De TroiS-rivièreS L'Histoire du port - Martin Gauthier

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De TroiS-rivièreS L'Histoire du port - Martin Gauthier
Martin Gauthier

L’Histoire du port
de Trois-Rivières

  Septentrion
                  Extrait de la publication
De TroiS-rivièreS L'Histoire du port - Martin Gauthier
Extrait de la publication
De TroiS-rivièreS L'Histoire du port - Martin Gauthier
Martin Gauthier
en collaboration avec Denis Goulet

L’Histoire du port
de Trois-Rivières

    Septentrion
De TroiS-rivièreS L'Histoire du port - Martin Gauthier
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Les éditions du Septentrion remercient le Conseil des Arts du Canada et la Société de
développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour le soutien accordé à leur
programme d’édition, ainsi que le gouvernement du Québec pour son Programme de crédit
d’impôt pour l’édition de livres. Nous reconnaissons également l’aide financière du gouvernement
du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

Révision : Roxanne Caza
Correction d’épreuves : Marie-Michèle Rheault
Mise en pages et maquette de couverture : Pierre-Louis Cauchon
Illustrations de la couverture : Vue du port, Pinsonneault, AAPTR, vers 1906-1907 ; Navires
au port, Jean Chamberland, AAPTR.
Illustrations de la quatrième de couverture : Construction du quai des Commissaires, AAPTR,
vers 1884 ; Vue du port et du pont Laviolette, Jean Chamberland, AAPTR ; Ravitaillement
d’un navire grec, section 14, APN, fin 1945 ; Vue du port et des élévateurs, Jean ­Chamberland,
AAPTR ; Goélettes chargées de bois en attente dans le bassin, APN, 1952.

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Québec (Québec)                                     539, boul. Lebeau
G1T 1Z3                                             Saint-Laurent (Québec)
                                                    H4N 1S2
Dépôt légal :
Bibliothèque et Archives                            Ventes en Europe :
nationales du Québec, 2013                          Distribution du Nouveau Monde
ISBN papier : 978-2-89448-721-1                     30, rue Gay-Lussac
ISBN PDF : 978-2-89664-743-9                        75005 Paris
De TroiS-rivièreS L'Histoire du port - Martin Gauthier
P R É FA C E

L
         ’histoire du port de Trois-Rivières,          alors en pleine expansion, afin de favoriser l’éco-
         c’est l’histoire d’une ville, d’une région    nomie régionale et faire face à la concurrence des
         et d’un pays. Tout au long de la lecture      autres places portuaires. Géré depuis par une
de ce volume, le lecteur découvrira l’histoire de      organisation publique, le port a su s’adapter et
découvreurs et de développeurs qui, dès le début       progresser en sachant répondre aux changements
de la colonie, ont su saisir la richesse de cet        économiques, à l’évolution de la construction
emplacement stratégique. Du commerce des               navale, à la nature variée des cargaisons transpor-
fourrures, aux produits des Forges du Saint-           tées et aux progrès technologiques. Le secteur
Maurice, en passant par l’ère du bois de sciage,       industriel s’est déployé à l’ouest du port et, plus
du papier et des céréales, une grande diversité        à l’est, les zones récréotouristiques que forment
d’activités se sont succédé au port de Trois-          le parc portuaire et le nouveau parc Hector-
Rivières, cet acteur de premier plan témoin pri-       Louis-Langevin convient la population à profiter
vilégié du développement de la région.                 d’un fleuve en plein centre-ville. Ce parc fut
   L’histoire du port de Trois-Rivières, c’est avant   d’ailleurs nommé en l’honneur du député de
tout l’histoire d’hommes et de femmes qui se           Trois-Rivières et ministre des Travaux publics du
sont établis au confluent de la rivière Saint-         Canada qui a présenté le projet de loi qui formait
Maurice et du majestueux fleuve Saint-Laurent          la Commission du havre, une étape cruciale dans
et qui au fil des ans, se sont approprié le port en    l’évolution du port de Trois-Rivières.
tant que lieu de rassemblement, de commerce,               Plus de 130 ans plus tard, les défis que repré-
de transit de personnes et de marchandises,            sente la gestion d’un port riche de son histoire
d’ouverture sur le monde et d’outil de croissance      et de ses traditions sont formidables. Le Conseil
économique et touristique incomparable. C’est          et l’équipe de l’Administration portuaire de
l’histoire de milliers de travailleurs qui y ont       Trois-Rivières sont animés d’une même énergie
œuvré, d’entreprises qui y ont démontré déter-         pour poursuivre le développement du port afin
mination et persévérance, de marins, touristes et      qu’il demeure enraciné dans son milieu et s’ouvre
croisiéristes qui y ont séjourné et d’une popula-      à de nouvelles avenues pour soutenir les travail-
tion qui s’y est rassemblée.                           leurs et les entreprises de la région et du Québec.
   Lorsqu’en 1882, le gouvernement fédéral             Les attentes sont élevées, mais les succès passés
forme la Commission du havre, il répond à la           appellent à la continuité de cette prospérité et ne
demande du milieu qui désire se réapproprier le        peuvent que nous inciter à redoubler d’effort
développement du port en modernisant ses ins-          pour que l’avenir du port soit encore plus riche
tallations et en l’intégrant au réseau ferroviaire,    que son passé.
De TroiS-rivièreS L'Histoire du port - Martin Gauthier
Pour l’heure, dévoilons les faits marquant de           rappellera peut-être même à certains des souve-
l’histoire d’un port résolument urbain au cœur             nirs mémorables. Aux autres, nous espérons qu’il
d’une ville qui affiche fièrement son caractère            fera découvrir qu’au-delà des quais et des han-
portuaire. En effet, l’histoire du port, c’est non         gars, un port est avant tout une communauté de
seulement celle de ses installations, de ses diri-         passionnés qui s’affairent à connecter notre
geants, travailleurs et utilisateurs, mais aussi des       région au reste du monde. C’est aussi leur his-
citoyens qui l’ont côtoyé et fréquenté. Ce livre           toire que l’auteur visait à relater.

