CARITAS - UN SIGNE DE L'AMOUR DE DIEU ENVERS L'HUMANITE - je suis caritas

CARITAS – UN SIGNE
DE L’AMOUR DE DIEU
ENVERS L’HUMANITE

je suis caritas

Chers amis
Que vous soyez un employé de Caritas, un de nos nombreux
bénévoles ou donateurs, ou que vous ayez été aidés par une
organisation de Caritas, je suis certain que vous aurez remarqué
que Caritas n’est pas seulement une organisation non
gouvernementale; elle est bien plus.

Caritas est un signe de l’amour de Dieu envers l’humanité. C’est
un amour qui n’a ni limites ni frontières. « Caritas Internationalis »
veut littéralement dire « amour entre les nations ». Caritas
témoigne de l’amour de Dieu parmi nous, un amour pour tous et
surtout pour les plus pauvres.

Les organisations Caritas du monde entier sont fortement
engagées à travers leurs programmes à diffuser l’amour. Je suis
extrêmement fier de notre travail et reconnaissant envers tous ces
hommes et toutes ces femmes qui mettent leur engagement et
leurs compétences professionnelles jour après jour au service des
plus pauvres. Je vous invite tous à partager vos expériences au
sein de la communauté Caritas, et de décrire par des mots et par
des histoires comment votre action contribue à la théologie de
Caritas. « Caritas – Un signe de l’amour de Dieu envers
l’humanité » est une réflexion qui, je l’espère, va vous inspirer à
chercher en quoi nous sommes un signe visible et un sacrement
de l’amour de Dieu dans le monde, et comment nous devons
rassembler nos actions et nos paroles.

Les expériences des employés de Caritas du monde entier nous
aident à comprendre le lien fondamental entre notre travail et
notre foi. Quand nous rencontrons la pauvreté et les souffrances,
nous trouvons Jésus, et en Jésus nous trouvons Dieu. Ainsi, que

D O C U M E N T D E T R AVA I L
  nous réconfortions les victimes traumatisées de violence et de
  viol au Congo, dégagions les survivants d’un tremblement de
  terre au Pérou, donnions refuge à des familles devenues sans abri
  suite aux inondations au Bangladesh, ou servions des repas
  chauds aux sans-abri des villes riches dans le monde entier, nous
  répondons simultanément à l’appel des évangiles qui nous disent
  d’aimer notre prochain tout en trouvant Dieu dans l’étranger à qui
  nous offrons notre aide.

  Toutefois, être solidaire avec les pauvres, ce n’est pas seulement
  être personnellement proche d’eux, c’est aussi prévenir les causes
  humaines de la pauvreté dans le monde. Il est donc logique que
  dans cette réflexion, nous réfléchissions au rôle que nous jouons
  pour essayer de bâtir un monde plus juste. La justice et la
  promotion humaine sont indispensables à la mission de l’Eglise,
  qui est le défenseur des pauvres.

  Aujourd’hui, nous faisons face à de nouveaux défis complexes
  auxquels Caritas ne sera en mesure de répondre efficacement que
  si nous comprenons bien notre identité. J’espère que cette
  réflexion va nous aider à renforcer nos cœurs, à avoir ce que le
  Saint-Père Benoît XVI dans Deus caritas est (31,b) a appelé un
  « cœur qui voit », pour que nous puissions avancer ensemble vers
  notre mission commune au profit de l’humanité toute entière.

  Bien à vous en Jésus-Christ,

  +Oscar Andrés Cardinal Rodríguez Maradiaga S.D.B.
  Président de Caritas Internationalis
  25 avril 2009, Ville du Vatican

CARITAS – UN SIGNE DE L’AMOUR
                           DE DIEU ENVERS L’HUMANITE
                           Une réflexion théologique

                           « Dieu est amour, celui qui demeure dans l’amour demeure
                           en Dieu et Dieu en lui’ (4:16). Ces paroles de la Première
                           Lettre de saint Jean expriment ce qui fait le centre de la foi
                           chrétienne : l’image chrétienne de Dieu, ainsi que l’image de
                           l’homme et de son chemin qui en découle. » (Deus Caritas
                           Est : 1). En Jésus-Christ, nous rencontrons le mystère de
                           l’amour en personne et savons que nous sommes enfants de
                           Dieu, mais le but de notre voyage est la rencontre avec Dieu
                           lui-même, de découvrir qui nous sommes quand nous Le
                           verrons tel qu’il est.

