Montmagny, au fil de la volonté - Continuité Continuité - Érudit
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Document généré le 13 sept. 2021 11:47 Continuité Montmagny, au fil de la volonté Continuité Le St-Laurent Numéro 64, printemps 1995 URI : https://id.erudit.org/iderudit/16044ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Éditions Continuité ISSN 0714-9476 (imprimé) 1923-2543 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Continuité (1995). Montmagny, au fil de la volonté. Continuité, (64), 42–48. Tous droits réservés © Éditions Continuité, 1995 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/
"une vine Montmagny, au fil de la volonté Des grands pans de Au milieu du XVIIP siècle, naissante, s estompent pro- seigneurie englobait alors le chemin du Roy constitue gressivement. Le noyau du l'île aux Grues, l'île aux l'histoire magnymontoise le seule route nationale en Oies et la Grosse Ile, en Montmagny d'aujourd'hui sont des leçons de volonté. bordure du Saint-Laurent. se constitue l e n t e m e n t . plus de couvrir tout le bas- Traversant le territoire Mais l'histoire de Mont- sin de la rivière du Sud. Soustraire le territoire à magnymontois, il devient à magny est beaucoup plus Détail historique intéres- compter de 1771 la rue ancienne. sant : c'est de ce premier l'envahisseur, développer Saint-Jean-Baptiste. C'est à seigneur de M o n t m a g n y cette époque que se struc- Les traces du passé seigneurial que nous vient la tradition une économie hésitante, ture petit à petit la première Le 5 mai 1646, la compa- des feux de la Saint-Jean. sauvegarder une identité trame urbaine de M o n t - gnie de la Nouvelle-France Étant retourné en France en magny, autour de la place concède à Charles Huault 1648 et ne p o u v a n t par menacée, les mots d'ordre de l'Église. Un réseau de de M o n t m a g n y un vaste conséquent voir au peuple- ont changé au fil du temps, rues convergentes se tisse, territoire boisé longeant le ment et au défrichement de des commerces s'implan- fleuve Saint-Laurent au sa seigneurie, Charles mais la ténacité n'a jamais tent. Les traumatismes de la confluent de la rivière du Huault de Montmagny la conquête anglaise, qui a Sud, entre ce qui est aujour- vend en 1654. Dans l'espa- défailli. Des témoins sont secoué sévèrement la popu- d'hui Berthier-sur-Mer et ce d'un an, la seigneurie encore là pour en parler... lation et l'infrastructure Cap-Saint-Ignace. Cette connaît trois propriétaires 42 CONTINUITÉ
et c'est finalement un qua- trième, Louis Couillard de l'Espinay, alors âgé de 26 ans, qui devient en 1655 le seigneur de la Rivière-du- Sud. On peut considérer Louis Couillard comme le fondateur de Saint- Thomas-de-la-Pointe-à-la- Caille. C'est lui en effet qui débarque en 1668 à la pointe à la Caille (nommée ainsi en souvenir du gendre de Louis Jolliet, Adrien d'Abancourt, dit Lacaille, mort noyé à cet endroit) à la tête d'un groupe de défri- cheurs. Louis Couillard et son fils encourageront l'éta- percé de lucarnes à pignon. rivière des Vases, rappelle la Le bassin de la rivière du Sud a longtemps blissement des colons et Les ouvertures sur la façade vie des censitaires qui y fai- été le lieu d'activités maritimes. grâce à leurs efforts soute- sont asymétriques. Il abrite saient moudre leurs grains Source : Leopold Côté nus, Saint-Thomas devien- aujourd'hui un économusée contre des redevances en dra, dès le début du XVIII* sur le thème de l'accordéon. biens. siècle, la paroisse la plus Un deuxième manoir, élevé peuplée de la rive sud du en 1814 sur la rive opposée La présence religieuse fleuve Saint-Laurent, à l'est par Antoine-Gaspard Couil- Des premières habitations de Lévis. lard, rappelle l'importance de la pointe à la Caille, il ne En 1742, la seigneurie de la de la seigneurie de l'Espinay. reste pour ainsi dire que la Rivière-du-Sud est divisée Cet édifice en impose par mémoire. Mais à environ en deux fiefs : le Fief de son caractère monumental. 