L'HABITAT PARTICIPATIF À MONTREUIL - Une histoire, des initiatives collectives, une dynamique
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L’HABITAT PARTICIPATIF À MONTREUIL Une histoire, des initiatives collectives, une dynamique Recueil d’expériences Août 2011
Étude commandée par la ville de Montreuil à l’association Éco Habitat Groupé. L’HABITAT PARTICIPATIF À MONTREUIL Une histoire, Coordination générale : Emilie Fleury, chargée de mission des initiatives Logement-Habitat, Direction Générale, Ville de Montreuil collectives, Conception - Rédaction : Anne d’Orazio, architecte-urbaniste, une dynamique Maître Assistante Associée à l’ENSAPLV. Laboratoire LAVUE-Mosaïques, Université Paris - Ouest Nanterre - la Défense Conception graphique : Philippe Mollon-Deschamps Recueil d’expériences Août 2011 2 3
À travers quelques opérations remarquables, il s’agit de montrer une diversité de formes d’engagement et de production de l’habitat participatif à Montreuil. L’habitat participatif à Montreuil L ’habitat participatif s’inscrit à construit des dizaines de logements aux la copropriété traditionnelle, certaines Participatif. Son antériorité sur la scène Montreuil dans une histoire de quatre coins de la ville. Cette première impulsent des pratiques innovantes au associative lui permet de capitaliser plusieurs décennies marquée expérience massive d’auto-construction cœur même de la production sociale trente ans d’expériences sur l’habitat par des initiatives collectives collective et solidaire renvoie largement du logement. Ces configurations mul- groupé à travers les différents groupes variées qui cherchent à donner corps à à l’héritage de l’édification de la ban- tiples, par leur statut, leur montage, leur qu’elle fédère. Renouant avec les un vivre ensemble autrement dans des lieue populaire au début du XXe siècle. démarche, cherchent à renouveler et à pratiques du MHGA, elle a animé, à projets où autogestion, solidarité, écolo- C’est dans cette histoire et cette filiation déplacer les marges de manœuvre de la Montreuil, en novembre 2009, son 9° gie sonnent comme des mots d’ordre. que les initiatives d’hier et d’aujourd’hui production de l’habitat dans de nouvelles Forum national de l’Habitat groupé, Ces initiatives habitantes ont fleuri dans s’inscrivent. Elles permettent de saisir formes de coopération entre acteurs sous le titre «De l’habitat groupé à un territoire ouvert à l’innovation sociale l’ambition de ces projets collectifs et les privés et publics. l’éco-quartier». et à l’expérimentation. Impulsées par difficultés opérationnelles auxquelles ils Cette journée de débat a permis de des collectifs engagés, elles ont trouvé le s’affrontent. Cette réflexion n’aurait pu voir le jour rendre compte de la diversité des expé- soutien de la collectivité locale. Aujourd’hui, bon nombre de ces opéra- sans l’apport d’un grand nombre riences réalisées en France et a mis en tions ont vu le jour. Elles sont le témoin d’acteurs porteurs de ces initiatives. lumière les liens existant entre initiatives Aujourd’hui, la Municipalité affirme sa de la vitalité de ces initiatives habitantes Ceux-ci ont rendu possible la collecte de habitantes et projets des collectivités ter- volonté d’accompagner ces dynamiques et s’inscrivent dans des démarches ces données et nous ont accompagnés ritoriales. Dans cette perspective, la ville citoyennes. Elle intègre dans ces en- citoyennes de partage et de solidarité en tout au long de ce travail. L’attention de Montreuil a initié la capitalisation jeux une démarche publique visant à leur sein mais aussi dans les réseaux et qu’ils portent à rendre vivant leur pro- d’expériences produites sur son territoire construire des registres de l’innovation dynamiques collectives locales. jet en assure ainsi la transmission pour depuis plus de cinquante ans et a confié dans une perspective de contribution à le plus grand nombre ; nous tenons à à l’association Éco Habitat Groupé la un tiers secteur de l’habitat. Ce recueil cherche donc à initier une saluer leur engagement collectif et la réalisation de ce recueil. Ce soutien à l’initiative passe, au-delà démarche de capitalisation, à permettre dynamique qu’ils impulsent au-delà de des mots, par un appui aux projets qui la diffusion, le partage et la construction leur propre expérience dans une volonté Pour mener à bien cette étude, un se co-construisent avec la collectivité et d’un savoir collectif pour chacun. incessante de construire des démarches premier travail de recensement des s’insèrent dans les politiques locales de citoyennes et innovantes. différentes initiatives a été entrepris. l’habitat. Les expériences rapportées mettent en Au terme de cette première étape, il lumière l’action des collectifs d’habitants, 1/ Contexte de l’étude : s’est agi d’établir un corpus d’opérations Ce présent recueil d’expériences n’a pas leur engagement, mais aussi les aléas et significatives tant par la mobilisation vocation à l’exhaustivité, mais il donne échecs auxquels ils ont dû faire face. Il La présente étude fait l’objet d’une com- des acteurs engagés que par leur mon- à voir une série d’expériences significa- s’agit, au travers des sept expériences mande par la mission Logement-Habitat tage opérationnel. Cette étude cherche à tives de cette histoire de l’habitat partici- présentées, de montrer une diversité de la ville de Montreuil auprès de montrer, à travers un choix précis d’opé- patif à l’échelle de la Ville. Bien d’autres