LA POUDRE, L'ENCRE ET LE PLOMB ILLUSTRATIONS ET CONTRE ILLUSTRATIONS DURANT LE 1ER CONFLIT MONDIAL

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LA POUDRE, L'ENCRE ET LE PLOMB ILLUSTRATIONS ET CONTRE ILLUSTRATIONS DURANT LE 1ER CONFLIT MONDIAL
Médiathèque André Malraux – Département Langues et Littératures
    14-18 : la littérature, outil de propagande ? une sélection bibliographique

LA POUDRE, L’ENCRE ET LE PLOMB
ILLUSTRATIONS ET
CONTRE ILLUSTRATIONS
DURANT LE 1ER CONFLIT MONDIAL
Du 03/10/2014 au 17/01/2015
Salle d’exposition
Médiathèque André Malraux

Le premier conflit mondial est une guerre en image mais aussi et
surtout une guerre des images. Si les photographies du front sont
aujourd’hui largement diffusées, qu’en est-il des illustrations pour
enfants, des journaux dessinés, des caricatures ? Livres et revues
illustrent l’autoreprésentation des belligérants et la description,
sans concessions, qu’ils font de leurs antagonistes. Les images «
en guerre » extraites du fonds patrimonial révèlent une société en
pleine déliquescence qui assiste, non sans ironie, à
l’asservissement des images au profit des idéologies politiques et
à l’émergence sournoise d’un système de manipulation
diaboliquement efficace : la propagande.

Si l’exposition La poudre, l’encre et le plomb, illustrations et contre illustrations
durant le 1er conflit mondial s’attache principalement à tracer la propagande dans les
illustrations de l’époque, les œuvres littéraires méritent elles aussi d’être interrogées.

    14-18 : la littérature, un outil de propagande ?
Oui, avec de rares auteurs purement bellicistes et cocardiers aux accents militaristes
revanchards depuis la défaite de 1870 contre les allemands.
              Le cœur des femmes de France : extraits de la "Chroniques de la
              Grande Guerre" (1914-1920), Plon, 1928
              Romans et voyages / Maurice Barrès, Laffont 2014 (Bouquins)
              Pendant la Grande Guerre, Barrès est un acteur important de la propagande de guerre qui lui
              valut d’être élu par Le Canard enchaîné, chef « de la tribu des bourreurs de crâne. » L'écrivain
              se fait le champion du « jusqu'auboutisme » dans les articles qu'il écrit chaque jour pendant
              quatre ans à l’Écho de Paris. Il exalte les combats en cours et se voit décerner par Romain
              Rolland le surnom de « rossignol des carnages. »

              Gaspard / René Benjamin
              Archipoche, 2014
              Août 1914, des trains amènent à Alençon les mobilisés de Paris. Parmi eux, un petit marchand
              d'escargots de Montparnasse qui se retrouvera avec ses camarades face aux mitrailleuses et
              aux obus allemands dans un régiment d'infanterie. Prix Goncourt 1915.

              Briefe von Walter Flex / Walter Flex
              C. H. Beck'sche Verlagsbuchhandlung, [s.d.]
              Voyageur entre les deux mondes (1916), de même que les lettres et poèmes de guerre de
              Walter Flex furent le bréviaire posthume de toute une génération allemande après la défaite de
              1918. Ces écrits demeurent comme un témoignage du lyrisme national allemand et exaltent le
              patriotisme, les sentiments d'humanité, de camaraderie et de souffrance des soldats de la
              Première Guerre mondiale.

Non, avec de rares auteurs purement pacifistes, comme Romain Rolland.
              Au-dessus de la mêlée / Romain Rolland
              Payot & Rivages, 2013
              "Au-dessus de la mêlée" est le plus célèbre manifeste pacifiste de la Grande Guerre. Comparable au
              "J'accuse" de Zola, il fut publié par Romain Rolland le 24 septembre 1914 dans Le Journal de
              Genève. Ce texte exceptionnel, qui exhorte les belligérants à prendre de la hauteur pour saisir
              l'ampleur du désastre, provoqua aussitôt de nombreuses réactions violentes et haineuses envers son
              auteur, dont la lucidité, l'idéal de non-violence et de communion entre les peuples furent néanmoins
              récompensés, dès l'année suivante, par le prix Nobel de littérature.

