ASTÉROÏDES L'EXPLORATION SPATIALE DES - Hiver - Printemps 2022 - volume 33 , numéro

 
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ASTÉROÏDES L'EXPLORATION SPATIALE DES - Hiver - Printemps 2022 - volume 33 , numéro
Une publication de la Société d’astronomie du Planétarium de Montréal • SAPM  Hiver - Printemps 2022 — volume 33 , numéro 1

     L’EXPLORATION SPATIALE DES

     ASTÉROÏDES
ASTÉROÏDES L'EXPLORATION SPATIALE DES - Hiver - Printemps 2022 - volume 33 , numéro
Sommaire

   3   Mot du président
   4   Équipe de production
   5   Espace des membres
   7   Événements astronomiques

                                                                                                                              Crédit : NASA
  12   Sur le web                                        Page couverture : La sonde LUCY explorant un astéroïde troyen.

                                                                      Accueil des
       Pour y voir clair                                           nouveaux membres
  13
       La différence entre un astéroïde                      La pandémie continue à affecter
       et une comète                                        nos abonnements ; toutefois, l’offre
                                                           du Passeport Multi-musées d’Espace
  16   À la Une                                            pour la vie nous a apporté un nombre
       L’exploration spatiale des astéroïdes              impressionnant de nouveaux membres.

                                                          La Société d’astronomie du Planétarium
       Histoire
  20                                                          de Montréal (SAPM) est heureuse
       La météorite du cap York                             d’accueillir 261 nouveaux membres
                                                             depuis août 2021. La provenance
                                                           de ces nouveaux membres est assez
       Biographie
  23                                                         diversifiée : Montréal, Saint-Sixte,
       Carolyn S. Shoemaker, une passionnée                 Brossard, Longueuil, Laval, Verdun,
       du ciel étoilé                                     Granby, Saint-Hubert, Sainte-Catherine,
                                                            LaSalle, Saint-Philippe, Repentigny,
                                                           Beloeil, Chambly, Beauharnois, Elgin,
       Jeune astronome
  25                                                      Saint-Laurent, Saint-Jean-sur-Richelieu,
       À la recherche des cailloux spatiaux               Saint-Eustache, Franklin, Papineauville,
                                                            Pointe-Claire, Mascouche, Mercier,
                                                               Beaconsfield, Sainte-Mélanie et
                                                                       Saint-Lambert.
  28   Le Petit Planétaire
                                                                    Merci à tous ceux qui sont
  29   Une constellation et ses trésors                              restés fidèles à la SAPM
                                                                     en ces temps difficiles !
  32   Ciel profond
                                                                 N’hésitez pas à consulter notre
  35   Variations sur un même thème                             site web et nos réseaux sociaux
                                                               (Facebook et Twitter) pour obtenir
                                                               plus d’informations sur l’actualité
                                                                   astronomique, nos ateliers
                                                                     ainsi que nos activités.

                                                                         Bienvenue à la SAPM !

                                                           L’icône SAPM contient des liens.
                                                           N’hésitez pas à cliquer dessus
                                                           pour découvrir plus d’informations.
       Les textes n’engagent que leurs auteurs.

                        Hyperespace • Hiver - Printemps 2022                                                              2
ASTÉROÏDES L'EXPLORATION SPATIALE DES - Hiver - Printemps 2022 - volume 33 , numéro
Mot du président

  Observations et formations
  OBSERVATION DU CIEL L’HIVER                                  conseil d’administration auxquels vous confierez la
  L’hiver, puisqu’il il fait froid, il n’est pas commode       gestion de la Société.
  d’observer les beautés du ciel. Cependant, il y a            On y remet aussi le prix annuel de la SAPM, le prix
  beaucoup d’avantages à l’observation hivernale. La           Michel-Nicole, pour souligner l’implication remar­
  noirceur arrive plus tôt et les nuits sont plus              quable d’un de nos membres. Finalement, cette
  longues. Il y a aussi de magnifiques constellations          assemblée vous permet de communiquer vos
  telles qu’Orion qui regorgent d’objets intéressants          commentaires et suggestions au nouveau conseil élu.
  comme la grande nébuleuse d’Orion Messier 42, la
  nébuleuse de la tête de Cheval, de la Flamme et              Nous vous y attendrons en grand nombre!
  l’amas des Pléiades (Messier 45).
                                                               CONFÉRENCES DE LA SAPM
  Il faut toutefois prendre des précautions pour bien          (saison hiver-printemps)
  se protéger de la froidure. Il faut s’habiller en couches,
                                                               Le conseil d’administration de la SAPM a décidé
  soit la méthode de la « pelure d’oignon ». L’air entre
                                                               d’essayer une nouvelle formule pour les conférences
  vos différentes pièces de vêtements servira d’isolant.
                                                               de la saison, c’est-à-dire qu’il n’y aura qu’une seule
  Il vous faut de bonnes bottes et des semelles épaisses
                                                               conférence par mois. Cependant, aux mois d’avril
  pour isoler le froid provenant du sol. Un thermos
                                                               et mai, si la température le permet, il y aura une
  contenant une boisson chaude est toujours très
                                                               soirée d’observation de la Lune au Planétarium. En
  réconfortant. Les chauffe-mains ou chauffe-pieds             cas de mauvais temps, il y aura une nouvelle activité,
  sont toujours très utiles.                                   « Le salon du livre ». Plus de détails à venir en avril.
  ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA SAPM                                Pour toutes informations au sujet de nos activités,
  Vous êtes cordialement invités à participer à l’assem­       je vous invite à consulter la rubrique Espace des
  blée générale des membres de la SAPM qui aura lieu           membres – Activités à venir à la page 5.
  le vendredi 25 mars 2022 à 19 h 30. Nous vous infor­
  merons quelques semaines avant la tenue de cette             Bonne fin d’hiver et bon printemps 2022 !
  rencontre sur les modalités de cette importante soirée.

  Cette rencontre constitue le moment privilégié où            Alain Vézina
  nous faisons le bilan du fonctionnement de la SAPM           Président
  et où nous procédons à l’élection des officiers du           Société d’astronomie du Planétarium de Montréal

Sommaire                                Hyperespace • Hiver - Printemps 2022                                              3
ASTÉROÏDES L'EXPLORATION SPATIALE DES - Hiver - Printemps 2022 - volume 33 , numéro
Équipe de production

  Nouvelle capitaine
  à bord de l’Hyperespace

  Après trois ans aux commandes de l’Hyperespace, ma mission se
  termine avec la parution de l’édition hiver-printemps 2022. Dorénavant,
  c’est Margaux Szuter qui sera votre capitaine. Elle saura, j’en suis
  certaine, vous transporter avec passion vers de nouveaux horizons.