1,6 kilomètre à l'ouest du L'Espinay et celui de Construit en pierre taillée, il centre-ville, le berceau de Couillard-Dupuis. Les 208 loge aujourd'hui le manoir Montmagny subsiste encore : ans de règne de la seigneurie des Érables, un endroit prisé (le régime seigneurial est pour sa haute gastronomie. aboli en 1854) ont laissé des Miné par la maladie, le sei- traces tangibles. Les ruines gneur de l'Espinay cède, en du premier moulin banal, 1843, son manoir et ses construit en 1675, témoi- gnent de la vocation agrico- biens au commerçant de bois d'oeuvre William Randall Patton. Le seigneur A LWJ le du bassin ; l'imposant —L Jfa/iûit t/ii fZiatfn manoir Couillard-Dupuis, Patton participe au dévelop- sis sur la rive nord de la pement économique de rivière du Sud, rappelle les Saint-Thomas jusqu'à sa familles fondatrices. Il a été mort en 1853. Outre son construit par Jean-Baptiste important commerce, il fait Le manoir Couillard-Dupuis, Couillard en 1764, succé- bâtir en 1842 un moulin qui construit en 1764, a été classé en dant à un premier manoir, devient rapidement la meu- 1961 et restauré en 1970. érigé en 1714, que les nerie la plus productive de la La résidence du dernier seigneur Anglais ont détruit lors de la rive sud du Saint-Laurent à de l'fspinay abrite aujourd'hui le conquête. Ce b â t i m e n t , l'est de Québec. C o n n u manoir des Érables, établissement classé en 1961 et restauré en aujourd'hui sous le nom de réputé pour sa gastronomie. 1970, est d'architecture Longchamps (du nom de Les deux tourelles du manoir l'actuel propriétaire), ce Taché ont été construites à la suite française ; ses murs sont d'un voyage d'Etienne Paschal recouverts de bardeaux de moulin en pierre, soudé à la Taché en Grande-Bretagne. bois et son toit imposant est falaise qui surplombe la Photos : Jean Beaulieu 64 CONTINUITÉ 43
n'est pas sans créer une lon- allure à la place de l'Église. gue controverse chez les Malgré les protestations paroissiens. Tant et si bien vives du comité de citoyens, que ce n'est qu'en 1768, elle est malheureusement après l'invasion anglaise, rasée en 1986 pour faire q u ' u n quatrième lieu de place à des HLM. Un autre culte est construit. curé, Léon Rousseau, fait Cette dernière église est à construire en 1884 un hos- son tour démolie vers 1820. pice pour orphelins et per- En lieu et place, on érige un sonnes âgées. Le corps prin- temple de plus grande cipal de l'immeuble, situé envergure que l'on transfor- sur la rue Saint-Joseph, Édifiée en 1822 sur les ruines de l'église un chemin privé conduit à me de façon importante en existe toujours. construite en 1771, l'église Saint-Thomas l'embouchure de la rivière à 1922 et qui est malheureu- Montmagny peut aujour- de Montmagny a subi de nombreuses sement détruit par le feu à d'hui s'enorgueillir d'avoir la Caille où on peut voir, à modifications depuis sa construction. marée basse, les traces de la l'automne 1948. La popula- été le lieu de résidence d'un Parmi les ajouts importants, signalons les deux clochers mis en place en 1922, qui dernière église abandonnée tion perd alors l'un de ses personnage politique cana- disparaîtront lors de l'incendie de 1948. en 1771. En fait, trois égli- plus beaux m o n u m e n t s . dien marquant. En 1820, L'année suivante, l'église retrouvera un ses