Les facteurs associés à la consommation alimentaire de la truie et les impacts sur la portée - Mémoire Béatrice Hamel Maîtrise en sciences ...

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Les facteurs associés à la consommation alimentaire de
          la truie et les impacts sur la portée

                            Mémoire

                         Béatrice Hamel

           Maîtrise en sciences animales - avec mémoire
                     Maître ès sciences (M. Sc.)

                         Québec, Canada

                      © Béatrice Hamel, 2021
RÉSUMÉ DU MÉMOIRE

La gestion en production animale joue un rôle crucial dans la rentabilité et
l’optimisation des performances des animaux. En maternité porcine, il faut s’assurer
d’offrir aux truies un environnement et des soins appropriés afin de leur permettre
de compléter leurs cycles de production ainsi que d’élever leurs porcelets avec le
plus de facilité possible. L’alimentation est un des éléments clés dans la gestion des
animaux. En améliorant la précision avec laquelle une truie est alimentée, qui varie
en fonction de ses besoins ou encore de son état physiologique, les producteurs
obtiendront des performances de reproduction plus élevées et des résultats de
troupeau plus intéressants. La présente étude visait donc à identifier les facteurs
associés à cette consommation alimentaire lors de différentes périodes, en plus de
prédire les impacts de celle-ci sur les performances des porcelets. L’expérience a
été réalisée dans une ferme commerciale représentative des maternités porcines du
Québec. Les résultats de l’étude ont permis de souligner l’importance de la gestion
alimentaire pré et post mise-bas afin d’atteindre un état de chair optimal pour les
truies, en plus de mieux comprendre l’impact de la portée sur la production laitière
et les besoins nutritionnels de la truie. L’étude a aussi permis de souligner que
certains marqueurs sanguins de la truie pourraient être utilisables comme des
indicateurs afin de prédire la consommation de la truie allaitante et les performances
de croissance des porcelets.

                                          ii
TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ DU MÉMOIRE ...................................................................................... II
TABLE DES MATIÈRES ..................................................................................... III
LISTE DES TABLEAUX ....................................................................................... V
LISTE DES FIGURES ......................................................................................... VI
DÉDICACE ......................................................................................................... VII
REMERCIEMENTS ........................................................................................... VIII
INTRODUCTION .................................................................................................. 1
CHAPITRE 1: REVUE DES TRAVAUX ANTÉRIEURS ....................................... 4
 1.1. LES BESOINS NUTRITIONNELS SELON LE STADE PHYSIOLOGIQUE DE LA TRUIE ........ 4
   1.1.1. Les besoins énergétiques de la truie gestante .................................. 4
   1.1.2. Les besoins énergétiques pour la production laitière ....................... 6
 1.2. IMPACT DE L’APPORT EN ALIMENT EN LACTATION SUR LES PERFORMANCES DE LA
 TRUIE ET DE SA PORTÉE ........................................................................................... 8
   1.2.1. Impact sur les performances reproductrices de la truie ................... 8
   1.2.2. Impact sur la portée .............................................................................. 9
   1.2.3. Autres facteurs agissant sur la croissance des porcelets .............. 11
 1.3. FACTEUR AFFECTANT L’INGESTION SPONTANÉE D’ALIMENT EN LACTATION ........... 12
   1.3.1. Les impacts de la température ambiante .......................................... 13
   1.3.2. Les facteurs liés à l’animal ................................................................. 14
        1.3.2.1. Statut métabolique ou nutritionnel de la truie à la mise bas ...................... 14
        1.3.2.2. Le stade de lactation et taille de portée ..................................................... 16
        1.3.2.3. Le rang de portée de la truie...................................................................... 17
        1.3.2.4. La génétique .............................................................................................. 19
     1.3.3. Les facteurs liés à l’aliment................................................................ 19
        1.3.3.1. La teneur en énergie des aliments ............................................................ 22
        1.3.3.2. La teneur en protéines et en acides aminés .............................................. 23
 1.4. STATUT MÉTABOLIQUE DE LA TRUIE ET PRÉDICTION DE LA CONSOMMATION
 ALIMENTAIRE DE LA TRUIE ALLAITANTE ..................................................................... 25
   1.4.1. Statut métabolique de la truie allaitante ....................................... 25
        2.4.1.1. Marqueur du métabolisme et consommation de la truie ............................ 26
 1.5. OBJECTIFS DU PROJET DE RECHERCHE ............................................................ 27
CHAPITRE 2: MATÉRIEL ET MÉTHODES ....................................................... 29
 2.1 ANIMAUX ET PRISE DES DONNÉES ..................................................................... 29
 2.2    ANALYSES DE LABORATOIRE ........................................................................ 32
 2.3 ANALYSES STATISTIQUES ................................................................................. 33
CHAPITRE 3: RÉSULTATS ET DISCUSSION .................................................. 35
 RÉSULTATS ....................................................................................................... 35
 3.1 DONNÉES ASSOCIÉES AUX TRUIES .................................................................... 35

                                                             iii
3.2 DONNÉES ASSOCIÉES AUX PORCELETS .............................................................. 37
 3.3 MODÈLES ASSOCIÉS À LA PRISE ALIMENTAIRE DE LA TRUIE EN LACTATION EN LIEN
 AVEC LES PARAMÈTRES DE LA TRUIE ET SA PORTÉE .................................................. 38
 3.4 MODÈLES ASSOCIÉS À LA PORTÉE ..................................................................... 41
 3.5 MODÈLES ASSOCIÉS AUX PORCELETS................................................................ 44
 DISCUSSION ...................................................................................................... 50
 3.6 FACTEURS AFFECTANT LA CONSOMMATION TOTALE DE LA TRUIE.......................... 50
 3.7 FACTEURS AFFECTANT LA CROISSANCE DE LA PORTÉE ET DES PORCELETS .......... 53
CONCLUSION .................................................................................................... 58
LISTE DES OUVRAGES CITÉS ........................................................................ 61

