Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada - Regards sur la ...
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No 75‑006‑X au catalogue ISSN 2291‑0859 Regards sur la société canadienne Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada par Darcy Hango Date de diffusion : le 16 juillet 2021
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Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada par Darcy Hango La présente étude a été financée par Femmes et Égalité des genres Canada (FEGC). Aperçu de l’étude Le harcèlement et la discrimination peuvent être présents dans tous les milieux de travail canadiens et survenir dans tous les types de professions et tous les lieux, y compris dans les établissements d’enseignement postsecondaire. La présente étude utilise les données de l’Enquête sur le corps professoral et les chercheurs du niveau postsecondaire de 2019 pour examiner le harcèlement et la discrimination subis en milieu de travail par les membres du corps professoral des universités à temps plein et à temps partiel (y compris le personnel enseignant et les chercheurs), les formateurs au niveau collégial, les boursiers postdoctoraux et les étudiants au doctorat dans les établissements d’enseignement postsecondaire au Canada. Elle fait la lumière sur certains types de harcèlement précis, la relation entre la personne responsable du harcèlement et la victime, ainsi que les motifs et les types de discrimination. La présente étude examine aussi la question de savoir si les personnes ayant subi du harcèlement ont pris des mesures contre la personne responsable, qui vont de la confrontation de la personne responsable au dépôt d’une plainte officielle. Les résultats de l’étude sont représentatifs de la population observée dont près de la moitié étaient membres du corps professoral d’une université (49 %), le tiers étaient membres du corps professoral d’un collège (29 %) et le cinquième étaient des étudiants au doctorat (18 %). La proportion restante de 4 % était composée de boursiers postdoctoraux. • Les femmes sont 1,5 fois plus susceptibles que les hommes de subir du harcèlement et de la discrimination en milieu de travail dans les établissements d’enseignement postsecondaire, une constatation faite pour d’autres milieux de travail et dans la société en général. • Les groupes de minorités sexuelles et les personnes ayant une incapacité figurent parmi les personnes les plus susceptibles d’être victimes de harcèlement et de discrimination en milieu de travail dans les établissements d’enseignement postsecondaire. • Les personnes en situation d’autorité étaient les personnes les plus fréquemment responsables du harcèlement en milieu de travail contre les étudiants au doctorat et les boursiers postdoctoraux. • Dans les cas de harcèlement en milieu de travail contre des professeurs enseignant au collège et à l’université, les collègues et les étudiants étaient les personnes les plus souvent identifiées comme étant les personnes responsables. • Les femmes et les hommes, peu importe le poste qu’ils occupaient au sein de leur établissement d’enseignement, étaient plus susceptibles de subir du harcèlement de la part d’un homme que d’une femme. • Dans l’ensemble, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de prendre des mesures contre la personne responsable du harcèlement qu’elles ont subi, à l’exception des cas de harcèlement sexuel/ d’attention sexuelle non sollicitée et la violence physique. Statistique Canada — juillet 2021 Regards sur la société canadienne / 1
Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada Introduction les femmes racisées ont déclaré a trait à l’autorité est bien présente seulement légèrement moins de (p. ex. des professeurs permanents Le harcèlement et la discrimination harcèlement que leurs homologues qui supervisent des étudiants peuvent être présents dans tous non racisées, les hommes racisés diplômés), et les interactions entre les milieux de travail canadiens et ont déclaré significativement plus de les professeurs, les adjoints à survenir dans tous les types de harcèlement et de discrimination que l’enseignement et les étudiants sont professions et tous les lieux, y les membres du corps professoral nombreuses11. De plus, les jeunes compris dans les établissements non racisés8. Une autre étude menée adultes, qui sont plus susceptibles d’enseignement postsecondaire. dans une université canadienne de subir du harcèlement et de Les actes de harcèlement et de a révélé que les femmes au sein la discrimination 12, représentent discrimination sont variés et peuvent du corps professoral étaient plus une grande partie de la population avoir des conséquences importantes susceptibles d’être victimes de qui poursuit des études et qui sur la santé et le bien-être des cyberintimidation9. travaille dans les établissements travailleurs, ainsi que sur la durée d’enseignement postsecondaire. et la stabilité de leur emploi et leur Le harcèlement et la discrimination satisfaction au travail. La portée des chez les étudiants au Canada La présente étude utilise conséquences du harcèlement peut ont été examinés de façon plus l’Enquête sur le corps professoral aller d’une incidence négative sur approfondie. Une étude récente de et les chercheurs du niveau l’attitude d’une personne en ce qui Statistique Canada 10 a analysé les postsecondaire (ECPCNP) de 2019 a trait à son degré de satisfaction et comportements sexuels non désirés pour contribuer à faire la lumière à son degré d’engagement au travail et la discrimination fondée sur le sur la situation en ce qui concerne le à une moins bonne santé physique et genre sur les campus canadiens. Elle a harcèlement et la discrimination subis psychologique1. Le harcèlement et la révélé l’existence d’un grand nombre en milieu de travail par les