BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT - African Development Bank
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BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT PROGRAMME : SEYCHELLES : PROGRAMME D’APPUI BUDGETAIRE EN REPONSE A LA CRISE DE LA COVID-19 PAYS : REPUBLIQUE DES SEYCHELLES RAPPORT D’ÉVALUATION Date : June 2020 Chef de projet : Camille KARAMAGA, Expert principal, Gouvernance, ECGF/RDGE Co-chef de projet : Susan OLANG’O, Chargée du développement social, RDGE.2 Membres de l’équipe : Tilahun TERMESGEN, Économiste régional en chef, RDGE Grace Kyokunda, Chargée en chef, Investissement, RDGE Mulle CHIKOKO, Socio-économiste en chef, RDGE.2/AHHD Elizabeth Owiti, Économiste principale, Santé, AHHD Alamir A. MOSSLEM, Chargé supérieur, Gouvernance, ECGF/RDGE Desma TUNYA, Chargé de programme pays Madvee MUTHU, Expert, Genre, RDGE Équipe d’évaluation Monica NADUJJA, Chargée supérieure, Passation des marchés, SNFI.2/COUG Sam SAKWA, Spécialiste supérieur, Gestion financière, SNFI/RDGE Eric BAKILANA, Chargé principal, Conseils juridiques, PGCL.1 Ahmed KHAN, Chargé en chef, Pêches, AHAI.2 Adegbenga Olufunso SOMORIN, Chargé principal, Changement climatique et croissance verte, RDGE.1 Chef de division sectorielle : Wilfrid Abiola, chef de division p. i., ECGF Chef de division sectorielle : Babatunde Omilola, chef de division, AHHD.2 Chef de division sectorielle : Amel Hamza, Division du Genre et de l’autonomisation des femmes Responsable régionale d’exécution de projets : Eva RUGANZU, RDGE4 Directeur sectoriel : Abdoulaye Coulibaly, ECGF Directrice sectorielle : Martha Phiri, AHHD Directeur général : Nnenna Nwabufo, DG/DDG p. i., RDGE Baboucarr KOMA, Chargé principal, Gouvernance, ECGF/RDGS Albert MAFUSIRE, Économiste pays, Somalie/RDGE Chris MUTASA, Analyste financier principal, RDGE Pairs évaluateurs Gueye MOHAMED, Économiste en chef, Développement, RDGN Rosemond AWUKU-OFFEI, Économiste en chef, Développement, AHHD Charles MUTHUTHI, Consultant macroéconomiste, RDGE
BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT Publication autorisée SEYCHELLES PROGRAMME D’APPUI BUDGETAIRE EN REPONSE A LA CRISE DE LA COVID-19 RDGE/AHHD/ECGF/RDGN Juin 2020 Document traduit
TABLE DES MATIÈRES POIDS ET MESURES ................................................................................................................ i SIGLES ET ABRÉVIATIONS……………………………………………………………… ii INFORMATIONS SUR LE PROGRAMME……………………………………………… iii I. LA PROPOSITION .......................................................................................................... 1 II. CONTEXTE ...................................................................................................................... 1 2.1 Contexte économique, social et de la gouvernance ......................................................... 1 III. JUSTIFICATION ET ÉLÉMENTS DE CONCEPTION CLÉS DU PROGRAMME3 3.1 Justification ...................................................................................................................... 3 3.2 Collaboration avec d’autres partenaires de développement ............................................. 4 3.3 Satisfaction des critères d’éligibilité à l’ABRC……………………………………… 4 3.4 Application des principes de bonnes pratiques en matière de conditionnalité IV. LE PROGRAMME PROPOSÉ ........................................................................... … ….5 4.1 Buts et objectif du programme…………………………………………………………5 4.2 Composantes du programme……………………………………………………………5 4.3 Besoins de financement du programme gouvernemental de lutte contre la COVID-19..7 4.4 Conditions de prêt (mesures préalables)………………………………………………..7 4.5 Bénéficiaires du programme……………………………………………………………8 4.6 Dialogue sur les politiques……………………………………………………………...8 V. MISE EN ŒUVRE ET DOCUMENTS JURIDIQUES ................................................ 9 5.1 Mise en œuvre, suivi et évaluation .................................................................................. 9 5.2 Gestion financière, décaissement et passation des marchés ............................................ 9 5.3 Conformité et documentation juridiques ....................................................................... 10 5.6 Gestion des risques ........................................................................................................ 11 VI. RECOMMANDATION ............................................................................................. 11 ANNEXE 1. Cadre logique axé sur les résultats .........................................................................I ANNEXE 2. Satisfaction des critères d’éligibilité des OAP .................................................... III ANNEXE 3. lettre de politique de développement ..................................................................IV ANNEXE 4. Note de conformité environnementale et sociale………………………………………XII
POIDS ET MESURES ÉQUIVALENCES MONÉTAIRES Taux en vigueur en avril 2020 1 UC = 1,382 83 USD (dollar des États-Unis) 1 UC = 1,235 88 euro 1 UC = 19,243 2 SCR (roupies seychelloises) 1 USD = 17,82 SCR (roupies seychelloises) EXERCICE BUDGÉTAIRE 1er janvier – 31 décembre POIDS ET MESURES 1 tonne métrique = 2204 livres (lb) 1 kilogramme (kg) = 2200 lb 1 mètre (m) = 3,28 pieds (pi) 1 millimètre (mm) = 0,039 37 pouce (po) 1 kilomètre (km) = 0,62 mile 1 hectare (ha) = 2 471 acres i
