Portrait énergétique préliminaire de l'Abitibi-Témiscamingue Portrait énergétique prélimi-naire de l'Abitibi-Témis-camingue - creat
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Portrait énergétique préliminaire de l’Abitibi-Témiscamingue Portrait énergétique prélimi- naire de l’Abitibi-Témis- camingue
Portrait énergétique préliminaire de l’Abitibi-Témiscamingue Patrick Déry1, Simon Laquerre2 et Patrick Charron3 1 Groupe de recherches écologiques de La Baie 2 Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue 3 Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue ISBN 978-2-923810-02-7 (pdf) ISBN 978-2-923810-03-4 (version imprimée) Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2011 Dépôt légal - Bibliothèque et Archives Canada, 2011 Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue 26, rue Mgr Rhéaume Est bureau 101 Rouyn-Noranda (Québec) J9X 3J5 Téléphone : 819 762-5770 Télécopieur : 819 762-5760 Courriel : info@creat08.ca Site Internet : www.creat08.ca Ce document peut être téléchargé à l’adresse suivante : www.creat08.ca © Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue, 2011 Conception graphique : La Petite fleur, publicité et design 2
Avant-propos Cette étude s’inscrit dans le cadre des Rendez-vous de l’énergie, rendus possibles grâce à la contribution financière principale du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, du Fonds vert, du Centre québécois d’actions sur les changements climatiques et d’un collectif d’organisations de divers secteurs. Cette étude a également été réalisée grâce au soutien financier de la Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue. Nous tenons à remercier Jasmin Raymond, Jean Boivin et André L’Allier de leur collaboration. Leurs commentaires ont permis de bonifier le présent document. 3
Table des matières Liste des tableaux 5 Liste des figures 7 Résumé 8 1. Introduction 9 2. Mise en contexte 10 3. Le potentiel énergétique de l’Abitibi-Témiscamingue 11 3.1. L’énergie de l’eau 11 3.1.1. Hydroélectricité 13 3.1.2. Hydrolienne 15 3.2. L’énergie du vent 16 3.2.1. Éolienne 16 3.3. L’énergie de la biomasse 21 3.3.1. Forestière 24 3.3.2. Agricole 32 3.3.3. Secteur municipal 35 3.3.4. Secteur industriel 35 3.4. L’énergie solaire 37 3.4.1. Photovoltaïque 37 3.4.2. Solaire thermique 41 3.5. Le sol et ses ressources énergétiques 44 3.5.1. Géothermie 44 3.5.2. Minière (uranium, thorium, hydrocarbures…) 52 3.6. Efficacité énergétique comme « ressource » productive 56 3.6.1. Portrait de la production (incluant les infrastructures) 57 3.6.2. Portrait du potentiel 58 3.6.3. Tendances régionales 69 3.6.4. Contraintes et opportunités 69 3.6.5. Perspectives et contraintes de développement 71 4. Vecteurs énergétiques et analyse des besoins 73 4.1. Électricité 74 4.1.1. Portrait de la demande 74 4.1.2. Infrastructures de transport et distribution 74 4.1.3. Perspectives et contraintes de développement 77 4.2. Carburants et combustibles liquides 77 4.2.1. Portrait de la demande 77 4.2.2. Infrastructures de transport et distribution 77 4.2.3. Tendances régionales 78 4.2.4. Perspectives et contraintes de développement 78 4.3. Carburants et combustibles gazeux 79 4.3.1. Portrait de la demande 79 4.3.2. Infrastructures de transport et distribution 80 4.3.3. Tendances régionales 81 4.3.4. Perspectives et contraintes de développement 81 4.4. Carburants et combustibles solides 82 4.4.1. Portrait de la demande 82 4.4.2. Infrastructures de transport et distribution 82 4.4.3. Tendances régionales 82 4.4.4. Perspectives et contraintes de développement 82 5. Enjeux et stratégies de développement 83 6. Conclusion 88 4
Liste des tableaux Tableau 1 : Centrales hydroélectriques appartenant à Hydro-Québec 13 Tableau 2 : Centrales hydroélectriques privées 13 Tableau 3 : Classes de l’Institut Battelle 18 Tableau 4 : Potentiel éolien de l’Abitibi-Témiscamingue 18 Tableau 5 : Capacité d’intégration du réseau d’Hydro-Québec dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue au regard de l’ajout de parcs éoliens 19 Tableau 6 : Centrales de cogénération à la biomasse en Abitibi-Témiscamingue 26 Tableau 7 : Estimés de la disponibilité de biomasse forestière par région administrative du Québec 2007-2008 – Forêts publiques et privées 28 Tableau 8 : Quantité de biomasse résiduelle disponible en Abitibi-Témiscamingue 29 Tableau 9 : Potentiel énergétique de la possibilité forestière de l’Abitibi-Témiscamingue 30 Tableau 10 : Superficies en friche en Abitibi-Témiscamingue 32 Tableau 11 : Évaluation du potentiel énergétique des friches en Abitibi-Témiscamingue 33 Tableau 12 : Caractéristiques des boues 36 Tableau 13 : Caractéristiques de la liqueur noire 36 Tableau 14 : Classement PV des municipalités en fonction du potentiel PV annuel (panneau PV orienté vers le sud avec inclinaison=latitude) 39 Tableau 15 : Coefficient de performance de la saison de chauffage (CPSC) pour la région 45 Tableau 16 : Potentiel unitaire d’économies d’énergie par l’utilisation de l’énergie géothermique 48 Tableau 17 : Consommation énergétique par unité de surface - secteurs commercial et institutionnel 49 Tableau 18 : Estimation du potentiel de la géothermie dans la région 49 Tableau 19 : Aides financières (sous conditions) proposées pour l’installation d’un système géothermique et l’amélioration des performances de l’habitat 50 Tableau 20 : Pouvoir calorifique comparé du charbon, de la tourbe et du bois 55 Tableau 21 : Nombre de bâtiments résidentiels pour l’Abitibi-Témiscamingue en 2009 59 Tableau 22 : Potentiel de consommation d’énergie évitée grâce à la rénovation des logements en Abitibi-Témiscamingue 59 Tableau 23 : Liste des bâtiments institutionnels et commerciaux en Abitibi-Témiscamingue en 2009 60 Tableau 24 : Consommation énergétique des bâtiments commerciaux et institutionnels au Québec 61 Tableau 25 : Estimation de la consommation totale évitée grâce à la rénovation des bâtiments institutionnels et commerciaux 61 5
