Aude-Claire Fourot Patricia Garcia - L'ENQUÊTE SUR LA DIVERSITÉ ETHNIQUE : L'AUTODÉFINITION ETHNIQUE ET LA COMPARAISON INTERGÉNÉRATIONNELLE, VERS ...
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L’ENQUÊTE SUR LA DIVERSITÉ ETHNIQUE : L’AUTODÉFINITION ETHNIQUE ET LA COMPARAISON INTERGÉNÉRATIONNELLE, VERS UNE MEILLEURE COMPRÉHENSION DE LA DIVERSITÉ *? Aude-Claire Fourot Patricia Garcia RÉSUMÉ / ABSTRACT L’Enquête sur la diversité ethnique (2002) commandée par Patrimoine Canadien et réalisée par Statistique Canada expérimente une nouvelle manière de représenter la diversité ethnique. En utilisant le critère d’auto-identification, cette étude permet de mieux sonder l’origine ethnique des répondants et ses liens avec la société canadienne, notamment en ce qui concerne le sentiment de multi-appartenance. Elle rend également disponible des données sur la participation et sur la discrimination des groupes de différentes origines. Cependant, si cette nouvelle approche statistique permet à certains égards d’affirmer qu’elle correspond mieux à la nouvelle réalité canadienne, elle soulève de nouvelles questions quant à la construction homogénéisante et faussement linéaire des générations d’immigrants. Ces réflexions sur la représentation statistique de l’ethnicité et de l’appartenance donnent un aperçu des débats sous-jacents à la politique multiculturelle et à l’identité canadienne. The Ethnic Diversity Survey (2002), carried out by Statistics Canada at the request of Canadian Heritage, uses a new way of depicting ethnic diversity in Canada. By introducing the criterion of ethnic self-definition, the survey makes it possible to assess more accurately the ethnic origin of respondents and their attachment to Canadian society. The use of this criterion also enables researchers to examine individuals’ feelings of belonging to multiple groups. Finally, the survey provides data on participation and discrimination of groups of various origins. However, though this new statistical approach may in some ways better reflect the new diverse Canadian reality, the inter-generational approach used elicits further questions on the homogenizing and falsely linear construction of immigrant generations. The remarks on the statistical representation of ethnicity and belonging presented in this article provide insight regarding certain issues underlying multicultural policy and Canadian identity. Mots clés : diversité, catégories ethniques, autodéfinition, approche intergénérationnelle et multiculturalisme Key words : diversity, ethnic categories, self-definition, intergenerational approach, and multiculturalism Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005 61
L ’ AUGMENTATION D E S FLUX peuvent contribuer activement à la MIGRATOIRES et la diversification des création et à l’institutionnalisation de origines ethniques des immigrants catégories statistiques qui ne sont pas placent le Canada dans une situation neutres. Suite à un bref survol de inédite. Depuis 1931, jamais la l’importance de la catégorisation proportion de personnes nées à ethnique au Canada et des façons dont l’extérieur du pays n’a été aussi élevée, l’information sur l’origine ethnique a et parmi les nouveaux arrivants, la été recueillie dans les questions des majorité d’entre eux appartiennent à recensements, ces deux aspects de des minorités visibles1. Si les tendances l’enquête seront explorés dans le but de actuelles se maintiennent, dans une comprendre comment ils complètent dizaine d’années, des villes comme notre compréhension de la diversité Vancouver ou Toronto auront une ethnique au Canada. Nous observerons population composée à plus de 50 % ensuite comment l’autodéfinition par des individus appartenant à des ethnique et la comparaison minorités visibles (Patrimoine canadien, intergénérationnelle se répercutent sur 2003). C’est dans ce contexte d’une l’interprétation des données de la immigration nouvelle et nombreuse que diversité ethnique au sein de la société l’Enquête sur la diversité ethnique canadienne. Cet article n’a pas pour (EDE) a été réalisée par Statistique objectif de faire une critique Canada en 2002 à la demande du quantitative et statistique de l’Enquête, Ministère du Patrimoine canadien2. mais vise plutôt à déconstruire les représentations statistiques qu’elle Les principaux résultats de induit. En conclusion, nous l’Enquête, rendus publics en septembre souhaiterions montrer en quoi elles 2003, révèlent pour la première fois les participent aux débats sous-jacents à la dimensions tant objectives que politique multiculturelle et à l’identité subjectives de la diversité canadienne, préoccupations mises de ethnoculturelle au Canada 3. Outre l’avant par le gouvernement fédéral l’exclusivité et l’originalité de cette depuis les années 1970. enquête, notamment par la collecte d’informations sur l’inclusion sociale et L’utilisation statistique des catégo- les discriminations, il semble ries ethniques au Canada particulièrement important, et intéressant, de s’interroger sur les Le Canada fait partie des pays qui, données telles qu’elles ont été aux côtés des États-Unis, font usage des construites par Statistique Canada. En catégories ethniques dans leurs effet, ces données couplées avec recensements. À la différence de pays, l’utilisation du principe de qui, comme la France, refusent d’utiliser l’autodéfinition de l’appartenance des catégories « ethniques » jugées ethnique et de l’approche de la indignes et menaçantes pour la tradition comparaison intergénérationnelle républicaine (Jaillet, 2003 : 22; Simon, 62 Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005
