LES MOTEURS DE LA CROISSANCE ET L'OUVERTURE COMMERCIALE EN COTE D'IVOIRE
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Cellule d’Analyse de Politiques Economiques du CIRES LES MOTEURS DE LA CROISSANCE ET L'OUVERTURE COMMERCIALE EN COTE D'IVOIRE SEPTEMBRE 2014 Cellule d’Analyse de Politiques Économiques du CIRES Financée par la Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique / African Capacity Building Foundation (ACBF) et par l'Etat de Côte d'Ivoire - CC N° 0227945C 08 BP 1295 Abidjan 08 - Tél. : (225) 22 44 41 24 - Fax : (225) 22 48 51 68 E-mail : capec@afnet.net - www.capec-ci.org / Sise au CIRES, Bd. Latrille, près du Lycée Classique d'Abidjan 1
Table des matières Table des matières...................................................................................................................... 2 Liste des tableaux ....................................................................................................................... 3 Liste des graphiques................................................................................................................... 3 Résumé analytique...................................................................................................................... 4 Introduction ................................................................................................................................ 9 1. Éléments théoriques d'association entre l’ouverture et la croissance économique ......... 10 2. Ouverture extérieur et performance économique: expériences du Brésil, de l'Inde et de la Malaisie.................................................................................................................................... 14 2.1. Evolution des échanges et des flux d'investissement directs étrangers ................................. 14 2.2. Caractéristiques de la politique commerciale........................................................................ 21 2.3. Analyse des politiques commerciales sectorielles................................................................. 25 3. Commerce extérieur et croissance économique en Côte d'Ivoire..................................... 30 3.1. Évolution et structure du commerce extérieur de la Côte d'Ivoire ........................................ 30 3.2. Contribution du commerce extérieur à la croissance en Côte d'Ivoire .................................. 45 3.3. Analyse des forces et des faiblesses du commerce extérieur de la Côte d'Ivoire .................. 48 3.3.1. Atouts/ Forces.................................................................................................................... 51 3.3.2. Faiblesses/handicaps.......................................................................................................... 52 3.3.3. Opportunités ...................................................................................................................... 57 3.3.4. Menaces............................................................................................................................. 59 4. Recommandations ............................................................................................................. 61 5. Conclusion ........................................................................................................................ 68 6. Références bibliographiques............................................................................................. 70 2
Liste des tableaux Tableau 1: Répartition en valeur par produit des exportations de la Côte d'Ivoire vers la CEDEAO en 2012 ................ 33 Tableau 2: Liste des produits non importés de la CEDEAO par la Côte d'Ivoire ............................................... 34 Tableau 3: Partenaires commerciaux de la Côte d'Ivoire (% des flux totaux)................................................... 36 Tableau 4: Structure et évolution des exportations de la Côte d'Ivoire (millions FCFA) ....................................... 40 Tableau 5: Structure et évolution des importations de la Côte d'Ivoire (% du total) ............................................ 44 Tableau 6: Corrélation (%) entre croissance du PIB et croissances des importations et exportations ......................... 45 Tableau 7: Contribution des échanges à la croissance ............................................................................ 46 Tableau 8: Corrélation entre performance sectorielle et ouverture .............................................................. 48 Tableau 9: Analyse SWOT du commerce extérieur ivoirien ..................................................................... 50 Tableau 10: Implications fiscales et pour l’investissement de la transformation du cacao et des noix de cajou .............. 54 Tableau 11 : Classement et note de la Côte d’Ivoire dans l’index du WEF en 2014............................................ 55 Tableau 12: Exportations Ivoiriennes par catégorie de produits (en %) ......................................................... 56 Tableau 13: Matrice d'actions...................................................................................................... 64 Liste des graphiques Graphique 1: Évolution des exportations de la Côte d'Ivoire vers la CEDEAO entre 2001 et 2012 ........................... 32 Graphique 2: Répartition des exportations de la Côte d'Ivoire vers les pays de la CEDEAO entre 2001 et 2012............. 33 Graphique 3: Évolution des importations de la Côte d'Ivoire en provenance de la CEDEAO entre 2001 et 2012 ............ 35 Graphique 4: Répartition par pays de la CEDEAO des importations de la Côte d'Ivoire en valeur entre 2001 et 2012 ...... 36 Graphique 5: Principaux partenaires à l'exportation de la Côte d'Ivoire (% des marchandises exportées) .................... 37 Graphique 6: Principaux partenaires à l'importation de la Côte d'Ivoire (% des marchandises importées).................... 38 Graphique 7: Évolution de la croissance du PIB, des importations et des exportations ........................................ 46 Graphique 8: Indice de résilience de la Côte d'Ivoire............................................................................. 51 Graphique 9: Exportations Ivoiriennes par type de produits et groupe géographique .......................................... 53 3