                                                           Bonne lecture !

                                                           Gaétan Boivin, président-directeur général
                                                           Cléo Marchand, président du Conseil
                                                           Administration portuaire de Trois-Rivières

                                               Extrait de la publication
De TroiS-rivièreS L'Histoire du port - Martin Gauthier
R E M E RC I E M E N T S

J   e tiens à remercier les gens suivants pour
    leur aimable collaboration à ce projet :
    M. Denis Goulet, historien et sociologue,
pour la révision des textes et les précieux conseils ;
                                                              M. Rémy Lévesque, directeur de l’ingénierie chez
                                                              Les Élévateurs des Trois-Rivières (Soumat), pour
                                                              l’entrevue accordée ; M. Daniel Giroux, débar-
                                                              deur, pour son assistance dans la compréhension
M. Jacques Paquin, vice-président Marketing et                des photographies ; M. Mario Lamy, président
Développement des affaires à l’Administration                 du syndicat des débardeurs, pour l’entrevue
portuaire de Trois-Rivières (APTR) ; Mme Danielle             accordée en compagnie de messieurs Robert
Cantin, conseillère en communications pour                    Lamy et Jean-Marc Lamy, débardeurs retraités.
l’APTR ; Mme Marie Fournier, archéologue, pour                   Un merci tout particulier aussi au journal
son minutieux travail comme coordonnatrice de                 Le Nouvelliste qui nous a donné libre accès à ses
recherche ; M. Mathieu Frappier, pour son                     riches archives photographiques, témoins pré-
excellent travail comme agent de recherche ;                  cieux de l’histoire régionale.

                                            Extrait de la publication
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I N T RO D U C T I O N

À
          l’époque de la Nouvelle-France,                       Le premier vapeur
          où il n’y a que des voiliers sur le Saint-            au havre de Trois-Rivières
          Laurent, la rive abrupte de Trois-Rivières
vis-à-vis du chenal naturel qui la longe s’avère                En novembre 1809, une foule de curieux se ras-
plutôt accommodante pour les bâtiments de                       semble sur les rives de Trois-Rivières pour y
petites et moyennes dimensions1. Barques, goé-                  observer le plus étrange des navires : le vapeur
lettes et petits navires peuvent y aborder sans                 Accommodation. Sans le savoir, ces observateurs
problème, s’y amarrer et joindre la terre ferme                 sont témoins d’un évènement historique qui
grâce à une simple passerelle. Nul besoin de                    mérite ici quelques explications. Lancé deux ans
quais. Les plus gros bâtiments, comme les senaus                seulement après le Clermont de l’Américain
ou les corvettes, demeurent à l’ancre dans le                   Robert Fulton, l’Accommodation est l’un des pre-
chenal. Quant aux canots, chaloupes et chalands,                miers navires à vapeur au monde. Non seulement
ils peuvent accoster dans les zones où la berge se              il initie la navigation à vapeur sur le fleuve Saint-
présente comme une plage. De nombreuses goé-                    Laurent, mais il est le tout premier navire à
lettes, destinées au cabotage, sont d’ailleurs spé-             vapeur entièrement construit en Amérique. En
cifiquement conçues pour effectuer des échouages                effet, sa machine n’est pas importée d’Angleterre,
contrôlés sur la grève afin de charger et décharger             mais plutôt fabriquée aux Forges du Saint-
les marchandises. À cette époque donc, Trois-                   Maurice. La construction de ce bâtiment à
Rivières offre à la fois une côte abrupte et de                 vapeur est une initiative risquée de l’homme
belles rives sablonneuses. Il demeure possible que              d’affaires John Molson qui veut l’utiliser pour le
des quais très sommaires aient été construits à                 transport de passagers et le transport des produits
Trois-Rivières au cours des xviie et xviiie siècles,            de sa brasserie, de Montréal vers Québec. Le
mais aucun témoignage ni aucun vestige ne sont                  succès envisagé de l’Accommodation ne repose pas
parvenus jusqu’à nous. Au xixe siècle cependant,                sur sa vitesse ni sur sa capacité de charge, mais
la propulsion à vapeur transforme peu à peu, non                plutôt sur sa régularité. Avec ce type d’engin, on
seulement la façon de naviguer, mais aussi la                   peut calculer et prévoir avec une certaine préci-
manière d’aborder la rive.                                      sion l’horaire de transport ; ce qui n’est pas le cas
                                                                avec un voilier.
| Trois-Rivières est située dans les basses-terres du Saint-        Parti de Montréal le vendredi 3 novembre
  Laurent, à mi-chemin entre Montréal et Québec, au confluent   1809 à 14 h, l’Accommodation arrive à Trois-
  de la rivière Saint-Maurice et du fleuve Saint-Laurent.       Rivières à la même heure le lendemain. Ce petit
                                                                navire marque alors un premier jalon de l’histoire
   1. 	Ne dépassant pas 9 pieds (2,7 m) de tirant d’eau.
De TroiS-rivièreS L'Histoire du port - Martin Gauthier
Dans le chenal qui longe la côte, on aperçoit deux senaus français à l’ancre, alors qu’un sloop, deux barques et plusieurs chaloupes
et canots remontent le fleuve (vers 1721).

