UN GRAND IMPRIMEUR LORRAIN : LE PARISIEN JEAN-BAPTISTE CUSSON

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UN GRAND IMPRIMEUR LORRAIN : LE
         PARISIEN JEAN-BAPTISTE CUSSON

                                                                                Albert RONSIN
                                                   Conservateur de la Bibliothèque de Saint-Dié

         Lorsque Jean-Baptiste Cusson arrive à Nancy, dans les derniers mois de l’année 1711
pour y monter une imprimerie, il y a plus de dix ans que le duc Léopold a recouvré ses États
et que d’importantes mesures législatives et fiscales ont été prises pour redonner vie au
commerce et à l’industrie en Lorraine et en Barrois.
         Exemptés de chef-d’œuvre et de taxes, maints ouvriers se sont établis et ont accédé à
la maîtrise. Chaque ville importante voit s’installer dans ses murs un ou plusieurs imprimeurs,
attirés tantôt par la clientèle administrative et judiciaire, tantôt par l’activité commerciale ou
par la présence de la cour ducale, mais peu de ces nouveaux chefs d’atelier, au demeurant
excellents exécutants, ne peuvent, faute de capitaux, tenter de produire les grands ouvrages de
littérature ou d’histoire qui font alors la gloire de certaines villes. Le beau livre est au XVIIIe
siècle un des principaux ambassadeurs de la culture nationale et le renom d’un pays tient pour
une part importante à l’excellence de sa production typographique.
         Dans l’entourage du duc, certains grands dignitaires regrettent de ne pouvoir disposer
d’une entreprise suffisamment importante pour imprimer de grands ouvrages. Le duc lui-
même, soucieux d’affirmer dans tous les domaines l’indépendance de ses États, est prêt à
favoriser la création d’un tel établissement. Depuis quelques années Louis-Charles Hugo –
futur abbé d’Étival – a été nommé historiographe et il travaille à rassembler les documents qui
serviront à écrire une magistrale histoire de la glorieuse maison de Lorraine. Il est donc temps
de songer à la réalisation matérielle de cette opération de prestige.
         A Paris, la concurrence entre les grands imprimeurs est sévère. Les Lorrains qui y
séjournent pour leurs travaux et qui fréquentent les milieux de l’édition connaissent les
difficultés auxquelles se heurtent libraires et typographes. Ils savent aussi combien seraient
facilités leurs travaux s’ils avaient dans leur pays l’un de ces grands chefs d’industrie qui sont
les maîtres de toute la production littéraire française. Ce sont ces intellectuels lorrains qui
aideront Cusson à quitter Paris, et qui faciliteront son installation à Nancy. Au nombre des
artisans de cette émigration il faut compter dom Mathieu Petitdidier, alors abbé de Saint-
Léopold de Nancy, et dom Augustin Calmet, alors en résidence au couvent des Blancs-
Manteaux à Paris. Le 3 juin 1711, ce dernier écrit en effet à dom Petitdidier : « M. Cusson
imprimeur qui travaille à s’établir à Nancy, a eu l’honneur apparemment de voir votre
Révérence ; c’est le plus habile imprimeur de Paris, et je sais que les libraires se seraient
cotisés pour l’arrêter ici si l’on eût connu son dessein de se retirer. Mais il l’a fait si
secrettement qu’on n’a pu l’arrêter. Je supplie votre Révérence de l’avoir pour recommandé et
de le favorisé en ce qu’elle pourra ; c’est non seulement un très habile imprimeur mais un très
honnête homme et digne d’une meilleure fortune » 1.
        Jean-Baptiste Cusson, né à Paris le 27 décembre 1663, est fils et petit-fils
d’imprimeurs-libraires. Reçu lui-même libraire le 19 septembre 1686, puis imprimeur le 8
juin 1694, il a d’abord travaillé chez son père, avocat et maître imprimeur, ancien adjoint de la
communauté, puis il s’est établi en 1695. Dès 1701, il a un apprenti et cinq compagnons.
Quatre presses garnies de tous leurs ustensiles, sur les cinq qu’il possède, fonctionnent tous
les jours, et il a quinze fontes de caractères presque neuves. Six ouvrages importants sont en
chantier la même année 2. Mais dix ans plus tard, les commandes se font plus rares, il connaît
des difficultés financières sérieuses. Il faut d’ailleurs qu’il soit inquiet sur l’avenir de son
entreprise pour consentir à quitter la capitale française pour celle de la Lorraine à 47 ans.
Avant la fin de l’année 1711, il emménage à Nancy, 71, rue Saint-Dizier, et il suspend au-
dessus de sa boutique son enseigne « Au Nom de Jésus ». Il reçoit la nationalité lorraine. Son
brevet d’imprimeur et libraire ordinaire de Son Altesse Royale le duc de Lorraine est
enregistré le 3 mars 1712 3.
        Dès son arrivée, Cusson importe à Nancy son style : il n’est pas un imprimeur qui
travaille à façon doublé d’un libraire débitant nouveautés religieuses, encre, plumes et papier.
Il se révèle d’emblée comme un chef d’entreprise amateur de belles-lettres. C’est la manière
de Paris qu’il impose en même temps que sa marque. En ce domaine, il est le véritable
promoteur du grand commerce lorrain du livre.