2003 : 112), le Canada reconnaît la (Simon, 2003 : 118). Au Canada, les nature multiculturelle de la société débats sur la quantification de l’origine canadienne et s’en enorgueillit. Ainsi, ethnique sont bien reflétés par la catégorisation ethnique en soi ne l’évolution des libellés des questions des suscite pas de réactions particulièrement recensements à travers le temps. On est hostiles, d’autant plus qu’elle s’ancre de passé, en trente ans, d’une conception plus en plus dans une optique de patrilinéaire de l’origine ethnique au réduction des inégalités. Le concept de principe d’autodéfinition ethnique. « minorité visible »4, parfois critiqué comme un substitut aux classifications Lors du recensement de 1971, la raciales, ne vise pas à perpétuer le question sur l’origine ethnique réflexe discriminant à l’endroit des non présuppose que la filiation ne peut être Blancs, mais vise à contrer des que patrilinéaire, et que le métissage phénomènes pourtant réels, tenaces et ethnique n’est pas envisageable en expansion : le racisme et la (Goldman, 1997 : 38) (voir Tableau 1 - discrimination. Puisque les Recensement de 1971). comportements xénophobes et racistes signifient bien que « l’origine telle En 1981, l’origine ethnique ou qu’elle est appréhendée par les acteurs culturelle des ancêtres de l’individu peut sociaux contribue à déterminer leurs être patrilinéaire et/ou matrilinéaire et opportunités de mobilité dans la les répondants peuvent déclarer plus société » (Simon,1997 : 28), cette d’une origine ethnique. Toutefois, le catégorie est utilisée dans les libellé de la question porte à confusion programmes canadiens comme un car le singulier est utilisé pour instrument de politique sociale pour « l’appartenance ethnique ou corriger la plus forte discrimination culturelle » alors qu’il possible de dont les individus appartenant aux préciser par la suite une autre origine. minorités visibles sont victimes. Ceci peut en partie expliquer la faible déclaration des origines multiples par En revanche, « les instruments de les répondants 6 (voir Tableau 2 - collecte sont les reflets des construits au Recensement de 1981). moment de l’enquête » (Goldman, 1997 : 37) et sont donc âprement Il faut attendre 1986 ( voir Tableau discutés, notamment en ce qui concerne 3 - Recensement de 1986) pour que la la question sur l’origine ethnique. En société canadienne reconnaisse à part effet, « le recensement se présente entière qu’un individu peut appartenir comme l’une des opérations les plus à plusieurs groupes ethniques ou abouties de mise en forme des identités. culturels (Goldman 1997 : 39). En produisant le découpage légitime du Cependant, les catégories retenues monde social, il fournit la grille de mélangent encore des nationalités lecture à travers laquelle sont (Français, Irlandais, etc.), des religions représentés et pensés les faits sociaux » (Juif) et l’on y ajoute cette fois une Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005 63
couleur de peau (Noir). Ceci reflète seulement par le changement de la d’une part, les difficultés à catégoriser présentation de la question sur l’origine l’origine ethnique selon des critères ethnique (Statistique Canada, 2004), précis et définitifs, et démontre d’autre mais aussi parce que les réponses sont part, que les questions du recensement sensibles au « contexte social dans sont tributaires du contexte dans lequel lequel les questions sont posées et elles sont posées9. l’évolution de la conception qu’ont les répondants de l’origine ethnique et de Malgré l’absence d’une catégorie leurs opinions à cet égard » (Statistique « d’origine canadienne » dans le choix Canada, 2002b). Les débats politiques de réponses, on observe à partir de 1986 de l’époque, comme la ronde des une augmentation du nombre des négociations constitutionnelles du lac personnes se déclarant « Canadien »10. Meech, l’échec de l’accord de En 1991 (voir Tableau 4 - Recensement Charlottetown (Goldman, 1997 : 46) et de 1991), apparemment consciente de le référendum au Québec ont pu avoir cette tendance, Statistique Canada une influence sur les déclarations des ajoute une note explicative sur la répondants. composition ethnique et les origines ancestrales des répondants. En 2001 (voir Tableau 6 - Recensement de 2001), même si le En 1996 (voir Tableau 5 - libellé de la question insiste précisément Recensement de 1996), la présentation sur les origines ancestrales et non sur le de la question a été modifiée. Pour la sentiment d’appartenance (se sentir première fois Statistique Canada n’a Canadien), la catégorie « Canadien » proposé aucune catégorie de réponses apparaît, cette fois-ci, en premier sur la à cocher et les recensés devaient noter liste13. Ceci peut poser des problèmes leur (s) origine (s) ethnique (s) dans pour la comparaison et l’utilisation des quatre cases pour réponse écrite. résultats. Premièrement, elle peut Cependant, des exemples de réponses provoquer une confusion pour le sont donnés et l’apparition du choix répondant, pour qui la différence entre « Canadien » vient définitivement origine ethnique et identité ethnique bouleverser la logique initiale des apparaît moins claire car, d’un côté, le questions sur l’origine ethnique, qui libellé insiste sur la distinction entre les voulait que cette dernière ne renvoie pas « origines ancestrales » et le fait de « se seulement au lieu de naissance, mais considérer » Canadien mais de l’autre, désigne également le lieu de naissance les exemples donnés “invitent” à choisir des ancêtres du répondant à leur arrivée « Canadien » comme première réponse. sur le continent. Ainsi, 30,9 % des Deuxièmement, l’accroissement du répondants inscrivent comme réponse nombre de personnes se déclarant « Canadien » en 1996 contre 3,8 % « Canadien » ne nous dit rien de certain seulement en 1991. Cette très forte sur l’origine ethnique de ces répondants augmentation peut être expliquée non ni sur ceux qui sont les plus susceptibles 64 Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005
