LES ENJEUX ALIMENTAIRES - FACE AUX DÉFIS DÉMOGRAPHIQUES, URBAINS, MIGRATOIRES ET SÉCURITAIRES - OECD.ORG
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N°2, NOVEMBRE 2016 maPs & facTs les enjeux AlimentAires face auX DÉfis DÉmoGraPhiQues, urBains, miGraToires www.food-security.net eT sÉcuriTaires UEMOA
À propos du RPCA Promouvoir le dialogue et la coordination, construire une vision cohérente et consensuelle de la situation alimentaire et nutritionnelle et nourrir ainsi la prise de décision : voilà en quelques mots le cœur de la mission du RPCA depuis plus de trente ans. Créé en 1984, le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) est une plateforme internationale de concertation et de coordination s’appuyant sur le leadership politique des Commissions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Il est co-animé par le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) et le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE). Le Réseau rassemble les principales parties prenantes de la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la région : représentants des pays ouest-africains et sahéliens, des organisations régionales, des systèmes d’informations régionaux et internationaux, des agences de coopération bi- et multilatérales, des agences humanitaires et ONG internationales ainsi que des organisations professionnelles agricoles et de la société civile et du secteur privé. Ce document, ainsi que les données et toute cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région. Nous encourageons l’utilisation de nos cartes. Veuillez nous en informer et faire mention du copyright du Club. Pour des demandes spécifiques, contactez : swac.contact@oecd.org Photos : Journée sur la nutrition, Ouagadougou, Burkina Faso, 2016 © OCDE/CSAO
Sommaire démographie p. 6 Migrations p. 22 • Le nombre • Moins d’un tiers des migrants ouest-africains quitte le continent africain • L’agriculture ouest-africaine a relevé le défi démographique • Une forte mobilité régionale • La proportion des personnes sous-alimentées baisse • Trois espaces migratoires sous-régionaux • 35 millions de personnes souffrent encore de sous-alimentation • Réseaux sociaux et commerciaux • La malnutrition chronique perdure • Les proximités migratoires sahéliennes • Les jeunes filles se marient trop jeunes • Les transferts de fonds des migrants • La scolarisation des filles contribue à la baisse de la fécondité • Un demi-million de réfugiés au Niger et au Tchad • Les politiques de population Aux Confins des défis Urbanisation p. 14 alimentaires et sécuritaires p. 29 • Une urbanisation irréversible • Les menaces sécuritaires aggravent les fragilités structurelles • De plus en plus de villes, de plus en plus peuplées • L’exemple du nord-est du Nigéria • Un réseau dense de petites et moyennes agglomérations • L’exemple du Niger • La population rurale continue de croître mais sera bientôt minoritaire • L’exemple du Tchad • La ville, moteur de l’économie alimentaire • L’économie alimentaire, premier gisement d’emplois • La ville « accélérateur » de la transition démographique • La sécurité alimentaire et les villes Trois priorités p. 33 • La prévention et la gestion des crises alimentaires • La résilience • La croissance et l’emploi
En quelques mots C e nouvel opus de « Maps & Facts » qui constitue le cœur de l’économie et des durablement les plus fragiles de la pauvreté aborde les défis démographiques, sociétés ouest-africaines, serait une erreur. et de la précarité ; cela se fera principalement urbains, migratoires et sécuritaires par L’ensemble des activités de production, dans ce secteur. le prisme des enjeux alimentaires au Sahel et en transformation et distribution qui concourent Afrique de l’Ouest. Il complète une synthèse du à l’alimentation humaine, représente De la prévention des crises alimentaires au même type centrée sur le climat et les change- aujourd’hui le premier secteur d’activités de développement économique, en passant ments climatiques produite en novembre 2015 la région, loin devant le pétrole, les cultures par la résilience des plus fragiles, les enjeux dans la perspective de la COP 21. d’exportation ou l’industrie. Si l’on doit créer alimentaires doivent demeurer au centre de des emplois, beaucoup plus d’emplois ; si l’on la réflexion, des politiques et de l’action. Le message qu’il se propose de promouvoir veut miser sur une croissance plus forte et plus est le suivant : les enjeux alimentaires ne doivent pas être masqués par les résurgences ouvrir un champ plus « inclusive ; si l’on entend Les enjeux alimentaires ne doivent pas des défis démographiques, migratoires et vaste d’opportunités être masqués par les résurgences des défis sécuritaires dans l’agenda international. aux produc teurs démographiques, migratoires et sécuritaires Ils font partie des réponses à ces défis ; ces agricoles et autres entrepreneurs ; si dans l’agenda international. Ils font partie derniers étant eux-mêmes des éléments clés de la problématique alimentaire. Oublier ce l’on s’engage à sortir des réponses à ces défis. » © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 5
