L'événement de réception - OpenEdition Journals
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Sciences de la société 102 | 2017 L'événement politique en ligne L’événement de réception Un événement de parole du côté des publics The reception event. A speech event on the side of the public El evento de recepcion. Un evento de discurso al lado del publico Laura Calabrese Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/sds/7109 DOI : 10.4000/sds.7109 ISSN : 2275-2145 Éditeur Presses universitaires du Midi Édition imprimée Date de publication : 31 décembre 2017 Pagination : 94-109 ISSN : 1168-1446 Référence électronique Laura Calabrese, « L’événement de réception », Sciences de la société [En ligne], 102 | 2017, mis en ligne le 10 juillet 2019, consulté le 03 février 2020. URL : http://journals.openedition.org/sds/7109 ; DOI : 10.4000/sds.7109 Sciences de la société est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 95 SCIENCES DE LA SOCIÉTÉ n° 102 – © 2019 L’événement de réception Un événement de parole du côté des publics Laura CALABRESE* L a notion d’événement politique en ligne nous invite à nous demander ce qui, dans la mise en discours de l’événement, a changé avec le numérique. Nous entendons par événement en ligne celui qui est mis en discours dans un environnement numérique et peut, pour cela, adopter des caractéristiques des discours natifs du Web. Ainsi, s’il s’agit d’une nouvelle catégorie ou sous-catégorie d’événement (ce qu’il faut encore démontrer), il faudra le situer dans le dispositif sociotechnique qu’est le Web pour comprendre ce que le numérique a fait à l’événement. Interroger les mutations de l’événement en ligne implique nous pencher sur la question de la réception. Parmi les changements provoqués par l’avènement du Web 2.0 dans le domaine du journalisme, la participation des publics médiatiques constitue un enjeu majeur, comme en témoigne la littérature scientifique consacrée au phénomène ces dernières années (voir par exemple ces deux synthèses : Mercier, Pignard-Cheynel, 2014 ; Calabrese, Domingo, Pereira, 2015). Ce nouvel acteur qu’est l’internaute, considéré comme un « produser » car il adopte une attitude active face aux contenus médiatiques (et ce dans l’environnement numérique du journal en ligne, et non dans le cadré privé de la cuisine familiale, celui professionnel de la machine à café ou celui contrôlé et non interactif du courrier des lecteurs), va provoquer des changements considérables dans la manière de consommer le discours journalistique. La diversification des dispositifs dans lesquels les lecteurs peuvent s’informer ne fait que multiplier les modes de consommation. Ainsi, lire une nouvelle est également partager, commenter, * Université libre de Bruxelles.
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 96 96 Laura CALABRESE socialiser la lecture, discuter, amender, critiquer ou encore construire son identité en ligne (voir entre autres Calabrese, 2016 ; Craft, Vos, Wolfgang, 2016). Mais la participation des publics va également donner naissance à de nouvelles pratiques dans la manière de produire l’information, comme en témoignent de nombreux travaux publiés à ce sujet (voir Mitchelstein, Boczkowski, 2013). Dans cet article, nous nous intéressons à un usage très particulier que les journalistes font des interventions des internautes, lesquelles font partie du flux des big data produit quotidiennement sur le Web. Ces interventions, glanées notamment sur des comptes Twitter, sont utilisées par les journalistes pour prendre la température par rapport à un événement. En cela, le site de microblogging remplit une fonction non pas de dissémination de l’information mais de « radar », comme l’écrit Alfred Hermida : « it can be seen as a system that alerts journalists to trends or issues hovering under the news radar. As Gillmor […] argues, journalists should view Twitter as a collective intelligence system that provides early warnings about trends, people and news (2010, 302) ». Hermida appelle ce phénomène « ambient journalism », faisant par là référence à l’omniprésence et à la disponibilité de l’information grâce aux médias sociaux. En publicisant la parole des publics, comme les médias ont traditionnellement l’habitude de le faire pour le discours politique, les journalistes construisent ce que nous appellerons un « événement de réception » qui transforme profondément le statut de cette parole. Nous avancerons que les médias d’information écrite adoptent, ce faisant, une logique propre aux réseaux sociaux, qui érigent des énoncés provenant des publics en événement. Pour développer cette hypothèse nous ferons appel à l’analyse du discours, dans le but d’expliquer ce qu’est un événement discursif et comment celui-ci est utilisé pour construire l’actualité politique. La notion d’événement discursif sera articulée avec les pratiques professionnelles des journalistes, ce qui nous permettra d’observer une migration des usages propres aux réseaux sociaux vers le discours journalistique. La parole comme événement (médiatique) Nous entendons par événement médiatique « une occurrence (c’est-à-dire ce qui advient dans le monde phénoménal) perçue comme signifiante dans un certain cadre » (Krieg, 2009) ; ainsi l’événement « n’est-il pas une réalité brute mais une réalité signifiée qui demande à être comprise » (Calabrese, Veniard, 2017). Par ailleurs, « la réception de l’événement est indissociable de celui-ci, car c’est à ce moment-là qu’un sens social lui est attribué, sens qui mobilise des informations factuelles, mais aussi des ressources symboliques et culturelles, des croyances et des conventions sociales » (idem).