SIGLES ET ABRÉVIATIONS BAD Banque africaine de développement CBS Banque centrale des Seychelles CFRA Évaluation du risque fiduciaire pays CRF Facilité de réponse à la crise de la COVID-19 ABRC Appui budgétaire en réponse aux crises DSA Analyse de viabilité de la dette FMI Fonds monétaire international GFP Gestion des finances publiques IDE Investissement direct étranger MOFTIEP Ministère des Finances, du Commerce, de l’Industrie et de la Planification économique MPME Micro, petite et moyenne entreprise NDS Stratégie de développement national OAP Opération d’appui programmatique PEFA examen des dépenses publiques et évaluation de responsabilité financière PIB Produit intérieur brut PMR Pays membre régional RDGE Bureau de développement régional et d’exécution des opérations de la Banque pour l’Afrique de l’Est à Nairobi SCR Roupie seychelloise UC Unité de compte USD Dollar des États-Unis ii
INFORMATIONS SUR LE PROGRAMME INSTRUMENT APPUI BUDGÉTAIRE EN RÉPONSE À LA CRISE DE LA COVID-19 TYPE DE CONCEPTION DE L’OAP Opération unique INFORMATIONS SUR LE PRÊT Informations sur le client EMPRUNTEUR : République des Seychelles ORGANE D’EXÉCUTION : Ministère des Finances, du Commerce, de l’Industrie et de la Planification économique Plan de financement Source Montant Instrument BAD 10 millions d’USD Prêt FMI 31,2 millions d’USD Prêt Banque mondiale 30 millions d’USD Prêt COÛT TOTAL 71,2 millions d’USD Prêt Conditions du prêt Devise du prêt Dollar des États-Unis (USD) Type de prêt Prêt entièrement flexible Échéance Maximum de 25 ans, y compris le différé d’amortissement Différé d’amortissement 8 ans au maximum Échéance moyenne du prêt À préciser (est fonction du profil d’amortissement) Remboursements Paiements trimestriels consécutifs après le différé d’amortissement Taux d’intérêt Taux de base + marge de coût du financement + marge de crédit + prime à l’échéance Taux de base Taux variable basé sur le LIBOR 6 mois avec option gratuite de fixation du taux de base Marge de coût du Marge de coût du financement de la Banque, déterminée chaque 1 er janvier et 1er juillet et financement appliquée au taux de base chaque 1er février, 1er mai, 1er août et 1er novembre Taux de crédit 80 points de base (0,80 %) A déterminer sur la base de l’échéance moyenne du prêt 0 % si l’échéance moyenne du prêt est inférieure à 12,75 ans ; Prime à l’échéance 10 points de base (0,10 %) si l’échéance moyenne du prêt est supérieure à 12,75 ans et inférieure à 15 ans ; 20 points de base (0,20 %) si l’échéance moyenne du prêt est supérieure à 15 ans 0,25 % du montant du prêt exigible au plus tard 60 jours à compter de la date d’entrée en Commission d’ouverture vigueur ou au premier décaissement, la date la plus proche étant retenue 0,25 % du montant non décaissé. Les commissions d’engagement commencent à courir 60 Commission d’engagement jours après la signature de l’accord de prêt et sont exigibles aux dates de paiement Option de conversion du taux Outre l’option gratuite de fixation du taux de base variable, l’emprunteur peut reconvertir le de base** taux fixe en taux flottant ou le réajuster en partie ou pour la totalité du montant décaissé. Des frais de transaction sont exigibles Option de fixation d’un L’emprunteur peut plafonner ou fixer à la fois le plafond et le plancher du taux de base à plafond ou d’une fourchette appliquer en partie ou en totalité au montant décaissé. Des frais de transaction sont exigibles du taux de base** Option de conversion de la L’emprunteur peut convertir la devise du prêt pour les montants non décaissés et décaissés devise du prêt (en ce qui en tout ou en partie dans une autre devise de prêt approuvée par la Banque. concerne le prêt BAD Des frais de transaction sont exigibles uniquement) iii
Calendrier du programme — principales dates (prévues) Approbation du programme Avril 2020 Négociation Mai 2020 Approbation par le Conseil Juin 2020 Entrée en vigueur Juin 2020 Date de clôture 31 Juillet 2021 iv
I. LA PROPOSITION La Direction soumet le rapport et la recommandation ci-après concernant une proposition d’octroi d’un prêt de 10 millions d’USD à la République des Seychelles pour financer le programme d’appui à la riposte d’urgence à la COVID-19. Il s’agit d’un appui budgétaire en réponse à la crise (ABRC) qui s’étendra sur 12 mois, de juin 2020 à juillet 2021. L’appui budgétaire pour la réponse aux crises aux Seychelles été évaluée du 20 au 27 avril 2020 suite à une demande de la République des Seychelles datée du 8 avril 2020. La conception du programme a pris en compte les principes de bonnes pratiques en matière de conditionnalité. L’opération est destinée à appuyer les mesures gouvernementales qui jetteront les bases de la stabilité macroéconomique, et à préserver les avancées socio-économiques réalisées jusqu’ici par le pays. L’objectif stratégique visé par l’opération est i) de renforcer la riposte sanitaire à la pandémie de COVID-19 et d’arrêter la propagation de nouvelles infections, ii) de protéger les moyens de subsistance et de renforcer les mesures de protection sociale contre la COVID-19, et iii) de réduire au minimum le risque pour la stabilité macroéconomique et de rendre résilientes les activités économiques. II. CONTEXTE 2.1 Contexte économique, social et de la gouvernance 2.1.1 Analyse de l’impact économique. Les Seychelles sont confrontées à un double défi consistant à atténuer l’impact à court terme de la COVID 19 et à définir la voie à suivre pour se placer sur une trajectoire de plus forte croissance. Des secteurs clés de l’économie, notamment le tourisme, la pêche et le transport maritime, qui