LES ÉDITEURS " PRÉDATEURS " - MIEUX LES CONNAÎTRE AFIN DE LES ÉVITER ATELIER ENJEUX DE LA RECHERCHE - UQAM
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LES ÉDITEURS « PRÉDATEURS » MIEUX LES CONNAÎTRE AFIN DE LES ÉVITER ATELIER ENJEUX DE LA RECHERCHE 26 NOVEMBRE 2019 Jean Rancourt Jean-Jacques Rondeau Bibliothécaires Comité communication scientifique et libre-accès
Plan de la présentation Première partie: Les revues « prédatrices » Deuxième partie: Les conférences « prédatrices » Troisième partie: Les éditeurs « prédateurs » de livres et de thèses 2
Les revues « prédatrices » Il existe un flou entourant la définition des revues dites « prédatrices ». Beaucoup de zones grises. Sujet de débats (Strinzel et al., 2019 Teixeira da Silva, 2019; Webber et Wiegand, 2019). • Exploitent le modèle auteur-payeur du libre accès (voie dorée), mais sans fournir de services de qualité, afin de s’enrichir (75 M$ US de profit en 2015) (Umlauf et Mochizuki, 2018) – révision par les pairs déficiente ou absente, etc. – taux d’acceptation très élevé • Adoptent des comportements non éthiques (tromperies de toutes sortes, sollicitations abusives par courriels, plagiat, etc.) Un procès impliquant le groupe OMICS, l'un des plus grands éditeurs « prédateurs », s'est soldé avec une amende de 50,1 M$ US aux États-Unis (Hinchliffe, 2019). 3
Ligne de démarcation fine entre revues « honorables » et douteuses Des revues de qualité discutable, qualifiées de « prédatrices » par certains, se retrouvent même chez les grands groupes de l'édition scientifique (Taylor & Francis, Elsevier, Springer, Wiley, Sage, etc.), ceux-ci acceptant de publier des articles ayant été refusés par des revues plus prestigieuses appartenant à ces mêmes groupes et en retirant ainsi des profits financiers (Gingras et al., 2018; Huneman, 2018). Exemple d’Heliyon, appartenant à Elsevier: Année Documents publiés Frais de 2000 $ ca / article 4
Vers le milieu des années 90 Émergence d’Internet Crise de l’édition savante ( prix des revues) Rentabilité accrue des revues Mouvement du libre accès Nombre de revues Revues « prédatrices » Sensibilisation au Pression accrue pour publier problème en 2012 (« publier ou périr ») par Jeffrey Beall Gingras, Y. (2018). Les transformations de la production du savoir : de l’unité de connaissance à l’unité comptable. Zilsel, 4(2), 139-152. doi: 10.3917/zil.004.0139 Image: Anderson, R. (2019, 1 mai). Cabell’s Predatory Journal Blacklist: An Updated Review [Blogue]. Récupéré de The Scholarly Kitchen https://scholarlykitchen.sspnet.org/2019/05/01/cabells-predatory-journal-blacklist-an-updated-review/?informz=1 5
Augmentation du nombre de revues et d’éditeurs « prédateurs » Surtout localisés dans les pays en voie de développement (Memon, 2018) Kisely, S. (2019). Predatory journals and dubious publishers: How to avoid being their prey. BJPsych Advances, 25(2), 113-119. doi: 10.1192/bja.2018.56 Cabells Journal Blacklist hits 12,000 Mark. (2019, 2 octobre). Dans STM Publishing News. Shen, C. et Björk, B.-C. (2015). ‘Predatory’ open access: a longitudinal study of article volumes Récupéré de http://www.stm-publishing.com/cabells-journal-blacklist-hits-12000-mark/ and market characteristics. BMC Medicine, 13(1), 230. doi: 10.1186/s12916-015-0469-2 6
Distribution des revues « prédatrices » en fonction des disciplines1 1McLeod, A., Savage, A. et Simkin, M. G. (2018). The Ethics of Predatory Journals. Journal of Business Ethics, 153(1), 121-131. doi: 10.1007/s10551-016-3419-9. Note: données de 2015. 7
Nb de publications parues dans des revues « prédatrices » en fonction des pays1 Pour l’année 2017 7 814 publications indexées dans Scopus en 2017 84% des publications proviennent 690 348 publications indexées de pays en voie de développement dans Scopus en 2017 Demir, S. B. (2018). Predatory journals: Who publishes in them and why? Journal of Informetrics, 12(4), 1296-1311. doi: 10.1016/j.joi.2018.10.008 8
