MADAGASCAR ÉVOLUTIONS ÉCON0MIQUES RÉCENTES - Favoriser L'Inclusion Financière
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Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Juin 2018 Financière Favoriser L'Inclusion ÉCON0MIQUES RÉCENTES MADAGASCAR ÉVOLUTIONS
TABLE DES MATIÈRES Acronymes iii Avant-propos iv Remerciements v Première Partie: Evolutions économiques récentes 1 Le Secteur réel 2 Le Secteur extérieur 7 Secteur monétaire 9 Politique fiscale 15 Deuxième Partie: Perspectives économiques 18 Troisième Partie: Exploiter la technologie pour promouvoir l'inclusion financière 20 Pourquoi l’inclusion financière est-elle importante? 21 Qu'est-ce qui motive la croissance de l'argent mobile? 22 Comment peuvent d'autres services financiers sauter sur le train en marche numérique? 23 i. Opportunités pour les Institutions de Microfinance 23 ii. Opportunités pour les Banques 28 Quel serait le futur pour l'inclusion financière à Madagascar? 30 Conclusion 31 Références 32 FIGURES Figure 1 Le secteur des services a été le contributeur le plus important à la croissance en 2017 2 Figure 2 De meilleures précipitations stimulent la production hydroélectrique 3 Figure 3 Les prix mondiaux du pétrole ont augmenté depuis juin 2017, mais les variations de prix à la pompe ont été sporadiques 3 Figure 4 Le rendement des capitaux propres se compare favorablement avec celui des autres pays dans la région (pourcentage en 2017) 5 Figure 5 Le rendement des actifs est également l’un des plus performants dans la région (pourcentage en 2017) 5 Figure 6 Le ratio d’adéquation du capital est à l’extrémité inférieure par rapport à celui des pairs (pourcentage en 2016) 5 Figure 7 Bien que le ratio des prêts non productifs soit similaire à celui des pays comparateurs (pourcentage en 2016) 5 Figure 8 Le déficit du compte courant reste faible 8 Figure 9 Les exportations sont de plus en plus concentrées 8 i
Figure 10 Les exportations sont dominées par la vanille, les vêtements et le nickel 8 Figure 11 Les importations ont augmenté en 2017 par rapport aux années précédentes 8 Figure 12 L’écart d’inflation dans les principales villes s’est réduit en 2017 10 Figure 13 Le taux d’inflation dans les pays voisins s’est atténué à partir du 3è trimestre de 2017 10 Figure 14 Les prix plus élevés de riz ont contribué en majeure partie à l’iinflation 10 Figure 15 La hausse du prix du riz de production locale s’est accélérée à travers le pays 11 Figure 16 Le prix du riz importé est plus élevé dans la capitale et dans le nord du pays 11 Figure 17 Les intermédiaires du marché capturent plus de la moitié des bénéfices le long de la chaîne de valeur 11 Figure 18 L’ariary a suivi une considérable tendance à la dépréciation 12 Figure 19 Les prêts au secteur privé ont repris, grâce surtout aux crédits de court terme 13 Figure 20 Figure 20 : Après une chute des taux d'intérêt des banques commerciales au début de l'année, il y a maintenant une augmentation 13 Figure 21 Les prêts à long terme ont diminué Variation annuelle (millions de MGA) 13 Figure 22 L'augmentation des recettes d'exportation contribue à l'augmentation de la monnaie en circulation 13 Figure 23 Type d'institution et taux d'intérêt effectif moyen à Madagascar 14 Figure 24 Taux d'intérêt dans les pays de comparaison 14 Figure 25 Il y a eu une amélioration constante en matière de collecte de recettes fiscales 16 Figure 26 En 2018, les dépenses d’investissement devraient augmenter et les dépenses courantes diminuer 16 Figure 27 Bien que le nombre de comptes d'argent mobile à Madagascar soit toujours au-dessous de celui des pays pairs … 22 Figure 28 Il y a eu une croissance exponentielle du nombre de points de vente d’argent mobile au cours des dernières années 22 Figure 29 L'exclusion financière est particulièrement répandue en milieu rural 24 Figure 30 Les femmes sont plus susceptibles d'utiliser les services financiers informels que les hommes 24 Figure 31 Moins de 10 pour cent des Malagasy ont un compte de dépôt – un des niveaux les plus bas en Afrique 28 ENCADRÉS Encadré 1 Le Secteur bancaire considérablement rentable de Madagascar 4 Encadré 2 Riz : Qu’est-ce qui se cache derrière la flambée des prix ? 10 Encadré 3 Achetez maintenant… et payez plus tard: Qu'est-ce qui détermine les taux d'intérêt à Madagascar? 14 Encadré 4 Des institutions de microfinance exploitant la technologie numérique au Kenya et au Malawi 25 Encadré 5 Modifications règlementaires majeures dans le Secteur financier 27 Encadré 6 Comment les banques au Kenya innovent pour accroître l'inclusion financière 29 Encadré 7 Madagascar –Stratégie nationale pour l’inclusion financière (2018-2022) 30 TABLEAUS Tableau 1 Sélection de données macroéconomiques 6 Tableau 2 Balance des Paiements (en millions USD) 9 Tableau 3 Opérations budgétaires du Gouvernement central (pourcentage du PIB) 16 Tableau 4 Le Secteur de la Microfinance – Faits saillants 24 ii
ACRONYMES AGOA Loi sur la Croissance et les Opportunités Economiques en Afrique DPO Opérations de Politique de Développement (Appui Budgétaire) ASS Afrique subsaharienne ATM Distributeur automatique de billet BCM Banque Centrale de Madagascar BM Banque mondiale CGAP Groupe Consultatif d’Assistance aux Pauvres DSA Analyse de la viabilité de la dette FAS Enquête sur l’accès aux services financiers FMI Fonds Monétaire International GBM Groupe de la Banque mondiale G2P Gouvernement à personne GPPC Garantie de portefeuille partielle pour les crédits IMFs Institutions de microfinance INSTAT Institut National de la Statistique IPC Indice des Prix à la Consommation JIRAMA Jiro sy Rano Malagasy (Entreprise publique d'approvisionnement en eau et electricité) MEP Ministère en charge de l'Economie et du Plan MFB Ministère en charge des Finances et du Budget MPME Micro, Petites et Moyennes Entreprises P2G Personne à Gouvernement PASEF Projet D'Appui aux Services Financiers PIB Produit Intérieur Brut PPP Partenariat Public Privé SIG Système d'Information de Gestion SMS Short Message Services WEO Perspectives de l'économie mondiale iii
