Centre de droit international - Equipe de droit pénal - ARC sur le Contentieux stratégique - ULB
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Centre de droit international – Equipe de droit pénal – ARC sur le Contentieux stratégique Colloque Le Statut de la CPI a 20 ans : Approches critiques et interdisciplinaires Appel à participations Le Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale (CPI) fête ses vingt ans en 2018; vingt ans qui contredisent les sceptiques qui, en 1998, prédisaient une convention internationale condamnée à rester lettre morte. Depuis les débuts de l’activité de la CPI (en juillet 2002) bon nombre de développements judiciaires ont été réalisés et, depuis quelques années, les décisions de fond et les jugements sont rendus à un rythme, certes lent, mais non négligeable. La Cour a en effet jugé 10 personnes, 14 affaires sont en cours dans 11 situations actuellement ouvertes et le Bureau du Procureur travaille sur 10 examens préliminaires. L’inactivité semble n’être plus une critique acceptable aujourd’hui. Il n’en reste pas moins que nombre de critiques se font entendre. Et c’est sur la base de ces critiques que nous souhaitons organiser une conférence internationale et interdisciplinaire – qui se tiendra en décembre 2018. L’objectif de la conférence n’est pas de faire un résumé de 20 années de victoires, d’avancées, de questionnements, d’errements, de contradictions ou d’échecs mais de mettre en exergue et de questionner les critiques fondamentales adressées à la Cour. Les critiques aujourd’hui mises en avant face à la CPI sont multiples, interdisciplinaires, hétérogènes et polymorphes. Les quelques réflexions générales auxquelles nous nous proposons de nous livrer ici s’appuient sur une triple division de ces critiques. Une première division repose sur les approches par lesquelles sont énoncées les critiques : juridique/technique, politique/économique ou sociologique/anthropologique. Ainsi, doit être prise en compte une approche juridique stricto sensu1, mais, à notre sens, d’autres approches nécessitent d’être prises en considération: en théorie du droit, sociologique, anthropologique, politique, linguistique, historique, etc. permettant de donner (de) la voix aux acteurs de la justice internationale pénale qu’ils soient actifs dans l’institution CPI, à côté, à l’extérieur ou contre elle. La nécessité de recourir à d’autres approches offre la possibilité en effet d’appréhender des critiques différentes de celles qui ressortent du seul carcan juridique. La seconde division est relative à la « qualité » des critiques : celles-ci peuvent être situées, pour reprendre les termes de Watzlawick2, dans ou hors de la « bouteille à mouche ». Dans le premier cas, elles ne visent pas quelque chose de meilleur que la CPI (ou, plus généralement, le droit pénal) mais une CPI meilleure (ou un droit pénal meilleur). Dans le second cas, à l’inverse, elles ne visent pas une Cour (ou un droit pénal) meilleur(e) mais quelque chose de meilleur que la Cour (ou que le droit pénal). Enfin, la troisième division repose sur les acteurs de qui émanent les critiques. Nous pouvons ici mettre en avant deux catégories d’acteurs : les acteurs actifs directement au sein de 1 Voy. sur la théorie des approches : O. CORTEN, Méthodologie du droit international, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, 2009. 2 P. WATZLAWICK, « La mouche et la bouteille à mouches », L’invention de la réalité, Paris, Seuil, 1988, sous la direction de P. Watzlawick, p. 269 à 276. 1
Centre de droit international – Equipe de droit pénal – ARC sur le Contentieux stratégique l’institution qu’est la CPI (les juges3, leurs assistants4, les procureurs5, certains avocats de la défense6, les accusés7, les organisations non-gouvernementales qui sont actives pour ou au sein de la CPI – principalement des ONG de défense ou de représentation des victimes8 – ou encore les victimes elles-mêmes) et ceux qui sont extérieurs à l’institution (Etats ou académiques principalement). Il va sans dire que ces divisions ne sont pas étanches et se recoupent, que des critiques internes vont se trouver énoncées par des acteurs extérieurs, que des critiques sociologiques vont être prononcées par des juristes, etc. Néanmoins, les divisions proposées permettent de fournir un catalogue et un commencement de typologie des critiques actuelles. C’est donc ce que nous proposons de faire par la tenue d’une conférence internationale regroupant les différents acteurs