les ressources naturelles. Il plus pauvres n’en bénéficient pas davantage, alors que ce dans le monde d’ici à 2060, tout en entraînant une hausse mandations étayées par la science et utiles à l’élaboration ressort de ces travaux de recherche que nos modes d’ex- sont eux qui auraient le besoin le plus urgent de meilleures de 8 pour cent du produit intérieur brut mondial – en par- de politiques qui permettraient d’assurer une gestion du- ploitation des ressources naturelles ont des incidences pro- conditions de vie matérielles. ticulier pour les pays à faible revenu et à revenu intermé- rable des ressources naturelles, ainsi que la prospérité éco- fondes sur la santé et le bien-être des individus et de la pla- diaire – et une réduction de 90 pour cent des émissions de nomique et le bien-être des individus, tout en restant dans nète, tant dans le présent que pour les générations futures. C’est aussi l’histoire d’une répartition inégale des bienfaits gaz à effet de serre par rapport aux prévisions fondées sur les limites de ce que la planète peut supporter. Les conclusions du Panel international des ressources font de l’utilisation des ressources, ainsi que des graves réper- l’hypothèse d’une poursuite des tendances actuelles. Ces apparaître que la gestion durable des ressources naturelles cussions, de plus en plus visibles à l’échelle mondiale, sur le prévisions partent du principe que les taux de croissance Nous continuerons de publier le rapport Perspectives des est non seulement essentielle à la réalisation des Objectifs bien-être humain et la santé des écosystèmes. Alors que l’ex- dans les économies émergentes et autres pays en dévelop- ressources mondiales 2019 tous les quatre ans afin de faci- de développement durable, mais qu’elle est aussi fonda- traction et la consommation connaissent une augmentation pement doivent être contrebalancés par une nette réduction liter un débat planétaire essentiel qui intègre la gestion des mentalement liée aux aspirations internationales en termes dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, de l’exploitation des ressources dans les pays développés. ressources naturelles parmi les solutions envisagées pour de climat, de biodiversité et de neutralité en matière de dé- les pays à revenu élevé continuent quant à eux de délocaliser répondre aux aspirations concernant la durabilité, le climat, gradation des terres. une production exigeant beaucoup de ressources. Le citoyen Il existe des solutions et des mesures novatrices, à la fois la biodiversité et la neutralité en matière de dégradation des moyen qui vit dans un pays à revenu élevé consomme 60 attractives d’un point de vue économique et réalisables sur terres. En tant que Co-Présidents du Panel international des Le rapport Perspectives des ressources mondiales 2019 s’ap- pour cent de plus que celui qui vit dans un pays à revenu le plan technologique, qui permettraient de transformer nos ressources, nous tenons à remercier les scientifiques ainsi puie sur ces démonstrations pour retracer le parcours des intermédiaire de la tranche supérieure, et 13 fois plus que modes de production et de consommation d’une manière que les membres du comité directeur du Panel pour les ef- ressources naturelles dans nos économies et sociétés. celui qui vit dans un pays à faible revenu. Globalement, l’ex- répondant aux aspirations mondiales en termes de déve- forts inlassables qu’ils déploient en faveur de cet objectif. C’est d’abord l’histoire d’une demande incessante et de mo- traction et le traitement des ressources naturelles sont res- dèles d’industrialisation et de développement non durables. ponsables de plus de 90 pour cent de la perte de biodiversité Au cours des 50 dernières années, l’extraction de matières et du stress hydrique à travers le monde, ainsi que d’environ Izabella Teixeira & Janez Potocnik premières a triplé et connaît un rythme accéléré depuis l’an la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Co-Présidents du Panel international des ressources 2000. Les nouvelles économies industrialisées sont res- ponsables d’une part toujours plus importante de l’extrac- C’est enfin une histoire qui peut, et doit, être changée. Selon tion de matières premières, essentiellement en raison de la les modélisations effectuées par le Panel international des construction de nouvelles infrastructures. Depuis le début ressources, l’adoption de politiques adéquates en matière 6 7