À droite, une corvette anglaise sous voiles nous indique la dimension maximale des vaisseaux que le chenal peut accueillir à Trois-
Rivières tout en rappelant que le territoire appartient à l’Angleterre. À gauche, on remarque le moulin à vent et la maison du meunier
près de la berge sablonneuse. Plus loin vers l’est, la plage fait place à une rive abrupte (vers 1784).

                                                          Extrait de la publication
introduction                                                                   11

Sur ce dessin, John Lambert présente une goélette sous voiles
et on reconnaît la mâture distinctive de deux autres goélettes
accostées en amont du chemin qui mène aux Forges du Saint-
Maurice (vers 1807).
                                                                      Le vapeur Clermont que Robert Fulton lance en 1808. Grandement
                                                                      inspiré par ce steamboat, John Molson est décidé à mettre en
du havre de la ville. Après ce trajet de 24 heures,                   service le premier vapeur sur le fleuve Saint-Laurent.
il demeure à l’ancre une trentaine d’heures.
Durant cette longue escale, l’équipage procède à                      Trois-Rivières est l’endroit idéal, mais la présence
quelques ajustements mécaniques et fait le plein                      des fragiles roues à aubes empêche d’aborder la
de bois pour chauffer la chaudière. Plusieurs                         rive comme les navigateurs l’avaient toujours fait.
ouvriers des Forges descendent même la rivière                        Il faut donc construire des quais pour permettre
Saint-Maurice à bord de radeaux pour apporter                         à ces vapeurs d’accoster. Or, selon un témoin de
quelques réglages à leur ouvrage qui avait été                        l’époque, il n’y avait aucun quai en 18074. C’est
livré, en juillet, en pièces détachées au chantier                    probablement peu après que John Molson
de Hart Logan à Montréal2. L’Accommodation est                        amorce la construction de ses quais5.
manœuvré par sept membres d’équipage, dont
le capitaine Jackson et son pilote, Amable Laviolette.
    Le petit navire à vapeur3 et sa fumée noire                       Les premiers quais
attirent les regards. On réalise rapidement que
ce type de bâtiments doit faire escale entre                          Si la navigation à voile a marqué sensiblement
Montréal et Québec pour être ravitaillé.                              l’histoire du port de Québec, Trois-Rivières est
    2. 	Sa machine est coulée aux Forges du Saint-Maurice,                4. 	John Lambert, Travels through Canada and United
livrée en pièces détachées, puis assemblée à la fonderie/             States of North America, in the years 1806, 1807 and 1808,
atelier de George Platt à Montréal, pour ensuite être ins-            London, 1813, p. 465-466, dans Yvon Thériault, Trois-
tallée par le chantier de Logan.                                      Rivières Ville de reflet, Trois-Rivières, Éditions trifluviennes,
    3. 	L’Accommodation est effectivement de petites dimen-           1954, p. 83-84. Ses observations sur Trois-Rivières sont
sions. Il a une longueur de 75 pieds (23 m) de quille et de           effectuées avant 1808.
85 pieds (26 m) de pont. Il possède deux roues à aubes à                  5. 	Le succès technologique de l’Accommodation s’avère
double rais, sans jante, et doit être muni d’un mât après             toutefois un échec en terme de rentabilité financière. John
son premier voyage pour pouvoir profiter des vents favo-              Molson ne fait pas construire de quai pour l’Accommoda-
rables et aussi afin de pallier d’éventuels bris mécaniques.          tion, mais il persévère dans l’aventure et fait bientôt
L’Accommodation navigue à une vitesse moyenne de 4 nœuds              construire des quais pour les autres bateaux à vapeur qu’il
(environ 7,4 km/h), ce qui s’avère être une faible performance.       acquiert.

                                                    Extrait de la publication
12                               l’histoire du port de trois-rivières

Sur cette carte de 1815, Joseph Bouchette dessine clairement un quai entre la rue du Platon et la rue Saint-Antoine.

davantage influencé par le développement de la                         L’année suivante, le propriétaire des Forges
navigation à vapeur. Elle n’éclipse pas d’un coup                   du Saint-Maurice, Matthew Bell, entreprend la
la propulsion éolienne traditionnelle, mais les                     construction d’un quai et d’un entrepôt. La
gens d’affaires de Trois-Rivières, commerçants et                   vague est lancée : en 1825, John Molson entre-
manufacturiers, s’engagent rapidement dans la                       prend la construction de quais. Cette initiative
construction de quais entre les années 1809 et                      s’inscrit dans sa vaine tentative d’obtenir du
18156. De nature privée, ils constituent les pre-                   gouvernement un monopole de la navigation à
mières installations portuaires de Trois-Rivières.                  vapeur sur le Saint-Laurent. Faisant face à une
En 1818, un quai et un hangar sont construits                       rude concurrence, Molson réussit cependant,
près de la rue Saint-Antoine7. À partir des années                  en 1822, à forcer ses adversaires à se joindre à
1820, ceux-ci se multiplient et sont loués par de                   la St. Lawrence Steamboat Company, dont il
petits entrepreneurs. C’est le cas d’Étienne Duval                  s’assure un contrôle majoritaire. L’expansion de
qui loue un quai, en 1823, afin d’honorer son                       cette entreprise de transport fluvial n’est certai-
contrat de fourniture de bois destiné à chauffer                    nement pas étrangère à la construction de ces
les bouilloires des bateaux à vapeur. Il doit four-                 trois quais à Trois-Rivières8. Molson en ajoute
nir pour chaque escale à Trois-Rivières du bois                     un nouveau en 1853 alors que de nombreux
de pin et d’épinette, en lots de 10 à 12 cordes de                  gens d’affaires en font aussi l’acquisition ou la
4 pieds (1,2 m). Ce quai est situé aux abords de                    location. On le constate, les initiatives triflu-
la rue du Fleuve, près de la rue Saint-Antoine.                     viennes dans le domaine des installations por-
                                                                    tuaires relèvent alors essentiellement de l’entre-
                                                                    prise privée.
    6. 	Du côté de la rivière Saint-Maurice cependant, il              À une exception près toutefois, car, en 1858,
existe déjà au moins deux traverses à bac et ce service             la ville de Trois-Rivières décide de construire son
dispose fort probablement de quais construits sur pilotis.          propre quai. Il est destiné à amarrer le traversier
    7. 	On ignore qui est le propriétaire de ce quai, mais il
                                                                    qui fait le lien avec la rive sud du Saint-Laurent.
est probable que ce soit John Molson, non pas pour l’Acco-
modation, mais possiblement pour ses successeurs, le
Swiftsure (1812), le Marsham (1814), le Lady Sherbrooke                8. 	Gilles Laporte, « Quand Molson construisait des
(1817) et le New Swiftsure (1818).                                  bateaux… », L’actualité.com, 21 octobre 2009, p. 5.
introduction                                                            13