ont été construites à C'est à la suite de cet incen- Étienne-Paschal Taché, l'un clocher semblable à celui de son origine. tour de rôle au cœur de la die que l'évêque du diocèse des Pères de la Confédé- Photo : Jean Beaulieu première agglomération de décrète en 1949 la forma- ration, acquiert une vaste la seigneurie. Érigée canoni- tion d'une deuxième parois- demeure de type français, q u e m e n t en 1714, la se à Montmagny : la parois- construite en 1759, qu'il paroisse de Saint-Thomas- se S a i n t - M a t h i e u . Cette habitera jusqu'à sa mort en de-la-Pointe-à-la-Caille dernière utilisera des bara- 1865. Après l'avoir acquise, perd son « âme » au profit ques de l'ancien camp mili- Étienne-Paschal Taché du nouveau centre de la taire en guise de temple accole deux tourelles d'ins- paroisse situé plus à l'est, jusqu'à la construction piration anglaise ou écossai- près de la rivière du Sud. d'une église moderne en se à la maison, ce qui lui C'est dans la foulée de ce 1965, pendant que l'ancien- confère l'apparence d'un déplacement que s'inscrit la ne paroisse de Saint-Thomas château. Élément majeur décision de Mgr Pontbriand, aura une nouvelle église. du noyau urbain original de en 1758, de faire construire Certains personnages reli- Montmagny, cette résidence un nouveau temple dans ce gieux o n t joué un rôle a été classée monument his- secteur en remplacement de majeur dans l'implantation torique en 1962. Son pro- le moulin Patton, construit en 1842, celui de la pointe à la Caille et le développement d'im- priétaire, la Ville de Mont- servait de meunerie. Ce moulin en pierre rappelle la vie des censitaires. qui se trouve dans un portantes institutions ma- magny, procède, grâce à une Photo : Jean Beaulieu piteux état. Cette décision gnymontoises. Ainsi, le curé entente avec le gouverne- Jean-Louis Beaubien, au ment fédéral, à sa restaura- cours de ses 44 ans de servi- tion en vue d'y ouvrir un ce, a vu à l'établissement centre culturel en l'honneur d'un collège dirigé par les de sir Taché. frères des Écoles chrétien- nes, puis par ceux du Sacré- L'essor industriel Cœur. Ce collège, construit Si la richesse des terres de la en 1846, est démoli en vallée de la rivière du Sud 1974 pour créer le parc de est responsable du dévelop- la Mairie. C'est aussi grâce pement initial de la région, au curé Beaubien qu'est les abondantes ressources érigé le couvent des sœurs forestières de l'arrière-pays de la Congrégation Notre- ne tardent pas à être exploi- Dame en 1849. Cette belle tées. Ainsi, au début du construction en pierre de XVIIL siècle, des goélettes style québécois, haute de font la navette entre le bas- cinq étages, d o n n e fière sin de la rivière du Sud et 44 CONTINUITÉ
Québec, transportant non seulement les produits agri- coles mais aussi du bois. William Randall Patton puis, en 1834, la famille Price exploitent la ressource forestière. Bientôt, le site devient le centre industriel le plus important de tous les comtés de la rive sud à l'est de Lévis. Pendant près d'un siècle, Price sera le principal employeur : coupe de bois, flottage sur la riviè- re du Sud et son affluent le bras Saint-Nicolas, sciage, lancer en affaires. Un fabri- fabrication de pâte de bois cant de meubles, Emile et transport par bateaux. Collin, achète en 1939 les L'incendie de l'importante terres des Price. Ses fils scierie en 1920 met peu à contribueront à l'établisse- peu un terme aux activités ment de diverses entreprises : de la compagnie et marque usine de meubles, scierie, fa- un tournant pour la ville. brique de contreplaqué, etc. En 1916, pour répondre à Dans ce tourbillon indus- la