fournissent environ 37 % de l’emploi total dans le pays, ont été gravement touchés. Par conséquent, la Banque a révisé à la baisse les prévisions de croissance du PIB réel, qui passent de 3,3 et 4,2 % à 1,8 et 2,3 % pour 2020 et 2021 respectivement. Selon les scénarios optimiste et pessimiste, les prévisions ont été révisées à -10 % et -7,7 % pour 2020 et 2021 respectivement. Le gouvernement prévoit un scénario similaire, avec une contraction du PIB d’au moins -10 % en 2020 et une contraction plus faible de la production de -7,7 % en 2021. Les recettes intérieures ont considérablement diminué, tandis que les dépenses ont augmenté en raison des programmes gouvernementaux d’expansion budgétaire mis en place pour protéger les populations vulnérables et les entreprises privées touchées par la pandémie. Le gouvernement a prévu un déficit budgétaire primaire de -14,0% pour 2020 par rapport à l’estimation budgétaire initiale d’un excédent de 2,5% du PIB, alors que la Banque avait prévu un déficit budgétaire marginal de -0,2% du PIB en janvier 2020, qui a été révisé à la baisse à une projection pessimiste de -13,8% du PIB en mars 2020 (voir tableau ci-dessous). Le déficit courant continuera à se creuser. Ce double déficit va nuire à la capacité du pays à rembourser sa dette. L’objectif stratégique précédent, à savoir un ratio dette publique/PIB de 50 % du PIB d’ici 2021, a été révisé et fixé à 51,7 % en raison de l’incidence négative de la pandémie. Tableau 1. Indicateurs macroéconomiques Sans Avec COVID-19 Avec COVID-19 COVID-19 (Baseline) (Pire-Cas) 2020 2021 2019 2021 (p) 2020 (p) 2021 (p) 2020 (p) (p) (p) Croissance du PIB réel (%) 3.9 3.3 4.2 -10.5 -7.7 -11.6 -7.1 Solde budgétaire (% du PIB) 0.9 -0.2 -0.2 -13.8 -5.5 -15.2 -6.0 Balance du compte courant (% PIB) -16.7 -17.4 -18.2 -27.3 -23.8 -28.4 -25.4 Inflation (percent) 2.6 3.0 3.1 4.5 3.2 5.0 3.4 Source : Bad, Département des statistiques et données budgétaires du gouvernement. Les projections sont associées à une incertitude importante et peuvent changer 2.1.2 Analyse de l’impact sur le secteur de la santé. Les Seychelles sont parvenues à une couverture médicale universelle, l’État offrant un accès gratuit et uniforme aux soins de santé à tous les Seychellois. La pandémie de COVID-19 menace toutefois de réduire à néant les progrès réalisés par le système de santé publique, car une pandémie généralisée et prolongée pourrait entraîner des dépenses de santé élevées et compromettre la viabilité de la couverture sanitaire universelle. Conscient de cette menace, le gouvernement met en œuvre, dans le cadre du plan national de riposte à la COVID-19, des mesures qui ont été efficaces pour prévenir les transmissions communautaires. Le risque de résurgence reste cependant élevé compte tenu de la levée progressive des restrictions de voyage. Le premier cas de COVID-19 a été confirmé aux Seychelles le 1
14 mars et 11 cas importés avaient été confirmés au 6 avril, aucun décès n’étant enregistré. Les transmissions locales ont été enrayées et aucune nouvelle infection n’a été confirmée depuis le 6 avril 2020. Le plan de riposte a pour objet de prévenir, de détecter rapidement et de lutter efficacement contre toute flambée de COVID-19 afin de réduire la morbidité et la mortalité dans le pays. L’estimation du cout du plan repose sur l’hypothèse du « scénario le plus probable », qui prévoit 400 à 600 cas de COVID-19 et 2000 à 6000 contacts (voir annexe technique 5). 2.1.3 Il existe toutefois un risque que l’assouplissement des restrictions sur les voyages internationaux en juin, alors que le taux d’infection est encore élevé sur de nombreux continents, pourrait déclencher une deuxième vague d’infections pour un pays dont l’économie dépend fortement du tourisme. À la lumière des résultats impressionnants obtenus dans la lutte contre la COVID-19, un assouplissement progressif des restrictions, notamment celles concernant tous les déplacements de personnes, et la réouverture des établissements d’enseignement et des entreprises ont commencé le 4 mai, tandis que la réouverture des vols commerciaux, la reprise des activités sportives et l’autorisation de l’entrée des bateaux et yachts de plaisance sont prévues en juin 2020. Malgré des progrès impressionnants au soins de santé universels, l’indice mondial de sécurité sanitaire des Seychelles, qui évalue la capacité de détection, de prévention et de réponse aux menaces biologiques, est considéré comme faible par le niveau 2019 de l’indice mondial de sécurité sanitaire. Le pays a obtenu 31,9 points sur 100 et est classé 133 sur 195 pays dans le monde et 25 en Afrique. Le pays dispose actuellement de deux établissements d’isolement ayant une capacité totale d’accueil de 50 patients, 10 lits d’unité de soins intensifs et 30 respirateurs destinés à appuyer la prise en charge des cas graves. Cinquante agents de santé ont été amenés du Kenya pour combler le manque de ressources humaines. Une formation supplémentaire en matière de lutte contre les infections et de sensibilisation aux risques est nécessaire pour les agents de santé. Le pays a acquis 31 000 kits de test grâce à des dons et les services de dépistage sont disponibles au laboratoire de santé de l’hôpital des Seychelles. Au total, 1113 tests avaient été effectués au 5 mai 2020. Les Seychelles auront besoin d’un soutien pour renforcer la surveillance et lutter contre la pandémie en cas de deuxième vague d’infections, alors que son économie rouvre ses portes. 