LA PRÉVENTION DES CONDUITES ADDICTIVES - l'expérience A.N.P.A.A.
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LA PRÉVENTION DES CONDUITES ADDICTIVES l’expérience A.N.P.A.A. Ce guide s’adresse aux animateurs de Ce guide est un document pédago- prévention A.N.P.A.A. et plus globale- gique, complet sans être exhaustif. ment à tous professionnels du champ de Il aborde les questions de définition des la promotion de la santé, de l’éducation concepts clés de la santé aux addictions. et du social, qui souhaitent développer Il présente également la diversité des et mettre en œuvre des actions de pré- actions A.N.P.A.A. de prévention des vention des risques et de réduction des risques et de réduction des dommages. dommages liées aux conduites addic- Il rappelle le contexte et l’environne- tives. ment institutionnel dans lesquels la pré- vention des conduites addictives s’ins- Il a pour objectif de faire connaître les crit. Il traite des principes d’action et de activités de prévention de l’A.N.P.A.A., la démarche d’intervention A.N.PA.A. ses expériences, ses compétences et et propose des outils pratiques. son savoir-faire. Plus pratiquement il permet : Ce document comprend égale- ment des illustrations, issues de ré- l’aide au montage de projets, flexions et d’expériences d’équipes régio- autour de recommandations de nales et départementales A.N.P.A.A., pratiques professionnelles ; elles n’ont pas valeur de recom- mandation. le développement des compé- tences professionnelles des anima- teurs de prévention des conduites addictives et l’harmonisation de leurs connaissances et pratiques en promotion de la santé et en prévention des risques et réduc- tion des dommages. GUIDE REPÈRES /1
SOMMAIRE SOMMAIRE DÉFINITIONS ET CONCEPTS CLÉS : DÉMARCHE D’INTERVENTION P. 67 DE LA SANTÉ AUX ADDICTIONS P. 7 1/ Recommandations pour mettre en œuvre un projet : cadre théorique et outils pratiques P. 68 1/ Promouvoir la santé P. 7 2/ Techniques d’animation P. 77 2/ Addiction P. 26 ANIMATEUR DE PRÉVENTION P. 31 DÉMARCHE QUALITÉ P. 79 1/ Démarche qualité et guide 1/ Compétences et postures professionnelles P. 31 d’auto-évaluation de la qualité des actions en promotion de la santé P. 79 PUBLICS P. 35 1/ Publics cibles : population générale OUTILS DE PRÉVENTION P. 83 tout au long de la vie et populations spécifiques P. 36 1/ Groupe de travail national A.N.P.A.A. P. 83 2/ Pairs P. 46 2/ Recommandations pour l’élaboration 3/ Professionnels relais P. 48 d’outils de prévention P. 84 3/ Outils A.N.P.A.A. validés P. 85 4/ Outils validés par la MILDT P. 90 CONTEXTE ET ENVIRONNEMENT 5/ Pédagothèque de l’INPES P. 91 INSTITUTIONNEL DES POLITIQUES DE SANTÉ P. 51 1/ Pilotage institutionnel P. 51 ANNEXES P. 93 2/ Programmation et planification en santé publique P. 55 1/ Bibliographie P. 93 3/ Dispositifs à connaître P. 56 2/ Glossaire P. 102 4/ Sources de financement P. 60 5/ Partenariats P. 62 2/ LA PRÉVENTION DES CONDUITES ADDICTIVES GUIDE REPÈRES/3
SOMMAIRE ILLUSTRATIONS ddictions et transculturalité, un exemple d’action menée en CADA A par l’A.N.P.A.A. Cher Intervention en milieu rural, l’exemple de l’A.N.P.A.A. Aude « Au fil de soi » un projet d’accès aux soins pour des femmes en situation L’impact de la loi Evin sur la création de milieux favorables à la santé de précarité, de l’A.N.P.A.A. Pas-de-Calais Actions judiciaires de l’A.N.P.A.A. pour le respect de la loi Evin Actions de soutien méthodologique et de suivi post-action, de l’A.N.P.A.A. Programme Caps’Attitudes - Capacité à protéger sa Santé, de l’A.N.P.A.A. Drôme Val d’Oise Stages de sensibilisation aux dangers de l’usage de produits stupéfiants, La formation « Jeunes relais » de prévention des addictions, l’exemple de l’A.N.PA.A. Meurthe-et-Moselle et de l’A.N.P.A.A. Meuse par l’A.N.P.A.A. Cher Stages présentenciels pour les personnes en situation de conduite sous Le dispositif Tendances alternatives festives de l’A.N.P.A.A. Gironde l’emprise de l’alcool, par l’A.N.P.A.A. Charente Le Somm'enBusR de l’A.N.P.A.A. Gironde Actions de promotion de la sa nté en milieu carcéral, de l’A .N.P.A.A. Aube La Maison des adolescents de l’Indre, un acteur de l’intervention précoce Le dispositif Noz’ambule de l’A.N.P.A.A. Ille-et-Vilaine Dispositif d’accès aux soins - Consultation jeunes consommateurs, La formation de bénévoles, l’exemple de l’A.N.P.A.A. Manche de l’A.N.P.A.A. Aube Formation des professionnels accompagnant des personnes âgées, Enquête sur la prévalence de la dépendance au jeu chez les consultants par l’A.N.P.A.A. Nord du réseau A.N.P.A.A. Formation des sages-femmes au RPIB, action régionale de l’A.N.P.A.A. Corse Harcèlement et réseaux sociaux, une action de l’A.N.P.A.A. Mayenne L’exemple du Contrat local de santé « Addictions » de la commune Addictions, périnatalité et parentalité de l’A.N.P.A.A. Nord-Pas-de-Calais de Trélazé, par l’A.N.P.A.A. Maine-et-Loire Groupe de parole enfants, de l’A.N.P.A.A. Ille-et-Vilaine Animation, coordination de l’atelier santé ville de la communauté Groupe d’information et d’expression à destination des parents, d’agglomération Meuse Grand Sud, le rôle de l’A.N.P.A.A. Meuse de l’A.N.P.A.A. Ille-et-Vilaine Plus de fêtes, moins de défaites, un exemple d’action menée dans le cadre Action « Jeunes et addictions » menée dans les établissements du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance, d’enseignement agricole du Limousin par l’A.N.P.A.A. Limousin et le RESEDA par l’A.N.P.A.A. Vosges Organisation d’une soirée étudiante, l’exemple de l’A.N.P.A.A. Côte-d’Or Action de soutien à la fonction parentale par l’A.N.P.A.A. Maine-et-Loire « Binge Drinking » une œuvre d’art au service de la prévention de la Prévention du risque alcool au travail par l’A.N.P.A.A. Somme consommation excessive d’alcool chez les jeunes E xemple