Marc Dugain, L'insomnie des étoiles
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Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège Poches - Romans français / théâtre Marc Dugain, L'insomnie des étoiles Le cadre de ce roman est une région du sud de l'Allemagne dans les derniers mois de 1945. Une adolescente qui vit seule dans une ferme isolée, est emmenée dans une cité toute proche par un contingent français. Intriguée par cette fille mutique, qui exige seulement qu'on lui lise les lettres envoyées du front pas son père, l'officier français l'est tout autant par la ville qui semble dissimuler un secret. Il finit par découvrir que la maison de convalescence, aujourd'hui fermée, fut en réalité un hôpital psychiatrique où les nazis ont laissé libre cours à leur folie meurtrière. Dans ce roman à entrées multiples, l'auteur de La Malédiction d'Edgar et, ces jours-ci, d'Avenue des Géants explore une fois de plus la nature humaine confrontée à l'horreur, elle aussi humaine. (Folio, 240 pages). Claude Pujade-Renaud, Les Femmes du braconnier Venue étudier la littérature à Cambridge, la poétesse américaine Sylvia Plath s'éprend de Ted Hughes. Ils se marient, voyagent et bientôt le besoin d'écrire ressurgit avec force. Ils quittent alors la ville pour la campagne anglaise avec leurs deux enfants. Progressivement, ce « compagnonnage d'écriture » qui les avait réunis et leur paraissait merveilleux prend des allures « carcérales ». Trompée, Sylvia rentre à Londres et entame une descente infernale. Cette magnifique et émouvante peinture des émotions humaines, à la fois amoureuses et créatrices, est portée par une écriture sensible et profonde. À noter que l'œuvre complète de Sylvia Plath, y compris son magnifique journal, vient de paraître dans la collection Quarto chez Gallimard. (Babel, 347 pages). © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/04/2020 -1-
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège Robert Bober, On ne plus dormir tranquille… Figurant dans le film de François Truffaut Jules et Jim au début des années 1960, le jeune narrateur apprend que sa mère a elle aussi été partagée entre deux hommes. C'est pour lui l'occasion de redécouvrir son passé proche et de le confronter à son présent principalement occupé par son frère, son ancien moniteur retrouvé inopinément et Laura dont il a été amoureux. Comme toujours, dans cet après-guerre qu'il affectionne, l'ancien complice de Georges Perec, auteur de Quoi de neuf sur la guerre? et de Laissées-pour-compte, organise la rencontre entre les mémoires individuelle et collective. Il se dégage de cette écriture naturelle et juste un charme délicat. (Folio, 266 pages) Bernard Quiriny, Les assoiffées Dans l'ancien Benelux rebaptisé Belgique et dirigé d'une main de fer par une femme, sont invités quelques journalistes et écrivains français a priori favorables à ce régime. Suivant un itinéraire balisé, ils découvrent un pays désert, sans âme et partiellement laissé à l'abandon d'où les hommes sont bannis de toute vie sociale ou intellectuelle. En parallèle, cet univers paranoïaque nous est révélé par le biais d'une femme devenue la favorite de la Grande Bergère. Ce premier roman de Bernard Quiriny, Prix Rossel en 2008 pour son recueil de nouvelles, Contes carnivores, pose notamment une question éternelle : comment de brillants intellectuels peuvent-ils se laisser duper par les mirages d'États totalitaires ? (Points, 416 pages) © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/04/2020 -2-