Résumé analytique Dans un environnement post conflit, l'élaboration du Plan National de Développement (PND) 2012- 2015 entend donner à la Côte d'Ivoire les fondations d'une émergence économique et sociale. Un problème que pose une telle approche est la recherche des leviers de croissance permettant d’atteindre l’émergence économique. Les pays émergents sont des pays dont le PIB par habitant est inférieur à celui des pays développés, mais qui connaissent une croissance économique rapide et dont le niveau de vie ainsi que les infrastructures économiques convergent vers ceux des pays développés. L'une des caractéristiques de ces pays est la prise de participation forte sur les marchés extérieurs surtout pour les produits industriels. Ces pays ont gagné des parts de marchés de plus en plus importantes au point de dominer des pans entiers de l'économie mondiale. L’accès aux marchés mondiaux a joué un rôle important dans les progrès réalisés par ces pays. En effet ces derniers ont établi une stratégie visant à importer ce dont dispose le reste du monde et à exporter ce dont ils ont besoin. Les statistiques montrent que la croissance des échanges commerciaux s'est faite de pair avec la croissance économique dans ces pays émergents. De ce fait, l'ouverture extérieure semble avoir contribué à cet essor économique. Cette étude se situe dans ce contexte. Elle analyse les conditions de l’émergence économique de la Côte d'Ivoire au regard de l'expérience de certains pays comme le Brésil, l'Inde et la Malaisie. La question centrale est de savoir comment la Côte d'Ivoire peut faire de son ouverture commerciale un moteur de sa croissance économique à la lumière des expériences des pays émergents. De façon spécifique, cette étude répond à deux questions dans le cas de la Côte d’Ivoire. D’une part, elle vise à examiner si les moteurs du commerce extérieur des pays émergents sont présents en Côte d'Ivoire. D’autre part, elle identifie des forces et faibles du commerce extérieur ivoirien en vue de faire de ce dernier un levier de croissance pour l’émergence de la Côte d’Ivoire. La méthodologie utilisée dans le cadre de cette analyse se décline en trois étapes: une revue documentaire, une analyse descriptive et une analyse SWOT (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces). La revue documentaire a permis d’examiner la relation entre l’ouverture extérieure et la croissance économique d'un point de vue théorique et empirique. Les facteurs théoriques sont élucidés dans cette partie à partir d’exemples de pays émergents. La statistique descriptive approfondit l'analyse empirique entre l’ouverture extérieure et la croissance économique et fait le diagnostic de cette relation en Côte d'Ivoire. Enfin, l'analyse SWOT a servi à dégager des recommandations dans l’optique de repositionner l'ouverture extérieure dans la stratégie de croissance en Côte d'Ivoire en vue de l'émergence à l'horizon 2020. Sur le plan de la théorie économique, l'ouverture extérieure influence la croissance économique par l’élargissement du marché, l’acquisition de nouvelles technologies et l’accélération de la formation du capital. L’ouverture commerciale agrandit le marché des pays qui participent aux échanges et augmente le nombre et la qualité des biens intermédiaires utilisables dans la production. Cet élargissement favorise aussi le transfert des technologies et augmente les bénéfices de l'innovation technologique. L’ouverture extérieure accroît également les ressources consacrées à l'investissement dans l'amélioration de la productivité des facteurs de production. Ce mécanisme fonctionne via l'innovation technologique avec l'augmentation des flux des investissements directs étrangers. En outre, l'ouverture extérieure entraîne une accélération de la formation de capital, ce qui permet au pays de se trouver sur un sentier de croissance plus élevé. 4
L'analyse descriptive révèle que le Brésil, l'Inde et la Malaisie ont connu de bonnes performances économiques pendant ces dix dernières années. Ces pays ont entrepris des réformes structurelles pour assurer ces bonnes performances macroéconomiques. La croissance du PIB réel s'est accompagnée d'une forte croissance des échanges commerciaux et d'un afflux important d'investissements directs étrangers. La croissance des échanges a concerné aussi bien les produits agricoles et miniers, les produits manufacturiers. La part de ces pays dans le commerce internationaux ne cesse d'augmenter au cours de ces dernières années avec principalement une hausse de la part des produits manufacturiers et une stagnation voire un déclin graduel des biens primaires. Les partenaires commerciaux sont diversifiés; les échanges avec les pays membres des zones d'intégration se sont aussi intensifiés. Ce qui leur permet de bénéficier d'un large marché pour les exportations. En outre, cette ouverture leur a permis d'accroitre leur ravitaillement en biens d'équipement bénéficiant ainsi d'importants transferts de technologie. Pour encourager le commerce international, les procédures douanières ont été simplifiées et des politiques sectorielles ont été mises en œuvre. Au regard de ce qui précède, l'on peut dire que les éléments théoriques identifiés dans la relation