HYDRO ET LA SPIRALE DE LA MORT : L'AUTOPRODUCTION SOLAIRE TUÉE DANS L'ŒUF ?
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Écohabitation par André Fauteux | andre@maisonsaine.ca TRANSITION ÉNERGÉTIQUE HYDRO ET LA SPIRALE DE LA MORT : L’AUTOPRODUCTION SOLAIRE TUÉE DANS L’ŒUF ? Le nouvel abri photovoltaïque Oasis d’iSun Energy, de 10’ x 15’ x 7’ de haut et avec 1,5 kW de puissance, est fabriqué par l’entreprise montréalaise Renewz solutions durables. Prix © RENEWZ.COM de lancement : 13 000 $, mais le fabricant offre une ristourne de 25 % sur les 100 premières unités vendues et le crédit d’impôt RénoVert de Revenu Québec est à hauteur de 20 %. Alors que la demande résidentielle d’électricité plafonne depuis 2007, Mais le populaire rêve de se débrancher du Hydro-Québec dit craindre une baisse encore plus importante qui provoquerait une explosion des réseau n’est pas pour demain au Québec, tarifs à partir de 2025, année où l’autoproduction d’électricité solaire deviendrait rentable, selon selon le physicien Yves Poissant, expert du PV une étude en sa possession. En juillet dernier, elle a d’ailleurs demandé à la Régie de l’énergie à Ressources naturelles Canada. Ce Québécois de réduire dès ce 1er avril la valeur des crédits qu’elle accorde pour l’autoproduction distribuée est même l’un des 179 autoproducteurs qui sur son réseau principal (l’organisme a refusé d’aborder cette question à ce stade-ci). stockent leurs watts solaires non consommés sur le réseau d’Hydro-Québec qui, en échange, Le président de la société d’État, Éric Martel, a expliqué son grand défi le 9 janvier dans le les crédite sur leur facture mensuelle. Depuis Journal de Québec : « Les Américains appellent ça la spiral of death, la spirale de la mort. Si les 2008, la toiture de sa maison est équipée de gens commencent à autoproduire avec du solaire, ils consommeront moins [d’hydroélectricité]. modules PV d’une superficie de 9,3 m2 et d’une Mais on a autant de transformateurs, de fils électriques à acheter. Donc, les tarifs vont monter. puissance totale de 1,3 kilowatt (kW). « Mon Ce qui va rendre l’autoproduction encore plus rentable. C’est ça, la spirale meurtrière. » Disant avis, c’est qu’il n’y a pas encore de spirale craindre que plusieurs Québécois produisent un jour 15 % de leur électricité avec des « maisons quand je constate qu’il y a si peu d’autopro- intelligentes » dotées de systèmes solaires photovoltaïques (PV), M. Martel n’a pas écarté la ducteurs. Je ne m’attends pas à une défection possibilité de se mettre à en vendre, ainsi que des batteries et autres technologies de pointe. massive des clients d’Hydro-Québec vers maisonsaine.ca | La Maison du 21e siècle | Printemps 2018 35
Écohabitation suite La maison Fauteux-de Palma, à Sainte- Adèle, est dotée de : cinq modules PV de 125 watts (W), une valeur de 595 $ au prix actuel de 95 ¢/W; douze batteries acide-plomb de 2 volts (4 500 $ ou 375 $ pièce); un onduleur convertissant le courant continu des modules en courant alternatif utilisé par les appareils électriques classiques; un contrôleur de charge et évidemment du câblage. Une valeur d’environ 5 500 $ (avant taxes et installation) pour stocker 12 kWh fournis en priorité par le solaire et le reste du temps par Hydro-Québec. Mathieu Duncan de Wattosoleil recommande aujourd’hui des modules 230 W (« pas les plus performants mais les plus économiques ») et des produits de grande qualité et fiabilité, tel l’onduleur Magnum de 4 000 W qui coûte 2 900 $. « C’est la marque d’onduleur qui offre le meilleur rapport qualité-prix au Québec. Et Surrette fabrique en Nouvelle-Écosse les batteries liquides les plus résistantes. Ces accumulateurs industriels requièrent de l’entretien et coûtent 35 % plus cher, mais offrent une durabilité supérieure, avec plus de 3 000 cycles de recharge/ © ANDRÉ FAUTEUX décharge, au lieu de 1 300 pour les batteries commerciales de type L16. L’idéal, c’est toutefois des batteries sans entretien AGM (Absorbed Glass Microfiber), qui coûtent 50 % plus cher que les L16. » l’autonomie. Le solaire, c’est une goutte d’eau dans le grand