1.- L’homme d’affaires

        Dès la première année, Jean-Baptiste Cusson se comporte en grand éditeur et il publie
des ouvrages importants : le Roman bourgeois de Furetière (VI-327 p. avec gravures) ; la
Lorraine ancienne et moderne de Jean Mussey, curé de Longwy (XVIII-398 p.), livre qui a
l’honneur de déplaire à la Cour de France et que le Parlement de Paris condamne au bûcher
par arrêt du 17 septembre 1712 ; Réflexions morales sur la modestie et la bienséance
religieuse (167 p.) ; L’Imitation de Jésus-Christ, traduction nouvelle (545 p.) qu’il rééditera
d’ailleurs presque chaque année.
        De telles entreprises exigent des capitaux importants. Le duc de Lorraine, le premier,
lui apporte l’aide financière dont il a besoin. Par mandement daté de Lunéville le 20
novembre 1712 « il est ordonné à Charles Margueron, commis à la recette générale [des]
finances, de payer à Jean-Baptiste Cusson, imprimeur à Nancy, la somme de onze cents livres,
acompte des ouvrages d’imprimerie qu’il s’est obligé de faire pour notre service » 4. Il est
remarquable que l’acquit signé par Cusson soit daté du même jour ; il semble donc que
l’imprimeur-juré ait fait le voyage de Lunéville spécialement pour solliciter une avance de
fonds.

1
   - Lettre citée par L. MAGGIOLO, Eloge historique de dom Calmet, abbé de Senones, Nancy, Grimblot,
Thomas et Raybois, 1839, p. 97, n. 43.
2
  - Bib. nat. France, ms. fr. nouv. acq., 400, f° 95.
3
  - Arch. municip. Nancy, BB 21.
4
  - Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, B 1606, n° 496.
A peu de temps de là, il réussit à emprunter mille cinq cents livres aux religieuses du
Refuge de Nancy. Le 24 janvier 1713, recevant cette somme, il s’engage, conjointement avec
sa femme Marie-Jeanne Journelle, à verser chaque année une rente de 75 livres entre les
mains du notaire des sœurs du Refuge. Ce n’est qu’en 1742, dix ans après la mort de Jean-
Baptiste, que sa veuve remboursera le capital de mille cinq cents livres. Bien que le contrat ait
prévu l’éventualité d’un remboursement du prêt à tout moment, en deux fois, l’imprimeur ne
l’a jamais envisagé de son vivant, toujours soucieux d’investir ses capitaux disponibles dans
de nouvelles affaires d’édition. En cette matière, Cusson s’est montré déjà un homme
d’affaires moderne 5. Comme tel il en connaît les réussites flatteuses, mais aussi les
vicissitudes. Ainsi l’ouvrage même qui devait assurer la gloire posthume de Cusson a bien
failli mettre en péril son établissement. Chacun connaît les difficultés qui naquirent lors du
tirage de la première édition de la célèbre Histoire de Lorraine sur laquelle dom Calmet
travaillait depuis plusieurs années et que le duc Léopold avait enfin souhaité voir paraître. Dès
1723, Cusson diffuse le prospectus de l’ouvrage 6 et lance les souscriptions pour 1500
exemplaires de deux volumes in-folio de 1000 pages chacun, à livrer à partir du 1er octobre
1725. L’entreprise est reçue avec faveur par les Lorrains et l’imprimeur, en possession du
manuscrit complet 7, met l’ouvrage sous presse. Mais « Un malheureux garçon imprimeur à
mesure que les feuilles étaient imprimées les envoyait à Paris, et comme on était sur le point
de mettre cette histoire en vente, on fut bien surpris de recevoir des lettres des ministres de
France qui se plaignaient que cet ouvrage était rempli d’articles qui n’étaient pas à la gloire de
leur nation, surtout pour ce qui était du temps de la Ligue. On fut obligé pour ainsi dire de
refondre cette histoire et d’en ôter de l’essentiel pour y ajouter quantité de cartons de peu de
conséquences » 8.
        Enfin, en 1728, le tirage est achevé et Cusson sollicite un privilège du duc pour
protéger son entreprise contre d’éventuelles contrefaçons. Trois censeurs sont désignés par le
duc Léopold pour examiner l’ouvrage ; c’est à l’un d’eux, Nicolas-Joseph Lefebvre, procureur
général de la Chambre des comptes, que revient le soin de rapporter sur le travail de dom
Calmet. Il fallut, cette fois encore, effectuer un grand nombre de corrections : 180 pages
furent réimprimées avant la distribution au public. Ce n’est donc qu’en 1729, cinq années
après la mise en chantier, que Cusson put distribuer les volumes souscrits et mettre en vente le
reste de l’édition, récupérant enfin les fonds importants qu’il avait investis dans ce
monumental ouvrage 9.
        Ce retard, l’imprimeur l’a supporté seul, sans l’aide du duc de Lorraine, peu désireux
d’être accusé par la Cour de France d’avoir aidé à la publication d’un ouvrage qui mécontente