                                                        iv
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 Courbe cible de consommation alimentaire quotidienne .................... 31
Tableau 2 Description des variables relatives aux truies suivies en maternité et à
           leur productivité1 .............................................................................. 35
Tableau 3 Description des variables sanguines relatives aux truies mesurées au
           jour 112 de la gestation ainsi qu’au jour 3 de lactation .................... 37
Tableau 4 Description des variables relatives aux porcelets et à leurs
           performances de croissance pendant la lactation ............................ 37
Tableau 5 Données statistiques des variables affectant la consommation
           alimentaire (kg) des truies des jours 1 à 7 de la lactation ................ 39
Tableau 6 Données statistiques des variables affectant la consommation
           alimentaire totale (kg) des truies en lactation ................................... 40
Tableau 7 Données statistiques des variables affectant la consommation
           alimentaire totale (kg) des truies en lactation ................................... 41
Tableau 8 Données statistiques des variables associées à la truie ou à la portée
           affectant le gain de la portée (kg) de 0 à 24 heures ......................... 42
Tableau 9 Données statistiques des variables associées à la truie et à sa portée
           affectant la production de colostrum de la truie ................................ 43
Tableau 10 Données statistiques des variables associées à la truie et à sa portée
           affectant la croissance de la portée de 24 heures au sevrage ......... 45
Tableau 11 Données statistiques des variables associées à la truie et au porcelet
           affectant le gain 0 à 24 heures (kg) des porcelets ........................... 46
Tableau 12 Données statistiques des variables associées à la truie et au porcelet
           (kg) affectant le poids des porcelets au sevrage .............................. 48

                                                        v
LISTE DES FIGURES

Figure 1 Consommation totale d’aliment en lactation selon la consommation
          d’aliment des jours 1 à 6 et le poids corporel estimé de la truie à la mise-
          bas ...................................................................................................... 17
Figure 2 Relation entre la concentration sanguine en acides gras non estérifiés de
          la truie au jour 112 de la gestation et la croissance de la sa portée de 0
          à 24 h d’âge ........................................................................................ 43

                                                          vi
DÉDICACE

À grand-maman Janine
et son amour des animaux.

                               vii
REMERCIEMENTS

Avant toute chose, je tiens à remercier mon directeur de recherche, M. Frédéric
Guay, pour sa présence, son soutien ainsi que sa patience lors de mon parcours
aux cycles supérieurs. Sans son aide, je n’aurais pas découvert le monde de la
recherche de cette façon. Merci de m’avoir donné cette chance et de m’avoir
soutenue jusqu’à la fin.

Un merci spécial à M. Dany Cinq-Mars, directeur de programme de 2 et 3e cycle, qui
a été présent et disponible lors de mon parcours universitaire, surtout dans les
moments moins évidents. Merci de ton écoute et tes conseils et merci de m’avoir
offert l’opportunité de travailler à tes côtés et ceux de Mme Marie-Ève Brassard en
tant qu’auxiliaire d’enseignement.

Merci au personnel de laboratoire de la Faculté des sciences de l’agriculture et de
l’alimentation de l’Université Laval ainsi qu’à nos techniciennes animalières, Annick
et Annie. Votre aide a été plus que précieuse, particulièrement en ferme.

Merci aux autres étudiants et étudiantes qui ont prêté main forte sur le terrain dans
le cadre de mon projet. Je pense entre autres à Mylène, Élisabeth, Aimie, Lucie et
Piterson. Sans l’entraide que nous avons connue, nos projets n’auraient pas avancé
de la même façon.

Finalement, le plus gros des mercis à mes parents. Sans votre amour, votre appui
et vos encouragements, je ne serais pas là où j’en suis aujourd’hui. Je vous aime,
je ne vous le dirai jamais assez.

                                         viii
INTRODUCTION

       En 2021, la production s’élève à environ 7 millions de porcs produits par 1 700
entreprises spécialisées en production porcine, avec un nombre total de 300 000
truies pour une moyenne de 475 truies par ferme porcine québécoise (Les Éleveurs
de porcs du Québec, 2021). Selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de
l’Alimentation (MAPAQ), la filière porcine au Québec représente le second secteur
agroalimentaire en importance, derrière la production laitière, et la production
québécoise de porcs comble de 25 à 35 % de la consommation canadienne
(MAPAQ, 2019). Le Québec est aussi l’exportateur canadien de viande de porc le
plus important, avec 42 % des exportations canadiennes en 2017, contribution
évaluée à 1,64 milliard de dollars de valeur d’exportations (MAPAQ, 2019).

En pratique, la production porcine est sous-divisée en différents types d’élevages
soit la maternité, la pouponnière et l’engraissement. Dans une maternité, l’efficacité
des truies en termes de performances de reproduction permet d’assurer la rentabilité
de l’entreprise. Avec l’amélioration génétique, les lignées hyperprolifiques
possèdent maintenant un potentiel de production important, jusqu’à 30 porcelets
sevrés par truie par an, pour certaines lignées (Bonneau, 2018), ce qui assure un
bon potentiel de rentabilité des élevages. Toutefois, des facteurs environnementaux
jouent un rôle important sur la pleine expression du potentiel génétique des truies et
donc sur leurs performances reproductrices. L’un de ces facteurs clés est la gestion
de l’alimentation. En effet, l’alimentation, surtout celle de la truie allaitante, voit son
importance augmenter chez les femelles utilisées en production moderne par
rapport à son rôle évident sur les performances de production laitière et de
croissance des portées (Étienne et al., 2000).

