Bref historique de Saint-Nicolas - David Gagné - Érudit

La page est créée Mickaël Laurent
 
CONTINUER À LIRE
Bref historique de Saint-Nicolas - David Gagné - Érudit
Document generated on 02/19/2020 7:34 p.m.

Histoire Québec

Bref historique de Saint-Nicolas
David Gagné

Volume 14, Number 2, 2008

URI: https://id.erudit.org/iderudit/11376ac

See table of contents

Publisher(s)
Les Éditions Histoire Québec

ISSN
1201-4710 (print)
1923-2101 (digital)

Explore this journal

Cite this article
Gagné, D. (2008). Bref historique de Saint-Nicolas. Histoire Québec, 14 (2), 28–31.

Tous droits réservés © Les Éditions Histoire Québec, 2008                             This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including
                                                                                      reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online.
                                                                                      https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/

                                                                                      This article is disseminated and preserved by Érudit.
                                                                                      Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal,
                                                                                      Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote
                                                                                      and disseminate research.
                                                                                      https://www.erudit.org/en/
Bref historique de Saint-Nicolas - David Gagné - Érudit
HISTOIRE (HERE!                            AJDIÉllO 2    2008

Bref historique de Saint-Nicolas
par David Gagné,
historien, Société historique de Saint-Nicolas et de Bernières inc.

 Historien de formation, David Gagné a fait ses études à l'Université Laval. À la suite de nombreuses expériences
 de travail et de recherches, il s'est spécialisé en histoire sociale et économique du Québec au XDf siècle, en histoire
 de la médecine, en histoire maritime, en plus de collaborer étroitement à des projets d'archéologie et de préhistoire.
 Il occupe depuis quatre ans le poste de conseiller en histoire a la Ville de Lévis et est membre des réseaux Villes et
 villages d'art et de patrimoine et d'Archéo-Québec.                            : s s - s,, i . . , . j„
      o      r                                *£.

Décrire en quelques mots l'his-          ère. Trois secteurs majeurs ont              U serait dommage de traiter de
toire de Saint-Nicolas n'est pas         été identifiés à ce jour, soit les           la présence amérindienne à
chose facile tant son histoire est       alentours des chutes et de l'em-             Saint-Nicolas sans parler de la
riche et diversifiée. Fondée en          bouchure de la rivière Chau-                 mission Saint-François-de-Sales.
1694, cette paroisse fait aujour-        dière et deux anses situées en               Fondée en 1683 par les jésuites,
d'hui partie de la Ville de Lévis.       bordure du fleuve. D'ailleurs,               elle avait pour but d'accueillir
Par sa géographie, son territoire        plusieurs emplacements ont été               les nombreuses familles abéna-
a favorisé l'établissement des           occupés intensivement de 6 000               quises déplacées par les colons
humains, et ce, depuis des millé-        années avant notre ère jusqu'à               de la       Nouvelle-Angleterre.
naires. Ses riches terres ont per-       l'arrivée des premiers Euro-                 L'emplacement de la mission à
mis aux premiers colonisateurs           péens, dont le site Lambert situé            l'embouchure de la rivière
européens de s'y établir aisé-           dans la partie ouest de la                   Chaudière n'est pas un hasard.
ment et de défricher les espaces         paroisse. Des sépultures de                  Fidèles alliés des Français dans
qui sont, de nos jours, le fleuron       deux époques différentes y ont               leur      lutte     contre     les
de l'agroalimentaire lévisien.           été mises à jour, constituant un             Britanniques, les Abénaquis
Ses paysages à la fois champê-           témoignage unique du genre de                étaient reconnus pour leur
tres et fluviaux, son patrimoine         la présence amérindienne dans                esprit guerrier. La localisation
architectural exceptionnel et sa         la région de Québec. De plus,                de la mission avait également
quiétude ont fait de Saint-              nous retrouvons sur le territoire            pour but de protéger la ville de
Nicolas un lieu recherché, tant          de Saint-Nicolas un site paléon-             Québec contre une éventuelle
par les touristes et les cyclistes       tologique parmi les plus riches              invasion par la rivière Chau-
de l'endroit ou d'ailleurs, que          dans l'est du pays. Des osse-                dière. L'histoire démontra quel-
par l'amateur d'histoire et de           ments de morses, de baleines,                ques décennies plus tard que
patrimoine. Remontons bien au-           d'oiseaux et d'autres mammi-                 cette stratégie n'était pas futile.
delà de l'origine de la paroisse         fères marins ainsi que de nom-               En 1701, craignant davantage un
pour mieux connaître le passé            breux coquillages de mollus-                 danger venant de l'ouest, les
de ce milieu d'exception.                ques de l'époque de la mer de                autorités déplacèrent la mission
                                         Champlain (de 9 000 à 12 000 ans)            à l'embouchure de la rivière
                                         sont fréquemment retrouvés                   Saint-François, à l'endroit où se
Longtemps avant l'arrivée des
                                         dans les sablières. La Société de            situe l'actuel emplacement du
premiers colons, des hommes
                                         paléontologie du Québec orga-                village d'Odanak. Selon les écrits
avaient déjà foulé le sol de Saint-
                                         nise régulièrement des excur-                des Jésuites, près de 1 000 âmes
Nicolas. En effet, près d'une
                                         sions sur ces sites afin de retrou-          habitaient sur cet emplacement.
dizaine de sites archéologiques
                                         ver ces témoins étonnants de la
démontrent la présence d'éta-
                                         mer de Champlain.
blissements remontant aussi
loin que 8 000 ans avant notre
Bref historique de Saint-Nicolas - David Gagné - Érudit
HISTOIRE IIICi:El                 LIME I I    \MIERII2