  J’aimerais remercier tous les membres de l’équipage (les auteurs,            Équipe de production
  les réviseurs et les astrophotographes) qui ont fait de ce voyage une
  incroyable aventure.
                                                                               Rédactrice en chef
  Quand j’ai joint l’équipe à l’été 2019, j’arrivais avec beaucoup d’enthou­   Isabelle Léveillée
  siasme et un petit vertige.
                                                                               Assistante à la rédaction
  Je peux conclure en utilisant les mêmes mots dans un autre contexte, en      Johanne Prud’homme
  disant que l’enthousiasme de tous les collaborateurs m’a marquée (et va
  me manquer) et que le vertige est encore plus grand, car maintenant je       Réviseure
  réalise l’immensité que représente cette quête de percer les secrets de      Geneviève Girard
  l’univers.
                                                                               Réviseur scientifique
  Bonne lecture !                                                              et recherchiste
                                                                               Jean-François Guay
  Isabelle Léveillée
  Rédactrice en chef                                                           Conception visuelle
                                                                               Kanoca infographie

                                                                               Pour joindre la rédaction :
                                                                               Isabelle Léveillée
                                                                               isabelle.hyperespace@sapm.qc.ca

                                                                               Mission SAPM et
                                                                               conseil d’administration

                                                                               Pour joindre la SAPM

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ASTÉROÏDES L'EXPLORATION SPATIALE DES - Hiver - Printemps 2022 - volume 33 , numéro
Espace des membres

                Conférences et activité spéciales
                              février                                            avril
                              « Voir » de la matière                             La vie sur Vénus
                              non lumineuse                                      (Conférence)
                              (Conférence)                                       par Frédérique Baron
                                                                                 Vendredi 22 avril 2022
                              Partie 2 - Des galaxies à la matière sombre
                              par Olivier Hernandez
                              Vendredi 18 février 2022
                                                                                 Soirée d’observation de la Lune
                                                                                 OU Salon du livre
                                                                                 (Activité spéciale)
                              mars                                               Vendredi 8 avril 2022

                              L'astronomie aux jumelles
                              (Conférence)                                       mai
                              par Philippe Graveline
                              Vendredi 11 mars 2022                              La théorie du Big Bang
                                                                                 (Conférence)
                              Assemblée générale                                 par Richard Piché
                              des membres de la SAPM                             Vendredi 27 mai 2022
                              Vendredi 25 mars 2022 à 19 h 30
                                                                                 Soirée d’observation de la Lune
                                                                                 OU Salon du livre
                                                                                 (Activité spéciale)
                                                                                 Vendredi 13 mai 2022
 Crédit photo : Greg Rakozy

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Espace des membres

  Les suggestions de lecture                                                                                   d’Isabelle Harvey

  Initiation à la cosmologie
  par Marc Lachièze-Rey, 2013
  À la croisée de l'astrophysique et de la physique des particules, la cosmologie offre une
  connaissance de plus en plus riche de l'Univers et de son origine. Ce livre élabore des
  raisonnements physiques et mathématiques qui permettent de concevoir des modèles
  d'Univers (infini, fini, courbe, etc.). Cette édition est une actualisation rendue nécessaire, car
  la cosmologie est un domaine où les découvertes et les interprétations sur les processus
  d'organisation de l'Univers foisonnent. Un nouveau chapitre sur la cosmologie quantique a
  également été ajouté. (Code : F0245)

                         Astronomica
                         par Fred Watson, 2012
                         Les étoiles et les planètes fascinent les hommes depuis la nuit des temps. Au fil des siècles, les
                         observateurs ont rassemblé une multitude de données sur l'Univers. Cette quête incessante
                         nous a conduits à approfondir nos connaissances sur le Système solaire et poussés, au-delà
                         des limites de notre galaxie, à la découverte d'autres mondes. Astronomica propose au lecteur
                         une plongée passionnante à la découverte de l'Univers et des objets célestes peuplant les
                         profondeurs du ciel nocturne. (Code : F0236)

  Histoire visuelle des sondes spatiales :
  50 ans d’exploration de Luna 1 à New Horizons
  par Philippe Séguéla, 2009
  Ce livre veut rendre hommage au génie inventif derrière ces exploits. Depuis 1959, l'année
  où la sonde soviétique Luna 1 a été la première à se libérer de l'attraction terrestre, le
  lecteur pourra constater l'évolution croissante qui mène aux engins spatiaux du XXIe siècle,
  de véritables explorateurs autonomes équipés de puissants moyens d'investigation et de
  communication. Qui aurait cru possible de toucher une comète, de capturer du vent solaire
  ou de se poser sur une lune de Saturne ? (Code : F0123)

                        Les comètes et les astéroïdes
                        par Philippe de La Cotardière et Anny-Chantal Levasseur-Regourd, 1997
                        Frôlées par des sondes spatiales, elles se sont révélées être de proches cousines des discrets
                        astéroïdes qui se croisent par milliers dans le Système solaire : une comète "usée" par des
                        passages répétés au voisinage du Soleil peut se changer en astéroïde, et il suffit d'une
                        pichenette cosmique pour qu'un astéroïde devienne une comète. Cet ouvrage donne de
                        ces « petites planètes » une synthèse des découvertes les plus récentes, enrichie par une
                        approche historique remontant aux sources de la fascination populaire pour les comètes.
                        (Code : F0058)

  Les codes indiquent la Les
                          référence
                              codes indiquent
                                    du livre à la bibliothèque
                                                  référence du du
                                                               livre
                                                                   Planétarium
                                                                     à la bibliothèque
                                                                                 de Montréal
                                                                                       du Planétarium de Montréal.

                                                                                     Pour découvrir d’autres suggestions d’Isabelle,
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ASTÉROÏDES L'EXPLORATION SPATIALE DES - Hiver - Printemps 2022 - volume 33 , numéro
Événements astronomiques                                                      par Marc Jobin

  Enfin ! Une éclipse totale de Lune !
  La première éclipse totale de Lune visible du Québec             impressionnante, plus ou moins sombre selon la
  en plus de trois ans a lieu dans la nuit du 15 au                quantité de particules et autres aérosols en
  16 mai. Le phénomène sera observable en entier                   suspension dans la stratosphère.
  depuis l’est de l’Amérique du Nord. La Lune se lève
                                                                   L’apogée de l’éclipse totale a lieu à minuit 11. À
  durant l’éclipse dans l’ouest du continent.
                                                                   ce moment, on retrouve la Lune à 23 degrés de
  La Lune entre graduellement dans la pénombre de                  hauteur vers le sud-sud-est, dans la constellation
  la Terre à compter de 21h32, mais il faut attendre               de la Balance. Après la totalité, la Lune émerge
  une bonne demi-heure pour qu’on commence à                       graduellement du cône d’ombre de la Terre ; on
  distinguer un léger assombrissement de la partie                 assiste à nouveau à la séquence de phases partielles,
  gauche de son disque. Cette impression que                       jusqu’à 1h55. L’éclipse par la pénombre, moins
  « quelque chose » est en train de se produire se                 spectaculaire, se poursuit jusqu’à 2h51. La Lune
  confirme quelques minutes avant le début des                     quitte alors complètement l’ombre de la Terre et
  phases partielles à 22h27. Pendant l’heure qui suit,             c’est la fin de l’éclipse.
  on verra le profil circulaire de l’ombre de la Terre
                                                                   Une autre éclipse totale de Lune aura lieu l’automne
  avancer progressivement sur la surface de notre
                                                                   prochain. Le 8 novembre, au petit matin, les astro­
  satellite. L’éclipse est totale entre 23h29 et 0h54 ;
                                                                   nomes du Québec pourront assister à la première
  éclairée seulement par un filet de lumière rougie
                                                                   moitié du phénomène, qui sera interrompu par le
  par son passage à travers l’atmosphère terrestre, la
                                                                   coucher de la Lune… et le jour qui se lève !
  Lune prend alors cette fameuse teinte orangée si

