Le crime de la Bernarderie (1949) - Mairie de Montamisé

 
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Le crime de la Bernarderie (1949) - Mairie de Montamisé
Le crime de la Bernarderie (1949)

                                        NR du 22 juin 1949
La Bernarderie est un lieu-dit du hameau du Peu, commune de St Georges lès Baillargeaux, près
de Frouzille et du lieu-dit le télégraphe de Montamisé, en bordure du bois de la Roche de Bran.
« M Baptiste Semblat, originaire de la Corrèze exploite avec sa femme une ferme d’une trentaine
d’ha. Son fils Henri, son beau-frère Jean Maligne et un jeune domestique de Poitiers Bernard
Autier, l’aident dans les travaux des champs. M Semblat vint s’installer dans la Vienne après 1914.
Après avoir travaillé aux fours à chaux de La Forge, il acquit le domaine de la Bernarderie, une
belle ferme avec de vastes dépendances. Dans une petite maison voisine comportant deux pièces
s’était retirée depuis 1943 une tante de M Semblat, Melle Maligne Françoise, âgée de 78 ans.
Melle Maligne née à Condat en Corrèze avait été pour M Semblat et ses frères une seconde mère.
Elle avait aidé Mme Semblat à élever sa famille. Après la mort de son père, Melle Maligne avait
travaillé à Paris. Elle s’était ensuite retirée à Chasseneuil du Poitou vers 1929, habitant avec son
neveu André. C’est à la mort de celui-ci qu’elle vint à la Bernarderie, loger chez son neveu
Semblat. Malgré son grand âge, Melle Maligne était restée étonnement alerte. Lundi soir elle était
allée garder les vaches avec sa nièce, Mme Semblat ne rentrant qu’à 21h30… » (1)
Le crime de la Bernarderie (1949) - Mairie de Montamisé
NR du 22-6-1949

Ce fait divers tragique va être traité longuement dans la presse régionale mais repris également
dans la presse nationale, comme le quotidien L’Aurore du 22-6-1949 :
Le crime de la Bernarderie (1949) - Mairie de Montamisé
Les titres utilisés dans la presse pour traiter ces faits divers criminels, font souvent assaut
d’adjectifs emphatiques pour capter l’intérêt du lecteur...susciter un large éventail d’émotion.

L’enquête piétine et les journalistes aussi :
Le crime de la Bernarderie (1949) - Mairie de Montamisé
M Guérin, maire et Dardaine chef de brigade
A cette époque la police technique et scientifique ne disposait pas de la recherche ADN, ce n’est
qu’à partie de 1985 que la révolution ADN va permettre de faire la preuve scientifique dans de
nombreuses enquêtes criminelles.
Le travail des enquêteurs, va s’avérer long et difficle pour trouver le coupable et éviter un « cold
case »…Il ne fut découvert que le 26 avril 1950, date à laquelle le nommé Georges Guilleminot,
pupille de l’IPES d’Aniane (Hérault), ayant été soupçonné, fut interrogé et reconnut être l’auteur du
meurtre. Incarcéré à la maison d’arrêt de Montpellier le 27-4-1950, il sera transféré à Poitiers pour
y être jugé. Par arrêt de la Cour d’appel de Poitiers, chambre des mises en accusations en date du
17 avril 1951, le nommé Georges Guilleminot accusé d’homicide volontaire est renvoyé devant la
Cour d’assises de la Vienne.
C’est par un arrêt de la Cour d’Assises de la Vienne du 8 mai 1951 que nous apprenons le
jugement du coupable du meurtre de Melle Maligne. La presse régionale va en parler en détails…

                                         NR du 9 mai 1951

La NR du 9 mai 1951 relate longuement les circonstances du drame et l’arrêt de la Cour d’Assises,
voir ci-dessous l’article.
Le crime de la Bernarderie (1949) - Mairie de Montamisé
Le crime de la Bernarderie (1949) - Mairie de Montamisé
Georges Guilleminot est né le 20 janvier 1931 à St Martin en Gatinois (71) fils naturel de Jeanne
Guilleminot. Il a déjà un lourd casier judiciaire : le 1 février 1949 il a été par décision du tribunal
pour enfants de Chalon sur Saône, confié jusqu’à sa majorité à l’IPES de St Hilaire à Roiffé (86)
pour tentative d’homicide volontaire avec préméditation, d’où il s’évadera. Il a été condamné le 21-
7-1949 par le tribunal de Montbrison pour vagabondage et vol à trois mois d’emprisonnement.
Sa mère a été condamnée à 5 ans de réclusion que lui infligèrent les jurés de Chalon sur Saône
pour la même affaire qui envoya son fils à St Hilaire.
Condamné par la Cour d’assises de la Vienne aux travaux forcés à perpétuité, il va être transféré à
la maison centrale de Poissy (78) le 26 septembre 1951.
Georges Guilleminot décède le 27 juin 2012 à l’âge de 81 ans à Choisy le Roi (94).

