Introduction à l'économie internationale - Hassan Bougantouche - Université Hassan II Casablanca - FSJESM

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Introduction à l'économie internationale - Hassan Bougantouche - Université Hassan II Casablanca - FSJESM
Université Hassan II Casablanca
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et
                     Sociales
                 - Mohammédia-

     Introduction à l’économie
              internationale
            Hassan Bougantouche
              Professeur d’économie
Introduction à l'économie internationale - Hassan Bougantouche - Université Hassan II Casablanca - FSJESM
Sommaire

Introduction générale
Partie 1 : La balance des paiements
1. Méthodologie de la balance des paiements et principaux soldes
    1.1 Définition
    1.2 Intérêt de la balance des paiements
    1.3 Structure de la balance des paiements
    1.4 Principes d’enregistrement comptable
2. Les mécanismes d’ajustement de la balance des paiements
    2.1 Liens entre les principaux soldes internes et les soldes de la balance des paiements
        courants
    2.2 Principes de l’ajustement de la balance des paiements courants
Partie 2 : Le système monétaire international
1. Règles et mécanismes du système monétaire international (SMI)
    1.1 Une monnaie internationale
    1.2 Un régime de change
    1.3 Un régime de réserve de change officiel
    1.4 Un système d’ajustement
2. Les principaux systèmes monétaires internationaux
    2.1 Le régime de l’étalon-or
    2.2 Le régime du Gold-Exchange standard (étalon changes-or)
    2.3 Le SMI actuel
3. Le système monétaire européen
    3.1 Le SME a survécu à la divergence des politiques économiques nationales
    3.2 L’union économique et monétaire européenne
Partie 3 : Les fondements du commerce international
1. Les doctrines du commerce international
     1.1 La théorie des avantages absolus chez Adam Smith
     1.2 La théorie des avantages comparatifs chez David Ricardo
     1.3 Le modèle dit HOS (Heckscher-Ohlin-Samuelson)
     1.4 Appréciations des principales doctrines de l’échange international
2. L’évolution du commerce mondial depuis 1945
     2.1 La révolution des moyens de transport et de communication
     2.2 L’organisation du commerce mondial depuis 1945 : GATT, OMC et cycle de
         négociations commerciales internationales
3. Les blocs commerciaux régionaux
    3.1 La communauté Européenne
    3.2 L’accord de libre-échange nord-américain (ALENA ou NAFTA en anglais)
    3.3 L’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation)

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Introduction générale
Aujourd’hui les économies nationales sont de plus en plus intégrées et
interdépendantes qu’il est devenu presque impensable d’étudier les phénomènes
économiques nationaux en faisant fi de la place de chaque pays dans les transactions
internationales.
Le processus d’intégration des économies nationales, que l’on qualifie de
mondialisation ou de globalisation, est loin d’être achevé. En effet l’intégration des
économies nationales touche aux différents aspects des échanges internationaux.
Ces derniers portent sur des marchandises et des services (commerce international)
et de plus en plus sur des actifs financiers (endettement international,
investissements directs, investissements de portefeuille, marchés dérivés de taux et
des changes ). On sait pertinemment que l’ensemble de ces flux des échanges
relèvent de corps théoriques divers notamment les théories du commerce
international, les institutions internationales, la théorie de l’investissement
international, la théorie des choix de portefeuille, les relations monétaires
internationales.
Force est de constater que le niveau d’intégration mondiale de chaque aspect des
échanges est loin d’être homogène. Autrement dit, l’intégration du marché mondial
n’a pas la même signification selon qu’il s’agit de commerce des marchandises et
des services, du marché des capitaux ou de la production internationale. Le
commerce mondial vit au rythme d’avancement des négociations internationales
organisées sous la houlette de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Si des
progrès importants ont été enregistrés depuis quelques années, aujourd’hui les
négociations trébuchent sur des questions épineuses, et dont les intérêts nationaux
sont contradictoires : Parmi ces sujets de discorde on peut citer         les dossier
agricoles, des services à haute valeur ajoutée etc..
L’intégration de la production mondiale réalise des progrès importants comme en
témoigne la dynamique récente de l’investissement direct dans les secteurs les plus
divers de l’économie. Mais la poursuite de ce mouvement restera tributaire du degré
de libéralisation dans certains secteurs prioritaires comme les industries de réseaux
(eau, électricité, assainissement etc. ) qui restent encore des monopoles publics
complètement fermés à la concurrence.

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La monnaie et la finance sont deux autres dimensions de la mondialisation, et non
des moindres. Mais le degré d’intégration mondiale atteint par ces deux dimensions
restent fortement disproportionné. A ce propos on peut dire avec Allegret et Courbis
que « la mondialisation n’a pas la même tournure du côté des monnaies ou du côté
de la finance »1.
La monnaie reste un symbole de la souveraineté nationale. D’où la dimension
politique de toute étude des phénomènes monétaires. Exception faite de quelques
espaces économiques régionaux où circule une monnaie unique, on peut dire que la
monnaie est le phénomène le moins intégré sur le plan mondial. A l’échelle
internationale, évoquer la monnaie est souvent synonyme de désordre, de guerre
des monnaies, de confrontation des monnaies, d’instabilité etc.