En fait, au-delà du simple nombre de porcelets nés par portée, les performances en
maternité porcine dépendent finalement de la croissance globale de la portée. Donc
le nombre et le poids des porcelets au sevrage sont les paramètres d’élevage qu’il

                                            1
faudrait considérer pour assurer la rentabilité des maternités. Puisque ce n’est qu’à
partir du troisième cycle de production que les truies sont considérées comme
rentables d’un point de vue technico-économique (Plourde, 2007), les acteurs du
milieu se doivent de cerner les éléments qui optimiseraient non seulement les
performances des truies à la mise-bas, mais considérer les performances des
portées au sevrage. Ainsi, certains facteurs importants tels que le poids à la
naissance, ainsi que la qualité et la viabilité des porcelets sont maintenant des
aspects à considérer dans l’évaluation des qualités maternelles des truies (Kim et
al., 2013). De plus, les portées étant plus importantes, il est intéressant d’améliorer
l’uniformité du poids des porcelets au sein de la portée afin de faciliter la gestion du
sevrage et optimiser les retombées économiques (Canario et al., 2010).

Si l’alimentation de la truie qui allaite est importante pour maximiser ses
performances et celles de la portée, l’optimisation de la consommation d’aliments
par la truie est probablement le facteur le plus important à considérer pour maximiser
l’apport en nutriments et donc les éléments nécessaires à la production laitière et
ainsi à la croissance de la portée (Quiniou et al., 2005). Cette consommation
d’aliments dépend de plusieurs facteurs, agissant en synergie, associés à la truie, à
sa portée et à son environnement (Lemay et Guay, 2017). Il est donc pertinent de
s’intéresser à cibler et à quantifier les facteurs associés à la consommation de la
truie afin de mieux prédire l’apport alimentaire en fonction de son stade
physiologique et ainsi obtenir de cette dernière des performances de reproduction
maximales.

Ce mémoire de maîtrise traitera donc des facteurs pouvant affecter la consommation
alimentaire de la truie allaitante et les performances de croissance de sa portée.
Dans un premier temps, une revue de la littérature contenant une synthèse des
principaux résultats et concepts associés à la consommation alimentaire de la truie
allaitante sera présentée. Suivra la description d’une expérience dont le but était de
récolter des données sur les performances de portées et les paramètres de
consommation d’aliment de truies allaitantes maintenues en élevage commercial.

                                           2
Une présentation détaillée des résultats de cette expérience suivra et inclura
différentes analyses et modèles multivariés qui démontrant l’impact des facteurs
associés à la truie et à sa portée sur sa consommation alimentaire et les
performances des porcelets allaités. Ces résultats seront discutés par la suite et une
conclusion générale viendra compléter le mémoire.

                                          3
CHAPITRE 1: REVUE DES TRAVAUX ANTÉRIEURS

1.1. Les besoins nutritionnels selon le stade physiologique de la
truie

       L’alimentation en production porcine, particulièrement chez les truies, a
beaucoup évoluée au fil des années et l’augmentation de la productivité des
animaux ou encore les différences entre lignées génétiques modulent les besoins
en éléments nutritionnels (Noblet et al., 2016). Pour assurer une bonne continuité
des performances reproductrices d’une truie, il est donc important d’ajuster
régulièrement les aliments selon l’état des animaux. Cet ajustement permettra
également d’optimiser les performances de leur portée (Micout et al., 2014). L’état
physiologique de la truie influencera l’apport alimentaire requis et ainsi, la sélection
de différentes stratégies d’alimentation envisageables afin de satisfaire ses besoins
sans compromettre ses performances. Par exemple, les conséquences d’une sous-
alimentation auront des impacts différents selon qu’il s’agisse de truies nullipares
(femelles n’ayant pas encore eu de portée) ou de truies multipares, entre autres sur
le retour en œstrus (Bergsma et al., 2009). En plus, la période pendant laquelle les
changements alimentaires surviennent est d’importance considérant la période de
développement de la glande mammaire, le pic de production laitière ou la transition
après le sevrage (Kim et al., 2013).

1.1.1. Les besoins énergétiques de la truie gestante

       Les besoins nutritionnels de la truie seront modifiés selon les changements
métaboliques qui surviennent lors de la gestation afin de subvenir à la demande
énergétique et en nutriments de ce processus. De façon globale, la quantité et la
concentration énergétique de l’aliment donné aux truies gestantes dépendent de
leurs besoins en énergie. Pour des conditions neutres en matière de température et
d’activité physique, il a été calculé que les besoins énergétiques pour l’entretien
varient de 420 à 440 kJ d’EM (énergie métabolisable) /kg PV0,75 (poids vif) (Dourmad

                                           4
et al., 2005), ce qui se rapproche de la valeur proposée par Noblet et al. (1990) pour
les truies primipares et multipares.

En considérant le gain maternel et la croissance des fœtus, il est possible de diviser
la gestation en trois périodes demandant différents niveaux d’énergie et de
nutriments : en début de gestation (jours 1 à 28), en milieu de gestation (jours 29 à
84) et en fin de gestation (jours 85 à 115). C’est pendant le premier mois de gestation
que la truie peut reprendre la masse qu’elle a majoritairement perdue lors de la
lactation précédente. Des recherches montrent que la rétention azotée et la prise de
masse sont plus importantes à deux moments dans la gestation : un mois après la
saillie et lors de la deuxième moitié de la gestation (Etienne et al., 1991). Lors du
premier mois, les protéines et l’énergie s’accumulent dans les tissus maternels de
la truie et lui permettent d’accroître sa masse et d’améliorer son état de chair, évalué
par le poids et le gras dorsal (réserve lipidique) de la truie (Dourmad et al., 2018),
alors que la rétention est ciblée pour la croissance fœtale lors du dernier tiers de la
gestation. Il peut donc être intéressant d’augmenter l’apport d’aliments en début de
gestation pour les truies qui semblent nécessiter une amélioration de leur état de
chair afin de compenser une perte de masse corporelle en lactation (NRC, 2012).

