Portrait énergétique préliminaire de l'Abitibi-Témiscamingue Portrait énergétique prélimi-naire de l'Abitibi-Témis-camingue - creat

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Portrait énergétique préliminaire de
              l’Abitibi-Témiscamingue
Portrait énergétique prélimi-
naire de
              l’Abitibi-Témis-
camingue
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Portrait énergétique préliminaire de
l’Abitibi-Témiscamingue

Patrick Déry1, Simon Laquerre2
et Patrick Charron3

1
 Groupe de recherches écologiques
de La Baie
2
 Conseil régional de l’environnement
de l’Abitibi-Témiscamingue
3
 Conférence régionale des élus de
l’Abitibi-Témiscamingue

ISBN 978-2-923810-02-7 (pdf)
ISBN 978-2-923810-03-4
(version imprimée)
Dépôt légal - Bibliothèque et Archives
nationales du Québec, 2011
Dépôt légal - Bibliothèque et Archives
Canada, 2011

Conseil régional de l’environnement
de l’Abitibi-Témiscamingue
26, rue Mgr Rhéaume Est
bureau 101
Rouyn-Noranda (Québec) J9X 3J5

Téléphone : 819 762-5770
Télécopieur : 819 762-5760
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Ce document peut être téléchargé à
l’adresse suivante : www.creat08.ca

© Conseil régional de l’environnement
de l’Abitibi-Témiscamingue, 2011

Conception graphique :
La Petite fleur, publicité et design

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Avant-propos
Cette étude s’inscrit dans le cadre des Rendez-vous de l’énergie, rendus
possibles grâce à la contribution financière principale du ministère du
Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, du Fonds vert, du
Centre québécois d’actions sur les changements climatiques et d’un collectif
d’organisations de divers secteurs.
Cette étude a également été réalisée grâce au soutien financier de la
Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue.
Nous tenons à remercier Jasmin Raymond, Jean Boivin et André L’Allier de leur
collaboration. Leurs commentaires ont permis de bonifier le présent document.

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Table des matières
   Liste des tableaux                                                          5
   Liste des figures                                                           7
   Résumé		                                                                    8
1. Introduction                                                                9
2. Mise en contexte                                                           10
3. Le potentiel énergétique de l’Abitibi-Témiscamingue                        11
       3.1. L’énergie de l’eau                                                11
            3.1.1. Hydroélectricité                                           13
            3.1.2. Hydrolienne                                                15
       3.2. L’énergie du vent                                                 16
            3.2.1. Éolienne                                                   16
       3.3. L’énergie de la biomasse                                          21
            3.3.1. Forestière                                                 24
            3.3.2. Agricole                                                   32
            3.3.3. Secteur municipal                                          35
            3.3.4. Secteur industriel                                         35
       3.4. L’énergie solaire                                                 37
            3.4.1. Photovoltaïque                                             37
            3.4.2. Solaire thermique                                          41
       3.5. Le sol et ses ressources énergétiques                             44
            3.5.1. Géothermie                                                 44
            3.5.2. Minière (uranium, thorium, hydrocarbures…)                 52
       3.6. Efficacité énergétique comme « ressource » productive             56
            3.6.1. Portrait de la production (incluant les infrastructures)   57
            3.6.2. Portrait du potentiel                                      58
            3.6.3. Tendances régionales                                       69
            3.6.4. Contraintes et opportunités                                69
            3.6.5. Perspectives et contraintes de développement               71
4. Vecteurs énergétiques et analyse des besoins                               73
       4.1. Électricité                                                       74
            4.1.1. Portrait de la demande                                     74
            4.1.2. Infrastructures de transport et distribution               74
            4.1.3. Perspectives et contraintes de développement               77
       4.2. Carburants et combustibles liquides                               77
            4.2.1. Portrait de la demande                                     77
            4.2.2. Infrastructures de transport et distribution               77
            4.2.3. Tendances régionales                                       78
            4.2.4. Perspectives et contraintes de développement               78
       4.3. Carburants et combustibles gazeux                                 79
            4.3.1. Portrait de la demande                                     79
            4.3.2. Infrastructures de transport et distribution               80
            4.3.3. Tendances régionales                                       81
            4.3.4. Perspectives et contraintes de développement               81
       4.4. Carburants et combustibles solides                                82
            4.4.1. Portrait de la demande                                     82
            4.4.2. Infrastructures de transport et distribution               82
            4.4.3. Tendances régionales                                       82
            4.4.4. Perspectives et contraintes de développement               82
5. Enjeux et stratégies de développement                                      83
6. Conclusion                                                                 88

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Liste des tableaux
Tableau 1 : Centrales hydroélectriques appartenant à Hydro-Québec                13
Tableau 2 : Centrales hydroélectriques privées                                   13
Tableau 3 : Classes de l’Institut Battelle                                       18
Tableau 4 : Potentiel éolien de l’Abitibi-Témiscamingue                          18
Tableau 5 : Capacité d’intégration du réseau d’Hydro-Québec dans la région
            de l’Abitibi-Témiscamingue au regard de l’ajout de parcs éoliens     19
Tableau 6 : Centrales de cogénération à la biomasse en Abitibi-Témiscamingue 26
Tableau 7 : Estimés de la disponibilité de biomasse forestière par région
            administrative du Québec 2007-2008 – Forêts publiques et privées 28
Tableau 8 : Quantité de biomasse résiduelle disponible en
            Abitibi-Témiscamingue                                                29
Tableau 9 : Potentiel énergétique de la possibilité forestière de
            l’Abitibi-Témiscamingue                                              30
Tableau 10 : Superficies en friche en Abitibi-Témiscamingue                      32
Tableau 11 : Évaluation du potentiel énergétique des friches en
             Abitibi-Témiscamingue                                               33
Tableau 12 : Caractéristiques des boues                                          36
Tableau 13 : Caractéristiques de la liqueur noire                                36
Tableau 14 : Classement PV des municipalités en fonction du potentiel PV annuel
             (panneau PV orienté vers le sud avec inclinaison=latitude)       39
Tableau 15 : Coefficient de performance de la saison de chauffage (CPSC)
             pour la région                                                      45
Tableau 16 : Potentiel unitaire d’économies d’énergie par l’utilisation de
             l’énergie géothermique                                              48
Tableau 17 : Consommation énergétique par unité de surface -
             secteurs commercial et institutionnel                               49
Tableau 18 : Estimation du potentiel de la géothermie dans la région             49
Tableau 19 : Aides financières (sous conditions) proposées pour l’installation
             d’un système géothermique et l’amélioration des performances
             de l’habitat                                                        50
Tableau 20 : Pouvoir calorifique comparé du charbon, de la tourbe et du bois     55
Tableau 21 : Nombre de bâtiments résidentiels pour l’Abitibi-Témiscamingue
             en 2009                                                             59
Tableau 22 : Potentiel de consommation d’énergie évitée grâce à la rénovation
             des logements en Abitibi-Témiscamingue                           59
Tableau 23 : Liste des bâtiments institutionnels et commerciaux en
             Abitibi-Témiscamingue en 2009                                       60
Tableau 24 : Consommation énergétique des bâtiments commerciaux et
             institutionnels au Québec                                           61
Tableau 25 : Estimation de la consommation totale évitée grâce à la rénovation
             des bâtiments institutionnels et commerciaux                      61