Sur le plan de la finance, c’est tout à fait le contraire. La finance est souvent
évoquée comme le symbole d’intégration mondiale, de village global. N’a –t-on pas
dit que les marchés de change fonctionnent 24 h/24h en suivant le parcours du soleil
!
Mais ces deux dimensions de la mondialisation sont aussi très interdépendantes. Les
désordres monétaires de la fin des années 60 n’expliquent pas pour une grande part
l’éclosion du marché financier international (marché des eurodevises, euromarchés
etc.) ?.
La finance mondialisée ne remet pas en question les instruments de régulation
monétaire comme en témoignent les crises des changes provoquées par l’intégration
prématurées de certaines économies émergentes dans la sphère financière
internationale. Mais c’est plutôt le manque de coordination des politiques
économiques, notamment monétaire et budgétaire qui expliquent les différents
dysfonctionnements des marchés mondiaux de capitaux.
C’est dire la complexité des relations entre les sphères monétaires et financière
internationale.

1
  Allegret J-P. et Courbis B., Monnaies, finance et mondialisation », DYNA’SUP Economie,
Vuibert, Paris, 2005.

                                                                                           4
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L’objectif de ce polycopié est d’aider le lecteur à comprendre et assimiler les
concepts clés de la globalisation sur le plan monétaire et des échanges mondiaux.

Il traitera plus précisément les notions suivantes :
- La Balance des paiements et ses mécanismes d’ajustement ;
- L’évolution du cadre institutionnel des échanges à travers la notion de système
monétaire international. Seront développés aussi l’évolution du système monétaire
international depuis la fin de le seconde guerre mondiale, sa crise et les principales
caractéristiques du système actuel (ou non système pour certains) ;
- Le commerce international et ses déterminants d’après les théories de l’échange
international. Nous examinerons aussi les facteurs qui expliquent le développement
du commerce international depuis la fin de le guerre en insistant particulièrement
sur le rôle du système commercial multilatéral dans le développement des flux des
échanges mondiaux de biens et de services.

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Partie 1
                         La Balance des paiements

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                          Mettre en place le cadre d’analyse de
                          l’internationalisation monétaire et financière.
                          Présenter      et    analyser    les    paiements
                          internationaux à travers les notions de balance
                          des paiements et de liquidités internationales.
                          Présenter les mécanismes d’ajustement de la
                          balance des paiements.

Pour présenter les comptes extérieurs des économies nationales, le FMI propose une
méthodologie qui a beaucoup évolué depuis la seconde guerre mondiale. Actuellement, la
majorité des pays utilisent le 5ème manuel de la balance des paiements publié par le FMI en
1993.

                      1. Méthodologie de la balance des
                       paiements et principaux soldes

La balance des paiements est élaborée à partir de sources d’information diverses (déclarations
des banques et des entreprises, informations douanières, enquêtes etc.). La balance des
paiements n’est pas un document comptable mais elle utilise les principes de la comptabilité
(enregistrement des flux en crédit et en débit etc.).

1.1 Définition

La balance des paiements est un document statistique qui relève pour une période donnée
les transactions économiques et financières entre les résidents d’un pays 2 et le reste du
monde. Les transactions économiques portent sur les échanges de biens et de services
(marchandises, transport international, tourisme etc.). Les transactions financières quant à
elles portent sur des mouvements de capitaux (investissements                             directs étrangers,
investissements de portefeuille, prêts et emprunts internationaux etc.).

2Au sens de la comptabilité nationale, les résidents d’un pays sont constitués par les nationaux résidents et les
étrangers exerçant une activité sur le territoire national pour une période dépassant deux ans.

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1.2 Intérêt de la balance des paiements

La balance des paiements met en évidence plusieurs soldes significatifs qui permettent aux
pouvoirs publics d’un pays :

        d’analyser les relations économiques avec le reste du monde,

        de déterminer et de suivre la situation monétaire du pays,

        de situer la position du pays dans l’environnement financier international,

        d’évaluer la capacité d’ajustement du pays aux chocs externes.

1.3 Structure de la balance des paiements

La balance des paiements se compose de 3 comptes composés de plusieurs balances
partielles et d’une rubrique erreurs et omissions :

        Le compte des transactions courantes ;

        Le compte de capital ;

        Le compte financier,

        La erreurs et omissions (écart statistique).

                    Colonnes composant la blance des paiments
        Colonne 1                 Colonne 2               Colonne 3               Colonne 4
  Nature            des Crédits :      cessions Débits :       cessions Solde
  opérations            d’actifs par les R aux d’actifs par les NR aux
                        NR                      R

  Titre
                                 Gains de devises        Gains acquis par
                                 sur l’extérieur         l’extérieur
    Postes                                                                      Chaque poste a un
                                                                                solde

        Rubriques                                        Nécessité de trouver
                                                         des devises

            Sous-rubriques

R : résidents : agent économique (personnes physique ou morale) présents sur le territoire
national (quelle que soit leur nationalité) pendant au moins un an
NR : non résident personnes physiques ou morales résidant à l’extérieur du territoire national.

1.3.1     Le compte des paiements courants ou des transactions courantes

Elle comprend quatre balances partielles :
1.3.1.1 La balance commerciale (balance du commerce extérieur)

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Elle enregistre les exportations et les importations de marchandises (ex. des matières
premières, des produits industriels etc.) du pays concerné. Il s’agit de biens matériels qui
transitent par les services de douane.
1.3.1.2 La balance des services
Elle rend compte des biens immatériels échangés entre les résidents d’un pays et l’extérieur.
Les statistiques internationales disponibles distinguent clairement entre services et revenus
des facteurs de production. Ces derniers ne reposent pas sur une prestation. Il s’agit
généralement de flux financiers de retour : revenus des investissements extérieurs, bénéfices
des filiales extérieures, revenus des brevets et licences exploités. Pour ce qui est des services
à proprement parlés, ce sont des biens immatériels donnant lieu à des échanges
internationaux tels que les transports internationaux et les assurances, le tourisme, les
services aux entreprises (conseil, formation, expertise) et aux personnes.

