RESPIRATION DISPOSITIFS MÉDICAUX & PROGRÈS EN - LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES

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RESPIRATION DISPOSITIFS MÉDICAUX & PROGRÈS EN - LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES

                          DISPOSITIFS MÉDICAUX
                          & PROGRÈS EN
                          RESPIRATION

  ÉDITION NOVEMBRE 2014
RESPIRATION DISPOSITIFS MÉDICAUX & PROGRÈS EN - LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION

Sommaire
           3         PRÉFACE                                                                           29           AÉROSOLATHÉRAPIE
           4
                                                                                                                    Des particules fines qui soignent
                     Pour tout l’air du monde
                                                                                                       33
           7
                                                                                                                    GLOSSAIRE
                     OXYGÉNOTHÉRAPIE                                                                                Les mots techniques ou scientifiques
                     Quand l’oxygène vient à manquer                                                                expliqués sont accompagnés
                                                                                                                                                 •
         13
                                                                                                                    dans le texte du symbole      G

                                                                                                       34
                     VENTILATION
                     Mimer la subtile mécanique                                                                     SOURCES et REMERCIEMENTS
         19          LES TROUBLES RESPIRATOIRES
                     DU SOMMEIL
                     n   Diagnostic. Le sommeil à la loupe p. 20
                     n   Pression positive continue (PPC). Un rempart contre les apnées p. 23
                     n   Orthèse d’avancée mandibulaire. Jouer sur l’effet mécanique p. 26

  SNITEM • 92038 Paris La Défense Cedex • Directeur de la publication : Éric Le Roy • Responsable d’édition : François-Régis Moulines • Coordination : Élisabeth Arnaud •
  Rédactrice : Anne Le Pennec • Édition déléguée : Presse Infos Plus (www.presse-infosplus.fr) • Maquette : Didier Michon • Crédits photos, tous droits réservés : Air liquide
  medical systems - Le Square, Breas, Covidien France SAS, DFT medical - Diffusion Technique Française, Invacare, Philips, @ Copyright Radiometer Medical ApS, ResMed
  - Nox Medical - Sentec AG, SomnoMed France, SRETT, System Assistance medical (Syst’am), Technologie Medicale, Teleflex, Weinman - Fotolia, Phanie • Impression :
  Baron & Fils 92110 Clichy (Certifié Imprim’Vert®) • Novembre 2014 • ISBN : 979-10-93681-00-9
RESPIRATION DISPOSITIFS MÉDICAUX & PROGRÈS EN - LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION • PRÉFACE

Préface
L’innovation au service de la respiration
             Pr Patrick LÉVY,                                             auteurs anglo-saxons ont largement fait la promotion. Les
             Président de l’Université Joseph Fourier,                    années quatre-vingt ont vu l’émergence des apnées comme un
             Grenoble, France.                                            problème de santé publique, notamment par l’invention d’un
                                                                          traitement qui venait se substituer à la seule trachéotomie. Voilà
              Le développement de la prise en charge à domicile de        plus de 30 ans en effet qu’un médecin créatif, talentueux et fort
              l’insuffisance respiratoire a représenté dans les qua-      de ses convictions inventait la Pression Positive Continue. Colin
              rante dernières années une formidable aventure scien-       Sullivan n’avait aucune idée de ce qui allait se passer ensuite.
              tifique, médicale et technologique. L’aventure a été à      Pas plus d’ailleurs que l’un des pionniers infatigables de cette
              bien des égards française du fait notamment du déve-        pathologie, le premier à en définir un cadre cohérent, Christian
              loppement dès la fin des années soixante-dix des            Guilleminault, Français émigré à Stanford dans les années
    réseaux associatifs de prise en charge. Il faut se rappeler à quel    soixante-dix, pour le plus grand bonheur de la médecine du
    point les services de pneumologie de l’époque étaient submer-         sommeil. L’émergence d’une maladie, d’un ensemble de mala-
    gés par la tuberculose et ses séquelles pour comprendre à quel        dies, les troubles respiratoires au cours du sommeil, a bousculé
    point la vision portée par quelques leaders charismatiques tels       le cadre de la connaissance médicale.
    Paul Sadoul, Bernard Paramelle ou Cyr Voisin était en rupture         L’identification d’un facteur majeur de somnolence et de détério-
    avec l’organisation des soins de l’époque et a tracé le futur de la   ration de la qualité de vie et l’émergence d’un nouveau facteur
    discipline.                                                           de risque cardiovasculaire sont des faits marquants de l’histoire
    L’oxygénothérapie au long cours, la ventilation assistée, la venti-   médicale de ces trente dernières années. Là encore, des entre-
    lation non invasive, la pression positive, autant de techniques       prises biomédicales dynamiques et inventives ont accompagné
    très largement développées en France, sur des modalités               cette aventure et rendu cette thérapeutique accessible au plus
    originales de prise en charge globale, qui ont établi les bases       grand nombre dans des conditions de confort et d’acceptabilité
    d’un standard de soins très élevé dans notre pays et dont les         transformées par rapport au début de ce traitement.

                                                                                                  SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 3
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RESPIRATION