membres violence en milieu de travail peuvent de cas de discrimination fondée du corps professoral des universités également avoir des répercussions sur le genre, l’identité de genre et à temps plein et à temps partiel (y sur l’économie dans son ensemble, l’orientation sexuelle, déclarée par compris le personnel enseignant notamment des coûts associés les étudiants dans les universités et et les chercheurs), les formateurs à l’absentéisme, à une perte de les collèges canadiens, et les femmes au niveau collégial, les boursiers productivité et au roulement du étaient plus susceptibles de subir ces postdoctoraux et les étudiants au personnel2. comportements que les hommes. doctorat dans les établissements Les comportements sexualisés non d’enseignement postsecondaire au À ce jour, très peu d’études ont été désirés étaient aussi une grande Canada (voir la section « Sources de menées sur le harcèlement en milieu préoccupation. En effet, 45 % des données, méthodes et définitions »). de travail dans les établissements femmes et 32 % des hommes ont Plus précisément, elle cherche à d’enseignement postsecondaire au déclaré avoir personnellement subi accroître et à élargir l’ensemble des Canada. Certaines études récentes ces types de comportements au connaissances sur le harcèlement et ayant examiné le harcèlement et la moins une fois dans un lieu d’études la discrimination en milieu de travail discrimination dans les universités postsecondaires au cours de l’année dans le monde universitaire. canadiennes portaient précisément précédente. sur une discipline3, un établissement4 L’ECPCNP permet de mettre o u d e s é t a b l i s s e m e n t s 5, u n e Bien que le harcèlement et la l’accent sur le harcèlement et la province6 ou un type d’établissement discrimination en milieu de travail discrimination subis par les personnes d’enseignement postsecondaire 7. surviennent dans tous les lieux, qui enseignent ou qui mènent des Par exemple, une étude a révélé certains environnements peuvent activités de recherche dans le secteur que, chez les membres du corps présenter un plus grand risque pour de l’enseignement postsecondaire professoral en science et en génie les travailleurs que d’autres. Les au Canada, y compris les membres dans 12 universités canadiennes, les établissements d’enseignement à temps plein et à temps partiel femmes étaient plus susceptibles postsecondaire présentent certaines du corps professoral des collèges que leurs collègues masculins d’être caractéristiques qui peuvent entraîner et des universités, les boursiers victimes d’incivilité, de harcèlement un risque accru de harcèlement et de postdoctoraux et les étudiants au et de discrimination. La même discrimination en milieu de travail. doctorat. Souvent, les études portant étude a également révélé que, si Par exemple, la hiérarchie en ce qui sur ce sujet sont axées sur un de ces 2 / Regards sur la société canadienne juillet 2021 — Statistique Canada
Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada groupes, généralement les membres grand nombre d’interactions sont tous les types de milieux de travail au du corps professoral 13. L’une des devenues virtuelles avec le passage Canada. Cependant, ces proportions principales forces de la présente à l’apprentissage en ligne. sont plus importantes que dans étude est que le harcèlement et d’autres milieux professionnels. Les données de l’ECPCNP ne la discrimination peuvent être Une étude de Statistique Canada permettent pas de faire la lumière sur examinés dans différents types a révélé que, en 2016, 19 % des le harcèlement en ligne, car aucune d’établissement, différents domaines femmes canadiennes ont déclaré question sur la cyberintimidation d’études et différentes provinces, ce avoir subi du harcèlement dans n’a été posée. On signale que qui donne ainsi une meilleure idée leur milieu de travail au cours de le télétravail pourrait freiner les d’un sujet auparavant méconnu dans l’année précédente, tandis que 13 % plaintes liées au harcèlement en le milieu universitaire canadien. Le des hommes ont déclaré la même milieu de travail17, car il pourrait y harcèlement et la discrimination en chose22. avoir moins d’occasions d’observer milieu de travail14 seront examinés par hasard le harcèlement de la part Parmi les cinq types de harcèlement d’un point de vue général, ainsi que des autres. inclus dans le cadre de l’enquête, les des types de harcèlement précis, comportements humiliants étaient les relations entre les victimes du harcèlement et les personnes qui en Les femmes membres du les plus fréquemment déclarés, sont responsables, de même que le corps professoral et les chez 22 % des femmes et 14 % motif de discrimination et les types chercheuses sont environ des hommes. Ces comportements 1,5 fois plus susceptibles étaient suivis de près par les actes de de discrimination. Enfin, la présente que les hommes de subir du violence verbale, déclarés par 20 % étude cherche à déterminer harcèlement en milieu de des femmes et 13 % des hommes. si les personnes qui ont subi du harcèlement ont pris des mesures travail Bien qu’elle ait été moins contre la personne responsable Dans le cadre de l’ECPCNP, on fréquemment subie, l’attention du harcèlement, par exemple en a interrogé les personnes qui sexuelle non sollicitée ou le confrontant cette dernière ou en enseignent ou qui mènent des harcèlement sexuel affichait le déposant une plainte officielle15. activités de recherche dans les plus grand écart entre les genres23. établissements d’enseignement En 2019, 7 % des femmes ont Les données utilisées dans la postsecondaire au Canada au sujet déclaré avoir subi de l’attention présente étude ont été recueillies à de leur expérience liée à cinq types sexuelle non sollicitée ou du l’automne 2019, avant la pandémie de harcèlement au cours de l’année