et les différentes critiques afin d’en cerner mieux les contours, d’en révéler les finalités et d’évaluer leur pertinence. Nous proposons d’articuler la conférence autour de la première division en consacrant une demi-journée aux critiques relevant de chacune des approches identifiées, à savoir les approches techniques/juridiques (A), politiques/économiques (B), et sociologiques/anthropologiques (C). A. Approches techniques/juridiques Les critiques peuvent tout d’abord être techniques/juridiques. C’est ainsi que plusieurs des principes de droit pénal ont été mobilisés en vue de critiquer la Cour qui ne les respecterait pas : le principe de légalité des délits et des peines9, le principe ne bis in idem10, le principe d’individualisation de la peine (ou la question des formes de responsabilités individuelles qui s’opposent à la commission de crimes collectifs11), la célérité de la procédure12, le respect des droits humains (pour les victimes – droit de participer à la procédure pénale13 – comme pour 3 Voy. par ex. : R. BLATTMAN et K. BOWMAN, « Achievements and Problems of the International Criminal Court: A View From Within », J Int Criminal Justice, vol. 6, septembre 2008, p.711 – 730 ; B. COTTE, « La CPI. L’expérience d’un magistrat français », Revue des droits de l’Homme, Vol. 11, 2017. 4 Les professionnels travaillant à la Cour, autres que les Juges, publient aussi des articles de « doctrine ». Voy. par ex. : G. BITTI, « La Cour pénale internationale a dix ans, quel bilan judiciaire », Semaine juridique, suppl. N°52, 24 décembre 2012, p.7-10 5 C. DEL PONTE, La traque, les criminels de guerre et moi, Paris, Héloïse d'Ormesson, 2009. 6 V. COURELLE-LABROUSSE, « Intervenir en défense devant les juridictions internationales pénales. Un témoignage », présentation faite lors des Deuxièmes journées de la justice internationale pénale, Université Paris II, 2 et 3 février 2017. 7 M. RAUSCHENBACH, D. SCALIA et C. STAERKLÉ, « Paroles d’accusés sur la légitimité de la justice internationale pénale », Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, 3, 2012, pp. 727-745 ; I. Delpla, La justice des gens, Enquêtes dans la Bosnie des nouvelles après-guerres, Rennes, PUR, 2014. 8 Avocat sans frontière ou la Fédération des ligues des droits de l’Homme par exemple. 9 M. BOOT, Genocide, Crimes Against Humanity, War Crimes: Nullum Crimen Sine Lege and the Subject Matter Jurisdiction of the International Criminal Court, Anvers, Intersentia, 2002; D. SCALIA, Du principe de légalité des peines en droit international pénal, Bruxelles, Bruylant, 2011. 10 D. BERNARD, Juger et juger encore les crimes internationaux : Etude du principe ne bis in idem, Bruxelles, Bruylant, 2014. 11 O. de FROUVILLE (ed), Punir les crimes de masse : entreprise criminelle commune ou co-action ?, Bruxelles, Bruylant,2012 ; F. MEGRET, « Les angles mort de la responsabilité pénal individuel en droit international pénal », RIEJ, Vol. 71, 2013, pp. 83-136 ; M.A. DRUMBL, « Restorative Justice and Collective Responsibility: Lessons for and from the Rwandan Genocide », Contemporary Justice Review, vol. 5, 2002, pp. 5‑22. 12 B. DUERR, « How fair are trials at the International Criminal Court ? Three examples of concern », 21 avril 2016, Fair Trials, voy. https://www.fairtrials.org/how-fair-are-trials-at-the-international-criminal-court-3-examples-of-concern/ 13 L. MOFFETT, « Meaningful and Effective ? Considering Victim’s Interests Through Participation at the International Criminal Court », Criminal Law Forum, vol. 26, 2015, pp. 255-289. 2
Centre de droit international – Equipe de droit pénal – ARC sur le Contentieux stratégique les accusés – droits de la défense14) ou encore la question de la (non-)sévérité des peines (certains prônant par exemple l’application de la peine de mort devant la CPI)15. B. Approches politiques/économiques Les critiques peuvent ensuite se situer au niveau politique, voire économique. Ici, une des premières critiques adressées à la CPI est celle relative à son inefficacité16. Par cette critique, il est souvent mis en exergue le fait qu’en 20 ans d’activité la Cour n’a rendu que quelques jugements de fond et peu de décisions relatives aux réparations. Parallèlement il est souvent mis en avant que la Cour ne possède aucune force de police (ou de contrainte quelconque) et qu’elle doit dès lors compter sur les Etats – qui ne sont pas tous coopératifs, même lorsqu’ils sont Parties au Statut de Rome – pour que soient appliquées de nombreuses décisions