Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne - Mon ...
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Contact : Frédéric Dupont Email : dupont@valbiom.be Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne Juin 2013 Frédéric DUPONT Avec le soutien de la Région Wallonne – DGO3/4
Contact : Frédéric Dupont Email : dupont@valbiom.be ValBiom soutient le développement durable et harmonieux des filières de valorisation non- alimentaire de la biomasse: en structurant et diffusant des informations scientifiques, neutres et objectives auprès de différentes audiences privées et publiques; en favorisant/organisant la rencontre entre tous les acteurs des filières existantes, en cours de développement ou potentielles; en apportant un support direct aux porteurs de nouveaux projets et aux acteurs établis; en accompagnant la structuration des nouvelles filières; en répondant aux questions de l’administration ou du pouvoir politique et en les sensibilisant aux enjeux des filières; en exerçant le rôle de facilitateur pour les industriels et/ou les consommateurs de certaines filières; en entretenant des relations avec d’autres institutions belges ou internationales poursuivant les mêmes objectifs. La valeur ajoutée, tant économique qu’environnementale, visée par ValBiom repose essentiellement sur son positionnement indépendant et sur son approche intégrée des filières, de la production à la valorisation non-alimentaire sous forme d’énergie («fuel») ou de produits biobasés («fiber»). Date d'édition 21/06/13 Version 1.0 Auteur Frédéric Dupont Comité de relecture 28/06/13 ValBiom produit ses meilleurs efforts pour que les informations contenues dans ce document soient le plus actuelles, complètes et correctes possible. Cependant, ValBiom ne peut en aucun cas être tenu responsable des conséquences qui découleraient de toute utilisation des informations contenues dans ce document et les inexactitudes éventuelles ne peuvent en aucun cas donner lieu à un quelconque engagement de sa responsabilité. Avec le soutien de la Région Wallonne – DGO3/4
i TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION 1 PRÉSENTATION DES FILIÈRES 2 I. BIOCARBURANTS CONVENTIONNELS 2 II. BIOCARBURANTS AVANCÉS 3 CONTEXTE LÉGISLATIF 8 I. LÉGISLATION EUROPÉENNE 8 II. LÉGISLATION BELGE 10 ETAT DES LIEUX DES BIOCARBURANTS EN BELGIQUE 12 I. PRODUCTION DE BIOCARBURANTS 12 II. CONSOMMATION DE BIOCARBURANTS 13 DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE DES BIOCARBURANTS AVANCÉS 16 I. ETAT D’AVANCEMENT DES BIOCARBURANTS AVANCÉS EN EUROPE 16 II. ETAT D’AVANCEMENT DES BIOCARBURANTS AVANCÉS EN BELGIQUE 21 IMPACTS DES MODIFICATIONS DE LA LÉGISLATION UE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE 25 I. PLANS D’ACTION NATIONAUX EN MATIÈRE D’ÉNERGIES RENOUVELABLES 25 II. ESTIMATION DE LA CONTRIBUTION DES BIOCARBURANTS AVANCÉS EN 2020 28 PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT DES BIOCARBURANTS AVANCÉS EN BELGIQUE 34 I. RESPECT DES ENGAGEMENTS EUROPÉENS EN MATIÈRE D’ÉNERGIES RENOUVELABLES 34 II. POSSIBILITÉS DE PRODUCTION DE BIOCARBURANTS AVANCÉS EN BELGIQUE 35 III. COÛT DE PRODUCTION DES BIOCARBURANTS AVANCÉS 39 IV. DISPONIBILITÉ DE LA BIOMASSE 41 V. MESURES POLITIQUES 43 CONCLUSIONS 45 ANNEXES 46 ANNEXE I - SYSTÈMES VOLONTAIRES RECONNUS PAR LA COMMISSION EUROPÉENNE POUR VÉRIFIER LA CONFORMITÉ DES BIOCARBURANTS AUX CRITÈRES DE DURABILITÉ 46 ANNEXE II - COMPTABILISATION MULTIPLE DES BIOCARBURANTS AVANCÉS DANS LES OBJECTIFS UE (COM(2012)595 – ANNEXE IX) 47 ANNEXE III - LISTE DES PRINCIPALES UNITÉS DE PRODUCTION DE BIOCARBURANTS AVANCÉS EN EUROPE 48 BIBLIOGRAPHIE 53 Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
ii LISTE DES TABLEAUX Tableau 01 : Propriétés des biocarburants conventionnels ................................................................... 2 Tableau 02 : Propriétés des biocarburants avancés ............................................................................... 3 Tableau 03 : Capacité maximale de production de biocarburants en Belgique .................................. 12 Tableau 04 : Quotas annuels de biocarburants défiscalisés en Belgique, par producteur agréé......... 14 Tableau 05 : Estimation des arriérés sur les quotas de biocarburants défiscalisés en Belgique .......... 14 Tableau 06 : Nombre d'installations de biocarburants avancés en Europe (Prévisions 2020)............. 17 Tableau 07 : Part des biocarburants avancés produits en Europe dans la consommation finale du transport ...................................................................................... 21 Tableau 08 : Estimation de la contribution des énergies renouvelables dans le transport en Europe à l’horizon 2020 (NREAPs-UE27) ........................................................ 26 Tableau 09 : Estimation de la contribution des énergies renouvelables dans le transport en Belgique à l’horizon 2020 (NREAP-BE) ............................................................ 27 Tableau 10 : Critères pris en compte pour estimer la contribution aux objectifs UE pour le transport à l'horizon 2020 (Scénarios RED, CE, IRL A et IRL B) ............................................ 29 Tableau 11 : Profil des principales sociétés développant des unités commerciales de biocarburants avancés en Europe ............................................................................................... 38 Tableau 12 : Estimation des coûts de production de différents carburants (2010-2050) .................... 40 Tableau 13 : Disponibilité potentielle de la biomasse en Europe et en Belgique à l’horizon 2020...... 41 Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
