Dossier d'information - Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME
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Dossier d’information Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME Par Jean Michel Laurin
À propos de l’auteur Jean Michel Laurin est actuellement vice-président et directeur du bureau d’Ottawa à Octane Stratégies. Il a également occupé, par le passé, le poste de vice‐président, Affaires mondiales, des Manufacturiers et exportateurs du Canada, la plus importante association commerciale et industrielle du Canada. Au sujet de CGA-Canada L’Association des comptables généraux accrédités du Canada (CGA-Canada), fondée en 1908, est une association professionnelle autoréglementée qui représente 75 000 comptables généraux accrédités (CGA) et étudiants. CGA-Canada élabore le programme d’études des CGA, établit les exigences en matière d’accréditation et les normes professionnelles, contribue à l’élaboration de normes comptables nationales et internationales et fait la promotion de l’excellence en matière de services professionnels comptables. CGA-Canada s’emploie activement à mener des travaux de recherche impartiaux portant sur divers sujets d’importance liés à la comptabilité, à l’économie et aux affaires sociales qui touchent les Canadiens et les entreprises. Elle est renommée pour ses interventions en matière de sensibilisation et de protection du public, ainsi que pour sa contribution aux discussions sur les politiques publiques. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec l’Association, dont les coordonnées figurent ci-dessous : 100 – 4200 North Fraser Way, Burnaby (Colombie-Britannique) V5J 5K7, Canada Téléphone : 604 669-3555 Télécopieur : 604 689-5845 1201 – 350, rue Sparks, Ottawa (Ontario) K1R 7S8, Canada Téléphone : 613 789-7771 Télécopieur : 613 789-7772 Le présent document est accessible par voie électronique à l’adresse www.cga.org/canada-fr. © Association des comptables généraux accrédités du Canada, 2013. Le présent document est une traduction autorisée, effectuée par les services linguistiques de CGA-Canada, de la version originale du rapport rédigée en anglais et intitulée « Canada’s Global Trade Agenda: Opportunities for SMEs ». 2 Dossier d’information
Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME Août 2013 Résumé........................................................................................................................................ 4 Introduction................................................................................................................................. 7 Recension des écrits.................................................................................................................... 11 Analyse comparative des PME canadiennes............................................................................... 15 Obstacles auxquels se heurtent les PME canadiennes................................................................. 21 Mesures à prendre pour aider les PME à réussir sur la scène internationale.............................. 24 • Aider un plus grand nombre de PME à s’internationaliser................................................ 25 • Aider les entreprises bien établies sur les marchés mondiaux .......................................... 26 • Répercussions sur les politiques 1. Répercussions sur les politiques commerciales............................................................ 27 2. Répercussions sur le développement des marchés........................................................ 31 3. Répercussions sur les politiques nationales.................................................................. 31 Conclusion................................................................................................................................... 34 Bibliographie............................................................................................................................... 36 Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME 3
Résumé Les exportations ont alimenté la croissance économique du Canada à l’aube du 21e siècle, mais, durant la dernière décennie, la performance du pays en matière d’exportation a été peu reluisante, principalement en raison de la vigueur du dollar canadien, de la faible croissance de la productivité par rapport à celle d’autres pays ainsi que des types de produits qu’exporte le Canada de même que des pays où il les exporte, ce dernier facteur ayant eu la plus grande incidence sur les exportations canadiennes. Par conséquent, il fait de plus en plus consensus au sein des cercles de stratèges que les entreprises canadiennes doivent moins mettre l’accent sur les marchés développés, à faible croissance, comme celui des États-Unis, et se tourner vers les marchés émergents en forte croissance, et que la prospérité future du pays dépend de la capacité des entreprises à relever le défi de la concurrence mondiale. Voilà qui explique en partie pourquoi le gouvernement canadien a fait de la négociation d’accords de libre-échange globaux la pierre angulaire de sa politique économique. L’élimination des obstacles au commerce et à l’investissement devrait permettre aux entreprises canadiennes de mieux accéder à un nombre croissant de possibilités à l’échelle mondiale. Dans la première partie du présent rapport, nous recensons les écrits sur la question et faisons état du consensus qui semble se dégager. L’économie canadienne doit réduire sa dépendance à l’égard du marché américain et faire davantage affaire dans d’autres parties du globe qui connaissent des taux de croissance économique plus élevés. Les recherches récentes indiquent également que la production mondiale s’articule de plus en plus autour de chaînes de valeur mondiales (CVM) où chaque élément de la chaîne est situé à l’endroit jugé le plus logique sur le plan économique. Par conséquent, les exportations ne devraient plus être considérées comme la principale mesure de la performance commerciale d’un pays. Les investissements directs à l’étranger effectués par les entreprises canadiennes, les investissements étrangers au Canada, les importations d’intrants et les ventes des sociétés étrangères affiliées des entreprises canadiennes sont également des indicateurs importants de la performance commerciale du Canada. Lorsqu’on tient compte de ces facteurs, cette performance au cours de la dernière décennie se révèle un peu plus encourageante que ne le laisseraient croire les données sur les exportations. Les chiffres montrent également que les PME ont relativement mieux réussi que les grandes entreprises à profiter des occasions de croissance qu’offrent les marchés mondiaux. L’augmentation 4 Dossier d’information