rendues, et notamment pour l’arrestation des personnes sous mandat d’arrêt. Les affaires concernant Simone Gbagbo, Saïf Gaddafi ou encore le Président du Soudan Al Bashir sont ici symptomatiques : dans les deux premiers cas, les Etats ont refusé de les livrer à la CPI ; dans le dernier, des Etats (membres ou non de la CPI) ont refusé d’arrêter un chef d’Etat en exercice. Parallèlement, la CPI est aussi montrée du doigt pour sa lenteur : des enquêtes interminables, certaines situations qui durent depuis plus de 10 ans sans qu’aucune affaire ne soit ouverte, des procès qui s’enlisent pour certains pendant plus de 12 ans, des décisions relatives aux réparations qui sont toujours en attente d’être rendues. Par ailleurs, toujours dans cette même approche, la Cour est critiquée du fait de la politique pénale mise en œuvre par le Bureau du Procureur17 . Cette politique pénale fait couler beaucoup d’encre depuis la création de la Cour : trop africaine (c’est-à-dire dirigée contre les personnes issues du continent africain), trop dirigée contre les Etats du Sud, et surtout, principalement dirigée contre des seconds couteaux ou des non dirigeants. Cette critique se double d’une difficile compréhension de cette politique pénale, comme a pu le démontrer l’affaire du Mavi Marmara. Ainsi, la CPI est accusée d’être avant tout un organe politique, c’est-à-dire une Cour à la solde des Etats puissants ou encore une Cour dont l’activité est guidée par des intérêts politiques – jamais très bien définis par ailleurs. Les enjeux de pouvoir au sein et face à la CPI sont par ailleurs mis en exergue par certains auteurs18. Ces critiques politiques se doublent d’une autre critique économique : le coût financier de la Cour. Avec un budget d’environ 140 millions de dollars en 2016, la Cour est régulièrement dénoncée du fait du coût prohibitif de chaque affaire19. C. Approches sociologiques/anthropologiques 14 Voy, à titre d’exemple, K. J. HELLER, « ‘A Stick to Hit the Accused With’ : The Legal Recharacterization of Facts under Regulation 55 », dans C. STAHN (ed.), The Law and Practice of the International Criminal Court, Oxford, OUP, 2015, pp. 993 et suiv. 15 Voy. les négociations à Rome. 16 B. COTTE, « La CPI. L’expérience d’un magistrat français », Revue des droits de l’Homme, Vol. 11, 2017, § 40 ; JB JEANGÈNE VILMER, Pas de justice sans paix, Paris, SciencePo, 2001. 17 Voy. à titre d’exemple, H. KÖCHLER, « Justice and Realpolitik : The Predicament of the International Criminal Court », Chinese J. Intl. L., vol. 16, 2017, pp. 1-19. 18 C. SCHWÖBEL, Critical Approach on International Criminal Law : An Introduction, Cambridge, Routledge, 2014. 19 B. COTTE, « La CPI. L’expérience d’un magistrat français », Revue des droits de l’Homme, Vol. 11, 2017. 3
Centre de droit international – Equipe de droit pénal – ARC sur le Contentieux stratégique Concernant les critiques sociologiques ou anthropologiques, elles apparaissent principalement en lien avec la légitimité de la Cour. Cette légitimité est appréhendée en termes de purposes legitimacy20, de représentativité21, d’universalité des valeurs défendues ou de messages portés. A cet égard, le manque d’universalité de la CPI est souvent dénoncé. Comment la CPI peut- elle se revendiquer universelle quand la majorité de la population mondiale n’entre pas dans sa compétence du fait de l’absence de ratification de son Statut de la part d’Etat importants (politiquement mais aussi en population) ? D’autre part, les critiques sociologiques dénoncent l’occidentalité du processus pénal – à laquelle elles opposent les formes de justice dites traditionnelles telles que les juridictions gacaca au Rwanda ou les juridictions Ubushigantahe au Burundi. Plus rares, des critiques sociologiques abordent aussi les enjeux de pouvoir et de domination au sein même de la CPI22. Enfin, les approches anthropologiques ou sociologiques critiques de la CPI (ou du droit international pénal) mettent régulièrement l’accent sur une prise en compte négative des victimes23 ou des accusés24 mais aussi sur une évaluation des professionnels œuvrant au sein de la CPI25. Informations pratiques La Conférence – bilingue anglais/français (sans interprétation) – se tiendra à l’ULB les 3 et 4 décembre 2018. Plusieurs tables rondes (selon les répondants) seront organisées. L’objectif est que se déroule une discussion multidisciplinaire, mêlant différents positionnements (interne/externe) et mélangeant des praticiens, observateurs et académiques. Les discussions seront retranscrites (verbatim). Les discussions et les conclusions des président.e.s des panels seront publiées à la suite de cette conférence. *** 20 A. CASSESE, « The legitimacy of International Criminal Tribunals and the Current Prospects of International Criminal Justice », Leiden Journal of International Law, 25, 2011, pp. 491-501 ; T. TRÈVES, « Aspects of Legitimacy of Decisions of International Courts and Tribunals », in R. WOLFRUM & V. RÖBEN (eds), Legitimacy in International Law, NY, Springer, 2008, pp. 169-188. 