Malnutrition chez les personnes âgées

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Malnutrition chez les personnes âgées
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Malnutrition chez les personnes âgées
Reinhard Imoberdorfa, Maya Rühlinb, Alois Beerlic, Peter E. Ballmera
a Klinik für Innere Medizin, Departement Medizin, Kantonsspital Winterthur;
b Ernährungsberatung, Kantonsspital Winterthur;
c Grundversorgerpraxis, Winterthur

                                                                                              d’intenses discussions en tant que problème de politique
                                                                                              de santé. Il peut paraître surprenant de prime abord
Quintessence
                                                                                              que l’on parle également de plus en plus de malnutrition
   En Suisse également, la malnutrition est fréquente et elle augmente                        en Suisse. Bien que dans notre pays où coulent le lait et
avec l’âge.                                                                                   le miel, nous pourrions nous procurer des aliments de
   La malnutrition peut toucher les personnes ayant un poids insuffisant,                     grande qualité, la malnutrition et les carences sont
normal ou excessif.                                                                           fréquentes, y compris chez les personnes en surpoids et
                                                                                              obèses [1].
   La perte de poids involontaire constitue un critère essentiel pour le                      La malnutrition est un facteur de risque indépendant
diagnostic de la malnutrition.                                                                très pertinent ainsi qu’un facteur de coût significatif,
   En s’aidant de trois questions et de la brochure «Dénutrition?!»,                          dont les conséquences ont été scientifiquement prouvées
chaque médecin de famille peut facilement identifier les situations à                         [2]. Chez les patients à risque de malnutrition, une
risque ou les carences manifestes.                                                            malnutrition substantielle devrait être diagnostiquée
                                                                                              précocement au moyen d’un interrogatoire systématique
   Chez les personnes âgées en bonne santé, les apports journaliers                           et d’un examen physique ciblé, et elle devrait faire
recommandés s’élèvent à 30 kcal d’énergie, 0,8 à 1,2 g de protéines et                        l’objet d’une thérapie nutritionnelle. A cet égard, la pré­
30 ml d’eau par kg de poids corporel.                                                         vention et la détection de la malnutrition dans la pra­
   La collaboration avec une diététicienne diplômée revêt une importance                      tique revêtent une importance particulière. Pour une
majeure pour la prise en charge nutritionnelle des personnes âgées                            discussion plus détaillée, nous renvoyons à notre article
souffrant de malnutrition.                                                                    de mise à jour paru dans cette revue [3].

                                                                                              La malnutrition est fréquente
                                                                                              et elle augmente avec l’âge
                   Introduction
                                                                                              La malnutrition peut toucher les personnes ayant un
                   Actuellement, l’espérance de vie à la naissance en Suisse                  poids insuffisant, normal ou excessif. D’après le sixième
                   est l’une des plus élevées au monde, conséquence d’une                     rapport sur la nutrition en Suisse, en moyenne un
                   forte augmentation au cours du XXe siècle (www.bfs.                        cinquième, voire un quart, des personnes admises à
                   admin.ch). Depuis 1900, elle a pratiquement doublé: de                     l’hôpital présentent une carence alimentaire ou un
                   46,2 à 80,5 ans pour les hommes et de 48,9 à 84,7 ans                      risque de ce type [4]. Dans une étude que nous avons
                   pour les femmes. Durant la même période, la proportion                     réalisée chez 32 837 patients au total (16 540 femmes,
                   d’adolescents de moins de 20 ans a diminué, passant de                     16 297 hommes), une malnutrition a été observée chez
                   40,7 à 20,6%; la proportion de personnes de plus de                        5978 (18,2%) patients lors de l’admission à l’hôpital [5].
                   64 ans a augmenté, passant de 5,8 à 17,2%; quant à                         La prévalence de la malnutrition dépendait directement
                   l’augmentation de la proportion de personnes très âgées                    de l’âge: 84 ans: 28%.
                   passant de 0,5 à 4,8%.                                                     Ces chiffres illustrent bien le problème de la malnutrition
                   Au cours des deux dernières décennies, on a assisté à                      chez les patients qui sont hospitalisés. A notre avis, la
                   une amélioration des connaissances de la population                        malnutrition devrait déjà être détectée et, si possible,
                   suisse au sujet de l’importance de l’alimentation. En                      prévenue en dehors du contexte hospitalier et ainsi, il
                   particulier, le surpoids et l’obésité, avec toutes leurs                   s’agit là également d’une mission essentielle des méde­
                   conséquences médicales et économiques, font l’objet                        cins installés en cabinet.