demande d'équipement triel, Amable Bélanger sort militaire, la manufacture de de main de maître son épin- machinerie agricole d'Ar- gle du jeu. Après avoir thur-Napoléon Normand fabriqué des pièces d'équi- change de vocation et se pement agricole à sa fonde- lance dans la fabrication rie ouverte en 1867, il d ' o b u s . Elle emploie en s'oriente rapidement vers le 1917 plus de 1000 person- marché du poêle à bois et nes. La fin de la Première des objets ménagers en Guerre mondiale force fonte. O n lui doit entre a cette remarquable maison Amable Bélanger s'est fait connaître à cependant l'entreprise à autres les fameux poêles travers tout le Québec grâce à ses poêles à de style néo-Queen-Anne réorienter ses activités. Elle Président et Royal. Son bois, [ n 1906, il fait construire pour son qu'il a fait construire pour prend alors le n o m de entreprise c o n n a î t une fils une maison de style néo-Queen-Anne son fils en 1906. Située face Machinerie agricole natio- expansion rapide. De nou- en briques ornée de fer forgé provenant à l'usine, cette demeure en de l'usine. nale. Les efforts de réorga- veaux bâtiments sont cons- briques est ornée d ' u n e Photo : Jean Beaulieu nisation ne permettent mal- truits en 1885 et 1889 et galerie en fer forgé prove- heureusement pas d'éviter l'entreprise devient, bon an, nant évidemment de l'u- la faillite, qui survient en mal an, un employeur sine. Les tourelles à l'avant 1922. Cette fermeture, majeur avec 300 à 400 sont recouvertes de feuilles ajoutée à celle de la compa- employés. L'immeuble en de métal et les doubles che- gnie Price, provoque l'exode pierres appartient aujour- minées lui confèrent un d'environ 2000 citoyens. d'hui à la compagnie Inglis style aristocratique, d'où D'autres entreprises con- ltée qui a procédé en 1972 son nom de château Cana- naissent toutefois un meil- à son agrandissement. dien. leur sort. L'infrastructure L'endroit conserve cepen- industrielle et le barrage dant le cachet des premières Un carrefour maritime hydro-électrique laissés en constructions du siècle der- et terrestre place à la suite de la ferme- nier. ture des deux grandes entre- À l'effervescence industriel- prises fournissent l'occasion Parmi les traces qu'a laissées le de la seconde moitié du à des entrepreneurs de se Amable Bélanger dans le XIX r siècle correspond le paysage magnymontois, il y prolongement de la voie 64 CONTINUITÉ 45
Montmagny, capitale de l'oie blanche du député et maire Nazaire Couillard. Ce dernier et son Bernatchez, située en retrait fils sont tués. Pour échapper de la place de l'Église et de à la fureur guerrière, fem- celle d'Octave Beaubien, mes et enfants se cachent à c o n s t r u i t e en 1810 et quelque distance des com- mieux connue sous l'appel- bats derrière des rochers. lation de maison Rousseau, Par la suite, l'endroit pren- du nom de celui qui en été dra le nom de « Pâtira », le propriétaire pendant plus sans doute pour rappeler le de 50 ans. Cette dernière sombre épisode, et aujour- abrite aujourd'hui une cho- d'hui il s'appelle le rang des colaterie et l'auberge La Sucreries. Il faudra quelques Belle Époque. années à la population pour Rapidement, la Ville doit se relever de cette guerre. procéder à l'identification L'effet de la Première Guer- Ce n'est pas d'aujourd'hui que les oiseaux migrateurs s'arrêtent à de ses rues, au déplacement re mondiale est tout autre Montmagny. Sous le Régime français, les autorités avaient été forcées de ses poteaux télégraphi- sur la ville de Montmagny. d'émettre des ordonnances pour en réglementer la chasse. Pour préve- ques pour faire place aux La ville connaît à cette