Facteurs possiblement impliqués dans cet accroissement • Manque de sensibilisation, surtout dans les pays émergents ou sous-développés (Beshyah, 2017) 9 (Hedding, 2019)
Facteurs possiblement impliqués dans cet accroissement • Forte pression que subissent les chercheurs pour publier (Gasparyan et al., 2016) • Délais de publication parfois longs et taux de rejet de manuscrits souvent élevé du côté des revues légitimes (Alrawadieh, 2018; Salehi et al. 2019) • Méthodes d'évaluation de la performance réduites à des données bibliométriques (Gingras, 2018) • Accès plus rapide à des promotions (Demir, 2018) 10
Les éditeurs « prédateurs » comme sujet de recherche Nombre de documents Nous nous attarderons sur: • les coûts • la qualité du contenu • le nom et localisation • le comité éditorial • d’autres éléments divers Recherche réalisée dans Scopus le 6 nov 2019 en employant la requête ( "predatory publish*" OR "predatory journal*" OR "predatory conference*" ) dans les champs Titre, Résumé et Mots-Clés. 11
Caractéristiques des revues « prédatrices »: coûts • On demande des frais de soumission d'article, plutôt que des frais de publication (Beall, 2013; Eriksson et Helgesson, 2017) • Les coûts d'article processing charge (APC) peuvent être très bas (Laccourreye et al., 2018) • Des frais additionnels de publication peuvent être cachés (Camacho et Reckley, 2018) • Proposition de réduction de frais si l'auteur envoie son manuscrit rapidement (Cobey et al. 2018) • Les auteurs peuvent débourser des frais auprès de ces revues, sans que leur article soit publié (Günaydin, 2015) • Peuvent charger des frais pour un correcteur (language check) et ne pas publier l’article (Günaydin, 2015) 12
Caractéristiques des revues « prédatrices »: qualité du contenu publié • Le processus de révision par les pairs est douteux, ou tout simplement inexistant (rapide!) (Beall, 2013; Berger, 2017) – Taux élevé d’acceptation des articles (incluant les canulars !) – Présence de plusieurs articles publiés par numéro et plusieurs numéros par année – Articles renfermant plusieurs erreurs publiés sans le consentement de l'auteur • Les articles publiés contiennent des informations trompeuses et sont en général de piètres qualités (fond et forme) (Beall, 2013) Peuvent … – renfermer du contenu plagié (Cobey et al., 2018; Nnaji, 2018) – s’accaparer un article paru dans une revue légitime pour le publier à nouveau – contenir quelques articles de valeur (Frandsen, 2019) 13
Caractéristiques des revues « prédatrices »: nom et localisation • Incluent des termes prestigieux dans le nom de leur revue (Iskandrian, 2018) – ex.: Canadian International Journal of Science and Technology Canadian Journal of Pure & Applied Sciences- An International Journal – Le nom peut ressembler à celui d'une autre revue légitime déjà bien établie (Berger, 2017) • Peuvent s'approprier un numéro ISSN (numéro international normalisé des publications en série) (Berger, 2017) • La localisation de l'éditeur peut être différente de celle suggérée par le titre de la revue (Beall, 2013) – Présentent parfois une adresse aux États-Unis ou au Royaume-Uni 14
Caractéristiques des revues « prédatrices »: nom et localisation 15
Caractéristiques des revues « prédatrices »: équipe éditoriale • Renferment une quantité disproportionnée de membres d'un même pays – Constituée de représentants fictifs ou incompétents ou de personnes renommées ajoutées à leur insu – Il est parfois impossible pour ceux-ci de démissionner de leur poste • L’éditeur principal occupe la même fonction pour d’autres revues dédiées à des sujets totalement différents (Berger 2017; Eriksson et Helgesson, 2017) 16