de formation en addictologie par l’A.N.P.A.A. Seine-et-Marne Action en direction des futurs conducteurs, par l’A.N.P.A.A. Somme à destination de l’ensemble des éducateurs d’une maison d'enfants Un exemple de démarche d’intervention en entreprise par l’A.N.P.A.A. à caractère social (MECS) Paris La participation de l’A.N.P.A.A. Haute-Normandie au pôle régional Action menée en direction des jeunes et des professionnels de la Protection de compétences en éducation pour la santé (PRC) judiciaire de la jeunesse par l’A.N.P.A.A. Paris Implication de l’A.N.P.A.A. du Gard dans une démarche de réseau de santé Action menée à destination des résidents et des professionnels d’une sur le territoire d’Alès structure accueillant un public d’adultes cérébro-lésés par l’A.N.P.A.A. Intervention de l’A.N.P.A.A. Champagne-Ardenne à la Journée nationale Seine-et-Marne du déploiement de la démarche qualité en promotion de la santé « Le préso fait son show », exposition du CAARUD A.N.P.A.A. le 8 novembre 2013 Allier la Passerelle 4/ LA PRÉVENTION DES CONDUITES ADDICTIVES GUIDE REPÈRES /5
DÉFINITIONS ET CONCEPTS CLÉS : DE LA SANTÉ AUX ADDICTIONS 1/ PROMOUVOIR LA SANTÉ 2/ ADDICTION La prévention telle qu’elle est menée à l’A.N.P.A.A. s’appuie sur une charte. Elle est menée par des professionnels formés et com- pétents, qui s’appuient sur des données validées et actualisées par l’ensemble des communautés scientifiques. Pour mieux prendre en compte les comportements et les détermi- nants sociaux dans nos projets, il est nécessaire de s’approprier un certain nombre de concepts : ceux de promotion de la santé, d’édu- cation pour la santé, de prévention universelle et ciblée, de préven- tion des risques et de réduction des dommages, etc. L’objectif de cette première partie est de fournir des bases com- munes en matière de définitions et de concepts clés dans les champs de la prévention, de la promotion de la santé et de l’addictologie. 1⁄ 1 PROMOUVOIR LA SANTÉ nants personnels (biologiques, psycho- logiques), mais aussi sociaux (écono- miques, culturels), est selon l'OMS2 « un SANTÉ1 état de complet bien-être physique, La notion de santé, prise dans son sens mental et social, et ne consiste pas seu- global comme résultante de détermi- lement en une absence de maladie ou d'infirmité ». 1 Sources : Méthodologie en éducation pour la santé, ministère de l’Éducation nationale, DESCO, 2008 2 Organisation mondiale de la santé 6/ LA PRÉVENTION DES CONDUITES ADDICTIVES GUIDE REPÈRES /7
DÉFINITIONS ET CONCEPTS CLÉS : DE LA SANTÉ AUX ADDICTIONS Évolution historique Les années 50 et 60 voient l'émergence dans la gestion de la santé plutôt que sur commun : l’éducation pour la santé. Elle Caractérisée par les connaissances ap- de l'éducation pour la santé qui prend la responsabilité individuelle, tout en re- vise des catégories de population (les portées lors des progrès réalisés dans le en compte le vécu des individus et leur donnant le pouvoir aux individus sur leur jeunes, les femmes enceintes, les person- domaine médical, dans le but de conser- personnalité dans le but de changer environnement sanitaire. nes âgées) à travers des lieux multiples ver ou d'adopter des comportements leurs comportements et de les faire par- Les actions de promotion de la santé des (la famille, l’école, le quartier) et des thè- favorables à la santé (hygiénisme), l'édu- ticiper. La psychologie, la sociologie et la individus et de prévention se conjuguent mes particuliers (tabac, contraception, cation sanitaire prévaut jusqu'aux an- pédagogie entrent en jeu pour modifier et se complètent donc avec un outil sida). nées 50. Des conseils et messages culpa- le contenu des programmes de santé et bilisants sont donnés à une population les rendre plus communicants. 4 réputée ignorer les conditions néces- S'y ajouteront progressivement , DÉTERMINANTS DE SANTÉ saires au maintien d'une bonne santé. jusqu'aux années 70, des données liées L'accent est mis sur la responsabilité in- au contexte social, économique et poli- On peut répartir les déterminants de santé d’un individu en dividuelle, la santé étant compromise tique, qui seront à l'origine de grandes quatre grands groupes : par des comportements parfois enta- campagnes de prévention en santé pu- chés d'irresponsabilité, qu'il convient de blique et communautaire dans lesquelles la biologie humaine : les facteurs génétiques, les facteurs physiologiques, les corriger par l'apport de connaissances l'accent sera mis sur l'importance de la facteurs liés à la maturation et au vieillissement ; médicales et de règles d'hygiène. Les prévention des comportements à risque campagnes de prévention prennent l'al- plutôt que sur les techniques de soin l’environnement physique, psychologique, social ; lure d'une véritable « propagande » (af- jugées trop coûteuses (par exemple en fichage, cinéma, expositions itinérantes, matière de cancer). L'éducation pour la les comportements, le style de vie : les facteurs professionnels, les facteurs timbres...) contre les grands fléaux sani- santé s'appuie alors sur l'épidémiologie liés aux loisirs, les modes de consommation (alimentation, produits toxiques) ; taires et sociaux (la lutte contre l'alcoo- et sur le développement des méthodes lisme, la syphilis, la tuberculose, etc.). de conduite de projet, pour mener des l’organisation des services de santé : la prévention, les soins curatifs, la réa- programmes pluriannuels d'éducation daptation, la réhabilitation. En parallèle se développe le premier sanitaire et sociale, sous l'égide du Co- système préventif français, marqué par mité français d'éducation pour la santé, Tous ces facteurs sont interdépendants. Les facteurs qui influent sur la santé la création du Centre national d'éduca- créé en 1972. Les messages de respon- sont