ETAT DES LIEUX DES ESPECES FAUNISTIQUES PRIORITAIRES POUR L'ACTION PUBLIQUE DANS LES DROM - (Départements-régions d'outre-mer) - INPN
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ETAT DES LIEUX DES ESPECES FAUNISTIQUES PRIORITAIRES POUR L’ACTION PUBLIQUE DANS LES DROM (Départements-régions d’outre-mer) L. TERRIGEOL, G. GIGOT Mai 2019
Nom du programme : Plans nationaux d’action. Nom du projet : Etat des lieux des espèces faunistiques indigènes prioritaires pour l’action publique dans les Départements-régions d’outre-mer. Chargée de mission : Lauren Terrigeol (UMS PatriNat) Coordination : Laurence Giuliani (Ministère chargé de l’environnement), Guillaume Gigot (UMS PatriNat) Contributeurs : B. Galdi, L. Mélina et F. Barthelat (DEAL Guadeloupe), F. Meurgey (Muséum d’histoire naturelle de Nantes), G. Leblond (BIOS Environnement) ; J. Chalifour (Réserve naturelle de Saint-Martin) ; J. Gresser, E. Sutter, C. Courty (DEAL Martinique), C. Delnatte (Office national des forêts de Martinique), J. Mailles (Direction départementale des territoires de Tarn-et-Garonne) ; H. Delvaux, A. Hervouet, C. Guyon, C. Hugret et P. Zlotykamien (DEAL Guyane), A. Bordin (GEPOG/Réserve naturelle Ile du Grand- Connétable), M. Dewynter (indépendant) ; M. Lamalfa-Diaz, P. Bouvais, G. Decalf et A. Rouille (DEAL Mayotte) ; M. Saliman, A. Bonnefoy, P. Benon, P. Talec et I. Bracco (DEAL Réunion) ; C. Quetel, A. Chaigne et A.G. Verdier (Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises), M. Amy et T. Thellier (Terres australes et antarctiques françaises) ; F. Lepareur et J. Touroult (UMS PatriNat) ; O. Patrimonio, J.M. Roux-Fouillet et F. Expert (Ministère chargé de l’environnement). Référence du rapport conseillé : TERRIGEOL, L., GIGOT, G. 2019. Etat des lieux des espèces faunistiques prioritaires pour l’action publique dans les Départements-régions d’outre-mer (Drom) - Rapport de synthèse. UMS PatriNat, AFB/CNRS/MNHN., 29 p. Nous remercions chaleureusement les nombreux contributeurs pour leur temps et leur expertise tout au long de cette étude.
L’UMS Patrimoine naturel - PatriNat Centre d’expertise et de données sur la nature Depuis janvier 2017, l'Unité Mixte de Service 2006 Patrimoine naturel assure des missions d’expertise et de gestion des connaissances pour ses trois tutelles, que sont le Muséum national d’Histoire naturelle, l’Agence française pour la biodiversité et le CNRS. Son objectif est de fournir une expertise fondée sur la collecte et l’analyse de données de la biodiversité et de la géodiversité, et sur la maitrise et l’apport de nouvelles connaissances en écologie, sciences de l'évolution et anthropologie. Cette expertise, fondée sur une approche scientifique, doit contribuer à faire émerger les questions et à proposer les réponses permettant d’améliorer les politiques publiques portant sur la biodiversité, la géodiversité et leurs relations avec les sociétés et les humains. En savoir plus : patrinat.fr Directeur : Jean-Philippe SIBLET Directeur adjoint en charge du centre de données : Laurent PONCET Directeur adjoint en charge des rapportages et de la valorisation : Julien TOUROULT Inventaire National du Patrimoine Naturel Porté par l’UMS Patrimoine naturel, cet inventaire est l'aboutissement d'une démarche qui associe scientifiques, collectivités territoriales, naturalistes et associations de protection de la nature en vue d'établir une synthèse sur le patrimoine naturel en France. Les données fournies par les partenaires sont organisées, gérées, validées et diffusées par le MNHN. Ce système est un dispositif clé du SINP et de l'Observatoire National de la Biodiversité. Afin de gérer cette importante source d'informations, le Muséum a construit une base de données permettant d'unifier les données à l’aide de référentiels taxonomiques, géographiques et administratifs. Il est ainsi possible d'accéder à des listes d'espèces par commune, par espace protégé ou par maille de 10x10 km. Grâce à ces systèmes de référence, il est possible de produire des synthèses, quelle que soit la source d'information. Ce système d'information permet de consolider des informations qui étaient jusqu'à présent dispersées. Il concerne la métropole et l'outre-mer, aussi bien la partie terrestre que marine. C’est une contribution majeure pour la connaissance naturaliste, l'expertise, la recherche en macroécologie et l'élaboration de stratégies de conservation efficaces du patrimoine naturel. En savoir plus : inpn.mnhn.fr
Sommaire CONTEXTE DE L’ETUDE ............................................................................................................................................................ 5 DEMARCHE POUR LA HIERARCHISATION ........................................................................................................................ 7 Données utilisées pour l’établissement des listes de référence ..................................................................................................... 9 Contenu des synthèses par territoire ................................................................................................................................................. 9 GUADELOUPE ............................................................................................................................................................................... 13 Recommandations pour la Guadeloupe ......................................................................................................................................... 14 SAINT-MARTIN .............................................................................................................................................................................. 17 Recommandations pour Saint-Martin............................................................................................................................................. 