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS Principaux messages Le découplage de l'utilisation des ressources natu- relles et des impacts sur l’environnement de l'activité 01. L’utilisation des ressources a plus que triplé depuis 1970, et continue de croître. 05. économique et du bien-être humain est un élément essentiel de la transition vers un avenir durable. Les modèles d’utilisation des ressources Ce découplage est possible et peut apporter des naturelles, qu'ils soient historiques ou récents, avantages sociaux et environnementaux substantiels, 02. ont des impacts de plus en plus négatifs sur l'environnement et la santé humaine. 06. y compris la réparation des dommages causés à l’environnement, tout en soutenant la croissance économique et le bien-être humain. L’utilisation des ressources naturelles et les avantages et impacts sur l’environnement L’ensemble des décideurs, politiques ou autres, 03. connexes sont inégalement répartis dans les pays et les régions. 07. disposent d'outils pour favoriser les changements utiles, y compris les changements transformation- nels à l'échelle locale, nationale et mondiale. En l’absence de mesures concertées et urgentes, La coopération et les échanges internationaux 04. la croissance rapide et l’utilisation inefficace des ressources naturelles continueront d’exercer des pressions insoutenables sur l’environnement. 08. peuvent se révéler précieux pour opérer le changement systémique. Le Panel international des ressources entend, par cette évaluation des défis et opportunités liés aux ressources, aider les décideurs à orienter la transition vers un développement durable. 8 9
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS 01 Ressources et l’avenir que nous voulons Au cours des cinq dernières décennies, notre population Figure l mondiale a doublé, l’extraction de matières a triplé et le pro- le cadre Forces Motrices-Pressions-État- duit intérieur brut a quadruplé. L’extraction et le traitement Impact-Réponse (DPSIR) utilisé dans le rapport des ressources naturelles se sont accélérés au cours des deux dernières décennies, et représentent plus de 90 pour cent de la perte de biodiversité et du stress hydrique, et envi- ron la moitié de nos effets sur le changement climatique. Au S SION ÉT AT cours des 50 dernières années, nous n’avons pas connu une ES seule fois une longue période de stabilisation ou un déclin de PR la demande mondiale de matières. Varient selon Les Objectifs de développement durable fixent un cadre les échelles et pour changer cette situation par la mise en œuvre de modes les régions géogra- FO RICES de consommation et de production durables et par l’amé- RCES IMPAC lioration de l’utilisation efficace des ressources grâce au phiques à l’échelle T découplage des impacts environnementaux de la croissance MO mondiale TS économique. Les Perspectives des ressources mondiales 2019 analysent les forces démographiques et socio-économiques responsables RÉPONSE de l’extraction et de l’utilisation des ressources naturelles à travers le monde, et rendent compte de la manière dont ces forces motrices et ces pressions ont déterminé notre situation actuelle. L’analyse évalue les impacts sur l’envi- ronnement et le bien-être, et tient compte de la répartition et de l’intensité des impacts sur l’environnement et la santé humaine résultant de l’évolution de notre environnement. Enfin, elle recommande un ensemble de réponses politiques appropriées. © Adam Cohn 10 11
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS Demande continuelle Productivité des matières L’analyse oppose deux futurs potentiels. Le scénario Les modèles économiques linéaires actuels dépendent D Biomasse. La demande totale de biomasse a La transformation de la composition des matières dans Tendances historiques suppose la continuité des tendances d’une production permanente de matières qui sont extraites, augmenté, passant de 9 milliards de tonnes en l’économie mondiale vers les minéraux et les ressources non et des relations historiques, et prévoit l’utilisation des res- échangées et transformées en biens et finalement éliminées 1970 à 24 milliards de tonnes en 2017, surtout renouvelables a changé la nature de nos principales sources sources, l’activité économique, les services essentiels et comme déchets ou émissions. Entre 1970 et 2017, l’extraction dans les catégories récolte et pâturage. de pressions environnementales. L’évolution des modes de les indicateurs environnementaux en conséquence. Le scé- annuelle de matières au niveau mondial a triplé, passant de production et de consommation joue également un rôle dans nario Vers un développement durable suppose que les gou- 27 à 92 milliards de tonnes, et continue d’augmenter. Depuis l’utilisation croissante des ressources. L’amélioration de la vernements, le secteur privé et les ménages prendront des l’an 2000, la croissance des taux d’extraction s’est accélérée, E Eau. Les prélèvements d’eau au niveau mondial productivité des matières – l’efficacité de l’utilisation des mesures pour améliorer l’utilisation efficace des ressources, atteignant 3,2 pour cent par an, imputable en grande partie pour l’agriculture, l’industrie et les communes matières – contribue à réduire la pression et les impacts sur découpler la croissance économique des impacts environne- à d’importants investissements dans les infrastructures et ont augmenté à un rythme plus rapide que celui l’environnement, mais elle a augmenté beaucoup plus lente- mentaux négatifs et promouvoir une consommation et une à l’amélioration du niveau de vie matériel dans les pays en de la population humaine dans la seconde moi- ment que la productivité du