du nombre de PME canadiennes participant au commerce international pourrait ainsi jouer un rôle important dans l’amélioration de la performance commerciale du Canada, en particulier sur les marchés émergents en forte croissance. Elle pourrait également contribuer grandement à la diversification des échanges commerciaux au-delà du secteur de la fabrication. Au chapitre de la participation canadienne aux CVM, des recherches récentes montrent que si le Canada est un des plus grands exportateurs du monde en termes absolus, il accuse un retard pour ce qui est de sa capacité à créer de la valeur dans les CVM en termes relatifs. Après avoir traité de l’économie canadienne et de la performance commerciale relative des PME du pays, tant du point de vue historique qu’en comparaison des autres pays, nous examinons, dans la deuxième moitié du présent document, la question du point de vue des PME canadiennes. Nous nous attardons d’abord aux obstacles auxquels se heurtent les PME lorsqu’elles pénètrent des marchés étrangers et participent à des CVM, à la lumière d’enquêtes récentes réalisées auprès de chefs d’entreprise. Ces obstacles relèvent tant de facteurs internes de l’entreprise, comme la hausse des coûts d’exploitation et les contraintes en matière de ressources internes, que de facteurs externes, comme l’existence d’une main-d’œuvre qualifiée, la concurrence croissante, l’identification de débouchés sur le marché et de partenaires étrangers fiables ainsi que l’accès au financement. Dans le présent document, nous avançons que l’amélioration de la performance commerciale du Canada devra passer par l’augmentation du nombre d’entreprises canadiennes participant au commerce international et par la possibilité, pour les entreprises qui font déjà des affaires sur les marchés mondiaux, de surmonter les contraintes et les obstacles auxquels elles se heurtent. Nous passons en revue les facteurs le plus souvent mentionnés par les PME axées sur le marché intérieur lorsqu’on leur demande pourquoi elles n’exportent pas, ainsi que les caractéristiques que partagent les PME ayant un niveau d’internationalisation élevé. À la lumière de ces éléments, il semble que les services fournis par des organisations comme le Service des délégués commerciaux du Canada, Exportation et développement Canada et la Banque de développement du Canada peuvent jouer un rôle important pour aider les PME qui n’exportent pas et ne participent pas au commerce au-delà des frontières à internationaliser leurs activités. Nous abordons ensuite les obstacles auxquels se heurtent les PME qui participent déjà au commerce international et distinguons à ce titre trois types de barrières : les barrières au commerce et à l’investissement, les barrières à la veille stratégique et les barrières à la compétitivité nationale. Nous examinons ensuite les répercussions qu’ont ces barrières sur les politiques et démontrons que les accords commerciaux internationaux peuvent contribuer de manière significative à la création d’un avantage concurrentiel pour les entreprises canadiennes et à la suppression des Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME 5
obstacles au commerce s’ils sont globaux et portent sur l’ensemble des barrières à la circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes auxquelles se heurtent les PME. Cependant, pour améliorer la performance commerciale des PME canadiennes, il sera également nécessaire d’aider les entreprises en matière de veille stratégique et d’accroître leur compétitivité nationale. Pour résoudre la question de la veille stratégique, le gouvernement, les entreprises et les organismes tiers qui soutiennent les PME devront se concerter en vue d’aider ces dernières à améliorer leurs connaissances des nouveaux marchés, à établir des liens avec des débouchés précis et à évaluer les risques et la valeur potentielle en jeu. Pour résoudre la question de l’accroissement de la compétitivité, il faudra surmonter les défis de longue date que connaît le Canada en matière de productivité et améliorer l’accès au financement, l’efficience de la réglementation, l’infrastructure logistique ainsi que l’accès à une main-d’œuvre qualifiée. Ensemble, de telles mesures compléteraient l’ambitieux programme de commerce du gouvernement fédéral et permettraient de surmonter les obstacles à une internationalisation accrue auxquels les PME disent se heurter. Un dialogue continu entre les gouvernements et les PME contribuera également à faire en sorte qu’ensemble, ces intervenants puissent permettre au Canada de saisir les occasions croissantes dans le monde entier. 6 Dossier d’information