  La Lune passe dans l’ombre de la Terre dans
  la nuit du 15 au 16 mai. Le nord est en haut ;
                                                            OMBR E
                                                    P ÉN
  selon l’heure de la nuit et l’endroit où
  on se trouve, l’ensemble de la figure
  doit pivoter vers la gauche ou
  la droite pour correspondre
  à l’orientation de la Lune
  dans le ciel.

                                                        OMBRE

                                                                                                                           d’après des données de F. Espenak/NASA GSFC; images de la Lune : NASA SVS
                                                           0h11
                                                                                                                           Crédits diagramme : Marc Jobin/Planétarium Rio Tinto Alcan,

                                                                               21h32
                                                                          22h28
                                                                     23h29
                                                   0h54
                                 1h55
              2h51
Sommaire                                      Hyperespace • Hiver - Printemps 2022                                         7
ASTÉROÏDES L'EXPLORATION SPATIALE DES - Hiver - Printemps 2022 - volume 33 , numéro
Événements astronomiques

  QUATRE BELLES OCCULTATIONS
  La Lune se déplace continuellement par rapport aux lointaines étoiles d’arrière-plan. À l’occasion, elle passe
  devant certaines d’entre elles, produisant une sorte de « mini-éclipse » qu’on appelle une occultation. À cause
  de leur distance littéralement astronomique, les étoiles nous apparaissent comme des points non résolus (sauf
  rares exceptions) ; leur disparition ou réapparition au bord de la Lune se produit en un clin d’œil. C’est un
  phénomène absolument fascinant à observer et facile d’accès pour de petits instruments dans le cas d’étoiles
  relativement brillantes. En voici quelques-unes, observables depuis le sud du Québec, qui vaudront le coup
  d’œil au cours des prochains mois.

  Le 16 mars en début de soirée, la Lune gibbeuse croissante (éclairée
  à 94 %) occulte Êta Leonis (magnitude +3,5), l’étoile immédiatement
  au-dessus de Régulus dans l’astérisme de la Faucille (ou tête du
  Lion). À Montréal, la disparition a lieu à 19h 57min 4s au bord
  sombre de la Lune, qui se trouve alors à 38° de hauteur en
  direction est-sud-est ; l’étoile réapparaît à 21h 4min 20s
  derrière le bord éclairé de notre satellite (hauteur 48°).
  Soulignons qu’Êta Leonis est une étoile double rapprochée ;
  la composante B, de 8e magnitude, est séparée de seulement
  0,1" de l’étoile principale.

  Occultation Êta Leonis.
  Crédits diagramme : Marc Jobin/Planétarium Rio Tinto Alcan ;
  image de la Lune : NASA SVS

                                                                    Deux jours plus tard, dans la nuit du 18 au 19 mars, la Lune gibbeuse
                                                                     décroissante (éclairée à 99 %, donc presque pleine) occulte Porrima
                                                                       ou Gamma Virginis (magnitude +2,8), une superbe étoile double
                                                                        dont les composantes A et B, de magnitude semblable (+3,5) et
                                                                         séparées de 3,2 secondes d’arc, sont faciles à voir même dans
                                                                          un petit télescope. Les deux disparaissent et réapparaissent
                                                                          distinctement à quelques instants l’une de l’autre. Absolument
                                                                          fascinant ! (Techniquement, Porrima est une étoile multiple,
                                                                          mais les autres composantes du système sont très faibles.) À
                                                                          Montréal, la dispa­rition a lieu à 0h 44min 9s derrière le bord
                                                                          éclairé de la Lune, à 41° de hauteur au sud-sud-est ; l’étoile
                                                                         réapparaît à 1h 47min 12s au bord sombre de notre satellite
                                                                        (hauteur 43° au sud).

                                                                       Occultation Gamma Virginis.
                                                                   Crédits diagramme : Marc Jobin/Planétarium Rio Tinto Alcan ;
                                                                 image de la Lune : NASA SVS

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ASTÉROÏDES L'EXPLORATION SPATIALE DES - Hiver - Printemps 2022 - volume 33 , numéro
Événements astronomiques

  Dans la nuit du 18 au 19 avril, la Lune gibbeuse décroissante
  (éclairée à 92 %) occulte Dschubba ou Delta Scorpii (magnitude
  +2,3), une des étoiles qui dessine la tête du Scorpion. À Montréal,
  Dschubba disparaît à 2h 12min 51s derrière le bord éclairé de
  la Lune, à 21° de hauteur au sud-sud-est ; l’étoile réapparaît
  à 3h 7min 55s au bord sombre de notre satellite, à 22° de
  hauteur au sud.

  Occultation Delta Scorpii – avril 2022.
  Crédits diagramme : Marc Jobin/Planétarium Rio Tinto Alcan ;
  image de la Lune : NASA SVS

                                                                 Enfin, la Lune gibbeuse croissante (éclairée à 97 %) occulte à nouveau
                                                                    Dschubba le soir du 12 juin. À Montréal, l’étoile disparaît à 22h
                                                                       15min 25s derrière le bord sombre de la Lune (à 21° de hauteur au
                                                                         sud-sud-est) ; elle réapparaît à 23h 11min 22s au bord sombre
                                                                          de notre satellite (hauteur 22° au sud).

                                                                           Occultation Delta Scorpii – juin 2022
                                                                           Crédits diagramme : Marc Jobin/Planétarium Rio Tinto Alcan ;
                                                                           image de la Lune : NASA SVS

                                                                                              Attention : les heures mentionnées (heure avancée
                                                                                              de l’Est) sont approximatives et peuvent diverger de
                                                                                              plusieurs secondes selon votre position géographique
                                                                                              exacte. Il faut avoir l’œil à l’oculaire au moins une
                                                                                              minute avant pour ne pas rater le phénomène !