entre l'ouverture extérieure et la croissance économique existent au Brésil, en Inde et en Malaisie. L'analyse diagnostic de l'économie ivoirienne a montré que le commerce extérieur de la Côte d' Ivoire est en croissance au cours de ces deux dernières décennies. La part du commerce dans le PIB a augmenté en moyenne de 40% au cours de la dernière décennie. Le principal partenaire commercial reste l'Union Européenne essentiellement les pays de la zone Euro, même si sur cette période, les pays Asiatiques ont gagné des parts de marché. Le commerce intra régional est encore faible. Malgré les efforts d'intégration, les échanges de la Côte d'Ivoire avec les pays membres de l'UEMOA et/ou de la CEDEAO sont relativement faible comparés au volume du commerce avec le reste du monde hors mis ces pays. Le contenu de l'offre d'exportation de la Côte d'Ivoire est fortement concentré: les matières premières agricoles brutes, le bois, les minerais, le pétrole et l'énergie. Quant aux importations elles sont concentrées autour de produits alimentaires, de produits pharmaceutiques, des biens d'équipement et des produits pétroliers. Ce diagnostic a montré que les principaux éléments mis en évidence dans les pays émergents (Brésil, Inde, Malaisie) ne sont pas présents. Plus précisément, les produits manufacturiers constituent l'essentiel de la composition du commerce extérieur des pays émergents contrairement à la Côte d'Ivoire où les produits primaires en constituent une part importante. Le commerce extérieur des pays émergents est en adéquation avec la demande mondiale en termes de contenu et de quantité. Pour preuve, la part de marché de ces pays dans le commerce mondiale est en hausse. L'on peut noter également, la place des reformes structurelles et l'engagement des pouvoirs publics qui ont permis de consolider les avantages comparatifs et d'assurer des gains dynamiques suite à l'ouverture extérieure. De plus, ces pays bénéficient d'un environnement sociopolitique relativement stable propice à l'éclosion de l'initiative privée. Cela a favorisé une augmentation du volume des IDE entrants ces dernières années en direction de ces pays. Les bonnes performances économiques se sont accompagnées d'une augmentation des IDE en provenance de ces pays. L'ouverture financière résultant de cette ouverture extérieure a été profitable pour ces pays à la différence de la Côte d'Ivoire. En effet, Ces derniers ont pu satisfaire leurs besoins de financement par le marché international. Un autre avantage de l'ouverture extérieure est la disponibilité d'inputs, source d'efficacité et d'externalités. Les pays émergents ont su bénéficier de cette ouverture contrairement à la Côte d'Ivoire. L'on note également une faible intensité des échanges entre la Côte d'Ivoire et les pays membres de la CEDEAO alors les pays émergents commercent beaucoup avec les pays membres des communautés économiques régionales auxquelles ils appartiennent (ASEAN: Malaisie, MERCOSUR: Brésil). Il y a également une faible intensité des échanges à l'intérieur de la zone UEMOA contrairement aux pays 5
émergents analysés. Ces derniers ont intensifié les échanges avec les pays membres des regroupements auxquels ils appartiennent. L'analyse SWOT (Forces, faiblesses, Menaces et Opportunités) présente, en effet, quelques forces et faiblesses du commerce extérieur de la Côte d'Ivoire. Dès son accession à l’indépendance, la Côte d’Ivoire a opté pour l’économie de marché et a orienté sa politique commerciale vers l’extérieur. Sa législation, au départ, protectionniste a progressivement évolué pour accélérer son ouverture commerciale. Le commerce extérieur de la Côte d’Ivoire reste concentré autour des produits agricoles, d’extraction et des biens d’équipements. Outre les produits pétroliers raffinés, les exportations de la Côte d’Ivoire reposent essentiellement sur les produits agricoles non transformés à la différence des pays émergents. Le secteur manufacturier est relativement faible pour soutenir le commerce extérieur, ceci n’est pas le cas des pays émergents dans lesquels une part importante des exportations portent sur des produits manufacturiers. Par ailleurs, le secteur agricole n’est pas mécanisé et est en possession, en grande partie, des populations rurales mettant en valeur des superficies relativement petites. Le secteur agricole en Malaise, par exemple, est devenu un nouveau moteur de croissance en exploitant la biotechnologie. Les subventions agricoles en Chine et le contrôle des prix ont été des facteurs de croissance tout d’abord de la production agricole et ont stimulé l’industrie. La relation négative entre les échanges extérieurs et le secteur agricole permet de conclure que l’agriculture tend à jouer un rôle négligeable dans le commerce extérieur. En toute logique, une telle relation devrait être observée à mesure que le secteur industriel se soit développé ou le secteur des services. En Côte d’Ivoire, le secteur des services même s’il tend à se développer au cours de ces dernières années avec l’implantation de nombreux établissements financiers, la part du crédit bancaire a varié entre 13% et 18% du PIB entre 2000 et 2012. Le secteur financier est donc modeste malgré les nombreuses réformes entreprises dans les années 1990. Il ressort de ce diagnostic que les moteurs du commerce extérieur mis en lumière dans les pays émergents ne sont pas présents en Côte d'Ivoire bien qu'il y ait des acquis appréciables. En définitive, l'étude propose des recommandations dans l'optique non seulement de consolider les acquis de la Côte d'Ivoire mais aussi et surtout de permettre une émergence économique. Il s'agit entre autres de: Opérer une intégration graduelle et séquentielle aux marchés mondiaux. Il ne suffit pas d’éliminer les obstacles aux échanges