démographie Le nombre Au cours des trois dernières décennies, la population ouest-africaine Graphique 1 a plus que doublé. Dix millions d’enfants naissent chaque année ; Population ouest-africaine, 1950-2050 dix millions d’enfants supplémentaires devraient être scolarisés. Éducation, santé, accès à l’eau potable, nourriture, emplois, environ- en millions en % nement ; la forte croissance démographique ajoute le défi du nombre 800 50 à celui du développement. En 2015, l’Afrique de l’Ouest a passé le cap 700 des 370 millions de personnes. Pour projeter la population jusqu’en 45 600 2050, les Nations Unies retiennent quatre scénarios qui ne diffèrent que par l’indice de fécondité retenu. Le scénario moyen est le plus 500 40 couramment repris. Pour l’Afrique de l’Ouest, la différence entre ce 400 dernier et le scénario de croissance le plus faible (anticipant une forte 35 300 baisse de la fécondité) est de l’ordre de 70 millions de personnes. population 200 totale % des 0-14 ans C’est ce scénario qui devrait être la boussole des politiques de dévelop- 30 pement. L’objectif est moins de limiter la croissance du nombre 100 d’habitants, que de diminuer la proportion de très jeunes dans 0 25 la population totale. À la fin du siècle dernier, les 0-14 ans représen- 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 années taient 45 % de la population. Si la fécondité baisse rapidement, ils ne Population totale avec projections faibles seront plus que 32 % dans 35 ans (Graphique 1). Au cours de la phase Population totale, projections avec projections faibles Population totale avec médianes descendante de la transition démographique, la réduction du nombre Pourcentage des 0-14 Population totale,ans avecavec projections projections médianes faibles de personnes à charge par actif libère une capacité d’épargne et d’inves- Pourcentage des 0-14 Pourcentage desans0-14avec projections ans, avec projectionsmédianes faibles tissements productifs, moteur d’une croissance forte et durable. Pourcentage des 0-14 ans, avec projections médianes Source : Nations Unies (2015), Perspectives de la population mondiale 6 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA)
Démographie L’agriculture ouest-africaine a relevé le défi démographique Après deux décennies de stagnation, l’agriculture ouest-africaine s’est Graphique 2 réveillée au milieu des années 80. En 30 ans, la production agricole a Production alimentaire Disponibilités disponible alimentaires dans pour la production la consommation intérieure (kcal/habitant/jour) augmenté bien plus rapidement que la population et le disponible alimentaire produit localement est passé de 1 700 à 2 400 kilocalories Mali par personne et par jour. Dans la plupart des pays ouest-africains, la Ghana dépendance alimentaire vis-à-vis du reste du monde n’a pas augmenté. Burkina Faso Elle était de 20 % en 1980 ; elle est du même ordre aujourd’hui. Grâce aux Afrique de l’Ouest campagnes massives de promotion de la filière rizicole et de la culture Nigéria de contre-saison, les importations de riz n’ont augmenté que de 3.5 kg Niger par personne en 30 ans. Ces bonnes performances, qui auraient pu être Sierra Leone encore meilleures si un certain nombre de pays n’avaient pas connu Guinée des situations prolongées de conflit ou d’instabilité, sont à mettre au Côte d'Ivoire crédit des paysans et producteurs agricoles, des commerçants, trans- Tchad porteurs et transformateurs ouest-africains. Ils ont su répondre à une Togo augmentation forte et continue de la demande. En 1950, neuf ménages Guinée-Bissau sur dix étaient des agriculteurs. Ils ne sont plus que cinq en 2010. Une Bénin proportion décroissante de la population a donc dû nourrir l’autre partie Libéria de la population en forte augmentation. Ceci n’a pu se faire qu’au prix Sénégal Gambie 1980 d’une amélioration constante de la productivité du travail agricole 2010 qui, après avoir longtemps décru, augmente au taux impressionnant Mauritanie Cabo Verde kcal/hab/jour de 2.6 % par an depuis 1980. Les rendements ont eux aussi augmenté, mais moins fortement. Ceci n’est pas étonnant ; tant que la terre est 0 500 1 000 1 500 2 000 2 261 2 500 facilement accessible, un producteur préfère accroître sa production par Sources : FAO 2015 ; CSAO/OCDE 2015 Sources : FAO (2015) ; OCDE/CSAO (2015) une augmentation de la surface cultivée. © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 7
Démographie La proportion des personnes sous-alimentées baisse L’Afrique de l’Ouest est la championne Carte 1 du continent africain en matière de Progrès vers la sécurité alimentaire sécurité alimentaire et nutritionnelle. Elle a accompli des progrès considérables qui Objectifs du Sommet mondial Cible c de l’OMD 1, 2014-16 de l’alimentation (SMA), 2014-16 ont permis de réduire le nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition. Réduire de moitié le nombre de personnes Réduire de moitié la proportion des personnes sous-alimentées à l’horizon 2015 souffrant de la faim, 1990-2015 Malgré la croissance rapide de la population et les sécheresses récurrentes dans le Sahel, l’Afrique de l’Ouest a réduit la prévalence de la malnutrition de 60 % au cours des deux dernières décennies, passant de 24.2 % en 1990-92 à 9.6 % en 2014-16. Le Ghana et le Mali ont atteint à la fois la cible c de l’Objectif du Millénaire pour le développement (OMD 1) consistant à réduire de moitié la proportion de la population souffrant de la faim et de l’objectif du Sommet mondial de l’alimen- tation qui vise à réduire de moitié le nombre absolu de personnes sous-alimentées à l’horizon 2015. Objectifs atteints En retard Objectifs presque atteints Non analysé Progression lente Hors zones de l’étude Source : FAO (2015), Vue d’ensemble régionale de l’insécurité alimentaire en Afrique 8 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA)