18 MARTINIQUE.................................................................................................................................................................................. 19 Recommandations pour la Martinique ........................................................................................................................................... 20 GUYANE ........................................................................................................................................................................................... 23 Recommandations pour la Guyane ................................................................................................................................................. 24 MAYOTTE......................................................................................................................................................................................... 27 Recommandations pour Mayotte .................................................................................................................................................... 28 LA REUNION................................................................................................................................................................................... 31 Recommandations pour La Réunion .............................................................................................................................................. 32 TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES............................................................................................. 33 Recommandations pour les TAAF ................................................................................................................................................. 34 ANNEXE 1 : Espèces ou groupes d’espèces requérant une fiche diagnostic afin de dégager les priorités d’intervention notamment en matière de PNA ....................................................................................................................................................... 36 ANNEXE 2 : Espèces prioritaires pour l’action publique .......................................................................................................... 42 RESUME............................................................................................................................................................................................. 43
CONTEXTE DE L’ETUDE La Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) est la concrétisation de l’engagement français au titre de la Convention sur la diversité biologique de Rio (CBD, 1992). Cette stratégie nationale contribue plus particulièrement aux vingt objectifs d’Aïchi du plan stratégique 2011-2020 de la CBD. La mise en œuvre de Plans nationaux d’action (PNA) répond, entre autres, aux directives européennes « Nature » et à l’objectif 12 d’Aïchi : « D’ici à 2020, l’extinction d’espèces menacées connues est évitée et leur état de conservation, en particulier de celles qui tombent le plus en déclin, est amélioré et maintenu ». Les PNA constituent un outil à mettre en œuvre pour atteindre l’état de conservation favorable des espèces sauvages (situation où l’espèce considérée se maintient de manière pérenne et viable sur le long terme dans les habitats naturels qu’elle occupe). Ils permettent de mobiliser un maximum de leviers afin de conduire une démarche de protection et de restauration, en se fondant sur la mise en réseau et en synergie des acteurs qui ont les moyens d’agir. Dans le cadre de la refonte de l’outil PNA, l’UMS PatriNat assure une mission d’appui scientifique à la Direction de l’eau et de la biodiversité (DEB), au sein du Ministère chargé de l’environnement. La mission d’évaluation des PNA menée par le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD, 20141) a recommandé l’établissement d’un référentiel méthodologique national permettant d’identifier les priorités d’intervention. L’UMS PatriNat, avec l’appui de plusieurs contributeurs et experts, a proposé en 20132 une « démarche socle aux outils de conservation afin d’avoir un système de notation commun à l’ensemble des espèces et indépendant des différents programmes de conservation existants » (Savouré-Soubelet, 20153). La méthode employée a permis d’aboutir en 2015 à l’établissement d’une liste d’espèces prioritaires pour l’action publique en métropole, réactualisée fin 20174. En complément de cette démarche, la présente étude vise à déterminer les espèces animales menacées et qui justifient d’une action publique dans les Départements-régions d’outre-mer (Drom) suivants : - Guadeloupe - Saint-Martin - Martinique - Guyane - Mayotte - La Réunion - Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) L’état des lieux présenté ici résulte d’une enquête réalisée auprès des Directions de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) des territoires concernés. Même si la Liste rouge nationale représente un état des lieux de référence, la démarche ici proposée tient compte, autant que possible, des enjeux et de la faisabilité des actions de conservation mais aussi des engagements de la France par son adhésion aux conventions internationales en faveur de la biodiversité dans les régions biogéographiques concernées. De plus, des recommandations sont émises sur l’identification d’espèces faunistiques qui pourraient faire l’objet de PNA. Cela répond à l’urgence de conservation de certains taxons n’ayant pas encore fait l’objet d’une évaluation selon la méthode Liste rouge de l’UICN5. 1 Challeat, M., Lavarde, P. (CGEDE). 2014. Les plans nationaux d’action en faveur des espèces menacées : une politique à refonder. Rapport n°009290‑01. Ministère de la Transition écologique et solidaire. 124 p. 2 Savouré-Soubelet, A. 2013. Evolution des PNA : éléments méthodologiques. Proposition d’un protocole d’établissement d’une liste d’espèces prioritaires. Muséum national d’histoire naturelle - Service du Patrimoine naturel. 79 p. 3 Savouré-Soubelet, A. 2015. Liste hiérarchisée d’espèces pour la conservation en France. Espèces prioritaires pour l’action publique. V1.1 Muséum national d’histoire naturelle - Service du Patrimoine naturel. 22 p. 4 Savouré-Soubelet A. & Meyer S. 2018. Liste hiérarchisée d’espèces pour la conservation en France. Espèces prioritaires pour l’action publique. V2. Mise à jour 2017. UMS 2006 PatriNat. 21 p. 5 Note ministériel du 9 mai 2017 relative à la mise en œuvre des plans nationaux d’action prévus à l’article L. 411-3 du code de l’environnement. Ministère de la Transition écologique et solidaire. 22 p. 5