multiples et agissent les uns sur les autres. La promotion de la santé porte tion sanitaire (1945) puis de centres ré- sabilisation permettent d'atteindre les fondamentalement sur l’action et la sensibilisation nécessaires pour prendre des gionaux, et par la volonté de « parler de trois objectifs de l'éducation pour la mesures à l’égard de l’ensemble des déterminants de la santé potentiellement la santé beaucoup plus que de la maladie santé « savoir, vouloir, pouvoir » et re- modifiables. Ainsi, elle porte sur les comportements des individus en matière [...] parler du terrain humain plus que du posent alors sur des méthodes pédago- de santé et sur leurs modes de vie, mais également sur des facteurs tels que le microbe et substituer à la peur de celui- giques faisant appel à des techniques revenu et le statut social, l’instruction, l’emploi et les conditions de travail, l’ac- ci la confiance raisonnée dans la résis- participatives (jeu, théâtre) et utilisant cès à des services sanitaires appropriés et les environnements physiques. Com- tance d'un organisme bien équilibré [...], les médias (télévision). Les thèmes abor- binés, ces éléments créent différentes conditions de vie qui ont des effets sur bref, développer une mentalité de san- dés concernent le tabac, l'alcool, 1a la santé. La réalisation d’un changement de ces modes de vie et conditions de té ».3 contraception et les accidents de la vie, qui déterminent l’état de santé, est considérée comme un résultat inter- route. médiaire en matière de santé. Les années 80 et 90 voient émerger la 4 (Adapté de) Chauvin F, Brixi O, Rousille B. Du bon usage de la communication en éducation pour la santé. 3 Pierre Delore, 1er numéro de « La santé de notion de promotion de la santé qui met Actes du séminaire international de Bierville. Paris : Éditions CFES, 1998 : 289 p. Nutbeam D, OMS. Glossaire l'homme », en 1942, cité dans « La santé de l'homme ; de la promotion de la santé. Gamburg : Éditions promotion de la santé, janvier 1998 : 25 p. n° 362, nov-déc 2002 l'accent sur l'implication des collectivités 8/ LA PRÉVENTION DES CONDUITES ADDICTIVES GUIDE REPÈRES /9
DÉFINITIONS ET CONCEPTS CLÉS : DE LA SANTÉ AUX ADDICTIONS ÉDUCATION Plusieurs approches coexistent en édu- Si l’approche qui prévalait a longtemps été autour de la prévention POUR LA SANTÉ cation pour la santé, certaines s’oppo- primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire5, aujourd’hui l’organi- L’OMS définit l’éducation pour la santé sent sur certains points et d’autres se sation classique de la prévention laisse la place à des modèles centrés comme l’ensemble des moyens permet- complètent. sur l'éducation pour la santé et la participation active du public. tant d’aider les individus et les groupes On pourra retenir trois principales ap- à adopter des comportements favo- proches8 : La prévention universelle, promotion et éducation pour la santé, concerne rables à leur santé. L’approche injonctive ou persuasive, les interventions destinées à la population générale ou à des groupes, quel que L’éducation pour la santé ne se résume qui a pour objectif la modification systé- soit leur état de santé. pas à une information pour la santé. Elle matique des comportements des indivi- va plus loin, en cherchant à donner aux dus et des groupes ; La prévention sélective s'adresse à des sujets, ou sous-groupes d'individus, individus à la fois les savoirs, savoir-être L'approche informative et responsa- particulièrement exposés et ayant un risque significativement plus élevé que la et savoir-faire, nécessaires afin de pou- bilisante, qui recherche la prise de moyenne. voir, s’ils le souhaitent, changer de com- conscience par les individus de ce qui est portement ou renforcer des comporte- bon pour eux ; La prévention ciblée concerne les interventions destinées à des individus qui ments favorables à leur santé et à celle L’approche participative, qui vise ont des facteurs de risque supplémentaires ou des signes d'appel, dans le but de la communauté. l’implication, la participation des indivi- d'améliorer le suivi des traitements, réduire les conséquences et les dommages La santé n’est pas considérée ici comme dus et des groupes pour un meilleur de la maladie. C'est notamment l'éducation thérapeutique du patient, inscrite un état de bien-être à atteindre, mais contrôle de leur santé. dans la loi. Le caractère « premier » de l'action de prévention est mis en valeur6. comme une ressource de la vie quoti- C’est dans les deux dernières approches dienne7, et c’est à l’individu de faire ses que l’A.N.P.A.A. inscrit ses actions. arbitrages, de trouver son équilibre et de déterminer ce qui est bon pour lui. 5 Prévention primaire : Ce sont toutes les actions qui visent à diminuer l’incidence d’une maladie ou d’un L’éducation pour la santé vise alors à accident dans une population, donc à réduire le risque d’apparition de nouveaux cas (ex. : vaccination, législa- tion, éducation pour la santé, etc.). permettre à chacun de faire des choix Prévention secondaire : Elle comprend tous les actes destinés à diminuer la prévalence d’une maladie ou d’un responsables en matière de comporte- problème dans une population. Elle englobe donc la détection précoce de la maladie voire des cas asympto- matiques ou le dépistage et les mesures curatives. ments ayant une influence sur sa santé Prévention tertiaire : Elle tente de diminuer la prévalence des handicaps, des séquelles ou des récidives dans et sur celle de la communauté. L’impli- une population. Elle prend donc en compte les actions du domaine de la réadaptation, de l’intégration et de l’insertion scolaire, professionnelle et sociale. cation de l’individu vise aussi à promou- Prévention quaternaire : La prévention quaternaire relève d’actions d’accompagnement simple de l’invalidité voir une démarche par ticipative en et du processus de la mort, sans visée de l’amélioration de l’état de santé. santé. 