21 I. TALLGREN, « The Sensibility and Sense in International Criminal Law », EJIL, 13, 3 2002, pp. 561-595. 22 P.-Y. CONDÉ, « Quatre témoignages sur la justice pénale internationale : entre ordre public international et politiques de justice », Droit et société, Vol. 3, 2004, pp. 567-594.; E. Claverie, « La Violence, le procès, et la Justification, Scènes d’audience au TPIY », Retour sur De la Justification, Actes - Colloque de Cerisy, Economica, 2009. 23 G. ELCHEROTH & D. SPINI, Public support for the prosecution of human rights violations in the former Yugoslavia, in Peace and Conflict: Journal of Peace Psychology, Vol. 2, 15, 2009, pp. 189-214; S. PARMENTIER & E. WEITEKAMP, « Punishing perpetrators or seeking truth for victims: What does the population in Serbia think about dealing with war crimes? », International Criminal Law Review, Vol. 13, 1, 2013, pp. 43-62; S. PARMENTIER et al., « Repairing the harm of victims after violent conflict: Empirical findings from Serbia », International Review of Victimology, Vol. 20(1), 2014, pp. 85-99. 24 M.-S. DEVRESSE & D. SCALIA, « Hearing Tried People in International Criminal Justice: Sympathy for the Devil? », International Criminal Law Review, Vol. 16, 5, 2016, pp. 796-825 ; 25 C. M. BAYLISS & E. O. POLK, « Attorneys’ Self-Reported Perspectives and Criteria for Requesting Competency Evaluations in Criminal Defense Cases », Criminal Justice Review, pp. 30, 2005, pp. 312-324 ; J. R. CENCICH, « International Criminal Investigations of Genocide and Crimes Against Humanity: A War Crimes Investigator's Perspective », ICJR, Vol. 11, 2, 2009, pp.175-191. 4
Centre de droit international – Equipe de droit pénal – ARC sur le Contentieux stratégique Les propositions (en français ou en anglais) ne dépassant pas 500 mots, accompagnées d’une courte notice biographique (dans un seul document), et doivent être envoyées au plus tard le 31 mai 2018 à l’attention de Vaios Koutroulis et Damien Scalia, professeurs à l’Université Libre de Bruxelles, à l’adresse suivante : arc-strategic-litigation@ulb.ac.be Les participant.e.s retenu.e.s en seront informé-e-s pour le 15 juin 2018. L’hébergement ainsi que les frais de restauration sont pris en charge. 5
Centre de droit international – Equipe de droit pénal – ARC sur le Contentieux stratégique Colloquium The ICC Statute reaches 20: Critical and interdisciplinary approaches *** Call for papers In 2018, the Rome Statute establishing the International Criminal Court (ICC) celebrates its twentieth birthday. The experience of the past two decades contradicts the sceptics who, in 1998, predicted an international convention destined to remain a dead letter. Since the beginning of the ICC's activity (in July 2002) many judicial developments have taken place and, in recent years, substantive decisions and judgements have been handed down at a slow but significant pace. The Court has tried 10 persons, 14 cases are ongoing in 11 currently open situations and the Office of the Prosecutor is working on 10 preliminary examinations26. Inactivity no longer seems to be an acceptable criticism today. Nevertheless, important criticisms remain. The international and interdisciplinary colloquium that will be held in December 2018 intends to focus specifically on these criticisms. The aim of the colloquium is not to revisit 20 years of victories, advances, questions, mistakes, contradictions or failures, but to highlight and question fundamental criticisms directed at the Court. Today's criticisms of the ICC are manifold, interdisciplinary, heterogeneous and polymorphic. The few general reflections that we make here are based on a threefold division of these criticisms. Firstly, criticisms can be divided into legal/technical, political/economic or sociological/anthropological. A stricto sensu legal approach must of course be taken into account27. However, in our view, other approaches – relating to legal