                                                                                 5
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Tableau 26 : Potentiel de consommation évitée selon le système employé
             en industrie                                                        62
Tableau 27 : Données principales du projet d’efficacité énergétique, Usine Belgo,
             Abitibi-Bowater                                                      62
Tableau 28 : Principales données du projet de réduction des pertes d’air comprimé
             (Source : AEE)                                                     63
Tableau 29 : Nombre de véhicules par type et par utilisation en
             Abitibi-Témiscamingue en 2009                                       64
Tableau 30 : Potentiel d’économies de carburant généré par la formation des
             conducteurs au comportement de conduite écoénergétique              65
Tableau 31 : Comparaison entre les modes de transport des marchandises           68
Tableau 32 : Ventes d’électricité par Hydro-Québec en Abitibi-Témiscamingue
             entre 2007 et 2009                                                  74
Tableau 33 : Longueur des lignes de distribution d’électricité en
             Abitibi-Témiscamingue                                               76
Tableau 34 : 	Tonnage des carburants et combustibles liquides selon le moyen
              de transport en Abitibi-Témiscamingue (2001)                       78
Tableau 35 : Nombre de clients en Abitibi-Témiscamingue pour le gaz naturel      79
Tableau 36 : Volume de consommation (Bcf) en Abitibi-Témiscamingue               80

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Liste des figures
Figure 1 :   Schéma simplifié résumant les possibilités de conversion
             de la biomasse en biocarburants liquides (Source : Mabee, 2006) 22
Figure 2 :   Usages finaux des cultures énergétiques selon les matières
             premières                                                          32
Figure 3 :   Évolution des coûts du photovoltaïque au Canada                    37
Figure 4 :   Coefficient de performance de la saison de chauffage (CPSC)
             sur le territoire canadien et pour les systèmes ouverts
             (Source : Office de l’efficacité énergétique du Canada)            46
Figure 5 :   Coefficient de performance de la saison de chauffage (CPSC)
             sur le territoire canadien et pour les systèmes fermés
             (Source : Office de l’efficacité énergétique du Canada)            46
Figure 6 :   Répartition des modes de chauffage au Québec entre 1980
             et 2006                                                            47
Figure 7 :   Estimation de la production future d’uranium                       52
Figure 8 :   Comparaison de la variation de la valeur du Dow Jones Industriel
             et de celle du pétrole brut                                        54
Figure 9 :   Évolution de la population de l’Abitibi-Témiscamingue
             et du nombre de véhicules présents                                 64
Figure 10 : Évolution du nombre de véhicules (par type) en                      65
            Abitibi-Témiscamingue
Figure 11 : Taux de consommation des véhicules légers selon                     66
            la distance parcourue
Figure 12 : Potentiel d’efficacité énergétique des véhicules légers en
            Abitibi-Témiscamingue                                               67
Figure 13 : Taux de consommation de diesel des camions lourds selon
            leur configuration, en 2005 et 2007                                 68
Figure 14 : Taux de consommation de diesel des véhicules lourds selon
            la distance parcourue                                               69
Figure 15 : Les programmes d’efficacité énergétique d’Hydro-Québec              70
Figure 16 : Prévision de la demande en électricité selon Hydro-Québec           73
Figure 17 : Le réseau électrique d’Hydro-Québec                                 75
Figure 18 : Réseau de transport d’électricité en Abitibi-Témiscamingue          76
Figure 19 : Réseau de transport et de distribution de gaz naturel en
            Abitibi-Témiscamingue                                               80
Figure 20 : Bilan énergétique du Québec en 2008                                 86
Figure 21 : Bilan énergétique du Québec en 2030 selon un scénario
            d’indépendance au pétrole                                           87

                                                                                7
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Résumé
    Comme l’ensemble des Québécois, les habitants de l’Abitibi-Témiscamingue
    consomment beaucoup d’énergie. Une part très importante de cette énergie
    provient de ressources non renouvelables d’origine étrangère (pétrole, gaz
    naturel) et occasionne ainsi une grande dépendance à ces ressources qui ont
    des impacts considérables sur la société, l’économie et l’environnement. La
    réduction de cette dépendance pourrait générer de grands bénéfices pour la
    région surtout en mettant en valeur les ressources renouvelables locales et
    l’efficacité énergétique. Par ailleurs, le potentiel de la région en hydrocarbures
    est négligeable de même pour celui de l‘uranium dont les concentrations en
    minerai sont relativement faibles. L’Abitibi-Témiscamingue n’est pas autosuffi-
    sante en production d’électricité. Le potentiel hydroélectrique résiduel est faible
    et le potentiel éolien est peu important et de faible qualité. Toutefois, il serait
    possible de réaliser des économies d’énergie importantes dans tous les secteurs
    (transport, résidentiel, commercial, institutionnel et industriel) pour des inves-
    tissements souvent peu élevés et certaines modifications comportementales.
    Ces mesures contribueraient certainement à améliorer la balance commer-
    ciale de la région. L’Abitibi-Témiscamingue comporte des potentiels énergé-
    tiques importants surtout en ce qui concerne la production de chaleur. Le plus
    important potentiel est celui de la biomasse forestière, sous toutes ses formes,
    suivi par le potentiel des cultures énergétiques sur les terres en friche ou aban-
    données dont les superficies dans la région sont relativement importantes. Le
    potentiel géothermique de la région est aussi très intéressant, particulièrement
    celui provenant des mines désaffectées. L’énergie solaire photovoltaïque est
    également un potentiel très important en région mais, sur le plan technico-
    économique, ces technologies demeurent encore non compétitives, sauf dans
    le cas d’alimentation électrique en milieu éloigné (résidences, chalets, camps
    de chasse, etc.). Le solaire thermique pourrait aussi être intéressant économi-
    quement pour le chauffage de l’eau sanitaire, pour le préchauffage de l’air de
    certains bâtiments (garages municipaux, poulaillers, etc.) ou pour le chauffage
    passif des résidences (orientation des maisons et des rues et fenêtres au sud
    par exemple).