et aux investissements pour stimuler la croissance économique. Les barrières tarifaires et non-tarifaires constituant des obstacles au développement du commerce extérieur, leur assouplissement pourrait stimuler les échanges. Toutefois, dans l’optique de protéger l’industrie locale, ce démantèlement devra être progressif en ciblant certains produits prioritaires. Renforcer les compétences industrielles pour évoluer vers les marchés mondiaux. Les pays ayant réussi ont souvent créé des capacités autonomes à long terme en assimilant et adaptant les technologies étrangères. Si la Côte d’Ivoire voudrait emprunter le même sentier que les pays émergents tels que le Brésil, l'Inde et la Malaisie, elle devra prendre des mesures particulières en vue de renforcer les capacités productives du secteur industriel. Il s’agit notamment d’encourager la recherche et le développement ou importer la technologie nécessaire au développement des entreprises ivoiriennes. En outre, la Côte d’Ivoire devra 6
avoir une politique de diffusion et d'appropriation des résultats de la recherche (en cas d’investissement dans la recherche et le développement). Soutenir le secteur agricole. L'agriculture ivoirienne est dense et diversifiée. Elle regorge de nombreuses opportunités d'investissement. L'agriculture demeure la base de l'économie nationale. En effet, elle contribue à 22% à la formation du PIB et constitue la source de revenus de 2/3 des ménages. Elle procure environ 75% des recettes d'exportation non pétrolières. En 1993, l'État a entrepris d'importantes réformes agricoles à travers le "Plan Directeur de Développement Agricole 1992-2015". Au terme de ces réformes, l'État s'est désengagé des filières de production, en privatisant la plupart des Sociétés d'État. A l'image du Brésil, l'Etat devrait reprendre en main la destinée du secteur agricole, secteur moteur de l'économie par des politiques ciblées sur les secteurs à fort potentiel à l'exportation. Les filières agricoles à fort potentiel à l’exportation doivent être protégées de la concurrence étrangère en ne libéralisant pas totalement le marché. De plus, les filières à forte valeur ajoutée doivent bénéficier d’actions ciblées pour assurer la compétitivité vis-à-vis du reste du monde. Promouvoir les exportations des produits issus des filières les plus dynamiques. Les filières les plus dynamiques de l'économie devront faire l'objet d'une attention particulière à travers des politiques sectorielles visant à la promotion des exportations et à plus de compétitivité internationale des produits de ces filières. Les filières concernées sont café et cacao, coton et textiles, oléagineux, anacarde, caoutchouc, bois, ananas et banane, etc. Il faudra dans le même temps non seulement renforcer les initiatives de diversification de l’offre exportable en l’adaptant à la demande mondiale mais aussi et surtout des marchés. Pour cela, il faudra actualiser le profil commercial de la Côte d’Ivoire. Poursuivre la modernisation et la simplification des procédures douanières. Le Gouvernement, dans le cadre des perspectives du PND, entend moderniser, rationaliser et accélérer les procédures et formalités liées au commerce et améliorer la fluidité du trafic de marchandises grâce, entre autres, à la mise en œuvre rapide de mesures de facilitation des échanges telles que le Projet de création d'une plate-forme virtuelle dénommée Guichet Unique du Commerce Extérieur (GUCE), la construction de postes de contrôle juxtaposés aux frontières. Mettre en place une stratégie globale de développement du secteur financier pour adapter les mécanismes de financement des PME/PMI dont les activités sont orientées principalement vers l'exportation et l'importation. Il s'agira aussi dans cette stratégie de repenser le rôle de l'Etat dans le secteur financier. Plus d'engagement de l'Etat dans le secteur financier devrait aboutir à diversifier les produits proposés et à réduire les coûts de l'accès au crédit. Redynamiser les programmes de promotion et de financement du commerce extérieur. L'Association pour la Promotion des Exportations de Cote d'Ivoire (APEX-CI) est chargée de favoriser la croissance soutenue des exportations ivoiriennes (réduction de la dépendance vis- à-vis des produits traditionnels, accroissement de la part des exportations à forte valeur ajoutée, diversification géographique des exportations, création d'une culture d'exportation). Depuis 2010, elle a élargi son champ d'actions en tant qu'agence de promotion et de développement du Secteur Privé avec un accent particulier sur les PME. Cependant, les efforts de promotion des exportations se heurtent, entre autres entraves, à l'absence d'un parc national 7
d'exposition, et au manque d'institutions de financement spécialisées dans le soutien au privé lors des démarches export, telle qu'une compagnie d'assurance-crédit à l'exportation. Exploiter davantage les opportunités de débouchés sous régionale, régionale et internationale en vue d'intensifier les échanges commerciaux avec les partenaires commerciaux de l’UEMOA, de la CEDEAO et des autres regroupements régionaux. Au niveau régional et sous régional, cela passe par une accentuation de l'application des mesures du TEC et la poursuite des efforts d'harmonisation de la structure tarifaire de la Côte d'Ivoire avec celle des pays de l'UEMOA et de la CEDEAO d'une part mais aussi avec d'autres pays partenaires potentiels en Afrique. Au niveau international, la Côte d'Ivoire devra mettre en place des politiques visant à élargir son offre d'exportation. L'élargissement de l'offre d'exportation passe par l'identification de marchés attractifs pour des produits à fort potentiel à l'exportation. Il peut s'agir également d'actions visant à assouplir les procédures d'importation et d'exportation par la facilitation des procédures d'obtention des agréments. Le renforcement de cette coopération peut se faire aussi par la mise à niveau des capacités des acteurs des secteurs agro industriels d'exportation. 8