5
  - Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, H 2793, registre 1737-1738.
6
  - Un exemplaire du prospectus (in-4° de 4 p.) existe à la Bib. Municip. Saint-Dié sous la cote E. F. S. 30. Il est
daté de 1723. Celui de la Bib. municip. Nancy, sous la cote 279386 est de 1724.
7
  - C. PFISTER (éd.), Journal du libraire Nicolas, 1697-1744, dans Mémoires de la Société archéologique de la
Lorraine, 1899, p. 216-386. Ici année 1723. Ce premier contretemps est resté inconnu de Maggiolo, Op. cit., et
de A. DIGOT, Notice biographique et littéraire sur dom Augustin Calmet, Nancy, L. Wiener, 1860.
8
  - Au chapitre général de Luxeuil, dom Augustin Calmet reçoit la permission de faire imprimer l’Histoire de la
Lorraine, qu’il a composée. Cette permission, datée du 5 mai 1724, figure au tome III de l’ouvrage.
9
  - Lors de sa mise en souscription l’ouvrage était offert à 34 livres les deux volumes de 1000 p. chacun, payable
moitié de suite, moitié à la livraison, le prix devant être porté à 50 livres au 1er novembre 1725. C’était donc une
recette de plus de 60 000 livres sur laquelle Cusson était en droit de compter. La souscription ayant été couverte
à 50 % dès 1725, la rentrée réelle fut de 13000 livres en 1724-1725, le reste n’étant recouvré qu’à partir de 1729,
soit pendant cinq ans un découvert de 45 000 livres
les ministres de Versailles. Il a même refusé l’aide d’un bailleur de fonds de Leipzig, David
Auerbach, avec qui dom Calmet avait échangé une correspondance dans ce but 10. Pour les
cinquante livres sortis des ateliers de Cusson qui assurent sa renommée et sa publicité,
combien de plaquettes de circonstance, oraisons funèbres, relations de fêtes, discours, statuts
d’associations pieuses, combien de factums et mémoires imprimés à la hâte à la veille d’une
audience de justice ? Ce sont ces travaux quotidiens pourtant qui alimentent journellement les
presses de l’imprimeur, avec l’édition – combien lucrative – des ouvrages de littérature
pieuse. Si Cusson laisse à ses collègues et concurrents, imprimeurs-jurés comme lui,
l’impression des arrêts de justice, des placards et affiches, sur le point des ouvrages de piété il
ne cède rien. Véritables « livres de poche » avant la lettre, ils sont d’un débit trop facile et trop
assuré pour qu’il ne prenne soin de s’assurer l’exclusivité d’un grand nombre de titres. En
1728, lorsqu’il rédige une demande de privilège exclusif pour garantir son édition de
l’Histoire de Lorraine de dom Calmet contre les contrefaçons, il requiert la protection pour
d’autres titres, comme la Concordantiae bibliorum nova methodo digestae ou la Chronologia
brevis de dom Calmet, un « corps de toutes les différentes coutumes de Lorraine », ou encore
L’Année chrétienne du P. Suffren abrégée par le père Frizon de la Compagnie de Jésus, tous
ouvrages encore inédits. Il sollicite également une continuation de privilège pour le Nouvel
abrégé des méditations du P. Louis Dupont, par le P. Frizon (in-8°, 3 vol.), Les œuvres
ascétiques du P. Avrillon, religieux minime, L’Imitation de Jésus-Christ, trad. avec une
pratique et une prière..., par le P. Gonnelieu et les Institutiones Theologicae ad usum
seminariorum, du R. P. Simonnet, jésuite (in-8°, 11 vol.) ; l’Ordonnance de S. A. R. de 1707
pour l’administration de la justice et La Journée du chrétien sanctifiée par la prière et la
méditation, par le P. de Ville, de la Compagnie de Jésus.
        Communiquée par le procureur général de la Cour souveraine de Nancy à tous les
typographes de la ville afin qu’ils manifestent leurs objections s’ils estiment avoir des droits
sur l’un ou l’autre titre, la liste ne rencontre pas d’opposition, sauf chez l’imprimeur Pierre
Antoine. Ce dernier déclare en effet que si Cusson obtient le droit exclusif de mettre au jour
ces ouvrages, il sera libre d’en fixer le prix à sa convenance et cette pratique sera la source
d’un enchérissement des livres. Bien entendu, notre homme défend sa demande... mais avec
quelle véhémence ! Après avoir, dans un mémoire imprimé pour la circonstance, énoncé les
principes d’attribution des privilèges à la Cour de France, il ne manque pas de rappeler qu’il a
« part aux grâces de son souverain soit à cause des pertes qu’il a faites soit pour les frais
immenses de l’Histoire de Lorraine », que les ouvrages qu’il se propose de donner, dont la
concordance de la bible et compilation des coutumes « seront à l’honneur de la Lorraine ». Il
profite d’ailleurs de l’occasion pour donner son appréciation sur son collègue : « N’ayant
jamais rien entrepris de risquable faute de connaissance en librairie, ou au moins de courage,
il ne s’est jusqu’ici étudié qu’à piraté sur les autres et il n’y a aucun de ses confrères de Nancy
et de Toul à qui il n’ait, pour ainsi parler, arraché quelques plumes » 11.
10
   - Lettre du 23 mars 1726 de David Auerbach à dom Calmet reproduite par MAGGIOLO, op. cit., p. 86-88.
11
    - Bib. nat. France, Collection de Lorraine, n° 460, f° 53-54. Mémoire imprimé intitulé Remarques sur
l’opposition formée par Pierre Antoine imprimeur-libraire de Nancy, à l’obtention des lettres de privilège
demandées par J.-B. Cusson, imprimeur-Iibraire de S. A. E., in-4°, 4 p. Si Cusson ménage si peu son confrère et
n’hésite pas à dénoncer ses contrefaçons, c’est que contrairement à ses affirmations, Pierre Antoine est un
imprimeur qui compte parmi les plus grands du XVIIIe siècle à Nancy. La mise sur pied de ses deux éditions du
Dictionnaire de Trévoux, malgré les procès que lui firent les libraires de Paris, montre un esprit qui n’est pas
« sans courage ». Voir le détail de cette affaire dans A. RONSIN, « Les éditions nancéiennes du Dictionnaire de
Cette mauvaise humeur exhalée par Cusson montre un homme dur en affaires, menant
une lutte serrée contre ses concurrents. Déjà en 1725, c’est lui, Cusson, qui le seul avait
réclamé contre Pierre Antoine, solliciteur d’un privilège pour « l’impression du grand et petit
catéchisme de Toul, livres de jubilé et autres à l’usage du diocèse comme aussi de l’histoire
de la bible de Royaumont » 12. « Tout privilège exclusif est de soi odieux » écrivait Cusson
dans son mémoire et il exposait qu’en France seuls sont privilégiés les ouvrages nouveaux
mais jamais les almanachs ordinaires, catéchismes, ouvrages classiques, heures communes,
livres d’église sauf le privilège spécial accordé aux évêques. Nous avons vu comment, trois
ans plus tard, il interprète de façon différente à son profit les règles du privilège.
        Après avoir ainsi rompu des lances avec Antoine, Cusson se retourne contre Nicolas
Baltazard, autre imprimeur-libraire de Nancy, spécialisé dans les publications religieuses et, à
ce titre, concurrent sérieux. C’est un petit opuscule, aujourd’hui pratiquement introuvable
malgré les milliers d’exemplaires qui en furent tirés, qui met le feu aux poudres. En 1713, le
P. de Ville, membre de la Compagnie de Jésus, avait donné à Dominique Gaydon le manuscrit
d’un petit ouvrage intitulé Saints exercices de la journée chrétienne. D. Gaydon imprima chez
lui sans histoire trois ou quatre éditions en gros caractères sous le titre La journée du chrétien,
sans mentionner le nom de l’auteur, qui désirait conserver l’anonymat. En 1717, Cusson
obtient du P. de Ville l’autorisation d’imprimer son livre en plus petits caractères afin d’en
faire un volume plus maniable ; il rachète les exemplaires restant chez Gaydon et les vend
dans sa librairie en même temps qu’il débite son propre tirage. Baltazard, en 1720, sous le
nom de l’auteur, et avec son accord, publie Les Saints Exercices avec l’office de l’Église à
2000 exemplaires. Puis le P. de Ville meurt le 10 novembre 1720. L’année suivante (30 mars
1721) sous le titre Heures nouvelles, Cusson obtient un privilège d’impression pour douze
ans ; dès le 10 février 1724 il se fait octroyer une prolongation de dix années. De son côté
Baltazard, en 1725, sollicite et se voit octroyer une permission pour éditer Heures nouvelles
ou les saints exercices de la journée chrétienne. Il prend soin de faire enregistrer son privilège
au greffe de la Cour souveraine et il donne de nouvelles éditions en 1727 et 1729.
Brusquement Cusson s’adresse à la Cour souveraine pour demander la saisie provisoire des
ouvrages de Baltazard et des dommages et intérêts, en application de ses deux privilèges de
1721 et 1724. Nous sommes en 1730. Cusson affirme que « occupé alors à des ouvrages
considérables qui ne lui permettoient pas de penser à autre chose [il] ne put être informé de la
double contravention de Baltazard et ce n’est qu’en la présente année qu’il a pensé à vanger
ses deux privilèges et à réparer la perte affreuse qui lui cause 1’indébit de ses différentes
éditions du livre dont il s’agit » 13.
        A sa grande surprise, la Cour ne connaît que le privilège de Baltazard, le seul
enregistré à son greffe ; elle condamne Cusson à 100 francs de dommages et intérêts envers
Baltazard. Une bataille juridique extraordinaire s’engage alors : Cusson fait remarquer en
appel que jusqu’alors personne n’avait fait enregistrer de privilège en Lorraine ; il obtient gain
de cause et fait saisir les exemplaires non vendus de Baltazard. Ce dernier, point battu,
rétorque que l’ouvrage de Cusson est conçu d’une manière et le sien d’une autre, de sorte