Tableau 26 : Potentiel de consommation évitée selon le système employé en industrie 62 Tableau 27 : Données principales du projet d’efficacité énergétique, Usine Belgo, Abitibi-Bowater 62 Tableau 28 : Principales données du projet de réduction des pertes d’air comprimé (Source : AEE) 63 Tableau 29 : Nombre de véhicules par type et par utilisation en Abitibi-Témiscamingue en 2009 64 Tableau 30 : Potentiel d’économies de carburant généré par la formation des conducteurs au comportement de conduite écoénergétique 65 Tableau 31 : Comparaison entre les modes de transport des marchandises 68 Tableau 32 : Ventes d’électricité par Hydro-Québec en Abitibi-Témiscamingue entre 2007 et 2009 74 Tableau 33 : Longueur des lignes de distribution d’électricité en Abitibi-Témiscamingue 76 Tableau 34 : Tonnage des carburants et combustibles liquides selon le moyen de transport en Abitibi-Témiscamingue (2001) 78 Tableau 35 : Nombre de clients en Abitibi-Témiscamingue pour le gaz naturel 79 Tableau 36 : Volume de consommation (Bcf) en Abitibi-Témiscamingue 80 6
Liste des figures Figure 1 : Schéma simplifié résumant les possibilités de conversion de la biomasse en biocarburants liquides (Source : Mabee, 2006) 22 Figure 2 : Usages finaux des cultures énergétiques selon les matières premières 32 Figure 3 : Évolution des coûts du photovoltaïque au Canada 37 Figure 4 : Coefficient de performance de la saison de chauffage (CPSC) sur le territoire canadien et pour les systèmes ouverts (Source : Office de l’efficacité énergétique du Canada) 46 Figure 5 : Coefficient de performance de la saison de chauffage (CPSC) sur le territoire canadien et pour les systèmes fermés (Source : Office de l’efficacité énergétique du Canada) 46 Figure 6 : Répartition des modes de chauffage au Québec entre 1980 et 2006 47 Figure 7 : Estimation de la production future d’uranium 52 Figure 8 : Comparaison de la variation de la valeur du Dow Jones Industriel et de celle du pétrole brut 54 Figure 9 : Évolution de la population de l’Abitibi-Témiscamingue et du nombre de véhicules présents 64 Figure 10 : Évolution du nombre de véhicules (par type) en 65 Abitibi-Témiscamingue Figure 11 : Taux de consommation des véhicules légers selon 66 la distance parcourue Figure 12 : Potentiel d’efficacité énergétique des véhicules légers en Abitibi-Témiscamingue 67 Figure 13 : Taux de consommation de diesel des camions lourds selon leur configuration, en 2005 et 2007 68 Figure 14 : Taux de consommation de diesel des véhicules lourds selon la distance parcourue 69 Figure 15 : Les programmes d’efficacité énergétique d’Hydro-Québec 70 Figure 16 : Prévision de la demande en électricité selon Hydro-Québec 73 Figure 17 : Le réseau électrique d’Hydro-Québec 75 Figure 18 : Réseau de transport d’électricité en Abitibi-Témiscamingue 76 Figure 19 : Réseau de transport et de distribution de gaz naturel en Abitibi-Témiscamingue 80 Figure 20 : Bilan énergétique du Québec en 2008 86 Figure 21 : Bilan énergétique du Québec en 2030 selon un scénario d’indépendance au pétrole 87 7
Résumé Comme l’ensemble des Québécois, les habitants de l’Abitibi-Témiscamingue consomment beaucoup d’énergie. Une part très importante de cette énergie provient de ressources non renouvelables d’origine étrangère (pétrole, gaz naturel) et occasionne ainsi une grande dépendance à ces ressources qui ont des impacts considérables sur la société, l’économie et l’environnement. La réduction de cette dépendance pourrait générer de grands bénéfices pour la région surtout en mettant en valeur les ressources renouvelables locales et l’efficacité énergétique. Par ailleurs, le potentiel de la région en hydrocarbures est négligeable de même pour celui de l‘uranium dont les concentrations en minerai sont relativement faibles. L’Abitibi-Témiscamingue n’est pas autosuffi- sante en production d’électricité. Le potentiel hydroélectrique résiduel est faible et le potentiel éolien est peu important et de faible qualité. Toutefois, il serait possible de réaliser des économies d’énergie importantes dans tous les secteurs (transport, résidentiel, commercial, institutionnel et industriel) pour des inves- tissements souvent peu élevés et certaines modifications comportementales. Ces mesures contribueraient certainement à améliorer la balance commer- ciale de la région. L’Abitibi-Témiscamingue comporte des potentiels énergé- tiques importants surtout en ce qui concerne la production de chaleur. Le plus important potentiel est celui de la biomasse forestière, sous toutes ses formes, suivi par le potentiel des cultures énergétiques sur les terres en friche ou aban- données dont les superficies dans la région sont relativement importantes. Le potentiel géothermique de la région est aussi très intéressant, particulièrement celui provenant des mines désaffectées. L’énergie solaire photovoltaïque est également un potentiel très important en région mais, sur le plan technico- économique, ces technologies demeurent encore non compétitives, sauf dans le cas d’alimentation électrique en milieu éloigné (résidences, chalets, camps de chasse, etc.). Le solaire thermique pourrait aussi être intéressant économi- quement pour le chauffage de l’eau sanitaire, pour le préchauffage de l’air de certains bâtiments (garages municipaux, poulaillers, etc.) ou pour le chauffage passif des résidences (orientation des maisons et des rues et fenêtres au sud par exemple). 8