iii LISTE DES FIGURES Figure 01 : Evolution de la production de biocarburants en Belgique.................................................. 12 Figure 02 : Evolution de la consommation de biocarburants utilisés dans les transports en Belgique ........................................................................................... 13 Figure 03 : Evolution du taux d’incorporation des biocarburants en Belgique .................................... 15 Figure 04 : Distribution de la taille des installations UE de biocarburants avancés selon la technologie utilisée ............................................................................................................. 18 Figure 05 : Evolution de la capacité cumulée de production de biocarburants avancés en Europe .... 20 Figure 06 : Comparaison de la contribution des énergies renouvelables en 2011 avec les prévisions des NREAPs en 2020 (UE27) .............................................................................. 26 Figure 07 : Comparaison de la contribution des énergies renouvelables en 2012 avec les prévisions du NREAP en 2020 (Belgique) ........................................................................... 28 Figure 08 : Impacts de la législation sur la contribution des énergies renouvelables pour atteindre les objectifs UE dans le transport en 2020 (UE27) ................................................. 29 Figure 09 : Contribution réelle des biocarburants avancés en 2020 selon les scénarios en cours de discussion (UE27)........................................................................... 31 Figure 10 : Impacts de la législation sur la contribution des énergies renouvelables pour atteindre les objectifs UE dans le transport en 2020 (Belgique) ............................................ 32 Figure 11 : Contribution réelle des biocarburants avancés en 2020 selon les scénarios en cours de discussion (Belgique) ..................................................................... 33 Figure 12 : Répartition des principales unités commerciales de biocarburants avancés en Europe selon leur localisation....................................................................................................................... 36 Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
iv ACRONYMES BtL : biomass to liquid (produit de la conversion de la biomasse en carburant liquide) CE: Commission européenne CNG : compressed natural gas (gaz naturel compressé) CH4 : méthane CO2 : dioxyde de carbone DDGS : dried distillers grains with solubles (Drêches de distillerie sèche avec solubles), coproduit valorisable de la production d’éthanol DME : diméthyléther E.E. : scénario qui tient compte des effets des mesures dans le domaine de l’efficacité énergétique et des économies d’énergie dans les Plan d’action nationaux en matière d’énergies renouvelables EMAG : ester méthylique d’acide gras (biodiesel) ETBE : éthyl tertio butyl éther EtOH : éthanol Fermentation ABE : fermentation acétone butanol éthanol FQD : fuel quality directive (directive qualité des carburants) GES : gaz à effet de serre H2 : hydrogène HVP : huile végétale pure HVO : hydrotreated vegetable oil (huile végétale hydrotraitée) ILUC : indirect land use changes (changements indirects d’affectation des sols) J : joule Liquide FT : liquide Fischer-Tropsch LGE : litre gasoline equivalent (litre d’équivalent essence) LPG : liquefied petroleum gas (gaz de pétrole liquéfié) M.B. : Moniteur Belge NREAP : national renewable energy action plan (plan d’action national en matière d’énergies renouvelables) NREAP-BE : plan d’action national en matière d’énergies renouvelables pour la Belgique NREAPs-UE27 : plans d’action nationaux en matière d’énergies renouvelables pour les 27 Etats membres de l’Union européenne PAC : politique agricole commune PBR : photobioréacteur PCI : pouvoir calorifique inférieur, exprimé en unité d’énergie par unité massique ou volumique RED : renewable energy directive (directive énergies renouvelables) Réf. : scénario de référence dans les Plan d’action nationaux en matière d’énergies renouvelables SNG : synthetic natural gas (gaz naturel synthétique) Syngas : synthetic gas (gaz de synthèse) t : tonne tep : tonne d’équivalent pétrole UCO : used cooking oil (huile de cuisson usagée) UE : Union européenne UE27 : ensemble des 27 Etats membres de l’Union européenne W : watt Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
1 Introduction L’Europe rencontre des difficultés pour assurer ses besoins énergétiques. Celles-ci sont dues à la combinaison de plusieurs facteurs, dont les principaux sont la croissance de la demande mondiale en pétrole, la raréfaction des ressources fossiles, l’instabilité du prix du pétrole et la dépendance énergétique vis-à-vis des ressources fossiles. La sécurité énergétique est donc devenue un enjeu majeur qui pousse les décideurs politiques à promouvoir la diversification des sources d’énergies, avec pour conséquence l’intensification du développement des énergies renouvelables. La lutte contre le changement climatique est une autre préoccupation de la communauté internationale. En Belgique, le secteur du transport est devenu la principale source d’émissions de gaz à effet de serre (GES). La part des émissions dues au transport est passée de 14,5 % en 1990 à 22,5 % en 2011 (Climat.be, 2013). Cette forte croissance est majoritairement due au transport routier qui représente environ 97 % des émissions pour ce secteur. De par leur compatibilité avec les systèmes de stockage, de transport et de distribution du parc automobile actuel, les biocarburants constituent une des principales alternatives renouvelables dans le transport. De plus, ils permettent de créer des emplois au niveau local et de diversifier les débouchés agricoles. Cependant, les biocarburants produits actuellement engendrent également une pression supplémentaire sur les systèmes agraires, ce qui crée une concurrence avec d’autres secteurs. Il est donc impératif d’assurer une utilisation durable des ressources. Le secteur des biocarburants est en forte croissance depuis plusieurs années, principalement grâce à la politique énergétique européenne qui promeut le développement de la filière. Depuis 