épo- nir les abus, un groupe de résidents ont signé en 1803 une convention trottoirs de bois. Le déve- que une certaine prospérité. régissant la chasse sur la devanture de leurs terres. Aujourd'hui, loppement rapide des diver- La demande en équipement durant la période de chasse, le Festival de l'oie blanche attire à ses entreprises a donné lieu militaire suscite la mise en Montmagny des milliers de visiteurs qui viennent admirer ces impres- à la construction, du côté opération d'usines qui four- sionnantes volées qui s'abattent sur les rives du fleuve. Du quai de ouest, de maisons ouvrières nissent de l'emploi aux Montmagny, on peut les observer de très près. à deux étages, bâtis souvent citoyens, ce qui se traduit à la hâte en bordure de peti- par un d é v e l o p p e m e n t tes rues. Certaines sont accru de l'ouest de la ville. ferrée Le Grand Tronc, qui recouvertes de déclin de Mais cette effervescence se atteint M o n t m a g n y en bois ou de briques, d'autres résorbe avec la fin du 1855. Témoin de ce mo- ont un parement en tôle conflit m o n d i a l , ce qui ment, la gare de Montma- bosselée. On surnomme ce entraîne de nombreuses gny est restaurée en 1986 et secteur le Quartier indus- mises à pied et, ultérieure- reconnue gare patrimoniale triel. ment, la fermeture d'usines. La Seconde Guerre mon- en 1995. La nouvelle voie Jusqu'au début du XXe siè- de communication contri- diale a aussi un effet sur cle, le bassin de la rivière du bue au développement éco- l'emploi à M o n t m a g n y . Sud a été le lieu d'activités nomique et social du bassin L'entreprise de textiles des industrielles et fluviales de la rivière du Sud. frères Walter et Max Binz intenses. L'endroit retrouve En 1857, M o n t m a g n y emploie jusqu'à 1000 per- sa vocation en 1945, alors devient le noyau d'un dis- sonnes pour fabriquer des que la famille Lachance y trict judiciaire, ce qui con- uniformes militaires. Les installe son chantier naval. duit à la construction, en équipements fonctionnent 1862, du palais de justice et Les guerres 24 heures sur 24 et l'usine d ' u n e prison. Certains embauche même des fem- Montmagny a été secouée notables s'établissent sur les mes, une véritable « révolu- par les guerres. La première, berges de la rivière du Sud. tion » sociale pour l'époque. celle de la conquête, a para- L'architecture de ces bâti- A. Bélanger ltée fait aussi lysé le développement de la ments du siècle dernier est son effort de guerre et, à région et attaqué gravement remarquable par sa volumé- compter de 1940, fabrique le moral des citoyens, qui trie et son ornementation des bombes sous-marines. ont vu une bonne part de soignée. D'autres bourgeois Ces épisodes de grande acti- La gare ; Montmagny a été restaurée en leurs biens d é t r u i t s . Un choisissent d'établir leur vité commerciale et indus- 1986 et reconnue capitaine de Wolfe, Gore- gare patrimoniale en 1995. résidence le long de rues trielle reflètent bien le sens ham, débarque en 1759 à Source : Jean Beoulieu commerçantes comme Saint- des « affaires » qui anime Saint-Thomas et fait incen- Jean-Baptiste et Saint-Louis. depuis toujours les Magny- dier plusieurs maisons, dont Il en est ainsi de la demeure montois. Devant l'adversité le m a n o i r du seigneur 46 CONTINUITÉ