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Mais la réponse est probablement plus subtile et l’engagement des écrivains évolue au fil
des années.
Avant tout, les auteurs patriotes s’expriment dans une culture de guerre : ils consentent
à la guerre et s’y engagent pour la plupart, beaucoup y laissent d’ailleurs leur vie sur les
champs de bataille. Ce sera le sort de 525 écrivains dont 450 français, parmi eux,
Guillaume Apollinaire, Rupert Brooke…

            Si je meurs : 1914 et autres poèmes / Rupert Brooke
            Bartillat, 2003
            Recueil de poèmes de cet auteur anglais (1887-1915) mort pendant la Première Guerre mondiale
            précédé d'une étude de ses œuvres et notamment de son plus célèbre sonnet, Le soldat.

            Calligrammes : poèmes de la paix et de la guerre : 1913-1916 /
            Guillaume Appolinaire
            Gallimard, 1995 (Poésie)
            Comme beaucoup d'étrangers, par peur d'être internés ou expulsés, Appollinaire, d’origine
            polonaise, a pu bénéficier de la loi du 5 août 1914 accordant la naturalisation aux engagés
            volontaires. Malgré les vicissitudes de l'existence en temps de guerre, Appollinaire écrit dès qu'il le
            peut pour tenir et rester poète (Case d'Armons, une abondante correspondance avec Lou, « Si je
            mourais là-bas » dans les Poèmes à Lou…) Calligrammes est édité en 1918 peu avant sa mort.

            Le Feu (suivi du) Carnet de guerre : journal d'une escouade / Henri
            Barbusse
            Librairie générale française, 1988
            Le chef-d’œuvre d'Henri Barbusse où il raconte la guerre dans toute son horreur. Prix Goncourt
            1916.

            Nocturne : fragments / Gabriele D'Annunzio
            Seuil, 1996
            Récit autobiographique de D'annunzio pendant la première guerre mondiale blessé et en
            convalescence après que son son hydravion se fut écrasé en mer en janvier 1916. Il commence la
            rédaction de Nocturne sur des bandelettes que lui prépare sa fille Renata (la Sirénetta de
            Nocturne), qui déchiffrera et recopiera ainsi dix mille bandes de papier.

            Le songe dans Romans et œuvres de fiction non théâtrales / Henry de
            Montherlant
            Gallimard, 1989 (Bibliothèque de la Pléiade)
            Dans « Le Songe », premier roman de l'auteur, s'emmêlent le thème de l'amour et celui de la
            guerre. Alban de Bricoule, figure romanesque de Montherlant lui-même, part volontairement pour
            le front voyant dans le combat le moyen de durcir son corps et son âme. Il se ferme à la pitié,
            s'exalte dans le meurtre qui le transforme et le grandit.

            Soldats bleus : journal intime 1914-1918 / Pierre Loti
            La Table Ronde, 1998
            1914, au tout début de la guerre, le capitaine de vaisseau Pierre Loti se bat auprès de l'état-major
            pour être mobilisé et envoyé au front. Officier de liaison, il parcourt la zone de combat, rencontre
            poilus et généraux, témoigne. Il découvre les villes sinistrées, raconte dans son style à la fois
            précis et épique l'horreur de la guerre. Mais, comme militaire de carrière, il entretient la
            propagande antiallemands et en même temps, il continue de mener une vie mondaine.

            Romans d'espionnage de la Grande Guerre / édition établie et préfacée
            par François Rivière
            R. Laffont, 2014 (Bouquins)
            Deux nouvelles méconnues, l'une de Rudyard Kipling, Mary Postgate, l'autre d'Arthur Conan Doyle,
            Plaidoirie pour un homme seul, restituent l'atmosphère hallucinante de cette guerre telle qu'elle fut
            vécue par la population d'outre-Manche.