L’aliment donné en milieu de gestation couvre les besoins énergétiques et
protéiques (acides aminés) qui augmentent quelque peu et permet le maintien du
poids gagné lors du premier mois de gestation. Pendant cette période de la gestation
les besoins de la truie peuvent être couverts par un apport journalier de 2,7 kg plus
ou moins d’un aliment de 8,9 à 9,6 MJ d’EN (énergie nette) /kg (Drogoul et al., 2004).
C’est en fin de gestation, lors des derniers 30 jours, que la croissance fœtale et la
formation des tissus mammaires sont importantes. En raison de cette croissance
importante des fœtus, il faut éviter les carences nutritionnelles et couvrir les besoins
énergétiques et en nutriments de la truie afin d’optimiser la croissance fœtale et les
performances de la portée et s’assurer que la truie ne puise pas dans ses réserves
avant la mise bas (Leuillet et al., 1979). Une augmentation de 780 g/j d’aliments à
une concentration de 12,7 MJ d’EM (énergie métabolisable) /kg d’aliments des truies

                                           5
pendant cette période mène à une plus grande facilité de mettre bas et à un meilleur
taux de survie des porcelets à la mise bas (Quiniou, 2005). En fait, un apport
suffisant en nutriments couvrant les besoins de la truie devrait être favoriser jusqu’à
la mise bas afin d’assurer la croissance des fœtus et la production de colostrum
(Tokach et al., 2019). L’apport en aliments en fin de gestation devrait toutefois ne
pas surengraisser la truie. Effectivement, les truies plus grasses (>17 mm de gras)
avant la mise bas auront des problèmes plus fréquents de dystocie et donc une
durée de mise bas plus longue (Oliviero et al., 2010).

1.1.2. Les besoins énergétiques pour la production laitière

       Bien qu’il soit important de combler les besoins nutritionnels de la truie en
gestation, ceux-ci sont généralement faibles comparativement à ceux en lactation.
En fait, le processus de production laitière chez la truie demande un apport important
en énergie et en nutriments qui représente environ trois fois les besoins moyens
d’une truie en gestation (Dourmad et al., 2008). Malgré l’importance de ces besoins,
une alimentation réduite en énergie a des effets limités sur la production laitière, la
truie puisera dans ses réserves corporelles pour maintenir sa production laitière
(Etienne et al., 2000). Toutefois, cette prise alimentaire réduite n’est pas souhaitable
en période de lactation pour assurer de bonnes performances reproductrices à long
terme (Anil et al., 2006).

Parmi les facteurs agissant sur la production laitière de la truie et donc sur les
besoins énergétiques et en nutriments, la croissance rapide des porcelets allaités
par portée mène à une augmentation significative de la production laitière et donc
des besoins nutritionnels associés (Étienne et al., 2000). Les besoins énergétiques
des truies allaitantes pour la production laitière peuvent donc être exprimés
indirectement par la taille de portée, en fonction du gain de celle-ci. Noblet et al.,
(1989) ont estimé le besoin en énergie selon l’équation suivante :

                                           6
Production laitière (g/jour) = 2,50 × gain poids de la portée (g/jour) +80,2 ×
                                       poids de portée après standardisation initiale
                                       (kg) + 7,0
      Énergie du lait (kcal/jour) = 2,54 × gain poids de la portée (g/jour) + 78,7 ×
                                       poids de portée après standardisation initiale
                                       (kg) + 153

Il a été également estimé que l’efficacité de la truie à utiliser l’EM ingérée pour la
production de lait s’élèverait à 70 % (Eissen et al., 2000). Ainsi pour une truie avec
un gain de portée de 2 500 g/jour avec un poids initial de 18 kg, la quantité d’énergie
excrétée peut être estimée à 7 919 kcal ou 33,1 MJ par jour pour un besoin en EM
de 47 MJ par jour. Il faut additionner à ces besoins énergétiques ceux pour
l’entretien. Ce besoin pour la production laitière peut représenter environ 75 % des
besoins énergétiques de la truie allaitante (NRC, 2012).

Comme la croissance de la portée est le principal facteur contrôlant la production
laitière, cette production augmente pendant la première semaine et la deuxième et
c’est lors de la troisième semaine de lactation que la production lactée semble être
à son maximum (Klaver, 1981; Noblet, 1986). En parallèle avec la production laitière,
la prise de poids des porcelets de la portée augmente de façon importante vers la
seconde moitié de la lactation (Koketsu et al., 1997). En plus des besoins associés
à la production laitière, les besoins énergétiques associés à l’entretien en lactation
peuvent être évalués à 460 kJ EM/kg PV0,75 (NRC, 2012), mais sont moins variables
que ceux en gestation (Dourmad et al., 2005). Cette moindre variabilité peut être
expliquée par le fait que les dépenses énergétiques liées à l’activité physique de la
truie sont réduites en lactation (NRC, 2012). Kim et al. (2009) ont évalué qu’un
apport alimentaire en énergie de 70,7 MJ (ou 16,9 Mcal) d’EM par jour était
nécessaire pour bien subvenir à la demande énergétique d’une lactation moyenne
de trois semaines, ce qui se rapproche de la valeur de 69,0 MJ (ou 16,5 Mcal) d’EM
par jour obtenue dans une recherche antérieure (Koketsu et al., 1996b).