De nombreuses années ont                     Nous aurions tendance aujour-                paroisse est érigée canonique-
passé avant d'apercevoir de                  d'hui à penser que l'agriculture             ment sous le vocable de Saint-
nouvelles figures sur le territoire          est à l'origine des premiers éta-            Nicolas. Bermen de la Marti-
de Saint-Nicolas. D'ailleurs, à la           blissements à l'ouest de la rivière          nière est à l'origine de ce topo-
suite de la fondation de Québec,             Chaudière, car les terres en cul-            nyme puisqu'il a attribué le nom
il faut attendre jusqu'en 1647               ture font partie du paysage;                 de sa paroisse natale, Saint-
pour assister à l'arrivée de                 pourtant, c'est plutôt la pêche              Nicolas de la Ferté, à toute la
Guillaume Couture à Lauzon,                  qui a attiré les premiers colons à           partie de la seigneurie de Lau-
premier établissement sur la                 s'y installer. Les recensements              zon, sise à l'ouest de la rivière
Rive-Sud du Saint-Laurent. En                démontrent une croissance lente              Chaudière.
raison du peu d'intérêt de ses               mais constante de la population.
premiers seigneurs, mais éga-                La carte de Gédéon de Cata-                  Grâce à l'accroissement rapide
lement à cause des violentes
                                             logne réalisée en 1709 établit               de la population et au déve-
incursions iroquoises, la sei-
                                             que tout le premier rang est                 loppement de l'agriculture, de
gneurie de Lauzon, fondée en
                                             concédé. Il faut toutefois com-              nouveaux rangs sont ouverts.
1636, ne s'est colonisée que très
                                             prendre qu'entre terres concé-               On compte parmi ceux-ci Vire-
lentement. Claude Bermen de
                                             dées et terres occupées, il existe           crêpe, Vitcontent, Saint-Denis,
La Martinière, agissant à titre de
                                             une grande différence. L'anse du             Saint-Jean, Sainte-Élizabeth et
tuteur des enfants de Jean de
Lauzon, a ouvert les premières               Vieux-Moulin, située plus à                  Sainte-Anne. L'odonymie actu-
terres à l'ouest de la rivière               l'ouest du village actuel, est               elle nous aide à retrouver l'em-
Chaudière et c'est Guillaume de              connue comme étant le foyer                  placement de certains de ces
Nevers qui mérite le titre de pre-           des premières implantations des              rangs, mais elle permet égale-
mier colon de Saint-Nicolas, s'y             colons. Une chapelle y fut                   ment d'honorer la mémoire des
étant établi à la fin des années             construite dès 1690 et quatre ans            familles pionnières de la
1660.                                        plus tard, en décembre 1694, la              paroisse comme les Demers,
                                                                                                les Dubois, les Olivier, les