theory, sociological, anthropological, political, linguistic, historical, etc. – also need to be considered. This will enable the colloquium to give a voice to the actors of international criminal justice, whether they are active within the ICC institution, alongside, outside or against it. The need to resort to other approaches allows the participants to assess criticisms different from the strictly technical legal ones. The second division relates to what may be called the “quality” of the criticisms: in Watzlawick's terms28, these can be located in or out of the “fly-bottle”. In the former case, they do not aspire to create an alternative better than the ICC (or, more generally, criminal law) but to improve the ICC itself (or criminal law). Conversely, in the second case, the criticisms do not seek to improve the Court (or criminal law) but to create an alternative better than the Court (or criminal law). Finally, the third division focuses on the actors formulating the criticisms. Here we can highlight two categories of actors: on the one hand, those who are active directly within the 26 See ICC website. 27 On the different approaches, see O. CORTEN, Méthodologie du droit international, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, 2009. 28 P. WATZLAWICK, « La mouche et la bouteille à mouches », L’invention de la réalité, Paris, Seuil, 1988, under the direction of P. Watzlawick, p. 269 – 276. 6
Centre de droit international – Equipe de droit pénal – ARC sur le Contentieux stratégique ICC institution (judges 29 , their assistants 30 , prosecutors 31 , some defence lawyers 32 , defendants33, non-governmental organisations acting for or within the ICC - mainly NGOs defending or representing victims34 - or victims themselves); on the other hand, those actors who operate outside the ICC institution (mainly states or academics). It goes without saying that these divisions are not watertight and can overlap: internal criticisms can be expressed by external actors, sociological criticisms can be pronounced by lawyers, and so on. Nevertheless, the proposed divisions can be useful for drawing up a catalogue or a typology of existing criticisms. This is what we propose to do by holding an international colloquium bringing together the different actors and critics in order to better define the contours, reveal the aims and appreciate the relevance of the criticisms directed at the Court. The colloquium will centre on the first division by devoting half a day to the criticisms of each of the approaches identified, namely technical/legal (A), political/economic (B), and sociological/anthropological (C). A. Technical/legal approaches First of all, criticisms can be of a technical/legal nature. Thus, several of the principles of criminal law have been used to criticize the Court for failing to comply with them: the principle of legality35, the ne bis in idem principle36, the principle of individualisation of the sentence (or the question relating to the forms of individual responsibility as opposed to the commission of collective crimes37), the rapidity of proceedings38, respect for human rights (both for the victims - right to participate in criminal proceedings39 - and for the defendants - 29 See, e.g., R. BLATTMAN et K. BOWMAN, « Achievements and Problems of the International Criminal Court: A View From Within », J Int Criminal Justice, vol. 6, September 2008, p.711 – 730 ; B. COTTE, « La CPI. L’expérience d’un magistrat français », Revue des droits de l’Homme, Vol. 11, 2017. 30 Professionals working at the Court aside from Judges also publish scholarly articles ; see, e.g., G. BITTI, « La Cour pénale internationale a dix ans, quel bilan judiciaire », Semaine juridique, suppl. N°52, 24 décembre 2012, p.7-10 31 C. DEL PONTE, La traque, les criminels de guerre et moi, Paris, Héloïse d'Ormesson, 2009. 32 V. COURELLE-LABROUSSE, « Intervenir en défense devant les juridictions internationales pénales. Un témoignage », présentation faite lors des Deuxièmes journées de la justice internationale pénale, Université Paris II, 2 et 3 février 2017. 33 M. RAUSCHENBACH, D. SCALIA et C. STAERKLÉ, « Paroles d’accusés sur la légitimité de la justice internationale pénale », Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, 3, 2012, pp. 727-745 ; I. Delpla, La justice des gens, Enquêtes dans la Bosnie des nouvelles après-guerres, Rennes, PUR, 2014. 34 For example, Avocats sans frontières or International Federation for Human Rights. 