                                          7
Contrairement aux besoins nutritionnels en gestation, les besoins en lactation
surpassent souvent l’apport nutritionnel provenant des aliments et la truie doit alors
obtenir cet apport manquant autrement (NRC, 2012). La truie perdra donc du poids,
en mobilisant ses réserves corporelles lipidiques et protéiques. Une partie de
l’énergie et des nutriments exportés dans le lait proviendra donc des réserves
corporelles de la truie. Dans ce cas il faut considérer cet apport de nutriments et un
facteur d’efficacité d’utilisation de l’énergie provenant des réserves corporelles pour
la production laitière. Dourmad et al. (2005) ont proposé que si la truie puise dans
ses réserves lipidiques pour la production de lait, l’efficacité d’utilisation de l’énergie
corporelle exportée vers le lait est alors de 88 %.

1.2. Impact de l’apport en aliment en lactation sur les
performances de la truie et de sa portée

1.2.1. Impact sur les performances reproductrices de la truie

       Les truies en lactation doivent donc consommer beaucoup d’aliments afin de
couvrir au maximum leurs besoins, et ce, pour toute la période de production laitière.
Toutefois, une perte de 10 à 25 kg de masse corporelle chez la truie est
généralement observée, en raison de sa capacité d’ingestion limitée et des besoins
élevés en lactation qui ne sont pas comblés par la prise alimentaire (Drogoul et al.,
2004). Selon ces auteurs, l’aliment en lactation devrait présenter une teneur en
énergie de 9,2 à 10,0 MJ d’EN/kg d’aliments (ou 12 à 13 MJ d’EM/kg) pour combler
les besoins. Si la perte de poids est limitée (environ 10 % du poids corporel de la
truie), les conséquences sur le gain de portée et les performances reproductrices à
long terme de la truie seront limitées. Comme l’ont montré Le Cozler et al. (2004),
moins la truie primipare puise dans ses réserves au premier sevrage, meilleures
seront ses performances reproductives à long terme. Toutefois, il est commun
d’observer des pertes de poids, ou de masse lipidique, plus importantes chez la truie
allaitante avec des conséquences sur les performances de sa portée (poids et
croissance des porcelets) ou encore sur ses performances reproductives à vie
(Dourmad et al., 1998; Hamard et al., 2014).

                                            8
Dourmad et al. (2005) suggèrent un apport de 6,25 kg d’aliment par jour afin
d’assurer de bonnes performances zootechniques lors de la lactation. Cette dernière
mesure tient en compte des besoins moyens en énergie et en acides aminés, mais
aussi considérant des performances de reproduction d’élevage de 27 porcelets par
truie par année. Après l’apport en énergie, Dourmad et al. (2000) ont montré, par
analyse de prélèvements sanguins, que l’apport en acides aminés jouait un rôle de
premier plan dans la production laitière. Pour la truie allaitante, le profil d’une
protéine idéale contiendrait de la méthionine digestible à un taux de 30 % de l’apport
en lysine digestible, de la méthionine+cystine digestible à 60 %, de la thréonine
digestible à 65 % et du tryptophane digestible à 19 % (Quiniou et al., 2005), ce qui
est en accord avec les résultats obtenus par Dourmad et al. (1991) en termes
d’acides aminés requis chez la truie en lactation. Une étude de Quiniou et Quesnel
(2009) montre toutefois qu’il faut prioriser la réduction du déficit énergétique pendant
la lactation plutôt que la réduction du déficit en acides aminés au début de lactation
afin de limiter au maximum la mobilisation des protéines corporelles de la truie, la
mobilisation des réserves étant prioritairement gouvernée par les besoins
énergétiques. Une réduction du catabolisme protéique par l’ajout d’acides aminés
tendrait toutefois à améliorer les performances de reproduction subséquentes
(Tokach et al., 2019). Il reste toutefois important de limiter le déficit nutritionnel
(énergie et acides aminés) lors de chaque lactation puisque cela limite les risques
d’allongement de l’intervalle sevrage-œstrus après le sevrage des porcelets et les
performances à long terme de la truie (Clowes et al., 2003; Quesnel, 2005).

1.2.2. Impact sur la portée

       L’état nutritionnel de la truie au moment de la mise bas aura un impact sur le
processus de la mise bas et sur les performances de la portée en lactation. Par
exemple, une truie trop grasse en fin de gestation a davantage de risques de mettre
bas moins de porcelets vivants ainsi qu’une portée de faible poids (Cheng et al.,
2019), mais une truie trop maigre puisera excessivement dans ses réserves et verra

                                           9
les performances de sa portée diminuées (Quiniou et Quesnel, 2009). Une stratégie
alimentaire en fin de gestation peut donc être utilisée conjointement à celle en
lactation pour optimiser les performances autant de la truie que des porcelets.
Comme proposé par Mallmann et al. (2019), une augmentation de la consommation
à partir du jour 90 de gestation jusqu’au sevrage augmente le poids de la truie et le
nombre de porcelets vivants, mais la croissance de la portée et les cycles de
reproduction subséquents ne seraient pas affectés.

Les périodes critiques en termes de gain moyen quotidien et de retard de croissance
des porcelets sont la période de lactation lorsque ceux-ci sont sous la mère (Lopez-
Vergé et al., 2018). Ces auteurs soulignent qu’il est important d’établir des stratégies
afin d’optimiser l’homogénéité des portées et du poids des porcelets. Lors de la
lactation, bien que la truie puisse puiser une partie de ses besoins énergétiques et
en nutriments dans ses réserves corporelles, une mobilisation importante des
réserves corporelles associée à une prise alimentaire réduite pendant la lactation
peut, comme mentionné dans la section précédente, compromettre les
performances de sa portée. Lorsque les besoins en énergie pour la production
laitière sont comblés par l’ingestion d’aliment, la truie n’a pas besoin de puiser dans
ses réserves corporelles et ne présente donc pas une perte de poids importante
pouvant porter atteinte aux performances de croissance des porcelets ou encore
aux gestations futures (Le Cozler et al., 2004). En ayant une consommation
d’énergie par l’alimentation plus importante, la truie produit globalement une plus
grande quantité de lait ce qui résulte en un poids de portée plus grand que 77 kg à
un sevrage à 21 jours ou encore 106 kg à 28 jours, bien que l’homogénéité au sein
de la portée ne soit pas significativement affectée (Quiniou et al., 2005).