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Portrait énergétique préliminaire de l'Abitibi-Témiscamingue Portrait énergétique prélimi-naire de l'Abitibi-Témis-camingue - creat
1. Introduction
La présente étude s’inscrit dans le cadre des Rendez-vous de l’énergie, une
initiative du Regroupement national des conseils régionaux de l’environ-
nement du Québec (RNCREQ) en collaboration avec l’Institut du Nouveau
Monde (INM). Les Rendez-vous de l’énergie sont une démarche non parti-
sane, ouverte et inclusive. Ils visent à rassembler de nombreux acteurs clefs
de la société québécoise afin d’assurer la mobilisation et la consultation de la
population au sujet de notre profil énergétique et surtout de notre dépendance
envers le pétrole.

Le pétrole est essentiel à la vie de tous les jours. Il contribue à nous nourrir et
à nous transporter, et il nous permet de voyager et de vivre confortablement.
Sachant que le pétrole nous coûte toujours plus cher et que ses impacts sur la
santé, l’économie, l’environnement et la société en général se font de plus en
plus ressentir, il est justifiable de se poser la question : Pourrions-nous nous en
passer et quels bénéfices pourrions-nous en tirer?

L’objectif principal de cet ouvrage est de servir d’outil de référence et d’orienter
la réflexion des citoyens et des décideurs de l’Abitibi-Témiscamingue appelés à
formuler des pistes de solution à la question centrale soulevée par les Rendez-
vous de l’énergie : Comment l’Abitibi-Témiscamingue peut-elle contribuer à ce
que le Québec diminue sa consommation de pétrole et accroît son indépen-
dance énergétique tout en favorisant le développement économique et social
harmonieux de son territoire? Trouver des réponses à cette question néces-
site une profonde réflexion sur nos modes de consommation et de production
d’énergie. La transition vers une diminution de la consommation des produits
pétroliers et vers la substitution des énergies fossiles par des énergies renou-
velables doit se faire en s’appuyant sur une vision et un plan énergétique qui
fait consensus.

Pour être en mesure de suggérer des actions à prendre, il faut d’abord bien
connaître la situation actuelle de la consommation d’énergie ainsi que les
potentiels d’économie et de production en énergie. Ce portrait énergétique
préliminaire de l’Abitibi-Témiscamingue servira donc de base de référence
pour identifier les problématiques et les enjeux prioritaires pour l’Abitibi-
Témiscamingue.

                                                                                       9
Portrait énergétique préliminaire de l'Abitibi-Témiscamingue Portrait énergétique prélimi-naire de l'Abitibi-Témis-camingue - creat
2. Mise en contexte
     Alors qu’autrefois, au Québec, les muscles humains ou animaux constituaient
     la principale force de travail, aujourd’hui l’énergie « humaine » ne représente
     plus grand‑chose dans le bilan énergétique de nos sociétés modernes. Un
     Québécois consomme annuellement environ 900 kWh d’énergie endosoma-
     tique1, alors qu’il consomme annuellement environ 64 000 kWh d’énergie
     exosomatique2, toutes filières énergétiques confondues.
     Aujourd’hui, à l’aube d’un nouveau millénaire, nous sommes à un tournant
     critique de notre développement économique et énergétique, l’énergie est
     de plus en plus coûteuse, particulièrement celle que l’on importe comme le
     pétrole, et coûte de plus en plus cher à produire. De nouvelles technologies de
     production d’énergie apparaissent, mais en même temps les sources conven-
     tionnelles que sont les sources d’énergie non renouvelables entament ou
     entameront d’ici au plus une ou deux décennies leur déclin inexorable. Notre
     société ayant crû grâce à l’utilisation de plus en plus importante de ces sources
     non renouvelables, les chocs les plus difficiles ne pourront être évités que si
     nous prenons le virage vers une société « solaire », une société plus économe
     qui utilise presque exclusivement des sources d’énergie renouvelables.
     De plus, l’utilisation inconsidérée des ressources non renouvelables a fait
     entrer une foule de produits inexistants auparavant, ou en quantités jamais
     vues, dans les cycles naturels déréglant les fragiles équilibres de la biosphère.
     Le réchauffement climatique en est d’ailleurs l’exemple emblématique.
     Dans un autre ordre d’idées, il faut savoir que le domaine énergétique est bien
     particulier, en ce sens qu’il y a un manque de cohésion important. Chaque
     filière ou technologie fonctionne relativement indépendamment les unes des
     autres et souvent même en compétition sur les mêmes marchés de consom-
     mation finale. Le domaine de l’énergie est en évolution rapide et il est difficile
     de suivre tout ce qui s’y passe. Ainsi, nous avons tenté de réaliser un portrait
     le plus fidèle possible de la réalité. Toutefois, ce portrait constitue une image
     statique de la réalité et devra être mis à jour constamment si l’on veut pouvoir
     continuer de répertorier ce qui se passe dans le domaine de l’énergie.