6 Patrick Daimé, secrétaire général de l’A.N.P.A.A., intervention « Une activité prévention à l’A.N.P.A.A. en évolution ; les orientations nationales et leurs déclinaisons locales » Forum A.N.P.A.A. de la prévention, sep- tembre 2011 7 cf. Charte d’Ottawa : « La promotion de la santé est le processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’améliorer celle-ci. Cette démarche relève d’un concept définissant la “santé” comme la mesure dans laquelle un groupe ou un individu peut, d’une part, réa- liser ses ambitions et satisfaire ses besoins et, d’autre part, évoluer avec le milieu ou s’adapter à celui-ci. La santé est donc perçue comme une ressource de la vie 8 Bury J., Éducation pour la santé : concepts, enjeux, quotidienne, et non comme le but de la vie. » planifications, De Boeck Université, 1988. 10/ LA PRÉVENTION DES CONDUITES ADDICTIVES GUIDE REPÈRES /11
DÉFINITIONS ET CONCEPTS CLÉS : DE LA SANTÉ AUX ADDICTIONS PROMOTION conférer à tous, les moyens de réa- DIMENSION ÉDUCATIVE DE LA SANTÉ10 liser pleinement leur potentiel de DE L’ÉDUCATION POUR LA SANTÉ La définition de la promotion de la santé santé (facilitation) ; se réfère au texte de la Charte d’Ottawa servir de médiateur entre les diffé- Elle vise l’acquisition de : pour la promotion de la santé de 1986, rents intérêts présents dans la société émanation de l’Organisation mondiale en vue d’atteindre la santé (médiation). savoirs (ou connaissances) : ensemble d’informations assimilées par l’in- de la santé (OMS) : dividu. Exemple : connaissance des effets du produit consommé ; « La promotion de la santé est le pro- Ces stratégies sont soutenues par cinq cessus qui confère aux populations les domaines d’actions prioritaires : savoir-faire (ou pratiques) : les pratiques ou capacités à agir, à réaliser moyens d’assurer un plus grand contrôle l’élaboration d’une politique saine ; une tâche. Ils peuvent être dissociés du savoir. On peut savoir faire sans savoir sur leur propre santé, et d’améliorer la création de milieux favorables ; pourquoi cela fonctionne (savoir-faire empirique), on peut également savoir celle-ci. Cette démarche relève d’un le renforcement de l’action commu- sans savoir faire (savoir en théorie comment effectuer une tâche, mais ne jamais concept définissant la "santé" comme la nautaire ; l’avoir effectuée en pratique et en être incapable). Exemple : savoir utiliser un mesure dans laquelle un groupe ou un l’acquisition d’aptitudes individuelles ; éthylotest, un préservatif féminin, un « roule ta paille » ; individu peut, d’une part, réaliser ses la réorientation des services de ambitions et satisfaire ses besoins et, santé. savoir-être (ou attitudes) : « manières habituelles et plutôt stables par d’autre part, évoluer avec le milieu ou lesquelles les individus perçoivent, éprouvent et jugent, pour eux-mêmes ou s’adapter à celui-ci. La santé est donc L’IMPACT DE LA LOI EVIN pour d’autres, des actions, des idées, et leur environnement social et physique. perçue comme une ressource de la vie SUR LA CRÉATION DE MILIEUX Les attitudes régissent la perception et l’action. Elles ont des composantes af- quotidienne, et non comme le but de la FAVORABLES À LA SANTÉ fectives, cognitives et comportementales. Les attitudes sont en grande partie vie ; il s’agit d’un concept positif mettant socialement déterminées. Changer les attitudes qui sont des barrières à des en valeur les ressources sociales et indi- Avec la Loi Evin, la France dispose d’un modes de vie plus sains ou à une politique plus saine est un des objectifs majeurs viduelles, ainsi que les capacités phy- des cadres les plus stricts au niveau inter- des interventions en éducation pour la santé et en promotion de la santé9. » siques. Ainsi la promotion de la santé ne national en matière de publicité en faveur Le travail sur le savoir-être passe aussi par le développement des compétences relève pas seulement du secteur sani- des boissons alcooliques. Contrairement psychosociales. Exemple : savoir refuser une première cigarette. taire : elle dépasse les modes de vie au tabac, la publicité pour l’alcool n’est pas sains pour viser le bien-être. » interdite, mais très fortement encadrée par la définition des supports autorisés et La Charte d’Ottawa définit trois stra- de ce qui peut être dit dans une publicité. tégies fondamentales : Ces dispositions ont des vertus protec- 9 Commission européenne, Rusch E (coord.). Glossaire européen en santé publique sensibiliser à la santé, pour créer les trices contraignantes pour les publicités, conditions essentielles à la santé (plai- visant à leur ôter tout caractère incitatif. doirie) ; De fait, depuis la promulgation de la loi en 1991, les messages publicitaires sont La santé d’un individu ne dépend pas que de ses choix individuels, mais devenus moins présomptueux, moins sé- de nombreux autres facteurs, tels que l’environnement, les conditions ducteurs (ils n’associent plus comme au- de vie, les facteurs biologiques, etc. Il est donc judicieux d’intégrer 10 (Adapté de) Commission Européenne, Rusch E paravant alcool et succès social, sportif ou (coord.). Glossaire Européen en Santé Publique. Nutbeam l’éducation pour la santé dans une démarche de promotion de la santé. D, OMS. Glossaire de la promotion de la santé. Gamburg : amoureux) et plus informatifs. La télévi- Éditions promotion de la santé, janvier 1998 : 25 p. sion et les écrans de cinéma sont toujours OMS. Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé. OMS, 1re conférence internationale pour la promotion des supports interdits. Si depuis la pro- de la santé. Ottawa, Canada, 21 novembre 1986 mulgation de la Loi Evin le monde de la 12/ LA PRÉVENTION DES CONDUITES ADDICTIVES GUIDE REPÈRES /13