1.3.1.3 La balance des revenus :
        Ce des salaires et revenus (capital et proporiété) versés et reçus du reste du
        monde. Les salaires peuvent être ceux des travailleurs frontaliers (des non
        résidents mais se déplaçant pour aller travailler dans un pays limitrophe). Les
        revnus du capital peuvent être constitués à titre d’exemple par des transferts de
        dividende d’une fililae d’une entreprise multinaltionale vers sa maison-mère située
        dans son pays d’origine ou autre.

1.3.1.4 La balance des transferts unilatéraux (transferts sans contrepartie)
Ce sont des transferts de biens ou de capitaux entre un pays et le reste du monde et qui ne
donnent lieu à aucune rémunération en contrepartie. Les transferts peuvent être publics et
privés.
      Les transferts publics sont généralement des dons ou des aides internationaux reçus ou
      versés par un pays. A titre d’exemple on peut citer le produit d’une quête réalisée par un
      pays et son versement à un pays sinistré.
      Les transferts privés sont constitués des économies sur revenus transférés par les
      nationaux d’un pays résidant à l’étranger (ex. Le transfert des économies sur salaire
      des résidents africains à l’étranger vers leur pays d’origine).

Chacune des qutre balances dégage un solde qui est le résultat de la différence entre le débit
(paiements à l’étranger) et le crédit (recettes reçues de l’étranger). La somme des soldes des
balances partielles nous donne le solde de la balance des paiements courants. Le solde
d’une balance est compensé par celui des autres balances.
Le solde de la balance des paiements courants est très significatif d’un point de vue
économique, car il nous donne une idée globale sur la santé financière d’un pays et donc sa
capacité de paiement sur le plan international. Ainsi, par exemple une balance des paiements
courants déficitaire pendant plusieurs années signifie que le pays concerné « vit au dessus de
ses moyens » et que tôt ou tard, il doit procéder à des ajustements de son économie. Alors
qu’une balance des paiements excédentaires reflète une bonne capacité de paiements du
pays sur le plan international. Le pays concerné peut participer au financement des autres
pays sur la scène internationale3.

1.3.2      Le compte capital

3   Pour les différents mécanismes d’ajustements, nous renvoyons le lecteur à la deuxième section de ce chapitre.

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Il s’agit d’un compte qui enregistre les transferts en capital notamment des remises de dettes
reçus ou versées, des opérations de reconversion de la dette. Il prend aussi en compte un
ensemble d’opérations sur des actifs incorporels tels que la vente ou achat de brevets
d’invention, de marques commerciales, de logos etc.

1.3.3   Le compte financier (ou mouvements des capitaux)

Il donne des informations sur les mouvements de capitaux entre un pays et le reste du monde.
On distingue généralement :
1.3.3.1 Les investissements directs
Ce sont des flux de capitaux qui se traduisent par des achats et vente de titres (actions) pour
contrôler plus de 10% du capital d’une entreprise ou groupe de société.
1.3.3.2 Les investissements de portefeuille
Ce sont des flux de capitaux orienter vers des placements financiers (achat de titres de
créances tels que les obligation ou d’actions) et non motivés par une volonté de ctrôle de
l’entité dans laquelle l’investisseur réalise son placement.

1.3.3.3 Les produits financiers dérivés et structurés
Un instrument financier dérivé est un instrument financier qui est lié à un autre instrument
(ou à un indicateur financier ou à un produit de base spécifique) et par le biais duquel des
risques financiers spécifiquespeuvent être négociés en tant que tels sur les marchés
financiers. Ces risques financiers spécifiques peuvent être des risques de taux d’intérêt, de
taux de change, de crédit, mais aussi des risques sur le cours des actions, sur le prix des
produits de base, etc.4

1.3.3.4 Les autres investissements
Ils peuvent être privés ou publics. Les prêts/emprunts privés sont des opérations financières
réalisées généralement entre les opérateurs d’un pays et des banques commerciales
internationales (ex. les euro-banques).
Les prêts/emprunts publics peuvent être réalisés avec des sources bilatérales (entre deux
Etats) et des sources multilatérales (entre un pays et des instances financières
internationales)5
Ce sont des flux financiers liés à des opérations commerciales. On peut citer à titre d’exemple
les crédits fournisseurs pour l’achat d’une centrale électrique ou d’un équipement lourd etc.

1.3.4   Les avoirs de réserve

 L’équilibre économique de la balance des paiements suppose que la solde de la balance
globale soit nul.
                                      BTC +BMC =0
Avec : BTC (balnace des transactions courantes et du compte capital) et BMC (blance du
compte financier).

4
  https://www.banque-france.fr/sites/default/files/media/2016/12/20/bdp-methodologie_072015.pdf (consulté le 28
janvier 2017.
5 Les opérations bilatérales s sont des protocoles financiers entre deux pays. Les opérations multilatérales sont

réalisées entre un pays et les instances financières internationales le groupe de la Banque mondiale, les Banques
de développement (exemple la banque africaine de développement, La banque islamique de développement, etc.).

                                                                                                               9
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L’équilibre compte est donnée par la relation :
                  BTC+BMC = variation des avoirs de réserve en devises
Donc une balance est en déséquilbre, lorsque la variation des avoir en réserve est à0
Ainsi une blance globale excédentaire signifie que le pays bénéficie d’une entrée nette de
devises que l’on retrouve dans les variations des de change détenues par les banque et la
banque centrale. En revanche une balance déficitaire signifie que le résultat des échanges sur
les biens, les services et les capitaux se traduit par des sorties de devises et donc par une
diminutions des avoirs de change du pays.