Le cas particulier des espèces endémiques évaluées EN (en danger) ou CR (en danger critique) dans la Liste rouge nationale des espèces menacées est pris en compte car ces espèces doivent faire l’objet de « plans nationaux d’action opérationnels » d’ici 2020, d’après la Loi 2016-1087 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. Toutes les espèces prioritaires pour l’action publique ne justifient pas de la mise en œuvre d’un PNA. Ainsi, les espèces animales identifiées ici doivent d’abord faire l’objet d’une analyse plus détaillée – une démarche diagnostique - afin de déterminer les outils les plus pertinents à mobiliser, parmi lesquels les PNA (ANNEXE 1). L’analyse diagnostique caractérise la situation d’une espèce ou d’un groupe d’espèces, évalue si le niveau de connaissances est suffisant et si les actions types d’un PNA sont pertinentes au regard des menaces identifiées, pour pouvoir agir concrètement et efficacement. De plus, si ce n’est pas déjà le cas, il faut prévoir l’inscription des espèces concernées sur la liste des espèces protégées, action préalable à la décision de mise en œuvre d’un PNA d’après l’article L.411-3 du Code de l’environnement. En effet, d’après la Note ministérielle du 9 mai 2017, il pourra être décidé de mettre en œuvre des PNA pour certaines espèces menacées non encore protégées au sens des articles L. 411-1 et L. 411-2 du Code de l’environnement mais dans ce cas, « l’action initiale de protection consistera à inscrire ces espèces sur la liste des espèces protégées, avant la mise en œuvre effective du PNA en leur faveur ». Figure 1 : Démarche d’élaboration de la liste des espèces faunistiques prioritaires pour l’action publique dans les Drom (2019) 6
DEMARCHE POUR LA HIERARCHISATION La méthode de hiérarchisation établie pour la métropole (Savouré-Soubelet, 2013 et 2015) attribue une note par espèce, à partir des quatre critères suivants : la vulnérabilité (sur la base du statut Liste rouge nationale), la responsabilité patrimoniale, l’originalité taxonomique et la tendance historique des populations (Figure 2). Les espèces avec un score supérieur à un seuil prédéfini (6 points dans le cas présent) sont considérées « prioritaires pour l’action publique ». Figure 2 : Schéma synthétique de la méthode de hiérarchisation des espèces de métropole selon Savouré-Soubelet (2013 et 2015) Cette méthode a été testée seulement sur les espèces de métropole. Dans le cadre de l’exercice de hiérarchisation pour l’outre-mer, nous avons dans un premier temps appliqué cette méthode aux groupes taxonomiques disposant début 2018 d’une évaluation dans la Liste rouge nationale ; sachant qu’il y a une grande disparité dans les groupes taxonomiques évalués en fonction des territoires ultra-marins. Pour l’ensemble des espèces testées à ce titre, en plus du critère d’évaluation de la vulnérabilité, seule la responsabilité patrimoniale a pu être renseignée et le calcul de l’originalité taxonomique n’a donné aucun point supplémentaire. Quant à la tendance historique des populations (par rapport à 1950), le manque de données ne permettait pas de la renseigner avec précision. Par conséquent, ces deux derniers critères n’ont pas été utilisés pour la suite de l’exercice et la valeur seuil du score total a été fixée à 4, les espèces prioritaires étant donc celles qui ont un score supérieur ou égal à 4. Dans un second temps, ces espèces prioritaires ont été comparées aux listes d’espèces déterminantes Znieff. Les incohérences détectées, soumises aux DEAL, ont montré que le dispositif Znieff était autant, voire plus fiable que la méthode de hiérarchisation testée en première approche, et pouvait être une bonne alternative en 7
l’absence d’évaluations dans la Liste rouge nationale. Cependant, il y a là aussi une grande disparité entre les groupes taxonomiques inventoriés dans le cadre du dispositif Znieff en fonction des territoires. Par conséquent, au lieu d’utiliser la méthode de Savouré-Soubelet pour mettre en avant les principaux enjeux de conservation en outre-mer, nous nous sommes orientés vers une analyse basée sur l’expertise régionale et les listes d’espèces hiérarchisées préexistantes. Afin d’obtenir un panel représentatif de la biodiversité, considérant un ensemble le plus large possible de groupes taxonomiques, voici les sources de données consultées (Figure 3) : - Listes rouges nationale (et pré-évaluations en cours, si disponibles), régionale et mondiale - Listes d’espèces endémiques et subendémiques d’après le référentiel taxonomique national TaxRef - Listes d’espèces déterminantes Znieff (Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique) - Listes d’espèces déterminantes d’après les profils d’écosystèmes régionaux BEST (Biodiversité et services écosystémiques dans les territoires) de l’Outre-mer européen - Liste d’espèces d’intérêt éco-régional d’après le Réseau écologique des départements d’outre-mer (REDOM) - Liste d’espèces remarquables d’après le Plan de gestion du Parc naturel marin (PNM) de Mayotte - Listes d’espèces en annexes II et III du Protocole SPAW (Specially protected areas and wildlife protocol) révisées en 2017 - Listes d’espèces en annexes I et II de la Convention de Bonn sur la conservation des espèces migratrices (CMS) révisées en 2017 Figure 3 : Schéma récapitulatif de la démarche sur les espèces animales prioritaires menant à des recommandations pour un PNA dans les Drom (2019) 8