                    Cet article fait partie d’une série de six articles spécialisés sur des thèmes ayant trait à la promotion de la santé des personnes âgées.
                    Les articles ont été rédigés par les auteurs dans le cadre d’un partenariat entre le projet Via – Bonnes pratiques de promotion de la santé des
                    personnes âgées (http://promotionsante.ch/public-health/promotion-de-la-sante-des-personnes-agees.html) et la Société Professionnelle
                    Suisse de Gériatrie. La FMH et le Collège de Médecine de Premier Recours soutiennent cette initiative. Les auteurs sont indépendants de
                    l’autorité responsable de la revue et ils n’ont perçu aucune compensation financière pour leurs travaux. Les articles ont fait l’objet d’une
                    révision au sein de la rédaction et en externe dans le cadre du processus décisionnel habituel du FMS.

                                                                                                               Forum Med Suisse 2014;14(49):932–936            932
Malnutrition chez les personnes âgées
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                                                                                Description de cas:
                                                                                incroyable, mais vrai et pas si rare
                                                                                Un patient de 65 ans se présente chez son médecin en
                                                                                raison d’un ballonnement abdominal croissant. Il n’a
                                                                                plus d’appétit et se sent déjà repu après quelques
                                                                                bouchées; certains aliments le dégoûtent vraiment. Son
                                                                                état se dégrade continuellement au cours des mois sui­
                                                                                vants et l’homme est finalement admis à l’hôpital pour un
                                                                                bilan. La figure 1     (côté droit) montre le patient lors de
                                                                                l’admission à l’hôpital. Son visage émacié avec absence
                                                                                de tissu graisseux sous­cutané est particulièrement
                                                                                frappant, surtout en comparaison avec une photo prise
                                                                                un an avant le début de la maladie (fig. 1, côté gauche).
                                                                                La figure 2      illustre les arêtes osseuses saillantes au
                                                                                niveau de l’orifice supérieur du thorax, l’abdomen est
Figure 1
Perte de tissu graisseux sous-cutané au niveau du visage.                       ballonné et il est flagrant que le patient n’a, façon de
                                                                                parler, «plus que la peau sur les os». L’anamnèse révèle
                                                                                qu’il a perdu plus de 20% de son poids corporel au cours
                                                                                des 8 derniers mois. Les examens réalisés ont révélé
                                                                                un cancer du côlon, qui a pu être totalement réséqué
                                                                                par chirurgie. Grâce à une réadaptation intensive et à
                                                                                une prise en charge nutritionnelle, le patient a bien ré­
                                                                                cupéré.

                                                                                Qu’est-il possible de faire dans la pratique?

                                                                                Le cas décrit ci­dessus ne constitue pas une exception.
                                                                                Nos efforts devraient se concentrer sur la détection
                                                                                précoce de telles détériorations de l’état nutritionnel et
                                                                                si possible, sur leur prévention. La perte de poids in­
                                                                                volontaire constitue un critère essentiel pour le diag­
                                                                                nostic de la malnutrition. Quiconque perd plus de 5%
                                                                                de son poids corporel en l’espace d’un mois ou plus de
                                                                                10% de son poids corporel en l’espace de 6 mois rem­
                                                                                plit le critère de malnutrition.
                                                                                En raison du manque de temps au cabinet médical, il
                                                                                est nécessaire de disposer d’instruments simples et
                                                                                institutionnalisés pour le dépistage de la malnutrition.
                                                                                Dans les lignes qui suivent, nous décrivons une marche
                                                                                à suivre simple, rapide et efficace, que chaque médecin
                                                                                de famille peut appliquer dans son cabinet.
                                                                                1. Penser à la malnutrition.
                                                                                2. Impliquer le patient, en
                                                                                    2.1 mettant à disposition du matériel de dépistage et
                                                                                         d’information dans la salle d’attente du cabinet;
                                                                                    2.2 posant des questions sur l’appétit et sur l’apport
                                                                                         de nourriture (habituel, réduit, diminué, absent).
                                                                                3. Mesurer la taille et le poids de tout patient deux fois
                                                                                    par an.