Personne fictive ! 17
Caractéristiques des revues « prédatrices »: autres éléments • Site Web parfois de faible qualité (Gonzalez et al., 2018) – Orthographe, grammaire, images déformées, liens brisés, etc. – Présence de publicité – Page d'ouverture du site visant directement les auteurs • Tentent d’imiter l’apparence de revues légitimes (Berger, 2017) • Contradictions entre la portée de la revue et le contenu des articles – Tendent vers la multidisciplinarité (Beall, 2013) • Adresse de courriel non professionnelle (@gmail.com, @yahoo.com, etc.) (Laccourreye et al., 2018) • Absence de coordonnées d’une personne-ressource (Abad-Garcia, 2018) • Soumission de manuscrits par courriel plutôt que par un système spécialisé (Abad- Garcia, 2018) • Les revues prédatrices peuvent disparaître rapidement (Günaydin, 2015) – Perte de traçabilité des articles publiés 18
Caractéristiques des revues « prédatrices »: autres éléments Adresses de courriel non professionnelles
Caractéristiques des revues « prédatrices »: autres éléments • Faux indicateurs (Index Copernicus, View Factor, Global Impact Factor (GIF), Scientific Journal Impact Factor (SJIF), etc.) et référence à des organismes fictifs (Beall, 2013) Liste de faux indicateurs • Indexation trompeuse (Beall, 2013) • Pas de mention du copyright ou demande de transfert de copyright pour les recherches publiées (Laccourreye et al., 2018) • Pas de politiques concernant l'archivage du matériel publié, la rétractation d'article, les manquements à l'éthique, les conflits d'intérêts pour les auteurs (Gonzalez et al., 2018) • Recommandations aux auteurs manquant de précision (Cobey et al., 2018) 20
Caractéristiques des revues « prédatrices »: autres éléments Faux indicateurs! Information manquante 21
Caractéristiques des revues « prédatrices »: autres éléments Indexation « bidon » Pour engendrer de la confusion avec la réputée « ISI » (Institute for Scientific Information » 22
Conséquences de publier dans une revue « prédatrice » • Impacts négatifs sur la réputation de l’auteur, de son université … de la science en général, et sur le mouvement du libre accès (Hinchliffe, 2019) – Associé à la pseudoscience et au désir d’étoffer facilement et rapidement son CV – Peut nuire à l’obtention d’une promotion (McLeod, A. et al., 2018) – Crée de l’injustice face aux autres chercheurs qui adoptent un comportement éthique – Encourage le cynisme de la population vis-à-vis de la science et de la recherche • Mauvaise utilisation des fonds de recherche (Ferris et Winker, 2017) – Reconnaissance inadéquate des travaux (difficiles à repérer car non indexés) – Pérennité de l’accès aux articles non assurée • Possibilité de perte de droit d’auteur prévenant la publication subséquente dans une revue légitime (Nnaji, 2018) – La rétractation et la récupération de vos droits d'auteur sont particulièrement difficiles • Peut contribuer à propager de fausses informations – Conséquences pouvant être extrêmement dommageables (eg. en médecine) (Gonzalez et al., 2018; Ross- White et al., 2019) 23
Conséquences de publier dans une revue « prédatrice » 23 Lien
Un de vos articles a été plagié par une revue « prédatrice »? Que faire? • Les revues « prédatrices » n’effectuent pas de contrôle quant au plagiat – Généralement pas de processus de rétractation d’articles • Plusieurs revues « prédatrices » ne fournissent aucun support éditorial et ne peuvent être contactées • Entreprendre des poursuites judiciaires est difficile lorsque le « propriétaire » de la revue est inconnu … • En collaboration avec l’éditeur qui a publié le travail original, signaler la faute à l'institution de l'auteur du plagiat et à l'éditeur de la revue « prédatrice » (si possible) Il existe toutefois peu de chance que vos demandes soient acquiescées, même si vos droits d’auteur ont été bafoués … (Ferris et Winker, 2017) 24