                           Partager les bonnes nouvelles du Royaume

                           Le cœur du message de Jésus est l’annonce de l’amour de
Photos 1 &4: Paul Jeffrey

                           Dieu exprimé dans la proclamation de Son Règne. Le
                           Royaume entraîne l’histoire humaine au-delà d’elle-même,
                           jusqu’à son épanouissement total. Mais en même temps, il
                           est déjà présent. Cette double dimension est définie par
                           l’expression : le Royaume est « à la fois présent et futur ». Il

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arrive. Le Règne de Dieu est une grâce et en même temps
une responsabilité. La vie des disciples de Jésus-Christ est à la
fois un cadeau et une tâche : « Recevez en héritage le
Royaume qui vous a été préparé (…) car j’ai eu faim et vous
m’avez donné à manger. » (Mt. 25:34-35)

Les images du Règne de Dieu dans les Evangiles trouvent
leurs origines dans des thèmes bibliques fondamentaux : le
réconfort, la fertilité, la plénitude, la miséricorde, la vision de
Dieu, les enfants de Dieu (cf. Mt. 5:5-10). Tous ces termes ont
en commun l’affirmation de la vie dans ses différentes
manifestations. En effet, dans les Evangiles, entrer dans le
Royaume signifie entrer dans la vie (Mc 9: 43 et 47).
Rencontrer notre Dieu qui est amour nous appelle toujours à
aller plus loin dans notre pèlerinage vers le Royaume. Nous
sommes invités à redécouvrir qui nous sommes, face à ce
mystère de l’amour qui dépasse notre entendement.

Dans cette perspective biblique, quel rôle joue la création
d’un monde juste dans la proclamation du Royaume ? Ces
dernières années, Magistère de l’Eglise et la réflexion
théologique ont insisté sur la compréhension de la
proclamation de l’Evangile. L’engagement d’accomplir « la
justice et le droit » (Genèse 18:19) – un thème biblique

 | JE SUIS CARITAS

Photos: Laura Sikes – Catholic Charities USA, Stefano Montesi – Caritas Roma

classique – n’est pas antérieur à la proclamation du Royaume,
mais en fait partie. Dans le Synode romain sur la « Justice
dans le monde » (1971), la mission de l’église « inclut la
défense et la promotion de la dignité et des droits
fondamentaux de la personne humaine » (n. 37)1.

Paul VI nous rappelle que l’Eglise « existe pour prêcher
l’Evangile » (Evangelii Nuntiandi 14), pour proclamer le
Royaume de Dieu par des mots et des actions. Jean-Paul II a
déclaré dans son discours inaugural de la Conférence des
évêques de Puebla (1979), que « l’Eglise a appris qu’une
partie indispensable de sa mission d’évangélisation repose
sur des œuvres en faveur de la justice et de la promotion
humaine » (III, 2). Et dans un discours aux évêques du
Honduras, il a affirmé : « On ne doit pas oublier que
l’attention au domaine social fait partie de la mission
1
    Nous trouvons une idée similaire dans les écrits de Paul VI
    sur cette question (Evangelii Nuntiandi (1974) 29).

              CARITAS – UN SIGNE DE L’AMOUR DE DIEU ENVERS L’HUMANITE | 7

Photos: Caritas Australia, Pieter-Jan De Pue – Caritas Germany

évangélisatrice de l’Eglise et que la promotion humaine doit
être la conséquence logique de l’évangélisation, qui tend à la
libération intégrale de la personne » (4 Déc. 2001). Ce point a
été repris par Benoît XVI, lors de son discours aux évêques
latino-américains et des Caraïbes au sanctuaire d’Aparecida
en 2007 : « Nous devons nous rappeler que l’évangélisation
s’est toujours développée en même temps que la promotion
de la personne humaine et de la libération chrétienne
authentique. »2 En outre, Benoît XVI affirme que « l’Eglise est
l’avocate de la justice et des pauvres. »

La conclusion est claire : l’attention sociale à la justice et à la
promotion humaine n’est manifestement pas la seule et
unique tâche de l’Eglise, mais en forme une partie
« essentielle ».

2
    Discours de Sa Sainteté Benoît XVI lors de la Session inaugurale de la V Conférence
    générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes en Mai 2007

     | JE SUIS CARITAS

La tâche de Caritas dans le monde

Caritas est au centre de la mission de l’Eglise, un signe de
l’amour de Dieu envers l’humanité en Jésus-Christ. Caritas
Internationalis veut littéralement dire « amour entre les
nations », reflétant notre espoir pour le Royaume de Dieu.
Selon « Deus Caritas Est », « l’amour a besoin d’organisation
comme présupposé pour un service communautaire
ordonné » (20). Caritas est une institution organisée de la
mission de l’Eglise, qui témoigne de la présence de l’amour
de Dieu parmi nous, un amour pour tous et avant tout pour
les petits, les personnes « insignifiantes », les pauvres : c’est
l’option préférentielle pour les pauvres, sur laquelle a insisté
Benoît XVI lors de son discours à Aparecida. La solidarité avec
les pauvres implique qu’il faut être personnellement proche
d’eux et en même temps, être au service des causes
humaines de la pauvreté dans le monde.