travail et la productivité énergé- production durables. développement et en transition, notamment en Asie.1 tié du XXè siècle. Entre 1970 et 2010, le taux de tique. La productivité mondiale des matières a commencé croissance des prélèvements a ralenti, mais à baisser vers les années 2000 et stagne depuis quelques Les résultats montrent que pour atteindre nos objectifs inter- Notre utilisation des ressources naturelles a augmenté à augmente toujours de 2 500 à 3 900 km3 par années. Elle s’est améliorée rapidement dans de nombreux nationaux – tels que l’Accord de Paris, les objectifs d’Aichi de tous les niveaux : an. Entre 2000 et 2012, 70 pour cent des pré- pays développés, mais le glissement simultané de la produc- la Convention sur la biodiversité, la Neutralité de la dégrada- lèvements d’eau au niveau mondial ont servi à tion mondiale des économies qui ont une productivité des tion des terres de la Convention sur la lutte contre la déser- A Métaux. Une croissance annuelle de 2,7 pour l’agriculture, principalement à l’irrigation, tan- matières plus élevée vers des économies qui ont une produc- tification et les Objectifs de développement durable – tout cent de l’utilisation des minerais métalliques dis que les industries ont prélevé 19 pour cent tivité des matières plus faible n’a pas permis une embellie en restant dans les limites planétaires, cela nécessite une depuis 1970 reflète l’importance des métaux et les communes 11 pour cent.2 aussi rapide de l’efficacité mondiale des matières. transformation urgente et systémique de la manière dont dans la construction, les infrastructures, la nous utilisons et gérons les ressources naturelles. Il est ins- fabrication et les biens de consommation. L’économie mondiale s’est focalisée sur l’amélioration de la tamment demandé à tous les pays d’envisager des solutions F Terres. Entre 2000 et 2010, la superficie totale productivité du travail au détriment de la productivité des innovantes pour faire face aux défis environnementaux liés des terres cultivées au niveau mondial est pas- matières et énergétique. Cela se justifiait dans un monde à l’utilisation des ressources naturelles et des modes de B Minéraux non métalliques. Le sable, le gravier sée de 15,2 millions de km² à 15,4 millions de où le travail était le facteur limitant de la production. Nous consommation et de production plus durables pour fournir et l’argile représentent l’essentiel de l’utilisation km². Les superficies cultivées ont diminué en sommes entrés dans un monde où les ressources naturelles les ressources à l’avenir que nous voulons. des minéraux non métalliques. Entre 1970 et Europe et en Amérique du Nord, mais ont aug- et les impacts environnementaux sont devenus le facteur 2017, l’utilisation s’est accrue, passant de 9 à menté en Afrique, en Amérique latine et en Asie. limitant de la production et où des changements s’imposent 44 milliards de tonnes, et représente un dépla- La superficie des pâturages au niveau mondial pour se concentrer sur la productivité des ressources. cement important de l’extraction mondiale de est passée de 31,3 millions de km² à 30,9 mil- la biomasse vers les minéraux. lions de km². L’Afrique et l’Amérique latine ont enregistré de légères pertes nettes de forêts tandis que les autres régions du monde ont C Combustibles fossiles. L’utilisation du char- enregistré de légères augmentations nettes. bon, du pétrole et du gaz naturel est passée de 6 milliards de tonnes en 1970 à 15 milliards de tonnes en 2017, mais la part de l’extraction 1 Schandl, H. and J. West, 2010: Resource use and resource efficiency in totale au niveau mondial a diminué de 23 à 16 2 Food and Agriculture Organization, 2016: AQUASTAT website. Food the Asia-Pacific region. Global Environmental Change-Human and Policy pour cent. and Agriculture Organization of the United Nations (FAO). Récupéré de Dimensions20(4): 636-647 http://www.fao.org/nr/water/aquastat/data/query/index.html?lang=en 12 13
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS 02 Utilisation inégale, impacts et charges Les modèles d’utilisation des ressources naturelles, qu’ils soient historiques ou actuels, ont des effets de plus en plus négatifs sur l’environnement et la santé humaine. L’extraction et la transformation des ressources en matières, combus- tibles et denrées alimentaires représentent environ la moitié des émissions de gaz à effet de serre de la planète (sans prise en compte des impacts climatiques liés à l’utilisation des terres) et plus de 90 pour cent de la perte de biodiversité et du stress hydrique. L’utilisation des ressources naturelles et les avantages et impacts environnementaux connexes sont inégalement répartis dans les pays et les régions. Ces résultats montrent que les ressources doivent figurer au centre des politiques relatives au climat et à la biodiversité, pour rester dans un espace de fonctionnement sécurisé et permettre que les objectifs internationaux communs soient atteints. L’agriculture, et notamment la consommation alimentaire des ménages, est la principale force motrice de la perte de biodiversité et du stress hydrique au niveau mondial. Cela diffère des impacts sur le changement climatique et sur la santé dus aux particules, pour lesquels les ressources de tous ordres représentent une part notable des impacts globaux. © Adam Cohn 14 15