1. Introduction La présente étude s’inscrit dans le cadre des Rendez-vous de l’énergie, une initiative du Regroupement national des conseils régionaux de l’environ- nement du Québec (RNCREQ) en collaboration avec l’Institut du Nouveau Monde (INM). Les Rendez-vous de l’énergie sont une démarche non parti- sane, ouverte et inclusive. Ils visent à rassembler de nombreux acteurs clefs de la société québécoise afin d’assurer la mobilisation et la consultation de la population au sujet de notre profil énergétique et surtout de notre dépendance envers le pétrole. Le pétrole est essentiel à la vie de tous les jours. Il contribue à nous nourrir et à nous transporter, et il nous permet de voyager et de vivre confortablement. Sachant que le pétrole nous coûte toujours plus cher et que ses impacts sur la santé, l’économie, l’environnement et la société en général se font de plus en plus ressentir, il est justifiable de se poser la question : Pourrions-nous nous en passer et quels bénéfices pourrions-nous en tirer? L’objectif principal de cet ouvrage est de servir d’outil de référence et d’orienter la réflexion des citoyens et des décideurs de l’Abitibi-Témiscamingue appelés à formuler des pistes de solution à la question centrale soulevée par les Rendez- vous de l’énergie : Comment l’Abitibi-Témiscamingue peut-elle contribuer à ce que le Québec diminue sa consommation de pétrole et accroît son indépen- dance énergétique tout en favorisant le développement économique et social harmonieux de son territoire? Trouver des réponses à cette question néces- site une profonde réflexion sur nos modes de consommation et de production d’énergie. La transition vers une diminution de la consommation des produits pétroliers et vers la substitution des énergies fossiles par des énergies renou- velables doit se faire en s’appuyant sur une vision et un plan énergétique qui fait consensus. Pour être en mesure de suggérer des actions à prendre, il faut d’abord bien connaître la situation actuelle de la consommation d’énergie ainsi que les potentiels d’économie et de production en énergie. Ce portrait énergétique préliminaire de l’Abitibi-Témiscamingue servira donc de base de référence pour identifier les problématiques et les enjeux prioritaires pour l’Abitibi- Témiscamingue. 9
2. Mise en contexte Alors qu’autrefois, au Québec, les muscles humains ou animaux constituaient la principale force de travail, aujourd’hui l’énergie « humaine » ne représente plus grand‑chose dans le bilan énergétique de nos sociétés modernes. Un Québécois consomme annuellement environ 900 kWh d’énergie endosoma- tique1, alors qu’il consomme annuellement environ 64 000 kWh d’énergie exosomatique2, toutes filières énergétiques confondues. Aujourd’hui, à l’aube d’un nouveau millénaire, nous sommes à un tournant critique de notre développement économique et énergétique, l’énergie est de plus en plus coûteuse, particulièrement celle que l’on importe comme le pétrole, et coûte de plus en plus cher à produire. De nouvelles technologies de production d’énergie apparaissent, mais en même temps les sources conven- tionnelles que sont les sources d’énergie non renouvelables entament ou entameront d’ici au plus une ou deux décennies leur déclin inexorable. Notre société ayant crû grâce à l’utilisation de plus en plus importante de ces sources non renouvelables, les chocs les plus difficiles ne pourront être évités que si nous prenons le virage vers une société « solaire », une société plus économe qui utilise presque exclusivement des sources d’énergie renouvelables. De plus, l’utilisation inconsidérée des ressources non renouvelables a fait entrer une foule de produits inexistants auparavant, ou en quantités jamais vues, dans les cycles naturels déréglant les fragiles équilibres de la biosphère. Le réchauffement climatique en est d’ailleurs l’exemple emblématique. Dans un autre ordre d’idées, il faut savoir que le domaine énergétique est bien particulier, en ce sens qu’il y a un manque de cohésion important. Chaque filière ou technologie fonctionne relativement indépendamment les unes des autres et souvent même en compétition sur les mêmes marchés de consom- mation finale. Le domaine de l’énergie est en évolution rapide et il est difficile de suivre tout ce qui s’y passe. Ainsi, nous avons tenté de réaliser un portrait le plus fidèle possible de la réalité. Toutefois, ce portrait constitue une image statique de la réalité et devra être mis à jour constamment si l’on veut pouvoir continuer de répertorier ce qui se passe dans le domaine de l’énergie. 1 dans les cellules 2 hors des cellules 10