Le pape Benoît XVI a affirmé son intention « de susciter dans
le monde un dynamisme renouvelé pour l’engagement dans
la réponse humaine à l’amour divin » (DCE 1.1). Et il est bien
conscient des souffrances réelles de notre monde : la
pauvreté, la haine, la guerre et l’exclusion sociale.3 Sa
3
    DCE 1 et ‘Combattre la pauvreté, construire la paix’,
    Message pour la Journée mondiale de la paix, 2009

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Photos: Aleksandra Pawloff, Laura Sikes – Catholic Charities USA, Beth Cohen – CRS

présentation du commandement de l’amour dans les
Evangiles s’applique particulièrement bien à la tâche de
Caritas. Les Evangiles parlent de l’amour de Dieu et de son
prochain, mais le pape met l’accent sur l’harmonie profonde
des deux : « L’amour de Dieu et l’amour du prochain se
fondent l’un dans l’autre : dans le plus petit parmi nous, nous
rencontrons Jésus lui-même, et en Jésus nous rencontrons
Dieu » (id. 15 et 18). La conséquence est inévitable : « Fermer
les yeux sur son prochain rend aveugle aussi devant Dieu »
(id. 15).

Aujourd’hui, l’Eglise fait face à un nouveau défi dans le
monde. Benoît XVI a déclaré dans son Message pour la
Journée mondiale de la paix (2009) : « Combattre la pauvreté
implique une prise en considération attentive du
phénomène complexe de la mondialisation » (n.2).

10 | JE SUIS CARITAS

Comment être fidèle d’une part à ce
que nous avons reçu des Evangiles et
de la tradition de l’Eglise, et, d’autre
part, fidèle au cadeau que Dieu nous
offre dans ce nouveau monde dans
                                         Photo: Beth Cohen – CRS
lequel l’humanité est liée encore plus
étroitement qu’avant ? Comment faire
face aux défis du changement climatique qui menace un
avenir florissant de l’humanité ? Comment réagir à un
nouveau dynamisme économique qui touche de vieilles
géopolitiques et introduit de nouveaux acteurs mondiaux ?
Comment le point de vue des pauvres et des pays en voie de
développement peut-il se faire entendre dans le cadre d’une
crise financière et économique mondiale qui porte la crise
sociale en elle ? Comment notre monde peut-il tirer profit
d’une gouvernance mondiale qui sera respectée si elle est
démocratique et représente d’une façon mesurée les intérêts
de tous ?

Caritas a un rôle-clé à jouer dans la réponse de l’Eglise à ces
nouveaux défis. Elle est au service de la réponse de l’Eglise, et
non pas seulement des souffrances et des injustices d’une
économie mondiale qui fait vivre certains dans l’abondance
et d’autres dans la misère et la violence. C’est une expression

      CARITAS – UN SIGNE DE L’AMOUR DE DIEU ENVERS L’HUMANITE | 11

de ce qu’est l’Eglise, comme le signe et le
                      sacrement de « l’unité de tout le genre
                      humain » (Lumen Gentium 1). Et à ce titre,
                      par l’intermédiaire de Caritas, l’Eglise
                      partage « les joies et les espoirs, les peines
                      et les angoisses des hommes de ce temps,
                      et surtout de ceux qui sont pauvres et de
                      ceux qui souffrent. » Gaudium Et
                      Spes : 1 poursuit: « Ce sont aussi les joies et
                      les espoirs, les peines et les angoisses des
Photo: David Snyder
                      disciples du Christ, et il n’est rien de
                      vraiment humain qui ne trouve écho dans
leur cœur. (…) La communauté des Chrétiens se reconnaît donc
réellement et intimement solidaire du genre humain et de son
histoire. »

En cette année St. Paul, nous nous rappelons comment l’apôtre
des Gentils a demandé à l’Eglise de s’ouvrir à tous les peuples, leurs
histoires et leurs cultures pour donner une meilleure image de
notre Seigneur : « Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme
libre, il n’y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un
dans le Christ Jésus » (Ga. 3,28). Nous devons dépasser les vues
nordistes étroites, celles de la vieille chrétienté, pour découvrir les
aspirations et les droits de tous les peuples, et prendre conscience

12 | JE SUIS CARITAS

de leurs réels besoins, nous rappelant le conseil donné par
les « piliers » de l’Eglise de Jérusalem à Paul : « Songe aux
pauvres » (Ga. 2:10).

Pour que Caritas soit un véritable signe de l’identité et de la
mission de l’Eglise, elle a besoin de clarifier sa propre identité,
en tant que confédération de 164 organisations membres.
L’identité chrétienne est à la fois donnée par notre réponse
aux Evangiles et découverte quand nous rencontrons le
Christ chez les autres. Caritas incarne ceci car elle représente
l’aide de l’Eglise à ceux qui sont dans le besoin, qui sont
pauvres, qui qu’ils soient et quelle que soit leur religion s’ils
en ont une. Caritas est encore plus efficace quand ses
institutions constituantes découvrent leur identité ensemble,
dans une mission et une vision commune.

25 avril 2009
Commission théologique de Caritas Internationalis

      CARITAS – UN SIGNE DE L’AMOUR DE DIEU ENVERS L’HUMANITE | 13

Photo: Khalil Ansara/CRS

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