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Pourtant transparait déjà un premier engagement avec la naissance de la littérature de
guerre des auteurs combattants et/ou se voulant les témoins des atrocités et souffrances
des soldats. La guerre n’est plus décrite avec lyrisme, on la vit à présent dans des
descriptions très réalistes. Peu de ces récits/fictions sont publiés pendant la guerre, non
pas du fait de la censure mais de l’opinion publique qui ne supporte pas l’idée que le
sacrifice de millions de morts ait été vain. En face de Maurice Genevoix ou Georges
Duhamel, le même vécu pour Andreas Latzko, Ernst Jünger, Liviu Rebreanu, Gabriele
D'Annunzio, Rudyard Kipling…

           Ceux de 14 / Maurice Genevoix
           Omnibus, 2002
           Sous Verdun, Jeanne Robelin, La joie, La mort de près… L’étonnante faculté d’observation, la
           précision de la mémoire, ‘attention aux hommes, aux regards, à la tonalité des voix, la rigueur,
           la simplicité, la clarté du récit portent la marque du génie d’un grand écrivain. Les "livres de
           guerre" de Genevoix sont, à côté de ceux de Barbusse ou de Jünger, les témoins de notre siècle
           cataclysmique, portés par le devoir de faire comprendre l'indicible aux générations futures.

           Vie des martyrs et autres récits des temps de guerre / Georges
           Duhamel
           Omnibus, 2005
           Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, G. Duhamel refuse de se soustraire au chaos
           provoqué par le conflit : médecin mobilisé, il pratiquera des milliers d'opérations sur le front. Son
           œuvre témoigne de ce désastre, de la fin d'un monde et de l'héroïsme des hommes. Contient
           également Civilisation, d’abord publié sous pseudonyme : « Je vous le dis, en vérité, la
           civilisation n'est pas dans cet objet, pas plus que dans les pinces brillantes dont se servait le
           chirurgien. La civilisation n'est pas dans toute cette pacotille terrible ; et, si elle n'est pas dans le
           cœur des hommes, eh bien ! elle n'est nulle part. »

           Hommes en guerre / Andreas Latzko
           Agone éditeur, 2013
           L'auteur, hongrois d'expression allemande, fut surpris à Goritz par la Première Guerre mondiale.
           Blessé en 1915, il se mit à la rédaction d'Hommes en guerre, qui parut pour la première fois en
           1917, publié sous anonymat à Zürich. Six nouvelles qui racontent la fabrique à malheurs de la
           guerre, suivies d'un portrait de l'auteur par Romain Rolland.

           Les silences du colonel Bramble / André Maurois
           Grasset, 2003 (Les cahiers rouges)
           Pour ce roman plein d'ironie, publié en 1918, l'écrivain a choisi de s'inspirer directement de son
           expérience d'agent de liaison auprès de l'armée britannique pendant la Première Guerre
           mondiale. Il dresse les portraits d'officiers-gentlemen, exposés à la mort mais doués pour la vie.

           Le chemin du sacrifice : roman / Fritz von Unruh
           La Dernière goutte, 2014
           Écrit alors que la bataille de Verdun fait rage et censuré jusqu'à la fin de 1918, Le chemin du
           sacrifice raconte le destin d'une compagnie de soldats allemands pris dans la tourmente de la
           Première Guerre mondiale. Les rêves de paix et de fraternité sont loin lorsqu'ils sont confrontés à
           la terreur de l'assaut. Unruh dénonce l'absurdité d'une guerre qui fait sombrer les hommes dans
           la folie.

           Clavel soldat / Léon Werth
           V. Hamy, 2005
           Comme beaucoup de pacifistes en 1914, Werth s'engagea pour faire «la guerre à la guerre», et
           passa quinze mois dans les tranchées. Clavel soldat, publié en 1919, fit scandale: ce récit du
           front n'allait-il pas à contre triomphalisme et patriotisme d'Épinal? Paru également en 1919,
           Clavel chez les majors transmet cette vérité en chapitres courts, où un désespoir violent explose
           en rage, en dégoût, en mépris.

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       Les croix de bois / Roland Dorgeles
       Albin Michel, 1996
       Loin de tout idéalisme, ce roman décrit avec réalisme ce que fut la Grande Guerre, son âpreté
       quotidienne dans la boue et les tranchées, sa tragédie parfois misérable, parfois grandiose, le
       combat de tous les jours non seulement avec l'ennemi mais aussi avec la misère et la peur, le
       face-à-face avec la mort. Prix Femina 1919.

       Orages d'acier : journal de guerre / Ernst Jünger
       C. Bourgois, 1981
       Le témoignage d'un combattant du front en première ligne. Mais c'est surtout la découverte par
       Jünger de son "moi", de l'aventure d'un être très jeune confronté à la réalité atroce de la guerre.
       Orages d'acier (In Stahlgewittern), publié en 1920, est le premier livre d'Ernst Jünger, qui
       raconte après guerre son expérience de la guerre des tranchées, comme simple soldat d'abord,
       puis comme officier des Sturmtruppen, ancêtres de commandos.

