Epidémiologie des blessures au tennis pendant les compétitions ATP et WTA : incidence et facteurs de risque
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IRMES – VIIIème symposium Strasbourg et Xème Conférence nationale médicale interfédérale du CNOSF 16 Epidémiologie des blessures au tennis pendant les compétitions ATP et WTA : incidence et facteurs de risque Marion GUILLAUME F. Dor, K. Kryger, A. Marc, G. Berthelot, A. Cristofari, A. Gires, B. Montalvan, JF. Toussaint, IRMES, Paris Alors que l’incidence des forfaits était de 5,9 pour 100 matches des circuits ATP et WTA en 2012, il s’avère pourtant que les connaissances scientifiques sur les blessures des joueuses et joueurs de tennis sont assez limitées. Un consensus s’est néanmoins dégagé récemment pour leur classification. Cette étude épidémiologique rétrospective vise à compléter cette épidémiologie descriptive pour les joueuses féminines professionnelles, en l’étendant à d’autres indicateurs que sont les retraits en compétition, qu’il s’agisse des renoncements avant un match, des abandons en cours de partie, mais aussi des abandons avant un tournoi permettant à un lucky loser d’y accéder. Elle a également cherché à mettre en lumière des facteurs de risque complétant ceux déjà repérés (surface de jeu ; âge) par l’étude des caractéristiques biométriques des joueuses et des joueurs. L’étude porte sur la période comprise entre 1968 et 2012. Tous les tournois majeurs des deux circuits ATP et WTA sont retenus à l’exception de la Coupe Davis, des Masters et des Jeux Olympiques aux modes de participation différents. Période 1968-2012 Evolution des circuits Les sites web de la WTA et de l’ATP ont permis d’analyser plus de 80 000 matches féminins et plus de 136 000 matches masculins, soit 3 367 retraits pour les femmes, et 4 767 retraits pour les hommes. La mention des motifs des retraits sur la période 2002-2012 a en outre permis d’affiner l’étude pour ces dix saisons. 25 septembre 2013
IRMES – VIIIème symposium Strasbourg et Xème Conférence nationale médicale interfédérale du CNOSF 17 Période 1968-2012 Evolution annuelle du nombre de retraits L’étude statistique fait apparaître une nette augmentation du nombre de tournois masculins entre 1968 et le début des années 1990, avant une stabilisation, tandis que l’évolution était plus progressive chez les femmes. Elle montre par ailleurs un triplement de l’incidence entre 1968 et 2012 des forfaits et abandons lors des tournois majeurs chez les hommes comme chez les femmes, pour atteindre respectivement 34 et 41 cas pour mille. Pour les hommes, on constate autant de forfaits que d’abandons. Chez les femmes, en revanche, les forfaits sont nettement supérieurs aux abandons dans les années 1980 ; une inversion de ce rapport est néanmoins constatée au cours des dernières années. L’incidence plus importante des lucky losers chez les femmes interpelle sur la différence de stratégie et dans la gestion des temps de récupération entre les sportifs des deux sexes. Type de retraits et incidence 25 septembre 2013
IRMES – VIIIème symposium Strasbourg et Xème Conférence nationale médicale interfédérale du CNOSF 18 Les tournois composant le Grand Chelem présentent une augmentation de l’incidence des retraits identique à celle des autres tournois pour les hommes, mais demeure beaucoup plus faible chez les femmes, ce qui semble suggérer une préparation et un intérêt potentiellement plus grands des dames pour ces tournois. Evolution de l’incidence Période 1968-2012 Incidence en fonction du tournoi Par ailleurs, l’incidence des retraits est plus élevée chez les femmes sur les surfaces intérieures et la terre battue, mais plus importante sur le gazon chez les hommes. Impact de la surface 25 septembre 2013
IRMES – VIIIème symposium Strasbourg et Xème Conférence nationale médicale interfédérale du CNOSF 19 Ce dernier fait pourrait s’expliquer par la conjonction de la structure du calendrier, le tournoi Roland-Garros et Wimbledon se disputant à quelques semaines d’intervalle, et de la règle des trois sets gagnants appliquée aux matches masculins de Grand Chelem. L’observation de l’évolution de l’incidence suivant les décennies fait apparaître une progression depuis 1979, accélérée entre 2002 et 2012, alors même que le nombre de matches inscrits aux calendriers ATP et WTA s’est stabilisé. Incidence Evolution et surface Il convenait donc d’observer l’impact des stratégies mises en œuvre par les joueuses et les joueurs, qui de prendre part à tel ou tel tournoi en fonction de leur prestige, de leur dotation, ou de leurs propres aptitudes, de l’évolution technologique, tant au niveau des surfaces que du matériel des sportifs, ainsi que de l’évolution des techniques de jeu. Les sources disponibles permettent d’identifier les raisons des retraits seulement depuis 2002. Leur étude a montré, d’une part, que les trois quarts d’entre eux sont la conséquence de blessures, avec une incidence des blessures de membres inférieurs supérieure à celles des membres supérieurs. Les raisons 25 septembre 2013
IRMES – VIIIème symposium Strasbourg et Xème Conférence nationale médicale interfédérale du CNOSF 20 Elle a, d’autre part, permis de constater que l’incidence des retraits pour causes de blessures et d’infections est significativement plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Blessures Localisation majeure (Différence hommes-femmes***) L’augmentation de l’incidence des retraits sur les circuits ATP et WTA alerte sur le niveau d’exigence du tennis international, mise en lumière par les déclarations de Marion Bartoli à l’occasion de son retrait, après le tournoi de Wimbledon 2013 : « je joue au tennis depuis longtemps. J’ai repoussé mes limites pour y arriver… maintenant, je ne peux simplement plus ». La recherche de facteurs de risque tels que la biométrie, menée par l’IRMES, semble ainsi d’autant plus importante pour appréhender les modalités de préparation physique et de prévention adaptées. L’impact des retraits sur la carrière des joueuses et joueurs de tennis pourrait constituer un autre champ d’investigation. Alain FREY Vous êtes-vous penchés sur le calendrier des matches joués par les sportifs avant leur retrait ? Marion GUILLAUME Cet aspect est en cours d’étude. Jean-François TOUSSAINT Nous n’avons relevé, pour l’heure, que le pic de retraits à l’entame de la saison sur gazon, qui fait suite à une longue période de tournois sur surfaces dures. 25 septembre 2013
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