Démographie 35 millions de personnes souffrent encore de sous-alimentation Cependant, et malgré une diminution Graphique 3 significative de la sous-alimentation, Proportion de la population sous-alimentée beaucoup d’Africains de l’Ouest sont restés sur le bord de la route. 11 % de la population Mali 2008–10 – autour de 35 millions de personnes – Nigéria 2000–02 souffrent encore de sous-alimentation 1990–92 Ghana ou de malnutrition chroniques. On les Mauritanie trouve en particulier au sein des ménages 11 % = moyenne pondérée de l’Afrique de l’Ouest Afrique de l’Ouest d’agriculteurs exclus du marché, d’agropasteurs hors Cabo Verde ou de pasteurs trop dépendants d’un cheptel Niger menacé par des sécheresses récurrentes, Gambie et de travailleurs pauvres de l’économie Bénin informelle. Structurellement vulnérables, ces Côte d’Ivoire personnes – dont une majorité de femmes Sénégal et d’enfants – sont incapables de résister aux Guinée chocs récurrents portés par les sécheresses, Togo les inondations, les ravageurs des cultures, les crises économiques et les conflits. Burkina Faso Guinée-Bissau Sierra Leone Libéria Tchad 10 20 30 40 50 60 en % Sources : FAO (2015) ; OCDE/CSAO (2015) © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 9
Démographie La malnutrition chronique perdure Carte 2 La malnutrition est avant tout un Enfants de moins de 5 ans souffrant de retard de croissance problème chronique. Les taux de malnu- trition aiguë globale (MAG) dans le Sahel 2000-06 dépassent le seuil d’alerte de 10 % au moins depuis 15 ans. Dans de nombreuses zones, ils dépassent régulièrement le seuil d’urgence Mauritanie 35 % Mali de 15 %. Près de 40 % des enfants de moins 38 % Niger de 5 ans accusent un retard de croissance. Sénégal 50 % Tchad 16 % 41 % La pauvreté, qui limite l’accès aux marchés, Gambie 22 % Burkina Faso 35 % la faiblesse des systèmes de protection Guinée- Guinée Bénin Bissau 35 % Nigéria 38 % sociale, la mauvaise situation sanitaire sont 41 % Sierra Leone Côte Togo 38 % d’Ivoire Ghana 24 % autant de causes qui permettent d’expliquer 40 % Libéria 34 % 22 % ce phénomène. Il s’agit d’un problème struc- 39 % turel qui, pour être résolu, nécessite qu’on 2015 s’attaque aux facteurs sous-jacents de l’insé- curité alimentaire, comme le fait l’Alliance globale pour la résilience (AGIR) (page 34). À Mauritanie l’exception du Cabo Verde qui ne rencontre 22 % Mali 38.5 % Niger pas de difficultés, tous les pays sahéliens 43 % Tchad Sénégal et ouest-africains adhèrent également au Gambie 19.4 % 38.7 % mouvement SUN, une initiative mondiale < 20 % 24.5 % Burkina Faso Guinée- Guinée 32.9 % visant à améliorer la nutrition. Depuis 2014, la 20 < 30 % Bissau 31.3 % Bénin 34 % Nigéria 27.6 % Sierra Leone CEDEAO a également lancé sa propre initiative 30 < 40 % Côte Togo d’Ivoire Ghana 27.5 % 32.9 % 37.9 % ≥ 40 % Libéria 29.6 % 18.8 % « Faim zéro ». 32.1% Sources : UNICEF, OMS (2013) ; UNICEF, OMS, Banque mondiale (2015) ; Rapport mondial de la nutrition 2015 10 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA)
Démographie Les jeunes filles ouest-africaines se marient trop jeunes Les jeunes filles ouest-africaines se marient trop jeunes Carte 3 Sept pays ouest-africains se placent parmi Pourcentage de jeunes femmes (20-24 ans) mariées avant l’âge de 18 ans les 20 pays ayant le taux le plusPourcentage élevé de jeunes femmes (20-24 ans) mariées avant l'âge de 18 ans de mariages précoces dans le monde : Niger (1), Tchad (3), Mali (5), Guinée (6), Burkina Faso (8), Sierra Leone (13) et Nigéria (14). Au Niger, trois filles sur quatre se marient avant leur 18e anniversaire et contribuent au taux de fécondité le plus élevé au monde, soit plus de Mauritanie sept enfants par femme. Le Nigéria et le Niger 34 % Mali font partie des 20 pays enregistrant le plus 55 % Niger 76 % Tchad grand nombre de mariages précoces en valeur Sénégal 33 % 68 % absolue, avec respectivement 1.193 millions Gambie 36 % Burkina Faso et 244 000 jeunes filles mariées. Les mariages Guinée- 32.9 % Guinée précoces renforcent l’inégalité entre les sexes Bissau 22 % 52 % Bénin Nigéria 32 % et vont à l’encontre des droits humains en Sierra Leone Côte Togo 43 % d’Ivoire Ghana 25 % privant les jeunes filles de développer tout 44 % 21% Libéria 33 % leur potentiel. La région perd collectivement < 30 % 38 % un énorme capital humain qui est sous- 30 < 50 % employé. L’Union africaine a lancé en 2014 une 50 < 75 % campagne pour accélérer le changement sur le ≥ 75 sur la% < 30 % continent. Le Burkina Faso, le Ghana, Sourcesle Mali, : UNICEF, Rapport situation des enfants dans le monde 2015 ; Girls not Brides 30 < 50 % le Niger et le Tchad ont lancé des campagnes© 2016. Secrétariat du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE) Sources : UNICEF (2015), Rapport sur la situation des enfants dans50 le
Démographie La scolarisation des filles contribue à la baisse de la fécondité Le nombre d’enfants par femme en âge de Tableau 1 procréer (cinq pays ouest-africains sont dans Fécondité et scolarisation le « top 10 » mondial) est nettement corrélé Pays Taux Taux de natalité Taux net de Taux d’alphabétisme avec l’importance des mariages précoces, la de fécondité chez les filles fréquentation des jeunes filles fécondité chez les jeunes filles et leur niveau en % (2010-15*) (14-18 ans) dans le primaire, (15-24 ans) pour mille filles en % (2011-14*) en % (2006-13*) d’éducation. Dans ce dernier domaine, des Cabo Verde 2.4 92 - 98 efforts très importants sont consentis. Mais Ghana 4.2 65 70 83 leurs effets sont atténués par la vitesse de Mauritanie 4.7 71 62 48 la croissance démographique. Au Mali, les Togo 4.7 77 87 73 retards de croissance des enfants de moins Libéria 4.8 147 43 37 de cinq ans sont deux fois moins importants Sierra Leone 4.8 131 74 56 quand la maman a fréquenté le collège. La Bénin 4.9 98 73 31 transition démographique et la lutte Guinée-Bissau 5.0 137 62 71 contre la malnutrition reposent en Côte d'Ivoire 5.1 125 66 39 grande partie sur la condition des jeunes Guinée 5.1 154 53 22 filles et des femmes. Sénégal 5.2 80 66 71 Burkina Faso 5.6 136 50 33 Nigéria 5.7 123 66 58 Gambie 5.8 88 66 67 Tchad 6.3 203 48 46 Mali 6.4 178 50 34 Niger 7.6 210 46 15 *Les données sont celles disponibles pour l'année la plus Sources : FNUAP (2015) ; UNICEF (2015), Rapport sur la situation des enfants dans le monde 2015 récente de la période indiquée. 12 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA)