Sommaire                                                   Hyperespace • Hiver - Printemps 2022                                                  9
ASTÉROÏDES L'EXPLORATION SPATIALE DES - Hiver - Printemps 2022 - volume 33 , numéro
Événements astronomiques

  PLUIES DE MÉTÉORES :                                    réaliste, on doit donc s’attendre à ce que les
  ASSISTERA-T-ON À UN SURSAUT                             météores des Tau Herculides soient visuellement
                                                          faibles. Autre inconnue, et elle est importante :
  DES TAU HERCULIDES ?
                                                          l’intensité que pourrait atteindre la pluie, en nombre
  La seconde moitié de l’hiver et le printemps sont       de météores à l’heure. En tout, ce sursaut ne dure
  pauvres en pluies de météores du calibre des            que quelques minutes.
  Perséides ou des Géminides. Comptant déjà parmi
  les plus faibles des pluies annuelles régulières,       En dépit de leur nom, le radiant des Tau Herculides
  les Lyrides (maximum autour du 22 avril) sont de        se trouve en fait… dans la partie ouest du
  surcroît affectées par la Lune gibbeuse décroissante    Bouvier, près des Chiens de Chasse (a.d. 14h, déc.
  cette année. Les Êta Aquarides, quant à elles,          +28°). Pour le sud du Québec, il se trouve à une
  peuvent s’épanouir en 2022 dans un ciel sans            cinquantaine de degrés de hauteur au moment de la
  Lune, mais elles ne sont visibles qu’entre 3 heures     rencontre la plus rapprochée. La Lune est nouvelle
  du matin et l’aube ; leur pic d’activité s’étale sur    et ne gêne pas les observations. Dans l’ensemble,
  plusieurs jours, avec un maximum attendu le 6 mai.      les conditions sont favorables pour l’observation
  Parions que vous n’avez jamais entendu parler           de ce phénomène. Soyez donc au rendez-vous,
  des Tau Herculides. Cette pluie normalement très        et gardez l’œil ouvert ; il pourrait tout de même y
  faible est associée à la comète 73P/Schwassmann-        avoir des surprises !
  Wachmann 3 (SW3), qui s’est fragmentée en 1995.
  Ce sont les particules libérées à cette époque que la
  Terre croise le 31 mai vers 1h05 (+/– 10 min), selon    DOSSIER « ASTÉROÏDES » : À LA
  différents modèles numériques. Mais la vitesse
  de rencontre entre les poussières et la Terre est       RECHERCHE DE CÉRÈS ET VESTA
  exceptionnellement lente : « seulement » 16 km/s        Dans l’esprit de ce numéro de l’Hyperespace, nous
  (58 000 km/h), ce qui est le double des satellites en   vous proposons de partir à la chasse aux deux
  orbite basse, mais tout de même considérablement        astéroïdes les plus brillants. Nul besoin de gros
  moins rapide qu’une Perséide typique à 60 km/s          télescopes ; Cérès et Vesta sont à portée de jumelles
  ou même qu’une Géminide à 36 km/s. De manière           dans un ciel modérément sombre.

                                                                                                                    Crédit : m wrona - Unsplash

Sommaire                             Hyperespace • Hiver - Printemps 2022                                      10
Événements astronomiques

                                                        La première carte illustre la trajec-             +40°
                                                        toire de Cérès parmi les étoiles du
                                                        Taureau depuis le 1er octobre 2021
                                                        jusqu’au 1er mai 2022 ; Cérès était
                                                        à l’opposition le 26 novembre et
                                                        brillait alors à magnitude +7,2 ; son
                                                        éclat décroît graduellement jusqu’à              +30°
                                                        magnitude +9,0 à la fin d’avril. On
                                                        remarque la proximité des amas
                                                        des Pléiades et des Hyades, avec                                                 1er
                                                        l’étoile Aldébaran à l’avant-plan.                                 CÉRÈS        avril        1er
                                                                                                                                                    mars
                                                                                                     +20°                                                         1er

                                                                                                                                                                              Crédit carte : Marc Jobin/Planétarium Rio Tinto Alcan
                                                                                                                                                                 fév
                                                                                                                                           1er
                                                                                                                                          nov                  1er
                                                                                                                                                     1er      janv
                                                                                                                                         1er        déc
                                                                                                                                         oct
                                                                                                    +10°

                                                                                                    0°
                                                                                                                   6h                                       4h
                                                                                                                                   5h

                                                                                                                                   La seconde carte montre la trajec-
                                                                                                                                   toire de Vesta dans les constellations
                                                                                                                                   du Capricorne et du Verseau, entre
                                                        0°                                                                         le 1er mai et le 31 décembre 2022 ;
                                                                                                                                   sa boucle rétrograde apparaît clai-
                                                                                                                                   rement. Au cours de cette période,
                                                                                                                                   la magnitude de Vesta fluctue gra-
                                                                                                                                   duellement entre +6,0 (au moment
                                                                                                                                   de son opposition le 22 août) et
                                                –10°                     1er
                                                                                     1er                                           +8,5 en fin d’année. Saturne effectue
                                                                        juil
                                                                                    juin                 1er                       également sa boucle rétrograde dans
                                                                                                         mai                       la même région. L’étoile brillante dans
                                                                                     1er VESTA                 SATURNE
                                                                                                                                   le Poisson Austral est Fomalhaut.
Crédit carte : Marc Jobin/Planétarium Rio Tinto Alcan

                                                                                    déc
                                                                           1   er
                                                                                               1er
                                                                          août                nov                                  Les étoiles les plus faibles représen-
                                                        –20°                                                                       tées sur les cartes sont de magni-
                                                                                        1er                                        tude +9,0. Les symboles (+) sur la
                                                                                       sept     1er
                                                                                                oct                                trajectoire de chaque astéroïde indi­
                                                                                                                                   quent sa position le 1er, le 11 et le 21
                                                                                                                                   de chaque mois.

                                                         –30°

                                                                    23h                       22h                  21h

         Sommaire                                                                               Hyperespace • Hiver - Printemps 2022                                      11
Sur le web                          par Patrick Horlaville

                              C’est parti pour James Webb !                                          Une étape d’évolution d’amas de galaxies
                              Le télescope spatial James Webb est assurément l’un de ceux qui        manquante finalement trouvée
                              se sont fait le plus attendre. Alors qu’en 1997 on prévoyait un        L’évolution des amas de galaxies est prédite par un modèle qui
                              lancement en 2007 pour un budget de 0,5 milliard de dollars USD,       jusqu’alors était incomplet. En effet, le modèle prévoyait un stade
                              le télescope a finalement coûté près de 10 milliards de dollars et     initial, un stade intermédiaire ainsi qu’un stade final, bien que
                              décollé le 25 décembre 2021 !                                          n’avaient été observés que les stades initiaux et finaux. Avec
                                                                                                     notamment l’aide des télescopes Chandra et VLA (Very Large
                                                                                                     Array), cette étape intermédiaire vient enfin d’être observée.