     1   dans les cellules
     2   hors des cellules

10
3. Le potentiel énergétique de
                 l’Abitibi-Témiscamingue
3.1. L’énergie de l’eau
L’énergie hydraulique est la seule énergie renouvelable utilisée actuellement à
grande échelle pour la production d’électricité. Le relief joue un rôle essentiel
dans l’exploitation de l’énergie hydraulique. En effet, il ne suffit pas de disposer
d’une certaine masse d’eau, encore faut-il qu’elle soit en mouvement (énergie
cinétique) ou qu’elle puisse être mise en mouvement en jouant sur une diffé-
rence de niveau (énergie potentielle). Lorsque la configuration du terrain s’y
prête, on peut envisager la construction d’installations qui permettront de
capter et d’utiliser cette force hydraulique pour la production d’énergie.
L’énergie hydraulique étant liée au cycle de l’eau, elle est soumise aux mêmes
variations régulières que celui-ci (saisons pour les cours d’eau ou marées pour
les mers et les océans). Ces fluctuations sont cependant moins rapides et
imprévisibles que pour les autres énergies renouvelables telles que le solaire
ou l’éolien. Des dispositions peuvent être prises dans certains cas pour réguler
la production d’électricité (stockage de l’eau avec ou sans pompage par
exemple).

La production d’énergie à partir de l’eau est très avantageuse pour plusieurs
raisons.
• C’est une ressource renouvelable et elle est disponible dans plusieurs milieux
  ruraux québécois.
• Son ratio d’énergie nette3 est habituellement très élevé (au moins 10 pour les
  petites centrales et jusqu’à plus de 100 pour les plus grosses centrales).
• Les émissions de gaz à effet de serre de la filière hydroélectrique sont parmi
  les plus basses de toutes les filières de production d’électricité et principalement
  reliées à la fabrication et l’installation des équipements et du gros œuvre.
• La production hydroélectrique est fiable et peut se faire pratiquement en
 continu (excepté les périodes de maintenance) avec un facteur d’utilisation4
 (FU) supérieur à 60 %, souvent plus.
• Les coûts d’installation, de maintenance et d’opération sont relativement
 faibles par rapport à la quantité d’électricité produite.
• Les équipements ont habituellement une très grande longévité (plus de
 50 ans) et ne sont pas soumis à des conditions climatiques variables et
 extrêmes contrairement aux éoliennes par exemple. Il est possible d’établir
 assez facilement des prévisions de la production et ces variations sont plutôt
 saisonnières que quotidiennes.
• Les installations nécessitent relativement peu de superficies de terrain dans
                                                                                                                      http://www.hydroquebec.com/production/

  le cas de centrales au fil de l’eau si on les compare aux autres possibilités
  d’aménagement.
                                                                                                                      centrale-hydroelectrique.html

3 Ce ratio est égal à l’énergie produite sur toute la durée de l’équipement de production divisé par l’énergie
investie dans ces mêmes équipements. Une valeur supérieure à 1 équivaut à une source d’énergie. À l’inverse,
un ratio inférieur indique que l’équipement en question consomme plus d’énergie qu’il en produit.
4 Le facteur d’utilisation (FU) représente la proportion (%) du temps où l’équipement de production peut
potentiellement fonctionner à son maximum. Par exemple, une éolienne de 2 MW ayant un FU de 30 % (ou
0,3) indique que celle-ci fonctionne en moyenne 2 628 heures par an à 2 MW.

                                                                                                                 11
La production hydroélectrique comporte toutefois des inconvénients impor-
     tants.
     • Les nouvelles installations ont des coûts de production plus élevés que le prix
       de l’électricité au Québec avec des coûts marginaux de l’ordre de 8 à
       12 ¢/kWh.
     • Il n’y a aucune possibilité actuellement pour l’implantation de petites
       centrales hydroélectriques, sauf dans le cadre d’appels d’offres spécifiques
       (et parfois d’ententes de gré à gré) dont la complexité administrative est
       importante pour les projets de faible puissance, surtout si l’on compte maxi-
       miser les retombées locales et régionales.
     • Hors appels d’offres, la seule possibilité consiste à ce que le producteur
       consomme lui-même l’électricité produite (autoconsommation).
     • La législation empêche la création de réseaux indépendants d’Hydro-
       Québec, même dans les milieux éloignés (Loi sur la Régie de l’énergie).
     • La disponibilité de la ressource hydraulique est distribuée de façon inégale
       au Québec.
     • Après l’installation, la création d’emplois locaux et permanents est très faible.
     • Possibilité de problématiques potentielles d’interconnexion au réseau
       d’Hydro-Québec, surtout pour les plus petits projets.
     • Les modifications dans les caractéristiques de cours d’eau inévitables,
       quoique plus limitées pour les centrales au fil de l’eau que pour les centrales
       à réservoir, peuvent entraîner des changements importants sur les habitats
       fauniques pouvant créer des pressions importantes sur la ressource, notam-
       ment la ressource halieutique.
     • De même, les superficies ennoyées peuvent être importantes, surtout dans
       le cas des centrales à réservoir, et entraîner une hausse des émissions de gaz
       à effet de serre (méthane) durant la période de décomposition des matières
       organiques submergées ainsi que de possibles émissions de mercure dans
       l’eau durant une certaine période.
                                                         http://www.hydroquebec.com/production/
                                                         centrale-hydroelectrique.html

12
3.1.1. Hydroélectricité

3.1.1.1. Portrait de la production (incluant les infrastructures)
La capacité de production hydroélectrique totale de la région est de 547,2 MW
en excluant la production de la centrale Otto Holden (Ontario Power Genera-
tion) de 242,8 MW sur la rivière des Outaouais près de Mattawa sur la frontière
séparant l’Ontario du Québec. La région détient donc environ 1,4 % de la
capacité hydroélectrique du Québec d’un total de 38 533 MW. C’est Hydro-
Québec qui possède plus de 99 % de cette capacité dans la région.