Démographie les Politiques de population Depuis les années 60, la mortalité baisse du fait l’urbanisation (page 14). Tout délai dans la alimentaire devraient prendre en compte la des progrès de la médecine, de la vaccination et baisse de la fécondité mettra en cause vitesse de la transition démographique, en de l’amélioration de l’accès aux services de base ; l’amélioration de la sécurité alimentaire particulier dans les pays où cette transition est l’eau potable en particulier. Les politiques de et nutritionnelle. Les politiques de sécurité la moins avancée, et accélérer son achèvement. population auraient dû susciter une baisse de la natalité plus importante que celle de la mortalité Graphique 4 pour accélérer la transition démographique. Cela Natalité et mortalité en Afrique de l’Ouest* n’a pas été le cas. Ces politiques souffrent d’un soutien politique encore insuffisant (‰) et de contraintes socioculturelles fortes. 50 47.4 47.8 46.7 46.8 Elles devraient désormais être placées au centre 43.5 Natalité 41.3 40.1 des stratégies de développement, bénéficier 40 de moyens financiers et humains croissants et irriguer l’ensemble des politiques sectorielles. 30 Elles devraient associer la diffusion des moyens modernes et traditionnels de contraception, 28.4 25.2 s’appuyer sur les médias pour informer les 20 21.7 populations sur les avantages d’une natalité 18.8 17.5 plus faible. Elles devraient accorder une place 15.3 13.7 10 prépondérante aux femmes les plus fragiles, Mortalité les moins résilientes, les plus marginalisées ; les plus pauvres, celles qui ont le moins accès 0 1950–55 1960–65 1970–75 1980–85 1990–95 2000–05 2005–10 à l’éducation, aux services de santé et à une alimentation régulière et saine. Elles devraient *hormis le Tchad également s’appuyer sur le puissant levier qu’est Sources : OCDE/CSAO (2013), Peuplement, marché et sécurité alimentaire ; Nations Unies (2010) © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 13
Urbanisation Mauritanie Cabo Verde Mali Niger Sénégal Tchad Gambie Burkina Faso Une urbanisation irréversible Guinée- Guinée Bissau Bénin Nigéria Sierra Leone Côte Togo d’Ivoire Ghana Libéria L’Afrique est le continent le moins urbanisé du monde, mais 1980 une transition urbaine irréversible est en cours. En Afrique de l’Ouest, le nombre d’agglomérations urbaines est passé de 152 à près de 2 000 entre 1950 et 2010. Le niveau d’urbanisation régional Cabo Verde Mauritanie Mali s’approche désormais de 50 %. Le Niger demeure parmi les pays les Niger Tchad moins urbanisés du monde avec un taux de 18 %, comparable à celui Gambie Sénégal du Burundi et de l’Éthiopie. Guinée- Guinée Burkina Faso Bénin Bissau Nigéria Sierra Leone Côte Togo d’Ivoire Ghana Carte 4 Libéria Niveau d’urbanisation < 10 % > 25 < 40 % 2010 10-25 % 40 < 50 % Mauritanie Cabo Verde 1950 Mali Niger Tchad Sénégal Gambie Burkina Faso Mauritanie Guinée- Guinée Cabo Verde Bissau Bénin Mali Nigéria Niger Sierra Leone Côte Togo Sénégal Tchad d’Ivoire Ghana Libéria Gambie Burkina Faso Guinée- Guinée Bissau Bénin Nigéria Sierra Leone Côte Togo Ghana Libéria d’Ivoire Source : OCDE/CSAO (2013), Peuplement, marché et sécurité alimentaire 14 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA)
Urbanisation De plus en plus de villes de plus en plus peuplées Au-delà des grandes métropoles, un réseau Carte 5 dense de petites et moyennes aggloméra- Agglomérations de plus de 10 000 habitants tions se développe. Il contribue à façonner les réseaux nationaux urbains et à rapprocher 1980 770 agglomérations les populations urbaines et rurales. 10 000 - 30 000 30 000 - 100 000 100 000 - 350 000 350 000 - 1 million 1- 2 million > 2 million 2010 1 947 agglomérations Nombre d’habitants 10 000 - 30 000 30 000 - 100 000 100 000 - 350 000 350 000 - 1 million 1-2 millions > 2 millions Source : OCDE/CSAO (2016) 10 000 - 30 000 30 000 - 100 000 100 000 - 350 000 350 000 - 1 million 1- 2 million > 2 million © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 15
Urbanisation Un réseau DENSE de petites et moyennes agglomérations Carte 6 Densité rurale et réseau urbain Villes (habitants) 10 000 - 25 000 25 000 - 50 000 50 000 - 150 000 150 000 - 500 000 500 000 - 2 millions > 2 millions Densité rurale (habitants par km2) 15 - 50 > 50 - 150 > 150 Source : OCDE/CSAO (2013), Peuplement, marché et sécurité alimentaire 16 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA)
Urbanisation La population rurale continue de croître mais sera bientôt minoritaire Graphique 5 Population rurale et urbaine en Afrique de l’Ouest 0 1990 2000 population 2010 2020rurale 2030 2040 2050 en millions Population urbaine 600 1950 2000 2050 500 8.4 % 34.7 % 37.3 % 400 e 62.7 % 91.6 % 65.3 % 300 200 100 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 1950 2000 2050 Population rurale 8.4 % 34.7 % 37.3 % Source : Nations Unies (2015), Perspectives de la population mondiale Population urbaine 62.7 % 91.6 % 65.3 % © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 17