3. Le potentiel énergétique de l’Abitibi-Témiscamingue 3.1. L’énergie de l’eau L’énergie hydraulique est la seule énergie renouvelable utilisée actuellement à grande échelle pour la production d’électricité. Le relief joue un rôle essentiel dans l’exploitation de l’énergie hydraulique. En effet, il ne suffit pas de disposer d’une certaine masse d’eau, encore faut-il qu’elle soit en mouvement (énergie cinétique) ou qu’elle puisse être mise en mouvement en jouant sur une diffé- rence de niveau (énergie potentielle). Lorsque la configuration du terrain s’y prête, on peut envisager la construction d’installations qui permettront de capter et d’utiliser cette force hydraulique pour la production d’énergie. L’énergie hydraulique étant liée au cycle de l’eau, elle est soumise aux mêmes variations régulières que celui-ci (saisons pour les cours d’eau ou marées pour les mers et les océans). Ces fluctuations sont cependant moins rapides et imprévisibles que pour les autres énergies renouvelables telles que le solaire ou l’éolien. Des dispositions peuvent être prises dans certains cas pour réguler la production d’électricité (stockage de l’eau avec ou sans pompage par exemple). La production d’énergie à partir de l’eau est très avantageuse pour plusieurs raisons. • C’est une ressource renouvelable et elle est disponible dans plusieurs milieux ruraux québécois. • Son ratio d’énergie nette3 est habituellement très élevé (au moins 10 pour les petites centrales et jusqu’à plus de 100 pour les plus grosses centrales). • Les émissions de gaz à effet de serre de la filière hydroélectrique sont parmi les plus basses de toutes les filières de production d’électricité et principalement reliées à la fabrication et l’installation des équipements et du gros œuvre. • La production hydroélectrique est fiable et peut se faire pratiquement en continu (excepté les périodes de maintenance) avec un facteur d’utilisation4 (FU) supérieur à 60 %, souvent plus. • Les coûts d’installation, de maintenance et d’opération sont relativement faibles par rapport à la quantité d’électricité produite. • Les équipements ont habituellement une très grande longévité (plus de 50 ans) et ne sont pas soumis à des conditions climatiques variables et extrêmes contrairement aux éoliennes par exemple. Il est possible d’établir assez facilement des prévisions de la production et ces variations sont plutôt saisonnières que quotidiennes. • Les installations nécessitent relativement peu de superficies de terrain dans http://www.hydroquebec.com/production/ le cas de centrales au fil de l’eau si on les compare aux autres possibilités d’aménagement. centrale-hydroelectrique.html 3 Ce ratio est égal à l’énergie produite sur toute la durée de l’équipement de production divisé par l’énergie investie dans ces mêmes équipements. Une valeur supérieure à 1 équivaut à une source d’énergie. À l’inverse, un ratio inférieur indique que l’équipement en question consomme plus d’énergie qu’il en produit. 4 Le facteur d’utilisation (FU) représente la proportion (%) du temps où l’équipement de production peut potentiellement fonctionner à son maximum. Par exemple, une éolienne de 2 MW ayant un FU de 30 % (ou 0,3) indique que celle-ci fonctionne en moyenne 2 628 heures par an à 2 MW. 11
La production hydroélectrique comporte toutefois des inconvénients impor- tants. • Les nouvelles installations ont des coûts de production plus élevés que le prix de l’électricité au Québec avec des coûts marginaux de l’ordre de 8 à 12 ¢/kWh. • Il n’y a aucune possibilité actuellement pour l’implantation de petites centrales hydroélectriques, sauf dans le cadre d’appels d’offres spécifiques (et parfois d’ententes de gré à gré) dont la complexité administrative est importante pour les projets de faible puissance, surtout si l’on compte maxi- miser les retombées locales et régionales. • Hors appels d’offres, la seule possibilité consiste à ce que le producteur consomme lui-même l’électricité produite (autoconsommation). • La législation empêche la création de réseaux indépendants d’Hydro- Québec, même dans les milieux éloignés (Loi sur la Régie de l’énergie). • La disponibilité de la ressource hydraulique est distribuée de façon inégale au Québec. • Après l’installation, la création d’emplois locaux et permanents est très faible. • Possibilité de problématiques potentielles d’interconnexion au réseau d’Hydro-Québec, surtout pour les plus petits projets. • Les modifications dans les caractéristiques de cours d’eau inévitables, quoique plus limitées pour les centrales au fil de l’eau que pour les centrales à réservoir, peuvent entraîner des changements importants sur les habitats fauniques pouvant créer des pressions importantes sur la ressource, notam- ment la ressource halieutique. • De même, les superficies ennoyées peuvent être importantes, surtout dans le cas des centrales à réservoir, et entraîner une hausse des émissions de gaz à effet de serre (méthane) durant la période de décomposition des matières organiques submergées ainsi que de possibles émissions de mercure dans l’eau durant une certaine période. http://www.hydroquebec.com/production/ centrale-hydroelectrique.html 12