          Centrale
                                             Puissance                   Date de
       hydroélectrique
                                              installée                  mise en
        appartenant à
                                                (MW)                     service
       Hydro-Québec
        Rapide-des-Îles                         175,8                     1966
        Première-Chute                          130,5                     1968
      Rapides-des-Quinze                        102,6                     1923
            Rapide-7                             67,2                     1941
            Rapide-2                             67,2                     1954
             TOTAL                              543,3
Source : Hydro-Québec
Tableau 1 : Centrales hydroélectriques appartenant à Hydro-Québec

          Centrale                     Puissance installée              Année de
                                                                                            Propriétaire
    hydroélectrique privée                   (MW)                      construction
           Winneway                              2,09                     1938         Algonquin Power Fund
           La-Sarre-1                              1                      1928              Hydro-Abitibi
           La-Sarre-2                             0,8                     1938              Hydro-Abitibi
             TOTAL                               3,89
Source : Centre d’expertise hydrique du Québec et MRNF
Tableau 2 : Centrales hydroélectriques privées

3.1.1.2. Portrait du potentiel
Il est très difficile de connaître les potentiels hydroélectriques résiduels dans la
région. Une étude d’Hydro-Québec couvrant l’ensemble du territoire québé-
cois et ayant comme objectif d’estimer le potentiel hydroélectrique de chaque
région a été réalisée au début des années 1980. Il semble que cette étude ne
soit plus valide aujourd’hui pour diverses raisons5. Toutefois, les potentiels rési-
duels sont assez limités en région.

5   Discussion avec M. Mathieu Boucher d’Hydro-Québec, 17 juin 2010.

                                                                                       13
3.1.1.3. Tendances régionales                        tallation d’une minicentrale hydroélectrique dans la ville de Témiscaming. Ce
Quelques projets hydroélectriques sont               projet de 30 MW utiliserait le ruisseau Gordon, créé en 1911 pour l’alimen-
actuellement sur les planches à dessin.              tation en eau de la ville de Témiscaming, et nécessiterait probablement une
                                                     augmentation du débit du ruisseau par le détournement de la rivière Kipawa.
                                                     Évidemment, maintenant qu’Hydro-Québec a inclus Tabaret dans son porte-
Projet sur la rivière des Quinze à Angliers          feuille de projets, les autres projets de nature privée ou communautaire sont
D’abord, le projet hydroélectrique privé à           improbables ou devront être fortement réduits minant la rentabilité de ceux-ci.
Angliers de la Société d’hydro-électricité
Régionale Inc., de propriété ontarienne, a
reçu toutes les autorisations requises pour          3.1.1.4. Perspectives et contraintes de développement
aller de l’avant. Toutefois, les coûts de ce         Durant la prochaine décennie, Hydro-Québec réalisera le projet Tabaret. De
projet ont augmenté considérablement                 plus, il est probable que d’autres octrois de forces hydrauliques seront consentis
depuis son élaboration dans le milieu                et ceux-ci permettraient le développement du potentiel hydroélectrique rési-
des années 1990 et ceci se traduit par               duel6 de la région. Espérons cependant que ce développement se fera pour
une réduction de la rentabilité du projet.           et par les communautés en impliquant les entreprises de ces milieux et dans
Il semble que des négociations ont eu                l’objectif d’un réel enrichissement collectif.
lieu entre l’entreprise et Hydro-Québec              D’ailleurs, le développement de cette filière est soumis à des contraintes
pour faire augmenter le tarif consenti par           majeures reliées à l’acceptabilité sociale et environnementale. Or, l’approche
Hydro-Québec pour ce projet. Le projet               de privatisation des potentiels hydroélectriques qui a eu cours il y a quelques
semble être sur la glace pour l’instant.             années, a heurté les populations locales voyant leur potentiel de développe-
Ce projet est issu de l’APR-91 et devrait            ment s’envoler dans les mains de quelques promoteurs privés. Ces populations
avoir une puissance de 25 MW. L’opposi-              ont souvent brandi les impacts environnementaux pour freiner ces projets, mais
tion au projet vise principalement à faire           il faut se demander si cela n’était pas une façon détournée pour empêcher la
augmenter les retombées socioécono-                  perte de leur potentiel de développement. Il semble que l’appropriation de ces
miques locales et de s’assurer un débit              potentiels énergétiques par les communautés réduise les craintes sur le plan
minimal de la chute pour des questions               environnemental et permet la mise en valeur de ces projets, pourvu que ces
environnementales et touristiques.                   communautés puissent s’assurer qu’elles recevront leur juste part du gâteau.
                                                     L’argument environnemental a moins d’emprise pour bloquer les projets hydro-
Projets sur la rivière Kipawa et le ruisseau         électriques lorsqu’il y a implication des communautés locales comme on peut
Gordon                                               d’ailleurs le constater dans le projet de la Société d’énergie communautaire
Vers la fin des années 1990, Hydro-                  du Lac-Saint-Jean à Val-Jalbert où, selon un sondage7, 80 % de la population
Québec projetait la construction d’ins-              est d’accord si le projet est de propriété communautaire et seulement 31 % si
tallations hydroélectriques sur la rivière           l’actionnaire majoritaire est privé. Ce projet de 16 MW a d’ailleurs été accepté
Kipawa : le projet Tabaret. Ce projet fut            lors du dernier appel d’offres d’Hydro-Québec.
mis sur la glace pendant plusieurs années,           Bien entendu, quelques groupes fortement opposés au développement de l’hy-
mais aujourd’hui, dans sa planification              droélectricité continueront leur croisade contre tout développement futur de la
stratégique 2009‑2013, Hydro-Québec                  filière hydroélectrique en opposant des arguments principalement environne-
veut aller de l’avant avec celui-ci, car il a        mentaux. En effet, il est important que le développement de la filière hydroé-
été identifié pour s’inscrire dans le porte-         lectrique, tout comme les autres filières énergétiques, soit fait en respectant les
feuille du 4 500 MW de la stratégie éner-            principes de développement durable. Il est également important que l’adoption
gétique 2006‑2015. Les installations de              de cette approche ne soit pas qu’une réponse aux pressions des groupes envi-
Tabaret auront une puissance installée de            ronnementaux opposés au développement, mais qu’elle devienne une culture
132 MW et une production d’énergie de                de développement pour tous les acteurs socioéconomiques.
0,6 TWh, soit un facteur d’utilisation d’en-
viron 52 %. Ce projet devrait produire dans
la période post 2015.
                                                     6 La Société d’hydro-électricité Régionale Inc. a déjà manifesté de l’intérêt envers les rapides de l’Esturgeon
En parallèle, un groupe local, constitué             sur la portion de la rivière des Outaouais en amont du lac Simard (Source : http://www.bape.gouv.qc.ca/sec-
d’Algonquins et de certaines autorités               tions/mandats/angliers/documents/DQ7-1.pdf).
                                                     7 Hélène Gagnon, La population donne son aval au projet, Mini-centrale hydroélectrique à Val-Jalbert,
municipales, ont fait la promotion de l’ins-         L’étoile du Lac, 12 novembre 2009.