Cette démarche a permis d’établir une Liste d’espèces animales prioritaires pour l’action publique en outre-mer (ANNEXE 2). Sur la base de cette liste, plusieurs filtres ont été appliqués (appréciation du niveau de menace, degré d’urgence des actions à mener, responsabilité patrimoniale de la France, plus-value de l’outil PNA) en concertation avec les DEAL, pour proposer une série d’espèces à fort enjeu et prioritaires pour un plan national d’action (ANNEXE 1). Il est « nécessaire d’opérer des regroupements d’espèces pour des questions de faisabilité au regard du grand nombre d’espèces potentielles à prendre en compte […] A partir d’une analyse qui doit toujours partir des espèces, différents regroupements peuvent être envisagés suivant la taxonomie, l’habitat, les fonctions écologiques ou les types de menaces » (Challeat et Lavarde, 20141). Sur la base de ces préconisations, des regroupements sont suggérés dans les recommandations ci-après, établis en concertation avec l’expertise locale. Données utilisées pour l’établissement des listes de référence L’INPN est l’inventaire national du patrimoine naturel, « mis en place afin d’assurer de manière standardisée la restitution de données de synthèses nécessaires à l’expertise, à l’élaboration de stratégies de conservation et à la diffusion […] de rapports nationaux […] sur le patrimoine naturel français ». Le site de l’INPN est la plateforme nationale du Système d’information sur la nature et les paysages (SINP) qui organise les échanges de données sur la biodiversité entre acteurs. Et c’est dans le cadre du SINP que l’UMS PatriNat élabore et diffuse le référentiel taxonomique national TAXREF2. La version 12 de TAXREF a été utilisée pour cet exercice sur la faune des DROM et seuls les noms de référence ont été pris en compte (cf. Guide méthodologie TAXREF3). Les espèces indigènes correspondent aux statuts biogéographiques P (présent), N (natif), S (sub-endémique) et E (endémique). Les espèces quasi menacées (statut NT) ont volontairement été inclues dans l’exercice en première approche car elles peuvent présenter des enjeux intéressants et des situations écologiques pour lesquelles il est encore temps d’agir avant que leur situation ne soit trop dégradée. C’est complémentaire avec le cadre de la loi 2016- 1087 qui vise la mise en place de PNA pour les espèces CR/EN endémiques, et donc focalisée sur une vision d’urgence de la conservation de la biodiversité. Contenu des synthèses par territoire Dans ce document, une double-page est consacrée à chacun des Départements-Régions d’Outre-mer suivants : Guadeloupe, Saint-Martin, Martinique, Guyane, Mayotte, La Réunion et les TAAF. La première page fait la synthèse des listes d’espèces faunistiques de référence (Liste rouge nationale, protection règlementaire, dispositif Znieff) et des exercices de hiérarchisation menés localement. Les espèces sont dénombrées par territoire, par milieu de vie et par groupe taxonomique. Des espèces peuvent être comptabilisées à la fois dans le domaine terrestre et le domaine marin. En effet, la faune marine est affiliée aux habitats 1 (marin), 4 (marin et eau douce), 5 (marin et terrestre) et 6 (eau saumâtre) selon TAXREF. La faune terrestre se trouve dans les habitats 2 (eau douce), 3 (terrestre), 4, 5, 7 (continental : terrestre et/ou eaux douce) et 8 (continental : terrestre et eau douce) dans TAXREF. Enfin, les espèces menacées sont celles qui ont un statut VU (Vulnérable), EN ou CR dans les Listes rouges nationales (Figure 4). A noter, le nom scientifique de l’espèce fait ici office de référence par rapport au nom vernaculaire. Pour chaque Drom, un tableau récapitulatif présente le Degré de complétude de TAXREF (complétude par rapport à l’état de la science, basée sur des publications scientifiques) pour chaque groupe taxonomique 1 Challeat M., Lavarde P. 2014. Les plans nationaux d’action en faveur des espèces menacées. Une politique à refonder. Rapport CGEDD n° 009290-01. 119 p. 2 Gargominy et al. 2018. TAXREF v12, référentiel taxonomique pour la France. Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. https://inpn.mnhn.fr/programme/referentiel-taxonomique-taxref 3 Gargominy et al. 2018. TAXREF v12, référentiel taxonomique pour la France : méthodologie, mise en œuvre et diffusion. Muséum national d’Histoire naturelle, Paris. Rapport Patrinat 2018-117. 156 p. 9
selon la logique suivante : - ● Vert : TAXREF recense plus de 75% des taxons estimés connus pour ce groupe et ce territoire - ● Jaune : entre 50 et 75% - ● Orange : entre 25 et 50% - ● Rouge : moins de 25% Ce degré de complétude ne prend pas en compte le besoin de description. « Il s’agit d’une estimation non calculée, proposée ici pour simple valeur indicative » (Gargominy et al., 2018). La deuxième page propose des recommandations pour l’analyse diagnostique, c’est-à-dire des espèces animales prioritaires pour l’action publique pour lesquelles un PNA semble être l’outil nécessaire et approprié. En complément d’information, les PNA et les Plans régionaux d’action (PRA) en cours ou prévus pour ces territoires sont listés. Note : Un PNA peut se décliner à l’échelle régionale, mais diffère d’un PRA (ou Plan directeur de conservation) qui est directement établi au niveau local et souvent ne bénéficie pas d’appui direct de l’Etat. 1, 2 Figure 4 : Rappel des catégories de menaces de la Liste rouge dans le cadre d’application régionale (d’après UICN, 2012 ) 1 UICN. 2012. Catégories et Critères de la Liste rouge de l’UICN : Version 3.1. Deuxième édition. Gland, Suisse et Cambridge, Royaume-Uni : UICN. Vi + 32 p. 2 UICN. 2012. Lignes directrices pour l’application des Critères de la Liste rouge de l’UICN aux niveaux régional et national : Version 4.0. Gland, Suisse et Cambridge, Royaume-Uni : UICN. Iv + 44 p. 10