Trévoux au XVIIIe siècle », Pays Lorrain, 1960, p. 151-164.
12
   - Bib. nat. France, Collection de Lorraine, n° 460, f° 57-88. Mémoire au sujet du privilège demandé par P.
Antoine...
13
   - A son Altesse Royale. Supplie très humblement J.-B. Cusson... contre N. Baltazard, aussi imprimeur-libraire
à Nancy, Nancy, Cusson, 1730, in-4°, 12-7 p. (Bib. municip. Nancy, ZZ 174.2).
qu’il s’agit de deux livres différents : « Il y a dans la Lorraine peut-être plus de 6 000 merciers
qui vendent des Heures où se trouvent des psaumes, l’office de la Sainte Vierge, les vêpres ».
Enfin en cassation Cusson triomphe et, en 1731, la Cour fait saisir les livres imprimés par
Baltazard et le condamne à des dommages et intérêts envers son confrère. La demande de
Cusson était-elle parfaitement fondée ? Sans doute puisqu’il obtint réparation. Il est alors
regrettable qu’il ait cru bon, là encore, de critiquer la vie privée de son adversaire, lui
reprochant les appuis non déguisés qu’il recevait des ecclésiastiques parce que deux de ses
frères et sa sœur étaient entrés en religion, ironisant sur le mariage de Baltazard, d’âge
avancé, avec sa servante et sur la naissance de leur premier enfant dont il fait un Ismaël 14, se
déchaînant contre toute la famille qualifiée allégrement « d’impies, de séducteurs, de gens qui
n’ont que l’apparence d’homme de bien » 15. Pour Cusson, ces luttes sévères si éloignées de la
résignation avec laquelle il accueille les retards de l’Histoire de Lorraine, montrent que ce
n’est pas en vain qu’il écrivait, dans l’une de ses multiples suppliques, parlant de la vente de
cet opuscule sans prétention : « le débit légitime d’un ouvrage qui pour paroître d’une bien
moindre importance ne laissoit pas de l’aider à vivre ».
        Mais Cusson est l’image même de la réussite. C’est son dernier adversaire Baltazard
qui, dans sa supplique au duc François III, dresse le bilan de l’activité de l’ancien imprimeur
parisien. « Il ne devrait pas avoir oublié le secours qu’il a trouvé dans la magnificence et la
liberté de Votre Auguste Père ; sorti de Paris avec quantité de dettes, accueilli gracieusement
par ce souverain [...] en moins de seize ans, Cusson a acquêté par ses bienfaits une belle
maison sur la place de la ville de Nancy qui vaut au moins 30 000 livres, un vaste jardin, et
s’est fait un fonds d’imprimerie de plus de 50 000 écus ».