Introduction La performance économique du Canada sur la scène mondiale a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, tout particulièrement depuis la fin de la dernière récession, l’économie canadienne ayant du mal à retrouver les niveaux d’exportation qu’elle atteignait avant celle-ci. De fait, on estime de plus en plus que les entreprises canadiennes doivent se tourner vers les marchés d’outre-mer et modifier leurs stratégies commerciales pour s’adapter à la nouvelle conjoncture mondiale. Cette incitation à l’internationalisation s’explique notamment par l’arrivée de nouveaux concurrents dans le système commercial international, par la baisse de la demande en provenance des marchés d’exportation traditionnels du Canada et par le fait que les marchés émergents comptent pour plus de la moitié de la croissance du commerce mondial. À n’en pas douter, la concurrence à laquelle doivent faire face les entreprises canadiennes est plus féroce que jamais, tant au pays qu’à l’étranger. Les entreprises canadiennes sont en concurrence avec des entreprises du monde entier, et parfois même au sein de leur propre organisation, pour obtenir des parts de marché, des investissements et des mandats de production et de prestation de services. C’est particulièrement le cas pour les PME. Selon une récente étude, 64 % des petites entreprises du secteur de la fabrication rivalisent déjà contre des entreprises multinationales sur leur marché principal (Industrie Canada, MEC et McMaster University, 2011). Dans un pays comme le Canada où l’économie est tributaire du commerce, il est vital que les entreprises puissent affronter avec succès la concurrence des meilleures entreprises du monde pour que le pays puisse prospérer et assurer un meilleur niveau de vie aux générations futures. Comme l’a fait remarquer le gouvernement fédéral dans son rapport de 2012 sur le commerce international, 19,2 % de l’ensemble des emplois sont liés à l’exportation, et chaque emploi lié directement aux exportations est lui-même associé à 1,9 emploi dans l’économie. Les exportations comptent aussi pour 26,1 % du produit intérieur brut du Canada (PIB) lorsqu’on les calcule en fonction de la valeur ajoutée (c.-à-d. en retranchant le contenu en importations des exportations brutes). Les exportations ont alimenté la croissance du Canada dans les années 1990. Au cours de cette décennie, les exportations de marchandises canadiennes ont plus que doublé, passant de 148 milliards de dollars en 1990 à 413 milliards de dollars en 2000. Cependant, la part du Canada des exportations mondiales de marchandises a considérablement régressé depuis, passant de 4,5 % en 2000 à 2,7 % dix ans plus tard (Statistique Canada, 2011a). Comme l’a fait remarquer l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, dans son discours d’adieu, le défi que doit aujourd’hui relever le Canada consiste à « déplacer les sources Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME 7
de la croissance vers les exportations nettes et les investissements des entreprises. Les exportations accusent maintenant une insuffisance de plus de 130 milliards de dollars par rapport à ce qu’elles auraient été lors d’une reprise “normale” de l’après-guerre. » Le nouveau gouverneur de la Banque, Stephen Poloz, a également fait remarquer, dans son premier discours public, qu’il est essentiel que les exportations prennent de la vigueur pour soutenir la reprise économique du Canada. Il a d’ailleurs fait remarquer que la récession a causé un choc particulièrement rude aux exportateurs canadiens et que les entreprises de fabrication ont été les plus gravement touchées, leur nombre n’ayant cessé de décroître après la récession. Une récente étude de recherche de la Banque du Canada (de Munnik, Jacob et Sze, 2012) fait ressortir les causes du recul des exportations canadiennes : « Bien que, ces dernières années, les entreprises canadiennes se soient heurtées à des problèmes de compétitivité liés à la vigueur persistante du dollar canadien et au piètre bilan du pays au chapitre de la productivité par rapport à ses principaux concurrents commerciaux, d’autres facteurs, notamment la gamme des produits vendus par le Canada et leur destination, ont aussi pesé de manière prononcée sur la tenue des exportations canadiennes. Durant la dernière décennie, la structure géographique des marchés d’exportation du Canada – caractérisée par la place importante d’un marché américain dont la croissance est relativement lente et par la place modeste qu’occupent les autres économies, en particulier les économies émergentes qui connaissent une expansion plutôt rapide – est le principal facteur du recul global net des exportations canadiennes. » L’amélioration des résultats commerciaux du Canada revêt une importance si critique pour la croissance économique du pays que le gouvernement fédéral (avec l’appui des provinces) a entrepris le programme de libéralisation du commerce et des investissements sans doute le plus ambitieux de l’histoire du pays, et qu’il en a fait la pierre angulaire de sa politique économique. Voilà qui soulève d’importantes questions. Les accords commerciaux suffiront-ils à aider les entreprises canadiennes à mieux tirer parti de la croissance de la demande sur les marchés d’outre-mer? L’adoption d’autres mesures de politique économique sera-t-elle nécessaire pour stimuler la compétitivité des entreprises canadiennes et aider ces dernières à réussir à l’échelle mondiale? Si les accords commerciaux font partie de la solution, quelles dispositions précises doivent-ils contenir pour répondre aux besoins de la majorité des entreprises canadiennes? Les accords portant sur le commerce et les investissements peuvent être sources de possibilités pour les entreprises canadiennes, en leur donnant un meilleur accès à des occasions qui ne sont peut- être pas à la portée de leurs concurrents étrangers, mais ils peuvent également constituer une menace si d’autres pays négocient leurs propres accords plus rapidement que ne le fait le Canada. 8 Dossier d’information