Vous avez soumis un manuscrit à une revue « prédatrice »? Que faire? Vous réalisez votre erreur avant que l’article ne soit publié, avez contacté l’éditeur à plusieurs reprises pour vous rétracter (à condition que vous n’ayez signé aucune entente de copyright), mais vos nombreuses demandes sont restées sans réponses, et vous n’avez pas encore payé les frais demandés • Ne jamais verser d’argent à un éditeur avant d’avoir confirmé sa légitimité, même s’il vous envoie une facture • Si le manuscrit est par la suite soumis à une revue légitime, mentionnez que celui- ci a été transmis auparavant à une revue « prédatrice », puis retiré avant publication, en fournissant les documents en appui et les évidences sur lesquelles vous vous êtes basé pour évaluer la revue 25
Vous avez publié un article dans une revue « prédatrice » sans le savoir? • Envoyez aussitôt une lettre à la revue pour lui demander de le retirer de son site Web (Memon, 2018b) • En vertu du Digital Millennium Copyright Act (DMCA), vous pouvez demander à Google de désactiver l’accès à votre article publié, si vous n’avez pas renoncé à vos droits d’auteur • Ne citez pas cette publication dans votre CV ou vos autres articles • Refusez de payer d'éventuels frais de rétractation d’articles, en particulier si vous n’aviez pas donné votre consentement pour la publication (Memon, 2018b) • Si vous soumettez le même article à un nouvel éditeur, procédez comme à la diapo précédente 26
Astuces pour éviter de publier dans des revues « prédatrices » Éléments à considérer Ressources Indexation Ulrichsweb (accès par BAnQ) Faux indicateurs Liste de faux indicateurs Listes blanches DOAJ1; OASPA2; COPE3 (éditeurs et revues reconnus) Liste de revues « prédatrices » Listes noires Liste de revues « détournées » (revues aux qualités douteuses) Liste de Kscien Listes de Cabell (abonnement requis) Évaluation pondérée Calcul du « PR » (multifactorielle; 14 critères) (prudence si le Predatory Rate PR > 0,22) Outil en ligne Think. Check. Submit 1) Guide sur les éditeurs prédateurs À lire en priorité 2) Berger, 2017 ; Eriksson, 2017 3) Page Web du WAME (World Association of Medical Editors) 1 Directory of Open Access Journals 2 Open 27 Access Scholarly Publishers Association 3 Committee on Publication Ethics
Chevauchements entre différentes listes Catégories de critères: - Révision par les pairs - Services éditoriaux - Politiques - Pratiques d’affaire - Publication, archivage et accès - Site Web - Indexation et indicateurs Diagramme de Venn représentant les chevauchements entre différentes listes de revues en date de décembre 2018 (Strinzel et al., 2019). « … these lists can be useful, but they do not provide a completely acurate delimitation between legitimate and illegitimate journals » 28
La liste du DOAJ: conflit d’intérêt avec certains commanditaires? « … the listing of major publishers as sponsors still suggests that the DOAJ may not be as independent as it claims, i.e., a direct financial conflict of interest exists, or can be perceived in the future, because it suggests that paying (i.e., sponsoring) publishers may be given preferential treatment and / or automatic indexing and listing in the DOAJ as well as difficulty of delisting journals if they do not adhere to best practices. » (Teixeira da Silva et al., 2018) 29
Astuces pour éviter de publier dans des revues « prédatrices » En cas de doutes, n’hésitez pas à contacter votre bibliothécaire disciplinaire. Capsule vidéo du PDCI: « Le chercheur et le prédateur. Ou reconnaître et se prémunir contre les éditeurs prédateurs : conseils pour les enseignants et les étudiants aux cycles supérieurs ». Guide Publier en libre accès de l’UQAM. Guide Éditeurs prédateurs 30