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 97 L’événement de réception. Un événement de parole du côté des publics 97 Or, tous les événements n’ont pas la même nature. En plus des occurrences phénoménales qui font sens pour le corps social (une grève, un attentat, une canicule), des gestes ou des paroles prononcées par certains acteurs provoquent souvent l’événement. Il en est ainsi des polémiques, lapsus et autres petites phrases1 que les femmes et hommes politiques prononcent dans différents contextes communicationnels (interview, meeting, émission télévisée). Si ces segments de discours sont un objet d’analyse privilégié par les discursivistes, la définition du phénomène (le fait qu’un énoncé constitue un événement) n’est pas pour autant stabilisée. Pour la linguistique énonciative, qui est une linguistique de la parole, tout acte d’énonciation est un événement, car elle implique « un acte individuel d’utilisation » (Benveniste, 1974, 80). A partir de là, la notion d’événement devient particulièrement productive dans les études discursives, comme le note Alice Krieg (2009). Ainsi pour Michel Foucault (1969, 34), tout énoncé est un événement dans la mesure où pour l’analyser il faut se reporter à ses conditions de production, qui sont évidemment uniques. Irène Fenoglio res- treint un peu la notion d’événement, en considérant que seulement certains phénomènes discursifs font événement car ils constituent une rupture dans une série. Elle appelle « événements d’énonciation » des phénomènes de parole tels que des « malentendus, ce qu’il est convenu d’appeler les “lapsus”, les mots d’enfants qui sur bien des points s’y apparentent, mais aussi certaines ruptures marquées (silence, ou refus de poursuivre etc.) » (Fenoglio, 1997, 41). Pour sa part, Alice Krieg utilise les dénominations « événements dis- cursifs » et « événements de parole » pour désigner le phénomène des petites phrases2. En analysant l’énoncé « casse toi pauv’ con » prononcé par Nicola Sarkozy, Mellet et Sitri (2012) parlent elles aussi d’événement discursif. Tous ces concepts utilisent l’image de l’événement pour souligner l’unicité d’une production discursive, qu’il s’agisse de n’importe quelle énonciation (Benveniste) ou énoncé (Foucault), d’un accident d’énonciation (Fenoglio) ou d’une unité discursive qui devient remarquable dans le discours social (Krieg ; Mellet, Sitri). Or, ce sont notamment les événements d’énonciation (comme le lapsus) et les événements discursifs (l’énoncé politique) qui provoquent une rupture dans la scène de communication et demandent à être compris. Suite à ces constats, nous définissons l’événement discursif comme tout événement de parole qui donne lieu à un énoncé remarquable et remarqué par les médias d’information, c’est donc tout à la fois ce qui est dit et la prise de parole (d’un acteur social éminent) qui font événement. Ces énoncés (en général provenant d’acteurs politiques au sens large, y compris la société civile) constituent une part importante du discours rapporté par les journalistes d’information. En réalité, toute parole politique est une citation 1. « Ces brèves citations qui sont découpées pour être reprises dans les émissions d’information, car jugées significatives dans un état déterminé de l’opinion » (Maingueneau, 2006, 111). 2. Ces « événements discursifs » sont à distinguer des « événements de discours » que sont les formules, « une unité qui signifie quelque chose – mais non pas la même chose – pour tous en même temps qu’elle devient l’objet de polémiques » (Krieg, 2006, en ligne). Lorsque une unité discursive devient remarquable et se constitue en formule, il s’agit d’un événement de discours. Du fait de sa force pragmatique, la formule elle- même (« globalisation », « développement durable ») devient événement.