1.3.5   Les erreurs et omissions

Les Erreurs et omissions représentent les différences entre le total des ressources et des
emplois recensés. Ces différences s’expliquent par la sur ou sous déclaration des flux de
marchandises, blanchiment d’argent, évasion/fraude fiscal.

1.4 Relations entre les postes de la balance des paiements

                                                                                           10
Complément d’informations :
Balance des paiements   du Maroc, année 2015, en millions de
dirhams

                                                          11
accroissement net des
actifs fi.
                        Accroissement net des passifs

                                            12
1.5 Principes d’enregistrement comptable

L’enregistrement des opérations dans une balance des paiements est fait à travers la
technique comptable du compte. On a ainsi deux colonnes principales appelées
respectivement « crédit »- affectée d’un signe (+)- et « débit » -affectée d’un signe (-). Une
troisième colonne représente le solde des deux précédentes.
L’inscription des opérations en crédit ou en débit s’appuie sur les variations -augmentation ou
diminution- qui affectent le patrimoine6 des agents résidents. Ainsi :
Toute opération qui entraîne une diminution du patrimoine net des résidents est inscrite en
crédit (exemple : une exportation se traduit par une diminution des avoirs réels car le bien
exporté n’étant plus à la disposition des résidents).
Toute opération qui entraîne un accroissement du patrimoine net des résidents est inscrite en
débit (exemples : une importation se traduit par une augmentation des avoirs réels des
résidents ; le remboursement d’un emprunt contracté auprès d’une banque non résidente
entraîne une diminution des engagements des résidents).

                          Avoirs réels ou financiers(y compris monétaires)
                      Crédit (+)                                      Débit (-)
            en cas de diminution (cession)                en cas d’augmentation (acquisition)

                          Engagements financiers (y compris monétaires)
                     Crédit (+)                                          Débit (-)
         en cas d’augmentation (acquisition)                  en cas de diminution (cession)

                                                Illustration

Soit une exportation de 20.000 Dhs réglée immédiatement :
      Nature des
                           Opérations                Crédit               Débit                 Solde
      opérations
    Economique          X (ventes)                   20.000                  -                 +20.000
    Monétaire           Liquidités (caisse)             -                 20.000               -20.000
                                                                                                   0

Supposons que l’exportation est réglée comme suit :
            8.000 immédiatement,
            12.000 à crédit.
      Nature des
                           Opérations                Crédit               Débit                 Solde
      opérations
    Economique          X (ventes)                   20.000                  -                     +20.000
    Financière          Prêts (à l’an)                  -                 12.000                   -12.000
    Monétaire           Liquidités (caisse)             -                 8.000                     -8.000
                                                                                                            0

6Le patrimoine des agents comprends les avoirs réels (biens), les actifs financiers (créances, comme des dépôts
en banque à l’étranger par exemple) et les engagements financiers (emprunts, actions,…).

                                                                                                            13
2. Les mécanismes d’ajustement
                           de la balance des paiements

L’ajustement de la balance des paiements s’impose lorsqu’un pays enregistre durant plusieurs
années des excédents ou des déficits au niveau de ses paiements courants. En effet, une
balance des paiements excédentaire ou déficitaire peut avoir des effets indésirables sur les
principaux équilibres internes du pays. Ainsi des excédents durables peuvent avoir pour
conséquence une appréciation de la monnaie nationale par rapport à d’autres monnaies
étrangères, chose qui peut pénaliser les exportations du pays dans certains secteurs. Par
contre, un déficit chronique, peut avoir pour conséquence une augmentation du niveau général
des prix dans le pays.
C’est pourquoi depuis le 19 Siècle des économistes ont cherché à développer des thèses sur
les mécanismes d’ajustement de la balance commerciale et plus tard de la balance des
paiements. Sans faire l’histoire des thèses de l’ajustement de la balance des paiements (par
les mécanismes du marché ou par les interventions de l’Etat) nous pouvons dire que la thèse
la plus généralement admise aujourd’hui est celle qui établit une relation entre les soldes de
la balance des paiements et des soldes internes significatifs.

2.1 Liens entre les principaux soldes internes et les soldes de la balance des
    paiements courants

Dans une économie fermée, il y’a absence de relations avec le reste du monde, par contre
dans une économie ouverte l’équation Ressources/Emplois doit intégrer les relations avec le
reste du monde.

Le point de départ de cette thèse est l’équation d’équilibre macro-économique7 :

                                               Ressources = Emplois

La thèse fait une comparaison entre une économie fermée hypothétique et une économie
ouverte sur le monde.

2.1.1      Le cas d’une économie fermée

Dans le cas d’une économie fermée, les relations avec le reste du monde ne doivent pas être
intégrées.
On peut alors écrire :

                                           Ressources = Production (P)

      Emplois = Consommation intermédiaire (CI) + Consommation finale privée (CF) +
                    Dépenses publiques (G) + Investissement brut (I)
Dans cette égalité on ignore la variable d’ajustement varitation des stocks.

7   Production + importation = consommation intermédiaire + consommation finale + Formation brute du capital fixe
    + exportation + variation des stocks. Ou bien P + M = CI + CF + FBCF + X + ∆ S

                                                                                                              14
On a donc :
    P – CI = Valeur ajoutée = Revenu national = Y
Donc on a :
    Y= CF + G + I

       Dans une optique revenu, Yd peut s’écrire :

                                            Yd = Y + T (1)

Où :
Yd = Revenu Disponible
T = Impôts

       Dans une optique utilisation du revenu, Yd peut s’écrire :

                                      Yd = CF+ S (épargne) (2)

Si on remplace (1) dans (2), on a :

                                           (S – I) = (G – T)

Selon cette thèse, dans une économie fermée, les pouvoirs publics ne peuvent avoir un déficit
budgétaire (G-T) que s’il y a un excédent de l’épargne nationale sur l’investissement.
Autrement dit, il ne peut y avoir un excédent de G sur T que si les agents économiques privés
(ménages et entreprises) dégagent une capacité de financement suffisante pour financer le
déficit public.