de se dire « Canadien ». Ceci nous l’appartenance ethnique et son rappelle que la réponse sur l’origine importance pour le répondant ethnique sera toujours liée à la (Statistique Canada, 2003b : 7). Aux subjectivité des répondants et à la yeux des enquêteurs, les résultats possible reconfiguration de leurs obtenus permettent d’appréhender réponses14. Ainsi, ne pas se référer aux « comment les Canadiens de différentes peuples fondateurs ou à des origines origines ethniques interprètent et ethniques autres que « canadiennes » déclarent leur ethnicité » (ibid. : 5). peut être alors révélateur d’un attachement délibéré à ne déclarer que À cet égard, il faut en effet des origines canadiennes et dépasser reconnaître que l’utilisation du principe ainsi la division majeure qui prévaut d’autodéfinition ethnique est novatrice depuis la Confédération entre origines en raison de la façon dont les données ethniques anglaises et françaises15. ont été réunies, la séparation des questions sur l’ascendance et l’identité Avec l’Enquête sur la diversité ethniques permettant une distinction ethnique en 2002, (voir Tableaux 7 et entre origines des ancêtres et identité 8) on vient répondre aux critiques du des répondants. Cette distinction rend biais de réponse introduit par le libellé plus flexible la déclaration des des questions sur l’origine et sur répondants et donne une représentation l’appartenance ethnique. Statistique plus nuancée de la mosaïque Canada pose des questions ouvertes qui ethnoculturelle canadienne en fonction permettent des réponses multiples et des origines ethniques des ancêtres, sans surtout les intervieweurs s’abstiennent pour autant subordonner le sentiment de donner des exemples (ID_Q010 et d’appartenance des répondants à leur ID_Q100), permettant alors de dégager groupe d’ascendance. Le principe d’autres aspects significatifs de d’autodéfinition admet une déclaration l’ethnicité. d’appartenances multiples et/ou à trait d’union, ce qui exprime mieux la réalité Le principe d’autodéfinition ethni- des sociétés plurielles et mixtes. que et la mosaïque ethnoculturelle canadienne. Malheureusement, quoique ces gains soient importants, le rattachement L’introduction du principe à un groupe varie pour des raisons d’autodéfinition ethnique lors de l’EDE personnelles, socio-économiques ou a pour but d’explorer de nouvelles politiques (Rallu, Piché et Simon, façons de recueillir l’information sur 2003). Or ces raisons ne sont pas l’ethnicité sans influencer les suffisamment explorées dans l’enquête. répondants. En obtenant des réponses Bien que « le repérage de l’ethnie par « spontanées » sur l’ascendance auto-déclaration des intéressés [soit] la ethnique et l’identité ethnique, l’enquête pratique la plus respectueuse des vise à réunir des renseignements sur libertés individuelles » (Rallu, 1996 : 2), Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005 65
d’autres observations sur l’auto- rien au fait que l’ethnicité « comme déclaration peuvent aussi être mises de forme d’interaction sociale est l’avant pour enrichir notre construite à l’intérieur des relations compréhension de la diversité ethnique inégalitaires » (ibid.). L’auto- au Canada. Au-delà de cette identification ethnique, parce qu’elle « légitimité », le classement et le renvoie à une définition de l’ethnicité découpage de l’ethnicité restent avant tout relationnelle, demeure une controversés. Il faut particulièrement catégorie instable et hétérogène, difficile tenir compte du fait que l’ethnicité à mesurer. dépend des relations sociales et des rapports entre les individus et les L’approche générationnelle : une su- collectivités. D’une part, l’ethnicité n’est restimation de l’homogénéité des pas fixée une fois pour toute et n’est générations pas réductible aux traits culturels ou à d’autres attributs « inéluctables » ou Visant à mieux connaître l’évolution « indélébiles » et d’autre part, elle des groupes minoritaires et leur rapport « n’est pas un donné, mais résulte d’une avec la société canadienne, l’Enquête construction permanente [qui] a été sur la diversité ethnique a échantillonné clairement exposé[e] par F. Barth dans la population en utilisant les réponses son analyse de la dynamique données dans le formulaire long du d’élaboration des « frontières recensement de 2001. ethniques » (1969). Mouvantes et soumises à de constantes redéfinitions, Les réponses à l’origine ethnique des ces frontières se forment au contact ancêtres ont été ventilées pour former d’autres groupes » (Simon, 1997 : 18). les deux principales catégories L’ethnicité est ainsi « socialement d’intérêt : CBFA+ (Canadien ou déterminée » par des relations de Britannique ou Français ou Américain communalisation qui « émergent quand ou Australien et/ou Néo-zélandais) et un sentiment commun pour une les non CBFA+ (subdivisée en origines situation commune engendre européennes : Allemand, Italien, l’orientation mutuelle des Hollandais, Portugais; et origines non comportements » (Juteau, 1999 : 185). européennes : Chinois, Jamaïcain, Or l’Enquête sur la diversité ethnique Libanais, Iranien). […] Les questions ne nous permet pas d’identifier de telles portant sur les lieux de naissance des relations. Comme la plupart des répondants et de leurs parents ont servi enquêtes statistiques, l’EDE offre une à former le statut générationnel du vision pacifiée et consensuelle de la répondant. La première génération société, exempte des rapports de force comprend les répondants nés à qui peuvent la traverser. En ce sens, si l’extérieur du Canada. La deuxième la flexibilité permise par l’autodéfinition génération comprend les répondants évite les risques de réifications et de nés au Canada ayant au moins un classifications d’autrui, cela ne change parent né à l’extérieur du Canada. La 66 Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005