3.1.1. Hydroélectricité 3.1.1.1. Portrait de la production (incluant les infrastructures) La capacité de production hydroélectrique totale de la région est de 547,2 MW en excluant la production de la centrale Otto Holden (Ontario Power Genera- tion) de 242,8 MW sur la rivière des Outaouais près de Mattawa sur la frontière séparant l’Ontario du Québec. La région détient donc environ 1,4 % de la capacité hydroélectrique du Québec d’un total de 38 533 MW. C’est Hydro- Québec qui possède plus de 99 % de cette capacité dans la région. Centrale Puissance Date de hydroélectrique installée mise en appartenant à (MW) service Hydro-Québec Rapide-des-Îles 175,8 1966 Première-Chute 130,5 1968 Rapides-des-Quinze 102,6 1923 Rapide-7 67,2 1941 Rapide-2 67,2 1954 TOTAL 543,3 Source : Hydro-Québec Tableau 1 : Centrales hydroélectriques appartenant à Hydro-Québec Centrale Puissance installée Année de Propriétaire hydroélectrique privée (MW) construction Winneway 2,09 1938 Algonquin Power Fund La-Sarre-1 1 1928 Hydro-Abitibi La-Sarre-2 0,8 1938 Hydro-Abitibi TOTAL 3,89 Source : Centre d’expertise hydrique du Québec et MRNF Tableau 2 : Centrales hydroélectriques privées 3.1.1.2. Portrait du potentiel Il est très difficile de connaître les potentiels hydroélectriques résiduels dans la région. Une étude d’Hydro-Québec couvrant l’ensemble du territoire québé- cois et ayant comme objectif d’estimer le potentiel hydroélectrique de chaque région a été réalisée au début des années 1980. Il semble que cette étude ne soit plus valide aujourd’hui pour diverses raisons5. Toutefois, les potentiels rési- duels sont assez limités en région. 5 Discussion avec M. Mathieu Boucher d’Hydro-Québec, 17 juin 2010. 13
3.1.1.3. Tendances régionales tallation d’une minicentrale hydroélectrique dans la ville de Témiscaming. Ce Quelques projets hydroélectriques sont projet de 30 MW utiliserait le ruisseau Gordon, créé en 1911 pour l’alimen- actuellement sur les planches à dessin. tation en eau de la ville de Témiscaming, et nécessiterait probablement une augmentation du débit du ruisseau par le détournement de la rivière Kipawa. Évidemment, maintenant qu’Hydro-Québec a inclus Tabaret dans son porte- Projet sur la rivière des Quinze à Angliers feuille de projets, les autres projets de nature privée ou communautaire sont D’abord, le projet hydroélectrique privé à improbables ou devront être fortement réduits minant la rentabilité de ceux-ci. Angliers de la Société d’hydro-électricité Régionale Inc., de propriété ontarienne, a reçu toutes les autorisations requises pour 3.1.1.4. Perspectives et contraintes de développement aller de l’avant. Toutefois, les coûts de ce Durant la prochaine décennie, Hydro-Québec réalisera le projet Tabaret. De projet ont augmenté considérablement plus, il est probable que d’autres octrois de forces hydrauliques seront consentis depuis son élaboration dans le milieu et ceux-ci permettraient le développement du potentiel hydroélectrique rési- des années 1990 et ceci se traduit par duel6 de la région. Espérons cependant que ce développement se fera pour une réduction de la rentabilité du projet. et par les communautés en impliquant les entreprises de ces milieux et dans Il semble que des négociations ont eu l’objectif d’un réel enrichissement collectif. lieu entre l’entreprise et Hydro-Québec D’ailleurs, le développement de cette filière est soumis à des contraintes pour faire augmenter le tarif consenti par majeures reliées à l’acceptabilité sociale et environnementale. Or, l’approche Hydro-Québec pour ce projet. Le projet de privatisation des potentiels hydroélectriques qui a eu cours il y a quelques semble être sur la glace pour l’instant. années, a heurté les populations locales voyant leur potentiel de développe- Ce projet est issu de l’APR-91 et devrait ment s’envoler dans les mains de quelques promoteurs privés. Ces populations avoir une puissance de 25 MW. L’opposi- ont souvent brandi les impacts environnementaux pour freiner ces projets, mais tion au projet vise principalement à faire il faut se demander si cela n’était pas une façon détournée pour empêcher la augmenter les retombées socioécono- perte de leur potentiel de développement. Il semble que l’appropriation de ces miques locales et de s’assurer un débit potentiels énergétiques par les communautés réduise les craintes sur le plan minimal de la chute pour des questions environnemental et permet la mise en valeur de ces projets, pourvu que ces environnementales et touristiques. communautés puissent s’assurer qu’elles recevront leur juste part du gâteau. L’argument environnemental a moins d’emprise pour bloquer les projets hydro- Projets sur la rivière Kipawa et le ruisseau électriques lorsqu’il y a implication des communautés locales comme on peut Gordon d’ailleurs le constater dans le projet de la Société d’énergie communautaire Vers la fin des années 1990, Hydro- du Lac-Saint-Jean à Val-Jalbert où, selon un sondage7, 80 % de la population Québec projetait la construction d’ins- est d’accord si le projet est de propriété communautaire et seulement 31 % si tallations hydroélectriques sur la rivière l’actionnaire majoritaire est privé. Ce projet de 16 MW a d’ailleurs été accepté Kipawa : le projet Tabaret. Ce projet fut lors du dernier appel d’offres d’Hydro-Québec. mis sur la glace pendant plusieurs années, Bien entendu, quelques groupes fortement opposés au développement de l’hy- mais aujourd’hui, dans sa planification droélectricité continueront leur croisade contre tout développement futur de la stratégique 2009‑2013, Hydro-Québec filière hydroélectrique en opposant des arguments principalement environne- veut aller de l’avant avec celui-ci, car il a mentaux. En effet, il est important que le développement de la filière hydroé- été identifié pour s’inscrire dans le porte- lectrique, tout comme les autres filières énergétiques, soit fait en respectant les feuille du 4 500 MW de la stratégie éner- principes de développement durable. Il est également important que l’adoption gétique 2006‑2015. Les installations de de cette approche ne soit pas qu’une réponse aux pressions des groupes envi- Tabaret auront une puissance installée de ronnementaux opposés au développement, mais qu’elle devienne une culture 132 MW et une production d’énergie de de développement pour tous les acteurs socioéconomiques. 0,6 TWh, soit un facteur d’utilisation d’en- viron 52 %. Ce projet devrait produire dans la période post 2015. 6 La Société d’hydro-électricité Régionale Inc. a déjà manifesté de l’intérêt envers les rapides de l’Esturgeon En parallèle, un groupe local, constitué sur la portion de la rivière des Outaouais en amont du lac Simard (Source : http://www.bape.gouv.qc.ca/sec- d’Algonquins et de certaines autorités tions/mandats/angliers/documents/DQ7-1.pdf). 7 Hélène Gagnon, La population donne son aval au projet, Mini-centrale hydroélectrique à Val-Jalbert, municipales, ont fait la promotion de l’ins- L’étoile du Lac, 12 novembre 2009. 14