urbAnisAtion lA ville MOTEUR DE L’ÉCONOMIE ALIMENTAIRE La population rurale tend à se concentrer Graphique 6 dans les zones proches des villes. La crois- répartition du pib alimentaire régional, 2010* sance des villes suscite ainsi l’intégration de l’espace rural et urbain. Le vecteur de cette Autres pays ouest-africains intégration est le commerce. Désormais, les Burkina Faso 1.6 % Bénin 1.9 % deux tiers de l’alimentation des ouest- Mali 1.9 % 1970 1980 Africains font l’objet d’une transaction Sénégal 3.4 % commerciale. Par ailleurs, beaucoup de Côte d'Ivoire 3.8 % ruraux – environ un quart – travaillent dans PIB alimentaire un autre secteur que l’agriculture, l’élevage régional Ghana 8.5 % ou la pêche. Le secteur informel urbain vit 178 milliards en grande partie du transport, de la transfor- de dollars US mation ou du commerce de produits alimen- taires. Entre espaces ruraux et urbains, se Nigéria 71.4 % développe une économie alimentaire qui, en 2010, représentait 178 milliards de dollars US, soit 36 % du PIB cumulé de tous les pays de *PIB exprimé en parité de pouvoir d’achat l’Afrique de l’Ouest. source : Allen, T. et P. heinrigs (2016), « Les nouvelles opportunités de l’économie alimentaire ouest-africaine », Notes ouest-africaines, No. 1, Éditions OCDE, Paris. 18 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA)
Urbanisation L’économie alimentaire, premier gisement d’emplois L’agriculture ne représente plus que À côté de quelques structures industrielles Premier secteur économique de la région, 60 % de l’économie alimentaire. Les (brasseries, minoteries, etc.), le secteur est le secteur agroalimentaire est aussi – de activités économiques en amont (fourniture essentiellement constitué par un tissu de loin – le principal gisement d’emplois. Il d’intrants, de semences) et aval (transfor- microentreprises et de PME, souvent familiales devrait être placé au centre des stratégies mation, commerce) comptent pour 40 %. et informelles. Les procédés de production sont visant à donner des emplois aux millions de Ce secteur agro-alimentaire croît plus vite fréquemment artisanaux. Mais, progressivement, jeunes et à développer les activités généra- que la production agricole. Il est constitué ces entreprises se transforment et une part trices de revenus pour les plus fragiles. de « chaînes de valeur » de plus en plus croissante d’entre elles investit, se mécanise, se nombreuses et de plus en plus complexes. professionnalise et même s’industrialise. Par exemple, les produits transformés à Graphique 7 base de céréales, qu’il s’agisse des produits Volume des activités manufacturières au Sénégal, 1980-2010 « prêts à la consommation » (pains, galettes, gâteaux) ou « prêts à l’emploi » (farines, 1 000 Métallurgie Valeur ajoutée (million USD) semoules, granules), passent par plusieurs Chimie étapes avant d’arriver au consommateur 800 Agro-industrie final. Ils font l’objet de procédés plus ou moins sophistiqués de transformation, stabilisation 600 et conditionnement. La matière première a dû être ensachée, transportée, déchargée, 400 stockée, contrôlée, calibrée, nettoyée, broyée, laminée, parfois séchée ou grillée, congelée 200 ou réfrigérée, conditionnée, emballée, puis parfois cuisinée dans les restaurants de rue. 0 1980 1990 2000 2010 Source : Allen, T. et P. Heinrigs (2016), « Les nouvelles opportunités de l’économie alimentaire ouest-africaine », Notes ouest-africaines, No. 1, Éditions OCDE, Paris. © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 19
Urbanisation La ville « accélérateur » de la transition démographique La ville est un puissant vecteur de baisse Graphique 8 de la fécondité. Parce qu’elle favorise l’édu- Niveaux d’urbanisation et taux de fécondité cation des jeunes filles et facilite l’accès aux 80 services de santé ; parce que les opportunités Taux de fécondité Niveau d’urbanisation en % de travail rémunérateur pour les femmes y sont plus nombreuses ; parce que l’accès 6 60 à l’information et la diffusion des idées et des comportements y est plus rapide qu’en milieu rural ; parce que les logements y sont plus chers donc moins spacieux. Le 4 40 phénomène se vérifie en Afrique de l’Ouest avec des variances d’un pays et d’une période à l’autre. La poursuite du processus d’urba- 2 20 nisation devrait donc accélérer la baisse de la fécondité et la phase descendante de la transition démographique. Les politiques de 0 0 population devraient saisir cette opportunité ge r l i d as o ia in e ia au e ie al ie re a o e pour amplifier cette baisse (page 13). Ni Ma ha ér én uiné bér iss eon mb nég tan voi han Tog erd Tc na F Nig B G L i - B L G a é r i ’I G o V i é e r a S u d b rk in Sie r M a ô te Ca Bu Gu C Source : OCDE/CSAO (2013), Peuplement, marché et sécurité alimentaire 20 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA)
Urbanisation La sécurité alimentaire et les villes L’insécurité alimentaire urbaine est une Graphique 9 réalité dont l’ampleur devrait augmenter du Consommation alimentaire des ménages par milieu, 2010 simple fait de la croissance de la population des villes. Encore mal documentée, ses spéci- Urbain urbain Rural rural ficités devraient être mieux prises en compte dans les systèmes de suivi de la situation alimentaire et nutritionnelle. En particulier, les Produits laitiers ménages urbains dépendent presque exclusi- Boissons vement du marché pour leur alimentation. Leur Viandes et poissons sécurité alimentaire dépend donc du niveau et Fruits et légumes de la stabilité du prix des aliments. Ces derniers dépendent du fonctionnement des chaînes Céréales de valeur alimentaires (page 35) : production, Autres aliments transformation, transport, stockage et distri- bution. Ces processus peuvent être confrontés Source : Allen, T. et P. Heinrigs (2016), « Les nouvelles opportunités de l’économie alimentaire à des blocages et chocs qui doivent être ouest-africaine », Notes ouest-africaines, No. 1, Éditions OCDE, Paris. anticipés par les mécanismes de prévention des crises alimentaires. En outre, la compo- sition du panier alimentaire des ménages révèle des différences importantes entre le milieu rural et le milieu urbain, qui doivent également être prises en compte. © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 21