Par ailleurs, ces accords peuvent aussi représenter une occasion manquée s’ils sont à sens unique et que, au lieu de faire tomber les barrières commerciales auxquelles se heurtent les entreprises canadiennes, ils ne font qu’ouvrir davantage le marché canadien à la concurrence étrangère. La conclusion d’accords commerciaux efficaces exige que les deux parties s’attaquent aux véritables obstacles que doivent surmonter les entreprises. Il est crucial que le Canada s’y prenne correctement, et il faut pour cela que le gouvernement fasse une grande place aux besoins des PME dans sa stratégie. Hormis le rôle relativement important qu’elles jouent dans l’économie canadienne, il existe deux raisons pour lesquelles les PME sont un élément essentiel de la solution aux déboires commerciaux du Canada1. Premièrement, en raison de l’émergence des chaînes de valeur mondiales (CVM) comme principal modèle de production de biens et de prestation de services, nous devons nous attendre à ce que les PME jouent un rôle de plus en plus important dans le commerce mondial. Les CVM sont des chaînes logistiques internationales qui se caractérisent par une fragmentation des activités entrant dans la production d’un bien ou la prestation d’un service – de la conception au consommateur – de telle sorte que ces activités sont effectuées à différents endroits et dans différents pays. Selon ce modèle, chaque activité qui ajoute de la valeur au processus de production peut avoir lieu à l’endroit jugé le plus logique sur le plan économique. Cette fragmentation donne aux petites entreprises la possibilité de se spécialiser, de tirer profit de leurs compétences particulières et de croître en se joignant à une CVM à partir de leur marché national. De surcroît, comme il y a actuellement moins de 2 % des PME canadiennes qui exportent leurs produits et services, les mesures aidant un plus grand nombre de PME à pénétrer de nouveaux marchés présentent un fort potentiel de croissance. La deuxième raison pour laquelle les PME ont un rôle clé à jouer dans l’amélioration de la performance commerciale du Canada, c’est qu’elles ont généralement mieux réussi sur les marchés à forte croissance à l’extérieur des États-Unis et de l’Union européenne. Selon les données d’Industrie Canada (Industrie Canada, 2011a), les petites entreprises (c’est-à-dire les entreprises de moins de 100 employés) comptent pour une part importante des exportations canadiennes vers des marchés autres que les États-Unis et l’Union européenne, soit 40 %, comparativement à 20 % dans le cas des exportations vers les États-Unis et l’Union européenne. On constate en outre 1 Les PME ne sont pas toujours définies de la même manière dans les travaux cités dans le présent document. Sauf indication contraire, dans les travaux de Statistique Canada cités dans le présent document, une PME est une entreprise comptant moins de 500 employés et affichant des produits bruts de moins de 50 millions de dollars. On y considère que les entreprises de moins de 100 employés sont de petites entreprises, tandis que celles qui comptent de 100 à 499 employés sont de moyennes entreprises. Les PME sont également définies de cette manière dans les travaux d’Industrie Canada cités dans le présent document, à l’exception du rapport L’état du secteur manufacturier de pointe, qui repose sur les données de l’Enquête sur l’innovation et les stratégies d’entreprise de Statistique Canada. Dans le contexte de cette enquête, les petites entreprises sont celles qui comptent de 20 à 99 employés et déclarent un chiffre d’affaires d’au moins 250 000 $, tandis que les moyennes entreprises sont celles qui comptent de 100 à 249 employés. Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME 9
que les petites entreprises canadiennes sont à l’origine d’une proportion particulièrement forte des exportations vers bon nombre de grands marchés en expansion, notamment la Corée du Sud (52,8 %), l’Inde (65,1 %), l’Indonésie (44 %), la Turquie (60,6 %) et l’Égypte (63,3 %). Dans le présent rapport, nous nous penchons sur l’amélioration de la performance commerciale du Canada en recensant d’abord des publications récentes qui jettent de la lumière sur cette question. Nous nous intéressons ensuite aux obstacles auxquels se heurtent les entreprises canadiennes désireuses de prendre de l’expansion à l’étranger, en mettant l’accent sur les PME, ainsi qu’à la façon d’accroître le nombre d’entreprises qui participent au commerce international et aux opinions des exportateurs actuels quant aux mesures à prendre pour accélérer le rythme de la croissance des activités internationales. Nous examinons en outre l’incidence qu’auraient les stratégies envisagées sur le programme commercial du Canada et, enfin, nous déterminons s’il y a lieu d’avoir recours à des initiatives stratégiques autres que les accords commerciaux pour aider les entreprises canadiennes à réussir à l’échelle mondiale. 10 Dossier d’information
Recension des écrits Plusieurs publications récentes jettent de la lumière sur la performance commerciale actuelle du Canada dans le contexte de l’évolution de l’économie mondiale et incitent le Canada à se concentrer davantage sur les marchés émergents en forte croissance. Le livre Why Mexicans Don’t Drink Molson: Rescuing Canada from the Suds of Global Obscurity d’Andrea Mandel-Campbell, publié en 2007, est sans conteste l’un des ouvrages les plus percutants et inspirants sur le sujet. L’auteure y incite les Canadiens et les chefs d’entreprises du Canada à adhérer à la mondialisation, à oser sortir des sentiers battus et à prendre conscience du fait que la concurrence mondiale est essentielle à la réussite économique du Canada. En plus de critiquer sévèrement la façon dont les Canadiens font des affaires, elle présente de solides arguments en faveur d’une plus grande libéralisation des marchés à l’intérieur du Canada et se dresse contre la complaisance dont semblent faire preuve certains chefs d’entreprise canadiens. Plus récemment, la Norman Paterson School of International Affairs (NPSIA) de l’Université Carleton a publié le rapport Winning in a Changing World. Les auteurs de ce rapport avancent que le Canada ne suit pas le rythme des changements majeurs qui se produisent dans l’économie mondiale. En outre, ils font fortement valoir la nécessité, pour les Canadiens, de se tourner vers les économies émergentes d’Asie et d’ailleurs pour assurer l’avenir économique