2.- L’homme de Lettres

        Trop souvent les écrivains du XVIIIe et les historiens du XXe siècle se sont accordés
pour regretter le peu de capacités professionnelles et le niveau d’études très bas de certains
imprimeurs et éditeurs parisiens pour que nous n’attirions pas l’attention sur le goût prononcé
de Jean-Baptiste Cusson pour la littérature. Dom Calmet qui le connaissait bien puisqu’il fut,
nous l’avons vu, l’un des artisans de sa venue à Nancy et qu’il lui confia par la suite
l’impression de bon nombre de ses travaux, lui a consacré deux colonnes fort élogieuses dans
sa Bibliothèque lorraine 16. Il a recueilli de la bouche même de Cusson, qui ne commença à
parler qu’à cinq ans et qui poursuivit ses études jusqu’à seize, la liste de ses travaux littéraires.
A la vérité, l’essentiel de son activité consistait à « retoucher et mettre en meilleur langage »,
à donner « un goût tout à fait gracieux » à maints textes de petite valeur. Néanmoins il écrivit
deux romans, le Berger extravagant en deux tomes, « dont il a quelques pages d’imprimées »
déclare le savant bénédictin, mais que nous n’avons pu retrouver, et Agathon et Tryphine, qui
constitue son premier travail d’imprimerie à Nancy 17, comme le révèle l’épître au duc de