Migrations Moins d’un tiers des migrants ouest-africains quitte le continent africain En 2015, les Nations Unies estiment le Graphique 10 nombre de migrants ouest-africains dans Migrants ouest-africains dans le monde le monde à 8.7 millions. 66 % d’entre eux 1990 2000 2015 sont installés en Afrique de l’Ouest, 20 % en 5.7 millions de migrants 6.4 millions de migrants 8.7 millions de migrants Europe, 8 % en Amérique du Nord et le solde essentiellement dans le reste de l’Afrique. On 0.6 % observe au fil du temps une lente érosion de 0.3 % 5.5 % 8.2 % 0.3 % 2.4 % la part de l’Afrique au profit de l’Amérique du Nord, de l’Europe et dans une moindre 11 % 13.3 % mesure de l’Asie. 18.6 % 11 % Graphique 11 7.6 % Pays d’origine des migrants 75.2 % 73.2 % 6.5 % 65.9 % ouest-africains en Europe 2015 1.6 million Autres de migrants 22 % Nigéria 25 % Cabo Verde Afrique de Reste de Europe Amérique Asie 7% l’Ouest l’Afrique du nord Mali 6 % Sénégal Afrique de l’Ouest Reste de l’Afrique Europe Amérique du Nord Asie Côte 17 % d’Ivoire Ghana 9% 14 % Source : Nations Unies (2015), Département des affaires économiques et sociales, Tendances dans la migration internationale 22 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA)
migrations Une forte mobilité régionale Les Ouest-Africains figurent parmi les Graphique 12 populations les plus mobiles du monde. Répartition des émigrés ouest-africains, 2015 La mobilité intrarégionale est presque sept fois supérieure au volume des migrations de Burkina Faso l’Afrique de l’Ouest vers le reste du monde. Niger Le protocole de la CEDEAO sur la libre circu- Bénin lation des personnes, le droit de résidence Togo et d’établissement de 1979 favorise cette Mali mobilité intrarégionale, même si son appli- cation rencontre encore de nombreux Côte d’Ivoire obstacles sur le terrain. Ce protocole, ainsi Guinée que les textes additionnels, témoignent de Mauritanie la volonté politique des États membres de la Afrique de l’Ouest CEDEAO de placer la mobilité intrarégionale Libéria de la population au cœur du processus d’inté- Guinée-Bissau gration régionale. Ghana Sierra Leone Afrique de l’Ouest Sénégal Reste de l’Afrique Gambie Europe Nigéria Amérique du Nord Tchad Asie Cabo Verde Source : Nations Unies (2015), Département des affaires économiques et sociales, Tendances dans 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 en % la migration internationale © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 23
migrAtions trois espACes migrAtoires SOUS-RÉGIONAUx la Côte d’ivoire et le nigéria animent les Carte 7 deux principaux pôles migratoires de la émigrés ouest-africains en afrique de l’ouest, 2015 région. Ils sont le principal lieu d’accueil des émigrés de leurs pays limitrophes. Le Sénégal et la Gambie constituent un troisième pôle d’animation migratoire. Les chiffres officiels masquent diff icilement des mouvements migratoires beaucoup plus puissants. Ainsi, Mauritanie Cabo Verde la Commission nigériane de la population 58 % Mali Niger 20 % estime que les ressortissants de la CEDEAO Sénégal Tchad vivant au Nigéria seraient de 3 à 4 millions Gambie 24 % 43 % 32 % 39 % 47 % 22 % contre un peu plus de 1 million enregistrés 39 % Burkina Faso Guinée- Guinée 91 % officiellement. Bissau 24 % Bénin 28 % 20 % 22 % Nigéria 29 % 80 % Sierra Leone Côte Togo 39 % d’Ivoire Ghana 21 % 22 % 38 % Libéria 46 % 55 % Seules les valeurs supérieures à 20 % des effectifs des émigrés de chaque pays dans un autre pays sont représentées. source : Nations Unies (2015), Département des affaires économiques et sociales, Tendances dans la migration internationale 24 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA)
migrations réseAux SOCIAUx ET COMMERCIAUx les migrations au sein de l’Afrique de Carte 8 l'ouest tissent de puissants réseaux flux régionaux de maïs sociaux et commerciaux. Ces réseaux contribuent à l’intégration régionale du marché agro-alimentaire, par exemple celui du maïs. Dakar Niamey Maradi Diaobé Bamako Ouagadougou Kano Malanville N’Djamena Funtua Sikasso Bobo Dioulasso Bauchi Gombe Saminaka Parakou Tamale Bouaké Kumasi Ibadan Lagos Abidjan Accra Lome Port Harcourt Principaux flux Consommation urbaine (tonnes par an) Marchés Zones de surplus Principaux flux 2 000Consommation – 5 000 urbaine (tonnes 10 000 – 40 000 par an) > 40 000 Gros Détail et gros Marchés Zones de surplus 5 000 – 10 000 2 000 - 5000 Assemblage et gros Gros 10 000 - 40 000 40 000 Détail et gros 5 000 - 10 000 Assemblage et gros sources : OCDE/CSAO (2013), Peuplement, marché et sécurité alimentaire ; FewsNet (2012) ; FAO AgroMaps (2012) ; Bricas et al. (2009) ; West Africa Trade hub (2011) © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 25