Solutions au problème? • Selon certains, l’évaluation ouverte par les pairs permettrait de contrecarrer les éditeurs « prédateurs » (Dobusch et Heimstädt, 2019) • Appel à des actions concertées, à l’échelle mondiale (Nnaji, 2018) – Suggestion de création de plateformes éducationnelles (Organisation des Nations Unies, Union Africaine, etc.) – Journée mondiale de sensibilisation – etc. • Mise en place par les universités et les bailleurs de fonds de politiques concernant les chercheurs publiant à répétition dans les revues « prédatrices » (Eriksson et Helgesson, 2017) 31
Les conférences « prédatrices »
Les conférences « prédatrices répondent à trois critères (McCrostie, 2018): 1. Leur but caché est de faire de l'argent et non de faire avancer les connaissances; 2. La qualité des présentations est extrêmement variable car il n'y a pas de révision scientifique réelle. Elles acceptent tout; 3. L'organisation repose sur le mensonge: faux comité éditorial, buts lucratifs cachés, utilisation frauduleuse de l'identité de vrais chercheurs... Étant donné leur nombre croissant, la vigilance est de mise ! 33
Caractéristiques des conférences « prédatrices » • Organisées par des organismes à but lucratif (même si l’on vous indique le contraire!) (Eaton, 2018) • Affirment faussement être parrainées par une université ou un organisme reconnu (Cobey et al., 2017) • On prétend, à tort, qu'il s'agit d'une conférence internationale bien établie (Asadi, 2018) • Nom de la conférence s'apparentant à celui d'une autre qui est prestigieuse (Eaton, 2018; Memon et Azim, 2018) • Conférence présentée en utilisant des adjectifs pompeux (international, global, world…) et comme une destination voyage (peut avoir lieu plusieurs fois par année) (Eaton, 2018) 34
Caractéristiques des conférences « prédatrices » • Utilisent des noms d'organisation donnant à penser que la conférence est organisée dans un pays donné, alors que le lieu est tout autre (Cress, 2017) • Souvent plusieurs conférences sur divers sujets offertes en même temps, en un même lieu (McCrostie, 2018) • Portée thématique trop large ou vague (concerne presque toutes les disciplines) (Heasman, 2019; Eaton, 2018) • Annoncent à tort la participation de chercheurs reconnus (Kovach, 2018; Memon et Azim, 2018; Nnaji, 2018) 35
Caractéristiques des conférences « prédatrices » • Site Web d’aspect non professionnel ne renfermant pas de détails concernant les éditions passées (Eaton, 2018) – URL varie fréquemment – Fait référence à d'autres conférences ou revues prédatrices • Nom des organisateurs absent, incertain, faux ou correspond à des inconnus (Eaton, 2018) – Fausses coordonnées (téléphone ou adresse) (Cress, 2017) – Référence à des postes universitaires alors que ce n'est pas le cas (Cress, 2017) – Biographies et photographies copiées à partir d'autres sites Web (Heasman, 2019) – Inclus à l’insu des personnes (Heasman, 2019) 36
Caractéristiques des conférences « prédatrices » • Conférences souvent annulées et changent de lieu (Lang et al., 2018) • Sollicitations répétitives envoyées par courriel – Proviennent d'un courriel non professionnel (Gmail, Yahoo, etc.) (Eaton, 2018) – Formules du type « It is our immense pleasure and honour to invite you ... » pour flatter l'ego (Cobey et al., 2017) – Peuvent faire référence à un article antérieur publié (Cobey et al., 2017) et demander de présenter ces résultats au congrès même si le thème de la conférence ne convient pas (Asadi, 2018) – Suggèrent d'inviter des collègues à prendre part à la conférence (Asadi, 2018; Bourgault, 2019) – Thématiques de l’événement totalement à l'extérieur de votre domaine d'expertise (Cress, 2017) 37