troisième génération comprend les ne sont pas liées à l’appartenance à une répondants nés au Canada dont les génération. Lors de la parution et de deux parents sont également nés au l’analyse des données de l’EDE, Canada (Statistique Canada, 2003a : Statistique Canada remarque que 2). « quelques groupes ethniques, peu importe le nombre de générations Malgré la forte représentativité de passées au Canada 17 , avaient une l’échantillon et une collecte de données proportion élevée de personnes ayant exhaustives sur les répondants, le choix fortement évalué leur ascendance et opéré par Statistique Canada de ayant aussi évalué leurs coutumes et présenter et de commenter ces résultats leurs traditions comme étant selon une approche générationnelle importantes »18 (Statistique Canada, risque de construire des catégories 2003a : 10). Cet ajout de la part de homogénéisantes qui occultent le Statistique Canada vient donc bien rapport précis des immigrants aux confirmer que l’approche différentes thématiques de l’enquête. intergénérationnelle ne peut se suffire Premièrement, en photographiant les à elle-même. De même, la trois générations d’immigration, décomposition des réponses de la Statistique Canada met l’accent sur les première génération en fonction de différences ou les similitudes entre les l’année d’arrivée19 au Canada montre générations. Le fait d’appartenir à une un autre aperçu des limites de la génération semble alors expliquer aussi compréhension de la diversité à partir bien les formes de participation aux des générations « homogènes ». Peut- groupes ethniques que le sentiment on regrouper sous la même catégorie d’appartenance à la société canadienne des réponses façonnées par l’expérience ou à son groupe ethnique. Nonobstant, d’un vieil immigrant d’origine italienne il peut sembler limité de s’en tenir à cette arrivé à Montréal dans les années 1960 explication alors que les enquêtes avec celle d’un jeune de moins de 18 longitudinales montrent que ces ans d’origine chinoise ayant migré à attitudes dépendent aussi de facteurs Vancouver l’an dernier? La relationnels et sociaux qui varient dans comparabilité des expériences entre les le temps, entre les générations et entre origines, les années d’arrivée et les les individus. générations se complexifie d’autant plus si l’on tient compte des autres variables Deuxièmement, les différences dans comme le genre, l’âge d’arrivée au la composition ethnique des Canada, l’âge des répondants au générations16 révèlent une autre limite moment de l’enquête, le statut socio- de la comparaison intergénérationnelle. économique ou encore la scolarité. Les origines ethniques des personnes L’approche intergénérationnelle illustre ayant immigré au Canada ont changé les écueils traditionnellement reprochés au fil du temps et celles-ci peuvent être aux enquêtes statistiques qui, en révélatrices d’attitudes particulières qui procédant à un processus d’agrégation Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005 67
des réponses selon des critères très se sentir mal à l’aise ou pas à leur larges, attribue une cohérence place21. Bien que l’on ne puisse nier artificielle à des histoires individuelles l’importance de collecter de telles et spécifiques dont la divergence données et de savoir si les personnes se apparente s’accommode mal d’un sentent à l’aise ou pas au Canada, même processus de catégorisation. comment aller au-delà des perceptions Peut-être qu’une analyse longitudinale des répondants pour mesurer la de la diversité ethnique mettant en discrimination? Ceci est surtout évidence les variations de réponse à important si l’intégration est analysée travers le temps pourrait mieux nous en fonction des possibilités de mobilité informer sur les différentes expériences sociale puisque dans ce cas, d’une génération, d’un groupe ou d’une l’interprétation des données qui font personne20. référence au « capital social » des répondants se complexifie et présente La complémentarité d’une analyse des problèmes de mesure. Pour mesurer longitudinale serait également utile du la distance sociale, « on mesure un fait de l’accent mis par l’enquête sur des caractère variant, par exemple la données habituellement non collectées, situation socioprofessionnelle, par comme par exemple la participation et rapport à un caractère invariant : année l’inclusion des immigrants à la société de naissance, lieu de naissance, sexe, canadienne, qui vient combler un mais il est beaucoup plus hasardeux de manque d’informations quantitatives le faire par rapport à un caractère lui- sur le bien-être des répondants au sein même variant comme [par exemple] la de la société canadienne. Les questions déclaration de l’appartenance ethnique portant sur le fait de se sentir à l’aise [ou la participation] » (Rallu, Piché et ou pas dans la société canadienne Simon, 2003). Si l’intégration est définie révèlent ainsi que 78% des répondants comme « un continuum allant de « ont affirmé qu’ils ne se sentaient l’intégration zéro (par exemple, quitter jamais mal à l’aise ou pas à leur place [la société d’accueil]) jusqu’à au Canada » (Statistique Canada, l’intégration réussie (performer au 2003a : 18) à cause de leur ethnicité, moins aussi bien que la population non leur culture, leur race, la couleur de leur immigrante ou les autres groupes peau, leur langue, leur accent ou leur d’immigrants)», seules des études religion. Cependant, « 2,2 millions de longitudinales qui évaluent les parcours personnes, ou 10% de la population dans l’accès aux ressources (travail, âgée de 15 ans et plus, ont déclaré se logement, éducation, etc.) et qui sentir mal à l’aise ou pas à leur place tiennent compte des variables parfois, la plupart du temps ou tout le démographiques, de capital humain et temps à cause de leurs caractéristiques du statut socio-économique pourront ethnoculturelles » (ibid.: 18), les identifier des différences attribuables à minorités visibles (13% de la la discrimination (Piché et population) étant plus susceptibles de Renaud, 2002). 68 Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005