migrAtions les proximités MIGRATOIRES SAhÉLIENNES Carte 9 Europe lieux de résidence des émigrés sahéliens, 2015 25 % le burkina faso et le mali représentent Mauritanie Mauritanie Europe 25 % Europe Cabo Verde 7% Cabo Verde Mali à eux seuls plus de 28 % des émigrés sénégal Europe Mauritanie 46 % maUritanie 14 % Europe 25 % Mauritanie ouest-africains. Ils sont aussi, avec le Niger 586 000 ÉMIGRÉS Cabo Verde Sénégal 7% Mauritanie Europe 119 Cabo Verde 000 Sénégal ÉMIGRÉS Mali 25 % Europe 7 % Amérique 46Europe % Cabo Verde Gambie 43 % Mauritanie 14 % Mali 25 % Gambie Cabo Verde et le Tchad, les pays dont les trajectoires 20 % Mauritanie Sénégal 7% Mauritanie du Nord 8 46 %% Cabo Verde Gambie Sénégal Mauritanie 43 % Mali Mauritanie 14 % Cabo Verde Europe Sénégal Cabo Verde Gambie 7 % Amérique Europe Mali migratoires sont les plus centrées sur les Guinée- Cabo 20 % Verde GuinéeSénégal 46 % du Nord 8% Gambie 4314% % Côte 14 % Bissau Gambie Sénégal 5 % Guinée Amérique 46 % Sénégal Guinée- 8% pays limitrophes ou proches. Le Sénégal Gambie 20Bissau % Sénégal5Amérique % du Nord Gambie 43 % Sénégal d’Ivoire Côte %43 % 7d’Ivoire 8% Gambie Gambie Guinéedu Nord Guinée- Amérique et la Mauritanie sont plus tournés vers le 20 % Guinée- Bissau 20 % Guinée 5% du Nord 8 % 7 % Côte Côte d’Ivoire reste du monde. Le Cabo Verde compte Bissau 5 Guinée- % Guinée Europe 7 % Côte mali Bissau 10 % 5 %Europe d’Ivoire 7% d’Ivoire proportionnellement le plus grand nombre 1.005 MILLION D’ÉMIGRÉS 10 % bUrKina faso 7% Europe d’émigrés ; sa diaspora étant plus importante Mauritanie Mauritanie Europe 10 % 1.453 MILLION que sa population résidente. Les migrations 6% 6% Mali 10 % Mali Niger NigerEurope D’ÉMIGRÉS Burkina Burkina SénégalMauritanie 8 %10 % Faso Faso Sénégal 8% saisonnières durant la saison sèche dans les Gambie Mauritanie Gambie 6% Burkina Burkina Mali Niger Bénin Burkina Bénin 6% Burkina Faso Europe Mali MauritanieFasoNiger Europe pays sahéliens sont impossibles à évaluer SénégalGuinée Guinée Sénégal Faso 6Côte % 8 %Mali Nigéria 8% Côte Côte Faso Togo Togo Burkina
migrations les Transferts de fonds des migrants Entre 2005 et 2010, les transferts de fonds – Graphique 13 officiellement enregistrés – des émigrés vers Transferts de fonds des migrants, en % du PIB, 2014 les pays de la CEDEAO ont augmenté de plus de 8 % par an en moyenne, pour atteindre 2015e près de 28 milliards de dollars US en 2015, USD millions soit deux fois les flux d’investissements Libéria 693 étrangers et 3.7 % du PIB régional. Le Nigéria Gambie 181 représente à lui seul les trois-quart de ces Cabo Verde 201 flux entrants. Les transferts proviennent Sénégal 1 614 principalement des émigrés résidant dans Togo 397 les pays développés mais sont également Mali 895 significatifs dans les pays dont la majorité Guinée-Bissau 64 des émigrés réside en Afrique de l'Ouest ; au Ghana 2008 Togo et au Mali par exemple. Ils ont un impact documenté sur la réduction de la pauvreté Nigéria 20 658 et des inégalités, ainsi que sur la sécurité Bénin 304 alimentaire des ménages vulnérables. Burkina Faso 396 Niger 146 Guinée 93 Sierra Leone 66 Côte d’Ivoire 385 5 10 15 20 25 en % (2014) e = estimations Source : Banque mondiale (2016), Données portant sur les migrations et les transferts de fonds © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 27
migrAtions un demi-million de réfugiés AU NIGER ET AU TChAD Au niveau global, les déplacements forcés Carte 10 ont atteint des records en 2015. Selon le personnes déplacées internes (pdi) en afrique, 2015 rapport sur les tendances mondiales 2015 du haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (hCR), 65.3 millions d’individus ont été forcés à se déplacer dans le monde, en raison de persécutions, de conflits, de violences généra- lisées ou de violation des droits humains. Cela représente 5.8 millions de personnes de plus qu’en 2014. L’Afrique subsaharienne compte en son sein 29 % des personnes déplacées dans le monde. En Afrique de l’Ouest, les déplacements forcés concernent surtout les zones du bassin du lac Tchad. Les violences et les atteintes au droit de l’homme dans le nord du Nigéria ont fait plus NOMBRE DE PDI de 2.2 millions de personnes déplacées internes. Plus de 200 000 personnes ont également trouvé refuge dans les pays voisins que sont le 5 millions Cameroun, le Niger et le Tchad. Un réfugié sur deux en Afrique de l’Ouest se trouve au Tchad, 1 million ce qui représente un total de 370 000 réfugiés et 52 000 personnes déplacées internes (PDI). Le Niger accueille 125 000 réfugiés et 137 000 PDI. 100 000 Fin 2015, le Tchad se plaçait en 5e position en termes de ratio nombre de réfugiés/habitant source : hCR (2016), Tendances mondiales 2016 avec 26 réfugiés pour 1 000 habitants. 28 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA)
Aux Confins des défis AlimentAires et séCuritAires les menACes séCuritAires AGGRAVENT LES FRAGILITÉS STRUCTURELLES Le Niger et le Tchad sont, au même titre Carte 11 que le Mali, des pays d’une grande fragilité réfugiés et personnes déplacées internes (pdi) liés aux conflits récents ou en cours cumulant les plus forts taux de croissance démographique, de pauvreté et d’insécurité alimentaire. les menaces sécuritaires aggravent encore ces fragilités structurelles. Dans les pays sahéliens, le complexe « insécurité–alimentation » doit Cabo Verde Mauritanie Mali 35 000 réfugiés être abordé dans une même démarche. La maliens Niger 15 000 réfugiés prévention et la gestion des crises alimentaires 60 000 réfugiés Sénégal 60 000 maliens nigérians Tchad PDI 380 000 doit se rapprocher de celles des conflits et de Gambie 20 000 réfugiés 20 000 réfugiés maliens l’instabilité. Les enjeux de stabilisation par le Burkina Faso réfugiés soudanais Guinée- Guinée 2 100 000 nigérians développement, doivent quant à eux intégrer Bissau Bénin PDI 100 000 la résilience alimentaire et le développement Sierra Leone Côte Togo Nigéria réfugiés d’Ivoire Ghana de l’économie alimentaire (pages 18 et 19). centrafricains Libéria Personnes déplacées internes PERSONNES DÉPLACÉES INTERNES (PDI) Zones d’accueil des réfugiés ZONES D’ACCUEIL DES RÉFUGIÉS source : hCR (2016), Tendances mondiales 2016 © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 29