                          Des gens d’affaires influencent l’aménagement
     Dean achète le quai de McDougall dans le but de s’en servir pour y placer le bois sortant de la
     manufacture de bois d’assemblage que M.G. Baptist prévoit construire sur le terrain de la fon-
     derie Dupuis*. Le quai Bureau est construit entre 1902 et 1905 à cet endroit. James Shortis
     achète le 18 juillet 1879 le British American Hotel, mieux connu sous le nom de « Hôtel Farmer »,
     ainsi que le quai de Farmer. Shortis prévoit déjà la démolition de l’hôtel et la vente du quai au
     gouvernement**.
        J. E. Turcotte, maire de la ville, est propriétaire d’une maison sur la terrasse et cède en 1861
     la rue devant sa maison. Cette rue devient le boulevard Turcotte, puis la Terrasse Turcotte et
     finalement une partie du parc portuaire actuel. Philippe-Élizé Panneton est maire de Trois-Rivières
     de 1894 à 1896. Il est aussi le fondateur de la Banque Panneton qui sera détruite dans le grand
     incendie du 22 juin 1908***. Bientôt reconstruite, elle est rachetée par la Banque Molson en
     1916. Le quai Gouin, anciennement la propriété de la Banque Union, est acheté par Zéphirin
     Marchand en novembre 1888.
        Ross, Ritchie & Co. opère une importante scierie qui sera acquise en 1890 par St. Maurice
     Lumber, puis par la Glenn Falls en 1892, et finalement cédée en 1899 à l’International Paper
     (qui devient la CIP). La St. Lawrence Steamboat Company fait l’acquisition en 1877 d’un grand
     terrain aux abords de rivière Saint-Maurice afin d’y construire des quais et des usines et d’y faire
     hiverner ses bateaux à vapeur. John Molson détient alors le contrôle par majorité de cette com-
     pagnie de navigation. La Compagnie du Richelieu, quoique plus petite que les lignes Molson et
     Torrance, qui dominent le commerce entre les villes de Montréal et de Québec, fait très bonne
     figure à Trois-Rivières avec ses installations.
     * Le journal des Trois-Rivières, 23 mars 1871, p. 2, col. 2 (CIEQ.BDM.FD, fiche 7706).
     ** Le Journal des Trois-Rivières, 21 juillet 1879, p. 3, col. 1 (CIEQ.BDM.FD, fiche 10570).
     *** Daniel Robert, Passionnés d’histoire trifluvienne, section chronologie.

Le quai de la Cité des Trois-Rivières9 – appelé                    réglementer certains espaces situés entre les quais,
aussi quai de la Corporation – est situé au pied                   mais il possède peu de pouvoir sur le contrôle et
de la côte, face à la rue du Platon. Certes, ce quai               le développement des installations portuaires10.
est-il de nature publique, en regard du proprié-
taire et du service auquel il est destiné, mais                        10. Le journal L’Ère Nouvelle nous apprend le 8 sep-
aucune administration publique ne gère l’en-                       tembre 1864 (p. 3, col. 1) que des soumissions sont atten-
                                                                   dues pour divers ouvrages à la grève entre le quai de John
semble des installations portuaires. Il y a bien le
                                                                   Molson et celui du Dr Gilmour. Pour informations, les
comité de la Grève qui avait été formé pour                        soumissionnaires sont invités à s’adresser à Jos. N. Godin,
                                                                   écuyer municipal et président du comité de la Grève,
   9. 	L’acte d’incorporation officiel de la ville de Trois-       Centre interuniversitaire d’études québécoises, Base de
Rivières est sanctionné le 10 juin 1857 sous le nom : Cité         données en histoire régionale, Mauricie, fichier documen-
des Trois-Rivières.                                                taire (CIEQ.BDM.FD, fiche 7694).