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 98 98 Laura CALABRESE en puissance et un événement discursif potentiel, car le discours journalis- tique est formaté pour mettre en exergue des unités de discours (Krieg, 2015) qui vont contribuer à construire l’actualité. Comme l’événement-occurrence, l’événement-citation peut être exceptionnel ou routinier3, relevant la plupart du temps de la simple déclaration d’un personnage public. Comme n’importe quel événement, les événements discursifs font leur apparition dans le titre, mais sont introduits comme tout énoncé rapporté : par des formes de discours direct, indirect ou des formes mixtes : 1) Manuel Valls condamne le lynchage d’un adolescent rom (lemonde.fr 17.06.2014) 2) Charles Michel : « La Belgique n’est pas un Etat voyou ». Le Premier ministre est sorti de sa réserve, ce jeudi, à la Chambre (lesoir.be 19.05.2016) Le rôle du média dans la médiatisation des événements discursifs est décisif car, contrairement aux événements-occurrence, ils n’ont aucune « remarqua- bilité » (pour reprendre l’expression d’Alice Krieg), aucune indépendance, ils sont découpés et rendus visibles exclusivement par le travail journalisti- que. Comme les petites phrases, il s’agit d’un « objet coproduit par les médias (c’est-à-dire non seulement par les journalistes mais aussi par les médias en tant que dispositifs de médiation et de médiatisation) et les politi- ques (et par les communicants qui en sont les auxiliaires) » (Krieg, 2011, 29). Dans le cadre tendu des relations interculturelles en France, les propos de Valls (1) tiennent lieu d’événement car ils représentent la voix officielle de l’Etat en faveur d’une certaine paix sociale. Dans le discours rapporté en mode direct par Le Soir, l’événement est la prise de parole du premier ministre « sor- ti de sa réserve », expression qui tient lieu d’introducteur de discours rapporté. C’est donc tout à la fois la prise de parole et l’énoncé qui constituent l’événe- ment. Au minimum, toute citation politique rapportée nous dit que « un homme ou femme politique a pris la parole et cette parole mérite d’être rap- portée » ; dans certains cas, l’événement de parole constitue une vraie ruptu- re et peut atteindre le statut de citation patrimoniale, ce qui n’est pas le cas la plupart du temps. Beaucoup de petites phrases ont cette vocation mémorielle. L’événement discursif est un type d’événement prénumérique, qui va cependant bénéficier des formats numériques en ce que ceux-ci favorisent « auprès des journalistes comme auprès d’une multitude d’autres types de scripteurs […] la production et la mise en circulation d’énoncés détachés » (Krieg, 2015, 231). Si dans l’histoire des médias on a pu observer « une progressive fragmentation de l’espace (espace de la page-papier ou espace de la page-écran) et une évolution vers un raccourcissement du volume des unités de contenu » (Krieg, 2011, 30), certains dispositifs du Web vont imposer un format et des genres brefs à tous les acteurs sociaux, qu’ils s’agisse de politiques, journalistes ou simple internaute. 3. Molotch et Lester (1974) distinguent événements de routine, accidents, scandales et heureux hasards.
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 99 L’événement de réception. Un événement de parole du côté des publics 99 L’événement de parole ancré dans des dispositifs De plus en plus d’événements discursifs ont lieu dans un environnement numérique, terrain privilégié de la communication politique. Certains dispositifs, comme Twitter et Facebook, favorisent la production d’énoncés détachables en soumettant les discours à des contraintes formelles particuliè- res, comme le format court et l’absence de co(n)texte. Ainsi, on peut dire que le statut Facebook et le tweet ont une énorme « détachabilité », car ces énoncés « se donnent comme autonomes d’un point de vue textuel (pas besoin de prendre en compte ce qui précède et ce qui suit pour les compren- dre) » (Maingueneau, 2012). Selon le linguiste, il s’agit d’une « aphorisation primaire » car il n’y a pas de texte original dont l’énoncé se détache. Les tweets en particulier sont facilement citables en raison de leur brièveté et leur autonomie référentielle, deux caractéristiques que Maingueneau reconnaît aux énoncés détachables4. Nous pouvons ajouter une autre caractéristique, pointée par Dana Boyd (2010), à savoir la « searchability », c’est-à-dire le fait que les contenus sont clairement indexés et retraçables. Toutes ces caractéristiques sont illustrées par l’exemple 3 : 3) Tweet raciste : le député UMP Jean-Sébastien Vialatte condamné (lemonde.fr 19.09.2014) Le rôle de Twitter comme source d’information pour les journalistes n’est plus à démontrer, comme l’indiquent plusieurs études (Cheynel, Sebbah, 2012 ; Moon, Hadley, 2014, Pérez-Soler, 2016). Consciente de son potentiel pour façonner les pratiques journalistiques, la plateforme a lancé en 2011 un guide pour tirer le meilleur parti du réseau de microblogging, Tweeter for newsrooms. La logique algorithmique des réseaux sociaux numériques (RSN), qui tend à mesurer la popularité d’une idée ou buzzword, est adoptée par les journalistes pour gagner des followers et des likes, mais également pour prendre la température des controverses numériques, dans lesquelles paroles profane et politique se croisent en permanence. C’est ici que la logique des RSN se greffe à la logique des médias d’information, lesquels se nourrissent autant d’événements-occurrences que d’événements de parole. Or dans les RSN, dont la logique est basée sur la production de contenu des usagers et la connectivité (Van Dijck, 2013a), tout énoncé peut devenir événementiel, et non seulement celui qui est produit par 4. La détachabilité d’un énoncé repose sur plusieurs marqueurs textuels et discursifs: la position saillante, la valeur généralisante de l’énoncé, le recours à des figures au niveau formel ou sémantique (syllepse, méta- phore), le marquage métadiscursif de l’énoncé (Maingueneau, 2012).