La famille Semblat

Baptiste Semblat est né le 12 avril 1901 à St Sornin-Lavolps (Corrèze), il s’est marié le 17 octobre
1924 à St Julien l’Ars avec Marie Joséphine Chicard née le 10 mai 1902 à St Julien l’Ars et
décédée le 15 avril 1972 à St Georges lès Baillargeaux, elle est la fille de Louis Chicard et
Joséphine Laurendeau. Baptiste Semblat est décédé le 1 juin 1974 à St Georges lès Baillargeaux.
Ils sont inhumés au cimetière de St Georges dans le caveau familial.

                                                                      (JFL)
Le crime de la Bernarderie (1949) - Mairie de Montamisé
Le couple aura un fils : Henri Roland Firmin né le 16-7-1929 à Poitiers et décédé le 13-1-1985 à
Poitiers. Celui-ci va se marier le 3 juin 1952 à Poitiers avec Madeleine Raymonde Odette Séguin
(1927-2017).
Françoise Maligne est née le 26 mars 1871 à Condat (Corrèze), décédée le 21 juin 1949 à St
Georges lès Baillargeaux et inhumée dans le caveau familial au cimetière de St Georges. Elle est
la sœur de Marie Maligne donc la tante de Baptiste Semblat.
Baptiste avait un frère : Charles Henri Semblat (1897-1972) qui fut un célèbre jockey au brillant
palmarès puis entraineur dans l’écurie de Marcel Boussac…
Charles Henri Semblat est décédé à Chantilly le 10 juillet 1972.

Sur la photo ci-dessous on voit C-H Semblat montant le cheval Onyx, vainqueur du grand prix de
haies d’Auteuil le 20-6-1923 (photo Agence ROL, Gallica).
Le crime de la Bernarderie (1949) - Mairie de Montamisé
Le fait divers criminel dans la presse
Jusqu’où le journaliste a-t-il le droit d'aller dans les hypothèses et les suppositions, au risque de
nuire directement ou indirectement aux personnes impliquées ? La frontière est fragile entre une
information sérieuse et vérifiée sans tomber dans l’exploitation d’une curiosité morbide d’un public
avide de plus de détails de plus de précisions et le risque de passer outre les considérations
morales ou déontologiques dont doit souscrire un journaliste.

                                                                                      (NR)

Notes :

Le XIXe siècle et la question du crime

« Tout au long du XIXe siècle, la croissance significative de la population urbaine et le
développement des faubourgs où règnent promiscuité, insalubrité et pauvreté ont pour
conséquence une augmentation sensible du taux de criminalité, en particulier à Paris et à Londres.
De là naît une angoisse permanente du crime et des classes dites « dangereuses » qui s’empare
de toute la société. Écrivains et artistes sont en grande partie responsables de cet état de fait :
Victor Hugo avec Le Dernier Jour d’un condamné (1829) et Eugène Sue avec Les Mystères de
Paris inscrivent la figure du meurtrier dans l’imaginaire collectif, tandis que Balzac tisse une
géographie du crime parisien dans La Comédie humaine et que Zola dessine une anthropologie du
tueur-né. La presse n’est pas en reste : avec l’ouverture des audiences au public en 1789,
spectateurs et journalistes se pressent sur les bancs des assises pour voir la justice à l’œuvre. Les
affaires judiciaires sont minutieusement décrites dans les nombreux quotidiens populaires qui
fleurissent. C’est ainsi que le fait divers criminel, déclencheur de passions, acquiert une place
Le crime de la Bernarderie (1949) - Mairie de Montamisé
privilégiée au sein de la société française. » (Source : Charlotte Denoël, Ministère de la Culture,
« l’histoire par l’image »).

La colonie pénitentiaire de Saint-Hilaire

La colonie pénitentiaire de Saint-Hilaire, maison de redressement pour les jeunes, était située à
Roiffé dans la Vienne mais non loin de la prison pour adultes de Fontevraud qui occupait
l’ancienne abbaye.