14
   - Par allusion au fils d’Abraham et de sa servante Agar.
15
   - Les principales pièces de l’affaire sont contenues dans le ms. 461 de la Collection de Lorraine de la Bib. nat.
de France et à la Bib. municip. Nancy, ZZ 174.2 et 174.8.
16
   - Dom A. CALMET, Bibliothèque lorraine¸ Nancy, 1751, col. 317-319.
17
   - Il en existe deux éditions à la Bib. nat. France, 1711 et 1712. Celle de 1711 (X-355 p.) est aussi à la Bib.
municip. Nancy (cote 1488).
Lorraine qui ouvre le volume : « J’ai bien senti, Monseigneur, que l’histoire d’Agathon et de
Tryphine n’était pas digne de Votre Altesse Royale, mais c’est le premier ouvrage sorti de ma
plume et de ma presse depuis l’heureux jour que je vis sous vos lois ». Agathon et Tryphine
est un roman rempli de bons sentiments et de touchante piété : c’est l’histoire d’amour de
deux jeunes chrétiens qui, pour leur foi, subirent le martyre en Sicile avec 77 autres de leur
religion. Cette histoire n’est en vérité qu’une version abrégée et plus romancée
d’Agathonphile qu’écrivit en près de mille pages l’évêque de Belley. Dans sa préface Cusson
ne farde point la vérité et rend au véritable inventeur la part qui lui revient. « On n’a pas crû
même qu’en imitant la manière de conter de ce grand Homme, on pût réussir à plaire dans ce
siècle, où le goût est si différent ; on s’est contenté de se servir de la meilleure partie des
évènemens qu’il y décrit et dont on ne peut lui scavoir trop de gré ».
        Après un début si édifiant de piété, Cusson remet sous presse, sans se lasser,
L’Imitation de Jésus-Christ attribuée au chanoine du mont Sainte-Agnès Thomas a Kempis.
Dès 1712 paraît en effet sous sa marque à Nancy L’Imitation de Jésus-Christ, traduction
nouvelle avec une pratique et une prière à la fin de chaque chapitre par le R. P. de
Gonnelieu, de la Compagnie de Jésus (in-8°, 545 p.) Une deuxième édition est tirée en 1713.
Quant au texte latin, il en donne des éditions en 1714, 1726 ; la version en vers de Pierre
Corneille sort de ses presses en 1730. Son fils Abel-Denys continuera à fournir des Imitations
sous les différentes formes.
        Selon dom Calmet, Jean-Baptiste Cusson lui-même serait le traducteur de l’ouvrage de
Thomas a Kempis. En réalité c’est à son père Jean Cusson, qui la publia pour la première fois
en 1673 18, que l’on doit la traduction française de l’Imitation de Jésus-Christ. Jean-Baptiste se
contenta de retoucher la version paternelle avant de l’imprimer pour son compte à partir de
1712, en ajoutant à la fin de chaque chapitre, « une pratique et une prière » rédigées par le P.
de Gonnelieu. L’usage d’abréger les titres des livres, fort longs à cette époque, a conduit à
attribuer au P. de Gonnelieu à la fois la traduction et les textes d’accompagnement. Le
Journal des Savants, en 1713, commet cette confusion, que ne démentirent pas les jésuites 19.
Cependant, comme le fils, le père s’était contenté de retoucher une traduction antérieure, celle
du sévère I.-L. Le Maistre de Sacy, plus connu pour sa Bible mise en français. Selon J.-M.
Quérard, le savant bibliographe qui a su retrouver l’origine de la traduction de l’Imitation de
Jésus-Christ éditée à Nancy au cours du XVIIIe siècle, l’avocat et typographe Jean Cusson
n’aurait donc été qu’un plagiaire. Les imprimeurs ne méritent pas sans doute une si sévère
appréciation. Qui lirait aujourd’hui, hormis les spécialistes du vieux français, les fabliaux du
Moyen Age s’ils n’étaient retranscrits dans la langue moderne ? A une époque où le droit
d’auteur n’avait point encore reçu vie, nul ne se plaignait trop de ces larcins tant qu’ils ne
faisaient pas le jeu des éditeurs étrangers. Jean-Baptiste Cusson apparaît ainsi plus amateur de
belles-lettres que créateur. Il est l’éditeur littéraire, toujours soucieux de mettre au jour des
textes à la portée et au goût de son public, prêtant lui-même sa plume à ces rajeunissements.
        Ce n’est pas l’un des moindres mérites de Cusson que d’avoir songé à publier ou
republier des auteurs estimables : dès 1713 il imprime sur beau papier une nouvelle édition du