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS Figure ll Impacts mondiaux divisés par types de ressources, l’économie restante et les ménages Les ressources de la biomasse sont utilisées dans l’alimen- Bien que l’extraction des ressources minérales non métal- 100% tation, les matières premières et l’énergie. La production ali- liques représente plus de 45 pour cent du volume total des mentaire est responsable de l’essentiel des pertes de biodi- ressources extraites et affiche l’un des taux de croissance 90% versité, de l’érosion des sols et représente une part notable les plus élevés de tous les groupes de ressources, son inci- des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique. dence sur le changement climatique et d’autres catégories 80% Le travail du sol et la transformation de la biomasse sont d’impacts reste limité. La plupart des impacts liés aux mi- aujourd’hui responsables de près de 90 pour cent du stress néraux non métalliques surviennent à l’étape du traitement, hydrique mondial et de la perte de biodiversité liée à l’utili- et la production de clinker (le principal ingrédient du ciment) 70% sation des terres. Les impacts environnementaux de l’utili- est responsable de l’essentiel des impacts du changement part des impacts mondiaux sation des terres comprennent la destruction des habitats climatique et d’une grande part des autres impacts. Néan- 60% naturels et la perte de biodiversité ainsi que la dégradation moins, l’exploitation minière, notamment l’extraction du des sols et la perte d’autres services écosystémiques. En sable, peut avoir de lourdes conséquences sur les écosys- 50% 2010, l’utilisation des terres avait entraîné une perte d’envi- tèmes locaux. ron 11 pour cent des espèces mondiales. L’extraction et la 40% transformation de la biomasse représentent également plus Le charbon, le pétrole et le gaz naturel fournissent l’énergie et de 30 pour cent des émissions de gaz à effet de serre liées les matières premières pour les produits pharmaceutiques, aux ressources (sans prise en compte du changement d’af- les plastiques, les peintures et de nombreux autres produits. 30% fectation des terres). L’extraction, le traitement, la distribution et l’utilisation contri- buent sensiblement à la pollution de l’environnement et, en 20% Entre 2000 et 2015, les impacts du changement climatique particulier, à celle de l’air. La dernière phase d’utilisation des et les effets sur la santé issus de l’extraction et de la produc- combustibles fossiles joue un rôle crucial dans leur impact 10% tion de métaux ont pratiquement doublé. Pour les métaux, la global sur l’environnement et la santé. A l’échelle mondiale, chaîne mondiale de production de fer et d’acier est à l’origine une augmentation de plus de 70 pour cent dans la capacité 0 des impacts les plus importants du changement climatique de production d’électricité à partir de combustibles fossiles Impacts du Impacts Stress Perte de Valeur Emploi et représente environ un quart de la demande énergétique in- au cours des dernières années a accru l’accès à une énergie changement des particules hydrique biodiversité liée ajoutée dustrielle mondiale. En raison d’une production conséquente abordable, mais s’est accompagnée de conséquences néga- climatique sur la santé à l’utilisation et des besoins en énergie élevés, la production d’aluminium tives sur l’environnement et la santé. Les coûts d’investis- des terres contribue également de manière significative aux effets des sement élevés et la longue durée de vie des centrales élec- métaux sur le changement climatique, tandis que pour le triques peuvent verrouiller les technologies dommageables cuivre et les métaux précieux, les effets toxiques constituent pour l’environnement. l’inquiétude majeure. Biomasse Métaux Minéraux Combustibles Économie Ménages non métalliques fossiles restante Sources : Exiobase 3.4 (Exiobase, n.d.; Stadler et al., 2018), combinée aux données sur l’utilisation des terres (Chapitre 2) et aux méthodes d’évaluation des impacts (Section 3.1) des Perspectives des ressources mondiales 2019, année de référence 2011 16 17