réservoir énergétique. L’efficacité énergétique a beaucoup plus d’impact au Québec. » En effet, depuis 2012, le Code de construction du Québec exige que les maisons neuves consom- détaillée des gens dans un fichier Excel et ment 20 % moins d’énergie qu’autrefois. Et les subventions de programmes, tel Rénoclimat ainsi le coût du système les décourage. Ils com- que le crédit d’impôt RénoVert, réduisent aussi la demande d’électricité de façon substantielle. prennent immédiatement que l’efficacité Comparativement, les 179 autoproducteurs se voient créditer 1 100 kWh de surplus injectés par énergétique est la solution la plus rentable. » année en moyenne, selon Hydro-Québec, soit environ 100 $ par année. C’est quasiment la capa- Il raconte l’histoire typique d’un ménage qué- cité de production d’un système PV d’un kW installé à Montréal : 1 168 kWh par année, selon Yves bécois qui consommait 26 280 kWh par année Poissant. Ceci, à condition que les modules soient installés à 45 degrés et sans aucun ombrage coûtant environ 2 400 $. Il aurait été impen- créé par l’accumulation de neige, des arbres, des bâtiments ou tout autre obstacle. Il faut aussi sable de l’électrifier complètement à l’énergie savoir que les cellules au silicium d’un module PV ne produisent de l’électricité à leur pleine capa- solaire, chauffage inclus. Pour produire autant cité que quatre heures par jour en moyenne l’été, et que deux heures quotidiennement en hiver. d’électicité dans des conditions d’ensoleille- ment parfaites (impossibles !), il lui aurait L’ABC ET LE RENDEMENT DES SYSTÈMES PV fallu un système de 22 500 W ou 22,5 kW de Chez nous, la plupart des propriétaires de systèmes PV possèdent un chalet ou une maison situés puissance. À 3 $ le kW, il l’aurait payé 67 500 $, loin du réseau hydro-québécois, sinon un véhicule récréatif, un bateau, un camp de chasse ou de sans installation ni batteries. pêche, une pourvoirie ou un système de télécommunication, explique Mathieu Duncan, proprié- taire du détaillant montréalais Wattosoleil et l’un des principaux fournisseurs québécois La bonne nouvelle, c’est que le prix des mo- dans ce domaine. Depuis 2007, il a vendu une vingtaine de systèmes à des autoproducteurs dules PV a chuté de quasiment 85 % en dix ans, raccordés au réseau. « Ma clientèle, dit-il, ce sont les boomers à la retraite qui ont un chalet passant de 7 $ le watt de puissance 2007 autonome et qui ne veulent pas le bruit, l’entretien et la pollution d’une génératrice ou encore qui à 95 cents le watt aujourd’hui. « Le US Depart- transforment leur chalet hors de portée du réseau d’Hydro-Québec en maison autonome où ils ment of Energy a un objectif de 50 ¢/W US au comptent passer leur retraite. » détail d’ici 2020 (soit 0,63¢ CAN au taux de change actuel) », affirme Yves Poissant, de Mais le coût des systèmes (3 $ le watt, excluant l’installation) rebute encore la vaste majorité des CANMET. Selon lui, le coût du PV au kWh sera Québécois. « C’est prématuré pour Hydro de parler de spirale de la mort, dit Mathieu Duncan. alors presque à parité avec celui de l’électri- Chaque fois que je fais de la publicité, je reçois beaucoup d’appels, on met la consommation cité d’Hydro-Québec sur la durée de vie utile des capteurs, de 30 ans. 36 Printemps 2018 | La Maison du 21e siècle | maisonsaine.ca
NOS SYSTÈMES SONT TESTÉS Aux alentours de 10¢/kWh, ce prix paritaire n’est valable que si l’on stocke ses surplus sur le SUR LES ANIMAUX réseau d’Hydro-Québec plutôt que dans de coûteuses batteries. POUR VOTRE CONFORT Mais pour être rentable, un autoproducteur doit se connecter et se faire rétribuer de façon équitable, dit Yves Poissant. « Si la remise est trop faible, ça change de fond en comble la rentabilité d’un projet PV. » Aux États-Unis, l’autoproduction est si rentable et répandue que les ventes de certains distributeurs d’électricité ont dégringolé, au point où ils font la guerre aux autoproducteurs en imposant des frais élevés pour recevoir leur énergie. Pour sa part, Hydro-Québec donne d’une main et prend de l’autre, car elle a décidé de cesser de créditer, en « mesurage net », 1:1 les kWh distribués sur son réseau intégré « de façon à accorder une juste valeur au service de stockage et d’équilibrage, limitant ainsi le transfert de coûts vers le reste de la clientèle ». Dans sa stratégie tarifaire déposée à la Régie de l’énergie le 31 juillet dernier, elle proposait « d’accorder à l’électricité injectée dans le réseau d’Hydro-Québec une valeur économique reflétant davantage le coût évité en énergie, incluant les pertes, soit 2,92 ¢/kWh en réseau intégré et pour celui de Schefferville », ce qui rendrait le solaire encore moins rentable pour la majorité des Québécois. Par contre, dans les réseaux autonomes où l’électricité est produite avec un combustible, le montant accordé serait de « 17 ¢/kWh pour les réseaux alimen- tés à partir de centrales fonctionnant au mazout lourd, 33 ¢/kWh pour les réseaux alimentés à partir de centrales fonctionnant au diésel léger et 47 ¢/kWh pour les réseaux alimentés à partir de centrales au diésel arctique ». Aux Iles-de-la-Madeleine, par exemple, l’autoproduction pour- rait devenir six fois plus rentable que dans le reste de la province, mais « le dimensionnement cependant en souffrira à cause du plafonnement » de la puissance des systèmes autorisés par Hydro-Québec, explique le consultant en gestion de l’énergie Jean-Pierre Finet. En fait, l’avenir est aux consommateurs qui se dotent de batteries qui les protègent des pannes du réseau et qui contribuent à réduire la demande de pointe qui coûte une fortune à Hydro- Québec les matins et soirées d’hiver. En consommant alors l’électricité produite au solaire et stockée dans leur maison durant la journée plutôt qu’en achetant celle du réseau, ils pourront économiser s’ils adhèrent aux tarifs différenciés dans le temps qu’Hydro compte offrir l’hiver prochain à la demande du gouvernement québécois. C’est ce qui se produit déjà en Ontario, qui a pris plusieurs longueurs d’avance en la matière sur le Québec parce qu’elle devait fermer des centrales au charbon pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Sa société de la Couronne, Independent Electricity System Operator, a Échangeurs d’air Thermopompes surtout misé sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Elle a déjà signé des ententes d’une Climatisation Écohabitation durée de 20 ans dans lesquelles elle s’engageait à payer jusqu’à 80,2 ¢/kWh dans le cas des propriétaires de systèmes PV de moins de 10 kW montés sur une toiture. (Aujourd’hui elle n’offre Expertise reconnue avec plus que le mesurage net.) L’année dernière, une étude de faisabilité a même conclu que doter, d’ici une décennie, 30 000 nouvelles maisons de systèmes PV dont l’électricité serait stockée dans des batteries au lithium, permettrait de repousser d’au moins deux ans l’ajout de nouvelles centrales au réseau ontarien. Son programme pilote de stockage solaire POWER.HOUSE utilise Aucun animal n’a été maltraité pour cette annonce ni pour nos systèmes. :) un logiciel intelligent qui contrôle les systèmes domestiques et les traite globalement comme CONFIEZ-NOUS VOS PROJETS une seule grosse centrale de production. Cette technologie contribue à protéger contre les pannes NOVOCLIMAT 2.0, LEED & MAISON PASSIVE d’électricité, fournit de l’électricité écologique et réduit significativement la demande de pointe ainsi que les factures d’électricité, car en Ontario, les tarifs sont plus élevés en période de pointe depuis des années (la plupart des maisons y sont chauffées au gaz). Contactez-nous Mathieu Duncan croit qu’Hydro-Québec et son PDG Éric Martel devraient suivre l’exemple de 450.592.4200 l’Ontario et encourager davantage les autoproducteurs raccordés à son réseau intégré. « Au lieu info@bourcierventilation.com de parler de la spirale de la mort, pourquoi ne nous dit-il pas la vraie raison de ses inquiétudes ? RBQ 5677-5786-01 Ce n’est certainement pas l’autoproduction. Hydro a-t-elle surestimé les revenus associés à la recharge des véhicules électriques ? » maisonsaine.ca | La Maison du 21e siècle | Printemps 2018 37
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