et le difficile, on relève les devenu le manoir des manches et on livre le com- Érables, la maison Rousseau bat. Une fois le calme reve- abrite un restaurant avec nu, on réorganise et réutilise terrasse en plein centre- les installations industrielles ville). L'effervescence qu'a de manière à assurer la suite connue Montmagny a laissé du monde. C'est ainsi que des traces d'architecture les bâtiments délaissés de la industrielle que l'on peut Machinerie agricole au len- admirer encore aujourd'hui. demain de la G r a n d e Les plus anciennes sont cer- Guerre sont réutilisés et tainement les ruines du pre- deviennent en 1924 l'usine mier moulin banal de 1675. de pièces électriques de Mentionnons aussi le mou- Laçasse Rousseau et de ses lin Patton, les bâtiments de fils (aujourd'hui Montel). la fonderie Bélanger, la gare Que Narcisse Morin et ses du milieu du XIX e siècle fils se lancent en 1945 dans que l'on a restaurée. la fabrication d'un produit Tous ces éléments patrimo- qui fera voyager leur signa- niaux s'ajoutent aux attraits ture par les grands chemins touristiques naturels qui : les plaques d'automobile. attirent chaque année un nombre croissant de visi- Une prise de conscience teurs. Par exemple, depuis patrimoniale quelques années déjà, la Les impératifs économiques Grosse Ile, située en face de ont conduit au cours des Montmagny, est devenue années 1970 à la destruc- un parc national en raison tion de quelques édifices de sa grande valeur histori- qui auraient dû être conser- que. C'est par centaines que vés. C'est le cas de l'ancien- les Irlandais viennent visiter ne Banque Royale, de cette île de quarantaine où, l'Hôtel Montmagny, de la au milieu du siècle dernier, maison d'Aurélien Bernat- nombre de leurs ancêtres chez, de la maison Domi- nique, du manoir Saint- ont connu la mort. Ce qui n'était qu'un balbu- tiement de trame urbaine à mg. S3 U J >..,.. lilflM Louis et du vieux couvent. Heureusement, au cours l'époque du chemin du Roy des années 1980, la Ville de est devenu au début du XXe Montmagny prend davan- siècle un centre prospère, tage conscience de la valeur de son patrimoine bâti et de tant et si bien que l'histo- rien Raoul Blanchard disait -4 ff -* son histoire. Elle établit un de lui en 1935 : « Mont- plan de revitalisation. Dans magny ressemble de plus en cette optique, elle entre- plus à un bourg opulent et prend de conserver et de soigné ». restaurer certains bâtiments Certes, la ville a connu des Recherche : Maurice Le patrimoine immobilier de Montmagny significatifs. Les deux ma- moments difficiles depuis, Rousseau, historien ; Marc reflète de multiples styles, fit haut, une noirs (Couillard-Dupuis et mais, au seuil de son 350 e Couillard, historien ; maison de type regency; au centre, la Taché) sont ouverts au maison Bernatchez, un amalgame des sty- anniversaire, elle semble Daniel Racine, urbaniste public, de belles maisons de les québécois et monumental ; en bas, la bien déterminée à assurer la maison Rousseau, de type purement type victorien et regency pérennité de son histoire et Texte : Continuité monumental. sont restaurées avec soin, à jouir pleinement de son Photos : Jean Beaulieu et MRC Montmagny certaines servant aujour- cadre géographique. d'hui à des fins commercia- les (le manoir Patton est 64 CONTINUITÉ 47
Une e x c u r s i o n M o n t m a g n y 1. Pointe-à-la-Caille 8. Église Saint- 16. Gare de Thomas Montmagny 2. Ruines du premier moulin banal de 9. Eglise Saint- 17. Palais de justice 1675 Mathieu 18. Pointe aux Oies 3. Ruines du premier 10. Foyer d'Youville moulin Price 19. Ancien quai de 11. Maison Bernatchez Montmagny 4. Manoir Couillard- Dupuis 12. Manoir Taché 20. Presbytère de la paroisse Saint- 5. Maison de type 13. Maison Rousseau Thomas regency (La Belle Epoque) 21. Hôtel de ville de 6. Manoir Patton 14. Château canadien Montmagny (Manoir des Erables) 15. Entreprise Bélanger (Inglis ltée) 7. Moulin Patton 48 CONTINUITÉ
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