                              Source : Radio-Canada                                                  Source : Ça Se Passe Là-Haut

                                                                                                                                                                           Crédits image : X-ray: NASA/CXC/CfA/M.Markevitch et al.;
                                                                                                                                                                                                                                Optical: NASA/STScI; Magellan/U.Arizona/D.Clowe et al.;
Crédit photo : NASA/Desiree Stover

                                                                                                                                                                                                                                Lensing Map: NASA/STScI; ESO WFI
Crédits image : ESO/L. Calçada

                                                                                                                                                                       Crédits image : Pasetto et al., Sophia Dagnello, NRAO/AUI/NSF

                              La découverte d’une nouvelle exoplanète remet                          Un jet de trou noir en forme de double hélice
                              en question nos modèles                                                La galaxie M87, qui avait fourni la fameuse image du trou noir
                              La masse combinée des deux étoiles binaires au centre du système       en avril 2019, ne s’arrête pas d’approvisionner la communauté
                              b Centauri est de six à 10 fois la masse du Soleil. Or, il est prévu   scientifique d’images surprenantes alors qu’une équipe d’astro­
                              que pour de telles masses solaires, les émissions UV et rayons X       nomes vient de modeler le jet de son trou noir en forme de double
                              entravent le processus de formation de planète… et pourtant, une       hélice !
                              planète vient d’être découverte orbitant ces binaires !

                              Source : Astronomy                                                     Source : Space.com

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Pour y voir clair

  La différence entre
  un astéroïde et une comète
     Bernard Marcheterre
     Professeur de physique au Cégep de l’Assomption depuis le début des années 80, il a participé à l’adaptation de différentes
     collections de manuels de physique au Collégial et travaille activement, chez Pearson-ERPI, à ce que seront les manuels
     de science de demain.

  Notre Système solaire n’a pas toujours existé.                           de taille appréciable. Finalement, (3) comme le nuage
  Comme tout ce que l’Univers contient, incluant                           tournait faiblement avant de s’effondrer, tout ce
  l’Univers lui-même, notre Système solaire est né il y                    qu’il contient s’est mis à tourner plus vite, et dans
  a quelque 4,6 milliards d’années. Comment ? Bonne                        le même sens, à cause de l’effondrement. En termes
  question !                                                               savants, on invoque la « conservation du moment
  Un nuage, un immense nuage dont la taille se                             cinétique ». Il suffit de dire que ça ressemble à ce
  mesure en années-lumière, contenant beaucoup                             qui se passe quand une patineuse tourne sur elle-
  d’hydrogène, un peu moins d’hélium et une bonne                          même en ramenant ses bras vers elle : elle tourne
  quantité de poussières rocheuses ou glacées surgit                       de plus en plus vite.
  tranquillement de la mort d’une étoile de 3e ou 4e
  génération. L’effondrement de ce nuage, à cause                          La plus grande partie de ce que contenait le nuage
  de la gravité, a eu plusieurs conséquences : (1) le                      originel s’est retrouvée dans le Soleil, la pièce
  soleil est apparu au centre, une immense boule                           maîtresse, et une fraction importante de ce qui
  d’hydrogène qui s’est « allumée », (2) les planètes se                   restait, dans les planètes. Or, et c’est là que nous
  sont formées par « accrétion », le mot savant pour                       revenons au sujet de l’article, il restait encore de la
  décrire l’accumulation de petits morceaux en objets                      matière…

  FIGURE 1 - Ceinture d’astéroïdes.
  Crédits image : Wikipedia commons

                                                                   Famille Hilda

                                      Troyens

                                                                 Vénus
                                                          Mars       Mercure

                                                                  Soleil    Terre

                                                Jupiter
                                                                                 Grecs

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Pour y voir clair

  Les astéroïdes et les comètes sont ce que les planètes                    vous relisez l’article, vous verrez qu’on y parle des
  n’ont pas « ramassé ». Autrement dit, ce sont aussi                       « points de Lagrange ». Les astéroïdes du groupe
  des objets qui se sont formés par accrétion des                           des Troyens et des Grecs sont justement en deux de
  poussières initiales, mais qui n’ont pas subi une                         ces points (L4, L5), mais de l’orbite de Jupiter !
  collision avec l’une des huit planètes officielles du
  Système solaire. Ce sont des objets plus petits que                       L’absence de glace sur les astéroïdes dépend de
  les planètes, qui se retrouvent là où le risque d’une                     leur position dans le Système solaire : comme ils
  collision future avec l’une d’elles est faible, sans                      sont proches du Soleil (toutes proportions gardées)
  toutefois être nulle.                                                     les éléments volatils comme l’eau, l’ammoniac et
                                                                            le méthane ont depuis longtemps disparu de leur
  Les astéroïdes sont des objets rocheux, dont                              surface.
  l’orbite est à l’intérieur de celle de Jupiter. Comme
  on le voit à la FIGURE 1, une grande quantité de                          À ce jour, on a répertorié plus de 30 millions
  ces astéroïdes se trouve dans ce que l’on appelle                         d’astéroïdes, la plus vaste majorité faisant moins
  la « ceinture d’astéroïdes ». Mais, il n’y en a pas que                   de 100 m et l’un d’eux, Cérès, faisant 939 km
  là. On en retrouve aussi sur l’orbite de Jupiter, dans                    de diamètre. La FIGURE 2 nous montre Cérès en
  deux régions bien définies (voir la figure 1). Par                        comparaison avec la Lune, 3575 km, et Vesta, qui
  un drôle de hasard, ces deux régions ont déjà fait                        en fait 525 km. On notera que Cérès est plutôt
  l’objet d’un article où il était question du télescope                    sphérique, ce qui n’est pas le cas de Vesta. C’est
  Web et surtout de sa position par rapport à la                            normal! Pour qu’un corps céleste prenne une forme
  Terre (Hyperespace, automne 2020, page 14). Si                            sphérique, il doit être suffisamment grand.

  FIGURE 2 - Cérès en comparaison avec la Lune et Vesta.
  Crédits image : Gregory H. Revera - NASA/JPL-Caltech/UCAL/MPS/DLR/IDA