harcèlement sexuel au cours de de COVID-19. Actuellement, on précédente, soit la violence verbale, l’année précédente, une proportion ne sait pas exactement si certaines les comportements humiliants, environ 3,5 fois plus élevée que celle des restrictions de la santé publique les menaces (p. ex. le chantage, observée chez les hommes (2 %). La découlant de la pandémie, comme les menaces à la carrière ou à la fréquence de l’attention sexuelle non l e s me s ure s de di stan ci at i on réputation, les menaces physiques), sollicitée ou du harcèlement sexuel physique, la perte d’emploi ou le la violence physique ainsi que était également significativement revenu réduit peuvent avoir eu un l’attention sexuelle non sollicitée ou plus grande chez les femmes. Plus effet sur les cas de harcèlement et le harcèlement sexuel18. précisément, 4 % des femmes ont de discrimination sur les campus subi deux cas d’attention sexuelle canadiens. De mars 2020 à juin 2021, En 2019, environ le tiers des femmes non sollicitée ou de harcèlement la plupart des établissements (34 %) ont déclaré avoir subi au sexuel ou plus au cours de l’année d’enseignement postsecondaire au moins un type de harcèlement dans précédente, comparativement à Canada ont suspendu l’apprentissage leur établissement d’enseignement 0,8 % des hommes. en classe 16, ce qui signifie que le postsecondaire (graphique 1)19. En harcèlement et la discrimination revanche, environ 1 homme sur 5 Les femmes ont également subi résultant d’une interaction en face (22 %) a déclaré la même chose20,21. de la violence verbale et des à face pourraient avoir diminué. À Cette différence entre les genres comportements humiliants à l’inverse, le harcèlement en ligne de 12 points de pourcentage est une fréquence significativement ou la cyberintimidation pourraient conforme à des études antérieures plus grande que les hommes. Sur avoir augmenté, car un plus qui ont examiné le harcèlement dans une période d’un an, 12 % des Statistique Canada — juillet 2021 Regards sur la société canadienne / 3
Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada femmes ont déclaré avoir subi Les groupes de minorités déclaré avoir subi du harcèlement deux cas de violence verbale ou sexuelles, les personnes en milieu de travail à des taux plus, comparativement à 7 % des autochtones et les personnes significativement plus élevés. Leur hommes. De même, 12 % des ayant une incapacité figurent vulnérabilité accrue dans un milieu femmes ont déclaré avoir subi parmi les personnes les postsecondaire concorde avec leurs plusieurs cas de comportements plus à risque de subir du taux globaux de prévalence plus humiliants, tandis que c’était le harcèlement élevés de victimisation criminelle et cas chez 8 % des hommes24. Des non criminelle dans l’ensemble des différences moins importantes ont En plus du genre, plusieurs autres secteurs de la société27. été observées entre les hommes et caractéristiques sont liées à un risque accru de harcèlement au cours des Il convient de souligner que la les femmes en ce qui concerne les 12 mois précédant l’enquête. Les prévalence des déclarations liées au menaces et la violence physique. personnes ayant une incapacité25, fait d’avoir subi du harcèlement est Les résultats de l’analyse multivariée les personnes autochtones26 et les systématiquement plus élevée chez confirment que, si tous les autres groupes de minorités sexuelles les femmes, qu’elles aient ou non une facteurs sont égaux, le fait d’être (c.-à-d. les personnes qui se incapacité, qu’elles appartiennent ou une femme accroît la probabilité de sont identifiées comme étant non à un groupe autochtone ou harcèlement (voir le tableau 7 en gaies ou lesbiennes, bisexuelles qu’elles fassent partie ou non d’une annexe). ou pansexuelles) ont toutes population de minorité sexuelle. Graphique 1 Proportion des membres du corps professoral à l’université et au collège, des étudiants au doctorat et des boursiers postdoctoraux qui ont subi du harcèlement au cours de l’année précédente, selon le genre de la victime, 2019 Type de harcèlement Tout type de harcèlement * Comportement humiliant * Violence verbale * Menaces personnelles * Attention sexuelle non sollicitée ou harcèlement sexuel * Violence physique 0 5 10 15 20 25 30 35 40 pourcentage Total Femmes Hommes (réf.) * valeur significativement différente de l'estimation pour la catégorie de référence (p < 0,05) Note : L’échantillon se limite uniquement aux personnes qui occupent un poste dans un collège ou une université, mais non les deux. Source : Statistique Canada, Enquête sur le corps professoral et les chercheurs du niveau postsecondaire, 2019. 4 / Regards sur la société canadienne juillet 2021 — Statistique Canada
Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada La différence la plus importante des femmes lesbiennes, dont le Le risque accru des femmes dans la probabilité d’avoir subi du risque était comparable à celui des de subir du harcèlement en harcèlement au cours de l’année femmes hétérosexuelles. milieu de travail s’observe précédente a été observée entre les dans tous les domaines et personnes ayant une incapacité et les Les membres du corps toutes les disciplines personnes sans incapacité. Tant chez professoral et les chercheurs les hommes que chez les femmes, les racisés et non racisés Les résultats de l’ECPCNP donnent membres du personnel enseignant à penser que les membres du corps affichaient des taux de et les chercheurs postsecondaires professoral et les chercheurs qui ayant une incapacité affichaient harcèlement semblables travaillent ou étudient dans les une probabilité d’avoir subi du Une caractéristique personnelle domaines en science, en technologie, harcèlement plus de 1,8 fois plus qui n’est généralement pas liée au en génie ou en mathématiques élevée que leurs