DÉFINITIONS ET CONCEPTS CLÉS : DE LA SANTÉ AUX ADDICTIONS communication a bien changé avec Inter- Internet, réseaux sociaux, supports LES COMPÉTENCES Apprendre à prendre des décisions net, Facebook ou Twitter et ces autres désormais autorisés pour la diffusion de PSYCHOSOCIALES11 nous aide à les prendre de façon médias qui ont modifié les formes du publicités en faveur des boissons alcoo- Les compétences psychosociales sont la constructive. Cela peut avoir des consé- marketing publicitaire et démultiplié sa liques (depuis la Loi HPST de 2009) ; capacité d’une personne à répondre quences favorables sur la santé, si les puissance de suggestion, le modèle publi- Les publicités directes ou indirectes avec efficacité aux exigences et aux décisions sont prises de façon active, en citaire défini en 1991 reste néanmoins par voie de parrainage ou de sponso- épreuves de la vie quotidienne. C’est évaluant les différentes options et les applicable dans ses grandes lignes : infor- ring. l’aptitude d’une personne à maintenir un effets de chacune d'entre elles ; mations objectives sur les produits et li- Ainsi, l’A.N.P.A.A. a, en septembre état de bien-être mental, en adoptant Développer la pensée créative contri- mitation des supports autorisés. Il est 2014, fait ordonner par le juge des réfé- un comportement approprié et positif à bue à la fois à la prise de décision et à la important de rappeler que la loi Evin, rés le retrait de la vente de certains l’occasion des relations entretenues avec résolution de problèmes en nous per- concernant la publicité, est un outil de packs et cannettes de la bière Carlsberg les autres, sa propre culture et son en- mettant d'explorer les alternatives pos- prévention que n’ont pas d’autres pays y dont le conditionnement a été estimé vironnement. Les compétences psycho- sibles et les diverses conséquences de compris au sein de l’Union européenne. illicite. La marque commercialisait sa sociales ont un rôle important à jouer nos actions et de notre refus d'action. L’A.N.P.A.A. a grandement contribué à bière dans des emballages présentant dans la promotion de la santé au sens Cela nous aide a regarder au-delà de l’émergence de cette loi et est aujourd’hui des joueurs de football évoluant dans le large, en matière de bien-être physique, notre propre expérience. La pensée la seule organisation qui veille au respect cadre de la Premier League, le cham- mental et social et plus particulièrement, créative peut nous aider à répondre de des principes qu’elle a posés en engageant pionnat anglais. Ces packs invitaient de quand les problèmes de santé sont liés façon adaptative et avec souplesse aux des procédures judiciaires à l’encontre surcroît à participer à un jeu avec obli- à un comportement. Quand le compor- situations de la vie quotidienne ; des publicités illicites. gation d’achat pour gagner des places et tement est lié à une incapacité à ré- Développer l'esprit critique est la assister à un match de la Premier Lea- pondre efficacement au stress et aux capacité à analyser les informations et ACTIONS JUDICIAIRES gue, dont la marque est le sponsor offi- pressions de la vie, l’amélioration de la les expériences de façon objective. Elle DE L’A.N.P.A.A. POUR ciel, ce qui a également été jugé illicite. compétence psychosociale pourrait être peut contribuer à la santé en nous aidant LE RESPECT DE LA LOI EVIN un élément important dans la promo- à reconnaître et à évaluer les facteurs L’A.N.P.A.A. a par ailleurs récemment tion de la santé et du bien-être, puisque qui influencent nos attitudes et nos Depuis la promulgation de la Loi Evin, engagé deux actions visant à faire les comportements sont de plus en plus comportements, comme les médias et l’A.N.P.A.A. a engagé plus de 60 actions condamner deux marques de bière : impliqués dans l’origine des problèmes les pressions de nos pairs ; judiciaires à l’encontre de publicités de santé. Communiquer efficacement signifie qu’elle estimait illicites. Elle a gagné 85 % L’une organise des soirées « bran- que nous soyons capables de nous ex- de ces affaires. Ces chiffres démontrent chées » pour faire la promotion de sa Les compétences psychosociales primer à la fois verbalement et non ver- deux choses : d’une part que l’A .N.P.A.A. marque (Desperados via les soirées sont au nombre de 10 (OMS) : balement, de façon appropriée à notre n’est pas particulièrement procédurière WILD CLUB, présentant de nombreux Apprendre à résoudre les problèmes culture et aux situations. Cela peut signi- et d’autre part qu’elle agit à bon escient. artistes musiciens ou graphiques dans la nous aide à faire face à ceux que nous fier être capable d'exprimer nos désirs Durant les premiers temps et jusqu’il y veine « Street art ») ; rencontrerons inévitablement tout au à propos d'une action dans laquelle on a peu, l’action de l’A.N.P.A.A. se focali- long de notre vie. Des problèmes per- nous demande de nous impliquer. Cela sait principalement sur le contenu des L’autre associe son image à l’organisa- sonnels importants, laissés sans solution, peut également signifier être capable de publicités diffusées par voie d’affichage tion de festivals de musique très fréquen- peuvent à la longue maintenir un stress demander des conseils quand cela et de presse, mais l’évolution des nou- tés (Kronenbourg via la marque alibi mental et entraîner une fatigue phy- s'avère nécessaire ; velles technologies et des stratégies « Pression Live » omniprésente dans le sique ; Développer des aptitudes relation- marketing implique une vigilance accrue festival Rock en Seine, jusqu’à disposer nelles nous aide à établir des rapports concernant des supports de publicités elle-même d’une scène et d’une pro- de façon positive avec les gens que nous 11 (Adapté de) Sandrin-Ber thon B. Apprendre la nouveaux : grammation d’artistes reconnus). santé à l’école. Paris : ESF, 1997 : 127 p. côtoyons. Cela signifie être capable de 14/ LA PRÉVENTION DES CONDUITES ADDICTIVES GUIDE REPÈRES /15