du pays. Ce rapport, rédigé dans le cadre du programme « Securing Prosperity » de la NPSIA sous la direction de plusieurs experts en politiques reconnus, a donné lieu à la formulation d’une série de recommandations visant à aider les entreprises, le gouvernement et d’autres parties prenantes clés à surmonter le problème. Tout en reconnaissant les efforts qui ont été déployés pour améliorer la performance commerciale du Canada, les auteurs constatent que ceux-ci n’ont donné que des résultats mitigés. Ils partagent en fait l’avis de Mme Mandel-Campbell lorsqu’ils affirment qu’il est clair que le Canada ne sera pas un acteur de taille sur les nouveaux marchés s’il ne redouble pas d’efforts et ne change pas sa façon de faire des affaires, et que le Canada doit mettre fin à la « culture du confort » engendrée par une dépendance trop facile à l’égard des États-Unis, car cela est essentiel à l’établissement d’un environnement commercial plus concurrentiel. Il est particulièrement intéressant de constater, à la lecture des recommandations, que les accords commerciaux ne sont, aux yeux des auteurs, que l’une des pièces du puzzle. Les auteurs estiment également que, pour tirer son épingle du jeu dans l’économie mondiale, le Canada doit modifier ses politiques en matière de fiscalité, d’investissement, d’infrastructure, de développement des compétences, de régimes de réglementation et de marchés publics. Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME 11
Outre ces deux publications et les récentes déclarations des gouverneurs de la Banque du Canada mentionnées précédemment, plusieurs études de recherche préconisent également que le Canada doit se tourner vers les marchés émergents en forte croissance. Il convient de mentionner deux autres rapports qui se distinguent particulièrement. Le premier de ces rapports, publié par CIBC Economics, s’intitule Coincé au neutre : Le Canada doit accélérer les exportations dans les marchés émergents. Les auteurs y expliquent que la part des exportations canadiennes vers les pays autres que les États-Unis est « coincée » à 25 % depuis quatre ans. Ils voient d’un bon œil la percée du Canada sur le marché chinois, puisque l’ensemble de la croissance des exportations canadiennes vers les marchés en développement au cours des cinq dernières années est attribuable à ce seul pays. Le deuxième rapport, publié par le Centre du commerce mondial du Conference Board du Canada, s’intitule Walking the Silk Road: Understanding Canada’s Changing Trade Patterns. En plus de démontrer que les marchés émergents sont désormais essentiels au succès du Canada, ce rapport souligne que, en matière de commerce extérieur, ce n’est plus tant le secteur de la fabrication qui fait la force du Canada, mais plutôt les secteurs des services et des ressources naturelles, une tendance principalement attribuable à la croissance des marchés émergents et à la réduction des barrières (plutôt qu’aux fluctuations des cours du change). Pour en arriver à la conclusion que le Canada tire de l’arrière sur les marchés mondiaux, les auteurs de ces rapports se fondent sur la performance lamentable du pays au chapitre des exportations au cours des dix dernières années. Cependant, lorsqu’on se base sur le commerce d’intégration2, plutôt que sur les simples exportations, la situation se présente différemment. Comme l’indique Exportation et développement Canada (EDC) dans Performance commerciale du Canada, alors que les exportations réelles du Canada ont affiché un taux de croissance annuel composé de 0 % de 2000 à 2011, les importations réelles ont progressé de 4 % au cours de la même période (la croissance étant en majeure partie attribuable aux marchés émergents). Ce rapport de 2012 fait également ressortir les faits suivants : l’investissement direct canadien à l’étranger a augmenté en moyenne de 5,5 % par année (les flux vers les marchés émergents sont passés de 10,9 % de l’investissement direct à l’étranger [IDÉ] en 2000 à 24,8 % en 2010) et les ventes des sociétés affiliées à l’étranger ont enregistré un taux de croissance annuel moyen de 2,3 % (les ventes des sociétés affiliées d’entreprises canadiennes situées dans des marchés en développement ont presque triplé au cours de cette période, alors que celles des sociétés affiliées d’entreprises canadiennes situées aux États-Unis ont reculé de 4 %). 2 Le commerce d’intégration désigne l’élargissement du modèle d’exportation classique pour inclure l’investissement direct à l’étranger, l’intégration des intrants importés dans les exportations et l’établissement de sociétés affiliées à l’étranger. 12 Dossier d’information
L’étude Qu’advient-il des moyennes entreprises canadiennes? de la Banque de développement du Canada (BDC), publiée au début de l’année, contient des renseignements intéressants sur la performance commerciale des PME. Cette étude, fondée sur des données originales obtenues de Statistique Canada, montre que les entreprises canadiennes de taille moyenne ont une incidence supérieure à leurs poids réel sur l’emploi et le PIB. L’analyse de la BDC révèle également que ces entreprises éprouvent de sérieuses difficultés qui les empêchent de devenir de grandes entreprises. Nous savons également que les PME ont compté pour beaucoup dans le succès mitigé qu’a connu l’élargissement de la présence des entreprises canadiennes sur les marchés émergents. Comme nous l’avons fait remarquer dans l’introduction, les PME ont un rôle essentiel à jouer dans l’amélioration de la performance commerciale du Canada, et ce, pour quelques raisons. D’abord, ce sont elles qui ont le mieux réussi à accroître leurs exportations vers les marchés émergents. Ensuite, comme la grande majorité d’entre elles n’exportent pas actuellement, même une petite augmentation de leurs activités internationales peut avoir une incidence économique considérable. Enfin, elles sont bien placées pour tirer parti des CVM. Il se dégage de tous ces travaux de recherche