2009, les biocarburants consommés sur le territoire de l’UE doivent respecter une série de critères de durabilité. Mais la controverse autour des changements indirects d’affectation des sols (ILUC) a poussé la Commission européenne à proposer en octobre 2012 des modifications dans la législation sur les énergies renouvelables. L’objectif de la Commission est surtout de promouvoir la mise sur le marché des biocarburants qui ne sont pas produits à partir de cultures alimentaires. Ces modifications n’ont pas encore été adoptées car elles sont actuellement en cours de discussion, mais il est déjà certain qu’elles auront un impact important sur le développement de la filière, tant en Belgique que pour l’ensemble de la communauté européenne. L’objectif du présent document est d’identifier les conséquences pratiques de ce changement du cadre règlementaire et d’analyser les opportunités qui pourraient se présenter pour la Belgique, en particulier pour la Région wallonne. La première partie du document présente les différentes filières des biocarburants conventionnels et avancés. L’évolution du contexte législatif est ensuite exposée, tant au niveau européen qu’au niveau national. La troisième partie fait le point sur le secteur des biocarburants en Belgique. Une mise à jour de l’état d’avancement du développement des nouvelles technologies de biocarburants est ensuite présentée. Enfin, la dernière section développe une analyse des possibilités qui s’offrent à la Belgique et à la Région wallonne dans ce secteur, en tenant compte de la future législation UE. Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
2 Présentation des filières Les biocarburants conventionnels, actuellement disponibles sur le marché, sont issus de cultures alimentaires amylacées, sucrières ou oléagineuses. Par opposition à ces biocarburants de 1ère génération, les biocarburants avancés ou de 2ème génération sont produits à partir d’un éventail plus large de matières premières : biomasse lignocellulosique, résidus agricoles et forestiers, déchets industriels et municipaux, fraction organique des déchets ménagers, cultures énergétiques lignocellulosiques ou algues. Les biocarburants avancés présentent plusieurs avantages par rapport aux biocarburants conventionnels. En effet, la matière première est plus abondante, plus diversifiée et permet de réduire la concurrence avec le secteur alimentaire pour l’utilisation des surfaces agricoles. Par ailleurs, ces biocarburants présentent un bilan environnemental plus intéressant. Cependant, ces nouvelles technologies sont encore en processus de développement. Pour assurer leur viabilité, il s’avère essentiel de réduire les coûts de production et d’optimiser les processus de production. I. Biocarburants conventionnels Il existe différents types de biocarburants conventionnels. On distingue principalement le bioéthanol, le biodiesel et l’huile végétale pure. Tableau 01 : Propriétés des biocarburants conventionnels Densité PCI Biocarburant Processus Phase Type de moteur (kg/m³) (MJ/kg) Bioéthanol Hydrolyse ou extraction, Liquide 794 26,8 Essence ETBE fermentation, distillation Liquide 750 36,3 Essence Biodiesel Trituration, transestérification, Liquide 890 36,8 Diesel (EMAG) purification HVP (Colza) Trituration, filtration Liquide 910 37,6 Diesel Sources : Edwards et al. (2011a), Agri for Energy (2011) Bioéthanol et ETBE Le bioéthanol est un alcool utilisé en mélange avec l’essence. Il est produit par fermentation des sucres issus de cultures amylacées (froment, blé, maïs) ou de cultures sucrières (betterave, canne à sucre). La séparation des sucres se réalise par hydrolyse (cultures amylacées) ou directement par extraction (cultures sucrières). La deuxième étape du processus est la transformation des monosaccharides en éthanol par fermentation. Celui-ci est alors distillé pour pouvoir être utilisé comme carburant. Ce processus génère des coproduits principalement valorisables en alimentation humaine et animale. Toutefois, ils peuvent également être utilisés pour fertiliser les sols ou pour générer de l’électricité et de la chaleur par cogénération. L’ETBE (Ethyl Tertio Butyl Ether) provient de la synthèse de l’éthanol (47 %) avec l’isobutène, un composant fossile. Ce carburant est utilisé actuellement car il est plus facile à mettre en œuvre d’un point de vue logistique. Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
3 Biodiesel Le biodiesel fait référence à l’ester méthylique d’acide gras (EMAG). Il est issu de la trituration par pressage à chaud de graines oléagineuses, principalement le colza en Belgique. Le biodiesel est produit par réaction de transestérification de l’huile végétale qui en est extraite avec du méthanol en présence d’un catalyseur (CRIP-Bioraffinage, 2013). Tout comme pour la production de bioéthanol, la production de biodiesel génère des coproduits utilisés dans l’alimentation animale ou dans les industries pharmaceutique, cosmétique, chimique, etc. Huile Végétale Pure (HVP) L’huile végétale pure est également produite par trituration de graines oléagineuses mais le pressage se réalise à froid et dans des petites unités de production. L’huile est ensuite filtrée et peut être utilisée comme carburant en mélange avec le diesel ou pure dans des moteurs Diesel adaptés. II. Biocarburants avancés Les biocarburants avancés sont produits à partir de matières premières non alimentaires. Les technologies utilisées sont beaucoup plus complexes que celles de la 1ère génération et à l’heure actuelle, des contraintes technico-économiques ne permettent pas encore une production à l’échelle industrielle. Plusieurs voies permettent la transformation de la biomasse lignocellulosique en biocarburant. On distingue les voies thermochimique, biochimique et chimique ainsi que les biocarburants d’origine algale. Cette section décrit brièvement les principales technologies. D’autres sont en cours de développement bien qu’elles