Tableau 1 : Synthèse par territoire des espèces animales recensées et prioritaires pour une analyse diagnostique en vue d’un PNA Espèces endémiques Fiches diagnostic TERRITOIRES Faune Faune Espèces évaluées CR ou EN recommandées PNA en cours D’OUTRE- indigène endémique prioritaires pour sur la Liste rouge (nombre d’espèces ou prévus MER recensée recensée l’action publique nationale concernées) 6615 637 19 fiches - 127 espèces 2 PNA espèces espèces (+ de 59 espèces) Guadeloupe 1518 9 fiches Idem 5 espèces - 75 espèces espèces (+ de 34 espèces) Guadeloupe Saint-Martin 3670 127 17 fiches - 107 espèces 2 PNA espèces espèces (51 espèces) Martinique 20'375 688 11 fiches 5 espèces 139 espèces 1 PNA espèces espèces (18 espèces) Guyane 4044 143 14 fiches 1 espèce + de 136 espèces 4 PNA espèces espèces (45 espèces) Mayotte 7141 809 11 fiches 10 espèces 107 espèces 5 PNA La Réunion espèces espèces (32 espèces) 4432 156 5 fiches - 108 espèces 2 PNA espèces espèces (24 espèces) TAAF 86 fiches TOTAL 2565 esp. 16 esp. 16 PNA (+ de 263 espèces) Grand-Etang, La Réunion ©J. Lacoste 11
Geonoma pinnatifrons ©César Delnatte - ONF Martinique 12
GUADELOUPE Terrestre / Eau douce (3423 espèces) Marin (3284 espèces) Evaluations dans la Liste Rouge Nationale (2012) Evaluations dans la Liste Rouge Nationale (2012) Oiseaux nicheurs (terrestres et marins) : 81 espèces Oiseaux nicheurs (terrestres et marins) : 81 esp. (dont 27 (dont 27 menacées) menacées) Oiseaux non nicheurs (terrestres et marins) : 91 esp. Oiseaux non nicheurs (terrestres et marins) : 91 esp. (dont 5 menacées) (dont 5 menacées) Espèces protégées par Arrêtés ministériels Espèces protégées par Arrêtés ministériels (à Mammifères (2018) : 14 esp. l’échelle nationale) Mammifères (2011) : 76 esp. (22 présentes localement) Espèces proposées à la protection par Arrêtés Tortues marines (2005) : 6 esp. Insectes (avis n°2018-06) : 2 esp. Coraux (2017) : 16 esp. (sur les 57 espèces côtières Reptiles et Amphibiens (avis n°2016-02) : 23 esp. présentes localement) Oiseaux (avis n°2016-02/2016-08) : 242 esp. Znieff (2018) Insectes : 74 esp. et sous-espèces déterminantes Oiseaux : 50 esp. et ssp. déterminantes Mammifères : 13 esp. déterminantes Reptiles et Amphibiens : 8 esp. déterminantes Proposition d’une liste d’espèces à fort enjeu (DEAL Guadeloupe, février 2018 – version provisoire) Megaceryle torquata ©R. Jantot Liste rouge nationale Znieff Protection Degré de complétude de TAXREF Oiseaux 2012 2018 1989 - Révision prévue Terrestre / Eau douce Mammifères 2018 2018 Herpétofaune 2018 1989 - Révision prévue Poissons Insectes 2018 2007 - Révision prévue Arachnides Crustacés Mollusques Oiseaux 2012 Mammifères 2011 Poissons Marin Cnidaires 2017 Mollusques Bivalves, Céphalopodes, Gastéropodes Autres Echinodermes Crustacés Reptiles 2005 13
Recommandations pour la Guadeloupe Les principaux enjeux de conservation dans l’île de la Guadeloupe sont l’avifaune terrestre, l’herpétofaune et les insectes. Le taux d’endémisme en Guadeloupe est très marqué chez les vertébrés, en particulier chez les reptiles et amphibiens qui se distinguent par ailleurs de tous les autres groupes faunistiques de l’archipel par la vulnérabilité de leur population. Aussi, la Guadeloupe est riche de plus de 3000 espèces d'insectes dont environ un tiers est constitué d'espèces endémiques strictes. La pollinisation et la saproxylophagie sont deux grandes fonctions à préserver, essentielles dans les îles. Sur la base de la méthode explicitée au début de ce document, voici les espèces à enjeu de conservation fort qui requièrent une analyse diagnostique. Note : les évaluations indiquées ci-après correspondent par défaut aux statuts de la Liste rouge nationale. La mention « menacé(e) » fait référence à du dire d’expert. Concernant la faune terrestre : - Avec ses quatorze espèces de chauves-souris, la Guadeloupe possède la plus grande diversité spécifique des Petites Antilles. Les chiroptères sont les dernières espèces de mammifères terrestres autochtones de Guadeloupe et Martinique. La Sérotine de la Guadeloupe (Eptesicus guadeloupensis) est endémique et a été évaluée EN sur la Liste rouge mondiale. De nombreuses autres espèces sont endémiques des Petites Antilles, et menacées. Sachant que les grands types de menaces et d’actions à mettre en place pour les Chiroptères des Antilles françaises sont similaires aux espèces de métropole, une éventuelle déclinaison du PNA Chiroptères actuellement en œuvre en métropole parait pertinente. - Ces oiseaux forestiers, respectivement endémique de Guadeloupe ou des Petites Antilles pourraient être regroupés dans un plan d’action « Oiseaux forestiers » (à élargir aux Antilles françaises) : Pic de la Guadeloupe (Melanerpes herminieri) évalué NT, Tyran janeaut (Myiarchus oberi) évalué VU, Gobe-mouches (Contopus latirostris) évalué NT. Ils sont menacés principalement par la destruction de l’habitat. - Deux espèces d’oiseaux endémiques des Caraïbes sont prioritaires pour l’action publique mais ne peuvent aujourd’hui faire l’objet d’un PNA en raison de leur caractère chassable : le Pigeon à couronne blanche (Patagioenas leucocephala) évalué EN, et la Grive à pieds jaunes (Turdus lherminieri) évaluée VU. La mise en œuvre d’un Plan national de gestion est à étudier. De plus, la Grive à pieds jaunes pourrait s’ajouter au regroupement « Oiseaux forestiers ». - La sous-espèce stictipennis (endémique des Petites Antilles) du Martin-pêcheur à ventre roux (Megaceryle torquata) a été évaluée CR. La petite population présente est menacée par les impacts touchant les rivières et zones humides. Selon plusieurs experts, il s'agirait de l’espèce d’oiseau de Guadeloupe qui présente les risques d’extinction locale les plus élevés à court terme. - Les Scinques sont des lézards endémiques sérieusement menacés. Un plan d’action pourrait prendre