       L'initiation d'un homme : 1917 / John Dos Passos
       Gallimard, 1996 (Folio)
       Publié en 1920, premier grand roman d'un jeune américain qui considérait la guerre comme la
       dernière des barbaries humaines et qui s'engagea comme brancardier dans l'armée française.
       Après cela, ce grand écrivain de la Génération perdue publie un roman antibelliciste intitulé Three
       Soldiers qui lui apporte une considérable reconnaissance.

       La forêt des pendus / Liviu Rebreanu
       Zoé, 2006 (Les classiques du monde)
       Lors de la Première Guerre mondiale, Apostol Bologa, jeune Roumain de Transylvanie, se
       retrouve soldat de l'armée austro-hongroise et participe à la pendaison d'un soldat tchèque
       déserteur. Envahi par le remords, il déserte et reste fasciné par la mort.

       Lâlé la blanche : nouvelles / Ömer Seyfettin
       Turquoise, 2014
       Né en 1884 en Anatolie occidentale, Omer Seyfettin voit sa vocation littéraire s'éveiller à travers
       la lecture des écrivains français réalistes. Entre fiction et souvenirs, les 18 nouvelles de ce
       recueil, écrites entre 1913 et 1920, montrent la réalité des Balkans et de l'Anatolie du début du
       XXe siècle, le traumatisme de la guerre et la fin de l'Empire ottoman.

       Dans mon dos, l'océan des étoiles / Ludwig Meidner
       Éd. Allia, 2011
       Textes écrits entre 1916 et 1918, alors que L. Meidner est traducteur dans un camp de
       prisonniers. L'écrit remplace la peinture, son matériel se réduisant à des carnets. Cette prose
       poétique devient le pendant de l'oeuvre dessinée, qui illustre par ailleurs l'ouvrage. Ces
       réflexions, souvent drôles, sont des mémoires de guerre d'un genre nouveau.

       Et chaque lent crépuscule ; suivi de Á la recherche de Wilfred=[War
       poems] and [Selected Letters] : poèmes et lettres de guerre, 1916-
       1918 / Wilfred Owen
       Le Castor astral, 2001 (Escales du Nord)
       Témoignage d'époque, ces poèmes, parus en 1920, sont devenus un classique de la production
       anglaise, avec un art sombre et lumineux. C'est de la condition humaine dont il est question ici,
       de l'homme meurtri, humilié, nié jusque dans son humanité même.

       Le monde sans sommeil / Stefan Zweig
       Payot & Rivages, 2013
       Ce texte est tiré d'une série de textes, tous parus pendant la guerre dans la Neue Freie Presse, le
       journal le plus estimé de Vienne. Le premier, Le Monde sans sommeil, peint le désarroi d'une
       humanité qui ne peut plus échapper à la guerre, car, pour la première fois dans l'histoire, celle-ci
       concerne tous les hommes et il n'est plus de tour d'ivoire. Que faire ? sinon espérer qu'un ordre
       nouveau (lequel ?) sortira du chaos sanglant. C’est l’opiniâtreté de Romain Rolland dans sa lutte
       contre la guerre qui sauve Stefan Zweig de la dépression et fait qu’il admire de plus en plus celui
       qu’il considère comme son maître.

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C’est dans l’entre deux guerres, en particulier dans les années 1930, que nait réellement
un mouvement international d’écrivains et de poètes qui militent pour la paix et donnent
le jour à des textes de fiction ouvertement pacifistes. A côté de Romain Gary ou Jean
Giono, Erich Maria Remarque, Sándor Márai, Frederic Manning, Emilio Lussu…
Quelques nuances cependant pour certains romanciers qui changent de position au fil du
temps, comme Anatole France ou Stefan Zweig de « Clarissa » au texte « Monde sans
sommeil ». D’autres ont réécrit ou remanié leurs romans pour gommer l’exaltation
patriotique ou militariste, comme Henri Barbusse ou Ernst Jünger. Enfin sont publiés des
romans antimilitaristes qui n’empêcheront pas leurs auteurs de s’engager aux côtés des
nazis lors de la seconde guerre mondiale : parmi eux, Louis Ferdinand Céline, Pierre
Drieu La Rochelle.