                                                                                Trois petites questions pour le dépistage
                                                                                Pour le dépistage, trois petites questions suffisent:
                                                                                1. Avez­vous involontairement perdu du poids?
                                                                                2. Si vous avez perdu du poids, combien de kilogrammes?
                                                                                3. Avez­vous mangé peu en raison d’une diminution de
                                                                                   l’appétit? (tab. 1 )

Figure 2
                                                                                En cas de réponses totalisant deux points ou plus, il
Malnutrition avec atrophie musculaire, absence de tissu graisseux sous-cutané   s’agit d’une situation à risque et une anamnèse alimen­
et abdomen ballonné.                                                            taire détaillée devrait dès lors être réalisée. Ce score

                                                                                              Forum Med Suisse 2014;14(49):932–936      933
Malnutrition chez les personnes âgées
CURRICULUM

                     paraît quelque peu simpliste, mais des scores plus                        les signes cliniques d’une carence nutritionnelle ou
                     sophistiqués et donc plus chronophages ne sont guère                      d’une malnutrition. Les lèvres, la langue, la muqueuse
                     plus utiles au cabinet médical. Il est possible de présenter              buccale et les gencives signalent la présence d’états de
                     ces trois questions sur un document coloré de format                      carence longtemps avant que d’autres régions du corps
                     A4, de les déposer en salle d’attente et de demander aux                  ne soient touchées (tab. 2 ). Ainsi, il est aussi possible
                     patients d’y répondre. Lors de l’anamnèse alimentaire,                    de deviner la présence d’autres troubles tels que
                     il convient avant tout de poser des questions relatives à                 des brûlures de la bouche et de la langue, ainsi que des
                     l’appétit, au goût et à la capacité de s’alimenter. Lors de               altérations du goût.
                     l’examen physique, un aspect mérite une attention toute                   En complément, il est recommandé de mettre à disposition
                     particulière. La cavité buccale est l’une des premières                   des patients une brochure relative à la malnutrition en
                     régions anatomiques de l’organisme où se manifestent                      tant que matériel d’information. Il s’agit d’une mesure
                                                                                               judicieuse, qui favorise l’autonomie des patients. Il est
                                                                                               vivement conseillé d’utiliser la brochure «Dénutrition?!»
                      Tableau 1                                                                (fig. 3 ).
                      Les trois questions critiques en cas de suspicion de malnutrition [1].

                      Réponse                             Score
                      1. Avez-vous involontairement perdu du poids?                            Régulation perturbée de l’apport alimentaire
                      Non                                 0                                    et carences chez les personnes âgées
                      Incertain/Oui                       2
                                                                                               Chez les personnes âgées, la sensation de soif et l’appétit
                      2. Si vous avez perdu du poids, combien de kilogrammes?                  sont diminués. Cette «anorexie du sujet âgé» s’explique
                      1–5                                 1                                    par une diminution du goût, de l’odorat et de la vue,
                      6–10                                2                                    ainsi que par l’activité accrue de facteurs de satiété au
                      11–15                               3
                                                                                               niveau gastro­intestinal [6]. Tandis que la fonction de
                                                                                               digestion du tractus gastro­intestinal est préservée chez
                      >15                                 4
                                                                                               la personne âgée, la biodisponibilité du fer, de la vita­
                      Incertain                           2                                    mine B12 et du calcium est réduite en raison d’une sé­
                      3. Avez-vous mangé peu en raison d’une diminution de l’appétit?          crétion moindre d’acide gastrique. Par ailleurs, la capa­
                      Non                                 0                                    cité de réaction adéquate au stress métabolique est
                      Oui                                 1
                                                                                               altérée. C’est pourquoi même une maladie légère en­
                                                                                               traîne bien souvent déjà une dégradation de l’état
                                                                                               nutritionnel chez la personne âgée. La malnutrition a
 Tableau 2                                                                                     de graves conséquences chez les personnes âgées.
 Carences nutritionnelles visibles à l’examen clinique.                                        Ainsi, la perte de masse musculaire liée à une perte de
 Région anatomique       Anomalies et symptômes                     Carence en                 poids accentue la sarcopénie et la fragilité liées à l’âge
 Lèvres                  Chéilite angulaire: rougeur et gonflement Niacine, riboflavine,
                                                                                               et favorise ainsi les handicaps et les limitations de
                         douloureux avec formation de fissures vitamine B6, fer                l’autonomie.
 Gencives                Spongieuses, sanglantes                    Vitamine C
 Langue                  Glossite: langue rouge, endolorie          Vitamine B6 et B12,
                         et striée                                  acide folique, fer
                                                                                               Recommandations nutritionnelles