Introduction Les pays émergents sont des pays dont le PIB par habitant est inférieur à celui des pays développés, mais qui connaissent une croissance économique rapide et dont le niveau de vie ainsi que les infrastructures économiques convergent vers ceux des pays développés. L'une des caractéristiques de ces pays est la prise de participation forte sur les marchés extérieurs surtout pour les produits industriels. Ces pays ont gagné des parts de marchés de plus en plus importantes au point de dominer des pans entiers de l'économie mondiale. Selon le rapport 2013 du PNUD sur le développement humain, entre 1980 et 2010, la part de marché des pays émergents, notamment les pays asiatiques, dans le commerce mondial des marchandises est passée de 25% à 47%. Entre 1990 et 2010, les exportations de marchandises de huit pays en développement membres du G20 ont été multipliées par 15 et sont passées d'environ 200 milliards à 3 000 milliards de dollars. Dans le même temps, les échanges commerciaux pour bien d'autres pays en développement ont aussi augmenté. Ce mouvement d'expansion du commerce international s'est accompagné du renforcement du processus d'intégration. Ainsi, avec la création de blocs économiques régionaux, les pays en développement entendent profiter des effets de création et de détournement de commerce qui en découlent pour redynamiser non seulement le commerce international mais aussi faciliter leur intégration dans l'économie mondiale. Par conséquent, l'ouverture commerciale se présente comme un moteur de la croissance de ces pays. Selon ce même rapport (PNUD, 2013), l'accès aux marchés mondiaux a joué un rôle important dans les progrès réalisés par ces pays. En effet ces derniers ont établi une stratégie visant à importer ce dont dispose le reste du monde et à exporter ce dont il a besoin. Cette situation s'est accompagnée d'un accroissement de leur part dans la production mondiale. Elle est passée de 33% à 45% entre 1980 et 2010. Ces chiffres montrent que la croissance des échanges commerciaux s'est faite de pair avec la croissance économique dans ces pays émergents. S'inspirant de l'expérience de ces pays, la Côte d'Ivoire, dans un contexte post-crise, voudrait asseoir les fondements de son émergence économique et sociale en améliorant sa position commerciale. Dans cet environnement d’après-guerre, l'élaboration du Plan National de Développement (PND) 2012-2015 entend donner les fondations d'une émergence économique et sociale. Un problème que pose une telle approche est la recherche des leviers de croissance permettant d’atteindre l’émergence économique. Cette étude se situe dans ce contexte d’analyse des conditions de l’émergence économique de la Côte d'Ivoire au regard de l'expérience de certains pays comme le Brésil, l'Inde et la Malaisie. La question centrale est de savoir comment la Côte d'Ivoire peut faire de son ouverture commerciale le moteur de sa croissance économique à la lumière des expériences des pays émergents. Les moteurs du commerce extérieur mis en lumière dans les pays émergents sont-ils présents en Côte d'Ivoire? Quelles sont les forces et faibles du commerce extérieur dans cette optique dans le cas de la Côte d'Ivoire? En effet, sur le plan de la théorie économique, l'ouverture extérieure est un facteur pouvant stimuler la croissance économique à travers l’agrandissement du marché et l’amélioration de la qualité des biens intermédiaires utilisables dans la production. Elle entraîne, en outre, une accélération de la formation de capital, ce qui permet au pays de se trouver sur un sentier de croissance plus élevé. 9
Même si ce lien n'est pas empiriquement très évident à établir à cause de la complexité des mécanismes, l’expérience des pays émergents peut servir de base d’analyse des effets (bidirectionnels) entre l’ouverture commerciale et l’émergence économique. La méthodologie utilisée dans le cadre de cette analyse se décline en trois étapes: une revue documentaire, la statistique descriptive et une analyse SWOT (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces). La revue documentaire va permettre de faire l'état des lieux de la relation entre l’ouverture extérieure et la croissance économique d'un point de vue théorique d'une part et d'un point de vue empirique d'autre part. Elle identifie les facteurs théoriques existant à partir d’exemples de pays émergents. La statistique descriptive va permettre d'approfondir l'état des lieux et de faire le diagnostic de la relation entre l’ouverture extérieure et la croissance en Côte d'Ivoire. Enfin, l'analyse SWOT va servir à dégager des recommandations en vue de repositionner l'ouverture extérieure dans la stratégie de croissance en Côte d'Ivoire en vue de l'émergence à l'horizon 2020. Le document est organisé en quatre sections. La première section présente les mécanismes théoriques qui permettent d'associer l'ouverture commerciale et la croissance économique. La deuxième section cherche à identifier ces différents éléments à travers l'analyse des performances de certains pays émergents comme le Brésil, l'Inde et la Malaisie. La troisième section s'intéresse à la situation de la Côte d'Ivoire. Elle met en évidence les performances économiques et la contribution du commerce extérieur à la croissance économique de ce pays. Elle aborde également l'analyse des forces et des faiblesses du commerce extérieur de la Côte d'Ivoire en tant que catalyseur de croissance économique au regard des performances des pays émergents choisis. Elle insiste également sur les opportunités dont peut bénéficier la Côte d’Ivoire afin d’accélérer ses échanges avec le reste du monde et les menaces potentielles auxquelles elle doit faire face. La quatrième section présente les recommandations de l'étude pouvant permettre de faire du commerce extérieur de la Côte d'Ivoire un maillon essentiel de la croissance économique et de l'émergence à l'image du Brésil, de l'Inde et de la Malaisie. 