35 M. BOOT, Genocide, Crimes Against Humanity, War Crimes: Nullum Crimen Sine Lege and the Subject Matter Jurisdiction of the International Criminal Court, Anvers, Intersentia, 2002; D. SCALIA, Du principe de légalité des peines en droit international pénal, Bruxelles, Bruylant, 2011. 36 D. BERNARD, Juger et juger encore les crimes internationaux : Etude du principe ne bis in idem, Bruxelles, Bruylant, 2014. 37 O. de FROUVILLE (ed), Punir les crimes de masse : entreprise criminelle commune ou co-action ?, Bruxelles, Bruylant,2012 ; F. MEGRET, « Les angles mort de la responsabilité pénal individuel en droit international pénal », RIEJ, Vol. 71, 2013, pp. 83-136 ; M.A. DRUMBL, « Restorative Justice and Collective Responsibility: Lessons for and from the Rwandan Genocide », Contemporary Justice Review, vol. 5, 2002, pp. 5- 22. 38 B. DUERR, « How fair are trials at the International Criminal Court ? Three examples of concern », 21 avril 2016, Fair Trials, voy. https://www.fairtrials.org/how-fair-are-trials-at-the-international-criminal-court-3-examples-of-concern/ 39 L. MOFFETT, « Meaningful and Effective ? Considering Victim’s Interests Through Participation at the International Criminal Court », Criminal Law Forum, vol. 26, 2015, pp. 255-289. 7
Centre de droit international – Equipe de droit pénal – ARC sur le Contentieux stratégique right of defence40) or the question of the severity of penalties (some advocating, for example, for the application of the death penalty by the ICC)41. B. Political/economic approaches Criticisms can then be made at the political or economic level. Here, one of the first criticisms levelled at the ICC is its ineffectiveness42. This criticism often highlights the fact that, in 20 years, the Court has handed down only a few substantive judgments and only a few decisions on reparations. At the same time, it is often argued that the Court does not have any police (or coercive force of any kind) and must therefore rely on States – which are not always co- operative, even despite having ratified the Rome Statute – for the enforcement of many decisions, including for the arrest of persons subject to arrest warrants. The cases concerning Simone Gbagbo, Saïf Gaddafi and the President of Sudan Al Bashir are symptomatic: in the first two cases, States refused to hand them over to the ICC; in the last case, States (members or not of the ICC) refused to arrest an incumbent Head of State. At the same time, the ICC has also been singled out for its slowness: lengthy investigations, certain situations that have been going on for more than 10 years without any cases being opened, trials that have stalled for more than 12 years, and decisions on reparations that are still pending. Along the same lines, the Court is also criticised for the criminal policy implemented by the Office of the Prosecutor43. This criminal policy has been the subject of much debate since the Court's creation: too African-oriented (i.e. directed against people from the African continent), too directed against states of the South, and above all, mainly against low-level offenders or non-leaders. This criticism is coupled with difficulties in understanding the Prosecutor’s criminal policy, as demonstrated by the Mavi Marmara case. Thus, the ICC is accused of being first and foremost a political body, i.e., a court for powerful states or a court whose activities are guided by opaque political interests. Some scholars also highlight the power struggle within and vis-à-vis the ICC44. Finally, these political criticisms are coupled with criticisms of an economic nature: the financial cost of the Court. With a budget of approximately $140 million in 2016, the Court is regularly denounced because the cost of each case appears to be excessively high45. C. Sociological/anthropological approaches Regarding sociological or anthropological criticisms, they are mainly linked to the legitimacy of the Court. This legitimacy is evaluated in terms of purposes legitimacy 46 , 40 See, e.g., K. J. HELLER, « ‘A Stick to Hit the Accused With’ : The Legal Recharacterization of Facts under Regulation 55 », in C. STAHN (ed.), The Law and Practice of the International Criminal Court, Oxford, OUP, 2015, pp. 993 ff. 41 See the negotiations in Rome. 42 B. COTTE, « La CPI. L’expérience d’un magistrat français », Revue des droits de l’Homme, Vol. 11, 2017, § 40 ; JB JEANGÈNE VILMER, Pas de justice sans paix, Paris, SciencePo, 2001. 43 See for example, H. KÖCHLER, « Justice and Realpolitik : The Predicament of the International Criminal Court », Chinese J. Intl. L., vol. 16, 2017, pp. 1-19. 44 C. SCHWÖBEL, Critical Approach on International Criminal Law : An Introduction, Cambridge, Routledge, 2014. 45 B. COTTE, « La CPI. L’expérience d’un magistrat français », Revue des droits de l’Homme, Vol. 11, 2017. 46 A. CASSESE, « The legitimacy of International Criminal Tribunals and the Current Prospects of International Criminal Justice », Leiden Journal of International Law, 25, 2011, pp. 491-501 ; T. TRÈVES, « Aspects of Legitimacy of Decisions of 8