DÉFINITIONS ET CONCEPTS CLÉS : DE LA SANTÉ AUX ADDICTIONS lier et conserver des relations amicales, ce Faire face aux émotions, pour cela il D’autres fois, la diminution des conduites jet est décliné auprès des élèves de 5e qui peut être d'une grande importance faut savoir reconnaître les siennes et addictives est l’objectif. Dans ce cas-là, en quatre ateliers de deux heures cha- pour notre bien-être mental et social. Cela celles des autres. Il faut être conscient l’approche utilisée par les animateurs de cun, organisés en demi groupes. signifie également garder de bonnes rela- de leur influence sur les comportements prévention passe par une réflexion sur Ces ateliers ont été pensés de sorte que tions avec les membres de notre entou- et savoir quelles réactions adopter. Les soi, son environnement et l’identification les collégiens s’approprient le fonde- rage, source importante de soutien social. émotions intenses comme la colère ou des liens entre les deux. ment, le concept et les ressorts des Il s'agit aussi de savoir interrompre des la tristesse peuvent avoir des effets né- compétences psychosociales, sans forcé- relations d'une manière constructive ; gatifs sur notre santé si nous ne réagis- Des actions ayant pour objectif le ment que l’action permette de les abor- Avoir conscience de soi-même, c'est sons pas de façon appropriée. renforcement des compétences der toutes. Le premier atelier vise ainsi, connaître son propre caractère, ses psychosociales sont particulière- après une présentation des compé- forces et ses faiblesses, ses désirs et ses Dans les interventions, il s’agit bien d’ac- ment intéressantes s’agissant des tences psychosociales, à l’identification aversions. Cela nous aide à reconnaître croître les compétences des bénéfi- enfants et des jeunes, puisque des comportements à risques dans leur les situations dans lesquelles nous ciaires, à « agir pour » et non à « lutter c’est une période de développe- globalité et leur réalité pour un public et sommes stressés ou sous pression. C'est contre ». La finalité n'est donc pas de ment et de construction du sa- un regard collégiens. Les situations pro- indispensable aussi pour établir une lutter contre les comportements de voir-être. posées sur les ateliers suivants ont été communication efficace, des relations consommations à risques, qui contri- retenues en ce qu’elles sont appréhen- interpersonnelles constructives et pour buent bien souvent à stigmatiser ce PROGRAMME CAPS’ATTITUDES / dables facilement par les élèves tout en développer notre sens du partage d'opi- compor tement et la personne qui CAPACITÉ À PROTÉGER répondant à des situations observées nions avec les autres ; l’adopte et renforce ainsi son isolement SA SANTÉ dans leur environnement : Avoir de l'empathie pour les autres : social, mais bien de permettre l'émer- Gestion de la pression du groupe : Il s'agit d'imaginer ce que la vie peut être gence du sujet c'est-à-dire de dévelop- de l’A.N.P.A.A. du Val d’Oise mises en situations sur la base de dessins pour une autre personne même dans per son autonomie, sa liberté et sa res- Ce programme éducatif complet de humoristiques évoquant différentes une situation qui ne nous est pas fami- ponsabilité. Autrement dit, la référence promotion de la santé en milieu scolaire techniques de résistance à la pression du lière. Cela peut nous aider à accepter les est le sujet et non le comportement in- se décline en trois axes d’interventions : groupe ; autres qui sont différents de nous et à criminé. auprès des élèves, afin de permettre Gestion de la colère : jeu de rôle pré- améliorer nos relations sociales. Savoir aux collégiens, par la prévention des sentant une situation fictive déclenchant partager différents points de vue nous Dans les interventions A.N.P.A.A., le comportements à risques, d’adopter des un sentiment de colère afin d’identifier aide à encourager un comportement développement des compétences psy- comportements et de faire des choix les facteurs déclenchants et les straté- humanitaire envers les gens qui ont be- chosociales est parfois l’objectif même favorables à leur santé. Auprès de gies de réponses adaptées ; soin d'assistance ou de tolérance ; du projet, ce qui permet une approche l’équipe éducative dans l’objectif d’infor- Faire le bon choix dans la résolution Faire face à son stress suppose d'en transversale, non centrée sur l’usage mer et de sensibiliser les professionnels de problèmes : travaux d’équipes visant reconnaître les sources et les effets et de produits. Dans ce cas, cela permet au champ des conduites à risques et les à appliquer la méthodologie de résolu- de savoir en contrôler le niveau. Nous de « redonner toute son importance mettre en capacité de copiloter le projet tion de problèmes, proposée par l’inter- pouvons alors agir de façon à réduire les aux influences sociales dans la genèse et de co-animer les ateliers. Auprès des venant, à des situations problématiques sources de stress, par exemple, en mo- des attitudes et des comportements liés parents en créant les conditions d’un imaginées par les élèves. difiant notre environnement physique à la santé. C’est une réflexion sur le lien temps d’échange avec les professionnels Il s’agit là d’intervenir auprès de jeunes ou notre style de vie. Nous pouvons entre soi et l’environnement qui devient de l’A.N.P.A.A. avant la période d’expérimentation des également apprendre à nous relaxer le noyau du programme »12. Afin d’aborder et de travailler au mieux produits psychoactifs, dans l’objectif de pour que les tensions créées par un les compétences psychosociales, ce pro- retarder l’âge des premières consom- stress inévitable ne donnent pas nais- 12 Pierre Arwidson, « Le Développement des compé- mations. sance à des problèmes de santé ; tences psychosociales », in B. Sandrin-Ber thon, Ap- prendre la santé à l’école, Paris, ESF, 1997. 16/ LA PRÉVENTION DES CONDUITES ADDICTIVES GUIDE REPÈRES /17