                                                                                                                    Pour tout l’air
Parce que la respiration est une
fonction vitale, les soignants
n’ont eu de cesse depuis
toujours de rechercher des                              Si simple en apparence, la respiration s’appuie en          chargées de vapeurs sulfureuses pour venir à bout
solutions pour pallier ses                              réalité sur une mécanique complexe à deux temps             de leurs affections respiratoires. Pendant plusieurs
                                                        indispensable pour fournir à l’ensemble des cellules        siècles, les traitements des troubles respiratoires se
dysfonctionnements et tenter                            de l’organisme l’oxygène dont elles ont besoin et les       sont cantonnés à l’utilisation d’aérosols puis de
de sauver leurs patients atteints                       débarrasser des gaz qu’elles produisent. Plusieurs          médicaments pour contrecarrer ses effets. Lorsqu’à
                                                        organes sont mis à contribution : les poumons bien          la suite d’une infection ou d’une séquelle d’une
de troubles et de maladies                              sûr, mais aussi le nez, parfois la bouche, la trachée       maladie, une insuffisance respiratoire grave s’instal-
respiratoires. Au cours du siècle                       ainsi que le diaphragme et plusieurs autres muscles         lait et que le malade ne parvenait plus à respirer
                                                        commandés par des nerfs, eux-mêmes sous le                  correctement, on ne pouvait plus grand-chose pour
dernier, une série d’inventions                         contrôle du cerveau. Lorsque tous fonctionnent              lui. La première machine inventée en vue de rétablir
ingénieuses a d’abord permis                            normalement, l’air entre et sort automatiquement                                                   •
                                                                                                                    la respiration, baptisée le spirophore G, date de la fin
                                                        sans que cela exige un effort particulier. Mais il suffit   du XIXe siècle mais il fallut attendre cinquante ans
d’atteindre cet objectif pour une                       d’un grain de sable pour gripper la machine et              pour voir apparaître les premiers modèles d’un
grande majorité de malades                              mettre tout l’organisme en péril. Il y a près de            équipement plus abouti : le poumon d’acier. Associé
                                                        2 000 ans, Pedanius Dioscorides, le père de la              à la trachéotomie qui commençait à être pratiquée,
avant de contribuer à améliorer                         pharmacie, prescrivait des fumigations de soufre et         il s’avèra être un précieux allié lors des épidémies de
leur qualité de vie et l’efficacité                     Claude Galien recommandait à ses malades d’aller            poliomyélite dans les années cinquante. Dans des
                                                        respirer sur les pentes du Vésuve les fumerolles            hangars furent alors alignées des centaines de ces
des traitements. Ventilateurs
mécaniques, masques,
dispositifs délivrant de l’oxygène                      1907                      1914-18 1952                                  1956                 1967
et aérosols comptent parmi les
avancées qui ont participé à
ces grandes avancées                                    Mise au point du          Premiers usages           Naissance           Premiers aérosols     Premiers traitements
médicales.                                              Pulmotor, ancêtre des
                                                        ventilateurs modernes
                                                                                  de l’oxygène
                                                                                  à des fins médicales
                                                                                                            de la ventilation
                                                                                                            invasive
                                                                                                                                dosés pressurisés
                                                                                                                                (sprays)
                                                                                                                                                      à domicile pour patients
                                                                                                                                                      insuffisants respiratoires

4 • SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
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RESPIRATION

du monde
machines métalliques dont ne sortait que la tête du                                                                    porteurs de séquelles de poliomyélite, rapporte le
malade. Ces scènes ont marqué à jamais l’imagi-                                                                        Pr Jean-François Muir, Chef de service de pneumo-
naire collectif, celui des familles et des soignants en                                                                logie au CHU de Rouen et Président de l’Antadir
particulier. Le poumon d’acier a permis à la méde-                                                                     (Association nationale de traitement à domicile de
cine de franchir un pas considérable dans la prise en                                                                  l’insuffisance respiratoire). Puis, ces premiers
charge de l’insuffisance respiratoire car les malades                                                                  patients ont cédé la place à d’autres cohortes d’in-
ne mouraient plus. Dès lors, les innovations s’accé-                                                                   suffisants respiratoires chroniques porteurs de
lérèrent dans le champ de la ventilation mécanique                                                                     séquelles tuberculeuses, de maladies neuromuscu-
mais aussi de l’oxygénothérapie : concentrateurs                                                                       laires et de bronchopneumopathies chroniques
d’oxygène qui produisent de l’oxygène médical G,    •       Ventilateur mixte support de vie
                                                                                                                       obstructives pour ne citer que les situations les plus
ventilateurs en pression positive utilisés en réanima-                                                                 fréquentes. » Une première vague d’innovations
tion puis, dans les années soixante-dix, développe-         ramener les malades chez eux. L’insuffisance respi-        visant la miniaturisation et l’autonomie des ventila-
ment de l’oxygène liquide et ventilateurs autonomes         ratoire n’était plus synonyme de condamnation à            teurs et des dispositifs d’oxygénothérapie accom-
en air.                                                     mort et il importait désormais aux soignants et aux        pagna ce retour des patients chez eux.
                                                            industriels de permettre à ces malades de vivre le         Les années quatre-vingt marquèrent un tournant
LE RETOUR À DOMICILE DOPE                                   mieux possible avec leur handicap. « Les premières         radical pour le secteur de la respiration. Les
L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE                                  structures associatives créées dans les années cin-        connaissances sur les pathologies respiratoires du
Grâce aux progrès technologiques, il fut possible de        quante visaient à prendre en charge les malades            sommeil s’accumulèrent. L’oxymétrie nocturne et la
                                                                                                                       technologie des enregistrements polysomnogra-
                                                               ANNÉES                          ANNÉES                  phiques se développèrent. La ventilation en pres-
                                                                                                                                    •
1976                      1981                                 1980                            2000
                                                                                                                       sion positive G (PPC) s’imposa comme traitement
                                                                                                                       de référence du syndrome d’apnées du sommeil
                                                                                                                       décrit quelques années plus tôt. La forte demande
                                                                                                                       de prise en charge de ce syndrome induisit des pro-
                                                                                                                       grès technologiques spectaculaires, qui firent le lit
Description du            Débuts de la ventilation par         Essor de la ventilation     Débuts du télésuivi         de la ventilation non invasive en pression positive
syndrome d’apnées         pression positive continue pour      non invasive                et développement de         par masque nasal. « Les progrès réalisés en matière
du sommeil                traiter les apnées du sommeil                                    technologies favorisant     de conception et de fabrication des masques
                                                                                           le confort des patients

                                                                                                                     SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 5
RESPIRATION DISPOSITIFS MÉDICAUX & PROGRÈS EN - LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION

       utilisés par la PPC ont rapidement profité à la                                                           cherche encore à améliorer le rendement des appa-
ventilation non invasive, qui commençait à s’impo-                                                               reils et le moyen d’administrer des molécules
ser en réanimation », témoigne le Professeur Muir.                                                                      •
                                                                                                                 fragiles G. Dans les autres secteurs, si la course à la
La tendance se confirma dans les années quatre-                                                                  miniaturisation et à l’autonomie des dispositifs se
vingt-dix, au détriment des techniques invasives                                                                 poursuit, l’enjeu s’est déplacé au cours des années
dont les indications se restreignirent. La ventilation                                                           2000 vers plus de confort d’une part, plus de sécu-
au masque focalisa l’attention d’un nombre crois-                                                                rité et un meilleur suivi du patient d’autre part.
sant de professionnels de santé et d’industriels qui                                                             L’objectif n’est plus de ramener le patient chez lui
tentèrent d’améliorer les performances des                                                                       mais de l’y maintenir le mieux et le plus longtemps
masques et d’affiner la technologie des ventilateurs.                                                            possible. Les équipements sont moins bruyants,
La PPC auto-pilotée et la ventilation auto-asservie                                                              des efforts ont été faits sur le design et les maté-
                                                         Compresseur nébuliseur pour enfant
firent leurs débuts dans le traitement des apnées du                                                             riaux ; les systèmes de raccordement sont moins
sommeil. L’oxygénothérapie profita aussi de cette        (Broncho-pneumopathie chronique obstructive).           visibles et les masques plus ajustés et plus ergono-
période de forte innovation technologique avec le        Dans le domaine des pathologies respiratoires du        miques. L’ergonomie des appareils évolue pour tenir
développement de l’oxygène liquide pour délivrer         sommeil, un regain d’intérêt pour les orthèses          compte du niveau de compréhension et de connais-
des débits plus élevés et de solutions mobiles qui       d’avancée mandibulaire, qui jouent sur la méca-         sance des utilisateurs, qu’ils soient professionnels
facilitèrent les déplacements des patients.              nique de l’appareil maxillofacial pour provoquer        de santé, prestataires ou patients. Enfin, le matériel
                                                         l’ouverture des voies aériennes supérieures, se         embarque désormais des systèmes de surveillance
SUIVI, SÉCURITÉ ET CONFORT :                             manifesta au cours de la décennie quatre-vingt.         de l’observance du traitement toujours plus perfec-
LES NOUVEAUX ENJEUX                                      S’agissant de l’insuffisance respiratoire enfin, les    tionnés et dotés d’alarmes en cas d’évolution anor-
Les spectaculaires progrès de la ventilation méca-       premiers essais de stimulation électrique du nerf       male d’un paramètre physiologique ou défaillance
nique ne sauraient faire oublier les autres pans du      phrénique furent menés au milieu des années             technique. Le développement de l’informatique puis
traitement des affections respiratoires, à commen-       quatre-vingt-dix et véhiculèrent l’espoir qu’une        celui des technologies sans fil ont permis de conce-
cer par l’aérosolthérapie. Depuis l’invention du pre-    assistance respiratoire sans trachéotomie ni            voir des systèmes de recueil de données pour un
mier nébuliseur à usage médical au XIXe siècle, la       masque serait possible un jour. Aujourd’hui, les ven-   suivi à distance des patients. Le médecin peut
technique a considérablement évolué de même              tilateurs, les enregistreurs de paramètres physiolo-    modifier à distance les réglages de la machine et est
que ses indications. L’apparition au milieu des          giques pendant le sommeil, les machines de PPC,         renseigné sur l’observance du traitement, ce qui
années cinquante du spray a révolutionné le traite-      les masques, le matériel d’oxygénothérapie et les       peut s’avérer utile pour en évaluer l’efficacité. À en
ment de l’asthme. Dans les années quatre-vingt,          nébuliseurs ont atteint une maturité technique suffi-   croire le Professeur Muir, « il y a encore des progrès
l’amélioration des performances des nébuliseurs          sante pour contribuer efficacement au traitement        à faire pour améliorer les systèmes de suivi ». Mais
contribua à mieux prendre en charge la mucovisci-        d’un grand nombre de pathologies respiratoires,         le chemin déjà parcouru pour mieux traiter les
dose et les infections pulmonaires, puis la BPCO G  •    notamment à domicile. En aérosolthérapie, on            pathologies respiratoires est impressionnant. n

6 • SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION DISPOSITIFS MÉDICAUX & PROGRÈS EN - LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION • OXYGÉNOTHÉRAPIE

OXYGÉNOTHÉRAPIE                   À QUOI ÇA SERT ?                                         liée à une défaillance de la fonction ventilatoire ou à
                                                                                           une altération des échanges gazeux au niveau des

Quand
                                 L’oxygénothérapie est un traitement médical qui           poumons. Si l’insuffisance respiratoire est sévère,
                                 consiste à administrer de l’air enrichi en oxygène        l’oxygénothérapie de longue durée, à savoir plus de

l’oxygène vient
                                 (O2) pour corriger une hypoxémie, c’est-à-dire un         15 heures par jour, s’impose le jour et la nuit. C’est
                                 déficit du volume de ce gaz dans le sang artériel. Le     notamment le cas pour les patients atteints de
                                 plus souvent, l’hypoxémie est la conséquence              Broncho-pneumopathie chronique obstructive

à manquer                        directe d’une insuffisance respiratoire, elle-même        (BPCO), de mucoviscidose, de pneumopathie
                                                                                           interstitielle ou d’hypertension artérielle pulmonaire.
                                                                                           D’autres pathologies peuvent provoquer une insuf-
                                                                                           fisance respiratoire qui justifie aussi l’administration
Si quelque 500 000 patients                                                                quotidienne d’oxygène mais en durée moindre.
insuffisants respiratoires ne                                                              L’oxygénothérapie de déambulation concerne
                                                                                           quant à elle les patients chez qui l’insuffisance res-
succombent plus à leur                                                                     piratoire se manifeste uniquement à l’effort. Elle
maladie et peuvent aujourd’hui                                                             peut aussi compléter une oxygénothérapie de
                                                                                           repos. Elle sert alors à réduire l’essoufflement et à
vivre normalement à domicile,                                                              faciliter l’activité quotidienne pendant la journée.
c’est notamment grâce aux                                                                  Enfin, le traitement par oxygène est indiqué pour
                                                                                           soulager les algies vasculaires de la face, de même
progrès des dispositifs                                                                    qu’en fin de vie ou en soins palliatifs lorsque des
médicaux destinés à produire                                                               troubles respiratoires s’installent. Dans tous les cas,
                                                                                           l’oxygène est un médicament et, à ce titre, il doit être
et délivrer ce qui leur fait                                                               prescrit par un médecin.
défaut : l’oxygène.
                                                                                            COMMENT ÇA MARCHE ?
                                                                                           L’oxygène pur n’existe pas dans la nature mais il est
                                                                                           présent dans l’air ambiant, mêlé à de l’azote et à
                                                                                           d’autres gaz. Il est possible de l’isoler pour en dis-
                                                                                           poser à des concentrations élevées entre 90 et
                                 Concentrateur d’oxygène portable                          100 %.