Des truies qui consomment une quantité élevée d’aliments (max 11 kg/jour) pendant
la lactation voient la mortalité des porcelets légers (
porcelets plus lourds au sevrage, peu importe leur poids, à la naissance, ce qui est
en accord avec Kruse et al. (2011) qui notent qu’une augmentation de la prise
alimentaire en lactation tend à augmenter le poids au sevrage des porcelets. De
plus, il est noté dans cette étude que le poids à la naissance affecterait plutôt les
performances en post-sevrage. En accord avec ces résultats, Sulabo et al. (2010)
montrent qu’une prise alimentaire réduite en lactation affecte négativement les
performances de portées comparativement à une stratégie alimentaire ad libitum.
En effet, les portées des truies nourries à volonté ont présenté un meilleur poids total
(46,7 vs. 43,0 kg) et un meilleur gain journalier (2,56 vs. 2,36 kg).

1.2.3. Autres facteurs agissant sur la croissance des porcelets

       D’autres facteurs autres que la prise alimentaire de la truie sont connus pour
influencer la croissance et les performances des porcelets. Tout d’abord, le poids du
porcelet à la naissance est un aspect qui affectera le reste de sa croissance : un
porcelet dit léger (0,80 à 1,10 kg) verra son gain de poids moyen quotidien réduit
(Milligan et al., 2002; Wolter et al., 2002; Gondret et al., 2005) en plus d’atteindre un
poids d’abattage d’environ 102 kg près de 12 jours plus tard comparativement aux
porcelets lourds (1,75 à 2,05 kg à la naissance). Ces résultats vont dans la même
direction que ceux de Beaulieu et al. (2010), qui note que les porcelets légers à la
naissance auront un poids au sevrage plus faible en plus de présenter de moins
bonnes performances de croissance 5 et 7 semaines après le sevrage. Plus les
porcelets sont lourds à la naissance, meilleures sont leurs chances de survie et plus
grand sera leur gain moyen quotidien pendant la lactation, au sevrage, en post-
sevrage ainsi qu’en croissance-finition (Quiniou et al., 2002; Bérard et al., 2008).

Ensuite, le nombre de porcelets par portée, augmentant avec l’amélioration
génétique comme mentionné précédemment, est un élément affectant le poids des
porcelets. Effectivement, plus la portée est grande, plus la moyenne de poids des
porcelets est réduite (Beaulieu et al., 2010). Ce phénomène est expliqué par la
croissance intra-utérine restreinte et les traits qui lui sont associés, comme des

                                           11
lésions cérébrales ou encore de l’hyperplasie des fibres musculaires (Pardo et al.,
2013), réduisant ainsi le taux croissance des porcelets sur la totalité de leur vie, de
la naissance à l’abattage (Smit et al., 2013). Le poids de la portée est aussi un
élément pouvant affecter les porcelets au sein de la même portée et la variation de
poids entre les porcelets de la même portée peut mener à une augmentation des
morts dans les premiers jours de vie (Milligan et al., 2002). Une façon d’éviter cela
en production et réduire le nombre de porcelets faibles est de procéder à des
adoptions, c’est-à-dire de grouper les porcelets plus légers d’une portée sous une
truie ayant des petits avec des poids similaires, limitant ainsi la compétition pour les
mamelles (Milligan et al., 2001). Ainsi, leurs chances de survie sont améliorées et
même les porcelets légers à la naissance peuvent atteindre le poids de sevrage.

Par la suite, le poids des porcelets après la naissance et dans les premières 24
heures est étroitement relié à la consommation de colostrum. Comment mentionnée
précédemment, le colostrum est le premier lait produit et donné aux porcelets par la
truie. Le statut métabolique de la truie influencerait la production et la qualité du
colostrum (Loisel et al., 2014). Les porcelets qui n’arrivent pas, pour diverses
raisons, à ingérer assez de colostrum dans les premiers 24 heures ont plus de
chance de décéder dans les premiers jours (Quesnel et al., 2012). L’ingestion
réduite de colostrum peut être causée par un ralentissement des fonctions motrices
du porcelet ou encore une difficulté respiratoire (Devillers et al., 2007). Selon
Quesnel et al. (2012), un minimum de 200 à 250 g de colostrum devrait être ingéré
au cours de la première journée de vie afin de réduire de façon significative les
risques de mortalité par l’apport énergétique et l’immunité passive du colostrum.

1.3. Facteur affectant l’ingestion spontanée d’aliment en lactation

       Comme on l’a vu dans la section précédente, la prise alimentaire de la truie
en lactation est primordiale pour assurer de bonnes performances en lactation
(croissance de la portée) et pour maintenir des performances reproductrices à long
terme (Koketsu et al., 1996a; Koketsu et al., 1996b; Koketsu et al., 1996c; Eissen et

                                          12
al., 2003; Craig et al. 2017). Cette prise alimentaire de la truie dépend de multiples
facteurs, qu’ils soient reliés à l’animal, à son environnement ou encore à l’aliment
distribué (Étienne et al., 2000). Il est donc important de porter une attention aux
détails de la gestion à la ferme qui sont directement reliés à la truie, mais aussi aux
aspects qui entourent l’animal. Ainsi, deux individus au même stade physiologique
n’auront pas la même prise alimentaire selon qu’il s’agisse, par exemple, d’une
moulée riche ou pauvre en énergie ou encore dans des conditions de températures
optimales ou non.