ne soient pas répertoriées dans ce document. Tableau 02 : Propriétés des biocarburants avancés Densité PCI Biocarburant Voie Processus Phase Type de moteur (kg/m³) (MJ/kg) Huile de pyrolyse Thermochimique Pyrolyse Liquide 1 200 17,2 Diesel Liquide FT Thermochimique Gazéification Liquide 780 44,0 Diesel Thermochimique Gazéification Biométhanol Liquide 793 19,9 Essence Chimique Craquage Diesel adapté ou BioDME Thermochimique Gazéification Liquide 670 28,4 essence en mélange avec LPG BioSNG Thermochimique Gazéification Gazeuse / 45,1 CNG BioH2 Thermochimique Gazéification Gazeuse / 120,1 Piles à combustibles Fermentation EtOH cellulosique Biochimique Liquide 794 26,8 Essence éthanolique Fermentation Biobutanol Biochimique Liquide 813 32,1 Essence ABE 1 Fermentation Biogaz Biochimique Gazeuse / 50,0 CNG méthanique Bioéthanol Chimique Déshydratation Liquide 794 26,8 Essence Biodiesel Chimique Estérification Liquide 890 36,8 Diesel Tallol Diesel Chimique Estérification Liquide 880 36,5 Diesel Huile végétale Hydro- Chimique Liquide 780 44,1 Diesel hydrotraitée (HVO) traitement Biodiesel d’origine Avec ou sans Algues Liquide 864 41 Diesel algale extraction Biopétrole Avec ou sans Algues Liquide 820 42 / (Crude Oil) extraction Sources : Edwards et al. (2011a-b), Steele et al. (2012), Merola et al. (2012), Mikkonen et al. (2012), Kurzin et al. (2007), Amin (2009) 1 Les caractéristiques du biogaz sont considérées identiques à celles du biométhane Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
4 II.1. Voie thermochimique La voie thermochimique transforme la biomasse solide en combustibles gazeux ou liquides. Ceux-ci sont soit convertis en biocarburants, soit directement utilisés pour la production de chaleur et d’électricité à travers le processus de cogénération. Pyrolyse La pyrolyse est un processus de destruction de la matière organique par la chaleur en absence d’oxygène permettant l’homogénéisation de la biomasse traitée. Grammont (2006) précise que les conditions de chauffage orientent la réaction vers une des trois phases valorisables : solide (charbon végétal), liquide (huile de synthèse) et gazeuse (CO2, CO, H2, CH4, …). La pyrolyse rapide permet la production d’huile de pyrolyse qui peut être stockée, brulée ou utilisée comme carburant dans des moteurs Diesel. Selon Meier et al. (2013), la conversion de la matière première en huile de pyrolyse peut atteindre jusqu’à 75 % massiques. Les sous-produits de la réaction peuvent quant à eux être utilisés pour fournir de la chaleur et de l’électricité. La pyrolyse constitue également une étape intermédiaire de la gazéification pour la production d’un gaz de synthèse, puis de biocarburants. Cette option s’avère prometteuse car l’utilisation de biomasse liquéfiée réduit les coûts élevés liés au stockage de la matière première et à son transport vers les installations de gazéification. Gazéification La gazéification est la transformation thermique d’un combustible solide en présence d’un réactif gazeux (O2, H2O, H2, air, etc.) pour former un gaz de synthèse appelé syngas (synthetic gas). Celui-ci est principalement composé de CO et de H2. Il est utilisable comme combustible gazeux ou comme intermédiaire de réaction pour la production de carburants. Cette technologie comporte plusieurs étapes (Sauvage, 2011 ; IFPEN, 2013) : Prétraitement de la biomasse : la biomasse est d’abord prétraitée par pyrolyse ou torréfaction pour obtenir une matière homogène. Gazéification de la biomasse prétraitée : la gazéification de la matière s’opère ensuite pour former un gaz de synthèse appelé syngas. Purification du syngas : le gaz de synthèse doit être purifié pour éliminer les composés indésirables comme les sulfures, les métaux lourds, le CO2, le goudron ou les cendres. Transformation en biocarburant : le syngas purifié est ensuite transformé en carburant liquide (Liquide FT, bioéthanol, bioDME) ou gazeux (bioSNG, H2), selon le procédé de production. Le liquide FT (Fischer-Tropsch), est constitué d’un mélange d’hydrocarbures de différentes longueurs de chaines carbonées. Il peut être utilisé en mélange illimité avec le diesel d’origine fossile dans les moteurs traditionnels. La qualité du gaz de synthèse est déterminante pour assurer le bon déroulement du procédé. Le biométhanol (CH3OH) est synthétisé par une combinaison de la réaction du syngas à l’eau et de l’hydrogénation catalytique du CO2, puis par une étape de distillation nécessaire pour séparer le méthanol de l’eau. Ce combustible liquide peut être utilisé comme carburant dans les moteurs à essence mais il présente plusieurs inconvénients comme un contenu énergétique relativement faible et une toxicité élevée (Schwietzke et al., 2008). Le biométhanol constitue également un produit intermédiaire dans les processus de production d’autres biocarburants comme le bioDME ou le bioH2. Enfin, il peut être utilisé dans des applications non énergétiques comme la production de plastique ou de peinture (BioMCN, 2013). Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
5 Le bioDME (diméthylether) est généralement produit en deux étapes : la synthèse du méthanol et sa déshydratation (Landälv, 2011a). Ce combustible peut être utilisé directement dans les moteurs Diesel adaptés ou en mélange avec du LPG (Liquefied Petroleum Gas). Les inconvénients du bioDME sont dus à ses propriétés physiques. C’est un produit gazeux à température et pression ambiantes, ce qui requiert des infrastructures de distribution adaptées. De plus, le faible contenu énergétique du bioDME augmente le volume du réservoir des véhicules et des additifs de lubrification sont nécessaires pour améliorer sa viscosité (Schwietzke et al., 2008). Le bioSNG (Synthetic Natural Gas) est un gaz contenant principalement du méthane (CH4), tout comme le biogaz issu de la voie biochimique. Il est produit par méthanation du gaz de synthèse, soit en voie propre soit en coproduction avec le liquide FT (Schwietzke et al., 2008). La composition du bioSNG est identique à celle du gaz naturel, ce qui le rend miscible au CNG (Compressed Natural Gas) et lui permet de bénéficier du réseau de distribution du gaz naturel (van der Drift et al., 2012). Pour pouvoir être utilisé comme carburant, le bioSNG doit être liquéfié par compression, ce qui demande une quantité d’énergie additionnelle. Celle-ci pourrait cependant être compensée par la chaleur produite lors du processus exothermique de méthanation (Mertens & Roïz, 2010). Le biohydrogène (H2) issu de la biomasse peut être produit selon de nombreuses méthodes tant thermochimiques que biochimiques. C’est la teneur en eau de la matière première qui détermine la méthode la plus appropriée (Bradley et al., 2009). Ce gaz a l’avantage de pouvoir être stocké sous différentes formes. Il présente un contenu énergétique élevé par unité de masse et est utilisé dans des piles à combustible (NEW-IG, 2011). II.2. Voie biochimique La voie biochimique est issue de processus biologiques et chimiques. Généralement, elle se réalise par hydrolyse puis fermentation de la biomasse lignocellulosique, ce qui permet d’obtenir de l’éthanol cellulosique, du biobutanol ou du biogaz, selon le type de fermentation. Le processus biochimique de production des biocarburants avancés issus de la fermentation comporte plusieurs étapes (EERE, 2012 ; IFPEN, 2013) : Le prétraitement de la biomasse peut être réalisé au moyen de nombreux procédés physiques, chimiques ou biologiques. Il permet de libérer la fraction hydrolysable de la biomasse (éthanol et biobutanol) ou d’améliorer sa biodégradabilité (Biogaz) L’hydrolyse de la cellulose et des hémicelluloses libérées lors du prétraitement permet leur transformation en monosaccharides. La fermentation des monosaccharides est de type éthanolique (éthanol cellulosique), acétonobutylique (butanol) ou méthanique (Biogaz). L’épuration du produit de la fermentation par distillation et déshydratation est nécessaire pour éliminer les substances indésirables et améliorer la qualité du combustible. Fermentation éthanolique L’éthanol cellulosique est chimiquement identique au bioéthanol de première génération, mais son processus de production est plus compliqué (EBTP, 2013). En effet, la transformation de la lignine, de la cellulose et des hémicelluloses contenus dans la biomasse en sucres fermentescibles requiert des étapes de prétraitement et d’hydrolyse enzymatique (Tutt et al., 2012). Une fois les sucres fermentescibles isolés, la suite du processus de production est similaire à celui du bioéthanol conventionnel (ePURE, 2013). Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
6 Fermentation acétonobutylique La production du biobutanol est comparable à celle de l’éthanol cellulosique si ce n’est que la transformation des sucres en alcool se réalise par fermentation acétonobutylique grâce à la bactérie Clostridium acetonobutylicum. Elle est également connue sous le nom de fermentation ABE, faisant référence aux trois principaux sous-produits que sont l’acétone, le butanol et éthanol. (Kumar & Gayen, 2011) Le biobutanol peut donc être produit à partir des mêmes matières premières que l’éthanol cellulosique et pourrait bénéficier des infrastructures de distribution existantes sans modification importante. De plus, ses propriétés chimiques permettent un plus haut pourcentage d’incorporation à l’essence que le bioéthanol dans les moteurs conventionnels (Butamax, 2013). Fermentation méthanique Le biogaz est le produit de la fermentation anaérobie de matières organiques animales ou végétales riches en sucres. Cette biomasse fermentescible comprend des déchets urbains et ménagers, des sous-produits industriels ou encore des résidus agricoles. Pour pouvoir être utilisé comme carburant, le biogaz obtenu suite à la fermentation méthanique doit être purifié afin d’éliminer son contenu en CO2, H2S, H2O et autres contaminants. Le biométhane obtenu est un gaz dont la concentration en méthane (CH4) atteint au moins 95 % (Biogasmax, 2010). Il a la même composition chimique que le gaz naturel et peut donc être utilisé dans le réseau de gaz baturel actuel (Verbio, 2013). II.3. Voie chimique Les processus chimiques de production de biocarburants ne sont pas des nouvelles technologies puisqu’ils sont déjà connus et utilisés depuis plusieurs années, notamment pour la production des biocarburants conventionnels. Toutefois, la voie chimique doit être inclue dans cette section car certains biocarburants avancés en sont issus. On distingue les processus d’hydrotraitement, de décarboxylation, de craquage, de déshydratation et d’estérification. Hydrotraitement L’hydrotraitement des huiles végétales, graisses animales et sous-produits de la raffinerie avec de l’hydrogène est une réaction chimique permettant la production d’hydrocarbures. Ceux-ci, également appelés huiles végétales hydrotraitées (HVO – Hydrotreated Vegetable Oil), sont libres de sulfures, d’oxygène, d’azote et de composés aromatiques (Bacovsky et al., 2013). L’HVO peut être mélangée au diesel ou utilisée pure dans des flottes captives afin d’améliorer la qualité locale de l’air. Dans ce cas, il est parfois nécessaire de calibrer le système d’injection à cause de la faible densité du liquide (Mikkonen et al., 2012). Décarboxylation La décarboxylation des acides gras extraits des huiles et des graisses par hydrolyse produit une série d’hydrocarbures dont du biodiesel (Bacovsky et al., 2013). Tout comme l’hydrotraitement, cette réaction chimique élimine le CO2 contenu dans les molécules organiques. Toutefois, la décarboxylation catalytique n’utilise que peu ou pas d’hydrogène (Alipha Jet, 2013), ce qui pourrait à terme rendre la méthode moins coûteuse. Production de biométhanol par craquage Après avoir été purifiée et évaporée, la glycérine brute, coproduit de la production de biodiesel conventionnel, peut être transformée en gaz de synthèse par craquage (Bacovsky et al., 2013). Ce gaz de synthèse est ensuite utilisé pour produire du biométhanol, qui doit encore être purifié par distillation avant d’être stocké (BioMCN, 2013). Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