                                                 Extrait de la publication
14                             l’histoire du port de trois-rivières

Celui-ci se fait de façon plutôt anarchique, ce                  quai Gagnon. S’ajoutent aussi les quais de la
qui se traduit par une suite désordonnée et dis-                 Ross, Ritchie & Co., de la St. Lawrence
jointe de quais privés. Les changements de pro-                  Steamboat Company et de la Compagnie du
priétaire sont nombreux et bien des quais sont                   Richelieu. Certains quais portent le nom de
loués, modifiés, agrandis ou démolis par les                     leurs propriétaires féminins, comme celui de
glaces et reconstruits par la suite. Il est donc                 Mme W.-C. Pentland, ou d’un membre de la
difficile aujourd’hui d’en dresser une liste exhaus-             profession médicale qui s’est lancé en affaires,
tive et de présenter la séquence chronologique                   tel le Dr Gilmour. Il est probable que plusieurs
exacte des nombreux utilisateurs et propriétaires.               autres quais de moindre importance ont été
   On sait cependant que les manufacturiers et                   construits au xixe siècle. Dans l’ensemble, la
commerçants qui désirent profiter de la voie                     toponymie des installations portuaires, les-
navigable pour expédier ou recevoir des mar-                     quelles sont encore rudimentaires, évoque les
chandises n’ont que deux choix : négocier un                     individus et les industries qui ont marqué l’his-
bail avec un propriétaire de quai ou s’en faire                  toire de Trois-Rivières de cette époque.
construire un. Ceux-ci, pour la plupart, font                        Ce foisonnement d’activités au sein du havre
partie de la bourgeoisie ou de l’élite économique                de Trois-Rivières où sont transbordés divers pro-
et politique dont les ramifications familiales et                duits tels que bois d’œuvre, foin, fourrures, char-
sociales parfois complexes expliquent qu’ils sont                bon, etc., favorise l’économie locale. Cependant,
associés à une multitude d’entreprises et de                     en l’absence d’une structure de contrôle et de
clubs sélects. Rien d’étonnant donc que les                      planification, les activités portuaires s’arriment
noms des hommes d’affaires et des entreprises                    tant bien que mal aux activités manufacturières
soient associés aux quais dont ils sont les pro-                 et industrielles de la ville. La puissance des
priétaires ou les locataires. Outre ceux de John                 moteurs à vapeur s’améliore rapidement de sorte
Molson11 et de Matthew Bell, s’ajoutent tout                     que la dimension des navires augmente aussi. Or,
au long du xixe siècle les quais McDougall,                      les installations portuaires ne sont pas prévues
achetés par James Dean en 1871 et qui devien-                    pour des bâtiments de cette taille. Des voix
dra le quai Bureau ; le quai Hart, qui devient le                s’élèvent peu à peu au sein de l’élite locale pour
quai Raynar ; le quai Shortis ; le quai Turcotte ;               réclamer la mise sur pied d’une administration
le quai Panneton ; le quai Gouin, qui devient                    publique, comme c’est le cas à Montréal et à
le quai Marchand ; le quai John Ontosh et le                     Québec, qui veillerait à coordonner les activités
                                                                 portuaires. En effet, le port de Québec est régi
   11. À cette époque, le nom de John Molson est davan-          par une Commission du havre depuis 1858 alors
tage connu pour ses navires à vapeur que pour sa brasserie.      que Montréal avait obtenu la sienne en 1830.

                                                     Extrait de la publication
chapitre 1

LA COMMISSION DU
H AV R E D E T R O I S - R I V I È R E S

P
         eu après que la navigation à vapeur ait
                                                             Les prémices d’une
         entraîné la construction rapide de quais
                                                             administration publique des quais
         d’amarrage à Trois-Rivières, le dévelop-
pement des compagnies de chemin de fer modi-
                                                             D’autres obstacles majeurs freinent le dévelop-
fie l’orientation du développement portuaire.
                                                             pement portuaire. Personne n’a cru nécessaire de
Certains intervenants, notamment les armateurs,
                                                             mettre sur pied un comité ou une association des
considèrent d’abord le transport ferroviaire
                                                             propriétaires de quais qui permettrait une cer-
comme un dangereux concurrent. En revanche,
                                                             taine concertation des efforts pour assurer le
pour la plupart des hommes d’affaires, cette acti-
                                                             développement et l’entretien des installations. La
vité est perçue comme une saine concurrence
                                                             règle du chacun pour soi sévit trop souvent
jugée avantageuse en ce qui a trait aux tarifs et
                                                             même s’il arrive que certains propriétaires s’en-
aux services. Elle constitue, à leurs yeux, un
                                                             tendent pour harmoniser leurs installations1. De
heureux complément au transport fluvial.
                                                             plus, les propriétaires, dont les revenus sont
L’avenir leur donnera raison et ces deux modes
                                                             considérablement variés, n’ont pas tous les
de transport deviendront complémentaires et
                                                             mêmes capacités financières pour l’entretien de
leur association favorisera le développement des
                                                             leurs quais. Quelques-uns se retrouvent en très
activités portuaires.
                                                             mauvais état, voire inutilisables, en raison notam-
    Déjà au dernier tiers du xixe siècle, le port est
                                                             ment des dommages occasionnés par les embâcles
en voie de devenir un carrefour intermodal d’où
                                                             printaniers. Certaines initiatives tendent toute-
arriveront et partiront dans un va-et-vient
                                                             fois à améliorer la situation.
constant, non seulement les voitures à cheval et
                                                                C’est le cas de la première Chambre de com-
les navires, mais aussi les trains. Encore faut-il
                                                             merce de Trois-Rivières, créée en avril 1871, qui
que les installations portuaires soient adéquates
                                                             vise à coordonner les actions des hommes d’af-
pour accueillir ces mastodontes d’acier sur les
                                                             faires locaux (négociants, marchands, commer-
quais. Ce qui n’est pas le cas. Les rives portuaires
                                                             çants, entrepreneurs, manufacturiers et financiers)
sont composées d’une série de créneaux alternant
les quais et les bassins. Difficile dans ces condi-
                                                                 1. 	C’est le cas du quai Farmer qui, en 1875, est agrandi
tions d’y implanter des voies ferrées à proximité            de 50 pieds (15 m) pour que son front soit sur la même
des quais, ce qui risque de freiner sérieusement             ligne que le quai voisin, celui de la Compagnie du Richelieu
l’arrimage des transports ferroviaires et fluviaux.          (CIEQ.BDM.FD, fiche 7718).