                                                14
3.1.2. Hydrolienne                                                                            3.1.2.4. Perspectives et contraintes de
                                                                                              développement
C’est dans un contexte de recherche de nouvelles sources d’énergie vertes au
niveau mondial qu’est apparue cette nouvelle méthode pour valoriser éner-                     Compte tenu des potentiels inexistants ou
gétiquement les mouvements de l’eau. Dans la grande région de Montréal,                       très faibles de cette filière dans la région,
RSW, une firme d’ingénierie, a installé, au cours de l’été 2010, deux turbines                nous pensons qu’il y a peu de perspectives,
hydroliennes de 250 kW chacune pour utiliser les forts courants provenant du                  excepté peut-être quelques projets dans
fleuve Saint-Laurent.                                                                         des zones éloignées du réseau électrique.
Hydro-Québec semble avoir un certain intérêt pour cette filière, car il est
mentionné dans la section Innovation de son plan stratégique 2009‑2013 que,
« […] Hydro-Québec développera un nouvel axe d’innovation dans le domaine
des énergies renouvelables d’origine hydraulique telles que les énergies hydro-
lienne et osmotique. Un projet pilote est actuellement à l’étude pour évaluer le
fonctionnement d’hydroliennes de rivière ainsi que leur intégration au réseau
d’Hydro-Québec. TM4, filiale d’Hydro-Québec, pourrait fournir les généra-
trices nécessaires à la réalisation d’un tel projet. Les hydroliennes sont visuelle-
ment discrètes puisqu’elles sont aménagées plusieurs mètres sous l’eau, dans
des rivières à fort débit. Leur installation est rapide et réversible et nécessite peu
d’ouvrages de génie civil.
Le Nord du Québec pourrait être propice à l’installation d’hydroliennes exploi-
tant la force des marées ou des courants. Hydro-Québec évaluera ainsi la
possibilité d’utiliser ce moyen de production d’électricité pour alimenter des
réseaux non reliés au réseau principal avec une énergie propre et renouvelable.
Sources d’investissement dans les communautés éloignées, de tels projets offri-
raient l’avantage d’exploiter une ressource disponible sur place pour satisfaire
les besoins locaux en électricité ».
Aussi, même si le potentiel est relativement limité par rapport à l’hydroélec-
tricité, l’acceptabilité sociale pourrait être facilitée étant donné qu’il n’y a
pas d’ouvrages de génie civil et que les turbines sont invisibles, celles-ci étant
immergées. Du point de vue environnemental, l’interrogation la plus impor-
tante concerne les modifications apportées aux fonds lacustres et marins,
notamment dans les zones de frayères.

3.1.2.1. Portrait de la production (incluant les infrastructures)
Actuellement, la technologie des hydroliennes étant à un stade de précommer-
cialisation dans bien des cas, il n’y a aucune production commerciale par cette
filière dans la région et au Québec.

3.1.2.2. Portrait du potentiel
Nous n’avons pas réussi à obtenir des informations sur le potentiel régional de
la filière hydrolienne.

3.1.2.3. Tendances régionales
                                                                                                                                          /info.hydrolien.com

À notre connaissance, aucun projet n’est envisagé dans cette filière dans la
région.

                                                                                         15
3.2. L’énergie du vent                                 3.2.1. Éolienne
L’énergie issue du vent est une forme indi-            Au Canada, il existe deux grandes catégories de dimension d’éolienne, soit le
recte d’énergie solaire. Les vents se créent           grand éolien, dont les machines ont des puissances supérieures à 300 kW et le
parce que le rayonnement solaire est                   petit éolien avec des machines de moins de 300 kW8.
absorbé de façon inégale à la surface de               Le grand éolien est la catégorie dont on entend le plus parler. Les grandes
la terre dont la texture est très variée, ce           éoliennes ont maintenant des puissances bien supérieures à 1 MW. Lorsqu’elles
qui engendre des différences de tempéra-               sont installées sur des sites terrestres, elles ont une puissance nominale d’en-
ture, de pression, de densité, provoquant              viron 2 à 3 MW. Les machines peuvent atteindre des puissances nominales de
les mouvements de l’air.                               plus de 6 MW9.
D’une manière générale, les capteurs                   Le petit éolien est principalement utilisé dans les chalets ou résidences indivi-
éoliens (ou éoliennes) modernes transfor-              duelles isolées, sur des fermes ou des petites entreprises dans des sites parti-
ment l’énergie cinétique du vent en énergie            culièrement venteux. Habituellement, s’il s’agit d’une occupation permanente,
de rotation par l’intermédiaire de pales               la production éolienne est associée à celle de panneaux photovoltaïques afin
fixées sur un moyeu. Une faible fraction               d’utiliser l’énergie en complémentarité (plus de solaire en été et plus de vent
du vent est alors ralentie, et c’est ce déficit        en hiver). La Canadian Wind Energy Association (CANWEA) travaille actuelle-
d’énergie cinétique qui est converti en                ment, avec la Small Wind Certification, à la création d’un standard national qui
énergie mécanique. Or, l’air doit conserver            permettrait de faire certifier les fabricants de turbines et d’équipements éoliens
une vitesse suffisante pour s’éloigner de la           du Canada. L’objectif est d’améliorer la crédibilité du secteur, de mettre en
machine afin d’éviter une accumulation                 place une filière de qualité afin qu’elle puisse se développer. Au cours de la
et la création de turbulences réduisant                prochaine année, la norme doit être édictée et les constructeurs pourront être
l’efficacité du système. C’est pourquoi                certifiés. À partir de ce moment, une coopération avec le gouvernement pour-
nous ne pouvons récupérer qu’une partie                rait permettre la mise en place de subventions à l’investissement pour favoriser
de l’énergie du vent. La limite théorique              l’achat de petites éoliennes qui répondent aux normes. En dessous d’un kW,
de la puissance récupérable est établie à              les éoliennes sont généralement vendues en tant que produits de consomma-
59,3 % : c’est la limite de Betz.                      tion couramment disponibles sur le marché dans les magasins de détail ou
                                                       à travers des concessionnaires en ligne, souvent avec d’autres systèmes de
Dans le passé, l’énergie produite grâce à              production d’énergie tels que les panneaux solaires photovoltaïques. Les coûts
ces systèmes était essentiellement méca-               sont de 4 000 à 10 000 $ par kW installé incluant les coûts d’installation et de
nique, employée pour le pompage de                     raccordement au réseau. Quelques industries de fabrication d’équipements,
l’eau ou pour moudre les céréales. Ce type             de composantes ou de turbines sont présentes au Québec dans le petit et le
de valorisation ne sera pas abordé dans la             grand éolien, surtout en Gaspésie.
suite de l’étude, car ces applications sont
devenues marginales. En revanche, au                   La production d’énergie à partir d’éoliennes a certains avantages. La ressource
cours des dernières décennies, des efforts             est renouvelable et disponible dans plusieurs milieux ruraux québécois. Le ratio
accrus ont été consacrés à l’application               d’énergie nette de la filière éolienne est supérieur à 15 pour les sites venteux.
de l’énergie éolienne pour la production               Les émissions de gaz à effet de serre sont principalement reliées à la fabrica-
d’électricité. C’est uniquement de cette               tion et à l’installation des équipements et peu à l’utilisation. Ces émissions de
approche que nous allons discuter par la               gaz à effet de serre sont de l’ordre de celles de la filière hydroélectrique. Il y a
suite.                                                 un développement rapide de la technologie notamment au plan de la fiabilité
                                                       et de la durabilité ainsi que sur le plan de la résistance mécanique en milieu
                                                       nordique. Les coûts de production sont à peu près équivalents aux coûts margi-
                                                       naux de l’électricité.