Dernièrement, nous voulons souli- fonction des générations semble plutôt gner que la catégorisation par filiation22, conforter l’efficacité de la politique de laquelle dérive l’approche multiculturelle. générationnelle, vient d’une conception relativement ancienne. Elle reprend glo- Vers une meilleure compréhension de balement le classement américain du la diversité? recensement de 1850, qui distingue les individus nés à l’étranger, nés au pays En effet, si la politique de parents mixtes, nés au pays de deux multiculturelle vise à valoriser les dif- parents nés à l’extérieur, et nés au pays férences, elle n’a pas été conçue par ses de parents nés au pays. L’idée de géné- architectes comme étant incompatible rations et de l’assimilation progressive avec une certaine unité nationale, « pré- préfigure la théorie de l’école de Chi- occupation gouvernementale fédérale cago (Park et Miller, 1921, cités par Si- depuis les années 1960 » (Helly, 2000 : mon, 1997 : 21) selon laquelle l’intégra- 8). Au contraire, l’évolution du tion et l’assimilation prennent du temps multiculturalisme vient plutôt confir- et que plusieurs étapes sont nécessai- mer le fait que l’identité canadienne est res. Dans la présentation des résultats précisément celle qui permet de conju- de l’EDE, on retrouve les mêmes guer un héritage ethnique avec une forte p r é o c c u p a t i o n s . L’ a p p r o c h e identité nationale et civique (Kalin in intergénérationnelle suggère, sans Laponce et Safran, 1996 : 26). En re- grande surprise, que plus la personne posant sur les principes généraux de la est arrivée récemment, plus elle déclare promotion du respect des différences, un fort sentiment d’appartenance à son mais également sur le partage d’une groupe ethnique et inversement. Ainsi, appartenance commune, la politique les réponses des premières générations canadienne du multiculturalisme con- arrivées au Canada avant 1961 sont très siste, en matière d’intégration des im- proches de celles de la deuxième et troi- migrants, à rejeter toute politique trop sième génération, alors que les répon- ouvertement assimilationniste pour pri- ses pour la première génération arrivée vilégier la conception d’une identité et entre 1991 et 2001 s’en distinguent net- d’une appartenance multidimen- tement23. Ces exemples suggèrent que sionnelles. Dans l’EDE, l’utilisation de les immigrants subissent un phénomène l’autodéfinition de l’appartenance eth- d’acculturation à moyen ou à long nique est en accord avec ce principe. Par terme. Cette idée est développée et dé- exemple dans le module sur les attitu- battue, en particulier depuis les hypo- des, Statistique Canada pose des ques- thèses formulées par Hansen dès tions directement sur le sentiment d’ap- 193824. Au Canada, les résultats pré- partenance à l’égard de la famille, le sentés en 2003 suggèrent qu’une géné- groupe ethnique ou culturel, le village, ration suffit à l’intégration des immi- la ville, la municipalité, la province, le grants au sein de la société canadienne. le Canada et l’Amérique du Nord ce qui De cette façon, l’intégration vue en suggère que les sentiments d’apparte- Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005 69
nance coexistent25. Ainsi, quelqu’un qui Notes appartient à un groupe d’origine « X » * Les auteures tiennent à remercier Jane peut partager un sentiment d’apparte- Jenson et l’ensemble de la Chaire de recher- che du Canada en citoyenneté et nance à l’égard du Canada avec une gouvernance pour leurs précieux conseils autre personne qui est d’origine « Y ». quant à l’élaboration de cet article. Elles sou- Avec l’autodéfinition et l’appartenance haitent aussi remercier Annick Germain pour ses remarques constructives lors de la pré- multiple, le portrait de la diversité se sentation des premiers résultats de ce travail complexifie et les possibilités d’inter- au Colloque sur la recherche étudiante en connexion augmentent. science politique, ainsi que les évaluateurs anonymes des Cahiers. En utilisant le critère 1 Parmi les personnes nées à l’extérieur du d’autodéfinition, l’Enquête sur la Canada, près de 46 %, ou 2,4 millions de diversité ethnique permet de mieux personnes, ont déclaré des origines non euro- péennes lors de l’enquête. Le groupe des sonder l’origine ethnique des Chinois a été le groupe le plus fréquemment répondants et ses liens avec la société cité, suivi des Indiens de l’Est, des Philippins canadienne, notamment en ce qui et des Vietnamiens (Statistique Canada, 2003a : 5). concerne le sentiment de multi- appartenance. À cet égard, cette 2 L’Enquête a sondé 42 500 répondants âgés nouvelle approche statistique de 15 ans et plus, non-autochtones, et habi- correspond mieux à la nouvelle réalité tant des logements privés dans les 10 pro- vinces canadiennes. Les entrevues télépho- de la diversité canadienne. Cependant, niques d’environ 30 à 45 minutes se sont l’utilisation de la comparaison déroulées d’avril à août 2002 dans les deux intergénérationnelle soulève des langues officielles et en sept langues non of- ficielles soit en mandarin, cantonnais, ita- questions quant à la construction lien, pendjabi, portugais, vietnamien et es- homogénéisante et faussement linéaire pagnol (Statistique Canada, 2003a : 26). des générations. Les photos 3 L’Enquête nous fournit une vaste source générationnelles présentées dans d’information nouvelle et unique qui permet l’Enquête sur la diversité ethnique nous d’approfondir nos connaissances sur l’ascen- donnent peu d’explications sur les dance et l’identité ethnique, le lieu de nais- aspects relationnels et sociaux qui sance, le statut de membre d’une minorité visible, les antécédents familiaux, l’utilisa- mènent à ces résultats, et in fine tion des langues, la pratique religieuse, les restreignent la compréhension du rôle relations familiales, les réseaux sociaux, la des origines ethniques et culturelles participation à la vie communautaire, le sen- timent d’appartenance, la confiance et la dans la vie actuelle des Canadiens. Un satisfaction à la société et les activités regard approfondi sur l’évolution des socioéconomiques (Statistique Canada, groupes apporterait encore plus à notre 2003b) entendement de la diversité ethnique . 4 La définition d’une minorité visible au Ca- nada, d’après la loi sur l’équité en matière d’emploi, renvoie aux « personnes, autres que les autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n’ont pas la peau blanche » (Ministère de la Justice, 1995). 70 Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005