                                                                                               L’objectif des mesures nutritionnelles pratiques chez les
                                                                                               personnes âgées est la mise à disposition de quantités
                                                                                               suffisantes d’énergie, de protéines, de micronutriments
                                                                                               et de liquide. Chez les personnes âgées, le maintien de
                                                                                               la fonction, de l’autonomie et de la qualité de vie est pri­
                                                                                               mordial. La thérapie nutritionnelle chez le sujet âgé va
                                                                                               bien au­delà de simples mesures nutritionnelles et elle
                                                                                               englobe un vaste spectre de mesures qui peuvent toutes
                                                                                               contribuer à une alimentation adéquate, ce qui est illus­
                                                                                               tré dans le tableau 3      [7]. Si des modifications com­
                                                                                               portementales et environnementales et des interven­
                                                                                               tions nutritionnelles par voie orale n’aboutissent pas à
                                                                                               une alimentation couvrant les besoins du patient, il

                                          Mangelernährung                                      convient d’envisager en complément une alimentation
                                                                                               artificielle par sonde. Cette modalité peut être mise en

                                          trotz Überfluss?!                                    œuvre sous forme de thérapie nutritionnelle transitoire
                                                                                               à domicile ou dans une institution de soins (http://
                                                                                               geskes.ch 3 Homecare).
Figure 3
Brochure «Dénutrition?!»
                                                                                               Pour que l’assistance nutritionnelle continue à produire
Téléchargement sur: http://www.fial.ch/files/documents/de/brochure_denutrition_fr-hd.pdf.      un effet durable, il est indispensable de dispenser des
Adresse pour commander la brochure: diaet@mepartners.ch.                                       conseils et une aide pour la mise en œuvre à domicile