Centre de droit international – Equipe de droit pénal – ARC sur le Contentieux stratégique representativeness47, universality of defended values or messages. In this respect, the ICC's lack of universality is often denounced. How can the ICC claim to be universal when the majority of the world's population does not fall within its jurisdiction due to the lack of ratification of its Statute by important states (both politically and in terms of population size)? On the other hand, sociological criticisms denounce the “westernization” of the criminal justice process – with which they contrast the so-called traditional forms of justice such as the Gacaca courts in Rwanda or the Ubushigantahe courts in Burundi. Sociological criticisms also address, albeit more rarely, issues of power and domination within the ICC itself48. Finally, the anthropological or sociological approaches which are critical of the ICC (or of international criminal law) regularly emphasize the negative consideration of victims49 or defendants50, as well as the evaluation of professionals working in the ICC51. Provisional Conference Plan The Conference - bilingual English/French (without interpretation) - will be held at the ULB on 3-4 December 2018. Several roundtables (according to the number of participants) will be organized. The objective is to have a multidisciplinary discussion, mixing different positions (internal/external) and mixing practitioners, observers and academics. Also, the discussions will be transcribed (verbatim). The records of the discussions as well as the conclusions of the presidents of the different panels will be published after the colloquium. *** Proposals (in French or English) not exceeding 500 words, accompanied by a short bio (in one single document) must be sent no later than 31 May 2018 to Vaios Koutroulis and Damien Scalia, professors at the Université Libre de Bruxelles at the following address: arc- strategic-litigation@ulb.ac.be The selected participants will be informed by June 15, 2018. Accommodation and catering costs are covered. International Courts and Tribunals », in R. WOLFRUM & V. RÖBEN (eds), Legitimacy in International Law, NY, Springer, 2008, pp. 169-188. 47 I. TALLGREN, « The Sensibility and Sense in International Criminal Law », EJIL, 13, 3 2002, pp. 561-595. 48 P.-Y. CONDÉ, « Quatre témoignages sur la justice pénale internationale : entre ordre public international et politiques de justice », Droit et société, Vol. 3, 2004, pp. 567-594.; E. Claverie, « La Violence, le procès, et la Justification, Scènes d’audience au TPIY », Retour sur De la Justification, Actes - Colloque de Cerisy, Economica, 2009. 49 G. ELCHEROTH & D. SPINI, Public support for the prosecution of human rights violations in the former Yugoslavia, in Peace and Conflict: Journal of Peace Psychology, Vol. 2, 15, 2009, pp. 189-214; S. PARMENTIER & E. WEITEKAMP, « Punishing perpetrators or seeking truth for victims: What does the population in Serbia think about dealing with war crimes?», International Criminal Law Review, Vol. 13, 1, 2013, pp. 43-62; S. PARMENTIER et al., « Repairing the harm of victims after violent conflict: Empirical findings from Serbia », International Review of Victimology, Vol. 20(1), 2014, pp. 85-99. 50 M.-S. DEVRESSE & D. SCALIA, « Hearing Tried People in International Criminal Justice: Sympathy for the Devil? », International Criminal Law Review, Vol. 16, 5, 2016, pp. 796-825. 51 C. M. BAYLISS & E. O. POLK, « Attorneys’ Self-Reported Perspectives and Criteria for Requesting Competency Evaluations in Criminal Defense Cases », Criminal Justice Review, pp. 30, 2005, pp. 312-324 ; J. R. CENCICH, « International Criminal Investigations of Genocide and Crimes Against Humanity: A War Crimes Investigator's Perspective », ICJR, Vol. 11, 2, 2009, pp. 175-191. 9
Centre de droit international – Equipe de droit pénal – ARC sur le Contentieux stratégique 10
Vous pouvez aussi lire