AVANT-PROPOS Bienvenue à l'édition de juin 2018 du rapport Madagascar : Évolutions économiques récentes de la Banque mondiale, qui fait le point sur les développements économiques récents et présente nos perspectives à moyen terme.1 Globalement, l'économie se porte bien, avec une croissance estimée à 4,2 pourcent en 2017 et à 5,0 pourcent en 2018. Les facteurs de croissance sont nombreux, notamment la demande accrue de services de transport, un secteur bancaire rentable et une bonne performance des activités de production de biens et services dans les zones franches économiques, contribuant à de solides recettes d'exportation et à l'accumulation de réserves. Cependant, malgré cette performance macroéconomique plutôt robuste, les pauvres à Madagascar ont été confrontés à des conditions climatiques défavorables qui ont entraîné une contraction du secteur agricole. La production locale de riz a chuté et les prix ont monté en flèche. Ces événements ont contribué à une augmentation de l'inflation alimentaire, érodant directement le pouvoir d'achat des pauvres et de ceux qui dépendent de l'agriculture de subsistance pour leur sécurité alimentaire. Ces évolutions soulignent l'importance d’étendre les bienfaits de la croissance aux pauvres, afin que l’amélioration des conditions de vie soient ressenties par un plus large éventail de la population. Et ici j’attire l’attention sur la section spéciale du présent rapport, qui traite de l'inclusion financière. Au cours des dernières années, des modèles de réussite se sont développés, où l'argent mobile s'est élargi pour augmenter l'accès des individus et des entreprises aux services financiers. Ces opportunités offrent un moyen d’épargner l'argent en toute sécurité, tout en augmentant l'accès à d'autres services tels que le crédit en temps de crise et l'assurance pour se préparer aux mauvais jours. À moyen terme, la prévision d’une croissance économique positive est maintenue. La croissance devrait atteindre 5,4 pourcent en 2019 et s’établir autour de 5,1 pourcent à moyen terme. Ces perspectives reposent sur une prévision de croissance estimée à environ 3,0 pourcent du PIB à moyen terme dans les économies avancées qui devrait favoriser une demande constante des biens et services provenant de Madagascar. Ces perspectives se fondent également sur les hypothèses de la réalisation du plan d'investissement ambitieux du Gouvernement et d’un environnement politique stable. Nous espérons que la présente édition de Madagascar : Évolutions économiques récentes contribuera à éclairer le débat public sur les performances économiques actuelles du pays, et les types de politiques qui pourraient stimuler une croissance inclusive au profit de toutes les parties de la société malgache. Coralie Gevers Représentant Résident, Madagascar Banque mondiale 1 La date limite pour toutes les données dans le présent document est le mois de mai 2018. iv
REMERCIEMENT La présente édition de Madagascar : Évolutions économiques récentes a été préparée par une équipe dirigée par Natasha Sharma (Economiste principale, GMTA4). L'équipe est constituée de Faniry Razafimanantsoa (Economiste, GMTA4) et Prisca Mamitiana (Consultante, GMTDR). La section spéciale sur l'inclusion financière a été préparée par une équipe composée de Francesco Strobbe (Spécialiste principale du secteur financier, GFCAE), Natasha Sharma (Economiste principale, GMTA4), Christoph Theodor Friedrich Ungerer (Economiste, GMTE3), Noro Aina Andriamihaja (Spécialiste principale du secteur financier, GFCAS), et Tenin Fatimata Dicko (Spécialiste du secteur financier, GFCAW). Le rapport a été préparé sous la supervision et la direction générales de Mark Lundell (Directeur Pays, AFCS2), Mathew Verghis (Practice Manager, GMTA4), Coralie Gevers (Représentant Résident, AFCS2), Carolin Geginat (Responsable de Programme, AFCS2), Ajai Nair (Spécialiste principal du secteur financier, GFCAS), et Douglas Pearce (Practice Manager, GFCAS). L’équipe souhaiterait également remercier ses interlocuteurs au niveau du gouvernement pour le partage des données utilisées pour les analyses, Norosoa Rakotomena pour les travaux de traduction, Cybil Maradza pour la mise en page, Dia Styvanley (Chargée de communication, AFREC) pour ses appuis en matière de communication, et Rondro Rajaobelison (Assistante de Programme, AFMMG) pour son assistance en termes de logistique. v ii
Le Secteur réel 1. La croissance économique au cours des quatre biens et services dans les zones franches économiques où dernières années s'est constamment améliorée. La les investisseurs bénéficient de généreuses incitations croissance du PIB s'est accélérée de 2,3 pourcent en fiscales et d'une main-d'œuvre abordable. Cependant, 2013 à environ 4,2 pourcent en 2017, et devrait atteindre la performance du secteur primaire continue d'être 5,0 pourcent en 2018.2 Depuis 2015, le principal moteur décevante, avec une contraction de la production d'un de croissance est le secteur tertiaire, caractérisé par point de pourcentage en 2017. Les sections suivantes un secteur privé modeste mais dynamique. Les activités examinent les évolutions dans chacun des principaux industrielles ont été soutenues par la production de secteurs de l'économie. Figure 1: Le secteur des services a été le contributeur le plus important à la croissance en 20173 Contribution à la croissance par secteur, 2010-2018 6 5 4 3 2 1 0 -1 -2 -3 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017e 2018p Primaire Secondaire Tertiaire Impôts indirects Croissance PIB Source : INSTAT, MEP, et calculs effectués par les Services de la Banque mondiale, mai 2018 2. La performance constamment médiocre du secteur à l'utilisation minimale de techniques agricoles modernes, agricole signifie que la majorité de la population ne au manque de connectivité aux marchés pour faciliter le ressent pas les retombées de la croissance économique. transport des marchandises et à une grande vulnérabilité Environ 80 pourcent de la population exerce des activités aux fluctuations climatiques. Les