                                                                                                             Forum Med Suisse 2014;14(49):932–936     934
CURRICULUM

                                                                          Apports énergétiques
 Tableau 3
                                                                          Avec l’âge, la dépense énergétique au repos diminue en
 Spectre des mesures possibles pour prévenir une malnutrition
 (modifié d’après [7]).
                                                                          raison de la diminution de la masse corporelle maigre.
                                                                          Les apports énergétiques journaliers recommandés
 Correction des problèmes oro-pharyngés                                   s’élèvent à env. 30 kcal par kg de poids corporel. Cette
 Traitement adéquat des maladies aiguës et chroniques, traitement
 dentaire, exercices de déglutition
                                                                          valeur devrait être adaptée en fonction de l’état nutri­
                                                                          tionnel, du niveau d’activité et de la situation méta­
 Instauration d’une atmosphère agréable lors des repas
 Prise des repas à table, dans une salle à manger, ensemble avec
                                                                          bolique de chaque patient. En raison de grandes diffé­
 d’autres personnes; ambiance calme et détendue; aide pour                rences individuelles, même chez les seniors en bonne
 la prise des repas                                                       santé mais surtout chez les personnes très âgées séni­
 Modification des repas et des aliments                                   les, il convient de surveiller si les apports énergétiques
 Prise en compte des préférences personnelles, collations                 sont adéquats en effectuant des contrôles du poids.
 supplémentaires, finger food, modification de la texture et de
 la consistance des repas
                                                                           Conseils pour des apports énergétiques adaptés aux besoins
 Enrichissements des plats et repas                                        et en cas d’apports insuffisants
 Avec des aliments riches tels que la crème, le beurre et l’huile, ou
 avec des concentrés nutritifs tels que la maltodextrine et la poudre      Prévention                  Traitement
 de protéines                                                              Conserver une structure     Privilégier les aliments et boissons à
 Alimentation buvable                                                      régulière des repas:        densité calorique élevée, par ex.
                                                                           trois repas principaux      fromages (fromages gras et fromages
                                                                           + collations                à la crème), fruits secs, noix, mets
                                                                                                       sucrés, séré à la crème, yaourt au lait
ou dans une institution. A cet effet, il convient de discu­                                            entier, jus de fruit, boissons lactées
ter de mesures simples et praticables sur le long terme
                                                                           Composition équilibrée      Enrichissement avec des calories
pour les personnes âgées, parmi lesquelles figurent par
                                                                           des repas principaux:       issues de matières grasses et/ou de
ex. le recours à des services de repas à domicile et à des                 féculents (céréales,        sucres:
aides ménagères (www.pro­senectute.ch/fr) ou la prise                      pommes de terre),           – Soupes et plats: huile d’olive, huile
des repas en communauté (www.tavolata.net/fr). La                          protéines et légumes/          de colza, crème, beurre
collaboration avec une diététicienne diplômée est vive­                    salade                      – Boissons: miel, sucre ou maltodex-
                                                                                                          trine (supplément glucidique en
ment recommandée.
                                                                                                          poudre issu de l’amidon de maïs pour
                                                                                                          un enrichissement au goût neutre,
Apports hydriques                                                                                         disponible en droguerie et pharmacie)
Les apports hydriques journaliers recommandés s’élè­
                                                                           Entretenir des rituels      Alimentation buvable hautement
vent à 30 ml par kg de poids corporel afin de compenser                    comme la pause-café         calorique:
les pertes causées par la respiration, la sueur, l’urine et                avec en-cas (petit pain,    – comme collation et/ou comme
les selles (2,1 litres d’eau pour un homme de 70 kg). Les                  fruit, yaourt, etc.)           substitut de repas*
pertes supplémentaires provoquées par une sudation                         * Pour obtenir des informations relatives à l’indication médicale,
excessive, la fièvre, la diarrhée ou les vomissements                        à la garantie de prise en charge des coûts et à l’organisation,
doivent être compensées le plus rapidement possible                          consulter le site de la SSNC 3 Homecare.
par une augmentation conséquente des apports et, le cas
échéant, par une supplémentation par voie intraveineuse
                                                                          Apports protéiques
(ou sous­cutanée).
                                                                          Comme mentionné ci­dessus, les besoins énergétiques
                                                                          diminuent certes chez les personnes âgées, mais les
 Conseils pour des apports hydriques adaptés aux besoins
                                                                          besoins en protéines alimentaires restent inchangés,
 et en cas d’apports insuffisants
                                                                          voire augmentent légèrement. Afin de maintenir l’équi­
 Prévention                         Traitement
                                                                          libre des protéines de l’organisme par anabolisme et
 Préparer à l’avance la quantité Boire lentement (petites
                                                                          catabolisme continus, l’alimentation doit apporter quoti­
 de boisson pour toute la journée gorgées), mais constamment
 (par ex. 1 litre de tisane                                               diennement des protéines de grande qualité. Sur la
 [bouteille isotherme] + 1⁄2 litre                                        base du rapport de la Commission fédérale de l’alimen­
 d’eau minérale)                                                          tation intitulé «Les protéines dans l’alimentation» [8],
 Toujours emporter dans son sac Boissons à privilégier:                   l’Office fédéral de la santé publique préconise des apports
 une bouteille en plastique     – Boissons isotoniques                    protéiques journaliers de 0,8 g par kg de poids corporel
                                – Solution de réhydratation               chez les personnes âgées en bonne santé.
                                  faite maison (2⁄3 de thé noir,
                                                                          Toutefois, des quantités plus élevées sont actuellement
                                  1
                                   ⁄3 de jus d’orange, sucre, sel)
                                – Bouillon léger                          discutées afin de préserver de façon optimale la masse
 Instaurer des rituels de boisson: Solutions de réhydratation, par ex.:   maigre, les fonctions de l’organisme et la santé. En
 par ex. toujours boire un verre – Elotrans®                              situation pathologique, par ex. en cas de maladies in­
 d’eau avec le café ou boire         – Normolytoral®                      flammatoires, d’infections et de plaies, les besoins peu­
 un verre d’eau directement après – GES® 45                               vent être encore davantage accrus. Il est néanmoins
 le lever le matin (par ex. préparer
                                                                          difficile d’estimer à quel point ces besoins sont accrus.
 le verre à côté du lavabo dans
 la salle de bain)                                                        Des apports protéiques journaliers compris entre 1,0 et
                                                                          2,0 g par kg de poids corporel sont actuellement en
                                                                          discussion, mais l’état actuel des connaissances est cepen­