d’approches et de situations. La plupart l’association Éco Habitat Groupé. rations, une diversité de formes d’enga- initiatives ont vu le jour et méritent sont à l’initiative directe des habitants, Cette association s’inscrit dans le sillage gement et de production de l’habitat. Le d’attirer l’attention, on ne peut passer d’autres sont impulsées par des acteurs du Mouvement pour l’Habitat Groupé point commun de toutes ces opérations sous silence l’importante production de publics locaux. Elles se situent, majo- Autogéré, le MHGA, créé en 1977. Elle reste la mobilisation des habitants dans la décennie des années 50 où le mouve- ritairement, dans une production alter- en assure aujourd’hui la continuité au la production ou la coproduction de leur ment des Castors de Montreuil a auto- native à la promotion immobilière et à sein des réseaux nationaux de l’Habitat cadre de vie et leur implication dans la 4 5
Ces opérations couvrent trois périodes distinctes de la production du logement et de l’habitat sur le territoire commu- nal, allant de l’appel de l’Abbé Pierre aux crises actuelles du logement. gestion courante et ordinaire du patri- 2/ Les opérations étudiées mise en œuvre et la conduite commune tion et les critiques qu’ont engendrées 3 / Maurice Imbert, «Logement, moine qu’ils occupent. d’opérations de construction et de ges- le logement en habitat collectif. (…) autoconstruction, La période retenue s’étend des années Les sept opérations retenues couvrent tion immobilière.3» La concentration des logements, leur solidarité : l’expérience des cinquante à nos jours, couvrant ainsi trois périodes distinctes de la production surface réduite, le manque d’espace Castors», in La région l’avènement d’une politique publique du du logement et de l’habitat sur le terri- - La deuxième période correspond aux commun et leur traitement sommaire, parisienne industrielle et ouvrière. Cultures logement jusqu’aux débats actuels sur la toire communal de Montreuil-sous-Bois. années 1980 et trouve des prolonge- l’insuffisance des isolations phoniques et recherches, n°5, refonte des politiques locales de l’habi- ments jusqu’au début des années 1990. et thermiques, l’absence de surface Paris, 1999. tat. Cette période, bien que largement - La première période correspond aux Cette période, à la différence de la extérieure privative, les espaces exté- marquée par l’action publique, tant du années 1950 - 1960, période à laquelle précédente, est marquée par un arrêt rieurs sans échelle ni aménagements, point de vue de l’État que de la collec- la ville met en œuvre une politique de des politiques de construction massive sont des défauts qu’il faut bien recon- tivité locale, laissera toutefois place à production de masse de logements. du logement et un engagement vers des naître à ces immeubles collectifs de des initiatives habitantes et à des expé- C’est au tout début de cette époque, alors démarches plus empruntes de recherche logements sociaux des années 50. Face rimentations le plus souvent soutenues que la politique municipale en matière de de qualité, autant dans la production à ces critiques, la maison individuelle par le pouvoir local. Bien évidemment, logement social n’est qu’à ses débuts, que technique que dans l’approche sociale présente, du moins dans son image il nous faut relativiser la portée de ces le mouvement «Castors» initiera dans et urbaine des questions de la ville. mythique, toutes les qualités inverses : expériences au regard du nombre de la commune cinq opérations en auto- C’est au travers de dispositifs intimité, autonomie, grandes surfaces, logements produits à cette même époque construction. Elles se distinguent de la d’expérimentation, encouragés par le en particulier espace de renvoi et de et de l’évolution démographique de la production courante de ce mouvement Plan Construction, que vont être recher- réserve (cave et grenier), espace privatif commune. Celle-ci connaissant une aug- – la maison individuelle groupée - par chées des formes d’innovation de extérieur et verdure (jardin). Désirée mentation de plus de 68 % depuis 1946 la construction d’immeubles collec- l’habitat tant architecturales, urbaines par tous et possédée par certains, elle pour atteindre en 2008 quelques 102 000 tifs. «Initié au lendemain de la dernière que sociales. offre une image sociale valorisante. Elle 1 / Sources INSEE habitants1. Cet accroissement de la popu- Guerre mondiale, dans une période où Cette période sera largement marquée répond également à ce désir d’appro- lation s’est accompagné d’une modifica- la crise du logement atteignait un niveau par une multitude de démarches partici- priation que n’offre plus la production tion conséquente du parc de logements proprement alarmant, ce mouvement a patives et par la volonté de produire un massive des logements contemporains. et de la création d’un parc social de connu son apogée de la fin des années cadre de vie de qualité. La question de la (…) Les maîtres d’ouvrages ont cher- grande ampleur qui héberge aujourd’hui 1940 au début des années 1960, avant co-construction des cadres de production ché à satisfaire cette demande (…), ils 2 / Sources Ville plus de 35 000 personnes2 . C’est donc que les politiques publiques d’aide à est largement discutée et plébiscitée par se sont orientés vers la recherche de de Montreuil dans des contextes très divers que cha- la construction mobilisent des moyens les associations du «cadre de vie» et par solutions d’habitat