18
   - Il y a eu deux éditions en 1673 ; l’une in-12°, l’autre in-18° avec la traduction nouvelle de Jean Cusson I. A.
A. P. (imprimeur et avocat au Parlement).
19
   - Le détail de cette affaire est exposé par J.-M. QUÉRARD, France littéraire, t. IV, pp. 288-289.
Roman Bourgeois de Furetière 20 avec six gravures en taille douce. En 1717, paraît grâce à ses
soins, la première édition des Mémoires du célèbre cardinal de Retz. Par quelle main le
manuscrit fut-il communiqué à Cusson ? C’est une énigme non encore résolue. Il est probable
que les bénédictins de Moyenmoûtier, qui en étaient détenteurs, ont songé à le montrer à Jean-
Baptiste Cusson. A cette époque dom Calmet, depuis son retour de Paris, travaillait à
Moyenmoûtier et dom Belhomme en était l’abbé. Ce dernier avait eu maintes occasions, étant
professeur à l’abbaye de Saint-Mihiel à partir de 1671, d’entrer en contact avec le vieux
cardinal, seigneur de Commercy, qui visitait fréquemment le grand monastère voisin. Le vif
succès de cette édition de mémoires historiques engagea Cusson à éditer en neuf volumes, de
1719 à 1722, l’Histoire de France sous le règne de Louis XIV, écrite par l’historien protestant
Isaac de Larrey, ambassadeur du roi de Prusse. Ajoutons à ces quelques ouvrages de premier
plan trois ouvrages scientifiques dus à des auteurs lorrains, tirés du catalogue que nous avons
dressé des publications de Cusson : le Traité du baromètre, ouvrage mathématique physique
et critique du chanoine Louis Philippe de la Brosse en 1717 ; la Dissertation sur les eaux
minérales de Pont-à-Mousson par le médecin Charles Guillaume Pacquotte en 1719 ; le
Nouveau système des eaux chaudes de Plombières par le docteur Camille Richardot en 1722.
        Lorsque l’on a examiné la part importante prise par Cusson dans les publications de
valeur, ses travaux littéraires strictement personnels paraissent fort minces. Ce sont ce que
dom Calmet appelle « quelques pièces volantes de poésie ». Nous n’avons retrouvé qu’une
seule de ces pièces en vers, écrite par l’imprimeur à l’occasion de la visite que la duchesse de
Lorraine fit à ses ateliers au mois de février 1717 et tirée sous les yeux mêmes de la princesse
Élisabeth Charlotte 21 :
                                      « A vos yeux, Princesse Royale
                                J’offre de mes travaux l’appareil et le fruit
                             Mais tracer ce qu’en vous d’une main libérale
                                          La Grâce, la Nature étale
                          C’est le plus noble effort que mon Art eût produit [...]
                             Princesse on vous dira que dans mon ministère
                                       Dans l’assemblage de mon art
                                        J’use de plus d’un caractère.
                                       Rassurez-vous sur un mystère
                                      Où le démon n’a point de part.
                                        Mais si cet art, de votre vie,
                                         Que respecte même l’envie
                                         Pouvoit produire le portrait
                                     Et vous peindre ici trait pour trait
                                 A bon droit serait-il accusé de magie... »

         Ces vers de circonstance ont une parenté certaine avec le style ampoulé des épîtres,
avertissements ou préfaces dont l’imprimeur a fait précéder les éditions que nous avons
rencontrées. Disons simplement que, si Jean-Baptiste Cusson peut être gratifié d’homme de
lettres, c’est davantage pour son esprit que pour sa plume.

20
   - Edition très rare, à la Bib. municip. Nancy, Rés. 10964.
21
   - L’Imprimerie à Son Altesse Royale Madame, Nancy, de l’Imprimerie de Jean-Baptiste Cusson, 1717, in-8°, 2
p. (un exemplaire à la Bibliothèque de la Société d’Archéologie Lorraine, Nancy, 8° B 199 (19).
3.- Les successeurs de Jean-Baptiste Cusson