                                                                                          f     Filteau, les Paquet et les
                                                                                                Lambert. Saint-Nicolas est
                                                                                                d'ailleurs le berceau de
                                                                                                nombreuses branches de
                                                                                          B     familles souches du Qué-
                                                                                          Hk bec. Citons par exemple,
                                                                                           m outre celles déjà mention-
                                                                                                nées, les Bergeron, les
                                                                                          • ^ Couture, les Huot, les
                                                                                           ••A Boucher, les Frechette, les
                                                                                           wk Méthot, les Rousseau et
                                                                                            m les Leduc. Dès le début du
                                                                                          ^L^ xvme siècle, le noyau villa-
                                                                                                geois se déplace vers l'est,
                                                                                              , près     de    la   rivière
                                                                                                Aulneuse. En 1728, une
                                                                                              I première église y est
                                                                                              ' bénite.
                          Résidence de Benjamin Filteau, en 1890.
   (Source : Société historique Saint-Nicolas-Bernières, collection Anne-Marie Filteau)
Bref historique de Saint-Nicolas - David Gagné - Érudit
HISTOIRE III EIIEI                      M HERO 2      2008

Sous le Régime britannique, le        familles, dont plusieurs étaient         Comme dans bien d'autres
développement de la paroisse          d'origine allemande, irlandaise,         endroits au Québec, le passage
s'accélère, notamment par la          écossaise ou anglaise. De plus,          du chemin de fer entraîne de
construction d'un moulin à            l'ouverture du chemin Craig en           profondes transformations. On
l'embouchure de la rivière            1810, qui relie Saint-Nicolas à          assiste alors à la naissance de
Aulneuse. Ainsi, se met en place      Boston, amène un bon nombre              nouveaux noyaux d'activités,
un double développement : on          de nouveaux arrivants à Lon-             notamment à la croisée des che-
défriche des terres afin d'ali-       gues Pointes. Ces habitants              mins. Ainsi apparaissent les
menter le moulin en bois qui, en      devaient parcourir de grandes            localités Saint-Nicolas Station et
produisant davantage, nécessite       distances pour remplir leurs             Chaudière Mission, situées à la
une plus grande main-d'œuvre          devoirs religieux à l'église de          rencontre des réseaux de l'Inter-
et attire de nouveaux arrivants.      Saint-Nicolas. En 1861, les              colonial et du Grand-Tronc.
                                                                               Chaudière Mission sera érigée
Reliée par des chemins plus pra-      requêtes de quelque 110 familles
                                                                               canoniquement et civilement en
ticables, la marche vers le qua-      sont entendues et une nouvelle
                                                                               1919 sous le vocable de Saint-
trième et le cinquième rangs se       paroisse est détachée de Saint-
                                                                               Rédempteur. Plus près du
fait progressivement. Vers 1780,      Nicolas. Il s'agit de Saint-
                                                                               fleuve, ce sont évidemment les
un petit noyau se développe           Étienne-de-Lauzon qui évoque
                                                                               activités maritimes qui mar-
plus au sud, en bordure des           le souvenir de l'abbé Etienne            quent le paysage. Le chantier
méandres de la rivière Beauri-        Baillargeon, alors curé de Saint-        maritime de Basile Demers cons-
vage. Il s'agit du village de         Nicolas.                                 truit de puissants bateaux à vapeur
Longues Pointes, où les riches                                                 et remorqueurs, utiles dans la
terres ont attiré de nombreuses                                                région. La pêche à l'anguille fait