1. Éléments théoriques d'association entre l’ouverture et la croissance économique L'analyse de l'impact de l'ouverture commerciale sur la croissance économique remet au goût du jour l'une des questions au cœur de la théorie du commerce international relative aux gains de l'ouverture. Dans la perception classique des gains de l'ouverture extérieure, Riviera-Batiz & Romer (1991) identifient trois effets majeurs: un effet d'allocation des ressources, un effet d'intégration (l'accroissement de la taille du marché) et un effet de redondance (le libre-échange évite une duplication des coûts). Les travaux de François, McDonald, & Nordström (1994) donne un exemple d'illustration de l'impact des progrès de la théorie du commerce international sur la perception des gains d'ouverture. Au total, un petit nombre de mécanismes élémentaires permet d'associer ouverture et croissance: élargissement du marché et de l'offre d'inputs, externalités, changement de sentier. Élargissement du marché L'ouverture permet d'offrir une plus grande variété au consommateur, à travers l'élargissement du marché1. Elle autorise, en effet, l'accès à de nouveaux marchés. Le niveau de satisfaction tiré d'un panier de consommation augmente, puisque que le consommateur dispose d'un plus grand nombre de 1 L'archétype de cette représentation du lien entre la croissance et l'ouverture extérieure est le modèle théorique standard de concurrence monopolistique de Krugman, (1979). 10
variétés de biens de consommation pour ces choix. Il a la possibilité de se procurer au moins un peu de chaque bien. Cela provoque un accroissement de l'élasticité de la demande des biens de consommation. Ce choc concurrentiel né de l'ouverture, impose aux entreprises de réduire leur marge commerciale. Enfin les producteurs réalisent des économies d'échelle, puisque leur production individuelle augmente. Vu sous cet angle, l'ouverture commerciale est directement mise en relation avec la croissance car elle favorise une accumulation et une allocation optimale des ressources productives. Élargissement de l'offre d'inputs La majeure partie des échanges internationaux portent sur les intrants (Fontagné, Freudenberg, & Ünal-Kezenci, 1996). Les gains de l'ouverture concernent aussi bien les producteurs que les consommateurs. L'ouverture permet aux producteurs de disposer d'une plus grande marge de manœuvre pour leurs approvisionnements en consommations intermédiaires et autres intrants ou facteurs de production nécessaire à leur activité. Cette plus grande variété d'inputs garantit une meilleure efficacité de la combinaison productive (Ethier, 1982). La production différenciée peut être utilisée comme bien de consommation finale ou bien de consommation intermédiaire. Ainsi, dans une branche de production, aux rendements d'échelle internes croissants s'ajoute une externalité pure: lorsque cette branche de production grandit, elle dispose d'une plus grande variété de biens intermédiaires. Cette situation améliore l'efficacité de la combinaison productive de toutes les entreprises de cette branche puisque chaque producteur de la branche utilise en input des biens intermédiaires composites comprenant un grand nombre de variétés. Si l'on suppose que la demande de biens intermédiaires est à élasticité constante, l'offre de variétés est déterminée par la taille de l'input composite. Ainsi la croissance ne passe plus uniquement par l'élargissement de la taille du marché mais également par la taille de l'industrie et de l'offre de biens intermédiaires différenciés. D'autres approches théoriques similaires expliquant la relation entre la croissance, l’ouverture extérieure et l’élargissement de l'offre d'inputs basées sur des modèles à échelle de qualité ont été développées (Grossman & Helpman, 1991; Aghion & Howitt, 1992). Ces modèles soutiennent que les nouveaux biens, de qualité supérieure, sont censés offrir plus de services que les anciens. Les nouveaux biens intermédiaires favorisent des gains de productivité auxquels s'ajoute un gain d'efficacité associé à la spécialisation sur les segments du processus de production. Le rôle de l'ouverture est alors d'offrir aux producteurs des inputs à des conditions plus avantageuses que dans une situation autarcique. En conséquence, indépendamment de l'effet prix relatif bien connu, l'ouverture a un effet mécanique de croissance même si les pays ne disposent pas d'avantages comparatifs dans la production du bien final, même si les biens sont homogènes ou même si les rendements sont constants. Les inputs mis à la disposition des producteurs par l'échange international ne sont pas seulement des biens intermédiaires manufacturés ou des facteurs primaires. Markusen (1989) met en évidence deux types de gains associés à l'échange international de services producteurs, très différenciés et très intensifs en Recherche et Développement (R & D). D'une part, l'échange d'inputs augmente le bien- être de chaque pays par rapport à l'autarcie, contrairement à l'échange de biens finals. D'autre part, l'échange de services producteurs affine la division du travail, chaque pays faisant bénéficier son partenaire à l'échange d'externalités positives de variétés d'inputs. La division du travail est limitée par l'étendue du marché et l'ouverture sur l'économie mondiale est synonyme d'efficacité. 11