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Pour y voir clair

  Les comètes, contrairement aux astéroïdes, con­            30 UA à 50 UA. Les instabilités gravitationnelles que
  tiennent de la « glace ». Par ce terme, on désigne         vit cette région feraient en sorte que les comètes
  les éléments volatils comme l’eau, l’ammoniac ou           s’en détachent et se dirigent vers le centre.
  le méthane, sous forme solide. Les comètes ont
  des orbites beaucoup plus excentriques que les             Plus loin, bien plus loin, on pense qu’il existe un
  astéroïdes, ce qui les amène à proximité du Soleil et      autre centre d’accumulation d’objets pouvant
                                                             devenir des comètes. On le nomme « nuage d’Oort »
  provoque l’apparition de cette aura, que l’on nomme
                                                             en l’honneur de celui qui l’a théorisé. Ce nuage
  « coma » et de ces queues si caractéristiques. Ces
                                                             s’étendrait entre 2000 et 50000 UA. C’est loin,
  phénomènes sont la conséquence directe de l’effet
                                                             très loin… mais il faut savoir que la sonde spatiale
  du Soleil sur la glace, qui se réchauffe.
                                                             Voyager I vient d’y entrer !
  On dénombre quelques milliers de comètes, dont
                                                             Bref, les mêmes instabilités gravitationnelles feraient
  le passage autour du Soleil est plus ou moins              en sorte que des objets se détachent du nuage
  remarqué. L’une d’elles, nommée affectueusement            d’Oort et filent vers le centre. Ces comètes ont
  « 67P/Churyumov–Gerasimenko » nous est mieux               des périodes de révolution beaucoup plus longues.
  connue depuis que la mission Rosetta de l’Agence           Elles passent et repartent et on ne risque pas de
  spatiale européenne l’a visitée à l’automne 2014. La       les revoir.
  photo de la FIGURE 3 est issue de cette mission.
                                                             Ainsi donc, si on devait répondre à la question que
  Bien que l’orbite des comètes les rapproche du Soleil,     pose le titre, la différence entre les astéroïdes et les
  on pense qu’elles sont issues, initialement, de deux       comètes tient au fait que les premières ont chauffé
  autres fractions de la matière initiale qui ne s’est pas   et ne sont plus que roches, alors que les secondes
  effondrée sur les planètes. Les comètes dont l’orbite      contiennent de la glace, qu’elles réchauffent en
  est de courte durée proviendraient de la ceinture de       approchant du Soleil. Dans les deux cas, ce sont
  Kuiper, un vaste amas de débris, se situant au-delà        des vestiges qui n’ont pas eu la chance de rejoindre
  de Neptune et s’étendant sur une région allant de          une planète.

                                                             FIGURE 3 - Comètes 67P/Churyumov–Gerasimenko.
                                                             Crédits image : ESA/Rosetta/NAVCAM

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À la Une

  L’exploration spatiale
  des astéroïdes :
  entre science et commerce
    André Grandchamps
    Astronome au Planétarium Rio Tinto Alcan, André a étudié en astrophysique
    à l’Université de Montréal à la fin des années 1980. Il s'est joint à l'équipe du
    Planétarium Rio Tinto Alcan en 1992. Il a développé une expertise sur les
    météorites à la suite de la chute de l'une d'elles à Saint-Robert en 1994. Il est
    maintenant conservateur de la collection de météorites du Planétarium.

  Pendant longtemps, les astéroïdes ont été considérés comme de vulgaires cailloux
  qui dérivaient dans l’espace. Même au début de l’ère spatiale, ces objets
  n’étaient pas considérés comme une cible intéressante pour de futures missions
  d’exploration. Aujourd’hui, autant les scientifiques que de nombreuses
  entreprises privées envisagent d’explorer ou d’exploiter ces cailloux célestes.

  VOIR LES ASTÉROÏDES DE PLUS PRÈS
  C’est dans les années 1990 que les scientifiques ont commencé
  à réaliser l’importance d’étudier les astéroïdes. Ces corps
  peuvent nous aider à comprendre comment les planètes
  du Système solaire se sont formées et comment la vie
  a pu apparaître sur Terre.

  La première sonde spatiale à survoler un astéroïde
  a été Galileo, alors qu’en 1991 elle survole
  l’astéroïde (951) Gaspra, dévoilant un corps aux
  formes variées, de petits cratères et de grandes
  surfaces planes.

  Deux ans plus tard, Galileo étonne les astronomes
  en transmettant des images de l’astéroïde (243)
  Ida. On voit alors un corps criblé de cratères de
  toutes tailles. En tenant compte de sa taille
  modeste (54 km de long), Ida est le corps céleste
  le plus marqué par les cratères d’impact de tout
  le Système solaire. Mais surtout, on découvre pour
  la première fois une lune, Dactyle, gravitant autour
  d’un astéroïde. Les deux corps auraient été créés lors
  d’une collision il y a deux milliards d’années. Les astro­                            L’astéroïde (243) Ida
  nomes doivent alors revoir leurs modèles de formation                                  et sa lune Dactile.
  de ces petits corps.                                                                    Crédits image : NASA

  ON SE POSE SUR UN ASTÉROÏDE
  La sonde NEAR Shoemaker est la première à se mettre en orbite autour d’un
  astéroïde et à l’étudier en détail. Sa cible est (433) Éros, le premier astéroïde
  découvert dont l’orbite croise celle de la Terre, qu’on appelle un géocroiseur.
  À la fin de la mission, la sonde s’est même posée sur la surface de l’astéroïde.
  NEAR Shoemaker a permis de mieux comprendre la composition des astéroïdes
  et leur évolution.

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À la Une

  La mission Dawn a elle aussi été très riche en enseigne­ment alors que
  la sonde a visité (4) Vesta et la planète naine Cérès. Les saisissantes
  images de Vesta ont montré que l’astéroïde a échappé de peu à la
  destruc­tion après d’importantes collisions il y a près de deux milliards
  d’années. D’une taille de 553 km x 557 km x 446 km, on trouve à la
  surface de Vesta deux immenses cratères de 503 et 395 km ! Ces
  collisions ont donné naissance à toute une famille d’astéroïdes circulant
  maintenant dans la ceinture principale située entre Mars et Jupiter et
  aux météorites de types HED (pour Howardite, Eucrite et Diogénite).

  RETOUR D’ÉCHANTILLONS D’ASTÉROÏDES
  Deux missions récentes avaient pour but d’explorer de petits géocroiseurs
  pour mieux définir leur compo­sition et de rapporter des échantillons
  sur Terre.

  La sonde japonaise Hayabusa 2 a réussi, à la fin de l’année 2020, à
  rapporter plus de cinq grammes du sol de l’astéroïde (162173) Ryugu.
  C’est un immense succès par rapport à la réussite en demi-teinte
  de sa prédécesseur Hayabusa 1 qui, après de nom­breux problèmes lors
  de son périple spatial, n’avait rapporté que quelque milligramme de
  l’astéroïde (25143) Itokawa en 2010.

  La NASA, ne voulant pas être en reste, a lancé la mission OSIRIS-REx
  vers l’astéroïde (101955) Bénou en 2016. La collecte d’échantillons
  semble avoir été fructueuse et on attend plus de 60 g lors du retour de
  la capsule en septembre 2023.

  Ces deux missions ont découvert des corps très sombres, dont la
  surface est un amoncellement de roches liées par la faible gravité de
  l’astéroïde. Ce sont des corps primitifs ayant peu évolué depuis les débuts
  du Système solaire, composé en partie de matière organique. L’étude des
  échantillons devrait nous renseigner sur la matière ayant formé les planètes
  et pourrait aussi nous éclairer sur les processus d’apparition de la vie
  sur Terre.

  EXPLORER LES ASTÉROÏDES TROYENS
  La quête de la matière primitive du Système solaire est le but de la mission
  Lucy lancée par la NASA en octobre 2021. Lucy ira étudier six astéroïdes
  troyens de la planète Jupiter ainsi qu’un septième de la ceinture
  principale qui sera survolé en cours de route. Ces astéroïdes gravitent
  devant et derrière la planète géante aux points de Lagrange L4 et L5.