Caractéristiques des conférences « prédatrices » • Acceptation de diverses présentations avec peu ou pas de révision par les pairs (Heasman, 2019; Nobes, 2017) – Virtuelles (mais qui ne sont jamais diffusées!) (Cress, 2017) – D’étudiants de 1er cycle (Cress, 2017) • Promettent que votre contribution au congrès sera publiée dans une revue associée, qui est prédatrice, et exigeront des frais de publication (Eaton, 2018; Lang et al., 2018) • Proposition aux présentateurs d’offrir plusieurs communications à l'intérieur de la même conférence (Cress, 2017) • Aucune archive numérique de la conférence ne sera produite (Cress, 2017) 38
Caractéristiques des conférences « prédatrices » Des personnes ayant assisté à des conférences « prédatrices » ont déjà fait état des éléments suivants (Eaton, 2018): – À leur arrivée, ils ont constaté que la conférence avait été annulée sans raison – Un événement a eu lieu, mais il ne ressemblait en rien à un congrès traditionnel • très peu de personnes présentes (< 20) • plusieurs présentations dans des domaines totalement différents offertes dans une même salle où seuls les présentateurs y étaient • personnes nommées à la volée comme président de séance ou conférencier principal 39
Conséquences de présenter dans une conférence « prédatrice » • Gaspillage de fonds publics à cause de frais d'inscription anormalement élevés (Eaton, 2018) – Inscriptions acceptées à très brève échéance (et très peu refusées!) • Difficultés à faire publier vos travaux par la suite (Bourgault, 2019) – Problématiques reliées à l’éthique • Atteinte à la réputation (Eaton, 2018) 40
Étalonnons d'abord notre œil avec le site d'une vraie conférence https://www.ascb.org/2019ascbembo/
EXEMPLES DE CONFÉRENCES « PRÉDATRICES »
Description des conférences On y trouve: Généralités / banalités ; Peu de termes spécialisés… … et même des faits étonnants! https://neuroscience.magnuscorpus.com/
Des évidences qui font partie de la définition même d'une conférence : Magnus Corpus ? About Neuropharmacology 2020: https://neuro.pharmaceuticalconferences.com/ 43
D'autres évidences, un langage emphatique et un anglais approximatif: https://www.scientificfederation.com/nutritional-science-2020/ 44 (Analyse sur le texte complet)
Pages criardes de type « infopub/casino »: EuroSciCon (acquis par OMICS) 45 https://web.archive.org/web/20190703130522/https://psychology.euroscicon.com/
Pages criardes de type «infopub/casino »: conferenceseries Logo qui clignote! Logo qui clignote! Halo qui change de couleur! https://neuro.pharmaceuticalconferences.com/speaker/2017/harish-c-pant-national- institutes-of-health-usa-922118700 46
Les gros organisateurs de conférences « prédatrices » sont généralement très éclectiques… https://www.euroscicon.com/ 48
… et ont parfois des listes qui se ressemblent étrangement: Conference Series : https://neuro.pharmaceuticalconferences.com/abstract- submission.php Pourquoi? EuroSciCon et Conferences Series appartiennent à OMICS, tout comme Pulsus Group et Life Science Events. 49
L'adresse de contact est parfois une adresse gratuite: Les informations sur le comité organisateur restent vagues. L'information suivante était affichée deux mois après la date de tenue du congrès: https://nutritionalscience.euroscicon.com/organizing-committee 50
Les photos utilisées proviennent généralement du Web, par exemple de la page du labo du/de la conférencier.e Photo de Harish C. Pant sur le site de l'International Conference on Neurology & Neuroscience 2020 https://neuroscience.magnuscorpus.com/ Recherche sur Google Images: Conférences toutes liées à OMICS 51