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 100 100 Laura CALABRESE des personnalités publiques. En cela, ces dispositifs avaient déjà emprunté à la logique mass-médiatique, visible dans la présentation narrative de la Timeline de Facebook, dont José Van Dijck dit « [it] gives each member page the look and feel of a magazine – a slick publication, with you as the protagonist » (2013a, 55). Ainsi, sur les RSN, dont le but est de construire et gérer son image en ligne, les faits et gestes de chacun apparaissent comme autant d’événements qu’on doit partager avec ses amis ou followers. Le caractère événementiel des énoncés sur les réseaux sociaux repose sur trois facteurs. En premier lieu, un tweet ou un statut Facebook sont événe- mentiels au sens où ils sont des occurrences uniques qui plus est surassertées. En deuxième lieu, l’énoncé fait événement par sa médiatisation, qui a la capacité de modifier son statut. Comme l’a remarqué Jean Widmer par rapport à la question des problèmes publics (2010, 207) : « Une pensée échangée a plus de valeur qu’une pensée purement privée ; si cette pensée est, par exemple, proposée au parlement, elle revêt une valeur nouvelle, dans ce cas politique. […] Si cette pensée est ensuite reprise par la presse, elle acquiert encore une nouvelle valeur – elle sort de l’espace public de l’arène politique pour entrer dans l’espace public médiatisé ». Par ailleurs, les pratiques de consommation numériques, selon lesquelles les internautes consomment l’actualité du jour à la fois journalistique et sociale5, attestent du rapprochement entre événement privé et événement médiatique. En troisième lieu, tout énoncé produit dans les RSN annonce une chaine d’événements de parole, puisqu’ils sont produits dans le but de provoquer des réactions. Ce sont à la fois les usagers et les responsables de la plateforme qui cherchent ces réactions. Alors que les premiers sont en quête de connexion (connectedness) dans le but de partager des données entre eux, les seconds cherchent la connectivité (connectivity), dont le but est de partager des donnés produites par les usagers avec des tiers (Van Dijck, 2013a, 46-47). Ainsi, un énoncé en appelle un autre, dont l’attente se verrait frustrée en l’absence de réaction. L’effet des RSN est ainsi d’événementialiser les énoncés ordinaires et de les mettre côte à côte avec les énoncés politiques très prisés par les médias. Cette ergonomie de l’énoncé surasserté fait système avec l’injonction d’accorder une place grandissante aux publics médiatiques, un « appel à l’activité » permanent comme l’appelle Yves Jeanneret (2014). Ainsi, les évé- nements discursifs, traditionnellement réservés à des figures sociales média- tiques et rendus visibles par des types de textes institutionnels, se déplacent vers des espaces publics-privés tels que les réseaux sociaux. Par le cadrage auquel le soumet le média d’information, l’énoncé écrit par un internaute acquiert le statut d’événement discursif, avant réservé au discours politique 5. Selon une enquête du Pew Research Center datant de 2014, 48 % des Américains accèdent à l’actualité politique via Facebook, .