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège Maylis de Kerangal, Naissance d'un pont Cet événement de la rentrée littéraire 2010 couronné par le Prix Médicis raconte, sous une forme quasi épique, la construction d'un pont dans une ville californienne. Autour d'un ingénieur français qui a remporté l'appel d'offre, se déploie une faune humaine extrêmement cosmopolite : une conductrice d'engins américaine avec trois enfants et un mari handicapé, un grutier portugais né à Dunkerque, un sociologue américain en poste dans un village fluvial, deux sangs-mêlés, un architecte brésilien, etc. Nous suivons la progression de ce chantier ralenti par divers incidents, tantôt naturels (le froid, des oiseaux…), tantôt humains (une grève, un attentat.). Un roman qui a du souffle et du style. (Folio, 330 pages) Elisabeth Bramy, Les Heures secrètes Ancien libraire veuf depuis sept ans, Pierre, dont la fille joue les ados attardées et le fils vit aux États-Unis, rend régulièrement visite à Léa, sa belle-mère de 94 ans, en maison de retraite à Rouen, qu'il a toujours secrètement aimée. Il traîne son mal-être sans parvenir à poursuivre son roman, rameutant ses souvenirs principalement habités par sa femme et son beau-frère qui était son meilleur ami, lui aussi disparu. Tout en liant des liens avec sa voisine, mère d'un petit garçon. L'écriture est d'une grande délicatesse, d'une infinie pudeur pour décrire les tourments intérieurs de cet homme de plus en plus largué et qui hésite à se raccrocher à la bouée que lui offre inopinément la vie. Troisième roman « pour adultes » d'une auteure de nombreux livres pour enfants. (Points, 256 pages) © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/04/2020 -3-
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège Michel Quint, Avec des mains cruelles Ce roman de l'infatigable auteur d'Effroyables jardins s'ouvre sur une tragédie : de retour dans son ancien lycée, un célèbre photographe de guerre est abattu par un forcené. Dans sa maison qu'ils viennent de racheter, un tenancier de bar lillois et une femme hantée par Auschwitz où ont été déportés ses grands-parents découvrent, dans un dressing, des vêtements féminins, de l'enfance à l'âge adulte. À qui appartenaient-ils ? Partis à la recherche de cette mystérieuse absente, les héros découvrent des archives et photos qui vont les amener à revisiter e le 20 siècle, de la bande à Bonnot aux nazillons profanateurs de tombes en passant par les SS wallons de Léon Degrelle et la chute du Mur de Berlin. (Folio, 318 pages) Véronique Bizot, Mon couronnement Ce bref roman décrit le désarroi d'un chercheur octogénaire soudainement récompensé pour une découverte ancienne dont il n'a plus le souvenir. Alors qu'il s'apprête « à quitter sans façon ce monde », protégé de l'extérieur par celle qui s'occupe de son ménage, de ses repas et de sa santé, il voit avec déplaisir son appartement envahi par des journalistes et vieilles connaissances venues le congratuler. Est même organisée en son honneur une réception à laquelle il ne veut pas assister, allant jusqu'à « envisager de mourir avant la date prévue ». Il en vient à replonger dans son passé tout en s'interrogeant sur lui-même, sur ce que cela signifie qu'être vieux, avec un regard sans concession mais non sans humour. Un texte impeccable, merveille d'intelligence et de finesse psychologique. (Babel, 112 pages) © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/04/2020 -4-
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège Philippe Delerm, Le trottoir au soleil Depuis La première gorgée de bière, best-seller paru en 1997, Philippe Delerm est devenu maître dans la captation des moments fugaces de la vie dont il extrait la part universelle, renvoyant ainsi le lecteur à sa propre expérience intime. Ce nouveau recueil en propose une soixantaine : un remblai de sable surplombant la plage, une séance de cinéma en plein air, le fait de s'affaler dans un fauteuil ou la vision d'un paysan juché sur son tracteur un dimanche. Alternant le « je » et le « on », l'auteur éclaire d'un jour nouveau ce qui, trop souvent, échappe à notre vigilance. Signalons que ces textes sont lus par André Dussolier dans un CD audio publié chez Gallimard. (Folio, 160 pages) Véronique Olmi, Cet été-là Pour le week-end du 14 juillet, un couple a invité dans sa demeure normande un couple de vieux amis, une actrice en mal d'engagements ainsi qu'une célibataire et son nouveau compagnon. Il y a là aussi leurs fils et fille accompagnés