individuel satisfai- cune des ces opérations a vu le jour et il jusqu’alors largement déficients. (…) les citoyens qui s’engagent auprès des sant les exigences de densité sans avoir est nécessaire pour en comprendre l’inté- L’originalité des premiers Castors a été mouvements associatifs. La critique de les défauts du collectif. Les premières rêt et la portée de les restituer chacune d’appliquer l’auto-construction à la réa- la production de masse du logement des propositions ont été celles des maisons dans leur cadre natif. lisation de collectifs résidentiels édifiés décennies précédentes viendra autant individuelles groupées en bande, souvent sur une base coopérative. Il n’existe pas des institutionnels que des habitants appelées «collectif horizontal», car elles de modèle-type de l’habitat Castor. (…) qui revendiquent un logement «à taille avaient aux yeux des habitants la plupart Mais, en tout état de cause, le modèle humaine». «Les années 60-70 ont été des inconvénients de l’habitat collec- Castor implique la constitution de marquées simultanément par le rêve de tif classique, mais ne présentaient pas groupes solidairement engagés dans la maison individuelle et par l’insatisfac- toutes les qualités espérées du pavillon. 6 7
Tournées hier vers des dynamiques d’autoges- tion, ces initiatives interrogent aujourd’hui les valeurs de la solidarité, du « vivre ensemble » et de l’écologie. Malgré elles, ces solutions constituaient l’investissement du collectif habitant est architectural ambitieux, cherche à déjà un «intermédiaire» entre le collectif fondateur de l’esprit des lieux et donne trouver l’équation entre sphère domes- et l’individuel. (…) Des architectes ont tout son sens au projet collectif et coo- tique et professionnelle et renoue ainsi abordé le problème d’une autre façon en pératif. avec les mixités fonctionnelles caracté- essayant, non plus de densifier l’habitat ristiques du Bas-Montreuil. individuel, mais de donner forme à cette - La troisième et dernière période s’ini- notion d’habitat intermédiaire. Ils sont tie dans les années 2000. Les débats Le projet de l’Apaum ambitionne la en effet partis de la constatation que la relatifs à la production du logement création d’un «droit au logement, au- maison individuelle perd ses qualités sont marqués par de fortes tensions sur togéré et social» et met en œuvre une intrinsèques à partir de certaines densi- le marché de l’immobilier et font suite réflexion sur les usages et la production tés ; c’est pourquoi ils ont cherché des à une décennie de spéculation. Face à du cadre habité à destination de architectures qui conduisent à une forme l’individualisme et à la marchandisation familles populaires autour d’un principe d’habitat d’une densité moyenne évitant incessante du cadre de vie, de nouveaux d’échange de savoirs et de savoir-faire. à la fois les fortes concentrations et le arbitrages se négocient et des formes Cette opération doit se réaliser dans le «mitage» de l’espace, et permettant le d’alternatives se mettent en place. Des cadre de l’application de la loi de réqui- 4 / Ch. Moley, développement d’une vie relationnelle 4.» initiatives apparaissent qui «cherchent sition des bâtiments inoccupés. L’innovation Les trois opérations retenues illus- à faire émerger l’idée qu’un «habiter architecturale dans la production du trent bien cette tentative de générer des autrement est possible» (…). (Elles) Enfin, le projet de la Maison des logement social, formes d’habitat alternatif où se côtoient s’organisent autour de mobilisations ha- Babayagas, né il y a plus de dix ans, éd. Plan Construction, Paris, 1979. espaces individuels privatifs et espaces bitantes. S’appuyant sur une critique des propose une alternative aux structures communs collectifs avec une grande modes de production conventionnels du d’accueil des personnes âgées de plus de place donnée aux espaces extérieurs et logement et sur une analyse des difficul- 60 ans. Il est porté par un collectif fémi- particulièrement au jardin. Ainsi Cou- tés d’accès au marché de l’immobilier, nin qui souhaite vivre collectivement et leur d’Orange proposera à partir de la ces démarches cherchent à promouvoir solidairement leur fin de vie dans un lieu réhabilitation d’une ancienne usine, des dans des projets de mutualisation, de qu’elles ont souhaité, pensé et qu’elles logements en duplex autour d’une cour solidarité, de durabilité, une réflexion sur veulent gérer en toute autonomie. Si- 5 / Anne d’Orazio, centrale et d’un grand jardin. le cadre de vie et le «vivre ensemble5». tué dans la droite ligne de l’innovation «Habiter autrement, Le Luat, opération produite dans le parc Elles s’inscrivent très largement dans le sociale, il bouscule par son caractère al- de l’initiative à l’en- gagement», in Habitat social locatif, organisera un accès indivi- développement de formes d’économie ternatif les cadres normatifs du logement coopératif : une duel aux logements à partir de coursives sociale et solidaire et réinvestissent le pour personnes âgées. troisième voie pour l’accès au logement ?, extérieures. Quant à La Souris Verte, le local comme source et ressource de leur revue Territoires, choix s’est orienté vers un dispositif spa- projet. n°508, Mai 2010. tial permettant au maximum la conserva- tion des espaces arborés. Les logements Les trois opérations contemporaines trouvant leur place dans le gros pavillon présentées offrent à elles seules un large meulière réhabilité et l’extension neuve panorama des expériences actuellement attenante. Dans ces trois opérations, en cours. Diwan, à travers un projet 8 9