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 101 L’événement de réception. Un événement de parole du côté des publics 101 ou à des acteurs saillants de l’espace public. De cette manière, parmi la masse de user generated content, les commentaires ordinaires surassertés devien- nent une source d’information pour les journalistes, qui disposent là d’un matériel prêt à l’emploi, formaté selon les contraintes mass-médiatiques de l’événement de parole. L’événement de parole côté public, un événement à part entière De la même manière que l’événement discursif politique est nommé par le biais d’une panoplie de noms appartenant au champ sémantique du dire (dérapage – ex. 4 –, propos – ex. 5 –, bourde – ex. 12 –, déclaration(s), sortie – ex. 7 –, gaffe – ex. 8 –), l’événement de réception va être marqué comme tel par le discours médiatique grâce à des termes métalangagiers comme tollé (ex. 5), polémique (ex. 7), protestations (ex. 5), débat (ex. 6) ou encore backlash en anglais6 (ex. 8). Ces mots constituent des noms d’événements, ils font référence à des actions ponctuelles, ancrées dans le temps et dans l’espace, et ce indépendamment d’un agent (Vandevelde, 2006). 4) Le nouveau dérapage de Nadine Morano : « La gare du Nord, c’est l’Afrique » (ladepeche.fr 23.05.2016) 5) Les propos de Laurence Rossignol comparant le voile à l’esclavage soulèvent un tollé (lemonde.fr 31.03.2006) La ministre des droits des femmes, Laurence Rossignol, a fait mercredi 30 mars un parallèle entre les femmes qui choisissent de porter des vêtements islamiques et les « nègres » qui étaient favorables à l’esclavage, avant de reconnaître une faute de langage ». Ses propos ont suscité de nombreuses protestations sur les réseaux sociaux. Une pétition a été lancée en ligne pour réclamer des sanctions à son égard. Dans l’événement de réception, le public médiatique (représenté par la voix de quelques internautes) réagit à une action ou plus souvent un événement discursif remarquable. Cette réaction est matérialisée dans le discours médiatique par le tollé/la polémique, et exemplifiée dans le journal en ligne par des tweets qui font office à la fois de preuve et d’exemple : 6) « Papa où t’es ? » Le dessin en « une » de « Charlie Hebdo » blesse la Belgique (Big Browser, blog sur lemonde.fr) Charlie Hebdo a consacré son dernier numéro aux attentats du 22 mars à Bruxelles. Le journal, n’était en kiosque que le mercredi 30 mars, mais le dessin en « une » a été partagé dès mardi sur les réseaux sociaux. Le dessin, fidèle à la philosophie de l’hebdomadaire, n’a pas manqué de susciter le débat, et de heurter bon nombre d’internautes, particulièrement dans le public belge. 6. Dans le cadre de leur article sur la petite phrase « casse-toi pov’ con » de Nicolas Sarkozy, Mellet et Sitri identifient une série de termes qui font apparaître l’axiologie négative de l’énoncé : « “dérapage”, “boulette”, “perle”, “formule” désignant directement l’énoncé, ou bien “faute professionnelle”, “invective”, “algarade”, “vif échange” référant à l’événement » (2012, 110).
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 102 102 Laura CALABRESE Les mots soulignés par nous dans l’exemple 6 mettent en évidence la logique de l’événement de réception : les publics (devenus internautes) réagissent à un événement de discours (la une de Charlie Hebdo) par un autre (ici matérialisé et exemplifié par quelques tweets), transformé en données quantifiables et retraçables par le biais du partage. L’événement de réception est donc un type d’événement médiatique qui s’insère très logiquement dans les nouvelles routines professionnelles des journalistes, lesquels disposent d’un énorme flux de données quantitatives émanant des lecteurs (nombre de visites, likes, tweets, commentaires, temps moyen de lecture par page, provenance des internautes, voir par exemple Christin, 2015). La parole des publics, ainsi mise en avant, se retrouve au même niveau que le discours politique, au point de faire cause commune comme dans l’exemple 7 : 7) « Un t-shirt pour Macron » : internautes et politiques raillent la polémique du costard (Le HuffPost 28/05/2016) POLITIQUE - La dernière sortie d’Emmanuel Macron en marge de son déplacement à Lunel n’est pas passée inaperçue. En répondant à un gréviste qui l’invectivait sur ses « costards », le ministre de l’Économie s’est agacé, répondant sur un ton pouvant pa- raître méprisant : « Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt (...) la meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler ».
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 103 L’événement de réception. Un événement de parole du côté des publics 103 Des propos qui passent très mal du côté des réseaux sociaux, où internautes et personnalités politiques se sont offusqués de l’attitude du ministre. À tel point qu’un hashtag a rapidement émergé pour moquer le comportement d’Emmanuel Macron : #UnTShirtPourMacron. Nous retrouvons ici toutes les caractéristiques de l’événement de réception : le nom d’événement qui caractérise l’événement discursif (sortie, propos), la citation qui fait office de preuve (les propos de Macron), la réaction des publics médiatiques ici identifiés comme un collectif par le biais l’expressions « les réseaux sociaux », ainsi que le hashtag, marque de traçabilité (sercheability) par excellence. L’exemple 8 est intéressant car il superpose l’événement-occurrence (Trump a été reçu par des manifestants mécontents) et l’événement de réception (il a été l’objet d’une réaction violente sur Twitter de la part d’internautes Ecossais), ce qui renforce l’idée de l’événement de réception comme forme d’action politique ou sociale : 8) Angry Scots Troll Donald Trump Over Brexit Gaffe (huffingtonpost.com 06/24/2016) The presumptive GOP presidential nominee arrived in Scotland on Friday to officially open his new Trump Turnberry golf resort. Protesters greeted him with golf balls emblazoned with Swastikas, a symbol of Nazi Germany, at the opening of the course. Trump also faced a backlash after tweeting that people in Scotland were “going wild” following the United Kingdom’s decision to leave the European Union. Many Scots are angry at his tweet because most actually voted to remain inside the EU. Le journal nous rappelle l’événement discursif ayant déclenché ce backlash : la Brexit gaffe (ce dernier étant un nom d’événement), à savoir un tweet du candidat républicain sur le Brexit.