ménages ruraux ont peu agricoles, principalement dans les zones rurales où d'activités non agricoles génératrices de revenus pour l'agriculture de subsistance est la principale source atténuer l'impact des chocs météorologiques. de revenus. Entre 2001 et 2012 (dernières données disponibles), 77 pourcent de la population rurale vivait en 3. Les conditions climatiques de Madagascar peuvent dessous du seuil national de pauvreté - un chiffre qui est être à la fois une bénédiction et une malédiction pour resté inchangé. Et entre 2014 et 2017, le secteur agricole les performances agricoles. Le climat unique du pays a s'est contracté en moyenne de 0,8 pourcent par an. Ce qui permis à certaines cultures de rente comme la vanille, indique que la croissance économique de ces dernières le girofle et d'autres épices à prospérer et à soutenir les années ne s’est pas traduite par une amélioration moyens de subsistance des agriculteurs engagés dans ces significative du bien-être de la population rurale. Le secteurs agroalimentaires. Malgré les effets des cyclones secteur agricole est limité par une faible productivité due Ava et Eliakim au début de l'année 2018, les recettes tirées 2 Le gouvernement a récemment rebasé ses chiffres du PIB, qui sont en cours d’analyses. Les nouveaux calculs devraient être incorporés à la fin de 2018. 3 Le Produit Intérieur Brut est l’indicateur le plus employé pour mesurer l’activité économique. Le PIB peut être mesuré suivant trois méthodologies : l’approche production, l’approche dépense, et l’approche revenu. Le graphique ci-dessus montre le PIB mesuré par l’approche production, incluant la valeur de tous les biens et services produits au sein de l’économie. La première étape consiste à calculer la valeur ajoutée créée à partir du prix de base de la production. Pour convertir cette mesure au prix du marché, les taxes sur la production doivent être ajoutées et les subventions sur les produits soustraites. 2
de la production de vanille sont restées fortes car les des technologies de l’information et de communication prix demeurent élevés. Ce qui devrait attirer de nouveaux entrepris dans les zones franches économiques continuent agriculteurs cherchant également à bénéficier de prix d'enregistrer une croissance régulière. La pluviométrie élevés. Cependant, la grave sècheresse et les cyclones est également favorable à la production hydroélectrique, de 2017 ont réduit l'offre de riz produit localement avec un ratio de production hydroélectrique par rapport (principale denrée de base du pays) d'environ 20 pourcent. à la production totale d'énergie atteignant 57.6 pourcent En conséquence, le secteur agricole (en tant que sous- en moyenne durant les quatre premier mois de 2018, secteur du secteur primaire) s'est contracté d'environ comparé à 44.2 pourcent au cours de la même période 6,6 pour cent en 2017. Une pluviométrie plus favorable en en 2017. Cependant, comme l'on continue de dépendre 2018 devrait accroître la production de riz, apporter une globalement de l'énergie thermique, à travers des meilleure récolte et améliorer la sécurité alimentaire générateurs onéreux fonctionnant au gasoil, la hausse des plus vulnérables. Dans l'ensemble, le secteur de mondiale des prix du carburant contribue à l'augmentation l'agriculture devrait connaître une croissance annuelle des coûts de production. Cela se répercute sur les coûts de 4,5 pourcent en 2018. de production pour l'industrie. Le recours progressif à des sources d'énergie renouvelables, tirant profit des 4. Les activités industrielles enregistrent de bons importantes ressources hydroélectriques de Madagascar résultats. La croissance des activités du secteur aidera à long terme à réduire la dépendance à l'énergie secondaire est estimée à 8,9 pour cent en 2017 et à 6,7 thermique et à augmenter l'approvisionnement d'une pour cent en 2018. La production de biens destinés à manière écologiquement durable. l'exportation et les services offshore dans les domaines Figure 2: Une meilleure pluviométrie stimule la Figure 3: Les prix mondiaux du pétrole ont augmenté production hydroélectrique depuis juin 2017, mais les variations des Gigawatt heures prix à la pompe ont été sporadiques 160 90 4 Prix mondiaux du pétrole le Evolution mensuelle du prix 140 80 3 120 70 2 du diesel (%) 60 1 (Brent USD) 100 50 0 80 40 -1 60 30 -2 40 20 -3 20 10 -4 - 0 -5 Sept-15 Déc-15 Mars-16 Juin-16 Sept-16 Déc-16 Mars-17 Juin-17 Sept-17 Déc-17 Mars-18 Juin-17 Août-17 Oct-17 Déc-17 Févr-18 Avr-18 Hydraulique Thermique Prix mondiaux du pétrole Prix du diesel à la pompe Source : INSTAT (TBE) et JIRAMA Source : Banque mondiale, Office Malgache des Hydrocarbures et calcul des Services de la Banque mondiale 5. Une demande constante de services tels que le particulièrement bonnes, avec une croissance estimée à commerce et les transports a contribué à une expansion 4,1 pourcent en 2017 et projetée à 4,5 pourcent en 2018. La modérée des activités du secteur tertiaire. La croissance valeur ajoutée dans le secteur bancaire, un secteur qui annuelle du secteur des services a été estimée à 5,2 est considérablement rentable, continue de progresser pourcent en 2017 et devrait atteindre 5,4 pourcent en (voir Encadré 1). En 2017, le secteur bancaire a contribué 2018. L'augmentation de la demande de services liés aux à hauteur de 0,43 pourcent du PIB aux recettes fiscales. transports s'explique en partie par le développement du Cependant, la majorité de la population n'a pas accès tourisme intérieur. Parmi les composants du secteur des aux services bancaires et dépend largement de services services, le commerce a enregistré des performances financiers alternatifs (cf. Partie 3). 3