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS Figure lll Impacts par habitant, par région de consommation, 2011 À l’échelle mondiale, les impacts du changement climatique liés à la consommation des ressources convergent, les régions à fort impact réduisant leur impact par habitant à mesure que les régions à faible impact augmentaient le leur. Les impacts par habitant montrent que certaines régions ont systématiquement des impacts supérieurs à la moyenne du fait de la consommation, tandis que d’autres régions, notam- ment l’Afrique, n’ont que des impacts environnementaux mineurs relativement à la consommation par habitant. 100% En raison de la consommation privée dans la plupart des régions, les impacts du changement climatique ont aug- Moyenne mondiale par habitant 100% menté, bien que fortement influencés par le développement 100% d’infrastructures dans la région Asie-Pacifique. Cet investis- sement à long terme dans les infrastructures est un scéna- rio probable pour de nombreux pays en développement qui investissent dans leur avenir. L’équilibre entre les impacts de l’utilisation des ressources et le développement des Europe de l’Est, infrastructures aura probablement besoin d’interventions Caucase & Asie Centrale politiques. Les avancées sur les matières combinées à des Europe méthodes et des technologies de production novatrices, comme la fabrication et la construction numériques, peuvent Amérique du Nord 100% aider à établir un équilibre entre les impacts de l’utilisation 100% Impacts environnementaux des ressources et le développement des infrastructures. L’intensification stratégique3 dans le cadre des stratégies Impacts du changement climatique d’aménagement urbain peut réduire la demande en matières Impacts des particules sur la santé en établissant un excellent réseau de nœuds de connexion Stress hydrique entre les villes, en densifiant les villes et en fournissant des Perte de biodiversité liée à l’utilisation des terres services aux citoyens au plus proche de chez eux, ce qui réduira la demande de mobilité. Avantages sociaux-économiques 100% 100% Asie & Afrique Pacifique Valeur ajoutée Emploi 3 International Resource Panel (IRP). (2018c). The Weight of Cities: Re- source Requirements of Future Urbanization. Swilling, M., Hajer, M., Baynes, T., Bergesen, J., Labbé, F., Musango, J.K., Ramaswami, A., Ro- binson, B., Salat, S., Suh, S., Currie, P., Fang, A., Hanson, A. Kruit, K., Reiner, M., Smit. Nairobi, Kenya: A Report by the International Resource Source : Exiobase 3.4 Panel. United Nations Environment Programme. (Exiobase, n.d.; Stadler et al., 2018). Amérique Latine & Asie de l’Ouest Caraïbes 18 19
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS Consommation et revenu Figure lV Consommation intérieure apparente de matières Empreinte matières par revenu national, 2017 Les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure ont à revenu élevé est beaucoup plus élevée comparativement par revenu national, 2017 27.1 augmenté la part mondiale de leur consommation intérieure à leur consommation intérieure de matières. Malgré cela, 100,000 25 de matières de 33 pour cent en 1970 à 56 pour cent en 2017. le groupe à revenu intermédiaire de la tranche supérieure a Les niveaux de consommation directe de matières par ha- également dépassé les taux d’empreinte matières des pays à bitant de ce groupe ont dépassé ceux du groupe à revenu revenu élevé en 2008. Toutefois, par habitant, le groupe à re- 90,000 élevé en 2012. venu élevé maintient des niveaux d’empreinte matières de la 19.8 consommation supérieurs de 60 pour cent à ceux du groupe 80,000 20 Entre 1970 et 2017, la part de la consommation intérieure à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et treize fois de matières des pays à revenu élevé a baissé, passant de supérieurs à ceux des groupes à faible revenu. 70,000 17.0 16.9 52 pour cent à 22 pour cent. Pendant ce temps, la consom- mation intérieure de matières des groupes à revenu intermé- tonnes par habitant 60,000 15 diaire de la tranche inférieure n’a progressé que de 7 pour million de tonnes 12.2 12.3 cent, alors que les groupes à revenu faible sont demeurés La consommation intérieure apparente de matières sous la barre des 3 pour cent. Cela montre que si la crois- – qui mesure directement la quantité physique de 50,000 sance massive de la consommation de matières au cours du matières extraites sur le territoire du pays ou impor- nouveau millénaire n’a pratiquement pas profité aux pays les tées vers celui-ci – a été choisie par le Groupe inte- 40,000 10 plus riches, elle n’a pas non plus profité aux pays les plus rinstitutions et d’experts pour servir de base à l’éla- pauvres, le groupe qui a le besoin le plus urgent d’améliorer boration des indicateurs qui permettront de suivre 30,000 son niveau de vie matériel. les progrès de l’ODD 12.2, qui appelle à la gestion 5.8 durable des ressources naturelles. 20,000 4.7 5 Deux grandes dynamiques entrent en jeu: les pays nouvelle- 3.2 ment industrialisés développent de nouvelles infrastructures L’empreinte matières – qui attribue au consomma- et les pays à revenu élevé externalisent les étapes de produc- teur final toutes les ressources mobilisées au niveau 10,000 tion qui consomment le plus de matières et d’énergie vers mondial – est l’autre indicateur des flux de matières. 