« La « Colonie de Boulard », petite section agricole pour jeunes détenus créée en 1853 et jusque-
là dépendante de la maison centrale de Fontevrault, devient autonome et est rebaptisée « Colonie
agricole et pénitentiaire de Saint-Hilaire » par décision de Son Excellence en date du 18 janvier
1860. Premier établissement public de ce type, il est constitué de trois fermes distinctes
(Chanteloup, Bellevue et Boulard) qui permettent les premiers essais de sélection par âge des
mineurs. La colonie pénitentiaire de Saint-Hilaire comporte trois unités distinctes aux
spécialisations bien établies. Aux côtés de la ferme principale de Boulard, la colonie proprement
dite, qui accueille les mineurs de justice à partir de 13 ans et jusqu’à leurs 21 ans révolus, il existe
deux autres institutions dépendantes du même directeur. D’une part, l’Internat approprié de
Chanteloup réservés aux enfants d’âge scolaire (de 7 à 13 ans) dont le principe de rééducation est
basé essentiellement sur la scolarité et, d’autre part, le sanatorium de Bellevue qui reçoit un petit
nombre de jeunes malades (principalement des tuberculeux) qui disposent de moyens
supplémentaires quant à leur encadrement et sont dispensés des travaux des champs, trop
éprouvants... » (3)

Maison de redressement ou colonie pénitentiaire d’Aniane
Le crime de la Bernarderie (1949) - Mairie de Montamisé
« Aniane est le nom donné à la Colonie pénitentiaire industrielle, puis à la Maison d’éducation
surveillée (années 1930), puis à l’IPES (années 1950-70) d’Aniane, à 30 km de Montpellier. Cette
ancienne Abbaye, devenue filature de coton, se transforme à la fin du XIXe siècle en une maison
centrale de détention qui fonctionne jusqu’en 1885.

C’est en 1886 qu’ouvre tout d’abord une colonie privée qui l’année suivante devient une colonie
pénitentiaire publique pour garçons. Cette colonie accueille des mineurs de 16 à 21 ans préparés
aux professions industrielles urbaines : mécanique (ajustage, tournage sur métaux, serrurerie,
électricité), forge et taillanderie, chaudronnerie, tôlerie, ferblanterie, plomberie, zinguerie,
charronnage, ébénisterie ainsi que culture des vignes et jardinage. En 1919, l’effectif est de 266
pupilles. Après l’ordonnance de 1945 et malgré sa dénomination « IPES », Aniane joue, selon les
termes du rapport annuel de l’Education surveillée de 1950, « tant bien que mal le rôle d’institution
corrective ». A l’instar de Eysses jadis, il reçoit alors les indisciplinés des autres institutions, les
récidivistes et certains mineurs condamnés en vertu de l’article 67… » (2)

Sources :
   -   (1) AD 86 Journal La Nouvelle République du 22 juin 1949 et jours suivants, cote 348 JX 2
   -   (2) Ministère de la Justice, « Enfants en justice 19 et 20°siècle » extrait article de Véronique
       Blanchard
   -   (3) Élise Yvorel. L’influence des réformes de l’administration pénitentiaire sur la vie
       quotidienne des colons. L’exemple de Saint-Hilaire (1930-1960), Musée Criminocorpus
       publié le 23 janvier 2009, consulté le 26 novembre 2021.
       https://criminocorpus.org/fr/ref/25/17375/
   -   AD 86 La Nouvelle République du 9 -5-1951, cote 348 JX 8
   -   AD 86 Le Libre Poitou du 22 juin 1949 et suivants cote 51 JX 5
   -   AD 86 Le Libre Poitou du 9 mai 1951 cote 51 JX 9
   -   AD 86 Registre d’écrou de la maison de justice de Poitiers, cote 1567 W 21
   -   AD 86 Etat civil numérisé en ligne
   -   AD 19 Etat civil numérisé en ligne
   -   Base de données décès INSEE
   -   BNF Gallica, presse ancienne
   -   Site internet Généanet
   -   Mairie de St Georges lès Baillargeaux, Etat-civil.
   -   Le fait divers criminel de Laetitia Gonon (Auteur) Dans la presse quotidienne française du
       XIXe siècle Paru le 15 janvier 2013, Presse de la Sorbonne nouvelle.

Montamisé le 7 décembre 2021
Article de Jean-François Liandier
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