Certaines conférences prédatrices sont organisées par une revue ou font la promotion de revues en lien ou non avec la conférence sur son site. Il y a fort à parier que les revues seront, elles aussi, prédatrices: https://neuro.pharmaceuticalconferences.com/speaker/2017/h arish-c-pant-national-institutes-of-health-usa-922118700 Elles promettent parfois que les résumés seront publiés dans un numéro spécial d'une revue (prédatrice) du même éditeur associée au congrès. Votre travail pourrrait ainsi être publié dans une de ces revues : (https://neuro.pharmaceuticalconferences.com/) 52
Core Conferences ne publie pas de revues, mais se donne une aura de crédibilité en associant son nom à de vraies revues savantes listées sur son site en promettant d'y « recommander » la publication de communications choisies. https://www.coreconferences.com/pubjournals.html 62
Si les vérifications sur la conférence sont plus ou moins concluantes et que le site annonce des revues savantes, vérifiez si celles-ci sont prédatrices: Mot manquant Mots accrocheurs ou techniques, et utilisés de façon peu orthodoxe. Ici, toutes ces revues sont prédatrices; la conférence l'est aussi fort probablement. http://euser.org/ 53
Conférence « bien établie »? Dans le cas d'une longue série, une surprise peut nous attendre. International Conference for Social Science 6-7 septembre 2019 12-13 juillet 2019 17-18 mai 2019 8-9 mars 2019 13-14 juillet 2018 2-3 mars 2018 6-7 octobre 2017 http://euser.org/ 54
Dans le cas d'une série, peut-on trouver la trace des conférences précédentes? Pour celle-ci, aucun site Web repérable pour les deux premières... https://probiotika.conferenceseries.com/ 55
Pour Probiotika 2019, aucun site Web pour les deux premières, mais il y a un lien sur la page vers les « actes » de la conférence 2018 (3 pages!) https://probiotika.conferenceseries.com/ scientific-program 56
La conférence « prédatrice » peut délibérément entretenir une certain flou pour faire croire qu'elle fait partie d'une série bien établie. Ici, noms multiples et séquence non respectée… …et aucune trace des six premiers congrès. 57
Chercher le nom du propriétaire du site peut parfois être très révélateur. Exemple: pour https://www.conferenceseries.com/, en cherchant conferenceseries.com sur https://domainbigdata.com/, on trouve: N.B. Le nom du titulaire n'est pas toujours disponible. 58
Les hyperactives Core Conferences organisent 16 conférences « internationales » à l'Université de Tokyo les 3-4 février 2020! Plusieurs conférences sur divers sujets offertes en même temps au même endroit. 59 https://www.coreconferences.com/
La conférence s'associe parfois à des universités de prestige (International Conference on Educational and Information Technology) http://iceit.org/ 60
L'ICEIT 2016 s'est tenue avec deux autres conférences « internationales » pour réunir un nombre raisonnable de participants. Remarquez de quelle façon est fixée la bannière des conférences. 61 http://www.iceit.org/iceit2016.html
Deux conférenciers en pleine action devant une salle attentive à l'ICEIT 2019 http://www.iceit.org/iceit2019.html 62
Attention aux sites annonçant des conférences, même ceux qui ont bonne réputation https://www.nature.com/naturecareers/events/event/85395
Vraie évaluation par les pairs? On pouvait soumettre un résumé jusqu'à deux semaines avant la tenue de la conférence… … et le comité éditorial n'a jamais été affiché. https://www.octconf.org/conference/EPASP2019/ 63
Il y a parfois des sessions hors thème. La conférence porte sur la psychologie de l'éducation et la psychologie sociale. Un article au titre identique a été publié deux ans auparavant dans Physical Communication (Elsevier). C'est l'auteur qui est annoncé comme conférencier. https://doi.org/10.1016/j.phycom.2 017.07.004 https://www.octconf.org/conference/Program.aspx?id=1151 64
Certains sites misent sur le contenu pour impressionner… 2683 articles de conférence, 438 recueils de résumés, 202 livres… Invoquent la tradition des grands philosophes grecs de l'Antiquité et de l'Agora.