Accès à un vaste marché de capitaux étrangers: Un autre facteur essentiel dans l'élargissement de l'offre d'inputs suite à l'ouverture est l'ouverture financière qui accompagne ce processus. Ainsi par le desserrement de la contrainte de financement, l'ouverture financière induit une plus grande possibilité de production, donc une croissance plus élevée (Villa, 1996). L'ouverture extérieure donne accès aux vastes marchés de capitaux étrangers, où le taux d'intérêt est plus faible. Elle autorise également l'endettement extérieur, permettant ainsi de déconnecter les programmes de consommation et d'investissement. L'ouverture agit donc à la fois sur le prix des intrants et sur leur variété; à son tour une plus grande variété d'inputs est susceptible de générer des externalités. Existence d'externalités L'existence de rendements croissants externes à la firme et internes à l'industrie n'implique pas a priori des gains d'ouverture. Ce point constitue même, l'une des plus anciennes controverses en théorie du commerce international: celle ayant opposé Graham et Knight dans les années vingt. Le premier défendait l'idée de pertes éventuelles à l'ouverture en cas de rendements croissants tandis que le second excluait une telle éventualité en cas de rendements croissants internes à la firme: seule l'existence d'économies d'échelle externes à la firme pouvait déboucher sur des pertes de libre-échange. La question des tailles relatives de marché est centrale dans l'émergence des gains de l'ouverture expliqués par l'existence des externalités. Il existe en effet un intervalle de tailles relatives pour lequel les économies engagées dans le processus d'ouverture tirent des gains à l'échange. La petite économie gagnera certainement à l'ouverture si elle est suffisamment petite. A l'inverse, une économie de taille moyenne approchant la taille d'une grande économie peut perdre à l'ouverture. Une autre condition a trait à la structure de la consommation mondiale: une perte à l'ouverture est d'autant plus probable que la part de la consommation mondiale affectée à la branche à rendements croissants est forte. A contrario, la probabilité d'une telle perte diminue avec l'importance des économies d'échelle, l'effet de l'efficacité de l'ouverture étant alors suffisamment fort. Ainsi la prise en compte des rendements croissants introduit-elle la possibilité de résultats dérogeant au principe des gains d'ouverture. L'ouverture extérieure peut favoriser des économies d'échelle internationales qui dépendent de la taille du marché mondial (Ethier, 1979). Pour une industrie donnée, les rendements croissants sont le résultat de l'augmentation de la production au niveau mondial. Dans ce contexte, la division internationale du travail s'approfondit et aboutit à une intensification de l'échange international intra- branche de biens intermédiaires, source d'efficacité. Ces gains d'ouverture sont attribuables à l'augmentation des variétés d'inputs dont les mécanismes ont été décrits précédemment. Ainsi un pays obtiendra un gain à l'ouverture si sa production dans les industries à externalités positives (négative) nationalement spécifiques augmente (diminue) ou bien si la production mondiale dans les industries à économies (dés-économies) d'échelle internationales augmente (diminue). Reprenant la même idée, et en ne prenant pas en compte les effets classiques des rendements croissants et des externalités liés à la connaissance, Romer, (1987) se concentre sur les effets de la spécialisation. Dans une perspective dynamique d'accumulation du facteur primaire entrant dans la production de biens intermédiaires à rendements croissants, une divergence entre rendement social et rendement privé apparaît. Dans ces conditions, il sera difficile d'identifier les sources des gains de productivité dans la mesure où, le producteur ne peut s'approprier ce gain en aval provenant de la diversité des inputs disponibles. Ainsi, l'ouverture permet-elle de desserrer la contrainte sur le nombre de variétés de biens intermédiaires, améliorant l'efficacité de la combinaison productive. Dès lors, les 12
effets de la spécialisation à la base des théories traditionnelles du commerce international se trouvent modifiées dans une perspective dynamique. Par conséquent, une position initiale faible dans un secteur à économie d'échelle dynamique peut conduire à une exclusion progressive de ce secteur. S'il s'agit d'un secteur moteur de la croissance dans un pays, alors l'ouverture extérieure n'est pas bénéfique pour cette économie. De plus tous les secteurs ne sont pas équivalents d'un point de vue dynamique. Une spécialisation sur des secteurs faiblement technologiques peut réduire le taux de croissance à moyen terme de l'économie. Cependant les externalités positives nées de l'ouverture avec le développement du commerce international et les afflux d'investissements directs étrangers peuvent limiter les pertes de cette nature. La diffusion de connaissance par l'ouverture extérieure La diffusion de la connaissance par l'ouverture extérieure à travers la mobilité des biens, des personnes et des capitaux s'appuyant sur des conditions internes propices est centrale dans la croissance économique. Contrairement aux effets ponctuels associés à la spécialisation, le rattrapage technologique est susceptible de faire changer l'économie de sentier. L'ouverture aurait alors des effets permanents sur la croissance économique. Changement de sentier de croissance L'ouverture extérieure est une source d'importants gains dynamiques en ce sens qu'elle affecte le rythme d'accumulation et fait donc changer l'économie de sentier de croissance. Un tel effet procède d'une différence entre les taux de rendement privé et social du capital, associée soit à des externalités, soit à une taxation-subvention. L'ouverture, dès lors qu'elle entraîne une accélération