                                                                                         SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 7
RESPIRATION DISPOSITIFS MÉDICAUX & PROGRÈS EN - LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION • OXYGÉNOTHÉRAPIE

      Les bouteilles d’oxygène contiennent jusqu’à            de l’oxygène. Eux ne stockent pas l’oxygène : ils          installations fixes. Pour permettre aux personnes de
15 l (3 mètres cubes) de gaz comprimé. Un mano-               l’extraient à partir de l’air ambiant prélevé dans la      rester mobiles malgré tout, des systèmes portables
détendeur placé à la sortie permet de réduire la              pièce. Cet air est d’abord comprimé par le système         ont été mis au point qui leur permettent de se dépla-
pression à 3 bars, ce qui rend l’oxygène respirable.          puis il est filtré au travers d’une couche de zéolithe,    cer en emportant avec elles soit une réserve d’oxy-
                                                              une matière naturelle qui a la propriété de retenir        gène, soit un petit concentrateur. Pour délivrer cet
L’oxygène pur peut aussi être stocké sous forme               l’azote et de laisser passer l’oxygène. A la différence    oxygène au patient, différents moyens de raccorde-
liquide à -183°C dans des réservoirs. Ce système              des bouteilles et des réservoirs qui fonctionnent en       ment existent. Les lunettes nasales, qui sont
permet de conserver une très grande quantité                  autonomie dès lors qu’ils sont remplis, les extrac-        aujourd’hui les plus utilisées, se placent sous le nez
d’oxygène sous un faible volume. Lorsque la bou-              teurs doivent être branchés sur le courant électrique.     et délivrent un flux d’oxygène directement dans les
teille ou le réservoir est vide, il faut le remplir, ce qui   La qualité thérapeutique de l’oxygène est identique        narines. Dans certains cas exceptionnels, une sonde
nécessite l’intervention d’un prestataire de santé.           quelle que soit sa source mais selon l’usage qui en        nasale, un masque à oxygène ou un cathéter posi-
                                                              est fait et les préférences individuelles, certains dis-   tionné dans la trachée sont plus appropriés. En
Les concentrateurs, ou extracteurs, constituent une           positifs conviennent mieux que d’autres. Ces diffé-        pédiatrie et pour les nouveaux-nés, la tête de l’enfant
troisième catégorie d’appareils conçus pour délivrer          rentes sources d’oxygène à domicile requièrent des         est placée sous une cloche en plexiglas.

                                                                                                                         Oxygénothérapie de déambulation : bouteille remplie
Concentrateur d’oxygène portable                              Concentrateur d’oxygène portable                           avec station de remplissage

8 • SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION DISPOSITIFS MÉDICAUX & PROGRÈS EN - LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION • OXYGÉNOTHÉRAPIE

 UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS                                        ÉCLAIRAGE

L’oxygène a été découvert à la fin du XVIIIe siècle par
Joseph Priestley, chimiste anglais, qui étudia la
                                                                « Une oxygénothérapie personnalisée est devenue la norme »
nature et le comportement du dégagement gazeux
                                                                Dr Bruno STACH,                                                                     Puis l’oxygène
produit lorsque l’on chauffe de l’oxyde de mercure.
                                                                Pneumologue libéral, membre                                                         liquide est arrivé et,
Il le baptisa d’abord « air particulier » car il avait noté
                                                                de la Fédération française de pneumologie.                                          après lui, les
que ce gaz est légèrement plus dense que l’air,                                                                                                     concentrateurs. Le
qu’une bougie brûle mieux en sa présence qu’avec                « L’oxygène a mis du temps à sortir de l’hôpital                                    médecin qui les
de l’air pur et qu’en le respirant, les souris deviennent       pour entrer dans le champ du domicile. Le                                           prescrivait se
plus actives. Par la suite, Antoine Laurent de                  moment où les patients ont pu en disposer                                           contentait d’indiquer
Lavoisier comprit que ce gaz a également la pro-                chez eux, en 1967, a marqué une grande                                              le débit souhaité
priété d’oxyder les métaux pour les transformer en              avancée dans la prise en charge de                                                  sans préciser le
acides. L’air particulier devint alors l’oxygin puis            l’insuffisance respiratoire. Certes, la bouteille                                   modèle et le patient
l’oxygène. Le mot vient du grec oxus (acide) et gen-            de gaz de l’époque, seul matériel existant, était                                   se le procurait
nân (engendrer). Lavoisier ne s’en tint pas là et               grosse, lourde et encombrante mais au moins,                                        auprès d’un
démontra ensuite que la respiration, qui consomme               les malades pouvaient rentrer chez eux.                 prestataire. Aujourd’hui, le patient teste la
de l’oxygène, dégage du gaz carbonique et produit               L’oxygénothérapie était alors réservée aux cas          machine chez lui, lors de ses différentes
de la chaleur, repose sur le même principe que la               d’insuffisance respiratoire sévère, donc                activités pour choisir la solution la plus adaptée
combustion du carbone.                                          essentiellement aux bronchopathes                       à sa situation. Compte-tenu de l’offre de
                                                                chroniques. Pour eux, l’accès à l’oxygène               matériel disponible, une oxygénothérapie très
L’utilisation de l’oxygène à des fins médicales débuta          médical est une question de vie ou de mort.             personnalisée est devenue la norme. »
dans les hôpitaux à l’arrière des tranchées de la
Première Guerre mondiale. Il s’agissait alors de trai-
ter la gangrène gazeuse, une maladie qui ronge les            porta pas un grand succès thérapeutique. Par la           nique obstructive sévère a été démontré à la fin des
tissus blessés et qui décimait quantité de soldats. Le        suite et jusque dans les années soixante, l’oxygène       années soixante-dix. Deux essais anglo-saxons, l’un
Professeur Vignat, médecin-chef d’une ambulance,              médical fut cantonné au milieu hospitalier.               aux États-Unis et l’autre en Angleterre, ont ainsi jeté
utilisait l’oxygène gazeux chaud sous pression pour                                                                     les bases des indications actuelles de l’oxygène
obtenir un dessèchement des plaies. Le protocole              DEUX ÉTUDES PRINCEPS                                      médical. Le premier en date, baptisé NOTT
requérait toutefois un matériel adapté, dont le manie-        L’intérêt de l’oxygénothérapie au long cours chez les     (Nocturnal Oxygen Therapy Trial), mit en évidence
ment nécessitait un savoir-faire précis, et ne rem-           malades atteints de broncho-pneumopathie chro-            l’intérêt d’une prise d’oxygène aussi prolongée