FICHE PROJET Des habitats PARTICIPATIFS à Montreuil Le montage de l’opération Le groupe « Castor » une fois formé se constituait en association coopérative dont le principe reposait sur l’apport en force de travail pour réaliser le capital de base des futurs accédants. L’immeuble du « Clair Logis », livré en 1953, dans le quartier des Ruffins fut la seconde opération « Castor » de France. Sa particularité réside dans la construc- tion d’un immeuble collectif en régie di- Durant leur temps recte, c’est à dire que les coopérateurs- libre, les hommes constructeurs achètent les matériaux et s’emploient à la construction du matériels nécessaires, embauchent des bâtiment, assumant ouvriers professionnels. Tout ceci est ren- l’ensemble des du possible grâce à l’obtention de prêts tâches du chantier. consentis à titre collectif. Par ailleurs, Les femmes l’apport en heures de travail personnel contribuent à la est conséquent puisqu’il représente au logistique générale. Les Castors 1949 minimum 600 heures, « soit la moitié des congés annuels et une moyenne de dix heures par semaine qui vient en plus des quarante-huit heures hebdomadaires de travail ». Le projet Cette configuration opérationnelle donnera le ton pour les opérations sui- vantes construites sur la commune. D ès 1947, va naître, groupes se constituent, tous composés pour boucler les opérations. C’est fina- en France, un mouve- de familles populaires de la banlieue lement la Caisse d’Allocation Familiale La question foncière fut traitée au ment original d’acces- parisienne. Le groupement sur un même de la Seine qui apporte sa contribution coup par coup. Si la première opération sion à la propriété territoire de plusieurs opérations « Cas- et permet la livraison des derniers du « Clair Logis » a bénéficié d’un bail du logement individuel, les « Castors tors » permet d’organiser les démarches chantiers. Une fois les familles instal- emphytéotique, il n’en est pas de même ». Face à l’urgence de reconstruction administratives et de faire pression sur lées dans leur logement, un Conseil pour les autres groupes qui ont dû ache- de l’après-guerre, des associations le Ministère de la Reconstruction pour de gestion fut constitué. Il avait pour ter le terrain. s’organisent pour auto-construire un l’accès aux prêts et au foncier. En avril objet « d’organiser la vie gestionnaire patrimoine immobilier, future propriété 1953, commence la mise en chantier courante du groupe : projet d’aména- Le trait commun de ces expériences des adhérents. du groupe « Faidherbe » initié par 4 gement futur, entretien général, bilan et repose largement sur le caractère du À Montreuil, en 1949, sous l’im- militants de la SFIO. Soixante familles budget prévisionnel annuel, répartition groupement humain et l’engagement soli- pulsion de la Communauté de travail emménageront dans leur nouveau des charges individuelles, etc. (…) daire à mettre en œuvre et à conduire des autogéré « Rochebrune » se constitue logement en juillet 1954. Devant l’afflux Après deux années d’efforts de opérations de construction et de gestion un premier collectif d’auto-construc- de candidats et la dynamique engagée, construction, une certaine fatigue se immobilière. Cette implication à devenir teur : l’association «Le Clair Logis». Le un quatrième groupe se constitue en fit ressentir dans les relations sociales. dans le même temps maître d’ouvrage principe de fonctionnement est simple mai 1953, la « Cité St. Exupéry ». Il (…) Si de solides et indéfectibles liens et futur utilisateur pour soi-même peut : les intéressés deviennent sociétaires mettra en chantier 48 logements sur un d’amitié vont unir des familles au apparaître aujourd’hui comme une prise contre un apport personnel en heure terrain de 6000 m² acquis auprès d’un niveau de la proximité immédiate du de risque. Toutefois rapporté au contexte de travail et un faible droit d’inscrip- maraîcher, au 300 rue de Rosny. logement, certaines personnes vont se d’après guerre, «il convient de noter qu’en Photos : Musée de l’Histoire Vivante tion. Très vite les candidats affluent et Entre les différents groupes replier sur elles-mêmes (…) Région Parisienne la construction sans un premier chantier est ouvert par un l’entraide s’organise et des moyens L’on conserve des relations de bon promoteur a dominé largement jusqu’en groupe, formant 78 logements en 13 techniques sont mutualisés avec la voisinage. (…) 1955». Sans banaliser l’expérience des bâtiments collectifs. Cette opération constitution d’un bureau d’étude, Le souci premier de chaque socié- Castors de Montreuil, celle-ci devant être est rendue possible par le soutien de d’un service comptable et de gestion taire était de loger sa famille et tous ont restituée dans le contexte et les cadres la municipalité qui octroie une parcelle financière. Malgré l’enthousiasme des accepté cet effort d’auto-construction de production du logement des années dans le cadre d’un bail emphytéotique familles et l’énergie des hommes au tra- avec beaucoup de courage et cela à 50, elle reste une référence majeure de de 99 ans avec un loyer annuel d’un vail, les difficultés financières obligent créé aussi une émulation pour obtenir l’initiative habitante à l’édification de son franc symbolique. Très vite d’autres les groupes à trouver de nouveaux prêts une réussite personnelle.» cadre bâti.