                                                       Saint-Nicolas-Bernières, collection M"" Roland Deblois)
HISTOIRE IIII.RI.I             VOEMIEII        \MIER0 2

                                             très rare au Québec. Dans ce                      centre d'exposition artistique et
                                             même ensemble patrimonial, on                     sert également de lieu d'attache
                                             retrouve également la chapelle                    de la Société historique de
                                             Notre-Dame-de-Grâces, cons-                       Bernières-Saint-Nicolas, tout en
                                             truite en 1867, exceptionnelle au                 conservant des espaces pour
                                             Québec et sans doute même au                      l'administration paroissiale. En
                                             Canada, qui constitue un vérita-                  face, le magasin général Saindon
                                             ble bijou d'architecture néo-                     offre encore de nos jours toute
       Vue de l'est du village de            gothique.                                         une gamme de produits allant
 Saint-Nicolas. (Source : Bibliothèque                                                         de l'alimentation à la quincaille-
  et Archives nationales du Québec)
  "'                                         Aujourd'hui, l'église moderne                     rie, des vêtements au matériel
                                             du village détonne légèrement                     scolaire.
vivre quelques familles, dont
                                             de l'ensemble constitué en majo-
les Gingras qui perpétuent
                                             rité de bâtiments du XIXe siècle.
encore aujourd'hui cette acti-
vité. Le quai Baker assure une
                                             Cette rupture a pour cause l'in-                  L'année 2008 marque le 314e anni-
liaison par traversier entre                 cendie, en novembre 1961, de                      versaire de la paroisse de Saint-
Portneuf et Québec. Outre pour               l'église d'origine érigée en 1821-                Nicolas. Une visite en ces lieux
la pêche à l'anguille, il ne sub-            1823,    qui était l'œuvre de                     permet de voyager dans le temps
siste aucun vestige des autres               Thomas Baillargé. Construit en                    à travers un riche patrimoine et
activités de nos jours.                      1962, le nouvel édifice adopte le                 de contempler des paysages
                                             plan d'une nef de navire et son                   magnifiques. Elle offre égale-
Ce qui caractérise Saint-Nicolas             clocher prend la forme d'une                      ment l'occasion de vivre une
aujourd'hui, c'est son patrimoine            voile, en référence aux activités                 expérience unique en raison de
architectural exceptionnel. Le               maritimes si prospères dans la                    divers attraits culturels et de
chemin Saint-Joseph, la route                paroisse. À quelques pas, le                      nombreuses activités agrotou-
Marie-Victorin et le cœur du                 presbytère a été transformé en                    ristiques.
village regorgent de bâtiments
de grand intérêt. On retrouve        r
des habitations datant du •*•!
Régime français, dont la maison
Filteau. C'est vers 1720 que le
« farinier » Jacques Beaufort éri-
gea cette maison en pierre sur
les terres de Jean Dumets, ancê- M
tre des familles Demers de M
Saint-Nicolas. La maison Filteau
serait donc le plus ancien bâti-
ment de toute la Ville de Lévis;
dans cette demeure se sont
succédé sept générations de         4
Filteau. À l'ouest du village, se m
trouve le site du patrimoine Â
regroupant plusieurs édifices A
classés. À titre d'exemple, citons .k
la maison Paquet, érigée vers
1760, qui adopte un plan selon le
principe de la « maison-bloc », h               Village de Saint-Nicolas, en 1867. (Source : Société historique Saint-Nicolas-Bernières,
                                                                               collection Marcel Bédard)
                                                                                                                                           \
Vous pouvez aussi lire