de la formation de capital, est susceptible de générer des gains dynamiques. Tout dépend en réalité de l'impact de l'ouverture sur le taux de rendement du capital. Un impact positif renforce l'accumulation et les effets dynamiques sont importants. A l'opposé, une baisse du taux de rendement pourrait ramener rapidement le taux d'épargne à son niveau d'état stationnaire. Ainsi, l'investissement est-il au cœur du mécanisme transformant l'ouverture en croissance: selon son impact sur le taux de rendement du capital, l'ouverture peut avoir des conséquences contrastées. A cet effet dynamique direct sur l'accumulation de facteurs et l'accroissement de la productivité, s'ajoute un impact indirect. L'élargissement du marché permet d'augmenter les profits attendus d'une innovation, ce qui accroît les ressources consacrées à la recherche en supposant qu'il n'y a pas de phénomène de duplication des efforts de recherche et développement, d'où un effet positif sur la croissance économique. Aussi, l'abandon de certaines hypothèses traditionnelles (concurrence parfaite, modèle statique) multiplie les canaux par lesquels l'ouverture peut affecter la croissance, à court comme à moyen terme. Finalement sur le plan de la théorie économique, l'ouverture extérieure est un facteur moteur de la croissance économique. Cela passe par le marché qui s'agrandit avec l'ouverture, mais aussi parce que qu'elle augmente le nombre et la qualité des biens intermédiaires utilisables dans la production. L'élargissement du marché favorise aussi le transfert des technologies et augmente les bénéfices de l'innovation technologique. Elle accroît également les ressources consacrées à l'investissement dans l'amélioration de la productivité des facteurs de production via l'innovation technologique avec l'augmentation des flux des investissements directs étrangers. L'ouverture extérieure entraîne en outre une accélération de la formation de capital, ce qui permet au pays de se trouver sur un sentier de croissance plus élevé. La section suivante s'intéresse à la recherche de ces éléments caractéristiques de la relation entre ouverture extérieure et croissance économique dans les pays émergents: Brésil, Inde et Malaisie. 13
2. Ouverture extérieur et performance économique: expériences du Brésil, de l'Inde et de la Malaisie Cette section s'intéresse à la relation entre l'ouverture extérieure et les performances économiques du Brésil, de l'Inde et de la Malaisie, des pays à revenus faibles par le passé et ayant eu un niveau de développement semblable à celui de la Côte d'Ivoire. Elle tente de mettre en lumière si tous les éléments théoriques identifiés dans la relation entre l'ouverture extérieure et la croissance économique, dans la sous section précédente, sont présents dans ces pays. Elle est organisée autour de trois points principaux, l'évolution des échanges et des flux d'investissement, l'évolution de la politique commerciale et la revue des politiques commerciales sectorielles. 2.1.Evolution des échanges et des flux d'investissement directs étrangers Cette sous section analyse l'évolution des échanges extérieurs du Brésil, de l'Inde et de la Malaisie ainsi que celle des flux d'investissement qui accompagnent le dynamisme de ce commerce extérieur. Une augmentation des exportations et des importations Les pays émergents sont caractérisés par un dynamisme des exportations et des importations. Concernant le commerce extérieur du Brésil, en moyenne annuelle, les importations et les exportations de marchandises et de services du Brésil ont respectivement augmenté de 14 et de 8,9% durant la période 2007-2012. Elles ont diminué en 2009, suite au recul général des échanges mondiaux, mais se sont fortement redressées en 2010. En 2011, le Brésil venait au 16ème rang des exportateurs et au 15ème rang des importateurs de marchandises et occupait le 31ème rang des exportateurs et le 17ème rang des importateurs de services commerciaux2, bien qu'étant la 6ème économie du monde. Malgré un recul en 2009, le chiffre total du commerce de marchandises du Brésil a augmenté en moyenne de 10,3% par année entre 2007 et 2012. Les exportations de marchandises ont beaucoup progressé, sous l'effet de la forte demande extérieure de produits de base brésiliens, surtout pendant les premières années de la période considérée. Toutefois, la période a aussi été marquée par une forte demande d'importations, lesquelles ont augmenté plus vite que les exportations, d'où la diminution de plus de 50% de l'excédent commercial du Brésil. En Inde, la situation est la même. Le commerce de marchandises en pourcentage du PIB a continué à croître au cours de la période 2005-2011, passant de 30,1% en 2005/06 à 40,3% du PIB en 2009/10 et ce malgré les effets défavorables de la crise économique mondiale sur le commerce. Les importations ont continué à augmenter plus rapidement que les exportations, entraînant un creusement du déficit commercial. Les exportations sont passées de 126,4 milliards de dollars EU en 2006/07 à 178,8 milliards de dollars EU en 2009/10, avec un taux de croissance annuel moyen de 15,4% au cours de la période. Cependant, elles ont diminué de 3,5% en 2009/10 par rapport à 2008/09 sous l'effet de la crise économique mondiale. L'ouverture de l'économie Malaisienne est telle que, au cours de ces dernières années, elle est restée très dépendante du commerce extérieur, même si les importations ont eu tendance à progresser et les exportations à décliner en fonction de l'évolution économique endogène et exogène. En 2012, les ratios des exportations et des importations de marchandises et services par rapport au PIB étaient de 87,1% et 75,3%, respectivement, contre 91,4% et 71,1% en 2009 2 OMC (2012b). 14
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