2.1.4 Analyse de l’impact sur le secteur social. Les activités commerciales ont ralenti dans tous les secteurs et la prise d’effet des mesures de santé publique visant à contenir la pandémie a eu une incidence négative sur les flux de trésorerie. Le secteur privé constitue la principale source d’emploi aux Seychelles et occupe 67 % des 47 000 membres de la population active. En raison de la pandémie de COVID-19, un risque de suppression plane sur près de 40 000 emplois du secteur privé, notamment ceux des secteurs du tourisme, de l’importation, de l’exportation et des services connexes tels que l’hébergement, ainsi que du secteur informel et de certaines entreprises parapubliques comme Air Seychelles. Les secteurs du tourisme et de la pêche, qui ont été touchés par la pandémie en général, fournissent 37 % des emplois. Le gouvernement a donc augmenté les allocations au fonds de chômage en vue d’appuyer la requalification des jeunes et de la main-d’œuvre pour diversifier les compétences à des fins d’adaptation aux effets de la COVID-19 sur le tourisme. Les Seychelles disposent d’une politique globale de protection sociale, dans le cadre de laquelle une quinzaine de programmes d’assistance sociale couvrent environ 21 % de la population, et l’appui fourni aux ménages pauvres à travers le système de filet de sécurité sociale devrait réduire les difficultés qu’éprouvent les ménages à acheter de la nourriture et à payer leurs factures d’eau et d’électricité (voir annexe technique 5). Le budget de l’aide sociale a été accru de 620 %, passant de 12,4 millions à 92 millions d’USD, pour atténuer les effets de la COVID-19 sur les moyens de subsistance, protéger les emplois dans tous les secteurs et venir en aide aux pauvres et aux groupes vulnérables. 2.1.5 Impact de la COVID-19 sur les femmes. Les inégalités persistantes entre les genres, associées à la crise de la pandémie, auront de graves incidences négatives sur la santé, les moyens de subsistance et la sécurité des femmes1. En l’absence de mesures de protection sociale adéquates, la perte considérable du revenu régulier laissera dans un état de grande précarité les femmes exerçant une activité indépendante ou travaillant dans le secteur informel, en particulier celles qui sont actives dans les secteurs du tourisme et des services. La fermeture des écoles et des garderies a aggravé la situation, les mères célibataires supportant une charge plus lourde, ce qui est une réalité culturelle courante dans le pays. Étant donné que les femmes assument généralement la responsabilité des soins aux membres malades de leur famille, la pandémie alourdira leur charge de travail en tant que soignantes et les exposera à un risque accru de contracter elles-mêmes l’infection. De plus, la pandémie 1 L’indice africain du genre de la BAD pour les Seychelles s’établit à 0,738 2
sollicite fortement les infrastructures de soins de santé disponibles, ce qui a des répercussions sur la santé sexuelle et génésique, cette dernière pouvant être négligée au profit des personnes infectées par le virus. Les mesures visant à contenir la propagation de la COVID-19, comme le confinement, pourraient aussi accroître la violence basée sur le genre qui constitue un problème important dans le pays, tant pour les hommes que pour les femmes, même si ces dernières sont plus gravement touchées. 2.1.6 Gouvernance économique et transparence. La gouvernance des Seychelles se caractérise par un système démocratique ouvert et multipartite dans lequel des élections libres et équitables permettent systématiquement un transfert de pouvoir sans heurts d’un parti à l’autre. Le pays occupe la deuxième place après Maurice, sur 54 pays, avec une note de 73,2 % dans l’indice Mo Ibrahim 2018 de la gouvernance en Afrique. Il arrive en première place en Afrique au classement de l’indice de Transparency International. Toutefois, le rapport Doing Business 2020 de la Banque mondiale a montré une détérioration du classement du pays, ce dernier passant du 96e rang en 2018 à la 100e place en 2019. Un système solide de gestion des finances publiques (GFP) servant à gérer les ressources publiques et un dispositif garantissant le respect adéquat des règles dans les organismes gouvernementaux sont en place. Le système de GFP se caractérise par une discipline budgétaire rigoureuse, un processus de préparation budgétaire ordonné et des contrôles financiers solides, ainsi que des dispositifs d’audit interne et externe. Les pratiques en matière de passation des marchés reposent sur un cadre juridique et réglementaire moderne. La loi sur la passation des marchés publics de 2008 définit clairement les dispositions institutionnelles ainsi que les rôles et les responsabilités. La combinaison d’un système de GFP solide, d’institutions anticorruptions fortes, d’une presse essentiellement libre et d’un régime démocratique responsable et ayant une tradition de responsabilisation des fonctionnaires en matière d’utilisation des fonds publics rassure quant à l’intégrité de l’usage qui sera fait de l’appui financier à la lutte contre la COVID-19. III. JUSTIFICATION ET ÉLÉMENTS DE CONCEPTION CLÉS DU PROGRAMME 3.1 Justification 3.1.1 Lien avec le plan gouvernemental de riposte à la COVID-19. Le financement de la réponse à la crise est conforme au plan de riposte du gouvernement de la République des Seychelles à la COVID-19. Le plan de riposte est destiné à guider la préparation, la détection précoce et l’intervention rapide en matière de lutte contre la COVID-19 