Encadré 1: Le Secteur bancaire considérablement rentable de Madagascar Depuis des siècles, les banques ont toujours joué un rôle détenant des participations dans trois des grandes important dans l'économie. Les banques peuvent vous banques. Cette concentration peut être une source de aider à gérer votre argent en le gardant dans un compte vulnérabilité, car si quelques grandes entreprises sont et réduire ainsi les risques de perte ou de vol d’argent. incapables de rembourser leurs prêts, cela pourrait Les banques prêtent de l'argent à des clients tels que avoir des conséquences majeures. Cependant, une forte des particuliers et des entreprises moyennant un coût participation étrangère est considérée comme une source connu sous le nom de taux d'intérêt (cf. Encadré 3). Et les de force puisque la société mère peut généralement banques peuvent aider à payer des biens et des services, soutenir une filiale en cas de difficulté. par exemple, en fournissant à leurs clients de l'argent ou une carte de crédit ou de débit. Cependant, à Madagascar, Dans l'ensemble, le secteur bancaire est financièrement l'utilisation des services bancaires est faible : moins de dix solide. Pendant la crise financière mondiale, les pourcent de la population dispose d'un compte de dépôt; vulnérabilités du secteur financier ont engendré des coûts un chiffre comparable au Soudan du Sud et à la Guinée importants pour les gouvernements du monde entier, raison (cf. Partie 3 sur l'inclusion financière). pour laquelle il est essentiel d'évaluer régulièrement les performances et les domaines potentiels de faiblesse. À Malgré la portée limitée des services bancaires, le Madagascar, toutes les banques satisfont aux exigences secteur est très rentable. Entre 2013 et 2017, le rendement minimales en matière d'adéquation des fonds propres, des capitaux propres est passé de 30 pourcent à près de avec un ratio global de capital sur actifs à risque de 13,6 42 pourcent. Cela signifie que le montant des bénéfices pourcent dans l’ensemble, bien au-dessus du minimum réalisés en pourcentage des capitaux propres a augmenté requis de 8 pourcent. Sous réserve des fluctuations de près de 30 pourcent. Ce niveau de rentabilité se saisonnières, la liquidité est généralement abondante, les compare avantageusement à celui des autres pays de la dépôts globaux des banques dépassant les prêts, bien que région, mais peut également refléter l'aversion au risque certaines banques soient plus exposées que d'autres aux de prêter à de nouveaux clients. De même, le rendement risques de liquidité. Le risque d'insolvabilité est faible mais des actifs à Madagascar est également performant par le ratio d'adéquation des fonds propres (qui repose sur une rapport à d'autres pays. évaluation des risques pour chaque type d'actif bancaire) se situe à l'extrémité inférieure par rapport aux autres pays de Une rentabilité élevée signifie que l’État a reçu de larges la région. Le ratio des créances improductives par rapport dividendes. L'État détient des parts allant de 9,4 pourcent aux prêts totaux est d'environ 8 pour cent et se situe à un à 32,5 pour cent du capital des banques. Les dividendes niveau similaire à celui des autres pays de la région. provenant de toutes les institutions financères ont représenté 52 pourcent des dividendes totales reçues par Les vulnérabilités potentielles dans le secteur bancaire l’État en 2016 et 34.2 en 2017. La régression de la contribution pourraient découler des risques de crédit et d'une forte du secteur financier aux dividendes du gouvernement en détérioration de la situation macroéconomique. En juin 2017, 2017 est expliquée par le paiement de dividendes par les un test de résistance mené par la Banque centrale pour évaluer entreprises hors secteur financier et par le non-paiement les sources possibles de pression a montré que les indicateurs à temps des dividendes de la part d’une institution financiers restaient supérieurs aux exigences minimales. Le d’assurance. Les banques ont aussi contribué à hauteur risque de crédit constitue la principale source de risque et de 0.43 pourcent du PIB de recettes fiscales en 2017. pourrait conduire à une sous-capitalisation des banques mais tout en demeurant solvable. Une baisse significative de Le secteur bancaire est très concentré. Bien qu'il la performance économique pourrait également affecter la existe onze banques opérant dans le pays, le secteur performance des banques locales dans le cas par exemple est fortement concentré autour de quatre banques, où les emprunteurs ne seraient pas en mesure de rembourser qui possèdent 87 pourcent du total des actifs du leurs prêts ou de faire des dépôts réguliers. Dans le cadre de secteur bancaire, 88 pourcent du total des dépôts et son mandat de maintenir la stabilité financière et d'informer des partagent entre eux 94 pourcent des bénéfices. Dix décisions de surveillance, la Banque centrale met régulièrement banques sur onze appartiennent à des étrangers, l'État à jour et publie l'évaluation de la stabilité financière. Sources : Evaluation de la stabilité du système financier, FMI 2016 et Rapport sur la stabilité du secteur financier, Banque Centrale de Madagascar 2017 4
Figure 4: Le rendement des capitaux propres se Figure 5: Le rendement des actifs est également compare favorablement avec les autres l’un des plus performants dans la région pays dans la région (pourcentage en 2017) (pourcentage en 2017) 160 14.0 140 12.0 120 10.0 100 8.0 80 6.0 60 40 4.0 20 2.0 - 0.0 Djibouti Maurice Guinée Tchad Ghana Afrique du Sud Lesotho Namibie Malawi Madagascar Cameroon Gabon Djibouti Maurice Afrique du Sud Tchad Guinée Namibie Lesotho Ghana Madagascar Cameroon Malawi Gabon Figure 6: Le ratio d’adéquation du capital est à Figure 7: Tandis que le ratio des créances non l’extrémité inférieure par rapport à celui productives est similaire à celui des pays des pairs (pourcentage en 2017) comparateurs (pourcentage en 2017) Défini comme le ratio du capital sur les actifs Valeur des prêts non productifs divisée par la pondérés en fonction des risques (pourcentage) valeur totale du portefeuille de prêts (pourcentage) 25 25 20 20 15 15 10 10 5 5 0 0 Gabon Cameroon Lesotho Madagascar Djibouti Namibie Ghana Afrique du Sud Guinée Tchad Maurice Malawi Namibie Afrique du Sud Lesotho Madagascar Maurice Malawi Gabon Guinée Cameroon Djibouti Ghana Tchad Source: Indicateurs de solidité financière du FMI, extraits en 2018 Bien que la croissance économiqe soit solide, le secteur agricole qui emploie 80 pourcent de la population s'est contracté 5