           Manifestes du surréalisme / André Breton
           Gallimard, 2005 (Folio. Essais)
           La Première Guerre mondiale mit en évidence le dérisoire de l'humanisme occidental. Celui-ci
           venait d'aboutir à une des plus grandes catastrophes de l'histoire. Ses valeurs ne résistaient plus
           à la réalité : il fallait les redéfinir. Il fallait redéfinir l'homme et le monde. Dada réagit
           violemment. Il eut pour but de détruire ; le surréalisme prit la relève. Détruire d'abord, agir
           ensuite, tenter de susciter une re-naissance en tenant compte des grandes révolutions
           intellectuelles et politiques de l'époque.

           La montagne magique / Thomas Mann
           Librairie générale française, 1997 (Le Livre de poche)
           Un jeune homme, Hans Castorp, se rend de Hambourg, sa ville natale, à Davos, en Suisse, pour
           passer trois semaines auprès de son cousin en traitement dans un sanatorium. Pris dans
           l'engrenage étrange de la vie des «gens de là-haut», Hans y séjournera sept ans, jusqu'au jour
           où la Grande Guerre, tel un exorcisme, le précipitera sur les champs de bataille. Publiée en
           1924, cette vaste parabole sur la déchéance spirituelle, l'amour et la mort, avec l'Europe d'avant
           la Première Guerre mondiale pour toile de fond, vaut à son auteur la renommée internationale.

           Monnaie de singe / William Faulkner
           Flammarion, 1987 (GF)
           L'histoire tourne autour d'un aviateur blessé qui rentre dans son petit village de Géorgie après la
           Première Guerre mondiale. Il est escorté par un vétéran et la veuve d'un soldat mort dans le
           conflit. Gravement blessé au visage, il est quasiment sourd et aveugle. Les conflits tourneront
           autour de l'engagement auprès de sa fiancée particulièrement infidèle en son absence et du désir
           de la veuve à son égard. Publié en 1925, c’est le premier roman de l’auteur qui s’était engagé
           dans l'aviation canadienne durant la Première Guerre mondiale, mais sans avoir vraiment pu y
           participer.

           Le fouet vivant / Milo Urban
           Fayard, 2013
           L'histoire d'un village slovaque pendant la Première Guerre mondiale et les conséquences
           morales de la guerre sur les habitants. Un bouleversant plaidoyer contre la guerre qui
           s’accompagne d’une réflexion sur la nature humaine capable du pire lorsque des circonstances
           exceptionnelles font éclater le vernis des conventions.

           A l'ouest rien de nouveau / Erich Maria Remarque
           Stock, 2008
           A travers le témoignage d'un simple soldat allemand de la Première Guerre mondiale, une
           dénonciation de la monstruosité de la guerre. Paul Bäumer, le narrateur, enrôlé avec six autres
           réservistes, raconte la mort de ses amis un à un, jusqu'à la sienne propre. Ce roman pacifiste,
           réaliste et bouleversant connut, dès sa parution en 1928, un succès mondial retentissant.

           Les révoltés / Sándor Márai
           A. Michel, 1992 (Les Grandes traductions. Domaine Europe centrale)
           Tandis que leurs pères sont au front, des adolescents découvrent en bande leur indépendance.
           Livrés à eux-mêmes, menés par les démons de leur révolte, ils inventent des jeux qui leur
           permettent de renverser le monde des adultes, d'échapper à l'autorité de leur famille. Écrit en
           1929, roman du destin hongrois, des grands bouleversements nés de la Première Guerre
           mondiale, Les Révoltés mêle de façon admirablement réussie les troubles de l'adolescence et la
           confusion d'une époque.

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       Œuvres romanesque, Poèmes de guerre et d'après guerre / Ernest
       Hemingway
       Gallimard, 2002 (Bibliothèque de la Pléiade)
       L'Adieu aux armes est le troisième roman d'Ernest Hemingway, publié en 1929. C'est un roman
       d'inspiration autobiographique, dont l'action se déroule en Italie pendant la Première Guerre
       mondiale. Écrit à la première personne, il relate l'histoire d'amour tragique entre Frederic Henry,
       ambulancier américain engagé dans la Croix-Rouge italienne, et Catherine Barkley, infirmière
       anglaise. Dans un style froid et laconique, Hemingway dépeint une guerre futile et destructrice,
       le cynisme des soldats et les déplacements de populations.