2.0 les pays en transition du groupe à revenu intermédiaire de Il a été choisi pour suivre les progrès réalisés dans 0 0 la tranche inférieure. Les régions à revenu élevé importent Monde Monde rie e rie e le cadre des objectifs de développement durable, e e e e rie re rie re le le é é fé ir fé ir ur ur ur ur ev ev ib ib pé iai pé iai in ia in ia également des ressources et des matières et externalisent él él fa fa e éd e éd notamment l’ODD 8.4 qui concerne l’utilisation effi- su éd su éd nu nu nu nu ch rm ch rm ch erm ch erm les impacts environnementaux liés à la production vers les ve ve cace des ressources. ve ve an te an te an t an t Re Re tr in tr in Re Re e e tr in tr in pays à revenu intermédiaire et à faible revenu. la nu la u la enu la enu n de eve de ve de v de ev Re Encadré I : Groupe interinstitutions et d’experts pour les Objectifs Re R R L’empreinte matières de la consommation montre clairement de développement durable ces tendances. L’empreinte matières des groupes de pays million de tonnes par groupe de revenu million de tonnes, monde tonnes par habitant Source : adaptation du Panel international des ressources, 2018, Base de données sur les ressources matérielles 20 21
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS FigureFigure V V Top dixTop desdix importateurs et exportateurs des importateurs nets denets et exportateurs matières, mesurémesuré de matières, par la balance commerciale par la balance physique, commerciale 2017 2017 physique, Commerce 0 500 0 500 million de 1,000 1,000 tonnes million de tonnes 1,500 1,500 2,000 2,000 2,500 3,000 2,500 3,000 Le commerce mondial des matières permet aux producteurs avantages de l’utilisation des ressources entre les pays et au Chine Chine 1.4 1.4 de compenser l’écart entre les régions quant à la disponibi- sein de ceux-ci. JaponJapon lité des ressources naturelles et soutient les systèmes de 5.0 5.0 production et de consommation au niveau mondial.4 Tout en La balance commerciale physique indique si un pays ou Inde Inde créant de la valeur dans le pays d’origine, la circulation des une région est un importateur net ou un exportateur net de 0.3 0.3 ressources peut aussi contribuer à une répartition inégale matières primaires, et donne une idée de la position et du rôle Corée Corée du Suddu Sud 8.2 8.2 des impacts environnementaux ou sociaux découlant des du pays au sein des chaînes d’approvisionnement mondiales. importateurs importateurs Allemagne Allemagne 3.0 3.0 Singapour Singapour 27.3 27.3 Italie Italie 2.4 2.4 Royaume-Uni Royaume-Uni 2.0 2.0 Turquie Turquie 1.6 1.6 FranceFrance million de tonnes million de tonnes 1.9 1.9 5 510 15 10 1520 2025 30 25 30 -1,800 -1,500 -1,500 -1,800 -1,200 -1,200 -900 -600 -900 -300 -600 -300 tonnes par habitant tonnes par habitant Australie Australie -55.6 -55.6 RussieRussie -4.9 -4.9 Brésil Brésil -2.4 -2.4 Indonésie Indonésie -1.6 -1.6 ArabieArabie Saoudite Saoudite exportateurs exportateurs -10.3 -10.3 Canada Canada -7.9 -7.9 Norvège Norvège -32.2 -32.2 Émirats ArabesArabes Émirats Unis Unis -17.1 -17.1 © Tom Fisk Afrique du Suddu Sud Afrique -2.6 -2.6 Kazakhstan Kazakhstan 4 Dittrich, M. and S. Bringezu, 2010: The physical dimension of interna- tional trade Part 1: Direct global flows between 1962 and 2005. Ecolo- -7.9 -7.9 Source : Adaptation du Panel international des ressources, gical Economics 69(9): 1838-1847 -60 -50 -60 -40 -50 -30 -40 -20 -30 -10 -20 -100 0 2018, Base de données sur les ressources matérielles tonnes par habitant tonnes par habitant 22 23
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS Figure Vl Répartition de la balance commerciale physique et de la balance commerciale des matières premières, par revenu national, 2017 11808 Balance commerciale des matières premières L’activité économique du groupe de pays à revenu élevé dé- pend des extractions d’autres pays qui affichent des niveaux Balance commerciale physique importants et croissants de matières primaires qui, incorpo- 123 rées dans les produits échangés, sont effectivement impor- importations nettes million de tonnes tées. Par habitant, le groupe de pays à revenu élevé dépen- 0 dait en 2017 de 9,8 tonnes de matières primaires mobilisées exportations nettes ailleurs dans le monde. Cette dépendance à l’égard des ma- -82 -78 tières externes augmente à un taux de 1,6 pour cent par an -302 depuis 2000. -863 Revenu élevé Revenu faible -3659 Ce commerce de matières s’est traduit par le déplacement des -7325 impacts sur l’environnement et la santé de toutes sortes des Revenu intermédiaire de la tranche inférieure pays consommateurs à revenu élevé vers les pays à revenu Revenu intermédiaire de la tranche supérieure intermédiaire et faible. Les impacts de la consommation par 9,8 habitant des pays à revenu élevé sont de trois à six fois supé- rieurs à ceux des pays à revenu faible. Les impacts sur l’eau et les terres varient moins que ceux sur le climat et la santé, importations nettes tonnes par habitant car ils portent essentiellement sur la consommation alimen- 0,0 0,0 0 exportations nettes -0,1 -0,3 taire, qui est moins variable que l’utilisation de combustibles Revenu élevé ou de matières entre les groupes. L’Asie occidentale et l’Asie -1,2 -1,2 -2,8 et le Pacifique ont le plus d’impact sur le stress hydrique, et Revenu faible Revenu intermédiaire l’Amérique latine et l’Asie et le Pacifique ont le plus d’impacts de la tranche inférieure Revenu