Tableau 1: Sélection de données macroéconomiques 2013 2014 2015 2016 2017 2018* 2019 2020 2021 2022 Réalisations Est Projections Secteur réel PIB (milliards d'Ariary) 23,397 25,775 28,585 31,769 35,835 40,548 45,809 51,251 56,857 62,717 Croissance du PIB réel (%) 2.3 3.3 3.1 4.2 4.2 5.0 5.4 5.3 5.2 4.9 PIB par tête (USD) 462 453 402 401 449 475 501 525 547 566 Croissance du PIB par tête (%) -0.5 0.6 0.4 1.4 1.4 2.2 2.6 2.6 2.4 2.2 Taux de chômage (définition du BIT) 0.9 1.2 1.8 1.8 1.8 1.8 1.8 1.9 1.9 1.9 Déflateur du PIB (changement annuel, en %) 5.1 6.6 7.6 6.7 8.3 7.8 7.2 6.3 5.5 5.2 Inflation, prix à la consommation ( % annuel, 6.3 6.0 7.6 7.0 9.0 7.7 6.4 6.0 5.4 5.0 fin d'année) Finances Publiques (%PIB) Recettes, hors dons 9.6 10.1 10.4 11.2 11.8 12.2 12.5 13.0 13.4 13.6 dont: Recettes fiscales 9.3 9.9 10.1 10.9 11.5 12.0 12.3 12.8 13.2 13.4 Dons 1.3 2.3 1.5 3.5 2.9 3.4 2.7 1.4 1.4 1.4 Total des dépenses (base engagement) 14.9 14.7 15.1 16.0 17.1 18.0 19.6 19.8 20.0 19.8 dont: Dépenses d'investissement 3.1 3.9 3.5 5.2 5.5 7.3 9.8 9.8 9.9 9.5 Solde global (base caisse) -2.0 -2.4 -3.7 -2.0 -2.3 -3.3 -4.6 -5.5 -5.2 -4.8 Total de la dette publique 33.9 34.7 41.3 38.4 36.0 35.1 36.5 39.0 41.3 43.4 Comptes monétaires (changement annuel, en %) Masse monétaire (M2) 9.0 9.8 15.8 21.3 19.3 13.4 13.7 17.3 16.8 14.2 Avoirs extérieurs nets -12.7 17.3 20.9 37.4 23.2 9.5 8.8 17.1 16.3 12.3 Avoirs intérieurs nets 8.0 8.3 11.4 10.8 14.1 15.1 15.7 15.4 15.5 14.2 dont: Crédit au secteur privé 16.7 18.4 16.5 8.2 18.4 14.0 15.4 15.0 14.4 14.0 Secteur extérieur (%du PIB) Exportations de biens 18.1 20.6 21.0 21.6 24.4 23.6 23.1 23.1 23.2 23.3 Importations de biens 30.7 30.2 28.7 28.6 31.4 32.1 31.5 32.2 32.6 32.6 Solde du compte courant -5.9 -0.3 -1.9 0.6 -0.3 -2.2 -3.4 -4.3 -4.6 -4.8 Investissements directs étrangers 5.2 2.9 4.5 4.5 3.1 3.1 3.2 3.3 3.4 3.4 Balance globale 0.7 0.2 1.0 2.9 2.0 0.4 0.3 1.0 1.0 0.6 Réserves étrangères (en mois d'importations) 2.2 2.5 2.9 3.9 4.0 4.1 4.1 4.2 4.3 4.3 Dettes extérieures 22.8 24.4 28.4 26.7 25.3 25.5 27.8 30.7 33.3 35.5 Termes de l'échange (changement en %) -0.1 -0.7 1.2 22.3 17.7 -1.8 0.7 0.9 0.6 0.3 Taux de change MGA/USD(moyenne) 2,207.0 2,414.8 2,933.5 3,176.5 3,116.0 … … … … … * Projections basées sur le projet de LFR (publié sur le siteweb du MFB) Source : Autorités malgaches, projections des Services du FMI et de la Banque mondiale, Indicateurs de Développement dans le Monde, mai 2018 6
Le Secteur extérieur 6. Le déficit du compte courant est resté à un niveau 8. Les exportations tendent à se concentrer autour faible. Les prix nettement supérieurs de la vanille et les d'un nombre limité de produits. Les performances en exportations croissantes de produits manufacturés à exportation se sont améliorées ces dernières années : forte intensité de main-d'œuvre ont stimulé les recettes le ratio exportations sur PIB est passé de 30 pourcent d'exportation en 2017. Les importations en produits en 2013 à 35 pourcent en 2017, reflétant également la d’alimentation (notamment le riz pour compenser le hausse des prix de la vanille. Cette tendance à la hausse déficit de la production intérieure) et d'équipements indique que l'économie est de plus en plus ouverte, relatifs aux projets d’investissements ont également que l'accès aux marchés extérieurs s'élargit et que les augmenté. Globalement, le déficit du compte courant est recettes d'exportation se sont accrues. Cependant, estimé à 0,3 pourcent du PIB en 2017. La même tendance l'indice de concentration des exportations tend à la est observée au premier trimestre 2018, avec les recettes hausse, ce qui signifie qu’un nombre plus limité de d'exportation continuant de tirer profit des prix élevés biens dominent le panier d'exportation.4 Au cours des de la vanille. Les financements externes sous forme de cinq dernières années, 58 pourcent en moyenne des prêts liés aux projets et dons ont financé le modeste exportations totales du pays ont été dominées par la déficit. En 2018, le déficit devrait être à 2,2 pourcent, les vanille, le nickel et le textile, qui ont également été les importations devant augmenter pour accompagner la principaux facteurs de la croissance des exportations. réalisation des projets d'investissement. 9. Cette concentration des exportations peut être une 7. Les fortes recettes d'exportation ont permis à la source de vulnérabilité. Une baisse inattendue de la Banque centrale de dépasser les prévisions en matière demande ou une forte variation des prix pourrait avoir d’accumulation de réserves de change. Madagascar un impact significatif sur les recettes d'exportation. Pour a un taux de change flottant, où la Banque centrale atténuer les risques potentiels, des mesures pourraient n'intervient que pour gérer la volatilité excessive des taux être prises pour diversifier les exportations et renforcer la de change et assurer des niveaux adéquats de liquidité. demande intérieure. Le développement des exportations Conformément à ces objectifs, la Banque centrale a de services observé récemment est encourageant, dont acheté des devises au deuxième semestre de 2017 pour par exemple les sous-traitances comme les centres atténuer les fluctuations des taux de change, portant d'appels et les autres activités dans le domaine des la couverture des réserves de change à l’équivalent de technologies de l’information et de la communication, et quatre mois d’importations à la fin de l’année. le tourisme.5 Les performances en exportation se sont améliorées, mais les exportations sont dominées par un nombre limité de produits : nickel, textile et vanille. 4 La concentration des exportations est mesurée ici par l'indice Herfindahl-Hirrschmann. Un indice plus proche de 1 indique que les exportations d'un pays sont fortement concentrées sur quelques produits. Les calculs ont été faits en utilisant la valeur des exportations. 5 Entre 2014 et 2016, plus de 70 nouvelles entreprises de TIC ont été créées à Madagascar, dont la plupart opèrent dans des activités offshore (Source : Economic Development Board of Madagascar). 7