2.1.2    Le cas d’une économie ouverte

Dans le cas d’une économie ouverte, on doit ajouter les relations avec le reste du monde.
L’équation d’équilibre peut alors s’écrire comme suit :

                                        Y + M = CF + G + I + X

M et X représentent les importations et les exportations de biens et services.
Cette équation peut également s’écrire comme suit :

                                      CF+S+T = CF+G+I+(X-M)

(X – M) : représente le déficit des paiements courants (balance commerciale et balance des
services).
La balance des paiements globale est toujours en équilibre. Si on part de cette hypothèse, on
a donc :
X – M = Capitaux sortants du pays (Ks) – capitaux entrants (Ke).
Cette égalité signifie que le solde de la balance des transactions courantes trouve sa
compensation dans la balance des capitaux. Un solde des transactions courantes négatif
implique un recours à des financements externes sous forme d’investissements directs,
d’investissements de portefeuille, de crédits commerciaux et d’emprunts (cas des USA et d’un

                                                                                          15
grand nombre de pays en développement depuis les années soixante-dix). En revanche un
solde des transactions courantes positif implique une exportation de capitaux vers le reste du
monde (le cas du Japon et de l’Allemagne depuis les années 1970).
A partir de là, on peut écrire les identités suivantes :

                                  (S- I) – (G-T) = (X-M) = (Ks – Ke)

Ainsi dans une économie ouverte, on peut accroître les déficits internes (G-T et S-I) grâce à
l’importation de capitaux étrangers (sous forme d’investissements et d’endettement
international).

2.2 Principes de l’ajustement de la balance des paiements courants

2.2.1 Action sur le taux de change : la courbe en J
La courbe en J s’inscrit dans l’analyse des effets des politiques de change (actions de l’Etat
visant à modifier le taux de change de la monnaie nationale afin de rétablir l’équilibre
commercial ou de lutter contre l’inflation.
                      Les effets d’une dévaluation sur le commerce extérieur

 Dans une première phase, le prix des exportations baisse et celui de nos importations
augmente, il s’ensuit une dégradation des termes de l’échange, c’est-à-dire le rapport entre le
prix des exportations et celui des importations. Cet effet-prix, qui se manifeste immédiatement
après la dévaluation, dégrade le solde en valeur des échanges courants.
Dans une deuxième phase, un effet-volume peut se produire. En effet, les volumes échangés
réagissent aux variations de prix. Puisque le prix en monnaie étrangère des produits exporté
baisse, le volume vendu tend à augmenter, et puisque le prix en monnaie étrangère des
produits importé augmente, le volume acheté tend à baisser. Il s’en suit alors une amélioration
du solde extérieur.
Dans les faits, l’impact de la dévaluation de la monnaie nationale sur le commerce extérieur
dépend de la force avec laquelle les quantités exportées ou importées réagissent aux

                                                                                             16
variations de prix, ce que les économistes appellent " l’élasticité prix ". Si l’élasticité est
suffisamment forte, l’effet-volume l’emportera sur l’effet-prix ; sinon le solde courant
continuera de se dégrader.

  Complément d’informations :
  Limites des politiques de change soulignées par la courbe en J

Risque d’inflation importée : l’inflation engendrée par certaines dévaluations, liée à un effet
prix supérieur à l’effet volume, peut entraîner une hausse des coûts de production ; c’est le
cas des importations incompressibles, telles que l’énergie, les matières premières, le pétrole
etc; en effet, pour ce type de produits, une hausse des prix ne s’accompagne pas d’une baisse
de la demande des biens importés, puisque l’Economie nationale n’offre pas de biens de
substitution.

Crainte d’un cercle vicieux : une dévaluation entraîne de l’inflation, source de perte de
compétitivité, à l’origine d’une dégradation de la balance commerciale du pays concerné, d’où
une nouvelle dévaluation dans le but de rétablir l’équilibre, celle-ci de nouveau source
d’inflation…
En conséquence, les courbes en J ont de plus en plus de mal à se redresser, c’est-à-dire que
les effets volume tardent à l’emporter sur les effets prix !

2.2.2   Action sur les soldes intérieurs

2.2.2.1 action sur la dépense globale (l’absorption)

Il s’agit de l’approche privilégiée par le Fonds monétaire international (FMI) lorsqu’il intervient
dans un pays connaissant une crise financière. Selon cette approche, il s’agit de lutter contre
les déséquilibres externes (causant l’insolvabilité financière d’un pays) par une réduction du
niveau de dépense globale. (Diminution de la consommation des dépenses publiques,
diminution des importation et encouragement des exportations).
                                  Y+M=C+I+G+X
C + I + G = dépense globale = A (absorption)
Donc :
                                            Y – A = (X – M)

Selon cette thèse, tout excédent ou déficit de la balance des paiements courants doit se
traduire soit par une réduction de la demande globale en cas de déficit (cas du Maroc depuis

                                                                                                17
le milieu des années quatre-vingt) ou par une relance de la demande globale en cas
d’excédents importants (le cas du Japon pendant plusieurs années).
Les variables d’ajustement sont en général de trois types :

     le niveau des taux d’intérêt (la variation des                taux d’intérêts agit positivement ou
     négativement sur le niveau de la consommation et de l’investissement),

     le niveau des revenus (l’augmentation ou le gel de certains revenus agit sur le niveau de
     la demande globale),

     le taux de change (la variation du taux de change agit directement sur le solde extérieur).