… jusqu'à ce qu'on gratte le vernis. Regardons trois de ces 438 recueils plus attentivement https://www.atiner.gr/abstracts-all
Six conférences internationales simultanées sur des sujets différents au Titania Hotel, 10ème étage, dans les mêmes salles.
Library and Information Science Abstracts: 6th Annual International ? Conference ? ? ? ?
Sports and Exercise Sciences Abstracts: 15th Annual International Conference ? Un petit air de déjà vu! ? ?
Branding Abstracts: 7th Annual International Colloquium La tendance se confirme!
Outils pour éviter les conférences « prédatrices » • Passez en revue les caractéristiques énumérées précédemment; • Outil en ligne Think. Check. Attend (Mostafa, 2019); • Notre liste de contrôle dans notre page « Publier en libre accès »: 65
Éditeurs « prédateurs » de livres et de thèses
Les éditeurs de livres et de thèses « prédateurs » publient des livres : – en s'appropriant des contenus disponibles en libre accès – en obtenant d’anciens étudiants les droits de vendre leurs thèses ou mémoires Les profits sont rarement versés aux auteurs. Ces derniers leur auront cédé leurs droits et pourront difficilement publier leur travail par la suite. Le cas de Syrawood Publishing House est cité en exemple par Clapham (2018). Au Québec, les Éditions universitaires européennes et les Presses académiques francophones sont actives (Université Laval. Bibliothèque, s. d.) 68
• Appartiennent au groupe VDM; (https://fr.wikipedia.org/wiki/VDM_Publishing) • « Moulin à auteurs » : beaucoup d'auteurs rapportant peu chacun; • Écument les dépôts institutionnels et autres sites en libre accès; • Aucun encadrement offert aux auteurs, aucune révision; • Aucun travail éditorial, à part reformuler le titre (pour brouiller les pistes). Exemple: • Thèse (1998): Climatologie des indices de feux de forêts avec le modèle local du climat (MLC) et le modèle régional du climat (MRC) • Livre (2012): Climatologie des indices de feux de forêts avec les modèles climatiques canadiens (MLC et MRC) 69
• Aucune mise en page: thèse reproduite à l'identique, en noir et blanc, en format poche et habillée d'une couverture générique; • Impression sur demande, donc pas d'inventaire à gérer; • Modèle d'affaire légal; • Ne favorise nullement l'avancement d'une carrière scientifique 69
Extrait du contrat envoyé par les Presses académiques francophones à un étudiant de l'UQAM: L'étudiant perd donc le droit d'être publié chez un éditeur jouissant d'une meilleure réputation. 70
Aucune promotion, si ce n'est la mise en vente sur des sites de librairies en ligne (Amazon…) Prix de vente moyen: environ 50 € 71
• Redevances à l'auteur (moyenne sur 12 mois) – Inférieures à 10 € / mois : VDM les garde; – Entre 10,01 et 50 € / mois: vous les recevez en bon d'achat pour d'autres livres de VDM; – Plus de 50 € / mois : $$$! Vous les recevez en argent une fois par année! 72
• Redevances à l'auteur pour un livre de 50 € – 12% de 50% de 50 € = 3 € * – Pour recevoir des redevances en argent, il faudra vendre en moyenne plus de 16 exemplaires par mois sur un an, soit plus de 192 exemplaires par année ! – Les exemplaires achetés par l'auteur n'entrent pas dans le calcul. * L'UNEQ recommande un minimum de 10% du prix de vente du livre.
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