en République des Seychelles. Le plan de riposte est complété par la modification du budget gouvernemental de 2020, caractérisée par un recentrage des priorités de dépenses sur les soins de santé afin de contenir la pandémie, la sécurité alimentaire, le maintien des salaires des employés et la protection sociale des groupes les plus vulnérables. Ces mesures ont entraîné un déficit budgétaire primaire de 14 %, soit 3,7 milliards de roupies seychelloises (262 millions d’USD). La charge financière que représente pour le gouvernement la mise en œuvre du plan de riposte stratégique à la COVID-19 est énorme, en raison des efforts déployés pour contenir la propagation de la maladie, ainsi que des incidences financières des mesures prises pour atténuer les pertes d’emplois et la perte de revenus des entreprises et des particuliers. La présente opération d’intervention d’urgence est donc conçue pour appuyer le plan gouvernemental de réponse à la crise, et les ressources du programme proposé soutiendront l’effort du gouvernement et partant, sauveront des entreprises, des vies et des moyens de subsistance. Bien qu’il s’agisse d’une opération d’urgence qui répond aux mesures politiques prises par le gouvernement pour faire face à l’impact socio-économique de la pandémie du COVID- 19, elle offre l’occasion de s’appuyer sur les réformes économiques et financières en cours de gouvernance en cours par le gouvernement afin de renforcer les bases de la reprise économique. 3.1.2 Lien avec la stratégie de la Banque. Le financement de la réponse à la crise est aligné sur la Stratégie décennale (2013-2022) du Groupe de la Banque et ses Cinq grandes priorités (« High 5 »), en particulier celle consistant à « Améliorer la qualité de vie des populations africaines ». L’opération cadre avec l’objectif général de la Stratégie décennale d’« appuyer la transformation structurelle visant à relever les défis persistants de la pauvreté, du chômage, des inégalités de revenu et des disparités socio-économiques spatiales ». L’appui budgétaire d’urgence est aussi en harmonie avec la Facilité de riposte rapide à la COVID- 19 de la Banque, qui vise à mettre en place des interventions rapides, souples et efficaces pour aider les pays membres régionaux (PMR) à atténuer les effets économiques et sociaux sans précédent de la pandémie et à résoudre les problèmes de liquidités auxquels les PMR et leur secteur privé sont confrontés. L’opération est par ailleurs cohérente avec les deux piliers du Document de stratégie pays (2016-2020) des Seychelles, qui visent à améliorer les infrastructures énergétiques pour promouvoir une croissance verte et inclusive, ainsi qu’à stimuler l’activité du secteur privé en appui à la diversification économique grâce à des réformes de la politique. 3
3.1.3 Avantage comparatif de la Banque. L’avantage comparatif de la Banque découle de son expérience en matière de mise en œuvre d’opérations d’ABRC sur le continent. À titre d’exemple, la Banque a tiré de riches enseignements de la crise de la pandémie d’Ebola, qui a eu de fortes incidences budgétaires sous forme de manque de recettes et de besoin urgent de dépenses de secours. La Banque a appuyé les réformes aux Seychelles et dans d’autres PMR lors de précédentes crises financières. Forte de l’expérience acquise lors de ces opérations, la Banque est bien placée pour concevoir et gérer efficacement l’opération, le Bureau de développement régional et de prestations de service de la Banque pour l’Afrique de l’Est à Nairobi (RDGE) jouant un rôle essentiel et actif dans le processus du dialogue sur les politiques entre le pays et les partenaires au développement. Les enseignements dégagés de ces interventions ainsi que l’expérience acquise dans le cadre de la riposte au virus Ebola ont été appliqués à la conception de l’opération de réponse à la crise proposée (voir annexe technique 8). Les enseignements clés portent notamment sur la nécessité i) d’une appropriation par le gouvernement des réformes proposées dans le programme, et ii) d’une définition de conditions de décaissement réalistes que les gouvernements peuvent remplir dans un délai raisonnable. 3.2. Collaboration avec d’autres partenaires de développement. La coordination de l’aide aux Seychelles est limitée, car il n’existe pas de cadre formel de coordination des partenaires de développement. Ces derniers ont cependant collaboré dans le cadre de missions sur place. S’agissant de la crise de la COVID-19, l’équipe du projet a consulté la Banque mondiale sur les domaines d’appui et de financement. La Banque mondiale a débloqué 30 millions d’USD pour les Seychelles au titre de trois guichets, à savoir : le tirage différé en cas de catastrophe (Cat DDO), l’opération d’appui à la politique de développement dans le cadre de la lutte contre la COVID et le programme de protection sociale en vue d’obtenir des résultats. Les Seychelles ont déjà procédé à un tirage différé en cas de catastrophe de 7 millions d’USD, tandis que le solde doit être décaissé au cours de l’année. Le concours de la Banque mondiale couvre la riposte sanitaire, l’appui aux entreprises et aux réformes de la protection sociale, ainsi que les réformes en vue de la reprise et d’une croissance résiliente. Le 8 mai, le FMI a approuvé la demande d’aide financière d’urgence des Seychelles de 31,2 millions d’USD au titre de l’instrument de financement rapide. Cet appui vise à répondre aux besoins de la balance des paiements et à atténuer les effets de la crise sur le budget. La BAD a par ailleurs approuvé en mars 2020 un don de 2 millions d’USD au profit de la région Afrique de l’OMS pour renforcer la riposte des PMR. En l’absence d’un mécanisme officiel de coordination des donateurs, l’opération de réponse à la crise de la Banque servira à approfondir le dialogue et la collaboration avec le gouvernement sur la manière de renforcer la coordination des partenaires de développement et d’éviter les doubles emplois. 