2.2.2.2 L’ajustement par une action sur le solde (S – I)

Selon cette approche, le solde de la balance des paiements courants s’adapterait aux
comportements nationaux d’épargne et d’investissements. Les variables d’action sont les
suivantes :

     Le revenu puisque dans la tradition Keynésienne, toute augmentation du revenu se
     traduit par une augmentation de l’épargne, car la propension marginale à consommer à
     tendance à stagner ou à augmenter moins proportionnellement que le niveau du revenu.

     Le taux d’intérêt réel 8 , car la baisse ou l’augmentation de ce dernier encourage ou
     décourage l’investissement ou l’épargne.

     Le taux d’inflation influence le taux d’intérêt réel et par voie de conséquence le niveau
     de l’épargne. La hausse du taux d’inflation décourage l’épargne, mais encourage les
     emprunts. La baisse du taux d’inflation incite à l’investissement, mais décourage le niveau
     de l’épargne.

     La structure de la population est un facteur structurel qui peut à son tour influencer le
     niveau de l’épargne. Une population vieillissante est de nature à augmenter l’épargne,
     alors qu’une population jeune peut réduire l’épargne dans un pays donné.

2.2.2.3 L’ajustement par une action sur le solde (G – T)

Selon cette approche, le déficit des paiements courants trouve son origine dans le déficit
budgétaire. Elle repose sur l’analyse en terme de « déficit jumeaux » appliquée au cas des
Etats-Unis durant toute la décennie quatre-vingt. Cette analyse a pu montrer que dans le cas
de ce pays, le déficit de la balance des transactions courantes a évolué dans le même sens

8Le taux d’intérêt réel est la différence entre le taux d’intérêt nominal et le taux d’inflation pour une période
déterminée.

                                                                                                              18
que le déficit budgétaire. L’ajustement de la balance des paiements courants dans cette
approche passe par des actions sur les deux principales composantes du budget de l’Etat à
savoir les impôts et les dépenses publiques.
En cas de déficit par exemple, l’ajustement doit se traduire par une augmentation des impôts
ou une baisse des dépenses publiques ou les deux à la fois9.

9  Toutefois il faut souligner que ces scénarios peuvent connaître quelques limites. La hausse des impôts peut
confronter des limites sociologiques (fraude fiscale, évasion fiscale, corruption etc.) et économiques, car toute
augmentation excessive des impôts peut décourager les efforts des travailleurs et des entreprises (« l’impôt tue
l’impôt » dans la conception de l’économiste Américain Laffer). La baisse des dépenses passe par la réduction du
service de la dette, ce qui implique sa restructuration, et la réduction de la masse salariale supposerait des
négociations délicates entre des groupes aux intérêts opposés.

                                                                                                             19
Résumé
La balance des paiements un outil de mesure des échanges entre un pays et le reste du
monde. Elle enregistre l’ensenble des flux de biens, services, revenus et capitaux circulant
entre les résidents d’un pays et les non résidents. C’est un outil statistique utile mais qu’il
faut utiliser avec précaution. Grâce à la balance des paiements et ses déficits, on analyser le
positionnement international d’un pays (compétitivité, l’attractivité pour les investissements
internationaux). L’évolution des soldes de la balance des paiements nous permet aussi de
juger des capacités de paiements et donc de la solvabilité international d’un pays (capacité
ou besoin de financement). Cependant cet outil, tout comme tous les documents statistiques,
doit être utilisé avec prudence, car il s’appuie sur des conventions statistiques.

                                                                                                  20
Partie 2
                                 Le système monétaire
                                          international

                                                           Objectifs
                     Définir le système monétaire international (SMI).
                     Préciser les règles et mécanismes du système
                     monétaire international.
                     Analyser les principaux systèmes monétaires
                     internationaux.
                     Analyser le système monétaire européen (SME).

Le système monétaire international (SMI) est l’ensemble des règles et mécanismes qui
facilitent les échanges sur le plan international. Le (SMI) est donc le cadre institutionnel des
échanges entre résidents et non résidents.

                     1. Règles et mécanismes du
                   système monétaire international
                                (SMI)

La croissance des échanges internationaux entraîne une intensification accrue des flux
monétaires entre les économies nationales. Ces flux ne sont possibles que s’il existe un
ensemble de règles communes qui permet aux monnaies nationales de circuler et de
s’échanger entre elles hors de leurs frontières naturelles.

1.1 Une monnaie internationale

L’existence d’une monnaie internationale commune reconnue permet de dépasser les
questions de déséquilibres des balances de paiements. La monnaie internationale ou pivot
sert de moyen de paiement entre les pays participant, permettant d’ajuster les soldes des
balances de paiements : le pays en déficit doit régler ce dernier avec cette devise. Mais la
monnaie internationale fournit aussi une unité commune de référence aux monnaies qui
participent au système et qui annoncent leur cours (en parité) par rapport à la monnaie
internationale qui est ainsi l’étalon du système monétaire. Ceci suppose que les monnaies
soient convertibles dans cette devise.
Le statut de monnaie internationale renvoie aux relations de pouvoir caractérisant les relations
économiques internationales depuis des siècles. L’histoire nous confirme que seules les
nations dominantes (économiquement, politiquement voire même militairement) sont à même
d’imposer leur monnaie nationale en tant que monnaie internationale. Il apparaît en effet
nettement qu’une économie dominante comme celle de la Grande-Bretagne avant 1914 ou

                                                                                             21
comme celle des Etats-Unis depuis 1945 confère à sa monnaie nationale un statut de facto
supérieur.