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 104 104 Laura CALABRESE L’événement de réception peut également se manifester sous la forme de mèmes, un objet numérique qui témoigne de la circulation des discours sur le Web7. Prenons comme exemple cet article du journal argentin Infobae, qui rapporte « l’explosion des réseaux sociaux » suite à l’erreur de USA Today, qui a appelé « Leonardo » le footballeur argentin Lionel Messi : 9) Los memes tras el insólito error del periódico USA Today sobre Lionel Messi El diario estadounidense confundió el nombre del delantero del Barcelona en un tuit sobre un artículo y las bromas no se hicieron esperar (infobae.com, 26/6/2016) Nous voyons qu’une première caractéristique des événements de réception est le fait de subsumer la réaction des publics dans des métonymies telles que « les réseaux sociaux », « la toile » (10), « la twittosphère » (11) ou « le Web » (12), co-référents de « les internautes » : 10) Divorce de #Brangelina : la toile réagit avec des photos de Jennifer Aniston (lesoir.be, 20/9/2016) 11) Le Nobel de littérature à Bob Dylan déchaîne les vents contraires sur la twittosphère littéraire (lemonde.fr, 14/10/2016) 12) La bourde littéraire de Sarkozy qui fait marrer le Web (lemonde.fr/big-browser, 12/5/2015) Ce 11 mai, une nouvelle bourde littéraire a fait la joie des internautes. […] A l’occasion d’un meeting aux Pavillons-sous-Bois […] il a souhaité souligner l’importance de l’éducation nationale. Et le chef de file de l’opposition d’appuyer ses propos par une belle référence à un ouvrage classique... A ceci près que le livre, tel que mentionné par l’ex-chef d’Etat, n’existe pas. En deuxième lieu, les exemples montrent comment les médias inscrivent ces réactions dans une logique événementielle en utilisant des noms d’événements. Nous adoptons ici une perspective discursive qui ne questionne pas la nature événementielle des occurrences présentées comme telles par les médias, mais se focalise sur la manière de mettre en discours l’événement (Calabrese, 2013). Ainsi, est un événement ce qui est présenté comme tel, mis en discours selon une série de protocoles journalistiques. 7. Si « mème » n’est clairement pas un nom d’événement, il peut cependant être considéré comme la trace de celui-ci.
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 105 L’événement de réception. Un événement de parole du côté des publics 105 Dans les exemples que nous avons analysés, la réponse à un événement discursif émanant notamment du monde politique ou médiatique était une polémique, controverse, tollé, backlash. Il y a néanmoins quelques exemples où l’événement ne parvient pas à un stade de nominalisation mais est décrit par un syntagme verbal, ce qui témoi- gne du caractère somme toute assez banal des événements de réception : 13) Le dernier dessin de Plantu rend furieux de nombreux internautes (lesoir.be 30.3.2016) Les internautes sont loin d’avoir apprécié. Les critiques ont plu sur les réseaux sociaux. Elles lui reprochent notamment de faire un amalgame, d’associer islam et terrorisme. Parfois, la réaction des publics est un élément parmi d’autres, comme dans l’exemple 14, qui se focalise sur l’événement discursif (la campagne de Greenpeace) et mentionne en passant la réponse des réseaux sociaux : 14) Une campagne explosive et ratée de Greenpeace contre les pesticides (lemonde.fr 28.06.2016) Sur Twitter, l’histoire provoque le courroux ou l’hilarité, certains postant les photos d’un clavier maculé de jus séché ou d’un plafond éclaboussé d’un marron peu appétissant. Preuve que les détonations ont pu être fortes. Si nous avons insisté sur le noms servant à nommer l’occurrence (parfois remplacé par des syntagmes verbaux) c’est parce qu’il est partie intégrante de l’événement de réception et sert à le distinguer d’autres usages que les journalistes font des tweets, notamment de ce qui a été appelé le journalisme citoyen, qui existe à des degrés divers selon les médias et les nouvelles dont il s’agit. C’est le cas de l’exemple suivant, tiré du live du Soir après les atten- tats du 22/3 à Bruxelles, où les journalistes utilisent du matériel amateur :
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 106 106 Laura CALABRESE 15) Le journaliste fait ici un usage plus classique des données produites par les internautes, dans une situation où le lieu de l’événement est de difficile accès (Aubert, 2011). Après avoir passé en revue quelques exemples et décrit les caractéristiques principales de l’événement de réception, nous pouvons nous poser la question s’agit-il d’une nouvelle catégorie d’événement ? Le premier élément de réponse est qu’il s’agit d’un événement discursif natif du Web, construit par les médias grâce à l’ergonomie des tweets et la sercheability. La nature même des énoncés produits sur Twitter, couplé à l’injonction médiatique de produire des nouvelles partageables et de se rapprocher du public, en font une source d’information journalistique, que Canavilhas et Ivars appellent « sources 2.0 » car c’est le Web collaboratif qui transforme des énoncés pro- fanes produits dans un tout autre contexte en une source potentielle8. Ainsi, c’est grâce à la conjonction de plusieurs facteurs que les énoncés ordinaires accèdent à la célébrité médiatique : 1) L’injonction des médias d’information d’accorder une place grandissante aux publics médiatiques ; 2) La disponibilité, sercheability et ergonomie des énoncés produits par les RSN ; 3) L’événementialisation de la parole des publics qui découle de la nature même des RSN. La logique de l’événement de réception peut se résumer dans cette équation : événement discursif [dérapage, propos, bourde, polémique, gaffe, un dessin] + réaction des publics [le Web, la toile, les réseaux sociaux, le public] = événement de réception [tollé, protestations, débat, mèmes] 8. Les auteurs distinguent entre les sources push (qui arrivent à la rédaction par le biais de différents dispo- sitifs) et pull (que le journaliste va chercher de sa propre initiative par le biais de mots clés dans différentes plateformes : moteurs de recherche, sites, forums ou réseaux sociaux).