                                           Extrait de la publication
16                                l’histoire du port de trois-rivières

Sur cette carte datant de 1879, on remarque le tracé projeté du chemin de fer, la suite disjointe de quais, ainsi que la zone où la voie
ferrée passe presque sur l’eau, c’est-à-dire l’endroit où sera bientôt construit le quai des Commissaires. Il n’y a pas de hasard !

pour assurer un développement économique opti-                         Mais cette petite organisation fermée demeure
mal. Il s’agit en fait d’un club sélect constitué de                   modeste et n’influence guère le cours des choses.
quatorze gentlemen de l’élite économique locale,                       Elle s’éteint quelques années après sa fondation.
dont font partie plusieurs propriétaires de quais2.                    Les lacunes des infrastructures du port demeurent
                                                                       en suspend jusqu’à ce que le débat soit réactivé en
   2. 	Les membres fondateurs de cette première
Chambre de commerce sont : Georges Balcer, Henry
Mathias Balcer, Alexander Baptist, George Baptist, James               Woolseley. Voir Gilles Vallée, La Chambre de commerce de
Dean, Elzéar Gérin, George Baillie Houliston, James                    Trois-Rivières 1871-1981. Participation et assises sociales du
McDougall, Thomas McDougall, William McDougall,                        mouvement, mémoire de maîtrise, Études québécoises,
J.-W. Ormsby, James Shortis, H.-R. Symnes et John-V.                   UQTR, 1989, p.13.

                                                           Extrait de la publication
chapitre 1          •   l a c o m i s s i o n d u h av r e d e t r o i s - r i v i è r e                     17

Sous cette montée, qui donne accès au « boulevard », la Compagnie du Richelieu a aménagé des entrepôts. Sur le quai de la ­compagnie,
un petit hangar de planche est construit à l’extérieur de la montée, adjacent à un escalier qui mène au boulevard. Plus loin, deux
navires trois-mâts sont au quai Reynar. À remarquer, devant le boulevard, l’espace vacant entre ce quai et celui de la Compagnie du
Richelieu. Le quai des commissaires y sera bientôt construit et une extension permettra, en 1890, de joindre ce dernier à celui de la
Compagnie du Richelieu (vers 1875).

1880. Certains intervenants proposent alors de                       développements futurs. Très actif sur la scène
regrouper les nombreux quais en un ensemble                          trifluvienne, Balcer défend depuis plusieurs
continu de terminaux.                                                années l’idée que le développement des réseaux
   C’est du moins la position défendue par                           de transport fluvial, routier et ferroviaire est un
Georges Balcer – négociant, ancien secrétaire de                     atout majeur pour la croissance économique de
la Chambre de commerce de Trois-Rivières et                          la région. Il plaide notamment pour l’aménage-
vice-consul de France – qui propose alors de faire                   ment de la rivière Saint-Maurice afin de la rendre
appel au gouvernement fédéral pour mettre sur                        navigable, et surtout pour un aménagement plus
pied un organisme central qui aurait pour man-                       cohérent des structures portuaires.
dat de gérer l’ensemble des installations por-                          Au printemps de 1880, il écrit un important
tuaires. Doté d’une certaine autonomie ainsi que                     opuscule promotionnel, accompagné de cartes
d’une bonne capacité financière, ce nouvel orga-                     et de plans, dans lequel il démontre que le havre
nisme ferait l’acquisition des installations exis-                   de Trois-Rivières jouit d’une situation avanta-
tantes et veillerait à leur amélioration et à leurs                  geuse par rapport à Québec et à Montréal et qu’il
18                               l’histoire du port de trois-rivières

                                                                     pourrait devenir un port d’envergure internatio-
                                                                     nale. Le conseil de ville de Trois-Rivières, qui
                                                                     reconnaît « l’excellence de ce travail », appuie ce
                                                                     projet et lui octroi 300 $ pour l’impression de
                                                                     son prospectus et sa distribution en Angleterre
                                                                     et en France3. On espère ainsi attirer des inves-
                                                                     tisseurs européens.
                                                                        Autre élément important, la Chambre de
                                                                     commerce renaît de ses cendres en 1881.
                                                                     Dénommée Three Rivers Board of Trade, elle est
                                                                     constituée d’une quarantaine de membres – diri-
                                                                     geants d’entreprises, commerçants, industriels et
                                                                     financiers – dont plusieurs sont liés de près au
                                                                     transport fluvial4. On y retrouve, entre autres, la
                                                                     famille Balcer ainsi que les futurs commissaires
                                                                     du havre, Alexander (Alex) Baptist, F.-X.
                                                                     Bellefeuille, P.-E. Panneton et James McDougall.
                                                                     Georges Balcer est élu membre du conseil d’ad-
                                                                     ministration à titre de secrétaire-trésorier de la
                                                                     Chambre de commerce.
                                                                        Or, cette importante organisation, sous l’im-
                                                                     pulsion de Georges Balcer, dirige ses efforts pour
                                                                     obtenir l’amélioration du transport ferroviaire et
                                                                     portuaire, et ce, au bénéfice non seulement de
                                                                     ses membres, mais de la plupart des entreprises
                                                                     locales. Une certaine unité d’action – qui
                                                                     regroupe les hommes d’affaires, les commerçants,
                                                                     l’Hôtel de Ville et la Chambre de com-
                                                                     merce – s’établit donc dans la ville de Trois-
                                                                     Rivières. Un premier pas est franchi pour obtenir,
                                                                     à l’instar des ports de Montréal et de Québec,
                                                                     une commission du havre supportée financière-
                                                                     ment par le gouvernement fédéral, notamment
                                                                     par des garanties de prêt.
                                                                        Des démarches en ce sens sont donc entre-
                                                                     prises par la Chambre de commerce et elle peut