intermédiaire liés à l’utilisation des terres, en raison de leurs écosystèmes de la tranche supérieure uniques. Les émissions totales de gaz à effet de serre liées Source : adaptation du Panel international des ressources du Programme des Nations Unies pour l’environnement, 2018, aux ressources et les effets des particules sur la santé sont Base de données sur les ressources matérielles les plus importants en Asie et dans le Pacifique. Pour toutes ces régions, les impacts liés à la production à l’intérieur de la La balance commerciale des matières premières tient alance commerciale des matières premières indique que le b région sont supérieurs aux impacts de la consommation, à compte de l’intégration de matières qui n’ont pas franchi phy- commerce de ce groupe équivalait à une extraction primaire cause de l’exportation de produits agricoles. © UN Photo/Gema Cortes siquement les frontières avec les marchandises échangées, de 11,8 milliards de tonnes effectuée ailleurs dans le monde. mais qui étaient néanmoins nécessaires à leur production. Cette mesure tient compte de l’extraction des matières, où La balance commerciale brute éclipse la balance commer- qu’elle se produise dans le monde. La balance commerciale ciale physique des importations nettes du groupe à revenu physique pour les pays à revenu élevé en 2017 suggère que intermédiaire de la tranche supérieure de l’équivalent de ce groupe de pays était un petit exportateur net, mais la 7,3 milliards de tonnes d’extraction primaire. 24 25
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS 03 Scénarios pour notre avenir Un avenir durable n’arrivera pas spontanément. En l’absence Entre 2010 et 2060, les terres cultivées augmenteraient de 21 de mesures concertées et urgentes, la croissance rapide et pour cent au niveau mondial, les hausses les plus sensibles l’utilisation inefficace des ressources naturelles continueront se produisant en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord. d’exercer des pressions insoutenables sur l’environnement. Les augmentations de rendement attendues ne suffiraient pas à compenser la demande croissante en denrées alimen- Le scénario Tendances historiques, qui suppose le maintien taires, notamment en Afrique. des tendances historiques, prévoit que l’utilisation mondiale de matières augmentera de 110 pour cent par rapport aux La superficie mondiale des pâturages augmenterait de 25 niveaux de 2015 pour atteindre 190 milliards de tonnes en pour cent, les hausses les plus sensibles se produisant en 2060, et que l’utilisation des ressources passera de 11,9 Afrique et en Amérique latine. tonnes à 18,5 tonnes par habitant. Cette augmentation de l’utilisation des ressources se traduirait par des pressions Si l’on ne tient compte que des forces motrices extérieures considérables sur les systèmes d’approvisionnement en res- au secteur forestier, le scénario Tendances historiques pré- sources et par des niveaux de pressions et d’impacts envi- voit des pertes faibles de superficie forestière sur l’ensemble ronnementaux supérieurs. des continents et une diminution des superficies forestières totales au niveau mondial. Les points névralgiques de défo- Une forte croissance du produit intérieur brut et de la popu- restation sont situés en Afrique, en Amérique latine et en Asie. lation ferait plus que doubler l’extraction intérieure des res- sources mondiale, qui passerait de 88 milliards de tonnes en La superficie totale des prairies, des broussailles et des 2015 à 190 milliards de tonnes en 2060. Les besoins supplé- savanes – des écosystèmes naturels importants qui mentaires en bâtiments et infrastructures se traduiraient par concentrent une grande part de la biodiversité terrestre – une croissance annuelle de 2,2 pour cent pour les minéraux diminuerait de 20 pour cent, les pertes les plus significatives non métalliques, ce qui représenterait 59 pour cent de l’en- se produisant en Afrique, en Amérique latine et en Europe. semble des activités d’extraction en 2060. La trajectoire actuelle de l’utilisation et de la gestion des res- La part de la biomasse serait de 23 pour cent, suivie par les sources naturelles dans le scénario Tendances historiques combustibles fossiles et les minerais métalliques, chacun n’est pas durable, mais dans le scénario Vers un développe- représentant 9 pour cent de l’ensemble des activités d’ex- ment durable, la société mondiale réalise des gains impor- traction mondiales. tants sur le plan de l’utilisation efficace des ressources et, dans certains cas, du découplage absolu des impacts. Les prélèvements d’eau au niveau mondial pour les industries et les municipalités augmenteraient, et les changements cli- matiques créeraient des incertitudes quant à l’approvisionne- © Md Arifur Rahman ment et à la distribution de l’eau dans l’agriculture. 26 27