collègues sans risque était l’appartenance à un (STGM) 30 sont significativement incapacité (46 % par rapport à groupe désigné comme minorité moins susceptibles (25 %) d’avoir 26 %). Si c’était le cas tant chez les visible. Plus précisément, les subi du harcèlement que ceux qui hommes que chez les femmes, les membres du personnel enseignant travaillent, enseignent ou étudient femmes ayant une incapacité ont et les chercheurs appartenant à dans les domaines en SACHES subi du harcèlement plus souvent une minorité visible dans les (santé, arts, commerce, sciences que les hommes (52 % par rapport établissements d’enseignement humaines, éducation et sciences à 38 %). postsecondaire du Canada sociales)31 [ou non-STGM] (29 %). n’affichaient pas une probabilité plus Cependant, les femmes, peu Les personnes autochtones ont élevée d’avoir subi du harcèlement importe le domaine d’études, sont également subi du harcèlement au cours de l’année précédente significativement plus susceptibles à un taux plus élevé. En 2019, comparativement à leurs collègues que les hommes dans ces 40 % des personnes autochtones qui n’appartenaient pas à une domaines de déclarer avoir subi du qui enseignaient ou qui menaient minorité visible (27 % et 28 %). harcèlement dans leur établissement des activités de recherche dans Cette constatation correspond aux d’enseignement postsecondaire les établissements d’enseignement résultats obtenus en matière de au cours de l’année précédente. postsecondaire ont subi une certaine harcèlement en milieu de travail Par exemple, 34 % des femmes forme de harcèlement au cours de au Canada en général28 et aux cas dans les domaines en STGM ont l’année précédente, une proportion liés aux comportements sexualisés subi du harcèlement tandis que de 13 points de pourcentage plus non désirés des étudiants dans les chez les hommes dans les domaines élevée que leurs homologues non établissements d’enseignement en STGM, la proportion était autochtones (27 %). Le risque, postsecondaire29. Des études plus significativement moins importante cependant, était beaucoup plus approfondies sont nécessaires pour et se chiffrait à 21 %. Une différence grand chez les femmes autochtones relever les différences entre des semblable entre les genres a été (45 %) que chez les hommes groupes racisés précis. observée dans les domaines en autochtones (33 %). De plus, les personnes dont la langue SACHES (33 % chez les femmes par Au sein de la population des rapport à 23 % chez les hommes). maternelle n’était ni le français ni minorités sexuelles, 42 % des l’anglais ne présentaient pas un risque Des différences se dégagent membres du personnel enseignant accru de harcèlement, même si les également selon le poste occupé et des chercheurs bisexuels et membres du corps professoral et les au sein des établissements pansexuels ont déclaré avoir subi au chercheurs dont la langue maternelle d’enseignement postsecondaire. moins un type de harcèlement dans était l’anglais présentaient un risque Par exemple, les professeurs leur établissement d’enseignement légèrement plus élevé de subir du d’université ont déclaré avoir subi postsecondaire, comparativement harcèlement que ceux dont la langue du harcèlement plus souvent que à 27 % de leurs collègues maternelle était le français (29 % par les boursiers postdoctoraux (28 % hétérosexuels (voir le tableau 1 en rapport à 25 %). Cependant, cette par rapport à 20 %). Cela étant dit, annexe). Le risque accru au sein de différence était seulement évidente les femmes étaient généralement la population des minorités sexuelles chez les femmes (36 % par rapport plus susceptibles que les hommes de a été observé tant chez les hommes que chez les femmes, à l’exception à 28 %). Statistique Canada — juillet 2021 Regards sur la société canadienne / 5
Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada déclarer avoir subi du harcèlement peuvent influencer le cheminement poste qu’une personne occupe dans en milieu de travail dans les de carrière des victimes, car elles son établissement d’enseignement établissements d’enseignement sont susceptibles d’avoir un certain postsecondaire. postsecondaire, peu importe leur contrôle sur les perspectives d’avenir poste (p. ex. étudiantes au doctorat, de leur cible. Parmi les étudiants au doctorat et professeures), à l’exception notable les boursiers postdoctoraux, les des boursières postdoctorales et des Une situation officielle d’autorité deux tiers (66 %) des personnes chercheuses dans les collèges. Dans survient notamment lorsque des qui avaient subi du harcèlement leur cas, il n’y avait pas de différence personnes exercent une autorité ont indiqué que la personne significative entre les genres au directe sur les autres, comme responsable se trouvait en situation des superviseurs, mais également d’autorité (graphique 2)33,34,35. Les chapitre des cas de harcèlement. lorsque des personnes occupent collègues ou les pairs occupaient le un poste supérieur ne comportant deuxième rang en ce qui concernait Les personnes responsables pas nécessairement de fonctions les personnes responsables du du harcèlement contre les de supervision. Par exemple, un harcèlement (32 %). Par ailleurs, étudiants au doctorat et les professeur permanent peut se 20 % des étudiants au doctorat et boursiers postdoctoraux se trouver en situation d’autorité par des boursiers postdoctoraux ont trouvent le plus souvent en rapport à un professeur adjoint, et déclaré avoir subi du harcèlement situation d’autorité un professeur adjoint peut avoir de la part d’un autre membre du de l’autorité sur un étudiant au personnel à leur établissement La relation entre une victime doctorat, même en l’absence d’une d’enseignement, tandis que 10 % ont du harcèlement et la personne relation de supervision directe. Des affirmé que la personne