                                                                                     22
1.2 Un régime de change

Un régime de change est l'ensemble des règles qui déterminent l'intervention des autorités
monétaires sur le marché des changes, et donc le comportement du taux de change. Il existe
une très grande variété de régimes de change, qui se distribuent entre deux extrêmes :
changes fixes et changes flexibles.

  Complément d’informations :
  Les principaux régimes de change, classés par ordre de régidité
  décroissante du taux de change

Source : CPII, l’économie mondiale 2000, éditions la découverte, Paris, 2009, pp.93-103

                                                                                          23
Complément d’informations :
   Régimes de change déclarés auprès du FMI

1.3 Un régime de réserve de change officiel

Ce sont des moyens dont dispose chaque Etat pour assurer le financement de sa balance des
paiements et intervenir sur le marché de changes en cas d’attaques contre la monnaie
nationale sur le marché. En général les banques centrales sont vendeuses de devises contre
la monnaie nationale en cas de forte dépréciation de cette dernière ou d’acheteuse de devises
en cas de forte appréciation de la monnaie nationale.

1.4 Un système d’ajustement

En cas de difficultés de la balance des paiements, le régime de change définit les mécanismes
permettant de revenir à une situation de « viabilité financière ». Ces ajustements peuvent
prendre plusieurs formes (actions sur les soldes extérieurs, actions sur les soldes intérieurs,
variation du cours de change etc.).

                                                                                            24
2. Les principaux systèmes
                         monétaires internationaux

Depuis le 19 siècle le monde a expérimenté deux système monétaires internationaux majeurs :
Le Gold standard (système étalon-or) et le Gold exchange standard (système étalon-or-
devise). Rappelons brièvement le fonctionnement de chacun de ces systèmes.

2.1 Le régime de l’étalon-or

C’est un système qui coïncidait avec l’intensification des échanges mondiaux à la fin du 19
Siècle.
Dans un tel régime, toutes les monnaies sont convertibles en or, selon une parité fixe.
C’est l’or seul qui peut servir de devise commune et donc constituer les fonds de réserves de
change des banques centrales. Les déficits des balances des paiements sont réglés par des
sorties d’or.
Dans la réalité, la place de Londres jouait un rôle primordial dans le domaine de marché
de l’or et le marché financier Londonien était le principal pourvoyeur de fonds pour le reste du
monde. Ceci a attribué à la livre sterling une valeur particulière de monnaie internationale, qui
repose sur la confiance dans la prospérité britannique. Même si la Grande-Bretagne (G-B) ne
détenait plus que 3.6 % des réserves d’or mondial à la veille de la première guerre mondiale
(contre 28 % pour le Etats-Unis), sa puissance financière lui assurait une balance des
paiements régulièrement bénéficiaire, grâce en particulier aux revenus de ses 4 milliards de
livres sterling de placements externes à long terme.

                         Stock d’or, en % des réserves mondiales
                       Etats-Unis       Royaume-Uni            France         Allemagne
    1923                        44,4                 8,6               8,2              1,3
    1924                        45,7                 8,3               7,9              2,0
    1925                        44,4                 7,8               7,9              3,2
    1926                        44,3                 7,9               7,7              4,7
    1927                        41,6                 7,7              10,0              4,7
    1928                        37,4                 7,5              12,5              6,5
    1929                        37,8                 6,9              15,8              5,3
    1930                        38,7                 6,6              19,2              4,8
    1931                        35,9                 5,2              23,9              2,1

La guerre de 1914-1918 met fin à ce système, en sapant ses bases. En effet un tel système
était bien adapté à une ère de faible croissance du commerce mondial, de stabilité des prix et
d’expansion coloniale. Mais ces conditions ont été affectées par la guerre qui a confirmé le
premier rôle économique des Etats-Unis et a précipité la crise de l’économie britannique. Il en
a résulté une suspension des convertibilités des monnaies, une inflation galopante, une
explosion des dettes publiques et la plupart des monnaies flottent et se déprécient.
La Grande-Bretagne s’efforça de revenir au système de l’étalon or qui a été pendant
plus d’un siècle le symbole de la puissance de livre sterling et de la Grande-Bretagne.

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Mais ses efforts n’ont pas pu arrêter l’écroulement du système. Parmi ces tentatives, on peut
citer :
     La conférence monétaire de Gênes en 1922 essaya de mettre fin à une période
     d’instabilité et d’incertitudes. Elle accordait au dollar américain et à la livre sterling un
     statut de monnaies de réserve équivalentes à l’or. On a institué de facto un système étalon
     de change -or où ces deux monnaies jouent un rôle de référence pour les autres monnaies
     équivalent en principe à celui de l’or.
     Pour essayer de conforter leur place dans ce système, le gouvernement britannique
     décida en 1925 de rétablir la parité or d’avant-guerre de la livre ainsi que sa
     convertibilité. Pour cela, la G-B devrait mener une politique déflationniste, pour réduire
     les prix intérieurs et retrouver ceux d’avant-guerre. Ceci précipita la crise économique et
     sociale qui frappait le pays depuis 1920, et il fallut suspendre la convertibilité de la livre
     en or en 1931.
Au début des années trente, le SMI recomposé cesse d’exister dans les faits. Des blocs
monétaires se créent, autour de quelques monnaies plus fortes : zone dollar, sterling, franc.
La principale justification du SMI à savoir les échanges internationaux, se réduisent des deux
tiers en valeur.