       Nous étions des hommes / Frederic Manning
       Phébus, 2002
       Un simple soldat anglais dans la Première Guerre mondiale reste un homme, refuse de
       commander et se fait tuer. Grand livre, salué d'abord en 1929 par T.E. Lawrence, T.S. Eliot, E.
       Pound, E. Hemingway...

       La peur / Gabriel Chevallier
       Le Dilettante, 2008
       Le narrateur raconte la Première Guerre mondiale telle que G. Chevallier lui-même l'a vécue,
       comme simple soldat, sur le front puis, blessé, à l'hôpital. Paru pour la première fois en 1930, ce
       roman témoigne de la terrible expérience des combattants face à la férocité et l'inutilité de cette
       guerre.

       Le Grand troupeau / par Jean Giono
       Gallimard, 1999 (Folio)
       Écrit et réécrit à partir de 1929 et publié en 1931, ce roman constitue un des rares textes
       narratifs que Jean Giono a consacrés à la guerre de 14-18 à laquelle il a participé. Le récit
       alterne les scènes au village où les femmes et les vieux assurent les travaux agricoles dans
       l’affrontement à la nature vivante, et les scènes au front dans la violence des combats ponctués
       par les morts. Une dénonciation forte de la guerre en accord avec le pacifisme profond de Jean
       Giono.

       Voyage au bout de la nuit / Louis-Ferdinand Céline
       Gallimard, 2004 (Folio plus)
       Ecrit à la première personne, le roman de Céline fait défiler une kyrielle de situations et de
       personnages sous le regard semi-naïf de Bardamu. Ses commentaires dénoncent les horreurs
       dont il est le témoin, voire la victime : celles de la Grande Guerre et celles des rapports sociaux.
       Un roman antimilitariste, lauréat du Prix Renaudot en 1932, qui n’empêchera pas son auteur de
       s’engager aux côtés des nazis lors de la 2e guerre mondiale, comme Pierre Drieu La Rochelle et
       La comédie de Charleroi (1934).

       Le vin des morts / Romain Gary
       Gallimard, 2014
       Tulipe déambule dans un souterrain gouverné par un Dieu ivre, peuplé de cadavres de
       maquerelles, de policiers, d'anciens combattants de la Première Guerre mondiale, de moines et
       d'enfants. A travers ce récit, l'auteur dépeint la misère de l'après-guerre et celle plus profonde
       de l'âme humaine. Ce premier roman écrit en 1933 mais inédit jusqu’en 2014, signé de son vrai
       nom, Romain Kacew, sera source d'inspiration pour toute son œuvre.

       Le château d'Udine / Carlo Emilio Gadda
       Grasset, 2014 (Les cahiers rouges)
       Dans cet ouvrage multiple publié en 1934, l'auteur aborde l'impossibilité de se remettre du
       traumatisme de la Première Guerre mondiale.

       Prélude à Verdun et Verdun dans Les hommes de bonne volonté. 3 /
       Jules Romains
       R. Laffont, 2003 (Bouquins)
       Prévue, redoutée, honnie, la guerre s'installe en Europe et ravage bientôt le monde. L'«usine
       d'usure», le «mur» de fer et de feu se dressent entre les pays du Vieux Continent. Jerphanion,
       Clanricard, pour ne parler que d'eux, subiront de plein fouet cet «impensable événement» et en
       porteront des traces toute leur vie. Placés ainsi au sommet de l'œuvre, Prélude à Verdun et
       Verdun permettent à Jules Romains en 1938 de dresser un réquisitoire sans appel contre la
       «mauvaise volonté»...