                                                                                                                      SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 9
RESPIRATION DISPOSITIFS MÉDICAUX & PROGRÈS EN - LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION • OXYGÉNOTHÉRAPIE

      et régulière que possible en établissant qu’une                                                                  ambiant. Mais l’appareil de la taille d’un petit meuble
oxygénothérapie de près de 24 heures sur 24 amé-                                                                       restait encombrant et ne se déplaçait pas facile-
liore davantage l’espérance de vie des patients et                                                                     ment. Il fallait se trouver à portée de flexible pour
leur qualité de vie que le même traitement unique-                                                                     l’utiliser. Les patients insuffisants respiratoires les
ment nocturne. Le second, mené par le Medical                                                                          plus gravement atteints pouvaient certes vivre chez
Resarch Council britannique, a établi que l’oxygéno-                                                                   eux mais étaient contraints à une vie sédentaire. Qui
thérapie améliore significativement l’espérance de                                                                     plus est, les extracteurs d’alors généraient un débit
vie des patients insuffisants respiratoires chroniques                                                                 d’oxygène limité, ce qui restreignait leur portée et les
obstructifs graves par rapport à un groupe témoin                                                                      rendait inadaptés pour le traitement des insuffi-
traité médicalement. Dès lors, la porte était grande                                                                   sances respiratoires chroniques très graves. A
ouverte pour que se développe l’oxygénothérapie au                                                                     l’époque, l’oxygène liquide, qui délivre l’oxygène à
long cours. Et les technologies se devaient d’évoluer                                                                  haut débit, existait déjà mais il n’était disponible qu’à
rapidement pour assurer ces durées de traitement                                                                       l’hôpital. Les choses changèrent en 1989, date à
dans les meilleures conditions de sécurité, d’ergo-                                                                    laquelle l’oxygène liquide devint accessible à domi-
nomie et de confort. C’est ce qu’elles firent. En 1967,                                                                cile. Les patients qui le pouvaient s’équipèrent, par
sous l’impulsion des associations de patients, l’oxy-                                                                  l’intermédiaire de prestataires, de ces grosses bon-
gène obtint des autorités sanitaires l’autorisation                                                                    bonnes qu’il fallait brancher sur le secteur et remplir
d’être délivré à domicile. La forme gazeuse était          Concentrateur d’oxygène transportable                       régulièrement. Non seulement ils disposaient ainsi
alors la seule disponible. Les bouteilles étaient                                                                      d’un débit d’oxygène élevé, mais ils jouissaient enfin
lourdes, encombrantes et le risque d’explosion réel.       fumer à proximité. L’arrivée des extracteurs à domi-        d’une plus grande liberté de mouvement. Car l’oxy-
L’installation et la manipulation de ces équipements       cile, en 1978, marqua une première avancée en               gène liquide peut être transféré dans de petits réser-
requéraient beaucoup de précautions. Les patients          matière de sécurité dans la mesure où il n’y avait plus     voirs, transportables en bandoulière et contenant la
et leur entourage devaient notamment s’abstenir de         lieu de stocker l’oxygène lequel est extrait de l’air       quantité de traitement nécessaire pour quelques

                                       ANNÉES                                                                        FIN DES ANNÉES               ANNÉES
1914-1918                              1960                             1967                                         1960                         1970

Premières utilisations                 Premières oxygénothérapies       Bouteilles d’oxygène à domicile pour         Premiers                     Développement de
de l’oxygène à des fins médicales      à l’hôpital pour des patients    les patients insuffisants respiratoires      concentrateurs               l’oxygénothérapie liquide et
au moyen d’un matériel complexe        atteints de poliomyélite         (O2 gazeux en bouteilles)                    d’oxygène                    premiers appareils portatifs

10 • SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION • OXYGÉNOTHÉRAPIE

100 000
                                                                 Celui des concentrateurs classiques n’est guère plus
                                                                 élevé mais il existe désormais des concentrateurs
                                                                 haut débit susceptibles de fournir jusqu’à 9 litres
                                                                 d’oxygène par minute. Quant à l’oxygène liquide
                                                                 stocké au froid, il reste une bonne option pour les
En France, plus de 100 000 patients bénéficient
d’une oxygénothérapie à domicile. Celle-ci est à long terme      patients très dépendants en raison de leur grande
pour plus de 90 % d’entre eux (source : HAS, avril 2012).        capacité de stockage. A ce matériel fixe est toujours
                                                                 associé un réservoir portable que le patient remplit
                                                                 lui-même à partir de la source fixe. Les modèles
heures. Ils pouvaient enfin déambuler plus facile-               actuels de réservoirs portables permettent de déli-
ment chez eux et à l’extérieur. L’oxygénothérapie dite           vrer l’oxygène soit en débit continu, soit en mode
de déambulation était lancée.                                    pulsé, c’est-à-dire à la demande lors de l’inspiration,
                                                                 afin d’économiser l’oxygène. Selon le débit prescrit,
PRIORITÉ À L’AUTONOMIE                                           ils procurent jusqu’à 7 heures d’autonomie.
Aujourd’hui, l’oxygène gazeux en bouteille est com-
primé à une pression de 200 bars. Les grands obus                Du côté des patients, les attentes portent également
installés à domicile sont utilisés en secours en cas             sur ce qui permet de rendre le système d’administra-
de panne du concentrateur ou de coupure de cou-                  tion le plus discret possible. C’est particulièrement
rant. D’autres, moins volumineux, peuvent être pla-              important pour ceux qui doivent porter un masque
cés sur un chariot et suivre les déplacements du                 ou une lunette à oxygène quasiment en perma-
patient chez lui. Les plus petits pèsent environ 3 kilos         nence, c’est-à-dire plus de 15 heures par jour, ce qui
et confèrent au patient une autonomie d’environ                  correspond à la plupart des prescriptions. Pour les
2 heures. Leur débit n’excède pas 3 litres par minute.           situations particulières comme les urgences ou               Suivi tcpO2

1978                  1980-1981 1989                                              1997                 2008                                        2012