responsable responsable de ce harcèlement revêt études antérieures montrent que les du harcèlement était un étudiant une importance cruciale, car le genre différences au chapitre du contrôle à qui ils enseignaient ou qu’ils de répercussions peut varier, surtout et du pouvoir sont assez fréquentes supervisaient. Aucune différence lorsque la personne responsable dans les cas de harcèlement en significative entre les genres n’a exerce une certaine forme d’autorité milieu de travail32. Par conséquent, été observée entre les hommes et sur la victime. Plus précisément, les il importe de tenir compte des les femmes, ce qui donne à penser actes de harcèlement perpétrés différences au chapitre du contrôle et que les étudiants au doctorat ou les par des personnes se trouvant du pouvoir, car les cas de harcèlement boursiers postdoctoraux des deux en situation officielle d’autorité peuvent grandement varier selon le Graphique 2 Harcèlement des étudiants au doctorat et des boursiers postdoctoraux, selon la relation avec la personne responsable du harcèlement et le genre de la victime, 2019 Personne responsable du harcèlement Personne en situation d’autorité Collègue ou pair Autre membre du personnel de l’établissement d’enseignement Étudiant à qui j’enseigne ou que je supervise Membre du public Inconnu Autre 0 10 20 30 40 50 60 70 pourcentage Total Femmes Hommes Source : Statistique Canada, Enquête sur le corps professoral et les chercheurs du niveau postsecondaire, 2019. 6 / Regards sur la société canadienne juillet 2021 — Statistique Canada
Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada genres ont tendance à déclarer des de harcèlement des professeurs de hommes et les femmes étaient plus types semblables de relations avec collège et d’université, car plus de susceptibles de subir du harcèlement les personnes qui les harcèlent. 3 professeurs sur 10 ont déclaré de la part d’un homme, peu importe avoir subi du harcèlement de la l’identité de la personne responsable Contrairement à la tendance part de personnes se trouvant en du harcèlement. Par exemple, observée chez les étudiants situation d’autorité. les étudiantes au doctorat et les a u doctora t e t l e s bou r si e r s boursières postdoctorales qui ont postdoctoraux, les responsables du harcèlement les plus communs Les hommes et les subi du harcèlement de la part d’un contre des professeurs enseignant femmes, peu importe le collègue ou d’un pair ont affirmé poste qu’ils occupaient qu’il s’agissait plus souvent d’un au collège ou à l’université étaient dans leur établissement homme que d’une femme (77 % des collègues ou des pairs (43 %) ou d’enseignement, étaient par rapport à 28 %). Une tendance des étudiants à qui ils enseignaient généralement plus semblable a été observée chez ou qu’ils supervisaient (42 %) susceptibles de subir du les étudiants au doctorat et les (graphique 3). En général, il n’y avait harcèlement de la part d’un boursiers postdoctoraux qui ont pas de différence marquante entre les homme que d’une femme subi du harcèlement de la part d’un hommes et les femmes, à l’exception collègue36. des actes de harcèlement perpétrés En général, tant les hommes que les par des étudiants. Les professeures femmes, peu importe le poste qu’ils Chez les professeurs, les femmes présentaient une probabilité occupaient dans leur établissement ont subi significativement plus de significativement plus élevée de d’enseignement, étaient plus harcèlement de la part d’étudiants subir du harcèlement de la part susceptibles de subir du harcèlement que d’étudiantes (68 % par rapport des étudiants que les professeurs de la part d’un homme que d’une à 41 %). De même, il était beaucoup (46 % par rapport à 38 %). Bien femme (voir le tableau 2 en annexe). plus commun pour les professeurs qu’il ait été moins fréquemment Chez les étudiants au doctorat et de genre masculin de subir du déclaré, l’abus d’autorité était tout les boursiers postdoctoraux, les harcèlement de la part d’un étudiant de même un facteur dans les cas (67 %) que d’une étudiante (48 %). Graphique 3 Harcèlement des membres du corps professoral à l’université et au collège, selon la relation avec la personne responsable du harcèlement et le genre de la victime, 2019 Personne responsable du harcèlement Collègue ou pair Étudiant à qui j’enseigne ou que je supervise * Personne en situation d’autorité Autre membre du personnel de l’établissement d’enseignement Membre du public Inconnu Parent d’un étudiant Autre 0 10 20 30 40 50 60 70 pourcentage Total Femmes Hommes (réf.) * valeur significativement différente de l'estimation pour la catégorie de référence (p < 0,05) Note : Le dénominateur inclut seulement les personnes qui ont subi du harcèlement. Source : Statistique Canada, Enquête sur le corps professoral et les chercheurs du niveau postsecondaire, 2019. Statistique Canada — juillet 2021 Regards sur la société canadienne / 7
Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada Les professeurs et les professeures le harcèlement sexuel étaient plus personne au sein de l’établissement étaient aussi significativement plus souvent commis par un collègue ou d’enseignement ou en déposant une susceptibles de subir du harcèlement un pair37. plainte officielle. de la part de collègues et de pairs de Pour ce qui était des professeurs Dans l’ensemble, les victimes de genre masculin. de genre masculin, les collègues genre féminin avaient plus souvent Cependant, lorsque la personne et les pairs étaient plus souvent pris des mesures à la suite du responsable du harcèlement se responsables du harcèlement. harcèlement : 73 % des femmes trouvait en situation d’autorité, C’était également le cas pour la comparativement à 65 % des il n’y avait aucune différence violence verbale, les comportements hommes (graphique 4). Si les significative entre les