FICHE PROJET Des habitats PARTICIPATIFS à Montreuil La gouvernance Le maintien Le montage Le groupe n’a pas procédé à l’établissement de l’engagement de l’opération de règles spécifiques à l’exception des obligations faites par la gestion de la copropriété qui est admi- Au cours des années, les engagements de cer- tains membres se sont poursuivis dans différents nistrée bénévolement à tour de rôle par les uns et réseaux associatifs tant à l’échelle locale (lutte Cette opération s’est faite dans un les autres. Les charges collectives d’entretien sont contre l’évitement scolaire, création du conseil de cadre de reconversion d’une «friche indus- faites au gré des capacités et du temps disponible quartier,…) que nationale (participation à la ge- trielle» inoccupée depuis quelques années de chacun. nèse d’une coopérative biologique, de l’association et nécessitant un permis de construire Les décisions de gestion sont prises formel- « Terre de lien », …). pour changement d’affectation. lement au sein des réunions de copropriété en Un grand nombre de réunions de fonction des tantièmes de chaque lot. La dynamique du quartier groupe a permis de définir les besoins com- muns et les besoins spécifiques de chacun Le cadre des valeurs Très bien inséré dans ce tissu faubourien des intéressés et de finaliser le montage et populaire de la banlieue parisienne, Couleur de l’opération tant du point de vue de la Références aux expériences de l’habitat groupé d’Orange est un lieu central dans la dynamique conception architecturale, des choix tech- autogéré et du MHGA dont l’initiateur du projet du quartier. L’existence de la salle commune et niques que du montage juridique. était proche. l’investissement de plusieurs des membres de Incarner l’idée d’un épanouissement humain l’opération dans la vie du quartier et à ses asso- dans un cadre commun, favorisant les relations ciations ont favorisé l’encrage de cet habitat dans Couleur Le groupe bénéficiant d’un grand nombre de compétences internes s’est ap- de proximité dans le quotidien. son territoire. Hier comme aujourd’hui plusieurs puyé sur ses ressources propres. Le seul re- activités associatives ont été accueillies sur cours à un professionnel externe en phase place et ont bénéficié de l’infrastructure de de montage fut celui de l’architecte, Luc la salle commune. Ces initiatives et engagements d’Orange Barré, qui est venu en soutien sur la dimen- ont largement participé à identifier Couleur sion architecturale et de maîtrise d’œuvre. d’Orange comme un lieu de référence tant à l’échelle du quartier que de la ville. Le dispositif de projet s’est appuyé principalement sur les compétences profes- 1987 sionnelles et la disponibilité de 3 membres du groupe qui ont ainsi constitué le «noyau dur» de l’opération, les autres membres sont venus en soutien de ce dispositif. La méthodologie de travail déployée s’est es- sentiellement construite sur une approche pragmatique autour de réunions où les choix et décisions étaient validés définiti- Le projet vement sur la base de compte-rendus lors de la réunion suivante. Dans ce travail col- C lectif, l’architecte a tenu un rôle central en OUleur quises mais sa localisation dans de 40 ans et il est majoritaire- apportant un regard externe et en arbitrant d’Orange, un territoire de banlieue effraye ment issu de classes moyennes les débats au sein du groupe. Photos : Jean-Pol Lefebvre située dans le les ¾ du groupe qui se rétracte. intellectuelles. Au fil des années Bas-Montreuil L’initiateur de la démarche le groupe des plus jeunes Le statut juridique adopté pour le au pied du métro Robespierre, resté seul se met en quête s’étoffera jusqu’à atteindre un montage de l’opération fut celui d’une co- voit le jour en décembre 1986, de recomposer un groupe par effectif de 22 enfants. propriété. Il est apparu aux membres du date à laquelle la nouvelle annonce dans différents journaux Une très grande stabilité groupe comme celui le plus à même de ré- copropriété constituée des futurs et dans les réseaux amicaux et au sein de cette copropriété où pondre à l’ensemble de leurs attentes et be- habitants rachète une usine associatifs. Il sera soutenu et seulement deux mutations sont soins. Il était compatible avec les types de désaffectée depuis cinq ans. aidé dans cette entreprise par à enregistrer en plus de vingt financements mobilisés par les ménages. Cette petite opération accueille l’architecte, Luc Barré, qui ans. La première très vite après Le coût d’opération (achat du terrain et 11 logements et 3 ateliers accompagnera cette opération l’installation vient d’un membre construction) s’est élevé à un prix au mètre Fiche technique d’artistes. Fin 1987, les habitants tout au long du processus insolvable qui a tenté de rompre carré d’environ 7000 francs (1100 euros) Type d’habitat : prennent possession de leur jusqu’à sa livraison en janvier l’entente du contrat qui liait pour les logements et 5000 francs (750 Réhabilitation d’une friche industrielle Paris logement ainsi que des espaces 1988. l’ensemble des acquéreurs. euros) pour les ateliers qui étaient moins Date d’achèvement des travaux : collectifs qui se composent en Le nouveau groupe constitué Cette rupture dans la logique équipés. L’opération a été rendue possible métro r ue de Fin 1987 par les financements individuels de chacun une salle commune de 100 m², se met au travail et enchaîne de confiance du groupe a rassemblés en appels de fonds. Plusieurs Robespierre Nombre de foyers : 11 une halle extérieure, un jardin une trentaine de réunions pour entraîné son départ et la vente accédants ont fait appel à des Prêts d’Ac- Locaux et espaces communs : et une cour commune. définir le