en compte à la fois la famille des Scincidés (même les taxons présumés éteints) ainsi que le Sphérodactyle des Saintes (Sphaerodactylus phyzacinus), gecko endémique menacé qui subit dans l’Archipel des Saintes les mêmes pressions que les Scinques : perte d’habitat (érosion des sous-bois et de la litière par les chèvres), prédation par les carnivores introduits. - La Couleuvre de Julia (Erythrolamprus juliae) est endémique des Petites Antilles, et la Couleuvre des Saintes (Alsophis sanctonum) et la Couleuvre antillaise (Alsophis antillensis) sont endémiques de Guadeloupe. Elles sont sérieusement menacées par la perte d’habitat, la prédation par les espèces invasives et la persécution humaine. Ce sont trois des quatre espèces de serpents de l’archipel guadeloupéen. - Les Eleuthérodactyles Eleutherodactylus barlagnei et Eleutherodactylus pinchoni sont des grenouilles endémiques menacés (évaluées EN sur la Liste rouge mondiale) par la destruction et la dégradation de l’habitat entre autres. - Les abeilles Exomalopsis bartschi, Melipona variegatipes et Megachile vitraci sont prioritaires et ont un rôle fonctionnel majeur dans les écosystèmes ; de même que certaines guêpes telle que Polistes crinitus. Or, elles subissent de nombreuses pressions (usage des pesticides, désherbage, banalisation de la flore, urbanisation, etc.). Une déclinaison du PNA Insectes pollinisateurs actuellement en œuvre en métropole serait pertinente à l’échelle des Antilles françaises. - Un grand nombre de coléoptères saproxylophages sont endémiques de Martinique ou des Petites Antilles et sont menacés par la dégradation et la fragmentation des forêts, notamment Strategus syphax. Ils peuvent être regroupés selon les menaces et l’habitat avec d’autres espèces prioritaires en tant qu’ « Insectes des forêts humides/sèches (dont saproxylophages) », à étendre à l’échelle des Antilles françaises sachant que les enjeux sont similaires en Martinique. 14
- D’autres espèces d’insectes méritent une attention particulière : Ateuchus insulare est un coprophage (menacé par l’invasion du Bousier gazelle), guilde qui compte six espèces endémiques en Guadeloupe ; Protoneura romanae est un odonate endémique rare et menacé par la fragmentation des forêts marécageuses et zones humides ; des actions de conservation sur le phasme Melophasma antillarum, espèce endémique et menacée, permettrait de considérer l’entomofaune des forêts mésophiles et xérophiles littorales, gravement menacée en Guadeloupe. D’ailleurs, une fiche diagnostic sur les Phasmes de Guadeloupe peut être intéressante dans la mesure où neuf des onze espèces sont endémiques et qu’en première analyse, toutes sont menacées. Dans un premier temps, il s’agit surtout d’améliorer la connaissance et consolider la règlementation. Concernant la faune d’eau douce et marine : - D’après Haynes-Sutton et al. (20141), les Caraïbes sont l’une des régions au monde les plus importantes pour les oiseaux marins, et l’une des plus menacées. Selon l’écologie (espèces nicheuses) et les menaces, un plan d’action sur les « Oiseaux marins » pourrait considérer en priorité le Pétrel diablotin (Pterodroma hasitata) évalué CR, des Sternes évaluées CR ou VU, et plus largement d’autres espèces de Guadeloupe prioritaires des Antilles françaises. - L’Anguille américaine (Anguilla rostrata) est un poisson migrateur amphihalin à large répartition évalué EN sur la Liste rouge mondiale et dont les populations sont en nette régression. Elle est menacée en Guadeloupe par les obstacles à la migration (digues et barrages), la diminution des débits naturels des cours d’eau (par prélèvements) et la pollution (chlordécone en concentration très forte). La France a une responsabilité dans les Antilles (Martinique inclus) pour cette espèce qui vit très longtemps en rivière avant d'aller se reproduire en mer. - Aucune espèce de poisson n’est protégée en Guadeloupe ou à Saint-Martin. Les Elasmobranches font l’objet d’une révision de la règlementation de la pêche en Guadeloupe, et pour les espèces les plus critiques (Pristis pectinata, Narcine bancroftii, Rhincodon typus) une mise en protection devra être envisagée. Concernant les poissons osseux, lorsque leur état de conservation est particulièrement inquiétant et/ou que des menaces autres que la pêche sont identifiées, la pertinence d’une mise en protection voire l’établissement d’un plan d’action sont à étudier : le Labre capitaine (Lachnolaimus maximus), les poissons du genre Coryphopterus et les mérous. - Le Mérou géant (Epinephelus itajara) et le Mérou rayé (E. striatus), menacés au niveau de la Grande Caraïbe, sont concernés par le programme LIFE BIODIV’OM (2019-2023), qui pourrait à terme donner lieu à l’élaboration d’un plan d’action. Leur aire de répartition se situe dans les eaux tropicales de l’Océan Atlantique occidental. Ce programme est limité à St Martin et à la Guyane dans la mise en œuvre des actions de production de connaissances, de gestion et de Police, mais les actions de sensibilisation peuvent bénéficier aux autres iles. Un transfert de connaissances/compétences est prévu. Le Parc naturel régional de la Martinique est contributeur du LIFE et bénéficiera également des retombées. 6615 espèces faunistiques indigènes (637 espèces endémiques) PNA en cours/prévus : - Iguane des petites Antilles (2ème plan : 2018-2022) - Tortues marines des Antilles françaises (2ème plan : 2017-2027) 1Haynes-Sutton et al. 2014. Caribbean Seabird Monitoring Manual: Promoting Conservation of Breeding Seabirds and their Habitats in the Wider Caribbean Through Systematic Monitoring. Caribbean Birdwatch Series, Vol. 2. BirdsCaribbean. 89 p. 15