un consensus qui rallie un nombre croissant d’experts et de responsables des politiques : le Canada, et plus particulièrement les entreprises canadiennes, doit réduire sa dépendance à l’égard du marché américain et tourner son attention vers les autres parties du globe où se concentrera de plus en plus la croissance économique. Cette orientation est essentielle si l’on veut stimuler les exportations, améliorer la performance commerciale du Canada et assurer la prospérité du pays. En outre, il ne faut pas se limiter simplement aux exportations pour mesurer la performance commerciale du Canada. L’investissement au pays et à l’étranger, les importations d’intrants et les ventes des sociétés affiliées à l’étranger jouent également un rôle critique dans le succès des entreprises canadiennes sur les marchés mondiaux. Enfin, les chiffres montrant que les PME ont relativement mieux réussi à profiter des occasions de croissance qu’offrent les marchés mondiaux, il est essentiel d’accroître le nombre de PME canadiennes sur ces marchés pour améliorer la performance économique du Canada. Les recherches récentes sur la performance commerciale du Canada ont, pour la plupart, abordé la question dans une perspective de politique économique. Le Canada ne pourra toutefois surmonter le défi de la concurrence mondiale que si les entreprises canadiennes, et tout particulièrement les PME, veulent et peuvent relever ce défi et saisir les occasions croissantes sur les marchés émergents. Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME 13
Par conséquent, dans la majeure partie du reste du présent document, nous approfondirons la question du point de vue des entreprises, en vue de déterminer comment la performance des entreprises canadiennes se compare à celles d’autres pays, quelles sont les mesures à prendre pour inciter plus de PME à participer au commerce international, quels sont les obstacles auxquels se heurtent ces entreprises lorsqu’elles veulent prendre de l’expansion sur la scène internationale et comment les accords commerciaux ainsi qu’une modification des politiques nationales peuvent favoriser le succès des entreprises canadiennes sur les marchés mondiaux. Analyse du lien entre le commerce extérieur et la productivité De nombreuses études font clairement ressortir l’existence d’un lien entre le commerce extérieur et la productivité : les entreprises qui exportent ont des niveaux de productivité plus élevés que celles qui n’exportent pas. De plus, les recherches montrent que les entreprises atteignent ces hauts niveaux de productivité avant d’entreprendre leurs activités d’exportation. Il semble donc que l’exportation n’entraîne pas une augmentation de la productivité, mais que les entreprises plus productives réussissent mieux en matière d’exportation. On ne peut se pencher sur la performance commerciale du Canada sans s’intéresser à la productivité, un sujet qui fait à lui seul l’objet de recherches et de discussions colossales. Selon les mesures traditionnelles, la productivité du Canada est relativement faible depuis plusieurs décennies, et le pays est dans le quartile inférieur des pays de l’OCDE en ce qui a trait à la croissance de la productivité du travail. La question qui se pose est alors la suivante : notre piètre performance sur le plan de la productivité freine-t-elle nos ambitions en matière de commerce extérieur? Divers gouvernements canadiens ont successivement réformé les politiques pour s’attaquer au problème que pose la faible productivité du pays, notamment en améliorant le système fiscal, en prenant des mesures pour renforcer la situation budgétaire du pays, en instaurant de généreuses incitations à la recherche et au développement, et en négociant des accords de libre-échange. Toutefois, ces initiatives n’ont donné que peu de résultats. De toute évidence, le Canada doit améliorer sa productivité et sa performance en matière de commerce international. Mais par où commencer? 14 Dossier d’information
Analyse comparative des PME canadiennes Comme nous l’avons souligné précédemment, il y a consensus sur le fait que la compétitivité du Canada à l’échelle mondiale s’est érodée au cours de la dernière décennie, principalement parce que les entreprises canadiennes se sont contentées de vendre leurs produits au Canada ou aux États-Unis. Une analyse plus poussée montre que cette érosion a été causée par les quatre facteurs suivants : la vigueur du dollar canadien, la faible croissance de la productivité, le type de produits que vendent les entreprises canadiennes et – facteur primordial – le fait que les exportations canadiennes sont ancrées à des marchés à faible croissance comme celui des États-Unis. Si elles veulent réussir, les entreprises canadiennes devront donc rehausser leur compétitivité pour contrer la vigueur du dollar canadien, accélérer le rythme auquel croît leur productivité, innover et mieux exploiter les possibilités qu’offre la croissance de la demande sur les marchés émergents. À première vue, comme nous l’avons déjà fait observer, la baisse de la part du marché de l’exportation que détient le Canada semble indiquer une piètre performance commerciale, mais on constate que cette performance est un peu plus encourageante lorsqu’on tient compte des composantes du commerce d’intégration autres que le volume des exportations. Ainsi, bien que leur part du marché de l’exportation ait diminué, les entreprises canadiennes ont été en mesure d’accroître leurs investissements directs à l’étranger, d’attirer plus d’investissements directs vers le Canada et d’accroître les ventes de leurs sociétés affiliées à l’étranger. En fait, malgré tout ce qui se dit au sujet des déboires du Canada en matière d’exportation et des défis à relever en matière de productivité, il semble que les exportateurs canadiens aient utilisé leurs capitaux efficacement en profitant de la vigueur du dollar canadien pour investir outre-mer. Cela dit, cette observation vaut-elle pour