2.2 Le régime du Gold- Exchange standard (étalon changes - or)

La seconde guerre mondiale débouche sur une bipolarisation 10 du monde. Seul le monde
occidental se dote d’un réel SMI, placé sous la tutelle rapidement sans partage des Etats-unis
et du dollar. Cette domination sévit même au désordre monétaire international qui règne
depuis 1971.

2.2.1   Le fonctionnement

La conférence de Bretton-woods11 (1944) marque le début d’une nouvelle ère monétaire
internationale. Son objectif était de mettre en place du régime un système assurant la
convertibilité des monnaies (indispensable au commerce international) et mettre fin à
l’anarchie ambiante caractérisée par des dévaluations compétitives qui ont marqué la période
de l’entre-deux-guerre.
La conférence de Bretton-woods était en fait le lieu où on allait assister une recomposition de
la hiérarchie monétaire internationale. Deux projets de réformes se sont confrontés :
     Le plan Britannique défendu par l’économiste Britannique KEYNES (et chancelier de
     l’échiquier à l’époque).
     Le plan américain défendu par White (Président de la réserve fédérale américaine).
Sur le fond, ces deux plans défendaient l’idée de la mise en place d’un régime de change fixe
et de la création d’une institution chargée de prêter aux pays traversant une crise de paiement
réversible.
Mais c’est la nature de cette institution qui posait problème.
Keynes pensait à une banque supra-nationale (sorte de banque centrale à l’échelle mondiale)
qu’il a appelé « union de clearing ». Cette banque aura sa propre monnaie appelée le
« bancor » émise en fonction des besoins du commerce international. Le « bancor » doit être
converti par rapport à toutes les autres monnaies mais inconvertible en or. Le plan Keynes
défendait les intérêts d’une puissance financière et commerciale révolue et qui n’a plus les
moyens de ses ambitions à savoir la G-B.
Le plan white proposait un système étalon changes-or, car les Etats-Unis détenaient à
l’époque les deux tiers du stock d’or mondial. Donc pour les USA, imposé un système étalon-
or-devises, revenait tout simplement à imposer le dollar US comme monnaie internationale.

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Sur le plan institutionnel, les Américains pensaient à la création d’une institution chargée de
réguler le système. Les Américains défendaient l’idée d’un organisme de coopération
monétaire internationale à l’image du Fonds monétaire international (FMI).
C’est finalement le plan Américain qui a en gain de cause.
Les accords de Bretton-woods (B-W) étaient destinés à mettre fin à l’anarchie qui avait
précédé la guerre dans le domaine monétaire.
Les accords de B-W installent deux institutions monétaires et financières internationales : La
Banque mondiale et le FMI.
Le FMI est le garant d’un ordre reposant sur la libre convertibilité des monnaies entre elles et
des parités fixes établies par rapport à l’or ou au dollar. Donc le contrôle et la gestion du
système étaient confiés au FMI.

 Complément d’informations :
 La banque mondiale / Le FMI

                                           La Banque mondiale
Créée à l’origine pour financer la reconstruction des pays européens détruits par la guerre, la banque mondiale est
devenue une institution de financement du développement.
On désigne par le groupe de la Banque mondiale les institutions les institutions suivantes :
- La BIRD, la Banque internationale de reconstruction et de développement et l’AID, association internationale de
développement, créée en 1960, qui accorde des prêts à des taux très faibles pour les pays les moins avancés.
- La Société financière internationale (SFI), créée en 1956, destinée à développer le secteur privé dans les pays
en développement. La SFI s’est intéressée dans les années 90 à développer les marchés de capitaux dans les
pays en développement. Elle a également joué un rôle de conseiller dans les opérations de privatisation et de
restructuration des entreprises publiques dans les pays d’Europe centrale et orientale (PECO).
- L’agence multilatérale de Garantie des investissements (AMGI), créée en 1988, offre une protection aux
investisseurs étrangers contre les pertes résultant de risques non commerciaux afin d’encourager les flux
d’investissement directs en directions de pays en développement.
La BIRD dispose de ressources propres qui proviennent des souscriptions des pays membres et surtout des
emprunts réalisés sur les marchés financiers internationaux.
La BIRD finance par des prêts à long et moyen terme (15 à 20 ans) :
- Des infrastructures
- Des programmes d’agriculture et de développement rural
- Des projets touchant aux domaines de l’éducation, le secteur social ou l’environnement
Dans ses politiques d’intervention, la BIRD encourage l’élargissement du secteur privé dans les pays en
développement.
Les prêts sont consentis aux gouvernements ou à des entreprises avec la garantie du gouvernement concerné.
Les projets financés doivent économiquement justifiés et le revenu qu’ils dégagent doit être suffisant pour
rembourser le prêt consenti dans les délais prescrits. Les taux d’intérêts sont fonction des taux d’emprunt sur le
marché mais sont particulièrement intéressants.

                                                     Le FMI
C’est un fonds de coopération monétaire internationale répartissant ses ressources constituées par les pays
membres entre les pays connaissant des difficultés de paiements. Ses missions sont :
- Faciliter l’expansion harmonieuse du commerce international et Promouvoir la libre circulation des capitaux
- Maintenir entre les Etats membres des régimes de changes ordonnés
- Aider à établir un système international de règlement des transactions courantes et éliminer les restrictions de
change.
- Donner confiance aux Etats membres en mettant les ressources générales du fonds à la disposition des pays
ayant des difficultés de paiements
- Réduire l’ampleur des déséquilibres de la balance des paiements grâce à des politiques d’ajustement structurels
imposés aux pays en difficulté.
Pour remplir sa mission, le FMI possède des ressources constituées par les versements effectués par les pays
membres appelés quote-part. La quote-part est composée de deux éléments :
- Une partie en or représentant le quart du versement

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