  On estime que ces corps proviennent des régions externes du Système
  solaire et qu’ils auraient très peu évolué. Selon les modèles de formation
  des planètes, Jupiter après sa formation, se serait déplacée vers les régions
  internes du Système solaire pour ensuite rebrousser chemin vers sa
  position actuelle. Les astéroïdes troyens auraient migré vers les régions
  internes et se seraient mis en orbite aux points de Lagrange de Jupiter
  lors des mouvements de la planète géante.

  En étudiant ces astéroïdes, les astronomes espèrent en apprendre plus
  sur la matière qui abondait dans les premiers temps du Système solaire.

 Gros plan de la surface de l’astéroïde
 (101955) Bénou pris par la sonde
 Osiris-Rex.
 Crédits image : NASA

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À la Une

  ÉTUDIER LES RESTES D’UNE PROTOPLANÈTE
  La NASA doit lancer en 2022 la sonde Psyché vers l’astéroïde du même nom.
  Ce petit corps céleste a la particularité d’être composé d’une grande quantité
  de fer, soit près de 60 % selon certaines estimations.

  C’est donc une chance unique d’étudier, pour la première fois, un corps qui
  pourrait être le noyau d’un ancien astéroïde dans lequel la différentiation aurait
  concentré les métaux lourds au centre de l’astre. Une collision a-t-elle influencé
  l’évolution de cet astre ? Les astronomes veulent aussi comprendre comment
  les noyaux métalliques des gros astéroïdes se forment et quels sont les alliages
  qui se créent et dans quelles conditions.

  L’EXPLOITATION COMMERCIALE DES ASTÉROÏDES
  Il n’y a pas que les scientifiques qui s’intéressent aux astéroïdes. Conscients du
  potentiel de ressources minérales que renferment ces corps célestes, plusieurs
  industriels montrent maintenant un intérêt pour les exploiter.

  On trouve trois grandes familles d’astéroïdes. Les plus abondants sont de type
  C, pour carbonés. Ces astéroïdes sont faits de matière primitive et sont riches
  en eau. Ils constituent donc des réservoirs d’eau pour de futures bases spatiales
  orbitales sur Mars ou sur la Lune. Cette eau pourrait aussi servir de combustible
  pour des vaisseaux spatiaux.

  Les astéroïdes de type S contiennent peu de matériaux hydratés, mais sont
  constitués principalement d’oli­vine, de pyroxène, de silicate de fer et de
  magnésium.

  Mais les astéroïdes les plus intéressants pour l’industrie privée sont sans nul
  doute ceux de type M. On y trouve une grande quantité de métaux, dont le fer,
  le nickel, mais aussi des métaux plus rares, comme le platine et le cobalt.

  LES DIFFICULTÉS DE L’EXPLOITATION DES ASTÉROÏDES
  Avant de lancer un vaisseau spatial vers un astéroïde, il sera nécessaire d’avoir
  une meilleure connaissance des caractéristiques des différents types
  d’astéroïdes. Il faudra aussi dresser un catalogue plus complet de ces corps
  avec leurs caractéristiques physiques et orbitales.

  La rentabilité d’une mission d’exploitation ne dépendra pas seulement de la
  quantité de matériaux composant l’astéroïde, mais aussi de la difficulté de s’y
  rendre et de rapporter les minéraux sur Terre.

  Les géocroiseurs qui passent fréquemment près de l’orbite terrestre sont pour
  le moment les cibles les plus intéressantes. Ce sont cependant des corps de
  petite taille avec une faible gravité. Si cela facilite les déplacements vers ces
  astres, en contrepartie, l’extraction des matériaux composant l’astéroïde
  devient un défi important. Les forages pourraient changer l’orbite de l’astéroïde
  et causer des maux de tête pour revenir ensuite sur Terre. Certains proposent
  de capturer les petits astéroïdes dans d’immenses ballons où il serait alors
  plus facile de contrôler les processus d’extraction. On pourrait même les
  amener près de la Terre ou de la Lune pour diminuer les coûts d’exploitation.

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À la Une

    EST-CE LÉGAL D’EXPLOITER                                 citoyens américains d’extraire, posséder, transporter,
    LES ASTÉROÏDES ?                                         utiliser et vendre des ressources issues des astéroïdes.
    Toutefois, plusieurs s’interrogent sur la légalité de    Le Luxembourg a adopté en 2017 une législation
    l’exploitation des astéroïdes. Après tout, le traité     favorisant l’exploitation des ressources spatiales,
    de l’espace de 1967 stipule que « L'espace extra-        qui s’applique aussi aux entreprises étrangères
    atmosphérique, y compris la Lune et les autres           domiciliées au pays. Depuis, plus d’une dizaine
    corps célestes, ne peut faire l'objet d'appropriation    d’entreprises se sont installées au Luxembourg.
    nationale par proclamation de souveraineté, ni
    par voie d'utilisation ou d'occupation, ni par aucun     Malgré ces législations, de nombreuses zones d’incer­
    autre moyen ».                                           titude subsistent concernant l’exploitation des corps
                                                             célestes par des entreprises privées. Il sera nécessaire
    Mais ce traité ne concerne que les nations, rien n’est   de clarifier le plus rapidement possible ces zones
    dit au sujet des entreprises privées qui voudraient      d’incertitude pour éviter un « Far West » spatial.
    exploiter les astéroïdes. Pour certains, cela s’appa­
    rente à la pêche dans les océans. Bien que l’océan       Même si certains s’opposent à exploiter les corps
    n’appartienne à personne, il est permis à des            célestes, pour plusieurs, cela semble inévitable dans
    entreprises d’y exploiter le poisson à des fins          un avenir plus ou moins lointain. Car, si nous
    commerciales.                                            commençons à véritablement prendre conscience
                                                             que notre planète possède des ressources qui sont
    De plus, en 2015, le président américain Barak Obama     limitées, les astéroïdes représentent une alternative
    a signé le « Space Act », dans lequel il permet à des    incontournable.

Illustration imagée de
l’exploitation d’un astéroïde
qu’avait la NASA en 1977.
Crédits image : NASA

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Histoire

                                                  La météorite du cap York
                                                      Pierre Lacombe
                                                      Astrophysicien, ex-directeur du Planétarium de Montréal ayant un grand
                                                      intérêt pour l’histoire de l’astronomie et des météorites. Ses travaux de
                                                      recherche l’ont amené à réaliser des observations à l’aide des plus grands
                                                      télescopes du monde.