3.1.2. Hydrolienne 3.1.2.4. Perspectives et contraintes de développement C’est dans un contexte de recherche de nouvelles sources d’énergie vertes au niveau mondial qu’est apparue cette nouvelle méthode pour valoriser éner- Compte tenu des potentiels inexistants ou gétiquement les mouvements de l’eau. Dans la grande région de Montréal, très faibles de cette filière dans la région, RSW, une firme d’ingénierie, a installé, au cours de l’été 2010, deux turbines nous pensons qu’il y a peu de perspectives, hydroliennes de 250 kW chacune pour utiliser les forts courants provenant du excepté peut-être quelques projets dans fleuve Saint-Laurent. des zones éloignées du réseau électrique. Hydro-Québec semble avoir un certain intérêt pour cette filière, car il est mentionné dans la section Innovation de son plan stratégique 2009‑2013 que, « […] Hydro-Québec développera un nouvel axe d’innovation dans le domaine des énergies renouvelables d’origine hydraulique telles que les énergies hydro- lienne et osmotique. Un projet pilote est actuellement à l’étude pour évaluer le fonctionnement d’hydroliennes de rivière ainsi que leur intégration au réseau d’Hydro-Québec. TM4, filiale d’Hydro-Québec, pourrait fournir les généra- trices nécessaires à la réalisation d’un tel projet. Les hydroliennes sont visuelle- ment discrètes puisqu’elles sont aménagées plusieurs mètres sous l’eau, dans des rivières à fort débit. Leur installation est rapide et réversible et nécessite peu d’ouvrages de génie civil. Le Nord du Québec pourrait être propice à l’installation d’hydroliennes exploi- tant la force des marées ou des courants. Hydro-Québec évaluera ainsi la possibilité d’utiliser ce moyen de production d’électricité pour alimenter des réseaux non reliés au réseau principal avec une énergie propre et renouvelable. Sources d’investissement dans les communautés éloignées, de tels projets offri- raient l’avantage d’exploiter une ressource disponible sur place pour satisfaire les besoins locaux en électricité ». Aussi, même si le potentiel est relativement limité par rapport à l’hydroélec- tricité, l’acceptabilité sociale pourrait être facilitée étant donné qu’il n’y a pas d’ouvrages de génie civil et que les turbines sont invisibles, celles-ci étant immergées. Du point de vue environnemental, l’interrogation la plus impor- tante concerne les modifications apportées aux fonds lacustres et marins, notamment dans les zones de frayères. 3.1.2.1. Portrait de la production (incluant les infrastructures) Actuellement, la technologie des hydroliennes étant à un stade de précommer- cialisation dans bien des cas, il n’y a aucune production commerciale par cette filière dans la région et au Québec. 3.1.2.2. Portrait du potentiel Nous n’avons pas réussi à obtenir des informations sur le potentiel régional de la filière hydrolienne. 3.1.2.3. Tendances régionales /info.hydrolien.com À notre connaissance, aucun projet n’est envisagé dans cette filière dans la région. 15
3.2. L’énergie du vent 3.2.1. Éolienne L’énergie issue du vent est une forme indi- Au Canada, il existe deux grandes catégories de dimension d’éolienne, soit le recte d’énergie solaire. Les vents se créent grand éolien, dont les machines ont des puissances supérieures à 300 kW et le parce que le rayonnement solaire est petit éolien avec des machines de moins de 300 kW8. absorbé de façon inégale à la surface de Le grand éolien est la catégorie dont on entend le plus parler. Les grandes la terre dont la texture est très variée, ce éoliennes ont maintenant des puissances bien supérieures à 1 MW. Lorsqu’elles qui engendre des différences de tempéra- sont installées sur des sites terrestres, elles ont une puissance nominale d’en- ture, de pression, de densité, provoquant viron 2 à 3 MW. Les machines peuvent atteindre des puissances nominales de les mouvements de l’air. plus de 6 MW9. D’une manière générale, les capteurs Le petit éolien est principalement utilisé dans les chalets ou résidences indivi- éoliens (ou éoliennes) modernes transfor- duelles isolées, sur des fermes ou des petites entreprises dans des sites parti- ment l’énergie cinétique du vent en énergie culièrement venteux. Habituellement, s’il s’agit d’une occupation permanente, de rotation par l’intermédiaire de pales la production éolienne est associée à celle de panneaux photovoltaïques afin fixées sur un moyeu. Une faible fraction d’utiliser l’énergie en complémentarité (plus de solaire en été et plus de vent du vent est alors ralentie, et c’est ce déficit en hiver). La Canadian Wind Energy Association (CANWEA) travaille actuelle- d’énergie cinétique qui est converti en ment, avec la Small Wind Certification, à la création d’un standard national