Aux Confins des défis AlimentAires et séCuritAires L’ExEMPLE DU nord-est du nigériA Parmi les 9.5 millions de personnes en besoin Carte 12 d’assistance alimentaire et nutritionnelle insécurité alimentaire au nord-est Octobre-décembre 2016 du nigéria, octobre-décembre 2016 en 2016, la majeure partie se trouve dans le bassin du lac Tchad, où l’insécurité civile Lac perturbe les marchés et dégrade les moyens Yusufari Abadam Tchad Yunusari Kukawa d’existence des ménages. l’insurrection Machina Mobbar Nguru Karasuwa Guzamala Bade islamiste de boko haram est le principal Bade Borsari Geidam Mobbar Nganzai Monguro facteur déterminant de la malnutrition Jakusko Yobe Marte Ngala Tarmuwa Magumeri aiguë dans cette zone, au point que le Fune Nangere Jere Mafa Kala/ Dikwa Balge Damaturu Kaga Maiduguru gouvernement nigérian a déclaré en juin 2016 Potiskum Konduga Bama Borno Gwoza Fika une « urgence nutritionnelle » dans l'État de Gujba Damboa Borno : quelque trois millions de personnes Gulani Biu Chibok Madagali ont été en situation de crise (phase 3), dont Kwaya Askira/Uba Michika Kusar Hawul 1.86 million de déplacés internes - PDI (OIM Bayo Hong Mubi North Shani Girie et NEMA, avril 2016). Ce nombre a été revu à Shelleng Maina Mubi South Song la hausse, selon l’analyse du Cadre harmonisé, Lamurde Adamawa et il est désormais estimé à 4.4 millions de Numan Gombi Demsa Yola North personnes pour la période juin-août 2016 ; Phase 1 : Minimale Yola South Fufore Mayo- la situation reste confuse en raison des Phase 2 : Sous pression Bel Jada nombreuses zones non accessibles. Phase 3 : Crise Ganye Phase 4 : Urgence Teungo Phase 5 : Famine sources : Analyse du Cadre harmonisé menée par trois équipes composées des représentants du gouvernement, du CILSS, de la FAO et de Fews Net, octobre 2016. 30 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA)
Aux Confins des défis alimentaires et sécuritaires L’exemple du Niger Le Niger se trouve désormais aux prises Carte 13 avec trois menaces. Outre les risques de Niger : fragilités internes et menaces régionales déstabilisation venant à l’Ouest (septentrion malien), l’influence grandissante de Boko LIBYE Haram au sud et – au nord-est – les risques liés à la guerre en Libye, sont de graves ALGÉRIE sources d’inquiétude. Les demandes sociales fortes et légitimes – y compris en matière de sécurité alimentaire et de résilience - sont perçues par une partie de la population comme étant relayées au second plan par NIGER Arlit les préoccupations sécuritaires. Kidal Zone saharienne : moins de 200 mm de MALI Agadez Agadem pluie/an ; environ 600 000 km² et moins de 0.5 million d’habitants dans sa partie TCHAD nigérienne. Mines d’uranium et pétrole Zone fragile sahélienne. La variation de Maradi Zinder Diffa Niamey la longueur de la saison des pluies y est de +/- 30 %. Environ 5 millions de ruraux Dosso Sokoto agropasteurs dans sa partie nigérienne. Kano N’Djaména Maïduguri Zones régulièrement en insécurité alimentaire et nutritionnelle BOKO HARAM Abuja Zones de conflits / instabilité Diffusion régionale de l’instabilité NIGÉRIA Source : OCDE/CSAO (2014), Un Atlas du Sahara-Sahel : Géographie, économie et insécurité Migrations involontaires Zone saharienne : moins de 200 mm de Zones régulièrement en insécurité 31 pluie/an ; environ 600 000 km² et moins alimentaire et nutritionnelle Groupes ethno-linguistiques de 0.5 million d’habitants dans sa partie © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Maps & Facts, Zones n o 2 : de Les enjeux alimentaires... conflits / instabilité nigérienne. Mines d’uranium et pétrole T
la chute d’Ould Daddah, qui au M auritanie, l’option d’une stratégie sécuritaire la création d’un parti islamiste Aux Confins des défis alimentaires et sécuritaires Charnière entre l’Afrique noire et le Maghreb, la renversé à son tour, en août 2008 Mauritanie est un pays musulman (république Ould Abdelaziz. Celui-ci reçoit u islamique) dont la population pratique un l’onction du suffrage universel. L’exemple du Tchad islam sunnite de rite malékite tel qu’il est Abdelaziz, la Mauritanie s’impliq L’environnement régional est également Carte 2.39 Carte 14 préoccupant pour le Tchad qui s’est doté Tchad : fragilités Le Tchad internes et menaces face aux menaces régionalesrégionales d’un appareil sécuritaire significatif mais qui Zone saharienne : mo souffre désormais d’une forte baisse de ses de pluie / an ; environ LIBYE moins de 0,7 millions d ressources financières liées à la chute du prix sa partie tchadienne. du pétrole. Le Tchad demeure l’un des pays Zone fragile sahélienne la longueur de la saiso les plus pauvres du monde où l’insécurité de +/- 30% ; environ 2 essentiellement agrop alimentaire chronique est prégnante pour une partie tchadienne. grande partie du territoire et de la population. Champs pétroliers NIGER Oléoducs Zone saharienne : moins de 200 mm de pluie/an ; Faya Largeau environ 700 000 km² et moins de 0.7 million Zones régulièrement e alimentaire et nutrition Fada d’habitants dans sa partie tchadienne Zones de conflits TCHAD Zone fragile sahélienne. La variation de la Zone d’instabilité longueur de la saison des pluies y est de +/- 30% ; environ 2 millions de ruraux essentiellement Iriba Diffusion régionale de agropasteurs dans sa partie tchadienne. Mao Trafics (armes, drogue Zones régulièrement en insécurité Bol Abéché alimentaire et nutritionnelle Goz-Beïda SOUDAN N’Djamena Zones de conflits Mongo Am Timan Zone d’instabilité NIGERIA Bongor Diffusion régionale de l’instabilité Pala Kelo Koumra Sarh Trafics (armes, drogues) Moundou Doba Champs pétroliers CAMEROUN CENTRAFRIQUE Source : Secrétariat du Club du S l’Afrique de l’Ouest/OCDE, 2014 Oléoduc Source : OCDE/CSAO (2014), Un Atlas du Sahara-Sahel : Géographie, économie et insécurité 32 Maps & Facts, n o 2 : Les enjeux alimentaires... 8 192 © Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) Un atlas du Sah
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