3.3 Satisfaction des critères d’éligibilité à l’ABRC. Les Seychelles ont rempli tous les critères d’éligibilité à un appui budgétaire en réponse à la crise de la COVID-19 et à une opération d’appui budgétaire général, notamment : a) l’engagement du gouvernement, qui a été démontré par la préparation d’un plan de riposte sanitaire à la crise de la COVID-19 dont l’objectif est de prévenir, de détecter rapidement et de lutter efficacement contre toute flambée de COVID-19 afin de réduire la morbidité et la mortalité dans le pays, ainsi que par une modification du budget pour faire face à la crise sanitaire et atténuer les effets sociaux et économiques de la pandémie ; b) la stabilité macroéconomique, qui a toujours été maintenue à l’exception des chocs qui ont été causés par les déséquilibres budgétaires temporaires liés à la COVID-19 ; des mesures macroéconomiques visant à redresser l’économie ont été annoncées dans le budget modifié (2020) ; le cadre macroéconomique fera l’objet d’un suivi continu de la part du gouvernement, du FMI et de la Banque mondiale ; c) la stabilité politique — les Seychelles restent pacifiques et politiquement stables ; d) une CFRA satisfaisante ; la revue par la Banque des systèmes de GFP existants a conclu que le risque fiduciaire du pays reste modéré et que le système de GFP répond aux normes applicables aux OAP ; et e) la coordination des donateurs — la coordination des partenaires est assurée dans le cadre d’interventions et de matrices politiques convenues d’un commun accord. 3.4 Application des principes de bonnes pratiques en matière de conditionnalité. La conception du programme intègre les principes de bonnes pratiques en matière de conditionnalité, comme suit : i) les mesures appuyées par le programme sont alignées sur le plan gouvernemental de riposte à la COVID-19 ; ii) les mesures retenues comme conditions de décaissement sont essentielles à l’atteinte des objectifs du programme ; et iii) l’appropriation du programme est renforcée par l’alignement intégral des réformes appuyées par le programme sur le plan de riposte des autorités à la COVID-19. La Banque traite ce programme sur une base accélérée afin de répondre aux besoins urgents de financement du gouvernement pour la mise en œuvre du plan de riposte à la COVID-19. 4
IV. LE PROGRAMME PROPOSÉ 4.1 Buts et objectif du programme. L’opération proposée a pour but d’appuyer les politiques et plans nationaux de riposte à la COVID-19 des Seychelles destinés à contenir la pandémie et à atténuer les effets sociaux et économiques de la pandémie de COVID-19. Le programme comprend trois composantes générales, à savoir : i) renforcer la riposte sanitaire à la COVID-19 ; ii) étendre la protection sociale et préserver les moyens de subsistance contre l’impact de la COVID-19 ; et iii) protéger les activités économiques et préserver les emplois contre les chocs de la COVID-19. Les trois composantes décrites ci-après sont étroitement liées pour relever le défi immédiat de santé publique consistant à sauver des vies, à étendre les mécanismes de protection sociale et à protéger les entreprises et l’économie contre la spirale descendante. 4.2 Composantes du programme Composante 1 : renforcer la riposte du système de santé à la COVID-19 4.2.1 Défis et contraintes. Les Seychelles ont réussi à endiguer la première vague d’infections, mais restent sensibles aux vagues subséquentes en raison de la forte dépendance du pays envers le tourisme et de la levée progressive des restrictions de voyage à un moment où le taux d’infection demeure élevé sur bien des continents. La dépendance des Seychelles à l’égard du tourisme en tant que secteur économique clé accroît le risque d’infections nouvellement importées, d’où la nécessité d’un système de surveillance rigoureux, même après la COVID-19. Le pays met en place de solides systèmes de surveillance qui peuvent permettre de détecter rapidement les nouvelles infections, de renforcer les capacités de dépistage en particulier au point d’entrée, et d’améliorer les capacités de quarantaine et d’isolement pour gérer une augmentation subite des cas à la suite de l’assouplissement des restrictions de voyage. La taille du pays pose des problèmes d’économies d’échelle qui peuvent rendre très onéreux le coût des médicaments, des équipements et des fournitures nécessaires à la lutte contre la pandémie. Les travailleurs de santé se trouvent en première ligne de la riposte et sont donc exposés aux infections. L’accès à des équipements de protection individuelle adéquats et à d’autres moyens de prévention visant à limiter les transmissions en milieu hospitalier, comme les installations d’isolement pour les travailleurs de la santé et la formation, est essentiel. Le risque de comorbidités reste un défi et il est nécessaire d’intensifier la sensibilisation de la population à la prévention et de continuer à fournir des services aux patients souffrant de maladies autres que la COVID-19. 