                                                       8   http://www.canwea.ca/wind-energy/index_f.php
                                                       9   Systèmes Solaires, N° 2-35 : Les deux géantes d’ENERCON

                                                  16
La production éolienne comporte aussi des inconvénients. C’est une produc-                                           3.2.1.1. Portrait de la production
tion intermittente et relativement imprévisible nécessitant du stockage (réser-                                      (incluant les infrastructures)
voir hydroélectrique, batteries, hydrogène, etc.). Les coûts de production sont                                      À ce jour, aucune installation de produc-
supérieurs au prix moyen de l’électricité au Québec. La ressource éolienne est                                       tion d’électricité par énergie éolienne n’est
distribuée de façon inégale au Québec. Tout comme pour l’hydroélectricité,                                           en fonctionnement dans la région12. La
la création d’emplois locaux durables est très faible. Les turbines sont souvent                                     puissance totale installée au Québec est
soumises à des conditions climatiques très variables et parfois extrêmes                                             de 655 MW en 2009.
diminuant du coup leur durabilité. Les impacts sur le paysage peuvent être
considérables, mais l’acceptabilité sociale, tout comme pour les projets hydro-                                      Dans le cas du petit éolien, les éoliennes
électriques, est parfois dépendante de la forme de propriété des équipements                                         sont surtout utilisées dans les chalets
de production. La production éolienne nécessite de vastes superficies de                                             individuels isolés avec des puissances
terrain par rapport aux centrales thermiques. L’interconnexion au réseau exis-                                       comprises entre 200 W et 1 kW. Il y aurait
tant d’Hydro-Québec peut être problématique.                                                                         au Québec entre 10 et 100 installations
                                                                                                                     en mesurage net, soit un échange d’élec-
C’est dans la péninsule gaspésienne que la production d’électricité à partir                                         tricité entre l’autoproducteur et le réseau,
d’éoliennes s’est implantée au Québec, avec la construction de quelques                                              sans toutefois dépasser la consommation
grandes éoliennes, dont Éole, la plus haute du monde à axe vertical (110 m)10,                                       de l’autoproducteur, donc sans achat des
construite en 1988. Ce n’est que 10 ans plus tard que les premiers parcs                                             surplus d’électricité potentiels. Pour la
éoliens seront construits dans la même région avec des ententes de gré à gré                                         région, il semble qu’un seul autoproduc-
avec Hydro-Québec.                                                                                                   teur soit installé en mesurage net. Il n’y
Le 5 mars 2003, le gouvernement du Québec adopta un règlement sur                                                    a pas de subventions spécifiques pour le
l’énergie éolienne. C’est ainsi que le 12 Juin 2003, Hydro-Québec Distribution                                       petit éolien.
lança un processus d’appel d’offres pour une puissance totale de 1 000 MW,
mais réservée au territoire de la région gaspésienne et de la MRC de Matane.
La mise en service des parcs doit se faire entre 2006 et 2012.
En novembre 2005, Hydro-Québec Distribution lançait un nouvel appel d’offres
sur impulsion du gouvernement, pour une puissance totale de 2 000 MW d’ici
2015, mais couvrant cette fois-ci l’ensemble des régions.
En avril 2009, un troisième appel d’offres (A/O 2009‑02) de 500 MW est
lancé. Il est divisé en 2 blocs : un 250 MW pour les projets communautaires
et un autre 250 MW pour les projets autochtones. Les projets sont limités
à 25 MW. Le dépôt des soumissions a eu lieu le 6 juillet 2010. En tout, 44
soumissions, provenant de 16 promoteurs et totalisant 1 051 MW ont été
reçues et sont réparties ainsi : 13 soumissions pour 319 MW pour le bloc
autochtone; 31 soumissions pour 732 MW pour le bloc communautaire. Au
cours des prochains mois, Hydro-Québec Distribution procédera à l’analyse de
la conformité des soumissions et par la suite à l’évaluation détaillée de celles-
ci. Les soumissions retenues devraient être annoncées vers la fin de l’année
2010. Une fois les contrats signés, ils devront être approuvés par la Régie de
l’énergie et les promoteurs retenus auront la responsabilité d’obtenir toutes les
autorisations et tous les permis requis pour la construction des parcs éoliens.
Les livraisons d’électricité doivent débuter entre le 1er décembre 2013 et le 1er
décembre 2015.»11

10 Le titre de plus haute éolienne au monde est contesté, car il existe maintenant des éoliennes expérimenta-        12 Il existe un prototype d’éolienne expérimentale à axe
les dépassant les 130 mètres.                                                                                        vertical à Rouyn-Noranda, mais qui est présentement
11 http://www.hydroquebec.com/4d_includes/surveiller/PcFR2010-115.htm                                                inactive.