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SAINT-MARTIN Terrestre (519 espèces) Marin (1046 espèces) Espèces protégées par Arrêtés ministériels Espèces protégées par Arrêtés ministériels (à Mammifères (2018) : 8 esp. l’échelle nationale) Pour les autres groupes, Saint-Martin est couvert par les Mammifères (2011) : 76 esp. (14 présentes localement) arrêtés ministériels en vigueur (ou en révision) dans le Tortues marines (2005) : 6 esp. département de la Guadeloupe. Coraux (2017) : 16 sp. Znieff (2017) Reptiles : 5 esp. déterminantes (dont une esp. disparue localement) Chiroptères : 8 esp. déterminantes Liste rouge Degré de complétude de TAXREF Znieff Protection nationale Oiseaux 1989 - Révision prévue Terrestre / Eau douce Mammifères 2017 2018 Herpétofaune 2017 1989 - Révision prévue Poissons Insectes 2007 - Révision prévue Arachnides Crustacés Mollusques Oiseaux Mammifères 2011 Poissons Marin Cnidaires 2017 Hydrozoa Octocorallia Scleractinia Mollusques Bivalves, Gastéropodes et Autres Céphalopodes Echinodermes Crustacés Reptiles 2005 Iguana delicatissima ©P. Haffner 17
Recommandations pour Saint-Martin Les principaux enjeux de conservation de l’île de Saint-Martin sont les milieux secs et l’avifaune des étangs. La menace dominante est la présence d’espèces exotiques envahissantes (rongeurs, chèvres, iguanes communs, etc.) qui impactent fortement les sites de nidification des reptiles terrestres, oiseaux marins et tortues marines, ainsi que la régénération de la végétation. Un plan de lutte à l’échelle des Antilles françaises est nécessaire pour mettre en œuvre une solution technique efficace et d’envergure. Sur la base de la méthode explicitée au début de ce document, voici les espèces à enjeu de conservation fort qui requièrent une analyse diagnostique. Concernant la faune terrestre : - L’Ameive de Plée (Pholidoscelis plei) et le Scinque de Saint-Martin (Spondylurus martinae) sont des reptiles endémiques des Petites Antilles. La sauvegarde est envisageable sur l’Ilet Tintamarre (ilet le plus isolé, le moins fréquenté, avec nombre d’espèces à enjeux) si une action de lutte rapide et d’ampleur sur les espèces invasives est conduite, au risque que ce sanctuaire ne se dégrade et que certaines populations d’espèces à enjeu ne disparaissent définitivement. - La Colombe à croissant (Geotrygon mystacea), espèce forestière endémique des Petites Antilles, est très rare en raison de la restriction des milieux boisés adéquats et la prédation par les espèces invasives. Elle peut être une espèce indicatrice à Saint-Martin (très menacée en Martinique). Un regroupement « Oiseaux forestiers » selon l’habitat et les menaces pourrait englober plus largement d’autres oiseaux prioritaires des Antilles françaises, pour un plan d’action. - Le coléoptère Solenoptera chalumeaui est endémique de Saint-Martin et a une répartition très restreinte. Des actions sur cette espèce, entre autres, permettraient d’agir sur la conservation des reliques forestières (mangrove et relief). Concernant la faune marine : - Les menaces sont similaires aux reptiles pour ces oiseaux : le Noddi brun (Anous stolidus), le Paille en Queue (Phaethon lepturus), le Puffin d’Audubon (Puffinus lherminieri) et le Phaéton à bec rouge (Phaethon aethereus). D’autre part, la Petite Sterne (Sternula antillarum), particulièrement sensible au dérangement, subit des pressions sur ses sites de nidification (reproduction importante au niveau des étangs). Des actions sur cette espèce (restauration de la mangrove, qui constitue une barrière naturelle anti-pénétration ; lutte contre l’Iguane commun et autres espèces domestiques ; préservation de la tranquillité des bancs de sable pour la nidification) favoriseront l’avifaune des étangs. Un regroupement « Oiseaux marins » selon l’écologie (espèce nicheuse) et les menaces pourrait englober plus largement d’autres espèces prioritaires des Antilles françaises. - Le Labre capitaine (Lachnolaimus maximus), évalué VU sur la Liste rouge mondiale, est un poisson très recherché et ciblé par les chasseurs sous-marins. Il est présent aux premiers stades du développement mais rarement observé à l’âge adulte. - Les poissons du genre Coryphopterus, endémiques de la Grande Caraïbe et vulnérables sur leur aire de répartition, sont menacés par les espèces du genre Pterois et la destruction de leur habitat (corallien). - Pour l’ensemble des Antilles françaises, les coraux sont un enjeu de conservation fort. Seize espèces sont protégées par arrêté ministériel, depuis 2017, de toute destruction in situ. Cependant, les pressions pesant sur les coraux sont d’origines multiples (qualité des eaux, réchauffement climatique, aménagement du littoral, assainissement, techniques de pêche, pollution, mouillage, etc.). Or, il n’y a pas de prise en compte automatique de la protection règlementaires dans les autres politiques sectionnelles. Une analyse diagnostique permettra d’étudier la pertinence d’un plan d’action en termes de recul par rapport à la récente mise en protection, et en termes de plus-value par rapport au rôle de l’Ifrecor qui travaille de manière transversale sur l’ensemble de la problématique récifale. 1518 espèces faunistiques indigènes (5 espèces endémiques) PNA en cours/prévus : - Iguane des petites Antilles (2ème plan : 2018-2022) - Tortues marines des Antilles françaises (2ème plan : 2017-2027) 18
MARTINIQUE Terrestre / Eau douce (1515 espèces) Marin (2241 espèces) Evaluations dans la Liste Rouge Nationale Evaluations dans la Liste Rouge Nationale (2012) (préévaluations en cours, attendu pour 2019) Oiseaux nicheurs (terrestres et marins) : 81 esp. (dont 27 menacées) Espèces protégées par Arrêtés ministériels Oiseaux non nicheurs (terrestres et marins) : 91 esp. Arachnides (2017) : 1 espèce (dont 5 menacées) Oiseaux (1989 – révision prévue en 2019) Reptiles et Amphibiens (1989 – révision prévue en 2019) Espèces protégées par Arrêtés ministériels (à Mammifères (2018) : 11 esp. l’échelle nationale) Mammifères (2011) : 76 esp. (23 présentes localement) Espèces protégées par Arrêté préfectoral Tortues marines (2005) : 6 esp. Insectes (9/11/1995) : 1 esp. Coraux (2017) : 16 sp. Znieff (2017) Arthropodes (dont Insectes) : 53 esp. et sous-espèces déterminantes Proposition d’une liste d’espèces prioritaires « à PNA » (DEAL Martinique, février 2018) Mollusque : 1 esp. Oiseaux : 2 esp Icterus bonana ©S. Siblet Liste rouge nationale Znieff Protection Degré de complétude de TAXREF Oiseaux En cours 1989 - Révision prévue Terrestre / Eau douce Mammifères En cours 2018 Herpétofaune En cours 1989 - Révision prévue Poissons En cours Insectes En cours 2017 1995 Crustacés Arachnides 2017 Mollusques En cours Oiseaux Mammifères 2011 Poissons Cnidaires 2017 Marin Gastéropodes Mollusques Bivalves, Céphalopodes Autres Echinodermes Crustacés Reptiles 2005 19