                                                                         3. 	La Concorde, 5 mai 1880, p. 2, col. 4.
                                                                         4. 	L’association d’affaires est alors « composed exclu-
                                                                     sively of gentlemen engaged in mercantile business in the
                                                                     City of Three Rivers », procès-verbal, Assemblée générale
Le ministre fédéral des Travaux publics, Hector-Louis Langevin,      du 28 décembre 1881.
qui fut député de Trois-Rivières de 1878 à 1896 (vers 1883).

                                                         Extrait de la publication
chapitre 1       •   l a c o m i s s i o n d u h av r e d e t r o i s - r i v i è r e                    19

espérer obtenir l’appui du ministre des Travaux                   La Commission du havre
publics, Hector-Louis Langevin. Ce dernier                        et les premiers développements
avait été élu par acclamation dans la circonscrip-
tion de Trois-Rivières le 21 novembre 1878 et                     Cette nouvelle commission obtient « le pouvoir
avait repris la barre de ce ministère au sein du                  d’acheter, acquérir, garder, utiliser, posséder et
gouvernement de John Alexander MacDonald5.                        retenir des propriétés immobilières […] et de
Le ministre Langevin, bien au fait des besoins                    construire ou acquérir, garder et posséder tels
de sa circonscription, se laisse aisément                         bateaux à vapeur, dragues ou cure-môles, bacs
convaincre de l’utilité d’obtenir une administra-                 ou chalands et autres vaisseaux…7 ». Elle obtient
tion portuaire efficace et dotée des moyens                       par ailleurs l’autorisation de prélever des droits
financiers adéquats pour en assurer l’avenir. Ce                  d’amarrage et de « quaiage » des navires, et obtient
dernier bénéficie par ailleurs de l’appui des                     une capacité d’emprunt de 300 000 $. Ce qui, à
médias et des citoyens de Trois-Rivières                                terme, ouvre la voie à l’acquisition des
qui accueillent favorablement ce projet.                                   quais et à la construction de nouvelles
Les pressions s’intensifient en 1881,                                       installations. Cette première adminis-
alors que les réunions de travail et les                                     tration publique du port se compose
voyages à Ottawa se multiplient.                                               de cinq commissaires nommés par le
L’optimisme règne et on fait même                                                gouvernement en juillet 1882. Tel
appel au réputé ingénieur François-                                               que stipulé dans la loi, le maire de
Xavier Berlinguet – qui avait tra-                                                Trois-Rivières et le président de la
vaillé sur les améliorations du port                                              Chambre de commerce sont de
de Québec – pour effectuer les                                                    facto membres de la Commission
mesures et les sondages relatifs au                                              du havre. C’est le maire de la ville,
futur port. Au mois de mars, le                                                 Sévère Dumoulin, qui préside la
ministre Langevin juge le moment                                              Commission de 1882 à 1885 alors
opportun pour déposer un projet de loi                                    qu’Alexander Baptist représente la
aux communes intitulé : Acte à l’effet de                           Chambre de commerce8. Les trois autres com-
pourvoir à l’amélioration et l’administration du                  missaires sont Philippe Élisé Panneton, James
havre de Trois-Rivières6. À la suite de son adop-                 McDougall et François-Xavier Bellefeuille, tous
tion, le 17 mai 1882, la Commission du havre                      membres de la Chambre de commerce9. Les
de Trois-Rivières est officiellement créée. La
première page de l’histoire du port est ainsi                        7. 	Statuts du Canada, 1882, chap. 52.
tournée.                                                             8. 	Alexander Baptist est président de la Chambre de
                                                                  commerce, ainsi qu’écuyer à la ville, juge de paix et mar-
                                                                  chand de bois (propriétaire d’une scierie). On retrouve aussi
                                                                  son nom dans diverses organisations, notamment dans le
                                                                  conseil d’administration de la Three-Rivers Gas Company.
    5. 	Le 20 mai 1869, Hector-Louis Langevin devient                9. 	Le 31 juillet 1882, le Journal des Trois-Rivières
ministre des Travaux publics. Il occupe cette fonction de         annonce les noms des commissaires et écrit par erreur « Jos
1869 à 1873, mais doit donner sa démission à la suite de          McDougall » plutôt que James McDougall (Voir CIEQ.
son implication dans le Scandale du Canadien Pacifique.           BDM.FD, fiche 7778). Commerçant et quincaillier, il a été
Il redevient ministre des Travaux publics en 1879.                président de la Chambre de commerce et président de la
    6. 	Statuts du Canada, 1882, chap. 52.                        Three Rivers Gas Company, aux côtés de Sévère Dumoulin,

                                                Extrait de la publication
20                                 l’histoire du port de trois-rivières