Premiers              Études NOTT et BMR                  Premières utilisation   L’oxygène devient     Prise en charge par l’Assurance maladie    Prise en charge par l’Assurance
concentrateurs                                            d’oxygène liquide       un médicament         de solutions alternatives à l’oxygène      maladie des concentrateurs
à domicile                                                à domicile                                    liquide de déambulation                    portables et transportables

                                                                                                                           SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 11
RESPIRATION • OXYGÉNOTHÉRAPIE

      l’administration d’oxygène à haut débit, les
masques sont mieux adaptés. Ceux à venturi G per- •               À SAVOIR
mettent de délivrer une pression très précise d’oxy-

                                                                                                                                                      •
gène. Les masques à haute concentration, équipés                QUID DU CAISSON HYPERBARE ?
                                                                                                                      l’oxygénothérapie normobare G qui vise à
de valves, chassent l’air expiré de sorte que le patient        Une autre approche de l’oxygénothérapie               rétablir dans les poumons une pression
inhale toujours le débit de gaz frais. La lunette à oxy-        consiste à administrer de l’oxygène médical           partielle d’oxygène normale, le but du
gène, ou canule nasale, se présente quant à elle                par voie respiratoire à une pression supérieure       traitement hyperbare est de l’augmenter
sous la forme d’une tubulure munie de deux orifices             à la pression atmosphérique. La personne est          temporairement de manière importante. Cela a
à embout à placer au niveau des narines. La tubulure            alors placée dans un caisson (ou chambre)             pour conséquence d’élever le taux d’oxygène
passe derrière les oreilles, ce qui assure la fixation de       hyperbare d’acier ou de polymère et inhale            dissous dans le sang et de mieux distribuer ce
                                                                l’oxygène surpressurisé à l’aide d’un masque          gaz dans les tissus qui en ont été privés. Elle
l’ensemble. Au fil des années, le dispositif a gagné en
                                                                pendant au moins 90 minutes. Les prémices             constitue ainsi une réponse d’urgence à
flexibilité. Sa taille a été réduite. Aujourd’hui, elle ne
                                                                de l’oxygénothérapie hyperbare remontent à la         certaines pathologies comme l’intoxication au
se tord plus et ne comprend plus ni latex ni bisphé-            fin du XVIIe siècle mais l’utilisation scientifique   monoxyde de carbone, l’embolie gazeuse
nol. Des accessoires ont ainsi vu le jour permettant            des chambres hyperbares débute réellement             mais aussi l’accident de décompression dont
de la masquer au mieux, en la fixant sur des mon-               dans les années cinquante. Les progrès de la          sont parfois victimes les plongeurs remontés
tures de lunettes par exemple.                                  discipline doivent beaucoup au                        trop vite à la surface. Les séances en caisson
                                                                développement de la plongée sous-marine et            hyperbare favorisent également la
UNE NOUVELLE GÉNÉRATION                                         des connaissances acquises sur la physiologie         cicatrisation, une propriété aujourd’hui mise à
DE CONCENTRATEURS PORTABLES                                     de l’organisme humain en milieu                       profit pour soigner les ulcères du pied chez le
A ce stade, la recherche d’une meilleure autonomie              subaquatique. A la différence de                      patient diabétique.
pour les patients dépendants de l’oxygène médical
reste une priorité. Des solutions alternatives à l’oxy-
gène liquide, et surtout moins onéreuses, com-               Alors que les concentrateurs classiques s’appa-          gène en continu, à débit moindre si tel est le besoin
mencent à s’imposer. Sont ainsi apparus il y a               rentent à de petits meubles sur roulettes d’un poids     du patient. La petite machine capable de délivrer
quelques années des systèmes qui couplent un                 compris entre 14 et 30 kilos, ceux-ci pèsent 4 kilos     de l’oxygène à haut débit en continu, voilà ce que
compresseur à un concentrateur portable en ban-              et fonctionnent avec des batteries au lithium comme      les industriels voudraient à présent pouvoir propo-
doulière ou sur caddie. Le patient peut remplir lui-         les téléphones portables. Ils se rechargent sur l’al-    ser aux malades. Dans les années qui viennent,
même ses bouteilles. Les modèles actuels confèrent           lume-cigare d’une voiture et peuvent être utilisés en    ils espèrent aussi trouver une alternative au lithium,
de 2 à 5 heures d’autonomie. L’innovation la plus            avion. Des perspectives s’ouvrent ainsi aux patients     en équipant ces extracteurs d’une batterie solaire
récente concerne la mise au point de concentra-              sous oxygène désormais à même de voyager avec            par exemple. Voire remplacer la zéolithe, dont la
teurs à la fois portables et transportables qui sont         leur équipement. Leur autonomie est maximale en          ressource naturelle s’épuise, par un matériau de
l’aboutissement d’une course à la miniaturisation.           mode pulsé mais ils peuvent aussi délivrer de l’oxy-     synthèse. n

12 • SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION • VENTILATION

VENTILATION                           À QUOI ÇA SERT ?                                               modes de ventilation mécanique : l’invasive et la non
                                                                                                     invasive, complémentaires l’une de l’autre. La venti-

Mimer
                                     La ventilation mécanique consiste à suppléer ou à               lation non invasive est souvent proposée aux per-
                                     assister la respiration naturelle de la personne à              sonnes les moins lourdement touchées, la
                                                                                                                  •
la subtile
                                     l’aide d’un dispositif médical : le ventilateur (ou respi-      trachéotomie G étant réservée à des patients insuffi-
                                     rateur). Dans les services d’urgence et de réanima-             sants respiratoires aigüs et à ceux dont la durée de
                                     tion, on y a recours de manière transitoire pour traiter        ventilation atteint 24 heures par jour du fait de la

mécanique                            les épisodes d’insuffisance respiratoire aigüe. A
                                     domicile, elle concerne les patients en insuffisance
                                     respiratoire chronique en raison d’une maladie neu-
                                                                                                     sévérité de leur maladie. Les deux approches par-
                                                                                                     tagent les mêmes objectifs : diminuer le travail des
                                                                                                     muscles respiratoires, corriger les anomalies de la
                                     romusculaire, d’une maladie de la cage thoracique,              commande ventilatoire centrale, supprimer les évé-
L’histoire de la ventilation         d’une Bronchopneumopathie chronique obstructive                 nements obstructifs des voies aériennes supérieures
mécanique moderne démarre            (BPCO) ou d’une obésité massive. Pour certains de               et ainsi favoriser la normalisation des gaz du
                                     ces patients, le ventilateur est un véritable support           sang.
dans les années cinquante            de vie et leur sert jour et nuit. D’autres, moins dépen-
avec les grandes épidémies de        dants, l’utilisent par intermittence. On distingue deux

poliomyélite. Support de vie
pour les uns, aide respiratoire
pour les autres, elle est le fruit
d’une série d’innovations qui
ont contribué à mettre à la
portée des patients à domicile
des ventilateurs de plus en plus
adaptés à leurs besoins.