Figure 8: Le déficit du compte courant reste faible Figure 9: Les exportations sont de plus en plus Solde du compte courant, 2009-18 (millions USD) concentrées Indice de concentration des exportations (Herfindahl-Hirrschmann) 500 0.300 0 0.250 -500 0.200 0.150 -1,000 0.100 -1,500 0.050 -2,000 0.000 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2009 2010 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017e 2018p IHH Courbe de tendance Figure 10: Les exportations sont dominées par la Figure 11: Les importations ont augmenté en 2017 vanille, le textile et le nickel par rapport aux années précédentes Exportations de biens, 2013-2018 (millions USD) Importations de biens, 2013-2018 (millions USD) 3,000 4,000 2,500 3,500 3,000 2,000 2,500 1,500 2,000 1,000 1,500 1,000 500 500 0 0 2013 2014 2015 2016 2017 2018 (Jan-Mai) 2013 2014 2015 2016 2017 2018 (Jan-Mai) Vanille Girofle Cobalt Nickel Riz Alimentation Textile Autres Produits pétroliers Equipement Matières premières Autres Source : MFB, BCM, Services du FMI et de la Banque mondiale 8
Tableau 2: Balance des Paiements (en millions USD)6 2016T1 2016T2 2016T3 2016T4 2017T1 2017T2 2017T3 2017T4 2018T1 1 – Transactions courantes 60, 5 -141, 2 -99, 7 230, 8 119, 9 -54, 8 -249, 1 146, 4 105, 7 1.1 Biens et services -12, 6 -144, 7 -158, 9 85, 8 27, 0 -98, 9 -327, 0 -21, 6 -58, 1 Balance commerciale -9, 6 -107, 3 -141, 9 -7, 4 -10, 9 -135, 3 -314, 2 10, 3 -47, 0 Exportations FOB 524, 6 501, 5 483, 2 651, 2 670, 9 628, 0 588, 5 917, 9 752, 8 Importations FOB 524, 6 501, 5 483, 2 651, 2 670, 9 628, 0 588, 5 917, 9 752, 8 Services nets -534, 2 -608, 8 -625, 0 -658, 5 -681, 8 -763, 3 -902, 6 -907, 6 -799, 7 1.2 Revenus -3, 0 -37, 4 -17, 0 93, 1 37, 9 36, 4 -12, 9 -31, 9 -11, 1 1.3 Transferts courants -70, 5 -145, 7 -88, 4 -103, 2 -69, 7 -98, 0 -84, 3 -102, 4 -37, 9 143, 6 149, 3 147, 7 248, 2 162, 6 142, 1 162, 2 270, 4 201, 7 2 – Compte de capital et d’opérations -38, 8 168, 3 202, 5 -55, 2 -135, 9 2, 4 349, 7 83, 0 -57, 6 financières 2.1 Comptes de capital 55, 7 29, 7 73, 0 117, 8 40, 4 52, 5 55, 8 85, 6 34, 8 2.2 Comptes d’opérations financières -94, 6 138, 6 129, 5 -173, 0 -176, 4 -50, 1 293, 9 -2, 7 -92, 4 3 - Erreurs et omissions 9, 9 -40, 8 -22, 0 15, 5 -2, 7 -17, 7 14, 1 -14, 6 -58, 0 4 – Balance globale 31, 6 -13, 7 80, 8 191, 1 -18, 8 -70, 0 114, 7 214, 8 -10, 0 Source : Banque centrale, mai 2018 Secteur monétaire 10. La hausse de l'inflation en 2017 a pesé sur le pouvoir rapport au budget des ménages et des mesures limitées d'achat de nombreux ménages. L'inflation en glissement pour protéger les pauvres des prix plus élevés. Les prix ont annuel a culminé à 9 pourcent à la fin de 2017. L'inflation évolué à des rythmes différents entre les principales villes en 2017 a été associée à la hausse des prix des denrées de Madagascar, le différentiel d'inflation se rétrécissant en alimentaires, en particulier celui du riz, et à l'augmentation période de hausse de l'inflation observée en 2017. du prix du gaz, eau et électricité et du logement. L'indice du prix du carburant et des lubrifiants a fortement 11. Les pressions inflationnistes ont commencé à s'atténuer augmenté au deuxième trimestre de 2017, avec une hausse au premier trimestre de 2018 mais les prix restent élevés mensuelle moyenne de 16,2 pourcent, contre une baisse comparés aux pays voisins. Les pressions inflationnistes mensuelle de 2 pourcent au cours des 12 mois précédents. ont commencé à s'atténuer au premier trimestre de 2018, La hausse des prix du carburant sur le marché intérieur en grande partie grâce à l'amélioration de l'offre de riz coïncide avec la hausse mondiale des prix du carburant, produit au pays. Au premier semestre de 2017, l'inflation à qui s'est reflétée avec quelques ajustements des prix à la Madagascar était comparable à celle des pays tels que le pompe. La hausse des prix de ces produits a surtout été Kenya. L'inflation a commencé à s'atténuer dans plusieurs préjudiciable pour les pauvres compte tenu de la part élevée pays voisins mais reste relativement élevée à Madagascar. des dépenses en produits pétroliers et alimentaires par L’inflation a commencé à s’atténuer au premier trimestre de 2018, soutenue par une amélioration de la production locale de riz. 6 FOB fait référence à ‘franc à bord,’ un terme commercial qui indique si le vendeur ou l’acheteur est responsable des marchandises endommagées ou détruites pendant le transport entre les deux parties. 9
Figure 12: L’écart d’inflation dans les principales Figure 13: Le taux d’inflation dans les pays voisins s’est villes s’est réduit en 2017 atténué à partir du 3è trimestre de 2017 Taux d’inflation en % Taux d’inflation en % 14 250 12 200 10 8 150 6 100 4 50 2 0 - Mars-16 Mai-16 Juil-16 Sept-16 Nov-16 Janv-17 Mars-17 Mai-17 Juil-17 Sept-17 Nov-17 Janv-18 Mars-18 Janv-17 Févr-17 Mars-17 Avr-17 Mai-17 Juin-17 Juil-17 Août-17 Sept-17 Oct-17 Nov-17 Déc-17 Janv-18 Févr-18 Mars-18 Kenya Tanzanie Afrique du Sud Mozambique Madagascar Sources : INSTAT, calcul effectué par les Services de la Banque mondiale Encadré 2: Riz : Qu’est-ce qui se cache derrière la flambée des prix ? Dans un pays où le riz est le principal aliment de base à (Banque mondiale, 2016). Et en milieu urbain où le riz est chaque repas, la population a vivement ressenti les effets largement acheté plutôt que produit, l’augmentation des prix d'une hausse de près de 30 pourcent des prix du riz en a considérablement affecté le pouvoir d'achat des ménages. 