        Le 14 août 1732 il meurt, âgé de 69 ans. Sa femme et son fils Abel-Denys assistent à
son inhumation dans l’église des Minimes à Nancy. C’est à eux désormais que revient la
charge de diriger la grande entreprise. Jusqu’en 1734 cependant le nom du disparu, précédant
celui de son fils, figure encore au bas de la page de titre de plusieurs volumes mis en chantier
de son vivant, par exemple La Vie du T. R. P. Charles de Lorraine, S. J. par le R. P. de
Laubrussel paru en 1733, les Sacri et canonici ordinis praemonstratensis annales... en 1734.
        De 1733 à 1741 c’est tantôt sous la seule indication de « Veuve de Jean-Baptiste
Cusson », tantôt sous celle de la mère et du fils que se publient les livres. De grands ouvrages
sortent de leurs presses, parmi lesquels il faut remarquer des œuvres de dom Calmet comme
l’Abrégé de l’histoire de Lorraine par dom Calmet en 1734, l’Histoire généalogique de la
Maison du Châtelet en 1741 ; mais aussi le Recueil des édits, ordonnances du règne de
Léopold 1er, t. I à IV (1733-1734), la Theologia dogmatica et moralis de Louis Habert en huit
volumes en 1736 ; L’Imitation de Jésus-Christ mise en vers par Pierre Corneille en 1745 ;
l’Histoire de l’Isle de Corse par Goury de Champgran en 1749 ; Le Cannaméliste français par
le sieur Gilliers en 1751.
        Pourtant la maison Cusson ralentit son activité. De 1711 à 1732, 80 volumes de plus
de 50 pages et 302 brochures portent le nom de Jean-Baptiste Cusson. De 1733 à 1754,
pendant un laps de temps aussi long, nous n’avons pu retrouver que 37 volumes de plus de 50
pages et seulement 6 brochures. Si ces chiffres ne représentent pas la production complète de
l’entreprise, ils permettent cependant de mesurer la diminution sensible des travaux. Faut-il
voir dans la modification de la situation politique des duchés, passant sous l’autorité déguisée
de la France, une certaine réserve du public et du pouvoir vis-à-vis d’une maison créée par un
Français qui avait préféré la Lorraine à sa première patrie ? Il semble plutôt que ce soit sur le
terrain commercial seulement qu’il faille chercher l’explication. A partir de 1730, les
imprimeurs Pierre Antoine, les frères Baltazard, les Charlot, plus tard J.-B. Leclerc, A.
Leseure, H. Thomas, ont créé des entreprises puissantes qui peuvent rivaliser avec celle
fondée par Jean-Baptiste Cusson. Les uns et les autres se sont fait réserver l’exclusivité des
impressions qui du collège, qui de la Cour souveraine ou de la Chambre des comptes, qui de
l’Hôtel de Ville ou de l’Intendance. Abel-Denys Cusson reste l’imprimeur distingué se
consacrant à de beaux livres, négligeant les travaux de ville alimentaires. Il jouit cependant
d’un grand prestige auprès de ses confrères qui en font le doyen de leur communauté. Comme
ses collègues parisiens, il est imbu de son titre d’imprimeur-ordinaire qui en fait un officier du
prince ; alors que beaucoup de jeunes typographes épousent des filles de libraires, Abel-
Denys Cusson, né à Nancy, se marie à Lunéville, le 8 février 1735, avec Jeanne Élie Germain,
fille du sieur Alexandre Germain, tapissier et garde meuble de S. A. R. ; Jean-François Coster,
premier juge-consul de Lorraine, est son témoin.
        Jeanne Journelle, veuve de Jean-Baptiste Cusson, meurt en 1741. Treize ans plus tard,
Abel-Denys à son tour disparaît. Le fonds d’imprimerie et de librairie créé plus de quarante
années auparavant est livré au feu des enchères. L’atelier est si fourni en presses, en outils,
fontes de caractères, bandeaux, culs-de-lampe, que les trois principaux acquéreurs pourront
ouvrir chacun une nouvelle officine : du fonds des Cusson naissent l’imprimerie de Vautrin à
Épinal, celle de Lechesne à Nancy (qui passera ensuite à Lamort), celle enfin de Jean-Jacques
Haener 22.
        Ce dernier est le véritable successeur des Cusson. Après un Français ce sera un
Allemand qui prendra la tête de la célèbre entreprise en 1754. Jean-Jacques Haener, né à
Umstadt en 1710, protestant converti au catholicisme, était depuis vingt ans compagnon
imprimeur à Nancy 23. En se portant acquéreur de la maison des Cusson et d’une partie de leur
matériel, il accède à la maîtrise. Le brevet d’imprimeur-ordinaire du roi de Pologne qui lui est
délivré le 25 avril 1757 confirme cette promotion sociale. Il saura, et ses descendants après
lui, maintenir la création de Jean-Baptiste Cusson à un rang digne de son fondateur jusqu’au
milieu du XIXe siècle.
        Jean-Baptiste Cusson représente le type même des techniciens habiles, volontaires et
entreprenants qui ont été les artisans du relèvement économique de la Lorraine au début du
XVIIIe siècle ; venant avec confiance mettre leur génie au service d’une petite nation dans
laquelle des lois libérales permettaient aux hommes d’être payés de leurs peines quelle que
soit leur origine, ils ont aussi contribué à faire connaître les mœurs et usages de leur pays
natal dans leur nouvelle patrie. Ils ont franchi les barrières d’un nationalisme hors de propos
pour confronter leur science et leur savoir-faire dans une émulation salutaire sur cette terre
lorraine où si souvent s’affrontèrent les armées de toute l’Europe. Leur exemple est un des
gages de notre avenir européen.

22
     - Bib. nat. France, ms. fr. 22185, L’état de la librairie et de l’imprimerie du royaume en 1764, t. II, f° 33-34.
23
     - E. DUVERNOY, « Les Haener, imprimeurs nancéiens », Le Pays Lorrain, 1925, p. 385-396.
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