                                     Ventilateur support de vie et son masque

                                                                                                  SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 13
RESPIRATION • VENTILATION

     COMMENT ÇA MARCHE ?
Tout système de ventilation mécanique se compose
d’une machine, le ventilateur, et d’une interface pour
délivrer l’air dans les poumons du patient et d’un
système de raccordement. Dans le cas d’une venti-
lation non invasive, l’air est délivré par l’intermédiaire
d’un masque nasal ou d’un masque facial ou d’un
embout buccal. Pour une ventilation invasive par
voie endotrachéale, l’air insufflé par le respirateur
arrive directement dans la trachée par le biais d’une
canule de trachéotomie.                                       Ventilation invasive (intubation)     Ventilation invasive (trachéotomie)    Ventilation non invasive.
                                                                                                                                           Masque sans fuite intentionnelle

                                                                                                                        médecin français, expérimentait sur lui-même le
                                                              UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS
                                                                                                                                                    •
                                                                                                                        principe du spirophore G qu’il venait de mettre au
                                                             Spirophore, Pulmotor, Engström 150..., ces noms            point. Il pensait en effet qu’une dépression exté-
                                                             sont étroitement liés aux débuts de la ventilation         rieure appliquée sur les parois thoraciques pour
                                                             mécanique, évoquant une succession d’inventions            obtenir leur dilatation serait un bon moyen de réta-
                                                             ingénieuses destinées à rétablir la fonction respira-      blir la respiration chez les asphyxiés. « Je me suis
                                                             toire lorsque les organes dévolus à cette tâche            placé à l’intérieur de l’appareil, expliquait-il. Ma poi-
                                                             n’en sont plus capables. En 1876, Eugène Wolliez,          trine étant au repos, après une expiration et ma
 Ventilation invasive

                                                                                                                                 ANNÉES
1876                    1952                                      1960                            1967                           1970                       1979

Invention               Premières ventilations mécaniques          Premier ventilateur            Prise en charge                Apparition                 Premier ventilateur
du spirophore           par voie endotrachéale pratiquées          en pression positive           de l’assistance                des ventilateurs           autonome en air
                        au Danemark                                utilisé en réanimation         respiratoire à domicile        barométriques

14 • SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION • VENTILATION

glotte restant ouverte, je fais signe de l’œil pour       die jusqu’à ce qu’un médecin danois eût l’idée de
qu’on fasse l’inspiration. Aussitôt je fais malgré moi    libérer les voies aériennes en pratiquant une tra-
une inspiration brusque, bruyante et quand on             chéotomie. En quelques mois, la mortalité chuta. En
relève le levier je fais de même une expiration invo-     France notamment, la ventilation par voie endotra-
lontaire. » Quelque cinquante ans plus tard, naquit       chéale, ou ventilation invasive, devint alors la règle
le poumon d’acier qui repose sur le même principe.        pour traiter les paralysies respiratoires. Au début
Le patient est allongé dans la machine. La variation      des années soixante, une autre étape fut franchie
de pression à l’intérieur est obtenue grâce à un          lorsque fut mis au point l’Engström 150, premier
soufflet. Quand la pression descend en dessous de         ventilateur en pression positive ainsi dénommé car
celle des poumons, l’air extérieur est aspiré par les     il délivrait une pression d’air préréglée supérieure à
voies aériennes supérieures. On parle alors de pres-      celle qui règne dans les poumons. Les premiers
sion négative. « Il est juste de rappeler que cet appa-   appareils du genre étaient à soufflet et utilisaient
reil dut sa promotion à Lord Nuffield, constructeur       l’oxygène comprimé comme force motrice. Ces                                         Canule pour
automobile et généreux donateur, qui consacra sa          ventilateurs avaient certes le gabarit d’une armoire,                               patient ventilé
fortune de milliardaire à équiper en « iron lung » la     mais l’avancée était considérable car elle permettait
quasi totalité des hôpitaux américains », souligne le     au patient trachéotomisé de quitter son poumon
Pr Claude Chopin, ancien Chef de service de réani-        d’acier. En 1967, un enfant de sept ans ventilé de la       bruyant. Ces années virent la mise au point de la
mation au CHRU de Lille. Dans les années cin-             sorte regagna son domicile, bientôt suivi par beau-         pression expiratoire positive (PEEP – Positive End
quante, lors des épidémies de poliomyélite qui            coup d’autres. Un progrès énorme en terme de                Expiratory Pressure, en anglais). Utilisés dès 1972,
touchèrent l’Amérique et l’Europe, des milliers de        qualité de vie. Dans les années soixante-dix, les           ces appareils améliorèrent l’efficacité de la ventila-
malades bénéficièrent de ce traitement lourd et           soufflets furent progressivement remplacés par des          tion en maintenant une pression résiduelle dans les
coûteux. La majorité succomba toutefois à la mala-        turbines. Le système était plus souple et moins             voies aériennes pendant l’expiration. La fin de

DÉBUT DES ANNÉES                                                  FIN DES ANNÉES                ANNÉES
1980                                 1996                         1990                          2000                       2006

Naissance de la ventilation          Débuts de la stimulation     Essor de la ventilation non   Essor de la                La HAS publie ses recommandations sur les
non invasive (au masque)             phrénique en France          invasive en réanimation       ventilation non            modalités pratiques de la ventilation non invasive
                                                                                                invasive à domicile        à domicile dans les maladies neuromusculaires

                                                                                                                   SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 15
RESPIRATION • VENTILATION