                                                                                           Forum Med Suisse 2014;14(49):932–936            935
CURRICULUM

                    dant insuffisant pour pouvoir formuler des recomman­                    60 ans. Avec l’âge, la synthèse endogène de vitamine D
                    dations concrètes dans des situations particulières. Tant               par la peau diminue. Par ailleurs, les personnes âgées,
                    que des preuves plus solides ne seront pas disponibles,                 en particulier celles qui sont très âgées et dépendantes,
                    il semble raisonnable de recommander la consommation                    sortent moins souvent et moins longtemps en plein air.
                    de 0,8 à 1,2 g par kg de poids corporel chez toutes les                 Dans ces situations, une supplémentation en vitamine
                    personnes âgées, en particulier celles à risque de mal­                 D est recommandée. La concentration sanguine cible de
                    nutrition.                                                              25(OH)D est d’au moins 50 nmol/l.
                    ATTENTION: Tandis que jusqu’à l’âge d’env. 65 ans, il
                    est recommandé d’adopter un régime méditerranéen,
                    riche en légumes et en fruits, les recommandations                      Conclusion et perspectives
                    s’inversent paradoxalement chez les sujets âgés, pour
                    qui des apports énergétiques et en particulier protéiques               La malnutrition est un problème fréquent chez les per­
                    jouent un rôle de plus en plus important. La consommation               sonnes âgées. Sa prévalence augmente avec l’âge et
                    de légumes et de fruits devrait être un peu plus limitée,               avec la dépendance. La malnutrition est responsable
                    afin d’éviter une sensation de réplétion prématurée qui                 d’une augmentation de la fragilité, de la morbidité et de
                    pourrait limiter les apports protéiques.                                la mortalité et, en cas d’hospitalisations, d’une augmen­
                                                                                            tation de la durée de séjour et des coûts de traitement.
                                                                                            La malnutrition devrait déjà être prévenue, détectée et
Conseils pour des apports protéiques adaptés aux besoins                                    traitée en dehors du contexte hospitalier et ainsi, il
et en cas d’apports insuffisants                                                            s’agit là d’une mission essentielle des médecins de
Prévention                                       Traitement
                                                                                            famille. Pour les personnes âgées, il convient de discuter
                                                                                            de mesures simples et praticables sur le long terme,
Prévoir un aliment riche en protéines lors   Enrichissement avec des protéines:
de chaque repas principal:                   – Soupes et plats: fromage râpé, séré, œufs
                                                                                            parmi lesquelles figure le recours à des services de re­
– Petit déjeuner: par ex. fromage, œuf,      – Boissons et aliments de consistance          pas à domicile et à des aides ménagères. A cet effet, la
  yaourt, séré                                 crémeuse: lait écrémé en poudre              collaboration avec des diététiciennes diplômées (diététi­
– Déjeuner et dîner: par ex. viande, poisson, (commerce de détail), poudre de               cienne diplômée ES/HES, diététicienne BSc), avec des
  œufs, fromage, substituts de viande          protéines du commerce (disponible            responsables de l’Association suisse des services d’aide
  (tofu, seitan, etc.)                         en droguerie et pharmacie)
                                                                                            et de soins à domicile et avec d’autres institutions
Consommer du lait et des produits laitiers   Alimentation buvable riche en protéines:       comme Pro Senectute est indispensable. Le projet Via
lors des collations:                         – contenant 18 à 20 g de protéines
                                                                                            aspire à promouvoir la santé des personnes âgées, à
– par ex. 2 dl de lait/boissons lactées, un    par unité (produits du commerce à 2 ou
   yaourt aux fruits ou un séré aux fruits     1,25 dl)                                     renforcer leur autonomie et à améliorer leur qualité
Trois portions de produits laitiers par jour                                                de vie. Cet article doit aider à nous rapprocher de cet
garantissent en plus des apports en calcium                                                 objectif essentiel.
adaptés aux besoins
                                                                                            Correspondance:
                                                                                            Dr Reinhard Imoberdorf
                    Apports en vitamine D                                                   Facharzt für Innere Medizin FMH
                    La vitamine D est devenue très populaire au cours de                    Klinik für Innere Medizin
                    ces dernières années. Etant donné que cette vitamine                    Kantonsspital Winterthur
                    est décrite dans un article séparé de cette série (numéro               CH-8401 Winterthur
                    50 du FMS, Bischoff­Ferrari, et al.), nous ne mentionnerons             reinhard.imoberdorf[at]ksw.ch