                                                                                                                17
3.2.1.2 Portrait du potentiel
                                          La firme Hélimax énergie Inc. a réalisée un « Inventaire du potentiel éolien
                                          exploitable du Québec » en 2005 pour le compte du MRNF. L’étude classe le
                                          potentiel selon les classes de l’Institut Battelle (Tableau 3).

            Limite des  Limite des classes    Limite des        Limite des classes         Limite des    Limite des classes
Numéro de   classes de    de densité de       classes de          de densité de            classes de      de densité de
 la classe vents à 65 m puissance à 65 m     vents à 80 m       puissance à 80 m         vents à 100 m   puissance à 100 m
               (m/s)         (W/m2)              (m/s)               (W/m2)                   (m/s)            (W/m2)
    3        6,6 à 7,3       340 à 450          6,8 à 7,5            370 à 490             7,0 à 7,7         400 à 540
    4        7,3 à 7,8       450 à 550          7,5 à 8,1            490 à 610             7,7 à 8,3         540 à 670
    5        7,8 à 8,3       550 à 670          8,1 à 8,6            610 à 730             8,3 à 8,8         670 à 800
    6        8,3 à 9,1       670 à 900          8,6 à 9,4           730 à 1000             8,8 à 9,7        800 à 1100
    7        9,1 à 12,4     900 à 2200         9,4 à 12,8          1000 à 2400            9,7 à 13,2        1100 à 2700
                                          Tableau 3 : Classes de l’Institut Battelle

                                          Plus le numéro de classe est élevé, plus le potentiel est « rentable ». Pour la
                                          région, le tableau suivant donne le potentiel en puissance installée (MW) ainsi
                                          que la production d’électricité pouvant en découler (TWh/an) et ce, par classe
                                          de Battelle et hors des zones restrictives.

                                             Classe des vents          Potentiel éolien (MW)        Potentiel éolien (TWh)
                                                      3                          779,5                       2,3
                                                      4                           0,4                        0,0
                                                      5                           0,0                        0,0
                                                      6                           0,0                        0,0
                                                      7                           0,0                        0,0
                                                    Total                        779,9                       2,3
                                          Tableau 4 : Potentiel éolien de l’Abitibi-Témiscamingue

                                          Ainsi, le potentiel éolien de la région est l’un des plus faibles du Québec. Le
                                          potentiel total du Québec étant de près de 4 millions de MW. De plus, ce
                                          potentiel se situe dans la classe Battelle la plus basse minant ainsi la rentabilité
                                          financière.
                                          Outre le faible potentiel régional, le développement de l’éolien dans la région
                                          est aussi limité à la capacité du réseau à recevoir de l’électricité éolienne.
                                          En effet, une étude réalisée par RSW pour le MRNF en 2005, concluait
                                          que sans ajout d’infrastructures, la capacité d’intégration de la région de
                                          l’Abitibi-Témiscamingue est de 1 000 MW, partagée avec la région du Nord-
                                          du-Québec, ce qui est quand même supérieur au potentiel total de la région.

                                     18
Capacité
       Postes                                Lignes                                                          Commentaires
                                                                               d’intégration (MW)
 Abitibi (10-01)                                                                        ---       Poste source, hors de la région
 735/315 kV
                      Lignes 315 kV vers :
                          Lebel                          (08-01)                        1000
 Lebel (08-01)                                                                           900
 315/120 kV
                      Lignes 315 kV vers :
                          Figuery                        (08-02)                        1000
                          Lignes 120 kV vers :
                          Quévillon/Domtar               (08-03/04)                   2 X 200
                          Mine-Gonzague                  (08-05)                        50         Limite thermique
                          Val-d’Or/Saint-Blaise          (08-06/07)                     50         Limite thermique
 Figuery (08-02)                                                                         720       Capacité de transformation du poste
 315/120 kV
                      Lignes 120 kV vers :
                          Amos                      (08-08)                              50        Limite thermique
                          Amos/Abitibi Consol       (08-08/09)                           50        Limite thermique
                          Coigny/ Poirier/Matagami/                                      50        Limite thermique
                          Mines Selbaie             (10-16/17/18/19)
                          Val-d’Or/Louvicourt       (08-06/10)                           50        Limite thermique
                          Saint-Blaise/Senneterre (08-07/11)                             50        Limite thermique
                          Cadillac                  (08-12)                            2 X 50      Limite thermique
                          Palmarolle                (08-13)                              50        Limite thermique
                          Mines-Bouchard/Rouyn (08-14/15)                                50        Limite thermique
 Rouyn (08-15)
 120 kV
                      Lignes 120 kV vers :
                          Noranda                        (08-16)                         50        Limite thermique
                          Reneault/Palmarolle            (08-17/13)                      50        Limite thermique
                          Mines-Doyon/Cadillac           (08-18/12)                      50        Limite thermique
                          Mines-Laronde/Cadillac         (08-19/12)                      50        Limite thermique
                          Rapide-des-Îles                (08-20)                         10        Intégration de centrales
                          Première Chute                 (08-21)                         10        Intégration de centrales
                          Pandora/Rapide-2               (08-22/23)                      10        Intégration de centrales
Notes :   La capacité d’intégration sans ajout d’infrastructures de la région admi-­
          nistrative de l’Abitibi-Témiscamingue est de 1000 MW, partagée avec la région
          du Nord-du-Québec.
          La limite de la région due au réseau de transport à 735 kV est de 2000 MW.
          Les repères chiffrés correspondent aux indications identifiant les postes sur la
          carte de la région.

Tableau 5 : Capacité d’intégration du réseau d’Hydro-Québec dans la région de
l’Abitibi-Témiscamingue au regard de l’ajout de parcs éoliens13

13 Source : Hydro-Québec

                                                                                             19
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