5 Le libellé de la question est disponible dans were among the ethnic groups most likely Gustave Goldman, 1977 : 42. to affiliate with a “Canadian” label” » (Boyd et Norris, 2002: 2). 6 Selon Statistique Canada, 12% des répon- 11 dants ont déclaré des origines multiples au Statistique Canada, 1996. « Soyez du nom- recensement de 1981. Ce chiffre est passé à bre! Le 14 mai 1996. Recensement 96 », 28 % cinq ans plus tard alors que la ques- Questionnaire complet. Ottawa : Question- tion dans le recensement de 1986 permet- naires du Recensement de la population de tait explicitement de déclarer plus d’une ori- 1996 : 9. En ligne. (page nique correspondent à 29% des réponses en consultée le 11 décembre 2003). 1991, à 36% en 1996 et à 38% en 2001 12 (Statistique Canada, 2004). Statistique Canada, 2001. « 2001 Recen- sement. Soyez du nombre! Le 15 mai 7 Reproduit à partir de Gustave Goldman, 2001 » Questionnaire complet. Ottawa : 1977 : 42. Questionnaires du Recensement de la popu- lation de 1996 : 8. En ligne. 8 Reproduit à partir de Gustave Goldman, (page consultée le 11 décembre 2003). 9 La catégorie de réponse « Noir » a été ins- 13 crite au recensement de 1986 et conservée Statistique Canada a choisi d’ordonner les dans celui de 1991 suite aux recommanda- exemples en fonction de la fréquence avec tions du Comité spécial sur la participation laquelle les diverses réponses avaient été four- des minorités visibles à la société canadienne nies au recensement de 1996, au détriment formulées dans le rapport « L’égalité ça d’un classement par ordre alphabétique par presse» et de la Commission d’enquête sur exemple. l’égalité en matière d’emploi. Cette décision 14 a été prise dans le contexte de l’adoption de Ainsi, la multiplication du choix « Cana- la loi sur l’équité en matière salariale qui né- dien » est probablement influencée par les cessitait la collecte de nouvelles données sta- débats politiques canadiens, notamment tistiques. (Statistique Canada, 2004). ceux mentionnés plus haut ou encore par ceux dans le pays de leurs ancêtres. L’inter- 10 À cet égard, Monica Boyd et Doug Norris prétation proposée par Statistique Canada donnent trois explications à l’augmentation est que l’augmentation du nombre de répon- de la sélection « Canadien » lors des recen- ses « Canadien » a une relation avec la di- sements de cette période : « First, the minution des déclarations du groupe « ori- selection of a “Canadian” label was never gines des îles Britanniques » (Statistique that unusual for survey respondents during Canada, 2004). the late twentieth century although response 15 levels did vary with the concept studied Comme le remarque Jean Laponce, dès le (identity versus origins), question wording, recensement de 1991, « the Canadian census and/or the existence of an explicit reference tells us that the two founding ‘races’ that to the term. Second, the percentages of Lord Durham recommended merging and survey respondents who declare “Canadian” that André Siegfried saw ‘in conflict’ within varied by metropolitan, provincial, and a single state -the French and the English- regional locations. The 1974 and 1991 na- have lost considerable ground to the ‘new’ tional surveys on ethnic and multicultural Canadians. They dropped from over 90 per attitudes found that respondents outside cent in 1871 to less than 51 per cent in 1991. Quebec were most likely to reply The same statistics also tells us that, in 1991, “Canadian” with those residing in Quebec the number of individuals who identified answering “French-Canadian” in 1974 and their origins as either British, English, “provincial” (Quebecois) in 1991. Third, in Scottish, Welsh or Irish was not much higher these surveys, persons of British ethnic origin than the number of those with a French Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005 71
20 origin (28 percent compared to 23 per- Outre le fait que de telles enquêtes deman- cent) » (Laponce in Laponce et Safran, 1996: dent des ressources très importantes, il y a 4). bien sûr des limites aux analyses longitudi- nales. Afin de bien comprendre les change- 16 Il ne faut pas oublier que chaque généra- ments dans les réponses au fil du temps, il tion représente une vague d’immigration dif- est nécessaire de conduire des enquêtes ré- férente. Ainsi, la troisième génération est pétées auprès des mêmes répondants. Sans formée par 63 % de personnes descendan- cela, l’étude de la relation temporelle dans tes de parents d’origine britannique, fran- les réponses, l’établissement des liens de cau- çaise ou canadienne et seulement 1 % de salité, sont difficiles à considérer lors d’une personnes d’origine non européenne. La enquête de cette nature (Voir Rajulton, deuxième génération est formée par 36 % 2001). de personnes d’ascendance européenne (al- 21 lemande, italienne, néerlandaise, ukrainienne « 20% des minorités visibles, ou 587 000 et polonaise), 32 % de personnes d’ascen- personnes, ont affirmé avoir parfois ou sou- dance CBFA+, 14 % de personnes d’ascen- vent vécu de la discrimination ou des traite- dance européenne en combinaison avec ments injustes au cours des cinq dernières CBFA+ et 10 % de personnes d’origine non années » (Statistique Canada, 2003a : 26). européenne (chinoise et indienne de l’Est). 