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LA POUDRE, L'ENCRE ET LE PLOMB ILLUSTRATIONS ET CONTRE ILLUSTRATIONS DURANT LE 1ER CONFLIT MONDIAL
Médiathèque André Malraux – Département Langues et Littératures
   14-18 : la littérature, outil de propagande ? une sélection bibliographique

           Les hommes contre / Emilio Lussu
           Denoël, 2005
           Né en Sardaigne en 1890, Lussu témoigne de la guerre qu’il a vécue, en 1916-1917 sur le front
           entre l'Italie et l'Empire austro-hongrois. Les Alpes du Trentin y forment le décor d'un théâtre
           absurde et cruel. A travers une série d'instantanés du front vu par un narrateur sceptique et
           impuissant, défile un cortège d'officiers et de soldats qui se débattent dans les mâchoires d'acier
           de la Grande Guerre. Une fresque humaniste et pacifiste publiée en 1938, alors que l’auteur s’est
           engagé contre le fascisme.

           Johnny s'en va-t-en guerre : roman / Dalton Trumbo
           Actes Sud : Leméac, 2003 (Babel)
           Chef-d’œuvre de la littérature antimilitariste, ce roman a pour héros un soldat américain de la
           guerre de 1914-1918 atrocement mutilé par une explosion. Devenu ce mort vivant dont l'âme
           s'agrippe à un corps qui n'est plus, il incarne, avec une puissance narrative stupéfiante, l'horreur
           vécue de toute guerre. Publié en 1939 , toujours d'actualité, il constitue sans doute la plus
           violente, la plus crue des dénonciations de la guerre.

Pour aller plus loin

           14-18 : reportages de guerre : des témoignages inattendus par de
           grands noms de la littérature /choix de textes provenant d'une
           anthologie réalisée par Alain Quella-Villéger et Timur Muhiddin
           Pocket, 2014
           Pages d'Albert Londres, Edith Wharton, Pierre Loti ou Arthur Conan Doyle évoquant la guerre,
           l'inhumain, l'horreur, l'indicible, mais aussi l'arrière, le danger, le patriotisme, tentant parfois de
           discerner le vrai du faux ou de contourner la censure...

           Nouvelles de la Grande Guerre : nouvelles européennes / Robert
           Walser, Henri Barbusse, Richard Weiner…
           Zoé, 2014
           Les nouvelles de ce recueil ont toutes été écrites pendant ou peu de temps après la Première
           Guerre mondiale, et témoignent de la vision du conflit aux quatre coins de l'Europe.

           La Grande guerre des écrivains : d'Apollinaire à Zweig / textes
           choisis, présentés et annotés par Antoine Compagnon
           Gallimard, 2014
           Anthologie de textes de différents genres, ayant pour thème la Première Guerre mondiale. Le
           recueil est découpé en cinq parties : l'été 1914, le front, la zone des armées (infirmières,
           prisonniers, déserteurs, etc.), la vie à l'arrière, la mémoire et l'oubli de l'après-guerre.

           Le dégoût de la guerre de 1914 / textes choisis et présentés par
           Gilles Heuré
           Mercure de France, 2014 (Le Goût des villes)
           A l'occasion du centenaire de la guerre de 1914-1918, cet ouvrage rassemble les témoignages
           d'écrivains qui l'ont vécue. Textes de Blaise Cendrars, Maurice Genevoix, Léon Werth, Georges
           Duhamel, Roland Dorgelès, Henri Barbusse, Jean Giono, Marcel Proust, Pierre Mac Orlan, Louis-
           Ferdinand Céline, Romain Rolland...

           En pleine figure : haïkus de la guerre de 14-18 / anthologie établie
           et présentée par Dominique Chipot
           B. Doucey, 2013 (Tissages)
           Une anthologie de courts poèmes écrits selon l'art japonais du haïku, durant la Première Guerre
           mondiale par de jeunes soldats. A l'époque, ils furent publiés dans des revues ou plaquettes
           tirées à quelques dizaines d'exemplaires. Toute l'horreur et la fulgurance de la guerre
           apparaissent dans ces fragments poétiques.
           Département Langues et Littératures (2e étage)

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LA POUDRE, L'ENCRE ET LE PLOMB ILLUSTRATIONS ET CONTRE ILLUSTRATIONS DURANT LE 1ER CONFLIT MONDIAL
Médiathèque André Malraux – Département Langues et Littératures
   14-18 : la littérature, outil de propagande ? une sélection bibliographique