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 107 L’événement de réception. Un événement de parole du côté des publics 107 Conclusion Le but de cet article était de montrer que, au-delà du phénomène des sources 2.0, amplement documenté, les journalistes font un usage particulier des tweets pour identifier, ou plutôt créer, des tendances du côté des publics et transformer ensuite cette parole en événement discursif. Nous avons défini ce dernier comme un événement de parole qui donne lieu à un énoncé remarquable et remarqué par les médias d’information. Si à la base ces tweets n’ont pas pour vocation d’informer ou d’apporter un éclairage particulier sur un événement (contrairement à celui de l’exemple 15, qui relève clairement de ce qui a été appelé du journalisme citoyen), la mise en corpus par le journaliste (qui va rassembler quelques tweets pour l’exemple) ainsi que le cadrage événementiel via les noms d’événements ou syntagmes verbaux en font un matériel informatif. Si la parole ordinaire peut passer du RSN au média d’information c’est parce que le discours d’information la considère pertinente, car comme le note Taina Bucher (2012, 3), « The media industry is built around parameters of visibility. Without wanting to illuminate, to expose or inform publics about something previously unknown, there is no apparent need for the media. […] Media as selection, sorting and framing mechanisms, ultimately points to the fact that media visibilities are never neutral; it is always about making the content meaningful ». Ainsi considéré comme signifiant et représentatif, un ensemble d’énoncés profanes peut dialoguer avec l’énoncé politique pour donner lieu à un événement de réception dans lequel l’occurrence phénoménale (un événement discursif, souvent politique) et sa réception (devenue à son tour événement discursif) convergent, nous permettant de matérialiser la rumeur du Web, ce flux de données en continu qui peut, avec le cadrage adéquat, devenir newsworthy. Cette tendance à calquer la logique des médias sociaux s’inscrit dans la série de mutations qui ont vu les médias glisser vers le numérique, en accordant une part chaque fois plus importante à la réaction des publics médiatiques. La presse d’information perpétue ainsi la logique des RSN selon laquelle un sujet, thématique ou idée accèdent à la popularité grâce à des mesures algorithmiques. En publicisant les trendig topics, les journalistes se font une chambre d’échos des médias sociaux, qui fonctionnent selon une logique qui est tout sauf spontanée, car elle repose sur la visibilité et la traçabilité des énoncés produits. Comme le note José Van Dijck, « the logic of social media […] is gradually dissipating into all areas of public life » (2013b, 3) ; cette logique permet aux énoncés des internautes de devenir des événements de parole qui ont toute leur place dans la presse d’information en ligne, et qui font office de commentaire de l’actualité politique.