                                                                   ville, au sein du système judiciaire et des institu-
                                                                   tions financières, ainsi que dans les diverses asso-
                                                                   ciations qu’ils fondent ou président. Il s’agit donc
                                                                   d’un milieu tissé serré qui présidera aux nouvelles
                                                                   destinées du port, car les projets sont nombreux
                                                                   et ne tardent pas à se concrétiser. Les recomman-
                                                                   dations de Georges Balcer vont bientôt être mises
                                                                   en application.
                                                                       En effet, la Commission du havre souhaite en
                                                                   un premier temps consolider les terminaux pour
                                                                   favoriser l’accueil de gros navires. À cette fin, on
                                                                   acquiert le quai de Jos Reynar, le 17 octobre
                                                                   1882, pour la somme de 18 500 $. Son intérêt
Train à la gare de Trois-Rivières (vers 1900).
                                                                   réside dans le fait que le chemin de fer de cein-
                                                                   ture, communément appelé Loop-Line, se rend
commissaires engagent comme secrétaire-­                           jusqu’à ce quai depuis 188010. On l’allonge
trésorier, Georges Balcer, qui occupe déjà la                      jusqu’en eau profonde et on l’agrandit pour per-
même fonction au sein de la Chambre de                             mettre l’amarrage des vaisseaux océaniques. Les
commerce.                                                          acquisitions des autres quais s’effectuent graduel-
   Le maire et le président de la Commission du                    lement et s’étendent sur une période de plusieurs
havre deviennent des membres actifs de la                          décennies. On compte aussi entreprendre dans
Chambre de commerce pour la durée de leur                          un avenir rapproché la construction d’un nou-
mandat. Des liens étroits unissent donc la                         veau quai en eau profonde de 600 pieds (183 m)
Chambre de commerce, le pouvoir municipal et                       de longueur, mais sa construction se fait attendre
la Commission du havre. Cette collaboration est                    au grand mécontentement des citoyens qui, par
aussi perceptible dans la localisation de l’associa-               la voix des journaux, accusent les commissaires
tion : la Chambre de commerce s’installe succes-                   de négligence.
sivement à l’Hôtel de Ville, à la Commission du                        Finalement, en janvier 1883, la première
havre puis dans l’édifice fédéral qui abrite le                    demande de soumissions pour les travaux d’amé-
bureau de poste. À Trois-Rivières, un petit groupe                 lioration du havre est déposée et les travaux
d’individus et de familles sont propriétaires de                   débutent en juillet. Un mois plus tard, plusieurs
la plupart des manufactures et des commerces.                      quais sont en construction. En face du boulevard
Ceux-ci se retrouvent à la Chambre de com-                         Turcotte, les ouvriers taillent et assemblent les
merce, à la Commission du havre, au conseil de                     imposantes pièces de bois équarri, érigeant ainsi
                                                                   la charpente du nouveau quai que l’on dénomme
d’Alexander Baptist et de James Shortis (Voir CIEQ.BDM.            déjà le quai des Commissaires. Le son franc des
FD, fiches 11114, 11331 et 11342). La famille McDougall            haches, des herminettes et des masses témoigne,
possède de nombreux commerces, ainsi que plusieurs forges,         l’été durant, de l’activité sur le chantier et du
dont les Forges du Saint-Maurice acquises en 1863.                 nombre important d’ouvriers qui y œuvre. En
François-Xavier Bellefeuille est propriétaire d’une fonderie/
atelier d’usinage dans le quartier Saint-Philippe (CIEQ.
BDM.FD, fiche 5143).                                                   10. (CIEQ.BDM.FD, fiches 6673 et 6693).

                                                       Extrait de la publication
TA B L E D E S M AT I È R E S

Préface .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .5      CHAPITRE 3 • L’impact de l’industrie
                                                                      lourde sur le développement portuaire  . 51
Remerciements  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 7
                                                                      L’ère de l’industrie papetière  .  .  .  .  .  .  .  .  51
                                                                      Le grand déploiement .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 56
Introduction  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 9
                                                                      L’héritage des commissaires  .  .  .  .  .  .  .  .  . 64
Le premier vapeur au havre de Trois-Rivières 9                        Le Conseil des ports nationaux .  .  .  .  .  .  .  70
Les premiers quais  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  11
                                                                      CHAPITRE 4 • Un port
CHAPITRE 1 • La Commission                                            aux multiples orientations  .  .  .  .  .  .  .  . 77
du havre de Trois-Rivières  .  .  .  .  .  .  .  . 15
                                                                      Le vrac : un marché en forte croissance .  .  .  77
Les prémices d’une administration                                     L’ère du grain  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 89
  publique des quais .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  15           La Société canadienne des ports .  .  .  .  .  . 100
La Commission du havre et les                                         La population réinvitée sur les quais .  .  .  .103
  premiers développements  .  .  .  .  .  .  .  .  19
                                                                      CHAPITRE 5 • Une ère de renouveau .  .  109
CHAPITRE 2 • Un port
                                                                      L’Administration portuaire de Trois-Rivières . 116
au carrefour des activités
                                                                      Un grand projet : Cap sur 2020  .  .  .  .  .  . 127
populaires et commerciales  .  .  .  .  .  .  . 25
Un fleuve à traverser .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  29          Conclusion .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  137
Une lutte incessante contre les glaces .  .  .  .  34
                                                                      Bibliographie .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  139
Une forêt à exporter  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  41
L’ère du charbon .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  45         Liste des illustrations  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 141
Des installations portuaires
    préindustrielles .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  48

                                                    Extrait de la publication
cet ouvrage est composé en adobe garamond pro corps 11.5
       selon une maquette de pierre-louis cauchon
            et achevé d’imprimer en mars 2013
          sur les presses de l’imprimerie marquis
                       à montmagny
             pour le compte de gilles herman
           éditeur à l’enseigne du septentrion

                     Extrait de la publication
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