projet. Le 15 décembre du bien au profit de la famille Une salle de 100 m2 + une halle + un jardin L’initiative de l’opération 1986, il signe devant notaire d’un artiste déjà propriétaire cession à la Propriété mobilisables lors + une cour + un parking revient à un groupe d’amis qui l’acquisition du terrain. Les dans l’opération. La deuxième La halle des d’une acquisition en copropriété, d’autres Statut juridique pour la construction : cherchait à rendre possible l’idée travaux démarreront dès le vente s’est réalisée en 2007 anciens entrepôts ont opté pour des Plans Épargne Logement Copropriété d’habitat groupé. En quête d’une surlendemain et se poursuivront suite à un départ pour raison permet d’accéder ou des prêts conventionnés classiques. Statut juridique pour la gestion : au parking collectif Copropriété opportunité foncière, ils déni- durant un an. professionnelle. La reprise du rue Barbes situé sur la rue Au delà du montage opérationnel et de Architecte : Luc Barré chent, via la chambre parisienne À cette date, 22 adultes et bien s’est faite au sein du réseau Marceau. son suivi, le groupe s’est investi dans les Contact : des notaires, une usine en friche 11 enfants prennent possession des copropriétaires, par cession phases chantier à travers l’auto-finition Jean-Pol Lefebvre : reylefe@orange.fr au 9 rue Barbès à Montreuil. Le des 11 logements ainsi que à la famille d’un des artistes Henri Morinière : les.moriniere@wanadoo.fr d’éléments de second œuvre et de l’aména- lieu semble satisfaire à un grand des 3 ateliers d’artistes. L’âge alors locataire d’un des ateliers. gement du jardin et des espaces extérieurs. nombre des caractéristiques re- moyen du groupe d’adultes est PHOTO : INTER ATLAS
FICHE PROJET Des habitats PARTICIPATIFS à Montreuil La gouvernance Le maintien de l’engagement Le montage Le groupe ayant opté pour ne pas attribuer les parts de SCI, c’est donc sur la base du collectif que Au delà de l’investissement de chacun dans le de l’opération les décisions se prennent en application du principe coopératif «un homme, une voix». La recherche du portage du projet en fonction de ses compétences et de ses disponibilités, la dynamique du groupe consensus est au cœur du dispositif de gouver- a évolué et s’est transformée au gré des affinités Cette opération porte sur la réha- nance. et des initiatives inter-personnelles qui ont pris bilitation d’un bâtiment d’habitation En ce qui concerne l’entretien du bâtiment et la forme de différents engagements militants ou existant et une construction neuve. Le des espaces collectifs, il est géré directement par professionnels. groupe d’habitants a participé à toutes les habitants ceux-ci réalisant par eux-même une les phases du projet, de la recherche du grande partie des menus travaux. foncier jusqu’aux opérations de réception La dynamique du quartier des ouvrages en passant par le montage Dans la continuité du tissu environnant, cette juridico-administratif. Cette maîtrise en Le cadre des valeurs opération s’insère dans son cadre urbain sans interne du processus a pu se faire grâce distinction particulière. au recyclage d’un grand nombre de com- Référence à l’idéal coopératif : L’engagement d’un grand nombre de ses habi- pétences professionnelles des uns et « un homme, une voix » tants dans les réseaux militants de la ville participe des autres et à l’activation de réseaux Volonté de vivre autrement le quotidien en à l’ancrage de cette opération dans son quartier spécialisés (bancaires, juridiques, etc…). créant « un lieu de vie et d’activités original, convi- et à son ouverture dans les dynamiques locales Le recours a des compétences externes vial et innovant dans sa qualité architecturale. » malgré l’absence de locaux collectifs spécifiques. s’est fait pour les opérations de maîtrise d’œuvre architecturale ainsi que pour une 1992 Assistance à Maîtrise d’Ouvrage par une Le principe coopérative HLM qui rédigea le cahier des d’aménagement charges de l’opération et permit sa crédi- de la parcelle a bilité face aux partenaires bancaires. permis de libérer le maximum de place L a Souris Verte Le choix statutaire de l’opération a été pour le jardin et celui de la création d’une SCI d’attribu- de conserver les tion constituée à l’occasion de l’achat grands arbres. du terrain. Cette SCI devait se transfor- mer en copropriété ordinaire dès l’entrée dans les lieux mais le choix final des occupants a été de ne pas attribuer les parts de manière à maintenir un principe Le projet solidaire et coopératif «d’un homme, une voix». Énoncé qui trouve sa traduc- tion dans les statuts de la Souris Verte. L La répartition des logements s’est faite A SOURIS les affinités du collectif et sur rang. Cette implantation est au consensus à partir des propositions VERTE, à la base de la cooptation. Cette retenue pour préserver le maxi- faites par les architectes. quelques recomposition du groupe plus mum de jardin et d’espaces encablures de ouvert et plus divers voit partir extérieurs. Initialement, une Le mode de financement de l’opération la Mairie de Montreuil, regroupe bon nombre des initiatrices. maison commune au cœur du a été individuel, le groupe n’ayant pu bé- sur une parcelle arborée 9 À l’été 1992, que le groupe jardin devait être construite. néficier d’une reconnaissance par l’insti- logements et 1 chambre prend possession des lieux. Il Aujourd’hui, les espaces tution bancaire. En revanche, il a béné- indépendante. Cette opération, est composé de 3 couples et 6 collectifs sont exclusivement ficié d’une garantie de solvabilité pour du début des années 1990, est femmes célibataires, tous entre extérieurs. chacun de ses membres par une caution née d’une première