professeurs humiliants et les menaces, mais femmes étaient généralement plus et les professeures et le genre les personnes se trouvant en susceptibles d’affirmer avoir pris de la personne responsable du situation d’autorité étaient tout aussi des mesures, certains types de harcèlement. susceptibles que les collègues d’être harcèlement étaient plus susceptibles la personne responsable. Lorsque le d’entraîner la confrontation de Les collègues et les pairs comportement atteignait le niveau de la personne responsable ou le étaient plus souvent l’attention sexuelle non sollicitée ou signalement du comportement. responsables de l’attention du harcèlement sexuel, les étudiants Les actes de violence physique sexuelle non sollicitée à étaient plus souvent les personnes entraînaient particulièrement l’égard des étudiants au responsables du harcèlement contre souvent des mesures; 94 % des doctorat et des boursiers les professeurs de genre masculin. femmes et 90 % des hommes en postdoctoraux Ce résultat appuie des constatations prenaient. Venaient ensuite les semblables faites aux États-Unis38. victimes de menaces (89 % des Pour la plupart des types de femmes et 78 % des hommes), harcèlement, les étudiants Les femmes étaient plus suivies des victimes de violence a u doctora t e t l e s bou r si e r s susceptibles de prendre des verbale (82 % des femmes et 74 % postdoctoraux des deux genres mesures contre la personne des hommes) et des comportements ont déclaré que les personnes se responsable du harcèlement, humiliants (74 % des femmes et trouvant en situation d’autorité à l’exception du harcèlement 63 % des hommes). étaient les personnes responsables sexuel La tendance des femmes à être du harcèlement, à l’exception notable de l’attention sexuelle non Les victimes de harcèlement ne plus portées à signaler un cas sollicitée et du harcèlement sexuel. prennent pas toujours des mesures disparaît lorsqu’il est question de Dans ces cas, les collègues ou les contre les personnes responsables l’attention sexuelle non sollicitée pairs étaient tout aussi susceptibles du harcèlement. Certaines victimes ou du harcèlement sexuel. Si la que les personnes se trouvant en peuvent vouloir prendre des majorité des victimes ont tout de situation d’autorité d’être identifiés mesures, mais décident de ne pas même pris des mesures à l’égard de comme les personnes responsables signaler le comportement pour ces types de harcèlement, il n’y avait de l’attention sexuelle non sollicitée différentes raisons, comme la pratiquement aucune différence et du harcèlement sexuel. crainte de représailles de la part de entre les genres : 71 % des femmes la personne responsable. Cela étant et 72 % des hommes. Chez les professeurs, les résultats dit, la majorité des femmes et des étaient beaucoup plus variés et Le fait de prendre des hommes victimes de harcèlement présentaient des différences selon mesures contre la personne en milieu de travail dans les le genre. Chez les professeures, responsable du harcèlement établissements d’enseignement les étudiants étaient les principales varie selon la relation et le postsecondaire ont pris des personnes responsables de la genre mesures, notamment en confrontant violence verbale et des menaces, la ou les personnes responsables tandis que les actes d’humiliation et Dans l’ensemble, le fait de prendre du harcèlement, en signalant le l’attention sexuelle non sollicitée ou des mesures contre la personne harcèlement à une personne ayant responsable du harcèlement était le pouvoir d’agir, en parlant à une plus fréquent lorsque cette dernière 8 / Regards sur la société canadienne juillet 2021 — Statistique Canada
Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada Graphique 4 Prise de mesures contre le harcèlement, selon le type de harcèlement et le genre de la victime, 2019 Type de harcèlement Tous les types * Comportement humiliant * Violence verbale * Menaces personnelles * Attention sexuelle non sollicitée ou harcèlement sexuel Violence physique 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 pourcentage Total Femmes Hommes (réf.) * valeur significativement différente de l'estimation pour la catégorie de référence (p < 0,05) Source : Statistique Canada, Enquête sur le corps professoral et les chercheurs du niveau postsecondaire, 2019. était le parent d’un étudiant. Dans femmes qui ont subi du harcèlement 66 % des hommes par rapport à ces cas-ci, près de 9 victimes de de la part d’une personne se 78 % des femmes qui ont subi du harcèlement sur 10 avaient pris trouvant en situation d’autorité ont harcèlement de la part d’une femme des mesures. À l’inverse, les actes pris des mesures, tandis que 59 % ont affirmé la même chose. Ainsi, il de harcèlement impliquant des des hommes ont affirmé la même semble que les femmes sont plus personnes se trouvant en situation chose. Pour les autres catégories susceptibles de prendre des mesures d’autorité ou des membres du de personnes responsables, aucune lorsqu’elles ont subi le harcèlement public étaient les moins susceptibles autre différence entre les genres d’une femme, tandis que les hommes d’entraîner des mesures de la part n’a été observée quant au fait de ont pris des mesures plus ou moins de la victime (66 % et 67 %). prendre des mesures contre la équivalentes, peu importe s’ils ont personne responsable. subi le harcèlement d’un homme ou On peut observer quelques d’une femme. différences entre les genres en ce qui Les résultats révèlent que le fait concerne la probabilité de prendre de prendre des mesures contre Des études plus approfondies sont des mesures selon la relation la personne responsable du nécessaires. Cependant, d’après entre la victime et la personne harcèlement dépend de la question les données issues de l’ECPCNP, responsable du harcèlement de savoir si cette personne était un les femmes qui enseignent, qui (graphique 5). Plus précisément, homme ou une femme (graphique 6). étudient ou qui mènent des activités environ 76 % des femmes qui ont Par exemple, 67 % des hommes de recherche dans les universités subi du harcèlement de la part d’un comparativement à 73 % des et les collèges canadiens sont collègue ou d’un pair ont pris des femmes qui ont subi du harcèlement généralement plus susceptibles que mesures, comparativement à 66 % de la part d’un homme ont affirmé les hommes de prendre des mesures des hommes. De même, 69 % des avoir pris des mesures. En revanche, lorsqu’elles ont subi du harcèlement. Statistique Canada — juillet 2021 Regards sur la société canadienne / 9
Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada Graphique 5 Prise de mesures contre le harcèlement, selon la relation avec la personne responsable du harcèlement et le genre de la victime, 2019 Personne responsable du harcèlement Parent d’un étudiant Étudiant à qui j’enseigne ou que je supervise Autre membre du personnel de l’établissement d’enseignement Collègue ou pair * Membre du public Personne en situation d’autorité * Autre Inconnu 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 pourcentage Total Femmes Hommes (réf.) * valeur significativement différente de l'estimation pour la catégorie de référence (p < 0,05) Note : Les catégories d’identité de la personne responsable ne s’excluent pas mutuellement. Les répondants peuvent avoir choisi plus d’une catégorie. Source : Statistique Canada, Enquête sur le corps professoral et les chercheurs du niveau postsecondaire, 2019. Graphique 6 Prise de mesures contre le harcèlement, selon le genre de la personne responsable du harcèlement et le genre de la victime, 2019 pourcentage 90 80 *† * 70 † 60 50 40 30 20 10 0 Hommes (réf.) Femmes La personne responsable était un homme La personne responsable était une femme * valeur significativement différente de l'estimation pour la catégorie de référence (p < 0,05) † différence significative entre les genres pour la personne responsable du harcèlement au niveau 0,05 Source : Statistique Canada, Enquête sur le corps professoral et les chercheurs du niveau postsecondaire, 2019. 10 / Regards sur la société canadienne juillet 2021 — Statistique Canada
Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada Expérience de la discrimination Les femmes étaient plus susceptibles d’avoir été traitées injustement ou d’avoir subi de la discrimination La discrimination et le harcèlement en milieu de travail sont étroitement liés. Certaines personnes ont avancé que les comportements discriminatoires peuvent se manifester dans certains types de harcèlement, ce qui peut rendre plus difficile le fait de qualifier le comportement de discriminatoire. Par exemple, en ce qui concerne le genre, une femme peut subir de la violence verbale au travail, mais le motif à l’origine du harcèlement peut être lié à la discrimination fondée sur le genre d’une personne39. Dans le contexte actuel, on mesure la discrimination en demandant aux répondants si, au cours des 12 derniers mois, ils ont été traités injustement ou ont fait l’objet de discrimination dans le poste qu’ils occupaient en raison de leur genre, de leur race, de leur âge, de leur apparence physique, de leur religion, de leur orientation sexuelle, de leurs capacités ou pour toute autre raison. En 2019, les deux motifs de discrimination les plus fréquemment déclarés par les femmes étaient le sexe (12 %) et l’âge (7 %), tandis que chez les hommes, les plus fréquents étaient la race ou la couleur de la peau, l’appartenance ethnique ou culturelle et l’âge (3 % chacun) (graphique 1 de l’encadré). En général, les femmes ont été traitées injustement ou ont subi de la discrimination au cours de l’année précédente à un taux qui était près du double du taux observé chez les hommes (20 % comparativement à 11 %). Cette tendance est semblable à celle observée dans le cas du harcèlement et s’observait généralement pour toutes les formes de discrimination. Plus précisément, les femmes ont déclaré des niveaux de discrimination significativement plus élevés que les hommes fondée sur le sexe, l’identité de genre, l’incapacité, l’apparence physique, l’âge et le fait de s’identifier comme parent; les différences les plus importantes étaient liées à l’âge, au sexe et au fait de s’identifier comme parent40. Des études antérieures sur les responsabilités parentales chez les membres du corps professoral et sur leur avancement professionnel ont révélé que les mères au sein du corps professoral affichaient des taux d’occupation plus faibles d’un poste permanent et étaient plus susceptibles d’être dans une situation contractuelle à temps partiel que les hommes et les femmes sans enfant 41. Si les constatations liées au rôle parental chez les femmes et à l’avancement professionnel pouvaient ne pas correspondre exactement à la question d’être traité injustement et de subir de la discrimination, des analyses supplémentaires ont révélé une forte association entre les femmes qui ont pris un congé parental depuis leur première nomination comme membre du corps professoral et la probabilité d’avoir été traitée injustement ou d’avoir subi de la discrimination en raison de leur identité en tant que parent42. Graphique 1 de l’encadré Proportion des membres du corps professoral à l’université et au collège, des étudiants au doctorat et des boursiers postdoctoraux qui ont subi de la discrimination au cours de l’année précédente, selon la raison de la discrimination et le genre de la victime, 2019 Raison de la discrimination Toute raison * Sexe * Âge * Race ou couleur de la peau Appartenance ethnique ou culturelle Autre * Nationalité ou statut d’immigrant Identité en tant que parent * Langue Apparence physique * Religion Incapacité * Identité de genre * Orientation sexuelle 0 5 10 15 20 25 pourcentage Total Femmes Hommes (réf.) * valeur significativement différente de l'estimation pour la catégorie de référence (p < 0,05) Source : Statistique Canada, Enquête sur le corps professoral et les chercheurs du niveau postsecondaire, 2019. Statistique Canada — juillet 2021 Regards sur la société canadienne / 11