Recommandations pour la Martinique Plus de la moitié des espèces indigènes de mammifères, reptiles, amphibiens et gastéropodes est endémique de l’île de la Martinique ou des Petites Antilles. Quant à l’entomofaune, la population réelle de coléoptères est estimée à dix fois celle actuellement recensée. Le chapitre « Faune de Martinique » de la Liste rouge nationale est en cours d’élaboration. Les pré-évaluations (réalisées en 2019) permettent d’identifier plusieurs espèces terrestres ayant un degré élevé de priorité, dont cinq espèces endémiques pré-évaluées CR ou EN : l’Allobate de la Martinique, le Bothrops fer de lance, la Couleuvre couresse et deux escargots forestiers, le Pleurodonte de Beck et le Pleurodonte déprimé. Ce dernier a déjà fait l’objet d’une fiche diagnostic en 2018. Sur la base de la méthode explicitée au début de ce document, voici les espèces à fort enjeu de conservation qui requièrent une analyse diagnostique. Concernant la faune terrestre : - La grenouille Allobates chalcopis est endémique, présente uniquement en altitude, fortement menacée par le changement climatique et par la pollution chimique des sols agricoles. La tendance de l’espèce est à la diminution. - Le Bothrops fer de-de-lance (Bothrops lanceolatus) est un serpent venimeux endémique très menacé par la fragmentation de son habitat (extension des zones agricoles) et la destruction volontaire. A cette analyse diagnostique s’ajoute un autre serpent, la Couleuvre couresse (Erythrolamprus cursor), endémique mais soupçonnée d’être éteinte depuis les années 1970. Il est nécessaire d’agir, entre autres, pour une meilleure acceptation des serpents par la population. - La Martinique est concernée par plusieurs espèces d’oiseaux terrestres dont l’une des principales menaces (favorisée avant tout par l’anthropisation, la réduction des espaces vitaux et la rupture des connexions biologiques) est la prédation par des espèces envahissantes (rat, mangouste), surtout s’ils nichent au sol, ou le parasitisme (Vacher luisant). Cela a déjà été traité dans les deux fiches diagnostic rédigées en 2018, sur l’Oriole de Martinique et le Moqueur Gorge-Blanche. Un regroupement « Oiseaux forestiers » selon l’habitat et les menaces pourrait englober plus largement d’autres espèces forestières prioritaires de Martinique et des Antilles françaises. A noter, le programme LIFE BIODIV’OM (2019-2023) prévoit de tester des actions de lutte contre les espèces invasives, mais seulement sur la presqu’île de La Caravelle. - D’autres espèces d’oiseaux subissent les mêmes pressions mais diffèrent par leur habitat : le Colibri à tête bleue (Cyanophaia bicolor) nicheur endémique des Petites Antilles, inféodé aux forêts humides et très menacé par la fragmentation de son habitat et le réchauffement climatique ; l’Engoulevent coré (Hydropsalis cayennensis), nicheur menacée, dont la sous-espèce est endémique et qui se trouve plutôt dans les forêts sèches. - Il y a un riche cortège de coléoptères, saproxylophages pour la plupart, de nombreux endémiques de Martinique ou des Petites Antilles, déterminants Znieff, et plusieurs sont menacés par la dégradation et la fragmentation des forêts : Eburia inexpectata, Nesanoplium dalensi, Dendrobias maxillosus ou Solenoptera quadrilineata sont typiques de forêts sèches bien conservées par exemple. « La conservation de milieux en bon état est la clé pour la conservation de l'entomofaune. Pour ces espèces saproxyliques, en général à faible capacité de dispersion, la continuité temporelle de l'état boisé est un élément déterminant de leur présence actuelle. Des secteurs aujourd'hui boisés mais qui ont été totalement défrichés durant les siècles passés, n'abritent plus aujourd'hui que des espèces banales. » 1 Ils peuvent être regroupés selon la fonction et l’habitat en tant qu’ « Insectes des forêts humides/sèches (dont saproxylophages) » à étendre à l’échelle des Antilles françaises sachant que les enjeux sont similaires en Guadeloupe. - Le phasme Diapherodes martinicensis est endémique. Peu de données sont disponibles sur cette espèce. Une fiche diagnostic permettrait d’étudier la pertinence d’un plan d’action sur les Phasmes de Martinique. De même pour les Odonates de Martinique avec une analyse diagnostique sur Protoneura ailsa, espèce endémique des Petites Antilles menacée par le recalibrage, les polluants et la modification de la qualité de l’eau des rivières à régime lent. - Comme en Guadeloupe, il y a un enjeu fort de conservation pour les insectes pollinisateurs (stricts et associés) qui subissent de nombreuses pressions (usage des pesticides, désherbage, banalisation de la flore, urbanisation, etc.), telle que l’abeille Megachile vitraci, endémique des Petites Antilles. La pollinisation est une fonction écologique majeure à préserver et une déclinaison du PNA Insectes pollinisateurs actuellement en œuvre en métropole serait pertinente pour l’ensemble des Antilles françaises. 1 Touroult J., Poirier E., Moulin N., Deknuydt F., Dumbardon-Martial E., Ramage T., Lucas P.-D., Romé D. 2018. Inventaire entomologique des ZNIEFF de Martinique. Campagne de terrain 2017. Rapport de la Société entomologique Antilles-Guyane, n°2018-1, 78 pages + annexes, non publié. 20
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