Après la Deuxième Guerre mondiale, quelques parutions encore, mais c’en est fini de la
littérature de guerre, et il n’est plus question du tout de propagande. Il faut surtout
attendre la fin du millénaire, dans les années 1980/1990 - époque où les petits-enfants
des soldats de la Grande Guerre arrivent à maturité - pour que les romanciers français
notamment, optant pour différents genres littéraires, s’intéressent à nouveau à 14-18,
par devoir de mémoire et questionnement sur l’héritage et les traces laissées par la
grande guerre ; c’est aussi la fin des derniers poilus encore vivants… et l’apparition de
quelques bons succès littéraires sur le sujet, comme Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre.
Le roman policier se prête plutôt bien aux mises en scène où se croisent les analyses
intime, politique et historique.
Mais ce qui caractérise peut-être le mieux l’approche contemporaine de ce conflit, ce sont
les regards d’aujourd’hui croisés avec nos guerres contemporaines qui font écho à 14-18.
Et dans les traductions dont nous disposons en français, de nombreux romanciers
européens évoquent le premier conflit mondial mais en l’insérant dans la longue fresque
des conflits qui ont jalonné le 20ème siècle plutôt que d’en faire le seul cadre du roman.

1946 : Blaise CENDRARS « La main coupée »
1954 : William FAULKNER « Parabole »
1977 : Timothy FINDLEY (Canada) « Guerres »
1979 : Jim HARRISON (USA) « Légendes d’automne »
1982 : Jean AMILA « Le boucher des Hurlus » (RP)
1984 : Didier DAENINCKX « Le der des ders » (RP)
1989 : Claude SIMON « L’Acacia »
1990 : Jean ROUAUD « Les champs d’honneur »
1991 : Sébastien JAPRISOT « Un long dimanche de fiançailles », Dobritsa TCHOSSITCH
(Serbie) « Le Temps de la mort »
1995 : Pierre BERGOUGNIOUX « Miette », Necati CUMALI (Turquie) « Le dernier seigneur
des Balkans »
1997 : Sebastian FAULKS (G.B) « Les chemins de feu »
1998 : Marc DUGAIN « La chambre des officiers »
1999 : Antonio SKARMETA (Chili) « La noce du poète », Mario RIGONI STERN (Italie)
« Les saisons de Giacomo »

2000 : Xavier HANOTTE (Belgique) « Derrière la colline »
2001 : Laurent GAUDE « Cris », Xavier DEUTSCH (Belgique) « Samuel est revenu »
2003 : Alice FERNEY « Dans la guerre », William BOYD (GB)« Comme neige au soleil »
2004 : Gisèle BIENNE « Paysages de l’insomnie » , Anne PERRY « Le temps des armes »,
série « Joseph et Matthew Reavley », Frédéric CATHALA « Le théorème du roitelet »,
Isabelle CONDOU (Belgique)« Il était disparu », Henri-Frédéric BLANC « La mécanique
des anges », Claude DUNETON « Le monument », Yves POURCHER            « Le rêveur
d’étoiles », Pierre MIQUEL « La poudrière d’Orient »
2005-2014 : Thierry BOURCY « Les enquêtes de Célestin Louise » (RP)
2006 : Joseph BOYDEN (Canada) « Le chemin des âmes »
2007 : François SUREAU « L'obéissance »
2008 : Gisèle BIENNE « La ferme de navarin », Doris LESSING (GB) « Alfred et Emily »
2009 : Jean VAUTRIN « Quatre soldats français T4 : La grande zigouille »
2010 : Soazig AARON « La sentinelle tranquille sous la lune », Guillaume PREVOST « La
valse des gueules cassées » (RP), Patrick PECHEROT « Tranchecaille » (RP)
2011 : Lilyane BEAUQUEL « Avant le silence des forêts »
2012: Jean ECHENOZ “14”, Eric VUILLARD, « La bataille d'Occident », William BOYD
(GB) « L’attente de l’aube », Daniel STILINOVIC « On sera rentrés pour les vendanges »,
Jean ANGLADE « Le choix d’Auguste »
2013: Pierre LEMAITRE “Au revoir là-haut” (Prix Goncourt), Raphaël CONFIANT « Le
bataillon créole », Jean-Marie DALLET « Des morts et des vivants », Linda NEWBERY
(GB) « Graveney Hall », Tim GAUTREAUX (Belgique) « Le dernier arbre » (l’après 14-18),
Jean-Christophe RUFIN « Le collier rouge »
2014: Denis BRETIN « Le mort-homme » (RP), Didier DESBRUGENES « Limon »

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