4.2.2 Mesures gouvernementales récentes. Les mesures de mise en œuvre de ce plan comprennent : i) l’augmentation de 50,6 millions de roupies (environ 3,6 millions d’USD) du budget de la santé de 2020 en vue de la construction d’un centre d’isolement et de la rénovation d’un centre de quarantaine pour en accroître la capacité ; ii) l’affectation de 60 millions de roupies (environ 4,2 millions d’USD) au titre du crédit pour imprévus au financement des coûts liés à l’acquisition de médicaments et d’équipements, aux opérations et à la logistique ; iii) la mise en place de mesures de confinement et de distanciation sociale ; iv) l’intensification de la surveillance aux points d’entrée ; v) la revue et le renforcement de la gestion des déchets ; vi) la formation du personnel de santé ; et vii) l’activation de la sensibilisation aux risques et de l’équipe d’engagement communautaire. 4.2.3 Activités du programme. Les activités relevant de ce volet comprennent : (i) la fourniture de ressources supplémentaires pour les dépenses de santé dans l’élaboration du budget modifié ;(ii) d’un plan national de déploiement des tests aléatoires, le renforcement de la surveillance au PoE et la protection du personnel de première ligne; (iii) l’augmentation du nombre de laboratoires ayant la capacité de tester pour COVID-19 ;(iv) la création d’établissements de soins de santé de soins de santé de soins de santé de soins de santé de soins de santé adéquats et d’équipements d’isolement adéquats, et (v) le plan d’engagement communautaire avec des mesures visant à promouvoir la distanciation sociale et l’hygiène lors de la réouverture. 5
Composante 2 : préserver les moyens de subsistance et renforcer la protection sociale contre la COVID-19 4.2.4 Défis et contraintes. Le secteur touristique emploie environ 25 % de la main-d’œuvre totale des Seychelles et contribue pour 25 % au PIB du pays. Le nombre moyen de personnes employées dans les industries liées au tourisme s’élevait à 12 000 en 2017. Les travailleurs réguliers des secteurs de services vulnérables comme le tourisme, l’hôtellerie et les voyages risquent de perdre leur emploi en raison des mesures mises en place pour contenir la pandémie. Étant donné que le pays continue à observer les restrictions imposées dans le cadre des efforts de lutte contre la COVID-19, il sera de plus en plus nécessaire de fournir des produits alimentaires et un revenu à bien des groupes pauvres et vulnérables pour assurer leur survie. La pauvreté et la vulnérabilité risquent de s’aggraver en cas de prolongement de la pandémie. Le gouvernement a proposé une intervention globale en matière de protection sociale couvrant la quasi-totalité de la population. Le maintien de ces mesures pendant une période prolongée peut se révéler difficile si un financement supplémentaire n’est pas disponible. 4.2.5 Mesures gouvernementales récentes. Le gouvernement s’est engagé à préserver 37 409 emplois du secteur privé grâce à une subvention salariale de six mois, et à accroître les crédits alloués à l’Agence de protection sociale pour étendre les filets de sécurité aux travailleurs du secteur informel et aux autres groupes vulnérables. L’allocation budgétaire globale aux programmes d’assistance sociale en pourcentage du PIB a augmenté de 7,3 % dans les prévisions budgétaires initiales de 2020 à 14,2 % dans le budget modifié, ce qui la porte à 3 milliards de roupies (212,3 millions USD) contre 1,8 milliard de roupies (127,4 millions d’USD) dans les prévisions initiales. Le gouvernement a également doublé les crédits alloués au programme d’aide à la lutte contre le chômage pour financer la requalification des jeunes et des travailleurs, en particulier ceux de l’industrie du tourisme, aux fins de la diversification des possibilités d’emploi. Les entreprises du secteur informel qui ne sont pas enregistrées et ne paient pas d’impôts bénéficieront du système de filets de sécurité et non de la garantie de salaire. Ces engagements impliquent d’énormes dépenses financières de la part du gouvernement et contribuent au déficit budgétaire de 2020. 4.2.6 Les activités du programme sont notamment les suivantes : i) l’extension du champ d’application de l’assistance sociale à de nouveaux groupes vulnérables grâce à l’affectation de 1090 millions de roupies (77 millions d’USD) pour couvrir trois à six mois de salaire des employés du secteur privé ; ii) l’affectation de 30 millions de roupies de ressources supplémentaires à l’assistance sociale des travailleurs du secteur informel et de ménages supplémentaires ; iii) l’affectation de 20 millions de roupies (1,4 million d’USD) à la requalification des jeunes et de la population active et l’élaboration de programmes de requalification ; iv) l’établissement d’un plan de relance et d’intervention en faveur de l’éducation afin d’assurer la continuité de l’apprentissage et la prévention à mesure de la reprise de l’apprentissage ; v) l’élaboration d’une stratégie d’engagement communautaire pour la promotion de l’hygiène et du changement de comportement. Composante 3 : protéger les activités économiques contre les chocs de la COVID-19 4.2.7 Défis et contraintes. La baisse des activités économiques réduira les recettes fiscales et sapera tout effort visant à mettre en place un programme réaliste d’assainissement des finances publiques. Les dépenses devraient augmenter à court terme, à mesure que les autorités accroissent l’achat de fournitures, de matériel et d’équipement destinés au secteur de la santé, et apportent une aide économique aux groupes vulnérables