                    ici que l’essentiel concernant les personnes âgées. La
                                                                                            Références
                    Commission fédérale de l’alimentation préconise une                     1 Imoberdorf R, Ballmer PE. Die Epidemiologie der Mangelernährung.
                    supplémentation en vitamine D, à la dose de 800 UI par                    Therapeutische Umschau 2014; 71(3):123–126.
                                                                                            2 Löser Ch. Ursachen und Klinik der Mangelernährung. Therapeutische
                    jour, chez les hommes et les femmes à partir de l’âge de
                                                                                              Umschau 2014; 71(3): 135–139.
                                                                                            3 Imoberdorf R, Rühlin M, Beerli A, Ballmer PE. Malnutrition – sous­
                                                                                              nutrition. Forum Med Suisse 2011; 11(44): 782–786.
                                                                                            4 Fäh D, Matzke A. Alimentation et Santé. Dans: Keller U, Battaglia
Conseils pour des apports en vitamine D adaptés
                                                                                              Richi E, Beer M, Darioli R, Meyer K, Renggli A, Römer­Lüthi C, Stoffel­
aux besoins et en cas d’apports insuffisants
                                                                                              Kurt N. Sixième rapport sur la nutrition en Suisse. Berne: Office fédé­
Prévention                                       Traitement                                   ral de la santé publique, 2012: 127–186. Disponible gratuitement sur
                                                                                              www.blv.admin.ch/dokumentation/00327/04527/05229/index.
Planifier la consommation régulière d’ali-       Préparations à base de vitamine D            html?lang=fr.
ments contenant de la vitamine D:                (gouttes, gélules ou produits pour         5 Imoberdorf R, Meier R, Krebs P, Hangartner P, Hess B, Stäubli M, Weg­
– Poissons gras: saumon, thon, hareng,           administration parentérale)                  mann D, Rühlin M, Ballmer PE. Prevalence of undernutrition on ad­
  sardine (remarque: privilégier les produits    Le cas échéant, alimentation buvable         mission to Swiss hospitals. Clin Nutr 2010; 29: 38–41.
  MSC ou bio)                                    spécifique pour les seniors, avec teneur   6 Imoberdorf R, Rühlin M, Ballmer PE. Der ältere Mensch im Kranken­
                                                                                              haus. Schweiz Zeitschr Ernährmed 2006; Nr. 5: 2–5.
– Œufs, champignons, produits à base             élevée en vitamine D
                                                                                            7 Volkert D, Bauer JM, Frühwald T, Gehrke I, Lechleitner M, Lenzen­
  de lait entier                                 Remarque: utilisation pertinente lorsque     Grossimlinghaus R, Wirth R, Sieber C. Klinische Ernährung in der Ge­
– Le cas échéant, produits enrichis en           l’alimentation buvable est indiquée en       riatrie. Aktuel Ernahrungsmed 2013; 38: e1–e48.
  vitamine D (par ex. œufs, produits laitiers)   raison d’apports énergétiques et pro-      8 http://www.blv.admin.ch/themen/04679/05065/05093/index.
                                                 téiques insuffisants                         html?lang=fr

                                                                                                             Forum Med Suisse 2014;14(49):932–936              936
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