7 Estérification Ce processus est semblable à celui permettant la production de biosiesel conventionnel mais la matière première utilisée est de l’huile de cuisson usagée (UCO – Used Cooking Oil) ou de la résine liquide issue de la production de pâte à papier (tallol ou tall oil). La réaction d’estérification est issue du mélange de l’huile avec du méthanol et de l’acide sulfurique. Le diesel brut est ensuite distillé et purifié pour former un hydrocarbure dont les caractéristiques sont semblables à celles du biodiesel (Chemrec, 2013). II.4. Biocarburants d’origine algale La production de biocarburants d’origine algale est une autre voie qui pourrait constituer une alternative très intéressante. En effet, le contenu énergétique de ce type de carburant est élevé tout comme le rendement à l’hectare. De plus, la production d’algues requiert de grandes quantités de CO2 et permet de réduire fortement la compétition avec l’agriculture conventionnelle pour les surfaces agricoles et les nutriments, mais également pour l’approvisionnement en eau potable. (IEA Bioenergy, 2011) Cependant, cette nouvelle technologie est actuellement confrontée à des défis techniques et économiques très importants car elle exige une grande maitrise des conditions de culture et de récolte ainsi qu’une amélioration des processus de production en aval (IFPEN, 2013). C’est la raison pour laquelle certaines sources considèrent que ce type de biocarburants est à classer dans une 3ème génération. Plusieurs voies de production de biocarburants d’origine algale sont actuellement à l’étude. Ces technologies peuvent être classées en trois catégories (EERE, 2010) : Le traitement de produits lipidiques extraits de la biomasse algale. L’huile extraite de la biomasse algale peut produire un carburant de type biodiesel en subissant une réaction chimique de transestérification, une conversion enzymatique ou un craquage catalytique. Ce processus est actuellement le plus avancé car il est relativement facile à mettre en œuvre. La production directe de biocarburants à partir d’algues, sans extraction. La biomasse algale est fermentée dans des photobioréacteurs (PBR). En fonction du type de fermentation et des conditions de traitement, il est possible de produire des alcools (éthanol, méthanol ou butanol), des alcanes ou encore du bioH2. Le traitement de l’ensemble de la biomasse algale, sans extraction. Ces traitements sont similaires aux procédés de production de biocarburants issus de la biomasse lignocellulosique terrestre (pyrolyse, gazéification, digestion anaérobie), ce qui permettrait d’obtenir une large gamme de biocarburants. La première voie de production est la plus avancée car elle comprend moins de freins technologiques. Les deux autres catégories, plus complexes, permettent d’envisager la production d’une large gamme de biocarburants potentiellement viables tout en réduisant les coûts liés à l’extraction de l’huile. Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
8 Contexte législatif I. Législation européenne Promotion des biocarburants en Europe La Directive 2003/30/CE2, publiée en mai 2003, a pour but d’accroitre la part des énergies renouvelables dans le secteur des transports afin d’en réduire l’impact sur la santé et l’environnement. Cette directive européenne établit les bases de la promotion des biocarburants en fixant des objectifs nationaux à atteindre entre 2005 et 2010. Ceux-ci reposent sur des valeurs de référence indicatives, à savoir 2 % de biocarburants dans la consommation énergétique du transport en 2005 et 5,75 % en 2010. Paquet Climat-Energie En janvier 2008, la Commission européenne a présenté un plan d’action pour l’Europe appelé « Paquet Climat-Energie » ou « Politique 20-20-20 ». Celui-ci a été adopté en décembre 2008 par le Parlement européen et en avril 2009 par le Conseil de l’Union européenne. Le plan comprend un triple objectif pour l’Union européenne en 2020 (CE, 2008) : Augmenter de 20 % l’efficacité énergétique Réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) Atteindre une proportion de 20 % d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique totale de l’UE Dans le cadre de ce paquet Climat-Energie, les deux directives européennes 2009/28/CE et 2009/30/CE concernent plus particulièrement les biocarburants. D’une part, la Directive 2009/28/CE3 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables, également appelée RED (Renewable Energy Directive), fixe un objectif contraignant pour les Etats membres d’une part de 10 % d’énergies renouvelables dans le transport en 2020. Afin de promouvoir l’utilisation des biocarburants avancés, la RED prévoit une double comptabilisation dans cet objectif pour les biocarburants produits à partir de déchets, de résidus, de matières cellulosiques d’origine non alimentaires et de matières lignocellulosiques. D’autre part, la Directive 2009/30/CE4 relative à la qualité de l’essence ou FQD (Fuel Quality Directive) fait obligation aux fournisseurs de réduire d’au moins 6 % les émissions de GES sur l’ensemble du cycle de vie des carburants utilisés dans l’UE par rapport aux normes de base imputées aux carburants fossiles en 2010. Cet objectif peut être atteint en incorporant des biocarburants dans les carburants fossiles ainsi qu’en améliorant les technologies de production des raffineries. 2 Directive 2003/30/CE du Parlement européen et du Conseil du 08 mai 2003 visant à promouvoir l’utilisation de biocarburants ou autres carburants renouvelables dans les transports (JO L 123 du 17.5.2003) 3 Directive 2009/28/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2009 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables (JO L 140 du 5.6.2009) 4 Directive 2009/30/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2009 qui concerne les spécifications relatives à l’essence, au carburant diesel et aux gazoles ainsi que l’introduction d’un mécanisme permettant de surveiller et de réduire les émissions de gaz à effet de serre (JO L 140 du 5.6.2009) Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