ainsi qu’un appui sous forme de liquidités aux entreprises cruciales. Les recettes fiscales de 2020 ne devraient couvrir que 78 % des dépenses en raison des circonstances liées à la COVID-19. La part du budget global affectée aux programmes d’aide sociale en pourcentage du PIB a augmenté à 14,2 %, contre 7,3 % dans l’allocation budgétaire initiale. Le déficit budgétaire primaire a été revu à la hausse et porté à 14 % du PIB pour l’exercice 2020, alors que le budget initial avait prévu un excédent budgétaire primaire de 2,5 %. Le rythme d’exécution des projets de développement du gouvernement va ralentir et avoir une incidence négative sur les perspectives de croissance à moyen terme. Pour relever ces défis, des réformes cruciales sont nécessaires pour renforcer la stabilité financière et élargir l’accès des MPME au financement en vue de la relance économique. La trajectoire de la reprise requiert un plan d’assainissement des finances publiques qui réduirait les dépenses non essentielles et accroîtrait les recettes pour permettre d’engager des dépenses prioritaires, tout en maîtrisant le déficit budgétaire et protéger l’économie contre la chute dans le risque de surendettement 6
4.2.8 Mesures gouvernementales récentes. Le 31 mars 2020, le gouvernement a révisé les prévisions budgétaires annuelles pour tenir compte des chocs financiers et économiques de la COVID- 19. Le budget modifié devrait créer une marge de manœuvre financière supplémentaire pour les priorités de dépenses qui sont notamment les suivantes : i) soins de santé — afin de contenir et de lutter contre la maladie ; ii) sécurité alimentaire — en vue d’assurer la subsistance pendant la crise en fournissant des services liés aux intrants et à la production aux agriculteurs et aux pêcheurs ; iii) maintien des salaires et sécurité de l’emploi pour les employés du secteur privé ; iv) renforcement de la protection sociale pour assurer la sécurité des plus vulnérables ; v) accroissement de la sécurité — aux fins de prévention de la prolifération de la criminalité durant le ralentissement économique ; et vi) investissements dans les infrastructures — en vue d’appuyer la croissance économique — et dans des programmes et projets qui amélioreront la vie de tous les citoyens. D’autre part, la banque centrale des Seychelles (CBS) a mis en place certains dispositifs pour élargir l’accès au financement afin d’accroître la liquidité de l’économie, notamment en octroyant 500 millions de roupies (34 millions d’USD) à 0 % aux banques commerciales, à la Development Bank of Seychelles et à la Seychelles Credit Union pour leur permettre de consentir des prêts d’une échéance maximale de trois ans à 1,5 %. 4.2.9 Activités du programme. Les activités de cette composante soutiendront les mesures de riposte du gouvernement qui sont notamment les suivantes : i) maintien du prix du carburant au niveau actuel (15,76 roupies ou environ 1,12 USD le litre) si le prix international continue à baisser, afin d’éviter des pertes de recettes ; ii) augmentation de la redevance destinée au fonds fiduciaire pour le bétail en vue de protéger le secteur de l’élevage et de la pêche contre les importations, renforcement des chaînes d’approvisionnement nationales, et réduction de la demande de devises ; iii) report de tous les paiements d’impôts dus entre mars 2020 et septembre 2020 ; et iv) poursuite du dialogue sur la création d’un environnement propice pour appuyer l’enregistrement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) du secteur informel. 4.3 Besoins de financement du programme gouvernemental de lutte contre la COVID-19. La modification du budget (2020) prévoit un déficit budgétaire de 3,7 milliards de roupies (262 millions d’USD) ou un solde budgétaire primaire de 14 % du PIB, résultant du coût estimé de 190 millions d’USD du plan national d'intervention COVID-19. Ce déficit sera financé par un montant considérable de dette, y compris des emprunts intérieurs et extérieurs. Les emprunts intérieurs comprendront, entre autres, une avance de la CBS à 0 % et la vente de bons du Trésor à court terme pour gérer les besoins de trésorerie en cours d’exercice. Les emprunts extérieurs consisteront notamment en des prêts d’appui budgétaire contractés auprès des institutions suivantes : Banque mondiale (9,5 millions d’USD), FMI (31,2 millions d’USD) et BAD (10 millions d’USD). Tableau 2. Budget 2020 modifié des Seychelles (millions de roupies) Exercice budgétaire Description 2020 2021 2022 Total, recettes et dons 7 418 530 8 444 638 8 633 595 Dépenses et prêts nets : 11 123 325 10 461 601 10 397 603 Dépenses d’équipement 1 219 549 1 705 228 1 426 233 Intérêt 696 174 719 833 778 834 Solde global, comptabilité de caisse (après dons) -3 704 795 -2 016 963 -1 764 009 En USD (millions) -262,1 -142,7 -124,8 4.4. Conditions de prêt (mesures préalables). La présentation de l’opération proposée au Conseil pour approbation est subordonnée à la mise en œuvre par les autorités des mesures préalables figurant au tableau 3 ci-après et à la soumission des pièces justificatives requises à la Banque. Toutes les mesures préalables ont été arrêtées d’un commun accord avec les autorités lors des consultations et conformément aux principes de bonnes pratiques en matière de conditionnalité. Toutes les mesures préalables, qui sont cohérentes avec la matrice de politique du programme, sont essentielles pour atteindre les objectifs du programme. 7
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