22 Finalement, la première génération est for- Trois types de catégorisation sont généra- mée par 46 % de personnes d’origine non lement utilisés dans les enquêtes statistiques européenne (chinoise, indienne de l’Est, phi- sur les immigrants et l’ethnicité, comme dans lippine et vietnamienne) et 31 % de person- les recensements. Il s’agit des catégorisations nes d’origine européenne (italienne, alle- par nationalité (étranger), par lieu de nais- mande, portugaise et polonaise). sance (immigré) et par filiation (immigration de deuxième génération, d’origine immigrée) 17 Souligné par nous. (Simon, 1997 : 20). L’EDE mène les trois types de catégorisation mais privilégie celle 18 Il s’agit des Pendjabis, des Grecs, des Phi- par filiation. lippins et des Jamaïcains. 23 Environ le tiers des personnes de la pre- 19 À l’aide des questions sur les antécédents mière génération (34%) arrivées au Canada des répondants, Statistique Canada a recueilli dans les années 1990 a mentionné avoir été de l’information sur le statut d’immigrant membre ou avoir pris part aux activités d’au reçu et l’année d’arrivée au Canada, ce qui moins un groupe ou une organisation au lui permet de faire une différenciation entre cours de l’année précédente. Ce chiffre nouveaux arrivants et immigrants de plus grimpe à 37% chez les personnes arrivées longue date, même si ces informations ne au cours des années 1980 et à 41% chez les sont pas systématiquement présentées dans personnes arrivées avant 1981 (Statistique les résultats de l’enquête. Ainsi, Statistique Canada, 2003a : 14). Canada décompose les réponses de la pre- 24 mière génération en fonction de l’année à Comme le remarque Isajiw, « much of the laquelle les répondants ont immigré sans literature on the retention of ethnic identity pourtant nous fournir un modèle standar- has been related to the Hansen hypothesis. disé pour le faire. Les variations dans la par- According to this hypothesis, the second ticipation au sein de groupes ou d’organisa- generation removes itself or rebels against tions sont présentées en fonction des cohor- its ethnic group, and the third returns to it. tes d’immigration des années 1990, des an- Until now, however, the research evidence nées 1980 et des personnes arrivées avant informing this issue has been to a large extent 1981, tandis que les variations dans le senti- confusing » (Isajiw, 1990: 38). ment d’appartenance à leur groupe ethnique 25 sont présentées en fonction des cohortes « En 2002, 40 % de la première généra- d’immigration des années avant 1961, 1961- tion ont affirmé que leur identité compre- 1990 et 1991-2001. nait l’identité canadienne ou une identité 72 Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005
provinciale ou régionale, par rapport à 78 % Patrimoine canadien, 2003. L’Enquête sur des personnes de la deuxième génération et la diversité ethnique, Séance d’informa- 80 % des personnes de la troisième généra- tion relative à l’enquête sur la diversité tion ou plus » (Statistique Canada, 2003a : ethnique, organisée par l’Observatoire 12). statistique d’Immigration et Métropoles, en collaboration avec le CIQSS (Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales) et le CEETUM (Centre d’études Bibliographie ethniques des universités montréalaises), le 6 novembre 2003. Barth, F., 1969. Ethnic groups and Piché, V. et J. Renaud, 2002. « Immigration boundaries. Boston, Little Brown. et intégration économique : peut-on me- Boyd, M. et D. Norris, 2001. « Who are the surer la discrimination? » in R. Côté et ‘Canadians’? Changing Census M.Venne (éd.), L’annuaire du Québec Responses, 1986-1996 », Canadian 2003. Québec, Fides, p. 146-152. Ethnic Studies , vol. XXXIII, n° 1, p. 1- Rajulton, F., 2001. « The Fundamentals of 24. Longitudinal Research: An Overview », Goldman, G.,1997. « La mesure de Special Issue on Longitudinal l’ethnicité au Canada : évolution et dé- Methnodology, Canadian Studies in Po- bats actuels », in J.-L., Rallu, Y. Courbage pulation, vol. 28, n° 2, p.169-185. et V. Piché, (éd.), Old and new minorities/ Rallu, J-L., 1996. « Quand l’ethnie déclarée Anciennes et nouvelles minorités. Mon- change… », Population et sociétés, n° trouge/Paris, John Libbey Eurotext et Ins- 309, p. 2-3. titut national d’études démographiques, collection « Congrès et colloques de Rallu, J-L, V.Piché et P. Simon, 2003. « Dé- l’INED», n° 17, p. 31-48. mographie et ethnicité : une relation am- biguë » in G. Caselli, J. Vallin et G. Helly, D., 2000. « Le multiculturalisme ca- Wunschn, (éd.), Démographie : analyse nadien : De la promotion des cultures et synthèse,vol. 6, Conséquences des immigrées à la cohésion sociale 1971- changements démographiques, Paris, 1999 », Les Cahiers de l’URMIS, n° 6, INED. p. 7-20. Simon, P., 1997. « La représentation statis- Isajiw, W.W., 1990. « Ethnic-Identity tique de l’immigration : peut-on compta- Retention », in R. Breton, W.W. Isajiw, biliser l’ethnicité? », in J.-L., Rallu, Y. W.E Kalbach, J.G. Reitz, Ethnic Identity Courbage et V. Piché, (éd.), Old and new and Equality, Toronto, University of To- minorities/Anciennes et nouvelles mino- ronto Press, p.92-134. rités, John Libbey Eurotext et Institut Jaillet, M-C., 2003. « La politique de la ville national d’études démographiques, Mon- en France: histoire et bilan » in La politi- trouge/Paris, « Congrès et colloques de que de la ville, Regards sur l’actualité, l’INED», n° 17, p. 11-30. n° 296. Paris, La Documentation fran- Simon, P., 2003. « Les sciences sociales fran- çaise, p. 5-24. çaises face aux catégories ethniques et Juteau, D., 1999. L’ethnicité et ses frontiè- raciales », Annales de démographie his- res, Montréal, Presses de l’Université de torique, n° 1, p. 111-130. Montréal. Statistique Canada, 2001. « 2001 Recense- Laponce, J. et W.Safran, (éd.), 1996. ment. Soyez du nombre! Le 15 mai Ethnicity and Citizenship. The Canadian 2001 » Questionnaire complet. Ottawa : Case. London/Portland, Frank Cass and Questionnaires du Recensement de la po- Co. Ltd. pulation de 1996 : 8. En ligne. Ministère de la Justice, 1995. Loi sur l’équité (page consultée le 11 dé- Ministère de la Justice. En ligne (page consultée le 20 avril 2004). Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005 73