DÉFINITIONS ET CONCEPTS CLÉS : DE LA SANTÉ AUX ADDICTIONS INÉGALITÉS SOCIALES ÉQUITÉ EN SANTÉ14 En référence à la Charte d’Ottawa, RELAIS » DE PRÉVENTION DE SANTÉ – INIQUITÉ L’équité en santé sous-entend justice. une intervention de promotion de DES ADDICTIONS EN SANTÉ13 Seuls les besoins des personnes, et au- la santé est considérée comme Les inégalités sociales de santé (ISS) cun autre facteur, guident la distribution efficace à partir du moment où par l’A.N.P.A.A. du Cher sont considérées comme de véritables des services, des bénéfices, etc. Elle im- elle contribue effectivement à Depuis de nombreuses années, iniquités en santé, c’est-à-dire comme plique qu'idéalement chacun devrait renforcer la capacité d’un individu l’A.N.P.A.A.18 s’attache à la mise en des « différences dans le domaine de la avoir l'opportunité d'atteindre son plein ou d’un groupe à agir sur les dé- place de projets de prévention des ad- santé qui sont inacceptables et poten- potentiel de santé. De manière plus terminants de sa santé16 . Ainsi dictions s’appuyant sur la prévention par tiellement évitables, mais, de plus, qui pragmatique, personne ne devrait être défini, l’empowerment devient le les pairs. L’A.N.P.A.A.18, en partenariat sont considérées comme inéquitables et désavantagé pour la réalisation de ce critère principal de succès de la avec les établissements scolaires, forme injustes. Le terme a donc une dimension potentiel, si cela peut être évité. Les po- promotion de la santé. Certains des groupes de jeunes à la thématique morale et éthique ». Elles sont considé- litiques d'équité sont donc soucieuses auteurs vont même jusqu’à affir- des addictions et à l’animation de rées comme liées à l’inégale répartition de créer des opportunités égales pour mer que « la santé, c’est l’em- séances de sensibilisation auprès de des chances au départ. la santé et de réduire les écarts de san- powerment ! »17 leurs pairs. Ces actions font suite à dif- Les inégalités sociales de santé ne sont té au niveau le plus faible possible. Cette férentes expériences menées autour de pas synonymes de précarité, de pau- notion de l’équité en santé renvoie à la la création d’outils de prévention par et vreté ou d’exclusion sociale. Elles exis- théorie de la justice sociale et au déve- PRÉVENTION pour les jeunes, de la mise en œuvre de tent au sein de la société selon un gra- loppement de conditions favorables à la PAR LES PAIRS18 théâtre forum et de l’utilisation des ou- dient social. Les ISS peuvent être santé pour tous. Approche éducative qui permet à des tils créés dans les animations (notam- distinguées des inégalités de santé (sans pairs de se réunir et d’échanger. Les ment le DVD « 100 issues », validé par l’adjectif « sociales ») , qui ne relèvent pairs sont des personnes présentant des la MILDT). Ces formations s’appuient pas de la justice sociale, mais d’autres EMPOWERMENT15 caractéristiques communes d’âge, de toujours sur un support de prévention facteurs (génétiques comme d’être un Processus dans lequel des individus et situation sociale ou culturelle, de préfé- adapté à l’âge et aux préoccupations du homme ou une femme, physiologiques des groupes agissent pour gagner la maî- rences et de perspectives. Elle implique public bénéficiaire du projet. Une fois comme d’être jeune ou âgé). En pra- trise de leur vie afin d’acquérir un plus un échange d’informations et d’opinions formés, ces jeunes « relais de prévention tique, les deux termes « inégalités so- grand contrôle sur les décisions et les avec d’autres personnes afin de mettre des addictions » interviennent, en co- ciales de santé » et « inégalités de san- actions affectant leur santé dans le en cause des comportements, de corri- animation avec un professionnel, auprès té » sont u tilisés de manière contexte de changement de leur envi- ger des informations fausses et de stimu- de leurs pairs. Tout au long du projet les indifférenciée. L’OMS a substitué à ces ronnement social et politique. ler des attitudes et des aptitudes posi- jeunes sont accompagnés par un profes- deux termes, celui d’« iniquité » dans la Leur estime de soi est renforcée, leur tives vis-à-vis de la santé. Cette approche sionnel de l'A.N.P.A.A.18 et de l'établis- version européenne de « La santé pour sens critique, leur capacité de prise de repose sur le fait qu’à certains moments sement scolaire. Ces formations se dé- tous ». Cette notion de l’équité en santé décision et leur capacité d’action sont de la vie, particulièrement dans la jeu- roulent sur une vingtaine d’heures et renvoie à la théorie de la justice sociale favorisés. Toute personne est considé- nesse, l’influence des pairs est plus proposent aux jeunes des apports en et au développement de conditions rée comme disposant de forces et de grande que d’autres voies d’influence. matière de connaissances et de compé- favorables à la santé pour tous. ressources. Les processus d’empower- tences en addictologie, d’éthique et de ment ne peuvent pas être produits, seu- LA FORMATION « JEUNES posture, des techniques d’animation, des lement favorisés. lieux et des personnes ressources, etc. 16 Davies & MacDonald, 1998 ; Nutbeam, 2000 Un perfectionnement est proposé aux 14 Sources : INPES 17 Jones & Meleis, 1993 groupes formés les années suivantes. Il 18 Commission européenne, Rusch E. (coord.). Glos- s’agit d’actualiser les connaissances, de 15 Commission européenne, Rusch E (coord.). Glos- 13 Sources : INPES saire européen en santé publique. saire européen en santé publique. traiter de sujets plus spécifiques (par 18/ LA PRÉVENTION DES CONDUITES ADDICTIVES GUIDE REPÈRES /19