expérience 30 et 40 ans. Si les enfants Malgré un grand nombre solidaire, obtenue auprès de la Caisse de colocation sur Montreuil. étaient peu présents au début d’épreuves et de difficultés d’Épargne de Paris. Un collectif initial, composé de l’opération au fil du temps (départ de personnes suite de cinq femmes trentenaires, plusieurs sont arrivés. aux surcoûts budgétaires de La question du financement tout au Fiche technique Photos : anne d’orazio, dessins : agence Jumeau & paillard cherchait à pérenniser ses pre- Après un travail visant à 17%), le groupe développe long de l’opération a été cruciale d’au- Type d’habitat : miers engagements en dehors définir le projet et à construire une expertise propre à partir tant plus qu’en phase chantier, le groupe Av Réhabilitation + Construction neuve en des cadres de la propriété une synergie collective par la des compétences internes de a dû faire face à la faillite d’une entre- Date d’achèvement des travaux : ue classique et se mit en quête visite d’opérations existantes plusieurs de ses membres et prise. Un système de solidarité entre Eté 1992 Pa d’une parcelle pour réaliser une du « MHGA » et la recherche construit des échanges de sa- les membres du groupe a joué pour sur- Nombre de logements : ste opération plus coopérative. d’information sur l’habitat voir-faire et savoir professionnel monter les difficultés de financement 9 Logements + 1 chambre indépendante ur de certains membres. La gestion interne Locaux et espaces communs : Le foncier, un terrain en groupé, le groupe initie une au sein du collectif. d’avances personnelles a permis, à des Jardin friche avec un pavillon existant, phase de programmation et Ainsi au cours des vingt Statut juridique pour la construction : est trouvé auprès d’un proprié- ébauche des premiers scenarii. années d’existence, ce lieu est taux avantageux par rapport au marché SCI d’attribution taire privé. Le coût d’acquisition Sur cette base, il se lance dans devenu support de plusieurs bancaire, d’éviter l’exclusion de certains Statut juridique pour la gestion : oblige le groupe à s’ouvrir et une consultation d’architectes, expériences associatives, pour défaut de paiement et d’honorer les Coopérative à faire appel, par ses réseaux organise un concours en phase engagements militants et obligations du collectif face à ces diffé- Architecte : de connaissances, à d’autres esquisse et retient son maître politiques tant à l’échelle locale rents contractants. A.F. Jumeau & L. Paillard che Contact : r ue Ho ménages intéressés par une d’œuvre. qu’internationale. La pérennité Le coût global de l’opération avait M.J. Devillers opération en auto-promotion. Le projet proposé porte sur du groupe s’est faite, malgré initialement été projeté à 12000 francs métro Mairie Les choix de recrutement s’ef- la réhabilitation du gros pavillon le départ de certains, dans le par m² (1829 €) pour finalement sortir à de Montreuil fectuent sur une base concrète faubourien et la construction respect de ses statuts et de son 14000 francs (2134 €), soit 17 % d’aug- et pragmatique en lien avec neuve d’un bâtiment en second principe coopératif. PHOTO : INTER ATLAS mentation.
FICHE PROJET Des habitats PARTICIPATIFS à Montreuil La gouvernance Le maintien Initialement les règles de gouvernance étaient de l’engagement Le montage sans objet, le collectif n’ayant pas d’existence par- La création de l’association a permis de don- Photos : anne d’orazio ticulière. À partir du moment où le groupe acquiert ner du sens aux initiatives : « le principe était au de l’opération une personnalité morale, au travers de son associa- tion et exige l’autogestion du Luat, les modalités de départ de saisir l’opportunité de l’investissement des locataires pour nous donner les moyens de la gouvernance se mettent en place. En interne, au mieux travailler ensemble. » Cette dynamique des Cette opération est totalement liée au sein de l’association le collège des membres actifs premiers jours a permis de développer un véritable cadre de production du logement social. se compose de l’ensemble des locataires, chaque tissu social, dans des rapports humanisés. Bien La maîtrise d’ouvrage est assurée par le logement ayant une voix ; en externe, dans les rela- évidemment cet investissement des locataires n’a bailleur qui désigne un architecte maître tions avec le bailleur qui est représenté au sein du pas toujours été linéaire et il a été nécessaire de d’œuvre et organise l’ensemble des opéra- collège des membres associés par un administratif réaffirmer l’engagement réciproque du collectif tions. Toutefois cette opération occupe une et un membre de conseil d’administration. Ce col- habitant et du bailleur dans cette coopération d’un place particulière dans la production ordi- lège n’a pas de droit de vote. De manière générale, autre genre. naire du parc locatif social. En effet la place les décisions sont prises à la majorité qualifiée. faite aux habitants-locataires, présents en La dynamique du quartier amont des phases de programmation, est Le cadre des valeurs toute à fait exceptionnelle et revêt ici un ca- Le Luat joue un rôle essentiel dans les ractère expérimental. Cette spécificité ins- Référence au modèle de l’autogestion. dynamiques associatives du quartier. L’engagement talle un dispositif particulier de participa- Volonté de bien vivre ensemble, « chacun militant des premiers locataires a permis d’inscrire tion dont un des objectifs est de construire participait à rendre le cadre agréable, les uns le lieu comme un point de repère des associations le collectif habitant. Cela se fait autour des prévoyaient des repas, d’autres des animations, et collectifs voisins. Ainsi de