qui énergie mécanique. Or, l’air doit conserver permettrait de faire certifier les fabricants de turbines et d’équipements éoliens une vitesse suffisante pour s’éloigner de la du Canada. L’objectif est d’améliorer la crédibilité du secteur, de mettre en machine afin d’éviter une accumulation place une filière de qualité afin qu’elle puisse se développer. Au cours de la et la création de turbulences réduisant prochaine année, la norme doit être édictée et les constructeurs pourront être l’efficacité du système. C’est pourquoi certifiés. À partir de ce moment, une coopération avec le gouvernement pour- nous ne pouvons récupérer qu’une partie rait permettre la mise en place de subventions à l’investissement pour favoriser de l’énergie du vent. La limite théorique l’achat de petites éoliennes qui répondent aux normes. En dessous d’un kW, de la puissance récupérable est établie à les éoliennes sont généralement vendues en tant que produits de consomma- 59,3 % : c’est la limite de Betz. tion couramment disponibles sur le marché dans les magasins de détail ou à travers des concessionnaires en ligne, souvent avec d’autres systèmes de Dans le passé, l’énergie produite grâce à production d’énergie tels que les panneaux solaires photovoltaïques. Les coûts ces systèmes était essentiellement méca- sont de 4 000 à 10 000 $ par kW installé incluant les coûts d’installation et de nique, employée pour le pompage de raccordement au réseau. Quelques industries de fabrication d’équipements, l’eau ou pour moudre les céréales. Ce type de composantes ou de turbines sont présentes au Québec dans le petit et le de valorisation ne sera pas abordé dans la grand éolien, surtout en Gaspésie. suite de l’étude, car ces applications sont devenues marginales. En revanche, au La production d’énergie à partir d’éoliennes a certains avantages. La ressource cours des dernières décennies, des efforts est renouvelable et disponible dans plusieurs milieux ruraux québécois. Le ratio accrus ont été consacrés à l’application d’énergie nette de la filière éolienne est supérieur à 15 pour les sites venteux. de l’énergie éolienne pour la production Les émissions de gaz à effet de serre sont principalement reliées à la fabrica- d’électricité. C’est uniquement de cette tion et à l’installation des équipements et peu à l’utilisation. Ces émissions de approche que nous allons discuter par la gaz à effet de serre sont de l’ordre de celles de la filière hydroélectrique. Il y a suite. un développement rapide de la technologie notamment au plan de la fiabilité et de la durabilité ainsi que sur le plan de la résistance mécanique en milieu nordique. Les coûts de production sont à peu près équivalents aux coûts margi- naux de l’électricité. 8 http://www.canwea.ca/wind-energy/index_f.php 9 Systèmes Solaires, N° 2-35 : Les deux géantes d’ENERCON 16
La production éolienne comporte aussi des inconvénients. C’est une produc- 3.2.1.1. Portrait de la production tion intermittente et relativement imprévisible nécessitant du stockage (réser- (incluant les infrastructures) voir hydroélectrique, batteries, hydrogène, etc.). Les coûts de production sont À ce jour, aucune installation de produc- supérieurs au prix moyen de l’électricité au Québec. La ressource éolienne est tion d’électricité par énergie éolienne n’est distribuée de façon inégale au Québec. Tout comme pour l’hydroélectricité, en fonctionnement dans la région12. La la création d’emplois locaux durables est très faible. Les turbines sont souvent puissance totale installée au Québec est soumises à des conditions climatiques très variables et parfois extrêmes de 655 MW en 2009. diminuant du coup leur durabilité. Les impacts sur le paysage peuvent être considérables, mais l’acceptabilité sociale, tout comme pour les projets hydro- Dans le cas du petit éolien, les éoliennes électriques, est parfois dépendante de la forme de propriété des équipements sont surtout utilisées dans les chalets de production. La production éolienne nécessite de vastes superficies de individuels isolés avec des puissances terrain par rapport aux centrales thermiques. L’interconnexion au réseau exis- comprises entre 200 W et 1 kW. Il y aurait tant d’Hydro-Québec peut être problématique. au Québec entre 10 et 100 installations en mesurage net, soit un échange d’élec- C’est dans la péninsule gaspésienne que la production d’électricité à partir tricité entre l’autoproducteur et le réseau, d’éoliennes s’est implantée au Québec, avec la construction de quelques sans toutefois dépasser la consommation grandes éoliennes, dont Éole, la plus haute du monde à axe vertical (110 m)10, de l’autoproducteur, donc sans achat des construite en 1988. Ce n’est que 10 ans plus tard que les premiers parcs surplus d’électricité potentiels. Pour la éoliens seront construits dans la même région avec des ententes de gré à gré région, il semble qu’un seul autoproduc- avec Hydro-Québec. teur soit installé en mesurage net. Il n’y Le 5 mars 2003, le gouvernement du Québec adopta un règlement sur a pas de subventions spécifiques pour le l’énergie éolienne. C’est ainsi que le 12 Juin 2003, Hydro-Québec Distribution petit éolien. lança un processus d’appel d’offres pour une puissance totale de 1 000 MW, mais réservée au territoire de la région gaspésienne et de la MRC de Matane. La mise en service des parcs doit se faire entre 2006 et 2012. En novembre 2005, Hydro-Québec Distribution lançait un nouvel appel d’offres sur impulsion du gouvernement, pour