9 Ces deux directives définissent également des critères de durabilité pour les biocarburants consommés en Europe, qu’ils soient importés ou produits sur le territoire de l’UE : Réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) : tout au long de leur cycle de vie, les biocarburants doivent réduire les émissions de GES par rapport à l’équivalent fossile de minimum 35 % jusqu’en 2017 et 50 % postérieurement. De plus, la réduction des émissions de GES doit atteindre au moins 60 % à partir de 2018 pour les biocarburants produits dans des installations dans lesquelles la production aura démarré après le 31 décembre 2016. Protection de la biodiversité : les biocarburants ne peuvent pas être produits à partir de matières premières provenant de terres de grande valeur en termes de diversité biologique. Ces terres comprennent les forêts primaires, les zones protégées et les prairies présentant une grande valeur sur le plan de la biodiversité. Maintien des stocks de carbone : les biocarburants ne peuvent pas être produits à partir de matières premières cultivées sur des terres présentant un important stock de carbone. Il s’agit des zones humides, des zones forestières continues et des tourbières. En ce qui concerne les biocarburants issus de matières premières cultivées dans la Communauté européenne, ils sont soumis à la Conditionnalité de la PAC (Politique Agricole Commune). Ils doivent donc respecter les exigences minimales assurant le maintien de bonnes pratiques agricoles et environnementales. Les biocarburants ne satisfaisant pas aux critères de durabilité ne peuvent être comptabilisés ni dans les objectifs nationaux ni dans les objectifs en matière d’énergie renouvelable. Ils ne sont pas non plus admissibles à une aide financière pour leur mise à la consommation. La conformité aux critères de durabilité peut être vérifiée soit directement par les Etats membres (système national ou accords bilatéraux et/ou multilatéraux avec des pays tiers) soit à travers un système volontaire reconnu par la Commission européenne. Il existe actuellement 14 systèmes volontaires agréés (Annexe I). Révision des directives européennes sur les énergies renouvelables dans le transport En octobre 2012, la Commission européenne a publié une proposition d’amendement de la RED et de la FQD en matière de biocarburants5. Le texte, qui doit encore être approuvé par le Conseil de l’UE et le Parlement européen, a pour but de renforcer les critères de durabilité déjà existants et d’encourager la transition des biocarburants conventionnels vers les biocarburants avancés. La Commission propose de plafonner la contribution des biocarburants conventionnels à 5 % de la consommation finale d’énergie dans le secteur des transports en 2020 tout en maintenant l’objectif initial de 10 % d’énergies renouvelables dans les transports. Parallèlement, seuls les biocarburants avancés bénéficieront d’un soutien dans le cadre de la politique en faveur des énergies renouvelables après 2020. Il est question également d’octroyer aux biocarburants d’origine algale ainsi qu’à ceux issus des déchets et résidus une contribution aux objectifs nationaux équivalente à quatre fois leur contenu énergétique, tout en maintenant la double contribution pour les autres biocarburants produits à partir de biomasse lignocellulosique (Annexe II). En ce qui concerne les critères de durabilité, la réduction des émissions de GES résultant de l’utilisation de biocarburants produits dans des installations mises en service après le 1er juillet 2014 devra atteindre minimum 60 %. Il est également proposé de prendre en compte les changements indirects d’affectation des sols (ILUC – Indirect Land Use Changes) dans le calcul des émissions de 5 COM(2012) 595 final – 2012/0288 (COD) Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
10 GES des biocarburants. Lorsque des surfaces agricoles initialement destinées au marché alimentaire ou à la production de fibres sont convertis à la production de biocarburants, des terres non agricoles doivent être mises en production pour satisfaire la demande de ces produits, ce qui entraine des émissions de GES supplémentaires. Pour tenir compte de ce paramètre, la Commission propose d’attribuer un coefficient CO2 lié aux ILUC dans le calcul du bilan carbone des biocarburants : Céréales et autres plantes riches en amidon : 12 gCO2/MJ Plantes sucrières : 13 gCO2/MJ Plantes oléagineuses : 55 gCO2/MJ Les estimations des émissions liées aux ILUC ont été calculées par modélisation. Malgré les progrès scientifiques, celles-ci demeurent tributaires du cadre et des hypothèses utilisées et leurs résultats peuvent varier en fonction de ceux-ci. C’est pourquoi la Commission se propose de réviser le modèle ILUC avant le 31 décembre 2017 en rédigeant un rapport sur l’efficacité des mesures instaurées. Ce rapport se basera sur les données scientifiques disponibles les plus récentes. La proposition d’amendement est actuellement en cours de révision au Parlement européen et au Conseil de l’UE. En mars 2013, suite à la 3224ème session du Conseil de l’UE, la Présidence irlandaise a publié une note basée sur les positions exprimées par les délégations nationales6. Deux options sont présentées dans cette note et il a été demandé à la Commission européenne ainsi qu’aux délégations nationales d’exprimer leur point de vue quant aux alternatives proposées. L’option A propose de ne limiter à 5 % que les cultures oléagineuses et d’appliquer la comptabilisation multiple non seulement aux objectifs pour le transport mais également aux objectifs