PERSPECTIVES DES RESSOURCES MONDIALES 2019 RÉSUMÉ À L’INTENTION DES DÉCIDEURS Découplage Le découplage de l’utilisation des ressources naturelles et à l’environnement, tout en soutenant la croissance écono- L’utilisation efficace des ressources consiste à obtenir de historiques, l’emporte sur les coûts économiques à court des impacts environnementaux de l’activité économique et mique et le bien-être humain. Les interventions politiques, meilleurs résultats avec moins d’intrants et d’impacts néga- terme relatifs à une trajectoire climatique de 1,5 degré du bien-être de l’homme est un élément essentiel de la tran- les technologies vertes, les programmes de financement tifs, l’objectif étant de découpler l’utilisation des ressources Celsius et offre une répartition plus équitable des revenus et sition vers un avenir durable. Ce découplage est possible et durable, le renforcement des capacités et les partenariats et les pressions environnementales de l’activité économique. de l’accès aux ressources. peut apporter des avantages sociaux et environnementaux public-privé peuvent tous y contribuer. Le découplage relatif se produit lorsque l’utilisation des res- substantiels, y compris la réparation des dommages causés sources ou une pression sur l’environnement ou le bien-être Un ralentissement de l’utilisation des ressources naturelles Figure Vll humain croît plus lentement que l’activité économique qui l’a dans les pays à revenu élevé compense une utilisation crois- Concept Figure Vll de découplage provoquée, et le découplage absolu se produit lorsque l’utilisa- sante dans les économies émergentes et en développement. Concept de découplage tion des ressources ou une pression sur l’environnement ou L’extraction mondiale annuelle est inférieure de 25 pour cent Bien-être le bien-être humain diminue alors que l’activité économique à celle du scénario Tendances historiques. La productivité Bien-être continue de croître.5 Le découplage entre le bien-être et l’uti- des ressources mondiales augmente de 27 pour cent entre lisation des ressources accroît le service fourni ou la satis- 2015 et 2060, tandis que le produit intérieur brut moyen par Découplage du bien-être faction des besoins humains par unité d’utilisation des res- personne double et que l’utilisation des ressources par habi- Découplage du bien-être sources, et permet d’augmenter le bien-être indépendamment tant converge à travers les groupes de pays, baissant à 13,6 Activité de l’utilisation des ressources. Cependant, l’utilisation efficace tonnes par habitant dans les pays à revenu élevé et croissant économique Activité des ressources n’est pas suffisante à elle seule. Ce qu’il faut, à 8,2 tonnes par habitant dans les pays à revenu faible. économique c’est passer des flux linéaires à des flux circulaires en combi- Découplage des ressources nant des cycles de vie prolongés des produits, une conception Les mêmes mesures devraient permettre un découplage Découplage des ressources et une normalisation intelligentes des produits, ainsi que leur absolu de l’activité économique et de l’utilisation des res- réutilisation, recyclage et reconditionnement. L’atténuation du sources de l’impact environnemental à l’échelle mondiale, y changement climatique, la protection de la biodiversité et les compris des réductions spectaculaires des émissions de gaz Utilisation changements de comportement du consommateur et de la à effet de serre et une restauration substantielle des forêts des ressources Utilisation société sont aussi des éléments importants. et de l’habitat naturel par rapport aux niveaux de 2015. Les des ressources politiques d’utilisation efficace des ressources réduisent les temps Avec le scénario Vers un développement durable, l’utilisation émissions de GES de 19 pour cent par rapport au scénario temps efficace des ressources et les mesures relatives à la consom- Tendances historiques et, combinées à d’autres mesures cli- mation et à la production durables ralentissent de manière matiques, les émissions mondiales devraient diminuer de 90 significative la croissance de l’utilisation des ressources, pour cent en 2060 plutôt que d’augmenter de 43 pour cent. de manière à améliorer les revenus et autres indicateurs de La perte mondiale d’habitats est inversée, évitant la perte de bien-être, tandis que les pressions clés sur l’environnement 1,3 milliard d’hectares de forêts et d’autres habitats naturels chutent. Ce découplage relatif stimule la croissance éco- et restaurant 450 millions d’hectares de forêts supplémen- nomique de 8 pour cent par rapport au scénario Tendances taires d’ici 2060. Découplage des impacts Découplage des impacts 5 International Resource Panel, 2011: Decoupling natural resource use and environmental impacts from economic growth, A Report of the Working Group on Decoupling to the International Resource Panel. Source : adaptation du Panel international des ressources, 2017, Évaluation de l’utilisation Pressions et impacts Fischer-Kowalski, M., Swilling, M., von Weizsäcker, E.U., Ren, Y., Mori- mondiale des ressources : une approche systémique à l’efficacité des ressources et à la sur l’environnement Pressions et impacts guchi, Y., Crane, W. réduction de la pollution sur l’environnement 28 29
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