2017 suite à la réduction de l'offre locale à cause des chocs Bien que le taux d'inflation globale ait décéléré à 7,6 pourcent climatiques. En milieu rural, le taux élevé d'écart de pauvreté en mars 2018 comparé à 8.2 pourcent à la même période de 36,7 pourcent signifie que même de faibles changements de l'année précédente, les prix élevés du riz continuent de dans le prix d'achat des principaux biens de consommation prévaloir et représentent la moitié de l'augmentation de peuvent conduire une famille à sombrer dans la pauvreté l'inflation globale.7 Figure 14: Les prix de riz plus élevés ont constitué une source majeure de l’inflation Contribution à l’inflation (Principaux articles du panier de consommation) en pourcentage 10 8 6 4 2 0 2013 2014 2015 2016 2017 Mars-18 Alimentation (hors riz) Riz Logement, eau, électricité, gaz et autres Transport Tissus et vêtements Autres Inflation annuelle Source : INSTAT, calcul effectué par les services de la Banque mondiale Bien que le marché du riz ait été libéralisé depuis les vendent leurs riz pendant la période de récolte pour des années 1980, un nombre limité de vendeurs nets de riz besoins urgents d’argent ou parce qu'ils n'ont pas les domine toujours le marché. Certains ménages producteurs moyens de stocker le riz, puis achètent du riz à un coût 7 L’inflation est calculée en mesurant les variations de prix d’un panier de biens et services au cours de deux périodes de temps, où chaque article dans le panier est pondéré selon son importance. A Madagascar, les biens produits au niveau local représentent 76 pourcent du panier total. Le riz constitue 15 pour cent du panier de biens, dont 90 pourcent est produit au niveau local. 10
plus élevé pendant la période de soudure. La création d'un importé bénéficient tous deux de dépenses fiscales, ce qui en Observatoire du riz pour partager les informations sur le réalité agit comme un transfert des ménages ruraux pauvres marché est une mesure opportune et les informations vers des ménages urbains. gagneraient à être mieux exploitées. La faible productivité du riz est expliquée par l’ utilisation insuffisante d'engrais Des politiques adequatement ciblées pourraient aider et par le manque d'accès aux exploitations irriguées et les petits exploitants à tirer profit de la hausse des prix aux marchés d'intrants. du riz. À l'heure actuelle, les intermédiaires du marché accaparent plus de la moitié du prix de détail, du fait Madagascar produit du riz, mais reste importateur net car la des coûts élevés de logistique dus à la médiocrité des production nationale ne suit pas la croissance démographique. infrastructures de transport. D'autres mesures, comme Le riz importé est moins cher que le riz local dans toutes les l'utilisation ciblée d'engrais, la mitigation des effets des régions, et la réduction de l'offre locale au milieu de l’année aléas climatiques et l’élimination des dépenses fiscales 2017 a conduit à creuser l'écart des prix. Le riz importé est pour le riz importé afin d'encourager la production principalement consommé par les ménages urbains. En nationale, pourraient également être envisagées en vue période de réduction de l'offre locale, les ménages ruraux d’améliorer la productivité. tendent à réduire leur consommation. Le riz local et le riz Figure 15: Figure 15 : La hausse du prix du riz local Figure 16: Le riz importé coûte plus cher dans la s’est accélérée à travers le pays capitale et dans le nord du pays Ariary Ariary 2,700 2,700 2,200 2,200 1,700 1,700 1,200 1,200 Q1 Q3 Q1 Q3 Q1 Q3 Q1 Q3 Q1 Q3 Q1 Q1 Q3 Q1 Q3 Q1 Q3 Q1 Q3 Q1 Q3 Q1 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Antananarivo Toamasina Antananarivo Toamasina Mahajanga Antsiranana Mahajanga Antsiranana Sources : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), INSTAT, calculs effectués par les services de la Banque mondiale Figure 17: Les intermédiaires du marché capturent plus de la moitié du prix de détail le long de la chaîne de valeur Paddy et riz blanc - MGA/kg 2,500 2,000 1,500 1,000 500 0 Sofia Boeny Alaotra Mangoro Atsimo Andrefana Haute Matsiatra Menabe Ihorombe Itasy Vakinankaratra Analamanga Atsimo Atsinanana Vatovavy Fitovinary Anosy Amoron 'i Mania Atsinanana Androy Analanjirofo Paddy Riz - Prix de gros Riz - Prix au détail Source : Observatoire du riz, prix disponibles du 14 au 20 mai 2018 Sources : FAO, 2017; Banque mondiale, 2016; Banque mondiale, 2018; Observatoire du riz, 2018; Ministère des Finances, 2017; INSTAT, 2018. 11
12.La formulation de la politique monétaire a été 13. L'ariary a suivi une tendance à la dépréciation. Il y renforcée ces dernières années. Le Statut de la Banque a plusieurs facteurs qui affectent le taux de change à centrale mis à jour en 2016 (i) prévoit une limite plus stricte Madagascar. En général, les fêtes de fin d'année sont sur l'accès aux avances statutaires pour le financement marquées par une augmentation des importations des déficits budgétaires et (ii) a mis en place un comité contribuant à l'affaiblissement de l'ariary. A l'ouverture de politique monétaire chargé d'examiner la politique de la saison de la vanille en mai et en juin, l'Ariary monétaire tous les six mois pour en assurer la cohérence suit généralement une tendance à la hausse, avec avec les objectifs macroéconomiques du gouvernement et l’accroissement de la demande en monnaie locale pour gérer la liquidité dans le système bancaire. Conformément acheter des produits locaux. Pour gérer la volatilité sur à ces réformes, les prêts de la banque centrale au le marché, la banque centrale peut intervenir dans une gouvernement se sont progressivement rétractés à certaine mesure soit pour acheter ou vendre des devises mesure que les avances statutaires sont remboursées étrangères. La récente tendance à la dépréciation de (Figure 15). Le comité de politique monétaire a décidé l'ariary en termes nominaux continue de favoriser la en mai 2018 de maintenir inchangés le niveau du taux compétitivité des exportateurs. directeur et du taux de réserves obligatoires.8 Figure 18: L’ariary a suivi une considérable tendance à la dépréciation 10 5 0 -5 -10 -15 01/02/2018 01/06/2017 01/07/2017 01/08/2017 01/09/2017 01/10/2017 01/11/2017 01/12/2017 01/01/2018 01/04/2018 01/03/2018 01/05/2018 EUR USD Source: Banque Centrale de Madagascar, calculs effectués par les services de la Banque mondiale, mai 2018 14. L’octroi de crédit au secteur privé s’est amélioré, marchandises liées principalement aux transactions sur la principalement grâce aux crédits à court terme. L’octroi vanille. Les taux d'intérêt moyens ont baissé au début de de crédit au secteur privé a augmenté en moyenne de l'année mais la tendance s'est inversée depuis. Plusieurs 15 pourcent en glissement annuel entre septembre 2017 facteurs influent sur les taux des banques commerciales, et mars 2018, par rapport aux six mois précédents. Les notamment les niveaux de risque, le coût des opérations nouveaux prêts étaient majoritairement à court terme, et le coût du financement (cf. Encadré 3). pour des facilités de caisse et avances sur les stocks de 8 Banque centrale de Madagascar. Décision sur la politique monétaire du 4 mai 2018. 12