toutes les entreprises canadiennes ou y a-t-il une différence entre les petites entreprises et les grandes? De plus, les difficultés décrites dans les paragraphes qui précèdent touchent-elles exclusivement les entreprises canadiennes ou sont-elles similaires à celles que doivent affronter les entreprises des autres pays industrialisés? Comparaison des PME et des grandes entreprises du Canada Ces 10 dernières années, pendant que le Canada voyait régresser ses exportations et sa part du marché mondial de l’exportation, les PME canadiennes, elles, ont accru le total de leurs exportations. Les petites entreprises (comptant moins de 100 employés) ont augmenté leurs exportations de 19,6 % au cours de cette période, et les entreprises de taille moyenne (comptant de 100 à 499 employés), de 15,1 %. Au cours de cette même période, toutefois, les grandes entreprises (de 500 employés et plus) ont vu leurs exportations reculer de 18,3 % (Industrie Canada, 2011b, tableaux 1.2a et 1.2b). Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME 15
Il convient également de souligner que, selon les statistiques les plus récentes, 41 710 petites entreprises participent au commerce international, ce qui représente 87,5 % de l’ensemble des exportateurs canadiens. En fait, une part considérable, soit 44,8 %, de la valeur des exportations canadiennes est attribuable à ces petites entreprises (voir les tableaux 2 et 3). Tableau 1 Nombre d’établissements exportateurs, selon le nombre d’employés et la taille de l’exportateur (2009) Moins de 50 50 à 99 100 à 199 200 et plus Total Nombre Moins de 999 999 $ 30 426 3 032 1 591 1 199 36 248 1 000 000 $ à 24 999 999 $ 5 728 1 902 1 309 974 9 913 25 000 000 $ et plus 431 191 251 603 1 476 Total 36 585 5 125 3 151 2 776 47 637 Source : Statistique Canada, Profil des exportateurs canadiens, 1996 à 2009 Tableau 2 Valeur des Value of domestic exportations exports nationales by employee selon class and le nombre exporter size (2009)xviii d’employés et la taille de l’exportateur (2009) Fewer 50 to 99 100 to 199 200 and Total Moins de 50 than 50 50 à 99 100 à 199 200 et over plus Total Millions Number deof dollars employees Moins de 999 999 $ 5 172 694 342 247 6 455 1 000 000 $ à 24 999 999 $ 24 021 10 869 9 721 8 566 53 177 25 000 000 $ et plus 70 954 35 695 26 084 136 754 269 487 Total 100 147 47 258 36 147 145 567 329 119 Source : Statistique Canada, Profil des exportateurs canadiens, 1996 à 2009 16 Dossier d’information
Tableau 3 Pourcentage de la valeur totale des exportations nationales selon le nombre d’employés et la taille de l’exportateur (2009) Moins de 50 50 à 99 100 à 199 200 et plus Total Pourcentage du total Moins de 999 999 $ 1,6 % 0,2 % 0,1 % 0,1 % 2,0 % 1 000 000 $ à 24 999 999 $ 7,3 % 3,3 % 3,0 % 2,6 % 16,2 % 25 000 000 $ et plus 21,6 % 10,8 % 7,9 % 41,6 % 81,9 % Total 30,4 % 14,4 % 11,0 % 44,2 % 100,0 % Source : Statistique Canada, Profil des exportateurs canadiens, 1996 à 2009. Calculs effectués par l’auteur. Enfin, un examen des exportations des PME par secteur (tableau 4) nous permet de constater que, sauf dans le secteur de la fabrication, les PME constituent la majeure partie des exportateurs. Comme ce sont de plus en plus les secteurs des services et des ressources naturelles, plutôt que le secteur de la fabrication, qui font la force du Canada en matière de commerce extérieur, selon le Conference Board du Canada, ces statistiques laissent entrevoir de nouvelles possibilités pour les PME. On croit souvent que les sociétés qui produisent des marchandises telles que des ressources naturelles, des produits manufacturés ou des produits énergétiques peuvent exporter plus aisément que les sociétés qui exercent leurs activités dans le secteur des services ou celui de la construction, mais ces statistiques montrent que les PME des secteurs autres que la production de biens peuvent elles aussi exporter. Les services devenant plus spécialisés et distincts des produits auxquels bon nombre d’entre eux étaient intégrés par le passé, il est vraisemblable que la croissance de l’exportation de services se poursuivra. Cependant, il est difficile de suivre la performance des exportateurs de services, non seulement au Canada mais ailleurs, car les agences statistiques du monde entier ont du mal à trouver des données de qualité fiables pour mesurer le commerce international dans le secteur des services. Alors que les marchandises peuvent, de par leur nature, être mesurées de différentes façons, notamment sur une base douanière, il est plus difficile de faire le suivi statistique des services. Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME 17
Tableau 4 – Exportations par secteur Pourcentage des exportations par secteur Secteur Petites Moyennes Grandes entreprises entreprises entreprises (
affaire avec des entreprises qui se trouvent dans leur propre secteur géographique. Ainsi, les petits pays européens devraient normalement compter plus de PME exportatrices, puisque bon nombre de ces pays sont relativement petits et situés à proximité des larges bassins de clientèle des pays avoisinants. La taille du marché national est un autre facteur important. Les PME des pays où le marché national est vaste, par exemple les États-Unis, ont traditionnellement eu moins de raisons les amenant à exporter puisqu’elles ont plus d’occasions d’accroître leur part de marché dans leur propre pays. Ces facteurs devraient toutefois perdre de leur importance avec le temps, compte tenu de l’expansion des CVM et de la spécialisation de la production. Table 5 – Exportations par secteur et par taille d'entreprise 0% 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 % Estonie Italie Autriche Portugal Danemark Israël France République slovaque Canada République tchèque Suède Finlande Hongrie États-Unis Norvège Petites entreprises Moyennes entreprises Grandes entreprises (moins de 50 empl.) (50 à 249 empl.) (250 empl. et plus) Source : Organisation de coopération et de développement économiques, Exportations par taille d’entreprise L’OCDE a récemment effectué un examen de la participation de ses pays membres aux CVM et a publié un rapport comparant le Canada aux autres membres de l’OCDE (OCDE, 2013b). Ce rapport présente une image plus globale de la performance du Canada par rapport à celle des autres pays et souligne que « [l]’intégration des pays dans l’économie mondiale est aujourd’hui étroitement liée à leur participation aux CVM. ». Ce rapport confirme que le Canada est le neuvième exportateur du monde en termes absolus, c’est-à-dire qu’il détient la neuvième part en importance du marché mondial de l’exportation. Ce qui est plus important, toutefois, c’est que ce rapport classe la participation du Canada aux Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME 19