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Tableau 1 - Recensement de 19715 15. À quel groupe ethnique ou culturel appartenait votre ancêtre paternel (ou vous-même) à son arrivée sur le continent? ❑ Anglais ❑ Indien nord-américain ❑ Polonais ❑ Français -dans une bande ❑ Écossais ❑ Allemand ❑ Indien nord-américain ❑ Ukrainien ❑ Irlandais -non dans une bande ❑ Italien ❑ Néerlandais ❑ Juif ❑ Norvégien Autre, écrivez ici Tableau 2 - Recensement de 19817 26. À quel groupe ethnique ou culturel apparteniez-vous, vous et vos ancêtres, à votre première arrivée sur ce continent? (Pour plus de renseignements, consultez le Guide.) ❑ Français Autochtones ❑ Anglais ❑ Irlandais ❑ Inuit ❑ Écossais ❑ Indien inscrit ❑ Allemand ❑ Indien non inscrit ❑ Italien ❑ Métis ❑ Ukrainien ❑ Hollandais (Néerlandais) ❑ Polonais Norvégien ❑ Juif Autre (précisez) ❑ Chinois : .42. Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005 75
Tableau 3 - Recensement de 19868 17. À quel (s) groupe (s) ethnique (s) ou culturel (s) appartenez-vous ou vos ancêtres appartenaient-ils? (Consultez le Guide) Cochez ou précisez plus d’un s’il y a lieu ❑ Français ❑ Chinois ❑ Anglais ❑ Juif ❑ Irlandais ❑ Polonais ❑ Écossais ❑ Noir ❑ Allemand ❑ Inuit ❑ Italien ❑ Indien de l’Amérique du Nord ❑ Ukrainien ❑ Métis ❑ Hollandais (Néerlandais) Autre (s) groupe (s) ethnique (s). Par exemple, Portugais, Grec, Indien (Inde), Pakistanais, Philippin, Japonais, Vietnamien (précisez ci-dessous). : .43. 76 Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005
Tableau 4 - Recensement de 1991 15. À quel (s) groupe (s) ethnique (s) ou culturel (s) les ancêtres de cette personne appartenaient-ils? Cochez ou précisez plus d’un s’il y a lieu Nota : Bien que la plupart des habitants du ❑ Français Canada se considèrent comme ❑ Anglais canadiens, on recueille des ❑ Allemand renseignements sur leurs origines ❑ Écossais ancestrales depuis le recensement de ❑ Italien 1901 afin de retracer l’évolution de la ❑ Irlandais composition de la population ❑ Ukrainien canadienne. Ces renseignements sont ❑ Chinois nécessaires pour garantir que chacun, ❑ Hollandais (Néerlandais) quel que soit son milieu ethnique ou ❑ Juif culturel, ait une chance égale de ❑ Polonais participer à part entière à la vie ❑ Noir économique, sociale, culturelle et ❑ Indien de l’Amérique du Nord politique du pays. Cette question porte ❑ Métis donc sur les origines ancestrales. ❑ Inuit/Esquimau Consultez le Guide Autre (s) groupe (s) ethnique (s) ou culturel (s) - Précisez ci-dessous Exemples d’autre (s) groupe (s) ethnique (s) ou culturels : Portugais, Grec, Indien de l’Inde, Pakistanais, Philippin, Vietnamien, Japonais, Libanais, Haïtien, etc. Tableau 5 - Recensement de 1996 11 17. À quel (s) groupe (s) ethnique (s) ou culturel (s) les ancêtres de cette personne appartenaient-ils? Précisez tous les groupes qui Par exemple, Français, Anglais s’appliquent Allemand, Écossais, Canadien, Italien, Irlandais, Chinois, Cri, Micmac, Métis, Inuit (esquimau), Ukrainien, Hollandais, Indien de l’Inde, Polonais, Portugais, Juif, Haïtien, Jamaïquain, Vietnamien, Libanais, Chilien, Somalien, etc. Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005 77
Tableau 6 - Recensement de 2001 15 Bien que la plupart des gens au Canada Précisez tous les groupes qui se considèrent comme Canadiens, les s’appliquent renseignements sur leurs origines ancestrales qui sont recueillis depuis le recensement de 1901 permettent de rendre compte de l’évolution de la composition de la population diverse du Canada. Cette question porte donc sur les origines des ancêtres de la personne. 17. À quel (s) groupe (s) ethnique (s) ou culturel (s) les ancêtres de cette personne appartenaient-ils? Par exemple, canadien, français, anglais, chinois, italien, allemand, écossais, irlandais, cri, micmac, métis, inuit (Esquimau), indien de l’Inde, ukrainien, hollandais, polonais, portugais, philippin, juif, grec, jamaïquain, vietnamien, libanais, chilien, somalien, etc. Tableau 7 - Enquête sur la diversité ethnique 2002 ID_Q010. J’aimerais maintenant vous poser des questions sur votre ascendance, vos origines ou vos antécédents ethniques. Quelles étaient les origines ethniques ou culturelles de vos ancêtres? INTERVIEWEUR : Précisez jusqu’à 8 réponses NE DONNEZ PAS d’exemples Cette question fait référence à l’origine ethnique ou culturelle de vos ancêtres, incluant les ancêtres des deux côtés de votre famille. Un ancêtre est une personne dont vous descendez et qui est habituellement plus éloignée que vos grands-parents. L’ascendance ethnique ou culturelle fait référence aux origines de vos ancêtres ou vos antécédents culturels et ne devrait pas être confus avec la citoyenneté ou nationalité. Si l’on fait exception des autochtones, la plupart des gens peuvent faire remonter leur ascendance jusqu’aux premiers de leurs ancêtres venus sur ce continent. Autre – précisez Refus Ne sait pas 78 Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005
Tableau 8 - Enquête sur la diversité ethnique 2002 ID_Q100. J’aimerais maintenant que vous pensiez à votre propre identité en termes ethniques ou culturels. Cette identité peut être la même que celle de vos parents, grands-parents ou ancêtres ou elle peut être différente. Quelle est votre identité ethnique ou culturelle? INTERVIEWEUR : Précisez jusqu’à 6 réponses NE DONNEZ PAS d’exemples Votre identité ethnique ou culturelle est le ou les groupes (s) ethnique (s) ou culturelle (s) auquel (s) vous pensez appartenir. Autre – précisez Refus Ne sait pas Diversité urbaine, vol. 5, no 1, printemps 2005 79
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