une puissance totale de 2 000 MW d’ici 2015, mais couvrant cette fois-ci l’ensemble des régions. En avril 2009, un troisième appel d’offres (A/O 2009‑02) de 500 MW est lancé. Il est divisé en 2 blocs : un 250 MW pour les projets communautaires et un autre 250 MW pour les projets autochtones. Les projets sont limités à 25 MW. Le dépôt des soumissions a eu lieu le 6 juillet 2010. En tout, 44 soumissions, provenant de 16 promoteurs et totalisant 1 051 MW ont été reçues et sont réparties ainsi : 13 soumissions pour 319 MW pour le bloc autochtone; 31 soumissions pour 732 MW pour le bloc communautaire. Au cours des prochains mois, Hydro-Québec Distribution procédera à l’analyse de la conformité des soumissions et par la suite à l’évaluation détaillée de celles- ci. Les soumissions retenues devraient être annoncées vers la fin de l’année 2010. Une fois les contrats signés, ils devront être approuvés par la Régie de l’énergie et les promoteurs retenus auront la responsabilité d’obtenir toutes les autorisations et tous les permis requis pour la construction des parcs éoliens. Les livraisons d’électricité doivent débuter entre le 1er décembre 2013 et le 1er décembre 2015.»11 10 Le titre de plus haute éolienne au monde est contesté, car il existe maintenant des éoliennes expérimenta- 12 Il existe un prototype d’éolienne expérimentale à axe les dépassant les 130 mètres. vertical à Rouyn-Noranda, mais qui est présentement 11 http://www.hydroquebec.com/4d_includes/surveiller/PcFR2010-115.htm inactive. 17
3.2.1.2 Portrait du potentiel La firme Hélimax énergie Inc. a réalisée un « Inventaire du potentiel éolien exploitable du Québec » en 2005 pour le compte du MRNF. L’étude classe le potentiel selon les classes de l’Institut Battelle (Tableau 3). Limite des Limite des classes Limite des Limite des classes Limite des Limite des classes Numéro de classes de de densité de classes de de densité de classes de de densité de la classe vents à 65 m puissance à 65 m vents à 80 m puissance à 80 m vents à 100 m puissance à 100 m (m/s) (W/m2) (m/s) (W/m2) (m/s) (W/m2) 3 6,6 à 7,3 340 à 450 6,8 à 7,5 370 à 490 7,0 à 7,7 400 à 540 4 7,3 à 7,8 450 à 550 7,5 à 8,1 490 à 610 7,7 à 8,3 540 à 670 5 7,8 à 8,3 550 à 670 8,1 à 8,6 610 à 730 8,3 à 8,8 670 à 800 6 8,3 à 9,1 670 à 900 8,6 à 9,4 730 à 1000 8,8 à 9,7 800 à 1100 7 9,1 à 12,4 900 à 2200 9,4 à 12,8 1000 à 2400 9,7 à 13,2 1100 à 2700 Tableau 3 : Classes de l’Institut Battelle Plus le numéro de classe est élevé, plus le potentiel est « rentable ». Pour la région, le tableau suivant donne le potentiel en puissance installée (MW) ainsi que la production d’électricité pouvant en découler (TWh/an) et ce, par classe de Battelle et hors des zones restrictives. Classe des vents Potentiel éolien (MW) Potentiel éolien (TWh) 3 779,5 2,3 4 0,4 0,0 5 0,0 0,0 6 0,0 0,0 7 0,0 0,0 Total 779,9 2,3 Tableau 4 : Potentiel éolien de l’Abitibi-Témiscamingue Ainsi, le potentiel éolien de la région est l’un des plus faibles du Québec. Le potentiel total du Québec étant de près de 4 millions de MW. De plus, ce potentiel se situe dans la classe Battelle la plus basse minant ainsi la rentabilité financière. Outre le faible potentiel régional, le développement de l’éolien dans la région est aussi limité à la capacité du réseau à recevoir de l’électricité éolienne. En effet, une étude réalisée par RSW pour le MRNF en 2005, concluait que sans ajout d’infrastructures, la capacité d’intégration de la région de l’Abitibi-Témiscamingue est de 1 000 MW, partagée avec la région du Nord- du-Québec, ce qui est quand même supérieur au potentiel total de la région. 18
Capacité Postes Lignes Commentaires d’intégration (MW) Abitibi (10-01) --- Poste source, hors de la région 735/315 kV Lignes 315 kV vers : Lebel (08-01) 1000 Lebel (08-01) 900 315/120 kV Lignes 315 kV vers : Figuery (08-02) 1000 Lignes 120 kV vers : Quévillon/Domtar (08-03/04) 2 X 200 Mine-Gonzague (08-05) 50 Limite thermique Val-d’Or/Saint-Blaise (08-06/07) 50 Limite thermique Figuery (08-02) 720 Capacité de transformation du poste 315/120 kV Lignes 120 kV vers : Amos (08-08) 50 Limite thermique Amos/Abitibi Consol (08-08/09) 50 Limite thermique Coigny/ Poirier/Matagami/ 50 Limite thermique Mines Selbaie (10-16/17/18/19) Val-d’Or/Louvicourt (08-06/10) 50 Limite thermique Saint-Blaise/Senneterre (08-07/11) 50 Limite thermique Cadillac (08-12) 2 X 50 Limite thermique Palmarolle (08-13) 50 Limite thermique Mines-Bouchard/Rouyn (08-14/15) 50 Limite thermique Rouyn (08-15) 120 kV Lignes 120 kV vers : Noranda (08-16) 50 Limite thermique Reneault/Palmarolle (08-17/13) 50 Limite thermique Mines-Doyon/Cadillac (08-18/12) 50 Limite thermique Mines-Laronde/Cadillac (08-19/12) 50 Limite thermique Rapide-des-Îles (08-20) 10 Intégration de centrales Première Chute (08-21) 10 Intégration de centrales Pandora/Rapide-2 (08-22/23) 10 Intégration de centrales Notes : La capacité d’intégration sans ajout d’infrastructures de la région admi- nistrative de l’Abitibi-Témiscamingue est de 1000 MW, partagée avec la région du Nord-du-Québec. La limite de la région due au réseau de transport à 735 kV est de 2000 MW. Les repères chiffrés correspondent aux indications identifiant les postes sur la carte de la région. Tableau 5 : Capacité d’intégration du réseau d’Hydro-Québec dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue au regard de l’ajout de parcs éoliens13 13 Source : Hydro-Québec 19
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