CVM en fonction du pourcentage de ses exportations qui sont liées à des CVM, soit en raison de liens en amont (intrants étrangers et valeur ajoutée étrangère inclus dans les exportations canadiennes) ou de liens en aval (intrants canadiens et valeur ajoutée canadienne contenus dans les exportations d’autres pays). Selon ces mesures, le Canada se classe au 37e rang parmi 40 pays au chapitre de la participation aux CVM. On constate que deux secteurs canadiens se distinguent par leur niveau élevé de participation aux CVM, soit le secteur des industries extractives et le secteur du matériel de transport. Le secteur des industries extractives affiche un niveau de participation élevé du fait qu’une importante partie de la production minière du Canada est traitée et réexportée par des entreprises d’autres pays, alors que le secteur du matériel de transport se distingue parce qu’une importante partie de la production canadienne utilise des matières importées d’autres pays3. 3 Le secteur de l’automobile est un bon exemple, puisqu’il est intégré dans les chaînes de valeur d’Amérique du Nord et que la plupart de ses intrants proviennent d’autres pays. 20 Dossier d’information
Obstacles auxquels se heurtent les PME canadiennes Maintenant que nous avons examiné la performance relative des PME canadiennes et établi qu’une plus grande internationalisation des activités de ces entreprises est essentielle à l’avenir économique du Canada, nous nous attarderons aux obstacles auxquels se heurtent les PME qui veulent pénétrer des marchés étrangers et participer à des chaînes de valeur mondiales. Les économistes et les analystes des politiques font certes fortement valoir la nécessité, pour les entreprises canadiennes, de se tourner vers les marchés émergents mais, au final, il revient aux entreprises même – des PME, pour la plupart – de retrousser leurs manches et de relever le défi de la concurrence mondiale. Si ce n’est que pour cette raison, les gouvernements doivent prendre en compte, dans leurs politiques, les obstacles, les difficultés et les enjeux auxquels doivent faire face les entreprises. Quelques enquêtes récentes réalisées auprès d’entreprises canadiennes nous permettent de constater les obstacles qui, à leur avis, limitent leur croissance, tant de manière générale que sur les marchés étrangers. Dans son rapport Les petites entreprises exportatrices canadiennes publié en 2011, Industrie Canada présente des données tirées d’une enquête qu’a effectuée Statistique Canada, en 2007, auprès d’environ 25 000 entreprises. Selon ce rapport, les cinq principaux obstacles à la croissance des PME canadiennes sont, dans l’ordre, la hausse des coûts d’exploitation de l’entreprise, l’embauche d’une main-d’œuvre qualifiée, une concurrence accrue, l’instabilité de la demande des consommateurs et les primes d’assurance (voir le tableau 6). Le programme de commerce mondial du Canada : des occasions à saisir pour les PME 21
Tableau 6 – Obstacles à la croissance des entreprises Obstacles perçus à la croissance des entreprises (pourcentage d’entreprises) PME PME non exportatrices exportatrices Embauche d’une main-d’œuvre qualifiée 50 % 40 % Instabilité de la demande des consommateurs 40 % 32 % Obstacles externes Réglementation gouvernementale 28 % 28 % Réglementation ou conformité environnementale 9% 12 % Concurrence accrue 47 % 39 % Obtention de financement 21 % 17 % Capacité de gestion 13 % 11 % Obstacles internes Hausse des coûts d’exploitation de l’entreprise 56 % 56 % Primes d’assurance 40 % 34 % Source : Industrie Canada, Les petites entreprises exportatrices canadiennes – Édition spéciale : Principales statistiques relatives aux petites entreprises, 2011 Le Conference Board du Canada, pour sa part, a publié en 2008 un résumé de divers sondages menés auprès de PME par des tiers, notamment la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) et UPS Canada, ainsi qu’une analyse réfléchie de leurs résultats (Macmillan, 2008). Il ressort de cette analyse que les défis les plus critiques que doivent relever les PME canadiennes sur les marchés internationaux sont les suivants : 1. cerner les débouchés sur les marchés; 2. choisir des partenaires étrangers fiables; 3. gérer les relations avec les divers acteurs de la chaîne d’approvisionnement et satisfaire aux exigences en matière de contrôle qualité et de systèmes; 4. obtenir du financement; 5. se conformer aux exigences en matière de sécurité et d’authentification; 6. protéger les biens intellectuels et l’information de l’entreprise; 7. surmonter les obstacles commerciaux et réglementaires. Plus récemment, les Manufacturiers et Exportateurs du Canada ont publié les résultats de leur Enquête sur les enjeux de gestion4. L’une des questions de l’enquête portait sur les plus importantes difficultés externes qui s’opposent à la croissance des ventes de l’entreprise sur les marchés étrangers. Si l’on fait exception de la difficulté le plus souvent mentionnée, soit la concurrence étrangère, les gouvernements peuvent aider les entreprises à surmonter toutes les 22 Dossier d’information
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