                                                                                                                           60 000
       la décennie fut également marquée par la mise        Alors que le Professeur Sullivan mit au point en
sur le marché, en 1979, du premier ventilateur auto-                                                             •
                                                            Australie un dispositif de pression positive continue G
nome en air. L’appareil n’avait pas besoin d’être           ou PPC, l’équipe du Dr Yves Rideau à Poitiers fut la
branché sur le secteur électrique, ce qui facilitait        première à apposer un masque à un patient atteint
grandement son utilisation à domicile. Pour autant,         d’une myopathie de Duchenne pour le ventiler. « La             C’est, en France, en 2011, le nombre de patients traités
pneumologues et réanimateurs ne s’en tinrent pas            ventilation non invasive est née à ce moment-là »,             par ventilation mécanique à domicile.
là et cherchèrent des alternatives à la ventilation         insiste le Dr Jésus Gonzalez-Bermejo, pneumo-
invasive, toujours seule en lice. De fait, l’ouverture      logue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Dans
endotrachéale limite la parole, gêne la déglutition et      les années qui suivirent, tandis que la pression posi-     ventilation mécanique était alors de moins en moins
l’intubation favorise les infections. « Les premiers        tive continue s’imposait comme le traitement de            vue comme une prothèse ventilatoire et de plus en
essais de ventilation non invasive par masque ont           référence du syndrome des apnées du sommeil, la            plus comme un support à la ventilation naturelle.
été effectués au milieu des années soixante mais ne         ventilation non invasive se développa d’abord dans         Aussi le développement visait-il à trouver un moyen
sont pas poursuivis du fait de l’absence de masques         les services de réanimation où elle était de plus en       d’améliorer la synchronisation entre l’effort du
adaptés pour le long terme. De même, la ventilation         plus utilisée pour les patients atteints de                patient et l’insufflation du ventilateur. Les appareils
par embout buccal ou pipette est restée confiden-           Bronchopneu­m opathie obstructive (BPCO). A                commencèrent à être équipés de dispositifs d’aide
tielle tout au long des années soixante-dix », raconte      domicile, elle concernait uniquement les patients          inspiratoire, comme les valves : plus l’effort du
le Pr Jean-François Muir. Les choses changèrent             atteints d’une myopathie de Duchenne et ceux qui           malade pour inspirer était important, plus la valve
radicalement au début des années quatre-vingt.              présentaient des séquelles d’une poliomyélite. La          s’ouvrait, augmentant ainsi le débit d’air.

     Respirateur à domicile                              Ventilateur mixte                    Ventilateur support de vie                    Ventilateur interventions mobiles

16 • SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
RESPIRATION • VENTILATION

DES APPAREILS PLUS SÛRS
ET PLUS ERGONOMIQUES                                        ÉCLAIRAGE
Au tournant du siècle, les indications de la ventila-
tion non invasive à domicile évoluèrent. Elle fut uti-   « Les indications de la stimulation phrénique sont en train
lisée massivement chez trois nouvelles populations       de s’étendre »
de patients en France : ceux atteints de BPCO, les
obèses et, à partir de 2006, les patients souffrant de   Dr Jésus GONZALEZ-BERMEJO,                                                         que la ventilation
sclérose latérale amyotrophique. Aujourd’hui, les        Pneumologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière                                    mécanique externe.
machines sont plus petites et moins lourdes. La          (Paris), responsable des appareillages                                             Pour autant, les
                                                         respiratoires.                                                                     dispositifs de stimulation
miniaturisation est passée par là. Les batteries
                                                                                                                                            phrénique n’incluent pas
actuelles au lithium confèrent une autonomie de
                                                         « La stimulation phrénique consiste à implanter                                    d’alarme d’efficacité du
plusieurs heures voire d’une journée complète. Les
                                                         au niveau du nerf phrénique un stimulateur                                         stimulateur. Les patients
ventilateurs, équipés de systèmes d’alarme, sont
                                                         électrique commandé depuis un boîtier                                              implantés ne peuvent
plus sûrs. Autant d’évolutions qui impactent direc-
                                                         externe, de manière à déclencher les                                               donc pas encore se
tement la qualité de vie des patients insuffisants       mouvements du diaphragme, principal muscle               passer complètement de leur trachéotomie.
respiratoires chroniques devenus beaucoup plus           respiratoire. La technique a commencé à être             Trois études sont en cours, dont une à la
mobiles, qu’ils soient trachéotomisés ou ventilés par    pratiquée en France au milieu des années                 Pitié-Salpêtrière, sur des patients atteints de
masque. Qui plus est, l’ergonomie des appareils a        quatre-vingt-dix à la demande de chirurgiens-            sclérose latérale amyotrophique pour voir si la
été améliorée afin d’en faciliter la prise en main par   orthopédistes qui voyaient beaucoup de                   stimulation phrénique est en mesure de ralentir
les médecins. « Compte tenu du nombre de patients        blessés médullaires. Elle est actuellement               la dégradation du muscle diaphragmatique. Par
concernés, la ventilation non invasive n’est plus,       validée dans cette indication et en cas                  ailleurs, des travaux récents menés à Paris
désormais, un traitement d’expert. Elle doit être        d’hypoventilation d’origine centrale (syndrome           sur des brebis ont montré que la stimulation
accessible à tous les pneumologues. Pour cela            d’Ondine). Actuellement, deux types de                   appliquée lors d’une ventilation mécanique
il faut des interfaces plus convivales et intuitives,    dispositifs existent pour stimuler le nerf               maintient une bonne activité du diaphragme.
lesquelles commencent à arriver », explique le           phrénique : la voie thoracique et la voie                Ces résultats ouvrent des perspectives pour
Docteur Gonzalez-Bermejo.                                laparoscopique. Ils diffèrent par leur prix et leur      l’utilisation de la stimulation phrénique dans le
                                                         voie d’abord mais leurs indications et contre-           champ de la réanimation. Enfin, si on parvient à
Au cours des années 2000, alors que le marché de         indications sont les mêmes. L’évaluation                 développer des voies d’abord plus simples, via
la PPC explosait, les masques s’améliorèrent et la       effectuée par la Haute autorité de santé (HAS)           la veine cave notamment, la technique pourrait
ventilation non invasive profita de ces évolutions.      en 2012 montre que la stimulation phrénique              constituer une solution de ventilation
Les industriels développèrent des systèmes pour          permet d’obtenir une ventilation aussi efficace          temporaire en post opératoire. »
compenser les fuites d’air et assurer ainsi l’effi-

                                                                                                               SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 17
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