1.3.1. Les impacts de la température ambiante

      La température ambiante est un aspect de l’environnement observé de façon
journalière et ajusté au besoin afin d’offrir des conditions optimales aux animaux.
Sur une période de 21 jours de lactation, une hausse des températures allant de 18
à 29°C peuvent diminuer la prise alimentaire de 5,67 kg jusqu’à 3,08 kg par jour par
truie (Quiniou et Noblet, 1999) ou encore réduire l’ingestion d’aliment jusqu’à 40 %
(Black et al., 1993). Ces auteurs proposent une équation permettant d’évaluer
l’ingestion d’aliments selon la température ambiante :

       VFI (Voluntary Feed Intake) = −49,052 + 1,213 T − 31.5 T2 + 330 BW − .61
                                            BW2
où T est la température ambiante et BW le poids corporel de la truie.

La croissance des porcelets peut même être affectée au-delà d’une température
ambiante au niveau de la truie de 25°C (une diminution de 212 g/jour par portée à
27°C et 189 g/jour à 29°C), ce qui fait donc de cette température, selon ces auteurs,
la température critique pour les truies en lactation. De plus, des études montrent
qu’une augmentation de la température (jusqu’à 28°C) tendrait à affecter
directement la production de lait (diminution de 25 %) en redirigeant le flux sanguin
vers la peau plutôt que vers les différents organes, dont la glande mammaire (Black
et al., 1993). Le retour en œstrus peut aussi être affecté par une augmentation de la

                                          13
température ambiante. Ce changement de température induirait des variations
hormonales chez la truie (hormones thyroïdiennes ou encore cortisol) et pourrait
retarder le retour en œstrus des animaux (Prunier et al., 1997; Messias de Braganca
et al., 1998). Des auteurs suggèrent qu’une réduction de la protéine brute (à 13,7 %)
et un ajout de lysine (0,76 %) dans l’alimentation pourrait améliorer légèrement la
prise de poids de la portée lorsqu’une truie subit un stress thermique, réduisant ainsi
indirectement les impacts négatifs, comme la réduction de la production de lait
(Renaudeau et al., 2001) et l’augmentation de température sur la truie et sa portée
(NCR-89 Committee on Swine Management, 1999).

1.3.2. Les facteurs liés à l’animal

      1.3.2.1. Statut métabolique ou nutritionnel de la truie à la mise bas

      La consommation d’aliments de la truie en lactation dépend directement de
l’état physiologique et de son statut nutritionnel au moment de la mise bas. En fait,
la quantité d’aliments ingérée en lactation dépendra de la quantité ingérée en
gestation dans l’optique où une truie plus grasse (Dourmad, 1991) ou suralimentée
(Mahan, 1998) aura une consommation d’aliments réduite lors de la lactation. La
consommation volontaire d’aliments en lactation peut aussi être affectée par la
concentration en nutriments des aliments offerts (Eissen et al., 2000) et affecter à la
baisse la prise alimentaire de truies qui ont été nourries avec un aliment de gestation
présentant une plus haute teneur énergétique (Quiniou, 2005). Une augmentation
de consommation (+30 %) dans le premier mois de gestation pourrait aider la truie
à reprendre son poids corporel en post-sevrage (Hoving et al., 2011). Mallmann et
al. (2019) rappellent toutefois que l’augmentation d’ingestion d’aliments en fin de
gestation au-delà des besoins s’accompagne d’une diminution de consommation
d’aliments pendant la lactation.

Il est important et intéressant de modifier l’apport nutritionnel en gestation en
fonction du gras dorsal, qui indique l’état d’engraissement ou d’amaigrissement, de

                                          14
la truie pour s’assurer de bonnes performances de reproduction et une prise
alimentaire maximale en lactation. Dourmad et al. (2001) suggèrent que la mesure
optimale pour des truies Large White croisées Landrace serait de 16 à 19 mm au
sevrage et de 19 à 22 mm à la mise bas. Ces valeurs varient toutefois selon la
génétique des truies. L’optimisation des valeurs de gras dorsal favoriserait donc la
consommation en lactation. L’’alimentation donnée en gestation ne sert qu’à corriger
et optimiser les réserves corporelles de la truie pour la portée suivante alors que
l’alimentation à volonté en lactation palie à l’utilisation des réserves lipidiques
(diminution du gras dorsal). Il est important de débuter ce genre de stratégie tôt dans
la vie productive de l’animal. Effectivement, quand les réserves sont importantes lors
du premier sevrage d’une truie, le nombre de porcelets sevrés tend à augmenter et
la truie a plus de chances d’avoir une longue carrière de truie reproductrice (Le
Cozler et al., 2004). Une corrélation positive a été établie entre le gras dorsal au jour
109 de gestation et le poids individuel des porcelets et de la portée à la naissance
ainsi qu’au sevrage chez des truies de troisième parité et plus (Zhou et al., 2018).

Une étude comparative menée en 2004 a montré que la consommation en lactation
était significativement diminuée chez les truies grasses (plus de 21 mm de gras
dorsal à la mise-bas) comparativement à celles moins grasses (moins de 21 mm de
gras dorsal à la mise-bas) (Young et al., 2004). Ces auteurs ont souligné le potentiel
de la stratégie d’alimentation basée sur le gras dorsal et le poids de la truie afin
d’atteindre une épaisseur de gras dorsal optimale à la mise-bas par la voie d’une
alimentation de précision en gestation. Il est intéressant de noter que les truies qui
présentaient une très faible épaisseur de gras dorsal en fin de gestation ont eu de
la difficulté à atteindre une épaisseur de gras dorsal optimale pour la mise bas
(Young et al., 2005). En effet, le gras dorsal aurait un effet sur les performances de
portée : les truies grasses à l’insémination (19 mm de gras dorsal) mettent bas des
porcelets plus gras et plus lourds à 158 jours d’âge que les truies plus maigres à 12
mm de gras dorsal (Amdi et al., 2014).