nombreuses mobili- 1992 ateliers pédagogiques proposés par l’archi- untel s’occupait des espaces verts : il régnait sations locales (scolaire, vie de quartier, etc…) ont tecte, la paysagiste et la sociologue entre une véritable vie de famille ! » trouvé au Luat un point d’ancrage fondamental. novembre 1987 et fin 1989. Cette dynamique permet à chaque fu- Le Luat tur locataire de se projeter dans l’opération, de faire entendre ses attentes dans une dé- marche collective basée sur une recherche du consensus. Dans cette première phase du projet le groupe habitant ne cherche pas à s’organiser au delà du cadre proposé par le bailleur. Ce n’est qu’en 1991, alors que le chantier a débuté, que la nécessité Le projet de formaliser le collectif se fait ressentir. À cette date, les changements de direction au sein de l’Office mettent en péril le proces- sus même de la participation ; les nouveaux L Signature L’OPÉRATION le projet, dans ses parties pri- des parties communes ainsi responsables n’entendent pas rendre des de la convention DU LUAT, un vatives (les logements) comme que leur usage dans l’intérêt comptes aux futurs occupants et rompent d’autogestion immeuble de dans ses espaces communs commun, comme le définit le la concertation. Un sentiment de danger se du Luat entre 23 logements (le jardin et la salle collective). règlement intérieur de l’Associa- fait jour au sein du groupe, «l’esprit du lieu» l’office HLM sociaux, est initiée par l’OPHLM Ce processus se construit par tion du Luat. étant touché. Un véritable bras de fer s’en- et l’association de Montreuil à la fin des années itérations et les décisions sont Au moment de l’installation gage entre le bailleur et le collectif-habitant, des habitants. 1980. Installé dans le secteur prises conjointement entre les dans l’immeuble, le collectif des ce dernier organise la riposte en se consti- pavillonnaire Solidarité-Carnot, habitants, l’architecte et les habitants se compose d’adultes, tuant en amicale de locataires. l’histoire de ce petit collectif techniciens de l’office HLM. d’un groupe d’une vingtaine Le recours aux réseaux militants des débute en 1987 lorsque la En 1990 le chantier d’enfants, entre 5 et 10 ans, et uns et des autres permet un rapprochement ville de Montreuil et son office commence mais ce n’est qu’au de quelques jeunes adoles- avec la CNL. L’amicale constituée, ils exigent public décident de lancer une début de l’année 1993 que les cents. Les jeunes prendront pos- d’être présents aux différentes réunions or- opération avec la participation locataires prennent possession session des lieux, investissant ganisées par le bailleur – maître d’ouvrage. Fiche technique Au printemps 1992, le chantier n’est tou- r ue d des futurs locataires. Sous la de leur logement, après un largement le jardin et la salle e Sta Type d’habitat : houlette d’une équipe conduite changement de direction au commune qui deviennent vite jours pas livré et les locataires décident lingr par un architecte et une socio- sein de l’office HLM et une leur territoire réservé. Cette co- de faire de la salle commune leur QG. À ad Construction neuve d’un immeuble en locatif-social logue, des ateliers d’animation réorientation idéologique du habitation n’a pas toujours été partir de cette date, l’objectif est d’obtenir Date d’achèvement des travaux : proposent une sensibilisation projet avec un arrêt du proces- sans conflits et elle fut l’objet de de l’office l’autogestion du Luat. Cette nou- 1992 à l’architecture en vue d’une sus participatif. Ce changement nombreux débats, négociations velle revendication n’aboutira qu’un an plus Nombre de logements : tard avec l’appui d’une élue municipale qui 23 l co-élaboration du programme dans la gouvernance du projet et arbitrages. ate prend fait et cause et interviendra auprès Locaux et espaces communs : d’habitation. provoque immédiatement un Depuis vingt ans, la dyna- ap Salle commune + cour + jardin du bailleur. L’association du Luat, à laquelle eR La sélection des candidats conflit ouvert entre la direction mique participative se poursuit d’Arc Statut juridique pour la construction : adhèrent tous les locataires est constituée ru se fait par l’Office à la suite de l’office et le collectif des et elle prend forme autour de L’opération se Propriété de l’OPHLM de Montreuil d’une lettre d’information habitants qui se constitue en l’idée de «bien vivre ensemble» déploie dans la début 1993 et ils obtiennent l’autogestion Statut juridique pour la gestion : Bld Jeanne adressée aux demandeurs amicale de locataires et malgré les départs et arrivées profondeur de l’îlot des lieux le 29 avril 1993. À cette date, une Autogestion par l’association Le Luat de logements sociaux. Après revendique l’auto-gestion de des locataires. Le Luat devient avec des construc- convention est signée avec l’office qui pré- Architecte : plusieurs réunions d’informa- l’opération. Après un bras de fer vite une adresse incontournable tions d’habitation voit que les charges réglées par les loca- Rémi Viard sur chaque rue. taires sont reversées à l’association qui doit Contact : tion, une vingtaine de familles musclé, les locataires obtien- du quartier où se tiennent Un grand jardin l’entretien, l’administration et la gestion des OPH de Montreuil est sélectionnée. Les ateliers nent gain de cause. Dès lors, réunions de parents d’élèves, de se situe en cœur participatifs se déroulent sur ils ont en charge l’entretien, militants associatifs et s’orga- parties communes dans l’intérêt commun. de parcelle. 2 ans et permettent de définir l’administration et la gestion nise l’entraide quotidienne. PHOTO : INTER ATLAS
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