Figure 19: Les prêts au secteur privé ont repris Figure 20: Après une chute des taux d'intérêt des Crédit au gouvernement et à l'économie banques commerciales au début de l'année, (% variation en glissement annuel) une augmentation est maintenant constatée Taux (en pourcentage) 40 16 35 15 30 14 25 13 20 12 15 11 10 5 10 0 9 -5 8 Mars-16 Mai-16 Juil-16 Sept-16 Nov-16 Janv-17 Mars-17 Mai-17 Juil-17 Sept-17 Nov-17 Janv-18 Mars-18 Mars-16 Mai-16 Juil-16 Sept-16 Nov-16 Janv-17 Mars-17 Mai-17 Juil-17 Sept-17 Nov-17 Janv-18 Mars-18 Crédit au gourvernment Taux directeur de la BCM Crédit à l'économie Taux moyen pondéré découvert Taux moyen pondéré débiteur Source: CBM Figure 21: Les prêts à long terme ont diminué Figure 22: La période de pré-exportation de la vanille Variation annuelle (millions de MGA) est associée avec une augmentation de la monnaie en circulationn9 Variation annuelle en pourcentage 700,000 35 600,000 30 500,000 25 400,000 300,000 20 200,000 15 100,000 10 0 -100,000 5 -200,000 0 Mars-16 Mai-16 Juil-16 Sept-16 Nov-16 Janv-17 Mars-17 Mai-17 Juil-17 Sept-17 Nov-17 Janv-18 Mars-18 Mars-16 Mai-16 Juil-16 Sept-16 Nov-16 Janv-17 Mars-17 Mai-17 Juil-17 Sept-17 Nov-17 Janv-18 Mars-18e Crédit à court terme Crédit à moyen terme M3 Base monétaire Crédit à long terme Source: CBM 9 La masse monétaire est une mesure de l’argent au sens large qui inclut en plus de l'argent physique tel que les billets de banque et les pièces de monnaie les dépôts à vue dans les banques commerciales et toute somme d’argent détenue dans des comptes facilement accessibles. 13
Encadré 3: Achetez maintenant… et payez plus tard: Qu'est-ce qui détermine les taux d'intérêt à Madagascar? Les taux d'intérêt sont considérés comme le privilège des banques de microfinance et ensuite des banques d'emprunter de l'argent qui doit être remboursé plus tard. conventionnelles (Figure 23). Cependant, les taux d'intérêt À Madagascar, les taux d'intérêt effectifs varient de 11 à 127 élevés ne sont en aucun cas uniques à Madagascar. Les pourcent, selon le type d'institution financière prêteuse. institutions financières dans des pays comme la Zambie, À l'extrémité supérieure, les institutions de microfinance le Ghana, le Malawi et la Tanzanie pratiquent des taux plus facturent les taux d'intérêt les plus élevés , suivies élevés qu'à Madagascar (Figure 24). Figure 23: Types d'institution et taux d'intérêt effectif Figure 24: Taux d'intérêt dans les pays de comparaison moyen à Madagascar Intervalle des taux d'intérêt effectifs sur les produits (en pourcentage) Banques conventionnelles 400 300 200 Microfinances-banques 100 0 Microfinances-non banques Ethiopie (2011) Madagascar (2015) Rwanda (2013) Mozambique (2011) Uganda (2013) Kenya (2013) Tanzanie (2013) Malawi (2013) Zambie (2011) Ghana (2013) Toutes 0 50 100 150 200 Intervalle des taux d'interêts effectifs sur les produits Taux d'interêt effectif moyen dans le pays (%) Les taux d'intérêt sont principalement déterminés par le coût réduits. Les principales mesures qui permettraient de réduire des opérations, le niveau de risque et le coût du financement. les coûts opérationnels et financiers incluent une : Les institutions de microfinance appliquent des taux d'intérêt plus élevés parce que les petits prêts sont plus coûteux à gérer • Utilisation de la technologie pour les transactions et sont couverts par peu ou pas de garanties, ce qui augmente électroniques pour suivre les crédits; les coûts d'exploitation et les niveaux de risque. Les banques, • Amélioration de la productivité en formant le personnel d’autre part, offrent largement des crédits à un segment plus et en utilisant des moyens plus efficaces d’octroyer restreint de la population. Néanmoins, les risques restent élevés des crédits; en raison des faiblesses institutionnelles liées au recouvrement • Augmentation du contrôle sur les coûts des pertes sur créances et à l'insolvabilité, c’est-à-dire qu'en administratifs; et cas de défaillance, les procédures de recouvrement sont • Mobilisation de volumes d'épargne plus importants considérées comme lentes, incertaines et coûteuses pour le qui pourraient être canalisés vers les banques en créancier. Le recours aux huissiers pour recouvrer des créances tant que liquidités. à Madagascar est jugé élevé par les institutions financières. D'autres risques de crédit résultent du manque de fiabilité des La réduction des risques peut être soutenue par une: états financiers pour les petites et moyennes entreprises, de l’insuffisance d'informations fournies par le Bureau central des • Amélioration du système de justice; risques, de la concentration du portefeuille et de la capacité • Mise en place d’un système centralisé d'enregistrement des établissements de crédit à évaluer le risque. des garanties ; • Renforcement du pouvoir des certificats fonciers en Il est important que les institutions financières établissent les garantie de l'accès au crédit; taux d'intérêt au niveau adéquat pour maintenir leurs profits • Amélioration et intégration de l'unité centrale de et être viables. Cependant, en améliorant l'environnement gestion des risques bancaires et l'unité de risque opérationnel et institutionnel, les taux d'intérêt peuvent être de microfinance; et 14
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