chacun d'un copain ou d'une copine. Pendant trois jours, ils vont discuter (beaucoup), se chamailler (un peu), jouer à des jeux divers, prendre le soleil, voire se baigner. Mais sous cet aspect lisse, ça gronde. Outre que l'entente au sein même des couples laisse à désirer, survient, dans les pas de l'adolescente, un jeune homme de vingt ans qui va les troubler tous, faisant rejaillir chez certains des histoires anciennes et douloureuses. (Le Livre de Poche, 284 pages) Marie Nimier, Photo-photo Une femme qui porte le même nom que l'auteure se rend un jour au studio de Karl Lagerfeld pour y être photographiée en compagnie de huit autres écrivains de la rentrée littéraire. C'est de cette scène véridique qu'est né ce roman et ses figures principales, toutes fictives. L'une est une dame d'un certain âge, inconditionnelle du célèbre photographe, qui écrit à la narratrice après avoir vu la photo dans la presse car elle est subjuguée par ses chaussures au point de vouloir les mêmes. L'autre personnage féminin © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/04/2020 -5-
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège est, d'après Karl Lagerfeld, le sosie de l'écrivaine qui, pour s'en assurer, se rend chez elle à Baden-Baden. D'autres silhouettes hantent encore cet étrange roman à l'écriture travaillée sans être compassée et dont la lecture procure un plaisir diffus. (Folio, 240 pages) Gaëlle Josse, Les heures silencieuses Sur la couverture figure une partie d'Intérieur avec femme à l'épinette, un tableau réalisé par le peintre hollandais Emmanuel De Witte vers 1667.La femme qu'on aperçoit de dos jouant du clavecin est l'épouse de l'administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes à Delft, et la narratrice de ce court premier roman. Initiée au négoce par son père armateur, Magdalena Van Beyeren a dû renoncer à toute activité une fois mariée pour se consacrer à son mari et à son ménage. Dans un style retenu qui laisse percer une profonde sensibilité, elle évoque son enfance, notamment lorsqu'elle accompagnait son père à Rotterdam, ou ses enfants, dont certains morts en bas âge. Elle fait ainsi le portrait de sa condition et son pays en ces temps florissants. (J'ai lu, 89 pages). Didier Daeninckx, Galadio Venu du polar, l'auteur prolifique de Meurtres pour mémoire ou de Mort au premier tour ne cesse, de livre en livre, d'interroger à la fois notre présent, avec ses dérives idéologiques, et notre passé dont il fouille les zones d'ombre. Ulrich, fils d'un soldat soudanais de l'armée française d'occupation en vertu du Traite de Versailles et d'une jeune Allemande, est confronté, dans l'Allemagne des années 1930, aux lois raciales dont les métis sont aussi les cibles. Devenu figurant pour des films de propagande, il part à la recherche de son père. Du même auteur paraît dans la même collection de poche Rue des Degrés, un recueil dont l'une des nouvelles se déroule sur fond de l'insurrection malgache de 1947 réprimée dans le sang. (Folio, 154 pages) © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/04/2020 -6-
Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège Balzac, Le Faiseur On a un peu oublié, peut-être, que Balzac fut aussi un auteur de théâtre. Écrite en 1840 mais publiée plus tard et jouée posthume, Le Faiseur est sa pièce la plus célèbre. Lorsqu'en 1959, neuf ans après sa mort, elle est reprise au Théâtre du Vaudeville, Théophile Gautier met sur le même pied l'auteur dramatique et le romancier. Pour rassurer ses créanciers, un homme d'affaire s'invente un associé - Godeau - parti faire fortune aux Indes. Ce spéculateur habile qui joue sur ce que l'on appellerait aujourd'hui des « emprunts pourris », faisant miroiter à qui veut l'entendre « les profits les plus inespérés », n'a rien perdu de son actualité comme le souligne Philippe Berthier dans sa préface. (GF Flammarion, 188 pages) © Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 10/04/2020 -7-
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