DÉFINITIONS ET CONCEPTS CLÉS : DE LA SANTÉ AUX ADDICTIONS exemple la cyberaddiction) et de ren- d’une équipe mobile intervenant la nuit, IV, l’association « Allez les filles », l’asso- ritairement étudiante (49 %). Elle com- forcer les compétences à l’utilisation des trois soirs par semaine, sur les espaces ciation Unis-Cité, Somm’enbus, les se- prend un quart de filles et trois quarts outils. publics festifs. couristes de la Protection civile et de la de garçons et a un âge moyen de 22,5 L’objectif est de prévenir les risques et Croix blanche, l’APIAF, le SIUMPS, ans. Les jeunes noctambules se rendent réduire les dommages liés aux consom- l’Union des métiers et des industries de au bus pour prendre en charge leur hy- PRÉVENTION DES RISQUES mations excessives d’alcool et de pro- l’hôtellerie (UMIH), les polices munici- per alcoolisation, se dégriser, se reposer, ET RÉDUCTION duits psychoactifs, par le dialogue et pale et nationale, les services de secours. contrôler leur alcoolémie ou même se DES DOMMAGES19 l’utilisation d’outils d’intervention adap- faire soigner après des agressions. » Prévenir les risques et réduire les dom- tés, et de responsabiliser les jeunes en LE SOMM'ENBUS R L’analyse révèle aussi que le Somm'enBusR mages ou méfaits causés par le compor- les amenant à développer un compor- remplit bien plus que le rôle qui lui a été tement à risque. tement citoyen. Les interventions sont de l’A.N.P.A.A. de Gironde initialement attribué. Il devient un L’objectif est en priorité de prévenir les menées par une équipe mobile identi- Le Somm'enBusR est un projet innovant « phare dans la nuit » pour les jeunes dommages occasionnés par les consom- fiée, composée de professionnels et de né de la rencontre entre une entreprise noctambules de Bordeaux, soulagés de mations de substances psychoactives. Il volontaires formés qui agissent dans le privée (Sommibus) investie dans la sé- trouver un dispositif sécurisant et un ac- ne s’agit pas de s’attaquer à ce qui mo- cadre d'une mission de prévention par curisation des fins de nuits et l’engage- cueil bienveillant. Il est aussi un outil ma- tive la consommation, mais d’en maîtri- les pairs, dans une démarche d’aller vers ment de la mairie de Bordeaux en direc- jeur de prévention des risques et de ser, autant que faire se peut, les effets les jeunes pour les informer, leur propo- tion des jeunes et plus particulièrement réduction des dommages dans les nuits nuisibles. Il ne s’agit pas de stopper l’ad- ser une évaluation de leur consomma- des phénomènes d’hyper alcoolisation bordelaises. diction, mais d’éviter les complications tion, les sensibiliser aux différents nocturnes sur son territoire. En asso- Le budget repose sur un montage finan- et de le faire en impliquant l’usager lui- risques, les conseiller et les orienter sans ciant la préfec ture de Gironde, cier alliant les fonds publics (mairie de même. les juger, dans une approche sécurisante l’A.N.P.A.A. Gironde, l'agence régionale Bordeaux, agence régionale de santé) et et non moralisatrice. de santé et des entreprises intéressées privés (des mutuelles, des établisse- LE DISPOSITIF TENDANCES Depuis 2013, le dispositif a été complété par le projet de prévention, la mission ments de nuit) qui sont sollicités pour ALTERNATIVES FESTIVES par deux actions : Somm'enBusR a fait son apparition sur solvabiliser le dispositif. « Soul Tram » : sensibilisation originale les quais de la Garonne les jeudis, ven- de l’A.N.P.A.A. de Gironde et en musique dans le tramway qui relie dredis et samedis soir depuis octobre Pour en savoir plus, le guide « Préven- Suite à une étude diagnostic autour du la cité universitaire au centre-ville, tous 2013. tion, fêtes et conduites à risque, l’ex- constat d’augmentation de l’alcoolisation les jeudis de 21h à minuit trente ; Il s’agit d’un bus spécialement aménagé périence de l’A.N.P.A.A. » est dispo- excessive des jeunes et d’un manque de « Somm’enbus » : du jeudi au ven- pour l’accueil, le soin et le dégrisement nible sur le site www.anpaa.asso.fr moyens de prévention sur les lieux fes- dredi de minuit à 5h du matin, sur des des jeunes fêtards en errance. Deux se- tifs, l’A.N.P.A.A. 33 a proposé le dispo- sites différents selon les soirs, les jeunes couristes et un animateur de l’A .N.P.A.A. sitif de prévention des risques et de sont reçus à bord d’un bus par une Gironde prennent en charge les jeunes réduction des dommages, Tendances équipe de secouristes et d’animateurs gens hyper alcoolisés afin de prévenir les alternatives festives, avec l’appui finan- pour se reposer et « dégriser » avant de complications de leurs conduites à cier de la préfecture de la Gironde, de rentrer à leur domicile, être soignés ou risques de minuit à 7 heures du matin. l’ARS, de la ville de Bordeaux et de l’as- orientés vers les urgences si besoin. Un travail de thèse de médecine géné- sociation Unis-Cité, dispositif composé Les pr incipaux par tenair es de rale intégrant un recueil de données l’A.N.P.A.A. 33 pour ces actions sont : concernant 400 personnes accueillies l’agence Régionale de santé, la préfec- dans le bus pendant près de 3 mois a pu 19 MOREL A., COUTERON JP. Les conduites addic- ture de la Gironde, la mairie de Bor- être conduit en 2014 : « La population tives. Comprendre, prévenir, soigner. Paris, Dunod, 2008. Page 228. deaux, Kéolis, l’université de Bordeaux fréquentant le Somm'enBusR est majo- 20/ LA PRÉVENTION DES CONDUITES ADDICTIVES GUIDE REPÈRES /21
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