                                                  C’est dans le cadre de l’expédition de l’Amirauté britannique pour découvrir le passage du Nord-Ouest vers
                                                  l’Asie en 1818 que l’on découvre que les Inuits de la mer de Baffin utilisent des lances (défenses de narval)
                                                  munies de pointes de fer. Les discussions tenues lors des échanges de « cadeaux » entre le capitaine John Ross
                                                  (1777-1856), commandant de l’expédition, et les Inuits démontrent alors que le fer provient de pierres d’une
                                                  montagne située près de la côte dans la région de cap York.
Edward Sabine (1788-1883).

                                                                                   Malheureusement, et au grand désespoir de l’astronome de l’expédition, Edward Sabine
                  Crédits image : Wikipedia commons

                                                                                   (1788-1883), le capitaine refuse d’explorer la région, les conditions météorologiques et les
                                                                                   glaces rendant alors les déplacements dangereux.

                                                                                   Au retour à Londres, il est démontré que le fer des couteaux
                                                                                   contient du nickel en bonne quantité et que l’origine de
                                                                                   celui-ci est fort probablement météoritique. De nombreux
                                                                                   explorateurs tenteront sans succès de trouver les météorites
                                                                                   du cap York, source de fer pour les Inuits.

                                                                                                                                                  Lance inuit avec une pointe
                                                                                                                                                    de fer météoritique reçue
                                                                                                                                                        par John Ross en 1818.
                                                                                                                                         Crédit : Photographie Pierre Lacombe/British Museum

                                                  Première rencontre avec les Inuits lors de l’expédition de John Ross en 1818.
                                                  Crédit : John Ross, 1819, « Voyage of Discovery… », illustration Sacheuse/Domaine public

                                                  Robert E. Peary (1856-1920), ingénieur civil                                                             nombreuses occasions entre 1886 et 1897 pour
                                                  de la marine américaine, a un rêve : celui                                                                se familiariser et apprendre les techniques
                                                  d’être le premier explorateur à atteindre                                                                  de survie adaptées aux déplacements dans
                                                  le pôle Nord. Conscient des difficultés de                                                                  les régions polaires. Il adopte l’habillement
                                                  se déplacer en mer et sur terre dans ces                                                                    local, apprend à construire des igloos et
                                                  contrées dominées par la glace et la neige,                                                                 devient maître dans la gestion du mode de
                                                  il décide de s’entraîner auprès des meilleurs,                                                             transport local : le traîneau à chiens.
                                                  les Inuits. Il séjourne donc au Groenland à de                                                              Robert E. Peary (1856-1920).
                                                                                                                                                            Crédits image : Wikipedia commons

               Sommaire                                                                                    Hyperespace • Hiver - Printemps 2022                                                           20
Histoire

  Au cours de ses expéditions, Peary développe
  même une technique pour améliorer grandement
  ses chances de succès en installant des caches de
  survie (nourriture et matériel) le long du parcours
  et en utilisant des équipes de soutien qui ouvrent le
  chemin pour l’équipe principale. C’est lors d’un
  séjour à son camp de base au Groenland en 1894
  que Peary décide de rechercher les météorites du
  cap York.
  Le premier fragment, d’une masse d’environ
  trois tonnes et appelé « Woman », est retrouvé dans
  la neige le matin du 27 mai 1894. Malheureusement,
  les glaces ne permettent pas au bateau de
  s’approcher suffisamment de la côte pour
  « ramasser » la météorite lors du voyage de retour.                          Probablement la première photographie du fragment
                                                                               de météorite « Ahnighito » in situ.
  Mieux préparé, Peary retourne au Groenland à
                                                                               Crédit : American Museum of Natural History (AMNH)
  l’été 1895 et réussit non seulement à transporter le                         (on trouve cette image dans le Guide pour les enseignants sur le Arthur Ross Hall
  fragment « Woman » à bord du bateau, mais aussi                              of Meteorites)

  un autre fragment, plus petit, d’une masse d’environ
                                                                               Il revient donc à l’été 1896 à cap York dans le but de
  400 kg, appelé « Dog ». Il est intéressant de noter
                                                                               rapporter cette lourde et immense météorite. Son
  que c’est en déplaçant les météorites sur des glaces
                                                                               équipe réussit à la dégager du sol, à la traîner et à la
  flottantes que celles-ci furent transportées près du
                                                                               faire rouler jusqu’à un promontoire près du bateau.
  bateau pour y être hissées.
                                                                               De l’équipement brisé et inadéquat et le danger
  C’est aussi lors de cette expédition que Peary                               provoqué par le mouvement des glaces forcent
  localise le troisième et plus gros fragment,                                 cependant Peary à abandonner temporairement
  « Ahnighito » ou « Tent », d’une masse d’environ                             le projet. Pas du tout découragé, Peary retourne
  31 tonnes !                                                                  encore une fois au Groenland à l’été 1897.

  Transport sur un bloc de glace du fragment
  « Woman » de la météorite du cap York.
  Crédit : Darmouth College/fig. 23 dans H. Pedersen, « Cape York
  meteorite… »/original de la photographie disparue

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Histoire

  Cette fois, les conditions sont idéales. Malgré tout,
  le déplacement de la météorite « Ahnignito » du
  promontoire au bateau n’est pas de tout repos. La
  masse élevée de la météorite, les marées et les
  courants affectant sans cesse le mouvement du navire
  et du pont qui maintient celui-ci à la côte créent un
  stress énorme sur l’équipage. On réussit finalement
  à placer la météorite à bord du navire, un succès
  incroyable !

  Peary revient à New York avec sa visiteuse céleste
  le 30 septembre 1897 (il y a donc 125 ans cette
  année). Devant plus de 30 000 personnes, la météorite
  « Ahnighito » est déposée sur le quai de débar­
  quement de la marine américaine. Elle y demeurera
  jusqu’en octobre 1904, où elle sera transférée par                        Déplacement sur un pont de fortune du fragment de météorite
  bateau et chevaux jusqu’au American Museum of                             « Ahnighito » du promontoire au bateau.
  Natural History (AMNH) de New York.                                       Crédit : American Museum of Natural History (AMNH)
                                                                            (On trouve cette image dans le Guide pour les enseignants sur le Arthur Ross Hall
                                                                            of Meteorites)
  Les trois fragments de la météorite du cap York
  (« Ahnighito », « Woman » et « Dog ») sont présentés au                   Pour terminer et pour la petite histoire, mentionnons
  public d’abord dans ce musée et ensuite au « Hayden                       que Robert E. Peary a réalisé son rêve d’être le
  Planetarium » lors de son inauguration en 1935. En                        premier explorateur à atteindre le pôle Nord le
  1981, elles seront déplacées et mises en valeur                           6 avril 1909. Toutefois, et ce même aujourd’hui,
  dans le nouvel espace d’exposition du musée dédié                         son exploit demeure toujours controversé et suscite
  aux météorites, le Arthur Ross Hall of Meteorites.                        de nombreux débats.

  Le fragment « Ahnighito » de la météorite du cap York dans
  la salle d’exposition des météorites du American Museum
  of Natural History.
  Crédit : American Museum of Natural History (AMNH)

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