globaux en matière d’énergies renouvelables. Afin de protéger les investissements réalisés et de rendre les objectifs européens à l’horizon 2020 plus réalisables, l’option B propose d’augmenter la limitation des biocarburants conventionnels de 5 % à 8,6 % dans le secteur des transports. Malgré ces changements importants dans la législation européenne, aucun objectif n’a actuellement été fixé après 2020. Or, une politique à long terme en matière d’énergies renouvelables semble nécessaire pour assurer le développement du secteur. II. Législation belge Transposition des Directives européennes La Directive européenne 2003/30/CE visant à promouvoir l’utilisation de biocarburants dans le secteur des transports a été transposée en Belgique par l’Arrêté Royal du 04 mars 20057. Ce texte définit les caractéristiques des biocarburants ainsi que les objectifs de leur mise sur le marché belge. Les critères de durabilité définis dans la RED ont été mis en place aux niveaux fédéral et régional. En effet, le volet relatif aux biocarburants relève des compétences fédérales tandis que les bioliquides relèvent des compétences régionales (Parlement wallon, 2013). La transposition en droit belge des critères de durabilité des biocarburants et des bioliquides a donc été réalisée au travers de 4 Arrêtés publiés en 2011. Il s’agit d’une part de l’Arrêté Royal du 26 novembre 20118 pour les biocarburants et d’autre part des Arrêtés Gouvernementaux du 08 avril 20119 (Région flamande), du 26 mai 201110 (Région de Bruxelles-Capitale) et du 24 novembre 201111 (Région wallonne) pour les bioliquides. 6 7480/13 – 2012/0288 (COD) 7 Arrêté Royal du 04 mars 2005 concernant les biocarburants et les autres carburants renouvelables (M.B. 08/03/2005) 8 Arrêté Royal du 26 novembre 2011 établissant des normes de produits pour les biocarburants (M.B. 07/12/2011) 9 Arrêté du Gouvernement flamand du 08 avril 2011 introduisant les critères de durabilité pour les bioliquides (M.B. 23/05/2011) Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
11 Régime de défiscalisation des biocarburants En Belgique, une politique de défiscalisation des biocarburants est prévue depuis 2006 afin de soutenir la filière malgré des coûts de production relativement élevés. Afin de maintenir une neutralité budgétaire pour l’Etat, la perte d’accises générée par l’exonération des biocarburants a été compensée par une augmentation de l’accise pour les carburants fossiles. Dans la pratique, la défiscalisation des biocarburants a généré des rentrées supplémentaires pour l’Etat car la compensation est basée sur des quotas qui n’ont pas été atteints. L’Arrêté Royal du 10 mars 200612 sur l’huile de colza utilisée comme carburant permettait aux agriculteurs de commercialiser directement de l’huile végétale pure (HVP) issue de leurs propres cultures aux consommateurs possédant un véhicule adapté. Ce texte accordait également une exemption fiscale pour l’huile végétale pure utilisée comme carburant sous certaines conditions pour une période de 6 ans. Il a pris fin au début du mois d’avril 2012 mais il n’a pas encore été prolongé. La Loi du 10 juin 200613 prévoit une exonération de l’accise pour le bioéthanol et le biodiesel mélangés à faible pourcentage dans les carburants fossiles. Ce régime de défiscalisation, valable jusqu’au 30 septembre 2013, s’applique sur des quotas annuels de 250 000 m³ de bioéthanol et de 380 000 m³ de biodiesel. Pour bénéficier de l’exonération de l’accise, les biocarburants doivent être produits dans une des 7 installations belges ayant été sélectionnées suite à un appel d’offres européen. Depuis 2006, plusieurs Arrêtés Royaux ont été adoptés afin d’actualiser les taux d’accises des carburants traditionnels non mélangés et des carburants mélangés aux biocarburants. Les quotas annuels alloués aux biocarburants n’ayant pas été atteints, le Projet de Loi du 24 décembre 201214 propose une prolongation du régime d’aide sur ces biocarburants pour une période de 6 ans ou jusqu’à épuisement des quotas initiaux. Avant d’être définitivement adopté, ce projet de loi doit encore être approuvé par la Commission européenne. Obligation d’incorporation des biocarburants dans les carburants fossiles En Belgique, la Loi du 22 juillet 200915 impose un seuil minimum d’incorporation des biocarburants dans les carburants fossiles. Par conséquent, toute société pétrolière enregistrée se voit obligée de mettre à la consommation au cours d’une même année civile une quantité de bioéthanol, pur ou sous forme d’ETBE, et de biodiesel à concurrence d’au moins 4%v de la quantité d’essence et de diesel mis à la consommation, respectivement. Cette loi est en vigueur jusqu’au 30 juin 2013. Une nouvelle loi devrait la remplacer, mais elle est encore à l’étude. En ce sens, la Chambre des Représenants de Belgique a adopté un Projet de Loi du 20 juin 201316 et l’a transmis au Sénat. Ce texte vise à augmenter les taux minimum d’incorporation des biocarburants. Le texte a été transmis au Sénat. 10 Arrêté du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 26 mai 2011 relatif à la promotion de la cogénération (M.B. 20/06/2011) 11 Arrêté du Gouvernement wallon du 24 novembre 2011 relatif à l’électricité produite au moyen de cogénération (M.B. 08/12/2011) 12 Arrêté Royal du 10 mars 2006 en matière d’huile de colza utilisée comme carburant (M.B. 20/03/2006) 13 Loi du 10 juin 2006 concernant les biocarburants (M.B. 16/06/2006) 14 Projet de Loi du 24 décembre 2012 concernant les biocarburants (M.B. 28/12/2012) 15 Loi du 22 juillet 2009 relative à l’obligation d’incorporation de biocarburants dans les carburants fossiles (M.B. 03/08/2009) 16 Projet de Loi du 20 juin 2013 relative aux volumes nominaux minimaux de biocarburants durables (DOC 52 2866/005) Modification de la législation UE sur les biocarburants : Conséquences pratiques et opportunités pour la Région wallonne
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