Le harcèlement et la discrimination chez le corps professoral et les chercheurs des établissements postsecondaires du Canada Expérience de la discrimination Les niveaux de discrimination étaient relativement semblables chez les femmes et chez les hommes dans le cas de la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, la religion, la langue, la nationalité ou le statut d’immigrant, l’appartenance ethnique ou culturelle et la race ou la couleur de la peau. Cependant, dans l’ensemble, les différences entre les genres au chapitre de la discrimination demeurent même après la prise en compte d’un large éventail de caractéristiques, comme l’âge, l’orientation sexuelle, l’incapacité et le poste occupé. Autrement dit, la discrimination chez les femmes demeure environ deux fois plus fréquente que chez les hommes (20 % par rapport à 11 %) (voir le tableau 8 en annexe). La discrimination est plus importante chez les minorités sexuelles et divers groupes ethnoculturels Les cas de discrimination dans les différents milieux de travail canadiens sont souvent plus nombreux chez certaines populations, peu importe le genre. Cela comprend les personnes ayant une incapacité 43, les populations transgenres et de diverses identités de genre 44, la population autochtone 45, les minorités sexuelles 46 et les groupes de population désignés comme minorités visibles47,48. Ces populations étaient également plus susceptibles de subir de la discrimination dans le monde universitaire (voir le tableau 5 en annexe). Comme dans le cas du harcèlement, l’une des plus grandes différences a été observée entre les personnes ayant une incapacité et les personnes sans incapacité; les taux de discrimination étaient près de 2,5 fois plus élevés chez les membres du corps professoral et les chercheurs ayant une incapacité (34 %) que chez ceux sans incapacité (14 %). Des différences semblables ont été observées entre la population transgenre et de diverses identités de genre et la population cisgenre. Près de 40 % des membres du personnel enseignant et des chercheurs transgenres et de diverses identités de genre ont affirmé avoir été traités injustement ou avoir subi de la discrimination au cours de l’année précédente, comparativement à 15 % de ceux qui étaient cisgenres. Les taux étaient également plus élevés chez les membres du personnel enseignant et les chercheurs autochtones; 28 % d’entre eux ont déclaré un certain type de discrimination. C’était le cas de 15 % des membres du personnel enseignant et des chercheurs non autochtones. Chez les personnes appartenant à un groupe de minorité visible, 21 % ont déclaré avoir subi de la discrimination au cours de l’année précédente, comparativement à 14 % des membres du personnel et des chercheurs n’appartenant pas à une minorité visible. Cette différence met en contraste la similitude des taux de harcèlement observés chez les membres du personnel enseignant et les chercheurs des groupes de minorités visibles et chez ceux n’appartenant pas à une minorité visible. Le fait de s’identifier comme étant gai ou lesbienne présentait aussi un risque plus élevé. La proportion des hommes gais ou des femmes lesbiennes (22 %) qui ont subi de la discrimination était 1,5 fois plus grande que celle observée chez leurs homologues hétérosexuels (14 %). Les femmes bisexuelles ou pansexuelles et les femmes dont l’orientation sexuelle était non classée ailleurs étaient plus susceptibles d’avoir subi de la discrimination que les femmes hétérosexuelles. La tendance du risque chez les hommes et les femmes variait quelque peu selon certaines caractéristiques. Par exemple, les hommes transgenres ont déclaré significativement plus de discrimination au cours de l’année précédente (44 %) que les hommes cisgenres (11 %). Cette constatation n’a pas été observée chez les femmes. Les types les plus fréquents de traitement injuste varient entre les hommes et les femmes Les cas de traitement injuste ou de discrimination comprennent également le fait d’être ignoré par les autres, de se voir confier du travail moins stimulant ou moins intéressant, de recevoir une mauvaise évaluation de rendement ou de se voir refuser une promotion. Ces formes de comportement sont particulièrement préoccupantes, étant donné que la plupart des pays du monde, y compris le Canada, offrent une protection juridique contre la discrimination fondée sur le genre à l’égard des promotions49. En général, parmi les personnes qui ont déclaré avoir été traitées injustement ou avoir subi de la discrimination au cours de l’année précédente, les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de déclarer s’être vu confier trop de travail (27 % par rapport à 16 %) (graphique 2 de l’encadré). Les hommes, quant à eux, étaient plus susceptibles que les femmes de déclarer s’être vu refuser une promotion ou une formation (25 % par rapport à 19 %). Tant chez les hommes que chez les femmes, le type de discrimination le plus commun était de se faire sentir mal à l’aise : 58 % des femmes et 51 % des hommes ont déclaré ce type de discrimination. Au deuxième rang en ce qui concerne les types de discrimination les plus fréquemment déclarés était le fait d’être ignoré par les autres : près de 40 % des hommes et des femmes ont affirmé avoir subi ce motif de discrimination au cours de l’année précédente. 12 / Regards sur la société canadienne juillet 2021 — Statistique Canada
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