                                           15
1.3.2.2. Le stade de lactation et taille de portée

      C’est au cours de la première semaine de lactation que l’ingestion spontanée
de la truie varie de façon la plus importante, pour finalement atteindre un plateau
jusqu’à la fin du premier mois de lactation (Dourmad et al., 1988). L’ingestion
spontanée serait donc en progression en début de lactation et serait corrélée à la
production de lait, pour atteindre un maximum lors de la troisième semaine de
lactation (Dourmad et al., 1988; Eissen et al., 2000). Cette augmentation de
consommation alimentaire est toutefois graduelle puisque les truies passent d’une
alimentation rationnée en gestation à une alimentation non seulement riche en
énergie, mais aussi à une alimentation donnée à volonté.

Koketsu et al. (1996b) ont caractérisé les différents types de profils de
consommation possibles au sein d’un troupeau au nombre de six : 1) les truies qui
augmentaient rapidement leur consommation après la mise-bas (22,8 %), 2) celles
qui présentaient une diminution importante de consommation pendant la lactation
(32,9 %), 3) celles qui présentaient une diminution minime de consommation
pendant la lactation (27,8 %), 4) celles qui étaient de basses consommatrices tout
au long de la lactation (1,0 %), 5) celles qui consommaient peu lors de la première
semaine de lactation puis augmentaient leur prise alimentaire pour le reste de la
lactation (8 %) et 6) finalement celles qui augmentaient de façon graduelle leur prise
alimentaire en lactation (14,7 %). Selon cette équipe de recherche, une truie plus
jeune, plus grasse ou encore qui a une consommation élevée tôt dans la lactation a
plus de risques de se retrouver dans le deuxième ou troisième groupe, soit présenter
une diminution importante de consommation pendant la lactation ou présenter une
diminution minime de consommation pendant la lactation.

Eissen et al. (2003) ont noté qu’avec la hausse des tailles de portée, la demande
pour la production laitière est plus importante et donc, les besoins nutritionnels de
lactation sont plus importants. L’ingestion spontanée d’aliments par la truie n’a
toutefois pas suivi la même croissance et de ce fait, il est possible que les besoins

                                         16
ne soient pas comblés dès les premières semaines malgré une consommation
alimentaire graduellement plus importante (Sulabo et al., 2010). En effet, comme
Lemay et Guay (2017) l’ont montré, une augmentation de la consommation dans les
premiers jours lors de la lactation peut avoir un impact positif sur la consommation
globale (Figure 1) et cela particulièrement pour les truies de faibles poids, donc de
rangs de portée 1 ou 2.

Figure 1 Consommation totale d’aliment en lactation selon la consommation
d’aliment des jours 1 à 6 et le poids corporel estimé de la truie à la mise-bas
                                                               Tiré de Lemay et Guay, 2017

Ces travaux sont en accord avec ceux de Pedersen et al. (2016) qui montrent aussi
une réduction de la perte de masse corporelle en début de lactation en plus de limiter
les carences nutritionnelles sur la totalité de la lactation avec l’augmentation de la
prise alimentaire en début de lactation. Lorsque le poids de portée à 21 jours est
supérieur à la moyenne, les truies ingèrent de 12 à 14 % plus d’EM qui serait
nécessaire à la production additionnelle de lait pour les porcelets plus lourds
(Schinckel et al., 2010).

       1.3.2.3. Le rang de portée de la truie

       Lorsqu’elles reçoivent une alimentation égale en termes de niveau d’énergie,
les primipares tendent à gagner davantage de poids que les multipares, bien que ce
poids soit plus basé sur le gain de masse (protéines) plutôt que l’engraissement, vu

                                          17
l’efficacité de conversion alimentaire supérieure (Young et al., 2005). Les truies de
première parité doivent toutefois, selon cette même étude, ingérer plus d’aliments
en volume en gestation pour atteindre un niveau de gras dorsal semblable et donc,
atteindre un niveau de réserve suffisant à la lactation (Koketsu et al., 1996b; Lemay
et Guay, 2017). Effectivement, vue la consommation restreinte d’aliments par leur
petit format inférieur à celui des truies plus âgées, les truies primipares ont tendance
à avoir plus de difficulté à combler la demande énergétique et à augmenter leurs
réserves corporelles en vue de la lactation (Dourmad et al. 2005). Les premières
parités auraient aussi une consommation journalière moins importante en lactation,
ce qui mènerait à une diminution de la production laitière et une diminution de
porcelets vivants par portée lorsque comparées à des truies de deuxième à
quatrième parités. Cela peut s’expliquer par une plus grande mobilisation des
réserves lors de la lactation (Strathe et al., 2017).

À chaque parité, la consommation en gestation de la truie peut augmenter de 0,09
à 0,13 kg par jour selon le poids des truies et de façon générale, les truies qui
mangent plus en gestation consomment davantage dans la première semaine de
lactation. Les primipares consommeraient plus que les multipares pour la période
de lactation 0 à 21 jours lorsqu’elles reçoivent une teneur en protéines d’au moins
16 % en gestation (Mahan, 1998). Selon cette étude, les truies de première parité
auraient des besoins en gestation plus élevés en protéines que les multipares, mais
les truies âgées utiliseraient ces protéines de façon plus efficace. Pour les truies de
deuxième parité, une augmentation de la prise alimentaire ainsi que de la
consommation d’eau en lactation est notée, jusqu’à 6,1 kg par jour comparativement
à 5,7 kg par jour chez les primipares (Kruse et al., 2011). Toutefois, lorsque les truies
augmentent leur prise alimentaire journalière de 1 kg, il serait possible de réduire la
perte de poids des truies de parité 1 à 4. Effectivement, entre 6,6 et 13,9 kg de moins
seraient perdus pendant la lactation pour les truies de 1 à 4 de rang de portée
(Strathe et al., 2017).

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