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 108 108 Laura CALABRESE Références bibliographiques AUBERT A., 2011, « Le participatif perç u par les professionnels du journalisme : état des lieux », Les Cahiers du journalisme, n° 22/ 23, 42-55. BENVENISTE E., 1974, Problèmes de linguistique générale, t. II, Paris, Gallimard. BOYD D., 2010, « Social Network Sites as Networked Publics: Affordances, Dynamics, and Implications », in PAPACHARISSI Z., ed., Networked Self: Identity, Community, and Culture on Social Network Sites, Routledge, 39-58. BUCHER T., 2012, « Want to be on the top? Algorithmic power and the threat of invisibility on Facebook », New Media & Society, 0 (0), 1–17. CALABRESE L., VENIARD M., 2017, « Evénement », Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics, . CALABRESE L., 2016, « Le discours (très) prescriptif des internautes sur le journalisme et les journalistes. Une étude des commentaires en ligne », Informer avec Internet. Reprises et métamorphoses de l’information, Presses universitaires de Franche-Comté, 133-147. CALABRESE L., 2013, L’événement en discours. Presse et mémoire sociale, Academia Bruylant. CALABRESE L., DOMINGO D., PEREIRA F. H., 2015, « Le journalisme en ligne et ses publics », Sur le journalisme, vol. 4, n° 2. CANAVILHAS J., IVARS B., 2012, « Uso y credibilidad de fuentes periodísticas 2.0 en Portugal y Españ a », El profesional de la información, vol. 21 (enero-febrero), . CRAFT S., VOS T. P., WOLFGANG J. D., 2016, « Reader comments as press criticism : Implications for the journalistic field », Journalism, vol. 17 (6), 677-693. HERMIDA A., 2010, « Twittering the news : the emergence of ambient journalism », Journalism Practice, vol. 4, n° 3, 297-308. JEANNERET Y., 2014, Critique de la trivialité. Les médiations de la communication, enjeu de pouvoir, éditions Non Standard. MERCIER A., PIGNARD-CHEYNEL N., 2014, « Mutations du journalisme à l’ère du numérique : un état des travaux », Revue française des sciences de l’information et de la communication, . CHRISTIN A., 2015, « “Sex, Scandals, and Celebrities” ? Exploring the Determinants of Popularity in Online News », in CALABRESE L., DOMINGO D., PEREIRA F. H., Online Journalism and its Publics, vol. 4, n° 2. FENOGLIO I., 1997, « La notion d’événement d’énonciation : le “lapsus” comme une donnée d’articulation entre discours et parole », Langage et société, n° 80, 39-71. FOUCAULT M., 1969, L’archéologie du savoir, Gallimard. HERMIDA A., 2010, « Twittering the news », Journalism Practice, 4 (3), 297-308. KRIEG-PLANQUE A., 2015, « Détachement énonciatif et normes d’écriture journalistique : la surassertion et l’aphorisation comme règles d’écriture professionnelle », Analyse du discours et dispositifs d’énonciation. Autour des travaux de Dominique Maingueneau, Limoges, Lambert-Lucas : 229-238. KRIEG-PLANQUE A., 2011, « Les “petites phrases” : un objet pour l’analyse des discours politiques et médiatiques », Communication & Langages, n° 168, 23-41. KRIEG-PLANQUE A., 2009, « À propos des “noms propres d’événement” », Les Carnets du Cediscor, .
''SdS_102____(v_2)_00_job copy 11/04/2019 01:06 Page 109 L’événement de réception. Un événement de parole du côté des publics 109 KRIEG-PLANQUE A., 2006, « “Formules” et “lieux discursifs” : propositions pour l’analyse du discours politique », Semen, n° 21, . MAINGUENEAU D., 2006, « Les énoncés détachés dans la presse écrite. De la surassertion à l’aphorisation », Travaux neuchâtelois de linguistique, n° 44, 107-120. MAINGUENEAU D., 2012, Les phrases sans texte, Armand Collin. MELLET C., SITRI F., 2012, « Analyse pragmatique et dialogique de “Casse-toi pov’con” », Cahiers de praxématique, n° 58, 105-122. MITCHELSTEIN E., BOCZKOWSKI P., 2013, « Tradition and Transformation in Online News Production and Consumption », in DUTTON W. H., ed., The Oxford Handbook of Internet Studies, Oxford University Press. MOLOTCH H., LESTER M., 1974, « News as Purposive Behavior: On the Strategic Use of Routine Events, Accidents, and Scandals », American Sociological Review, vol. 39, n° 1, 101- 112. PÉREZ-SOLER S., 2016, Usos periodísticos de Twitter. Una comparativa entre redacciones tradicionales y digitales en Cataluña y Bélgica, thèse de doctorat en soutenue à la Faculté de communications et relations internationales Blanquerna, Universitat Ramon Llul. MOON S. J., HADLEY P., 2014, « Routinizing a New Technology in the Newsroom: Twitter as a News Source in Mainstream Media », Journal of Broadcasting & Electronic Media, 58 (2), 289-305. VAN DIJCK J., 2013a, The Culture of Connectivity. A Critical History of Social Media, Oxford University Press. VAN DIJCK J., 2013b, « Understanding Social Media Logic », Media and Communication, vol. 1, issue 1, 2-14. VAN DE VELDE D., 2006, Grammaire des événements, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion. WIDMER J., 2010, Discours et cognition sociale. Une approche sociologique, Edition des archives contemporaines.
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